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dimanche, 02 novembre 2014

Les Etats-Unis ont créé ce Daesh

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«Les Etats-Unis ont créé ce Daesh, s’ils voulaient le détruire, il suffirait d’un mot»

Entretien avec Pierre Merjaneh, député d'Alep

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com

Excellente interview réalisée par Reinformation.tv qui éclaire un peu plus sur la situation syrienne et le rôle déterminant des USA, d’Israël et des monarchies du Golfe dans ce conflit qui tourne au génocide.

Pierre Merjaneh est chrétien et député de la ville d’Alep, dans le nord de la Syrie, depuis 2012.
Ancien joueur de basket et conseiller municipal, il bénéficie d’une excellente réputation à Alep comme partout en Syrie, et chose plus rare, chez les partisans de Bachar el Assad comme dans l’opposition…
De passage par la France, il répond aux questions de Réinformation.tv au sujet de la guerre qui ravage son pays depuis presque quatre ans.

Quelle place a eu la majorité des Syriens dans cette guerre ?

Au début, beaucoup de Syriens étaient avec ceux qui réclamaient des réformes, beaucoup ont même manifesté mais petit à petit, ils ont compris que ce n’étaient pas les réformes qui étaient prioritaires dans le combat, mais bien la destruction de l’Etat syrien et de l’armée syrienne. Ceux qui ont compris que ces manifestations allaient finalement conduire au chaos se sont retirés de ce combat qu’ils pensaient juste.
D’ailleurs, lors des dernières élections présidentielles, les Syriens ont été très nombreux à venir voter, mais tous ne sont pas venus voter pour la personne de Bachar el Assad mais pour dire : « l’Etat syrien existe, laissez-nous discuter nous-même notre avenir ».

Y avait-il à Alep des manifestations comme ailleurs en Syrie dès le début ?

Non pas tellement, il y avait quelques vagues manifestations ici où là de temps en temps. Mais la ville d’Alep est plus ou moins encerclée par des zones d’habitats illégaux dans lesquelles se sont déroulées les premières manifestations.
Il semblait alors que quelque chose se passait là-bas, il y a eu des trahisons à plusieurs niveaux de sorte qu’ils ont pu faire entrer des armes et lorsque les « rebelles » ont voulu attaquer la ville d’Alep c’était donc plus facile…
La première manifestation a été provoquée dans le quartier An-Ansari avec un but bien précis… Il y avait des snipers « rebelles » sur les toits de la place par laquelle la manifestation devait passer.
Et lorsque la police est arrivée, sans aucune autre arme que les matraques habituellement prises lors de manifestations, les manifestants se sont soudainement dispersés. Dix-sept policiers ont alors été tués par les hommes postés sur les toits.
Je peux l’assurer, je me suis immédiatement rendu sur les lieux.
Et c’est exactement l’inverse qui a été raconté par Al Jazeera, Al Arabiya et France 24…

Vous dites que les manifestations « ont été créées », pouvez-vous nous préciser, selon vous, le rôle des Etats-Unis ?

C’est exactement la même chose que ce qu’il s’est passé en Tunisie, en Lybie, en Egypte et même au Soudan, en Irak, au Yemen… Dans toute la région.
L’économie joue toujours un rôle essentiel dans de tels conflits et les Etats-Unis s’intéressent au pétrole et au gaz de la région.
Les Etats-Unis sont les plus à mêmes de savoir les quantités et les capacités pétrolières et gazières de la Syrie…
Ils cherchent donc à placer un gouvernement qui travaille à 100 % pour les Etats-Unis.
Sinon, il lui suffirait de dire un seul mot à la Turquie pour que cette dernière ferme les frontières et cesse d’envoyer armes et djihadistes et ce serait fait.

Et Israël ?

Israël entretient désormais des relations amicales avec Al Nosra ! Ses frontières sont désormais ouvertes pour leurs combattants. Israël les protègent, les soignent et le Premier Ministre va même leur rendre visite à l’hôpital…
Al Nosra qui a été se mettre dans la zone du Golan dans laquelle ni l’armée syrienne ni l’armée israélienne ne peuvent pénétrer…
Que voulez-vous que je dise de plus ? La destruction de l’armée syrienne réjouit Israël qui est d’ailleurs le grand profiteur de tout ce qui se passe dans la région et de l’effondrement des Etats…

Quel est donc le but de l’Etat Islamique ? Et celui de la coalition partie le combattre ?

Le but de l’EI est de créer un Califat dans la région et même au delà, jusqu’en Espagne d’ailleurs…
Les Etats-Unis, par l’intermédiaire du Qatar, de l’Arabie Saoudite, des pays du Golfe présents dans cette coalition, ont créé ce Daesh…
S’ils voulaient le détruire, il leur suffirait d’un mot pour fermer le robinet financier, les arrivées d’armes et de djihadistes… Il leur suffirait d’exiger la fermeture des frontières et de donner un an à l’armée syrienne.

