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mardi, 16 décembre 2014

Les difficultés d'une "troisième voie" en Amérique latine

LES DIFFICULTÉS D’UNE TROISIÈME VOIE EN AMÉRIQUE LATINE
 
Entre Marx et Coca-Cola

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr
Tant la Bolivie que l’Equateur, l’Argentine et le Vénézuéla, ou même le Brésil, tous ces pays cherchent une troisième voie en Amérique latine, face à la coopération étroite entre les pouvoirs synarchiques, marxistes et capitalistes. 

Leurs programmes reposent sur trois piliers: la souveraineté politique, l’indépendance économique, la justice sociale fondée sur le travail et le syndicalisme patriotique. Mais la pratique apparaît très difficile tant la tyrannie globalitaire a étendu sa toile d’araignée sur la planète en général et l’Amérique latine en particulier. Tous sont confrontés à trois pouvoirs immondes: l’oppression ostentatoire des soviets vétérotestamentaires, une vague religiosité œcuménique globale impulsée par le Vatican et des groupes marginaux payés en général par l’un ou l’autre des deux pouvoirs précédents, et qui promeuvent parfois le terrorisme mais servent surtout à détruire la Patrie et ses institutions.
 
Non au capitalisme, jusqu’à quel point ?

La Bolivie possède le sous-sol le plus riche de la planète mais les populations restent pauvres quoi qu’elles gardent une grande dignité à travers leur culture traditionnelle. Le peuple a su se protéger des escroqueries publicitaires derrière lesquelles avance le mondialisme. Coca cola est tenu en laisse et McDonald’s a fait faillite. Le système bancaire a dû s’adapter aux nécessités, puisque le micro crédit prospère, alors que dans tout l’occident, le système bancaire a pu obliger chacun à se plier aux obsessions des banksters. 

L’exemple emblématique s’appelle BancoSol. Elle débuta sous la forme d’une OGM, distribuant des microcrédits étalonnés de 50 à 100 dollars, puis devint une banque solidaire dont elle tire son nom. Son principe est de parier sur le futur prometteur de la personne aidée plutôt que de décider à partir d’antécédents. Toutes ces micro-entreprises restent dans le domaine informel, mais respectent les règles locales. Elles agissent comme n’importe quelle multinationale qui évacue ses bénéfices tout en pratiquant une stricte légalité dans chaque pays.
 
 
En Equateur, la préoccupation pour le peuple découle plus de la personnalité du Président Corréa, que d’une culture locale traditionnelle. Là, comme au Vénézuéla, le responsable politique est attaqué par les forces globalitaires qui présentent des candidats bien préparés à la privatisation en faveur des multinationales, comme l’était Henrique Caprilés qui voulait remplacer Chavez. La formation d’un projet politique précis est très difficile puisque les élites, comme Corréa, sont broyées entre les récriminations de groupuscules sans culture politique, agités par la propagande médiatique de masse. Le dirigeant d’Amérique latine, de Corréa à Madéro, de Kirchner à Roussef, n’a qu’une marge extrêmement réduite, et est transformé par les circonstances en un administrateur plus qu’en un homme d’Etat.
 
Une chute dans le néo-keynésianisme? 

Les gouvernants confondent souvent leur doctrine sociale avec les bondieuseries empruntées à Paul VI, ce qui rapproche leur programme des slogans sur les bienfaits du développement. Les réformes éducatives plongent les populations dans la misère intellectuelle qui sévit chez les trafiquants occidentaux. Tous tombent au même niveau zéro de la pensée. Les figures qui assurèrent la grandeur de l’humanité, le Héros, le Saint et le Génie, cèdent devant l’escroc intellectuel protégé par les lois anti-discrimination. De manière générale, les chefs d’Etat consentent des droits aux multinationales qui viennent pourtant détruire l’architecture socio-juridique de leur pays.

 
Une cosmovision latino-américaine est difficile à cristalliser. Quelques principes empruntent à l’écologie, grâce surtout aux groupes indigènes, d’autres à la justice sociale (tradition péroniste) et à l’Etat dirigiste, héritage du siècle passé. Mais l’écologie est contournée par entreprises mondialistes qui corrompent les protecteurs de la nature, à l’exemple de ce qui se déroule en Patagonie ou dans les parcs naturels équatoriens dès qu’on y renifle la présence de matières premières. La politique finalement se limite à une pratique néo-keynésienne avec un certain degré de redistribution. Dans les pays cités le peuple vit mieux que du temps des oligarques kleptocrates du XXème siècle, mais rien de plus.

La révolution impossible

Il est patent que les pays d’Amérique latine enseignent au monde la possibilité concrète de freiner la chute d’un Etat dans le néant creusé par les forces mondialistes. La politique étrangère a été des plus dignes face au génocide des palestiniens ou aux gesticulations des bandits ukrainiens. Les conséquences de l’abrutissement intellectuel répandu par les écoles de commerce s’observent pourtant clairement. Il n’y a aucune pensée anti-système, fondée sur une vision stratégique continentale dans laquelle les pays existants pourraient coopérer plutôt que de se faire exploiter. L’Equateur a sollicité un prêt à la banque mondiale et a accepté les financiers de Goldman Sachs pour négocier de l’or sur les marchés. La guerre d’indépendance est à refaire, non seulement en Amérique latine, mais aussi en Europe et autres lieux mis en esclavage par les responsables de la finance, du commerce et des médias. La révolution ne passera pas par les canaux déjà observés dans l’histoire. Il est plus probable que seule la non-obéissance finisse par saboter les bases de la tyrannie occidentale.

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