Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 12 octobre 2014

Les Etats-Unis lâchent Kobané

kurdistan-syrien.png

Les Etats-Unis lâchent Kobané

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le 8 octobre, le commandement américain au Moyen Orient a prévenu que la ville kurde de Kobané n'avait pas d'intérêt stratégique pour la "coalition". Si Kobané avait du pétrole, le point de vue serait différent. Donc, il laissera massacrer les kurdes par les sunnites de l'EI., sans intervenir.
 

Il est vrai qu'intervenir sans troupes au sol serait impossible, les djihadistes s'étant déjà infiltrés dans la population. Mais ce lâchage oblige à poser d'autres questions. La plus fondamentale est celle de savoir si la guerre déclenchée il y a deux semaines par Obama, et annoncée à grand fracas, n'est pas une simple mascarade. En fait, les grands alliés de l'Amérique sont les Etats sunnites pétroliers, Arabie saoudite et Emirats. Or ceux-ci ont toujours financé les djihadistes eux-mêmes sunnites. Ils continuent sans doute à le faire, tout en les combattant mollement avec leur aviation. Ils veulent essentiellement les empêcher de se retourner contre eux, et pour cela, il faut payer.

Mais les Etats-Unis sont également soucieux de conserver les bonnes grâces de la Turquie. Celle-ci verra d'un bon oeil le massacre des kurdes syriens. Elle pourrait intervenir, car elle dispose, elle, de troupes au sol. Mais elle ne fera rien puisque son grand souci est d'empêcher la formation d'un Grand Kurdistan englobant le Kurdistan turc (Voir notre article « A quel jeu la Turquie se livre-t-elle » http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1516&r_id= ) . Pour empêcher cela, elle a déjà commencé sur son propre territoires à réprimer dans le sang les manifestants kurdes turcs, demandant une intervention turque pour défendre Kobané.

On aurait pu penser qu'Obama, grand chef de la coalition anti-djihad, aurait rappelé à l'ordre la Turquie, membre de l'Otan et généralement proche de la ligne américaine. Mais précisément il veut conserver les bonnes grâces de Erdogan, En tant que membre de l'Otan, la Turquie lui sert dans la grande lutte contre la Russie qu'il mène par ailleurs, ainsi que contre les « alliés » de celle-ci, les Iraniens (chiites) et Bashar al Assad. Pour l'Amérique, dans cette perspective, la Turquie vaut de l'or. Erdogan le sait bien.

On pourrait se demander ce qu'Israël pense de cette complicité USA-Turquie, laquelle avait récemment comparé Israël à Hitler. Mais Netanyahou semble actuellement marcher sur des œufs. D'autant plus qu'il doit se rendre compte, comme il l'avait précédemment laissé entendre, qu'au cas toujours probable où Israël soit amené à faire face à une agression djihadiste de grande ampleur, ce serait la Russie la mieux à même d'intervenir en soutien.

Dans ce concours de lâcheté face au massacre programmé des kurdes, c'est la France qui tient, si l'on nous permet l'expression, le pompon. Sa proposition d'une zone tampon (quel beau concept) à la frontières syro-turque, destinée à accueillir les centaines de milliers de kurdes fuyant l'EI, n'a véritablement aucun sens. Qui en assurerait la protection (sans doute pas les Rafales français)? Qui approvisionnerait en vivres le vaste camp de concentration ainsi formé? Qui éviterait les infiltrations de djihadistes? Il est des jours où nous autres Français avons véritablement honte de la diplomatie française. Au Moyen Orient, elle avait connu des jours meilleurs. 

Les Etats-Unis n'ont d'ailleurs pas attendu longtemps pour rejeter  avec mépris la proposition française: "It's not something that is under consideration right now," a dit le 8 Josh Earnest,  porte parole de la Maison Blanche,  à des journalistes l'interrogeant sur ce projet

 

Les commentaires sont fermés.