Christophe Guilluy: La France périphérique

Christophe Guilluy:

"La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires"

(Flammarion, 2014)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

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Après Fractures françaises, qui avait déjà fait parler de lui, Christophe Guilluy nous propose ici un essai décapant sur notre pays. Géographe, l'approche de l'auteur est intéressante à plus d'un titre car elle se fonde sur une étude des hommes au sein de leur espace et de leurs territoires. Le vocabulaire employé est spécifique à la discipline et un glossaire à la fin de l'ouvrage permettra au lecteur d'y voir plus clair. Cependant d'autres notions ne s'y trouvent pas et nécessiteront pour les non initiés un dictionnaire récent. Passé le cap du vocabulaire spécifique à la discipline, nous remarquons d'emblée que l'essai de Christophe Guilluy s'appuie sur d'autres auteurs, géographes, sociologues ou démographes. Le raisonnement est étayé par un grand nombre de chiffres et illustré par des cartes en couleurs malheureusement trop petites. L'auteur n'hésite pas, en bon géographe, à changer d'échelle pour étudier des cas concrets. L'ouvrage m'a paru rigoureux sans pour autant être neutre. En effet l'auteur y défend une thèse selon laquelle la société française serait fracturée entre une France des métropoles, intégrée à la mondialisation et une France périphérique des petites et moyennes villes et des zones rurales éloignées des bassins d'emplois comme l'indique assez fidèlement la quatrième de couverture.

La France dans laquelle plonge Christophe Guilluy est la France des oubliés, dont la sociologie électorale se caractérise de plus en plus par l'abstention ou le vote FN. Il décrit une France laissée de côté par la mondialisation connaissant une insécurité sociale, économique ou identitaire. En effet 2/3 du PIB français provient des métropoles connectées au reste du monde. N'oublions pas, comme le rappelle Christophe Giulluy, à la suite d'Olivier Dollfus, que la mondialisation repose sur un « archipel métropolitain ». Par conséquent, l'organisation du territoire, son aménagement, ainsi que ses dynamiques, ont été profondément impactées par la mondialisation. Il démontre de façon convaincante que l'Etat-providence et le système républicain se sont effacés progressivement pour laisser place au modèle anglo-saxon communautariste et libéral. A ce titre il relaye la fameuse étude du non moins fameux « think-tank » du PS Terra Nova tout en notant de façon judicieuse que le projet sociétal du PS ne cadre pas avec la « clientèle » électorale immigrée. Il prévoit d'ailleurs à terme la disparition du PS et il explique clairement que nous ne faisons plus société.

Dans son étude, Christophe Guilluy soulève des remarques très pertinentes. Il remet en question les représentations qui entourent les populations issues de l'immigration. Par exemple, il considère que ce ne sont pas des banlieues que viendront les « révoltes populaires », mais des classes populaires et des classes moyennes « déclassées » françaises de la France périphérique comme l'illustre pour lui le mouvement des bonnets rouges, le mouvement des « nouvelles ruralités », le vote FN ou l'abstention. Il remarque comment les élites vivant dans les métropoles ont focalisé leur attention sur les banlieues alors que celles-ci sont bien moins impactées par la mondialisation puisqu'elles vivent dans métropoles connectées, aménagées et équipées. Il note aussi, sans nier la pauvreté qui y existe réellement, que l'ascenseur social fonctionne désormais uniquement pour les populations issues de l'immigration qui sont eu cœur des territoires producteurs de richesses et où se concentrent par exemple les universités alors, qu'à l'inverse, les milieux populaires de la France périphérique sont exclus en raison de l'impossibilité de loger leurs enfants dans les métropoles par exemple. Celles-ci concentrent ainsi des populations aisés dans les centre-villes gentrifiés et des populations issues de l'immigration. Elles se sont vidées des classes populaires et des classes moyennes paupérisées qui cherchent un environnement où elles peuvent se loger et se protéger des différentes formes d’insécurités évoquées précédemment.

Christophe Guilluy estime qu'il faut même « s'affranchir du concept de classe moyenne » (p.17) mais également des catégories de l'INSEE (p. 19) qui, pour lui, ne sont pas pertinentes et seraient une lecture essentiellement urbaine et économique du territoire qui n'interrogent pas l'intégration des classes populaires. Il n'y a pas selon l'auteur d'opposition entre une France urbaine et une France rurale. Il cite l'exemple de la Nièvre où les habitants définissent leur département comme « rural » tout en se définissant eux-mêmes comme des urbains (p.24). L'opposition ville/campagne ou urbain/rural n'est aujourd'hui plus pertinente en géographie. L'étude de Christophe Giulluy replace donc l'approche autour des notions de pôles, de périphérie et in fine, sans que cela soit vraiment évoqué, de marge. Ainsi le phénomène de métropolisation est en somme une polarisation des activités et des hommes dans les métropoles. La France périphérique s'organise donc à l'écart de ces pôles. Ce que Christophe Guilluy défini comme une périphérie ressemble parfois à une marge.

L'auteur explique assez longuement dans l'ouvrage les ressorts du vote FN en s'appuyant autant sur des dynamiques générales que sur des cas précis. Il en tire la conclusion que le vote FN est normal et repose sur une approche rationnelle de la part des exclus de la mondialisation et qui serait même universelle en démontrant que dans d'autres pays les réactions ne diffèrent pas face à des situations similaires. Il ne voit pas d'ailleurs ce qui arrêterait le processus en cours. Il tente de tordre le cou aux clichés entourant l'électeur FN : inculte, ayant peur de l'autre, de l'avenir, de la mondialisation, en démontrant qu'au fond, les représentations sont inversement proportionnelles à l’intégration dans la mondialisation. Ceux qui profitent de la mondialisation la voient positivement alors que ceux qui en sont victimes la voient négativement, ce qui est on ne peut plus logique. Pour Christophe Guilluy, la bourgeoisie n'a pas changé dans son regard sur les classes populaires, considérées comme des classes dangereuses. Il voit d'ailleurs dans le débat sur le mariage homo un conflit interne aux milieux bourgeois qui ne concerne qu'à la marge les milieux populaires. Il oppose, à la suite de Jean-Claude Michéa, la « gauche kérosène » et le « nomade attalien » dont le mode de vie serait impossible à généraliser aux processus de relocalisation et de réenracinement en cours dans la France périphérique. Il montre qu'une véritable « révolution par le bas » a débuté dans notre pays.

Un bémol cependant, l'auteur n'aborde pas le rôle des technologies numériques dans son tableau: le rôle de la télévision ou d'internet dans cette France périphérique et les effets de différents médias et technologies numériques sur les différents territoires.

Je vous laisse découvrir le reste de l'ouvrage et entrer dans les détails de son raisonnement. C'est d'après moi une lecture incontournable que devrait se procurer chaque militant pour savoir dans quel cadre géographique et sociologique il milite. Pour les non militants, c'est une très bonne approche pour mieux comprendre notre pays et les dynamiques en cours. L'ouvrage ne faisant « que » 179 pages, il se lit très rapidement et vous occupera utilement. A lire et à faire lire !

Jean/C.N.C

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

 

Le conflit en Ukraine et la géopolitique américaine

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Le conflit en Ukraine et la géopolitique américaine

par Jean-Claude Empereur
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Le conflit qui se déroule depuis plusieurs mois en Ukraine est une parfaite illustration d'une constante de la géopolitique anglo-saxonne : s'opposer par tous les moyens à la constitution d'un bloc continental euro-russe.

Cette stratégie très ancienne, elle remonte en effet  au XVIIIème siècle a été théorisée   dès 1904   par J. H.  Mackinder et complétée, beaucoup plus tard, par N. Spykman, s'est manifestée dans la politique de « containement » , d'endiguement, définie  pendant la guerre froide par  John Foster Dulles et appliquée  sans interruption  depuis lors. Elle est sous jacente dans la pensée de Zbigniew Brzezinski telle qu'elle est exprimée dans « Le grand échiquier ». L'arrimage de l'Ukraine à l'Occident, son intégration dans l'Otan et dans L'Union Européenne  sont alors conçus comme des moyens de déstabilisation et, à terme, de dislocation de la Russie.

Elle vise à organiser un cordon sanitaire  continu depuis le Royaume-Uni jusqu'au Japon en passant par le Moyen Orient et l'Asie du Sud Est.
Elle a été conçue, bien avant la naissance de l'Union Soviétique, et s'est poursuivie voire même renforcée après sa chute.
 
Fondamentalement, c'est  une stratégie d'interdiction de puissance et d'indépendance tournée contre l'avènement d'une « Grande Europe ».

Cette politique  entraine  plusieurs conséquences :

1.    Maintien de l'isolement de la Russie post-soviétique  toujours considérée chez certains responsables politiques américains comme étant potentiellement  l'ennemi principal par :
·      la diabolisation de ses dirigeants, Vladimir Poutine, en particulier,
·      le renforcement  technologique et militaire (bouclier anti missile, cyber défense etc.)
·     l'élargissement ou plus précisément l'épaississement territorial du cordon sanitaire (extension  continue de l'OTAN, et recherche d'un contact direct avec la frontière russe, contrairement aux engagements qui semblent avoir été pris vis-à-vis du gouvernement soviétique  lors de la chute du Mur de Berlin).

2.    Renforcement en réaction à cet encerclement   des liens terrestres continentaux entre la Russie et la Chine (réseaux d'hydrocarbures, réseaux ferroviaires, TGV Pékin Moscou, nouvelle route de la soie).

3.    Justification et sur-légitimation des liens naissants encore fragiles entre les BRICS en particulier par une stratégie de dédollarisation dans les échanges entre les différents partenaires préfigurant un contre-encerclement de revers : les assiégeants devenant assiégés.

 L'Europe, solidaire, puissante, indépendante et souveraine que nous appelons de nos vœux doit se construire en rupture avec cette situation en relançant le projet de partenariat euro-russe.

Ce partenariat prenant appui sur la continuité territoriale, la profondeur stratégique,  la tradition et l'unité  culturelles, l'immensité et la diversité des ressources doit fonder l'un des éléments essentiels de la vision géopolitique d'un Europe redevenue souveraine.

Dans  cette perspective il ne s'agit pas, bien entendu, de passer d'une soumission à l'autre, mais de retrouver autonomie et liberté de manœuvre.

Au-delà de ce partenariat strictement  continental une alliance plus vaste dans un cadre euro-BRICS doit être envisagée.

Une fois de plus le comportement chaotique et ambigu de la diplomatie des membres de l'Union Européenne traduit l'absence totale de vision géopolitique de celle-ci.  Pourtant cette compétition multipolaire acharnée - le véritable visage de la mondialisation - n'est autre que la  confrontation permanente des différentes visions géopolitiques des grands acteurs mondiaux.

Jean-Claude Empereur

Deberes políticos de la juventud alemana y otros ensayos, de Oswald Spengler

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Novedad editorial:

Deberes políticos de la juventud alemana y otros ensayos, de Oswald Spengler

Índice

Prólogo de Carlos Martínez-Cava 7
Pensamientos acerca de la poesía lírica (1920) 11
¿Pesimismo? (1921) 21
Las dos caras de Rusia y el problema alemán del Este (1922) 37
Deberes políticos de la juventud alemana (1924) 55
Nietzsche y su siglo (1924) 81
Nuevos aspectos de la política mundial (1924) 95
La relación entre economía y política fiscal desde 1750 (1924) 117
La actual diferencia entre economía y política mundial (1924) 129
La antigüedad de las culturas americanas (1933) 153
El carro de combate y su significación
en el desarrollo de la historia universal (1934) 163

 

spengler101.pngOrientaciones


Decía Ortega y Gasset, que La Decadencia de Occidente de Spengler, era, sin disputa, la peripecia intelectual más estruendosa de los últimos años. En aquellas páginas quedó plasmada —a través de esa disciplina tan envolvente como es la Filosofía de la Historia—, la contemplación de Europa desde la atalaya que nos ofrecía. Todo un devenir en el tiempo donde nada podía ser ya lineal, por cuanto su concepción de la Cultura era orgánica. Con él, aprendimos a es­tudiar Occidente como un ser vivo que nacía, se desarrollaba y podía morir.
Spengler fue una lectura insoslayable en aquellos años treinta de entreguerras. Hoy es poco menos que una lectura inconfesable. No por lo pretérito de su pensamiento, sino por su incorrección po­lítica. Ya ha habido quien ha dicho que, el lector libre, ha de acercarse a sus obras liberándose de una suerte de preservativo mental.
Esa incorrección se explica en la feroz crítica que Spengler re­aliza a lo largo de toda su obra al parlamentarismo, al liberalismo y a la misma democracia. Pero no porque desdeñara esas formas en sí, sino porque para él impedían que el Pueblo cumpliera su deber y misión en la Historia.

 

[del prólogo de Carlos Martínez-Cava]

 

1ª edición, Tarragona, 2014.
21×15 cms., 168 págs.
Cubierta a todo color, con solapas y plastificada brillo.
PVP: 15 euros

 

Pedidos: edicionesfides@yahoo.es

 

Fuente: Ediciones Fides

 

Ur-Fascism

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Ur-Fascism

By Organon tou Ontos 

Ex: http://www.counter-currents.com

eco_umberto_l.jpgThe following amplifies the concept of ur-fascism advanced by Umberto Eco [2].

Ur-fascism is both unity and multiplicity, like life itself: Unity in its embodiment of a single phenomenon and multiplicity because of the diversity and disparity within that phenomenon. “Ur” means primal or primordial: For example, in the form of Heidegger’s “ur-grund” (“primal ground”) or ur-volk (“primeval people”) as well as Goethe’s “ur-phenomenon” (“archetypal pattern”). “Fascism” comes from the Latin, fasces, meaning “bundle”: politically, a people unified. Ur-fascism is the primordial wellspring of all fascist aspirations and movements. This has many roots: Nation, race, ethnicity, heritage, lineage, culture, tradition, language, history, ideals, aims, and values. When a group has emerged, organically and historically, with its own identity, fate, and interests, a people has come into existence.[1]

A people that is integrated genealogically, linguistically, and institutionally at the highest level forms a nation. At higher levels, peoples may be fused together under empires. At lower levels, a people could comprise a family, community, or local state.

Ur-fascism is the primordial foundation of all fascist movements and governments, historically or potentially, that unify peoples at distinct levels. Another term for “people” is the modern English “folk” and the German “Volk.” The former comes from the Old English “folc,” meaning “common people.” “Folk” was diffused through the introduction of the compound “folklore” by antiquarian and demographer, William Thoms. Peoples are distinct and diverse entities, reflected in the history of fascism. Ur-fascism is the primordial origination in archetypal organic patterns, residing in all living things, of a fascistic impulse toward a primeval will to life that has exhibited itself historically in many political, social, and institutional morphologies, ultimately as the differentiation and coagulation of diverse tendencies, traits, and movements.

Ur-fascism metaphysically privileges the people. It accentuates the disparity of interests between peoples, while Marxism emphasizes the disparity of interests between classes. A people is prior to its classes, metaphysically, and its interests take precedence over its classes, ethically.

The founder and leader of the Iron Guard of Romania, Corneliu Codreanu, held that “A people becomes aware of its existence when it becomes aware of its entirety, not only of its component parts and their individual interests.”[2] Ur-fascism grounds the interests of a people or community above that of the individuals and classes that belong to it. As such, it transcends revolutionary socialism and reactionary conservatism. The interests of the community in its entirety take precedence over the interests of individuals and classes that belong to it. Nonetheless, ur-fascism is both revolutionary and conservative: revolutionary in its readiness to overturn structures that are toxic to the life of a people, and once conservative in its insistence on retaining and preserving what is vital to a given people.

On the basis of a view of society as a social organism that is organized, directed, and governed by a vital social organ in the form of the state, Giovanni Gentile maintained that the state “interprets, develops, and potentiates the whole life of people.”[3]

Ur-fascism does not eventuate in the elimination of social classes, hierarchy, or inequality, but rather folds these in to the service of a people as a whole. In a developing plant or animal, cells undergo differentiation and become structurally and functionally suited to certain roles. The Marxist aspiration to end inequality and ultimately dissolve hierarchy is as futile as a revolt among the cells of an organism that is organically suited and required for the weal of the organism as a whole. Equality among an organism’s cells would mean death for the organism. This does not mean that injustice should not be addressed, and inequality and hierarchy are not ends in and of themselves. Neither the aristocratic nor proletarian socialist solution is desirable. Inequality and hierarchy exist to elevate the community as a whole, not any one part of it.

Ur-fascism forms the primeval basis of the fascistic political response and will to life of a people as a whole, rather than any segment within it. If authentic in its embryonic and developmental forms, it will grow to maturity and enable a whole people to persist over time.

A genuine fascist movement or government first exists (a) in embryo, as a nascent political organism or coalescent forces in a government and (b) reaches mature development, around it a variety of explicit aims and goals are embellished and solidified as policies.

In embryonic form, fascist movements and governments originate as phenomena that arise from within a community. According to Umberto Eco, this embryonic form may arise as one, two, or several of the phenomena below, at once or else separately, in orderly or disorderly succession. Ur-fascism is the organic origination of a fascistic movement or government. Just as complex organisms arise from but one, two, or but a few cells, so too does an authentic fascist movement or government. Only one or handful of the phenomena below is necessary, as “it is enough the one of them be present to allow fascism to coagulate around it.” At the national or local level, as nascent movements or existing governments, fascism may initially take the form of, grow from within, or else be signaled and distinguished by:

  1. Syncretic revival of tradition: reawakening to identity through an integration of disparate traditions, symbols, icons, and ideals among and across past cultures.
  2. Rejection of modernism: reaffirmation of primordial ideals and political values and a disavowal of the universalism and egalitarianism central to the Enlightenment.
  3. The necessity of action: realization of the centrality of action as an inherent aspect of a vibrant community, as well as its necessity as a response to decline.
  4. The necessity of unity: realization of the primacy of primeval truths and basic values, as against perpetual dissent, endless discussion, and disagreement.
  5. Rejection of difference: affirmation of national, racial, ethnic, cultural, linguistic, or religious identity, and as such, opposition to their erosion and decline.
  6. Appeal to class interests: repudiation of class conflict and dissention in the community, and an affirmation of the legitimate interests of distinct classes and interests.
  7. Reality of internal and external threats: drawing attention to internal and external sources of decline and threats to identity, whether ethnic, social, cultural or global in origin.
  8. Inconstancy in the enemy: the mobilizing and galvanizing reality of distinct threats, often from enemies that fluctuate quickly in strength, tenor, scale, and magnitude.
  9. Reality of life as struggle: resuscitation and renewal of the community by overcoming decline, while grasping that life is struggle and requires permanent vigilance.
  10. Populist elitism: elevating the individual as part of his distinct community, promoting its higher over its lower elements, and basing government on the leadership principle.
  11. A regard for death: realization that death is inevitable, the inculcation of heroic aspiration in everyone, and the mobilizing reality of distant or impending community death.
  12. Reaffirmation of traditional life: the preservation of traditional families and family roles.
  13. The primacy of community: recognition of the primacy of community over the individual, the nation over its classes, and the inability of democracy to preserve it.
  14. The mobilization of language: mobilization of the community is only fully possible through novel uses of language, terms, and phrases, in tandem with symbols and imagery.

The emergence of embryonic fascist movements or nascent fascist governments entails that one, two, or more of the above phenomena have clustered together to form a nucleus, which grows and develops. Ultimately, various policies, plans, and position coagulate around the nucleus. Historically, there were many such policies, plans, and positions. In many cases, they were extensions of the unique vision of the movement or government and the people or nation in question. Whether or not such policies were successful is a different matter, but metaphysically, a fascist movement or government has come to maturity when it has progressed from an embryonic stage in which a nucleus is formed to one in which that nucleus has several different policies clustered around it. These will vary among regimes, but they often include:

  1. Agrarianism and the preservation of rural life, ethnic identity that is rooted in the unique soil and geographic context of the nation — as in the NSDAP policy of blood and soil.
  2. Anti-capitalist and anti-consumerist policy that rejects economic materialism.
  3. Anti-communist policy opposing class conflict and rejecting economic reductionism.
  4. An anti-liberal domestic policy that rejects individualism as the basis of social life.
  5. An explicit foreign policy aspiring to autarky and freedom from world finance, and a local policy supporting individual and community self-sufficiency and local adaptedness.
  6. Policy reflecting support of class collaboration, reconciliation, and legitimate class interests, from basic worker’s rights but also the protection of private property.
  7. Economic policy grounded in corporatism, syndicalism, mixed economics, and Third Position economics, as was advanced in Italy, Germany, and Falangist Spain.
  8. Policy reflecting strong support of the young and youth movements, promoting youth that uphold national values and interests, and strengthening the health of the community.
  9. Environmentalist policy and advocacy of animal welfare, often in conjunction with policy supporting sustainable agriculture, renewable energy, and sound population control.
  10. Policy advancing irredentist and ethnic nationalist aims, the extension of “living space” (Lebensraum) in German policy or “vital space” (spazio vitale) in Italian policy.
  11. Familial policy advancing protections for the interests of traditional families, but also promoting the legitimate gender interests for men and women in familial contexts.
  12. Ethnic and racial policies of fecundism or eugenics, aiming for healthy populations.
  13. Policy that integrates the interests of the collective with elitist aspirations, synchronizing mass mobilization with the leadership principle, harmonizing individual and society.
  14. The aestheticizing of social, national, and community life, incorporating social symbols, utilizing rallies, drawing on social ritual and ceremony, and revitalizing traditions.

Eco only discusses the embryonic phase, since his analysis is concerned to explain how fascist movements and nascent fascist governments may emerge. In that sense, his analysis forms a kind of preventative diagnosis, as he aims to show how fascism can be identified before it is allowed to develop into a concrete fascist government.

I have developed his view into a two tiered system, with the embryonic phase representing Eco’s own analysis, and forming the basis for the initial, prenatal phase of fascist development, originating in one, two, or more of the traits I list, each of which is reworded from Eco’s traits; and the developmentally mature stage of fascism, whereby different policies cluster or coagulate around the nucleus that formed in the embryonic stage. Fascism can arise in many ways, and develop many policies.

It is not the case that fascism is a strictly national phenomenon. Instead, it is a way of life that is rooted in organic, synergistic impulse. It can emerge at low societal levels, including the local community (“local fascism”), or else at much higher levels, including the nation.

Moreover, as a response to problems in nations and the decline of communities, fascism has exhibited great historical diversity. Franco’s Spain eschewed expansion, but the pursuit of fresh living space was an important factor in German fascist policy. Italian fascism, however, stressed the pursuit of vital space, which was principally cultural and spiritual, while Mosley’s British Union advocated isolationism and protectionism. And while racial policy was central to German and Norwegian fascism, it was not a central component of Italian Fascism until after 1938, and was never a formulaic component of Portuguese or Spanish fascism. Following World War II, Perón’s Argentina allowed different parties. Catholic conservatism was a significant factor in Spain, while Quisling’s National Gathering looked back to its pagan roots.

Ur-fascism is a family of living worldviews, including past, concrete fascist movements and all possible future movements, and rooting the possibility of fascism in a plurality of different grounds. All movements spring from local conditions and native aspirations.

Understanding ur-fascism as a unique instance of family resemblance also allows us a resource by which to articulate aspects of the decline of European nations and Western Civilization in general. Ur-fascism views different forms of fascism as springing from a common pool of possible sources, and the traits which associate to form the nuclei of fascist movements and regimes have causal relationships with each other. The deconstruction of the West proceeds largely by attacking several of the traits that comprise the core of different fascist worldviews. For example, “antifa,” Leftists, and anti-nationalist advocates attack the traditional family, which is related to if not causally congruent with others traits in the first list. In other words, attacking any of the traits in the list of embryonic traits will likely impinge on several other traits.

Seventy years of consistent deconstruction of the West has largely been predicated on attacks on these features. It follows that any authentic efforts to salvage the nations of the West will require rehabilitating the aims, values, and aspirations of authentic fascism.

In this fashion, my construal of ur-fascism forms a form of prescriptive diagnosis, in contrast to Eco’s preventative diagnosis. If the traits of embryonic fascism bear causal relations of this sort, then nationalists aspiring to save their communities should upheld most of them.

Ur-fascism is a unified family of distinct fascist worldviews, forming a primordial wellspring out of which different fascist movements, historically, have emerged. Its embryonic traits personify primeval biological tendencies that have deep roots in evolutionary history. As an authentic prescription of political mobility, it hearkens back to organic permutations in the history of life that have been exhibited by organismal forms, populations, and lineages. Novel biological forms emerge in the history of life, and exhibit themselves in distinct groups and lineages, arising from underlying mechanisms that work to ensure the persistence of these groups and lineages. The primacy of community over individual is an expression of an integrative tendency in the history of life that is responsible for the diversity of life, and grounds the diversity of fascism.

It is through this conception that we can grasp Eco’s claim that ur-fascism is “primitive”: fascism is a human political system that is deeply rooted in primeval, pervasive biological impulses and patterns that lead to the emergence of distinct communities.

Understood in this way, Eco’s characterization of ur-fascism as “eternal fascism” is transparent: while fascism always manifests in certain places and times, it can always come back again in unexpected guises and different forms; it can never truly, entirely be eradicated.

Notes

1. Wiktionary defines “ur” as proto-, primitive, original. There have been several other explicit uses; Goethe employs “ur-sprung” (“origin”) in his Ueber den Ursprung der Sprache.

2. Stephen Fischer-Galati, Man, State, and Society in East European History (Pall Mall, 1971), quoted on p. 329.

3. Giovanni Gentile and Benito Mussolini, The [3] Doctrine [3] of [3] Fascism [3].

See also the author’s blog: http://ur-fascism.blogspot.com [4]

 

 


 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

 

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Du Cercle Proudhon à Casa Pound

Qu'est que le fascisme social ?

Du Cercle Proudhon à Casa Pound

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Civilisation sensuelle: civilisation machinale

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Civilisation sensuelle: civilisation machinale

par Michel Clouscard

Ex: http://www.diktacratie.com

51raHDViQHL._SY300_.jpgCivilisation mondaine, civilisation sensuelle, de la fausse innocence, du potlatch de la plus-value : civilisation machinale.

Nous entendons par machinal la soumission à l’animation machinale. Une machination – une idéologie, une stratégie – récupère le machinisme. Le mal ne vient pas de la société industrielle en tant que telle, de la civilisation de la machine, mais de la perversion idéologique qui produit en série les animaux-machines.
Animation machinale : civilisation capitaliste. Elle témoigne d’un double complot : contre la machine et l’âme. Elle est récupération du progrès et corruption spirituelle. Et les deux sont en réciprocité. En une relation d’engendrement réciproque. La récupération du progrès est à l’origine de l’avilissement moral. De même que celui-ci peut se développer que par les moyens de la production capitaliste.
L’idéologie tendancieusement dominante – celle du libéralisme avancé qui vire à la social-démocratie libertaire a évidemment comme essentielle fonction de cacher cette structure de la civilisation capitaliste. Et même de l’inverser.

Résumons ses thèses. Ce sont celles de l’ultime promotion de la civilisation capitaliste. Et formidable ironie de l’histoire, celles de l’opposition au système ! Celles de la nouvelle gauche (celle qui voudrait exclure le PC). Elles autoriseront aussi l’idéologie de la gestion de la crise.

Le progrès a trouvé ses limites : pollutions et nuisances. La machine a engendré la société technicienne. Celle-ci la technocratie (et son corollaire : la bureaucratie étatique). La soumission à cette situation permet l’accession à la société de consommation. Celle-ci est la récupération de la classe ouvrière, qui s’embourgeoise. Le système se clôt sur lui-même, sur le désespoir de l’honnête homme. Mais une opposition se développe, une nouvelle révolution se prépare. une doctrine révolutionnaire est née. C’est la révolte de la sensibilité contre cette rationalité étatisée et répressive. Le degré zéro de croissance, l’écologie, la lutte contre les centrales atomiques en sont les manifestations les plus récentes. L‘origine, de cette philosophie anti-système, est rappelons-le, le freudo-marxisme : la révolte de l’authenticité libidinale, ludique, marginale - instinctuelle, naturelle – contre la consommation de la production de série du système. Les rejetons-en révolte -des couches moyennes émanciperont les travailleurs. Par l’Eros.
Nous venons de proposer un modèle idéologique qui se module bien sûr selon la conjoncture et la tendance politique, du gauchisme à l’ultra-libéralisme, de celui-ci au PS. Mais pour autant que les variantes semblent s’éloigner de ce modèle, celui-ci reste la référence commune de la nouvelle gauche non (et anti) communiste. C’est l’idéologie qui tend à dominer les autres idéologies, en Occident. Même le giscardisme s’en est inspiré. partiellement : alibi de l’austérité.Nous avons essayé de dénoncer cette imposture. Il faut inverser les thèses qui fondent la civilisation capitaliste (celle de la gestion du libéralisme économique par la social-démocratie).

La machine est innocente et la fausse innocence est coupable. Cette dernière est la résultante de l’animation machinale. Sensualité et sensibilité se sont constituées par un certain usage - idéologique – de la machine et des objets qu’elle produit. Cette animation machinale est même devenue le machinal de l’inconscient (les archétypes). Et cette animation préside aux usages de masse. Le vitalisme (l’aspect sauvage, barbare, instinctuel du mondain) n’est que le reflet du mécanisme. La machine a inscrit dans la chair son fonctionnement. Comme la machine fonctionne, fonctionne l’usage mondain. C’est le même déroulement d’un « programme » commun à la mécanique et à la chair. C’est le mondain qui témoigne de la robotisation, du radical manque d’imagination de la nouvelle bourgeoisie. Tout le geste subversif et contestataire de l’étatisation technocratique n’est que jeu de machine. La statue dévide une bande, la programmation ludique, machinale, libidinale que le système propose en séries. C’est le grand renfermement du libéralisme monopoliste. Les animaux-machines vivent la vie machinale de l’animation machinale. 

En un premier moment une machine a produit l’usage. Puis l’usage a produit une autre machine, plus perfectionnée. Si la machine fait aussi vite et aussi bien une sensibilité et si celle-ci fait aussi vite et aussi bien du machinal, n’est-ce pas la preuve que cette sensibilité est en ses origines et en ses fins, machinale ? Pure répétition d’un programme imposé. Cette sensibilité qui se prétend instinctuelle, pulsionnelle, contestataire n’est que la forme de la domestication idéologique. Cette soumission autorise la jouissance. Comme récompense. Sensibilité qui est la forme même de la technocratie, le haut lieu de la récupération du progrès. Le détournement d’usage par l’idéologie. Elle est le mode d’emploi de la technocratie.La gestion idéologique du système.

La machine est innocente, par contre, en son usage fonctionnel. Elle est l’objectivation du progrès. Et d’un progrès au service du collectif. Elle permet une extraordinaire gamme de biens d’équipements. A quatre niveaux : biens d’équipements collectifs (électricité, transports, biens d’équipements mi-collectifs – mi-des ménages (eau courante, etc.) ; biens manufacturés des ménages (cuisine électrique, frigo, machine à laver, etc.) ; biens spécifiques à la vie de relation de la famille (voiture) et à ses distractions (télévision). L’idéologie- essentiellement le freudo-marxisme – a cherché à faire croire que ces biens d’équipements étaient assimilables aux biens de consommation. (Pour prétendre que la classe ouvrière – qui en effet accède, relativement, à ce genre de biens- était intégrée dans le système). Mais ces biens ne témoignent, par eux-mêmes, d’aucun investissement libidinal. « Consomme » -·t-on le tout à l’égout ou la machine à laver comme les biens de l’usage ludique, marginal ? Comme le hasch ? N’est-il pas d‘ailleurs légitime que le travailleur accède à la possession des biens, des machines qu’il a produits? Ce sont des biens utiles, des instruments qui facilitent le travail. Le travail domestique (de la femme en particulier), les tâches ménagères. Ils permettent une vie meilleure, un certain bien-être (combien relatif) de la classe ouvrière. Sans autoriser pourtant une autre vie que la vie de subsistance. Niveau de vie et genre de vie restent radicalement de ceux de la consommation mondaine. (Différence de classe sociale). L’usage de ces biens ne déborde pas leur fonction. Leur vertu progressiste est dans leur fonctionnalité, que la sensibilité mondaine ne peut réellement investir. Bien qu’elle essaie, par la publicité, et l’usage idéologique des média.

Deux types de biens, deux types d’usages : ceux du mondain et ceux du progrès. Il est vrai que les deux systèmes sont des effets du machinisme. Et l’OS, l’homme-outil, l’homme devenu outil de la machine, en est devenu le symbole. Il est la forme extrême de l’aliénation. Mais il faut bien voir que cette situation n’est pas inhérente à la production industrielle, mais qu’elle est l’effet de l’exploitation capitaliste. La moderne gestion de l’économie capitaliste a imposé un nouvel ordre, structural du temps de travail et du temps libre, de la production et de la consommation. Les deux moments essentiels de cette civilisation machinale, de la machination qui récupère le machinisme.

Premier moment : l’industrialisation a autorisé une énorme libération du temps de travail. Dans Le Frivole et le Sérieux nous en avons proposé une mesure spectaculaire : au Moyen Age, il fallait 28 heures de travail abstrait pour une livre de pain. Maintenant, il suffit d’une demi-heure. L’industrialisation a libéré l’humanité de la terreur du manque. Elle garantit la vie de subsistance en libérant tout un temps de travail qui avant ne suffisait même pas à acquérir le nécessaire pour vivre.

Deuxième moment : cette libération par le temps de travail-abstrait a été récupérée par la nouvelle bourgeoisie, comme temps marginal concret. Comme marginalités, ludicités, libidinalités du mondain. (Le meilleur symbole de cette récupération est le hippie.) Alors que les travailleurs, eux, ont à peine profité de cette libération dont ils sont pourtant la cause. 

Aussi peut-on dire que la nouvelle aliénation, par le machinisme, n’est que le corollaire, l’effet des nouvelles marginalités, ludicités, libidinalités, autorisées par le détournement d’usage de la machine. Au potlatch de la plus-value correspond la nouvelle exploitation du travailleur. L’autre face de la consommation mondaine, c’est le productivisme, l’inflation, le chômage. Et c’est la classe ouvrière qui en est l’essentielle victime. L’autre face du hippie, c’est le travailleur étranger. A l’idéologie de la Fête correspond l‘austérité sur les travailleurs. Au ministère du Temps libre, le chômage massif. Oui la machine est libératrice. Et la fausse innocence – qui profite du capitalisme en condamnant toute société industrielle – est coupable, aliénante.

D’un côté, la maîtrise de la technologie. En sa production et en son usage. Double maîtrise de la classe ouvrière. Double maîtrise du maître. (Celui que la psychanalyse ignore pour ne spéculer que sur son substitut, sa caricature : le père.) Double modalité du principe de réalité, en tant que réciprocité du procès de production et du procès de consommation.

De l’autre, la soumission à la technocratie : la consommation mondaine, la nouvelle sensibilité, la nouvelle bourgeoisie. Le principe de plaisir en tant que potlatch de la plus-value. Le parasitisme social camouflé sous les figures mondaines de la consommation plus ou moins transgressive. Le machinisme a deux effets : la rationalité fonctionnelle et la sensibilité mondaine. Le bon usage du progrès. Et l’usage de la récupération du progrès. Une machination s’oppose à une authentique libération.
En inversant les propositions du libéralisme, nous dirons qu’une société technicienne devient technocratique – et bureaucratique et étatique – lorsque la machine sert à la consommation libidinale, ludique, marginale. Et par contre, une société technicienne devient socialiste lorsqu’elle permet la libération des masses (par la nationalisation des fonctions productives) et la libération du corps de l’industrie du loisir et du divertissement. »

    Michel Clouscard (Le capitalisme de la séduction)

00:05 Publié dans Livre, Livre, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook