Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 30 mars 2019

Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

putinmerkel.jpg

Les États-Unis perdent le contrôle de l’Europe…

 
… alors que le pipeline Nordstream 2 est sur le point d’être achevé 
 
par Tom Luongo
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le pipeline Nordstream 2 représente le dernier avatar de l’influence américaine sur les affaires intérieures de l’Europe. Une fois terminé, il témoignera de la scission fondamentale entre l’Union européenne et les États-Unis. 
 
L’Europe sera la première à défendre avec succès son indépendance nouvellement proclamée. Et les États-Unis devront accepter de ne plus avoir le contrôle sur l’étranger. C’est un schéma qui se répète partout dans le monde en ce moment. Votre vision de Nordstream 2 dépend de qui vous êtes.

Si vous êtes les États-Unis, il s’agit d’une rebuffade massive de l’ordre institutionnel de l’après-Seconde guerre mondiale, principalement financé par les États-Unis pour reconstruire l’Europe et la protéger du fléau de l’URSS.

Du point de vue de l’Europe, c’est : « Bien joué, mais la Russie n’est plus une menace et il est temps de nous débarrasser de la tutelle des États-Unis. »

Et si vous êtes Russe, Nordstream 2, c’est la fissure qui sépare les deux adversaires tout en améliorant la sécurité nationale à votre frontière occidentale.

L’Europe a ses propres ambitions impériales et Nordstream 2 en est une partie très importante. Ces ambitions, toutefois, ne sont pas conformes à celles des États-Unis, en particulier sous la houlette de Donald Trump.

Trump a cette étrange idée que les États-Unis n’ont rien reçu en retour pour avoir pris la direction du monde « libre » ces soixante-dix dernières années. Dans l’esprit simpliste de Trump, le déficit commercial massif du pays est une richesse volée par ses partenaires commerciaux.

Il refuse de voir la richesse gaspillée que nous avons « perdue » par des décennies de corruption, de paresse, d’atteinte aux réglementations, etc.

Ainsi, Nordstream 2 est une abomination pour Trump car celui-ci finance l’OTAN pour protéger l’Europe de la Russie, mais celle-la augmente ensuite la quantité de gaz acheté à ce même ennemi.

Et cela devrait vous indiquer où tout cela se dirige à long terme : à la dissolution de l’OTAN rendue inutile par la Russie et l’UE.

Aussi, peu importent les efforts des États-Unis et des forces anti-russes des sociétés européenne et britannique pour arrêter ce pipeline, comme en témoigne le vote non contraignant de cette semaine au Parlement européen, l’appétit américain n’existe plus réellement.

Le Sénat américain n’a aucun intérêt à demander au Président de sanctionner les sociétés qui construisent Nordstream 2. Cela n’empêcherait pas Trump de sanctionner de toute façon s’il le voulait.
 

Gazoduc-carte-min.jpg



La vraie raison pour laquelle Trump ne sanctionnera pas Nordstream 2 est la même que celle qui le pousse à se tourner vers la Chine pour le commerce : liquidité du dollar dans le commerce mondial.

Il a déjà fait assez de dégâts. Il cherche maintenant à se faire réélire face à une réserve fédérale hostile.

S’il devait sanctionner Nordstream 2, il l’aurait fait. En vérité, ce vote au Parlement européen marque le dernier faible souffle pour tenter d’arrêter le pipeline et non le coup rusé d’un type qui détient des as dans ses poches.

C’est précisément parce que les États-Unis n’ont pas imposé de sanctions, qu’il ne reste que des incantations vertueuses pathétiques.

Pour que cela se produise, il faudrait que ce soit avant les élections au Parlement européen de mai, au cours desquelles nous pouvons nous attendre à voir au moins doubler le nombre de représentants eurosceptiques élus.

Si la situation continue de dégénérer en France, si l’Italie se durcit encore contre l’UE et si le Brexit est reporté, les eurosceptiques pourraient devenir le bloc le plus important du Parlement européen en juillet.

À ce stade, nous assisterons à une dégringolade en flèche de l’influence de la tristement célèbre liste Soros dans le parlement européen et peut-être même au sein de la Commission européenne. Et, le cas échéant, davantage de contrats de pipeline et d’investissements dans l’énergie russe.

En fait, un Parlement eurosceptique pourrait lever complètement les sanctions contre la Russie. De plus, les prochaines élections en Ukraine vont probablement amener au pouvoir une personne qui n’est pas pleinement soumise à la stratégie américaine.

Avec tout cela et les élections législatives ukrainiennes qui auront lieu plus tard cette année, nous verrons probablement l’Ukraine et Gazprom renégocier le contrat de transport de gaz, apportant encore plus de gaz russe sur le continent.

Et cela ne fera que rendre Trump encore plus furieux qu’il ne l’est maintenant, car il a énormément misé sur la stratégie globale de faire des États-Unis un puissant exportateur de gaz, et il a besoin de clients. L’Europe et la Chine sont deux clients évidents, mais la Russie a maintenant surclassé Trump chez les deux.

La fin de cette expansion interminable et superficielle met les États-Unis face à la dette insoutenable provoquée par le boom de la fracturation hydraulique (gaz de schiste), alors que le service de cette dette fait monter en flèche la demande de dollars, entraînant une forte hausse des taux d’intérêt.

Le marché du schiste va se fracasser à nouveau.

Tout cela confirme pour moi que le sommet des Jardins, l’été dernier, entre Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel a accouché d’une stratégie visant à battre Trump sur Nordstream 2 et à entamer la prochaine phase des relations entre la Russie et l’Allemagne.

L’image est importante, et cette celle-ci capture bien ce que les deux parties ont voulu transmettre. Cette réunion marque le début d’un changement positif des relations entre l’Allemagne et la Russie.

La question est pourquoi ?

La réponse évidente est la nécessité résultant de la pression exercée sur les deux pays par Donald Trump, par le biais des sanctions et des droits de douane, ainsi que de leurs intérêts communs représentés par le gazoduc Nordstream 2.

Et tout ce que cela implique.

Tom Luongo Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

Conférence Rémi Soulié: "Racination"

raci.jpg

Conférence Rémi Soulié: "Racination" 

 
C'est le travail de Rémi Soulié que le Cercle d'Artagnan a cette fois-ci le plaisir de vous présenter. A l'heure où "identité" marque toutes les lèvres, ce dernier nous invite à nous intéresser, pour faire face aux enjeux de notre temps, au concept plus large et pertinent de racine.
 

00:28 Publié dans Livre, Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : racines, identité, rémi soulié, racination, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Mondialisation et prolifération de l'hostilité...

USA-guerre-400x266.jpg

Mondialisation et prolifération de l'hostilité...
par François-Bernard Huyghe
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré aux changements de forme de la guerre provoqués par la mondialisation. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018). Avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, François-Bernard Huyghe vient de publier Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019).

Pas d'idée de paix sans définition de la guerre

Comment sait-on que l'on est en guerre ? Il y a quelques années, la question aurait été absurde. La guerre était l’affaire des États (ou de groupes armés qui voulaient s’emparer de l’État, donc du monopole de la violence légitime, et il était alors convenu de parler de «guerre civile»).

- La guerre entraînait certains actes de langage : on la proclamait pour mobiliser son camp, au moins moralement, on la déclarait à l’autre, on l’exaltait par des discours, on la concluait par un écrit, tel un traité, on l’inscrivait dans les livres d’histoire ou sur des monuments. Le but était d’imposer le silence : silence des armes, silence du vaincu qui renoncerait à s’adresser à la postérité et à énoncer sa prétention politique

- L’état de guerre – une période avec un début et une fin- supposait des codes spécifiques : elle était ou bien juste ou bien injuste au regard du droit des gens ; des professionnels, les militaires (et eux seuls), avaient en fonction des circonstances le droit de tuer ou pas Chacun savait s’il était combattant (éventuellement « sans uniforme ») ou civil. La distinction ennemi privé / ennemi public était indépassable (extros contre polemos en grec, hostis contre innimicus en latin, etc..)

numerique.jpg- La guerre se déroulait en un lieu connu : front, champs de bataille, zones occupées ou libérées. Un coup d’œil sur la carte montrait quelles troupes progressaient et lesquelles se repliaient.

- La guerre s’accompagnait de destruction à commencer par un taux de mortalité anormal. : cette expérience du sacrifice revenait à chaque génération par cycles et apparaissait comme inhérente à la condition humaine. La belligérance, catégorie anthropologique fondamentale, stimulait les plus fortes passions de notre espèce.

- Les belligérants savaient qu’ils participaient à un conflit armé collectif ayant des fins politiques. Ils continuaient à s’infliger des dommages ou à occuper leur territoire respectif, jusqu’à la victoire ou au compromis (traité). Victoire ou compromis devaient modifier un rapport de souveraineté ou de pouvoir et s’inscrire dans l’Histoire. Le vaincu reconnaissait sa défaite ou disparaissait comme acteur (massacré, par exemple).


En termes de communication, de normes, de temps, d’espace, de forces, de conscience et de finalité, la distinction entre guerre et paix était aussi fondatrice qu’incontestable.
Tout ce que nous venons de rappeler correspond à une vision « classique » européenne ; celle de penseurs aussi divers que Clausewitz, Hegel, Weber, Schmitt, Freud, Caillois, Bouthoul, Aron, … et qui paraît aujourd’hui si désuète.

Les nouvelles violences

Sans même parler de la guerre froide dont la principale caractéristique fut de ne pas éclater à partir de la seconde moitié du XX° siècle, apparurent des formes de conflits inédites, certaines virtuelles ou fantasmées :

- Affrontements entre acteur étatique et combattants qui se considèrent comme armée de libération ou se réfèrent à une notion similaire. Reste à savoir à partir de quel degré d’organisation, permanence, visibilité (une « guerre clandestine » est-elle une vraie guerre ?), suivant quels critères politiques relatifs à la noblesse ou au sérieux de sa cause, un belligérant mène une vraie guerre de partisan. Sinon, il s’agit d’émeutes, d’incidents, de raids de groupes armés… relevant plus ou moins de la police et du maintien de l’ordre. Pour ne prendre qu’un exemple, dans les années 50, il n’y avait pas une guerre mais des « événements d’Algérie ». Quarante ans plus tard, l’État algérien se demandait s’il faisait la guerre aux maquis islamistes ou s’il s’agissait de maintien de l’ordre.

- La question devient cruciale soit lorsqu’il y a pluralité d’acteurs armés, comme la prolifération des milices au Liban dans les années 80, soit quand la distinction entre politique et criminalité devient presque indiscernable. En Amérique latine ou dans des le « triangle d’or » proche de la Birmanie, bien subtil qui sait distinguer une bande armée de trafiquants de drogue d’une guérilla.

- La distinction militaire/civil est remise en cause par la tendance à mobiliser des combattants sans uniforme, et la propension croissante des conflits à tuer bien davantage de civils que de militaires. Au moins d’un côté (voir le fantasme du « zéro mort »). Quand des milices massacrent des civils qui ne se défendent guère, comme au Darfour, faut-il continuer à parler de guerre ? Dans un tout autre genre : quand un membre d’une société militaire privée accomplit-il une mission de sécurité, est-il un assistant d’un « vrai » militaire et quand commence-t-il à « faire » la guerre ? Où passe la frontière entre terrorisme, guerre secrète, guerre du pauvre, guérilla ?

- Inversement, le système international - pour ne pas dire l’Occident – a inventé des interventions armées inédites des représailles sanctions jusqu’aux interventions humanitaires. Elles doivent séparer des protagonistes ou protéger des populations. Le discours des puissances intervenantes souligne qu’elles mènent une guerre « altruiste » censées ne leur apporter aucun avantage. Elles disent lutter contre des criminels ou ennemis du genre humain, contre des dirigeants et non des peuples qu’elles sont au contraire venues sauver. De là le droit d’ingérence qui autorise le recours à la force armée pour empêcher des violences inacceptables. Les opérations militaires, que nous nommerions « de contrôle », se multiplient, pour maintenir la violence armée des pauvres et des archaïques (conflits ethniques par exemple) à un degré supportable .

- Les situations intermédiaires -pas vraiment la paix, pas encore la guerre - se multiplient. Ainsi, en Afghanistan, la guerre contre les talibans est censée être finie, et pourtant les troupes de la coalition doivent utiliser des armes lourdes. Corollairement, des citoyens de pays industrialisés peuvent ignorer dans combien de conflits ou d’opérations de « maintien de la paix » sont engagés leurs troupes et ne pas ressentir l’état de belligérance. Pour reprendre le même cas, la perte de quelques soldats d’élite français en Afghanistan en 2007 a soulevé moins d’émotion que certains accidents de la route. Le sentiment de sécurité qu’éprouvaient la plupart des Européens (mais moins d’Américains depuis 2001), l’idée que la guerre est une vieillerie dont le droit, la démocratie et la prospérité nous ont délivrés, tout cela serait apparu proprement stupéfiant il y a quelques décennies.

Daesh.jpg- Les stratèges ne cessent d’imaginer des formes de conflit où les armes prendrait une forme inédite ; ils intègrent dans leurs panoplies des outils informationnels au sens large qui agissent plus sur les esprits que sur les corps. Qu’il s’agisse de priver l’adversaire de ses moyens de communiquer, de le désorganiser ou de le désinformer, de percer tous ses secrets, de le sidérer psychologiquement, de rendre la force plus intelligente et mieux ciblée…, les spécialistes de la Revolution in Military Affairs et des diverses cyberwar et autres information warfare, n’ont jamais manqué d’imagination. Parallèlement, les notions de guerre de quatrième génération, de faible intensité, guerre continue ou celle, chère aux stratèges chinois, de guerre sans limite, reflètent les formes inédites du conflit technologiques, psychologiques, économiques, et devient de moins en moins évident que la guerre se pratique avec ces outils reconnaissables que sont les armes.

- Parmi les catégories utilisées pour décrire les nouvelles formes de l’affrontement armé, celle de guerre asymétrique est particulièrement révélatrice. Elle porte sur les moyens employés (guerre du pauvre contre guerre du riche high tech et surarmé), sur la stratégie (attrition contre contrôle), mais elle porte aussi sur les objectifs. Pour le fort la règle est : annuler ou limiter l’action du faible. Pour le faible : durer, infliger une perte sur le terrain moral ou de l’opinion, démoraliser celui que l’on ne peut désarmer, lui rendre le prolongement du conflit insupportable. La guerre asymétrique repose plus sur l’utilisation de l’information que sur celle de la puissance et partant contredit toutes les conceptions classiques. Elle postule que la victoire stratégique n’est pas une addition de victoires tactiques ; elle déplace la question de la légitimité de la guerre (donc de la croyance qui la soutient) non pas en amont de la guerre mais comme son objectif même.

Ces tensions et contradictions trouvent leur point culminant le jour où les États-Unis proclamèrent une « Guerre globale au terrorisme ». Elle appelle la notion complémentaire de « guerre préemptive » autorisant une intervention armée à l’étranger contre des groupes terroristes ou contre des tyrans susceptibles de les aider et/ou de posséder des armes de destruction massive.

Guerre des absolus

La plus grande puissance de tous les temps ( qui, a priori devrait avoir le moins à craindre) considère que l’état de guerre existe est susceptible de durer plus d’une génération. Et ce jusqu’à la disparition de tout acteur hostile (État Voyou, groupe terroriste), de toute intention hostile (le terrorisme, ceux qui haïssent la liberté, l’extrémisme violent, pour reprendre diverses formulation des dirigeants américains) et de tout instrument hostile (les Armes de Destruction Massive). Il est tentant d’en déduire qu’il s’agit d’une guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle. On n’y nomme ni son adversaire, ni sa limite, ni les conditions de sa victoire. Faire du monde « un lieu plus sûr pour la démocratie » est un programme politique pour Sisyphe. Six ans de Guerre Globale au Terrorisme semblent indiquer que, loin d’éliminer les régimes hostiles, les groupes armés (y compris avec l’arme de l’attentat suicide) et les ADM (en Iran ou en Corée), elle semble les encourager.

Symétriquement, la guerre comme jihad défensif voire offensif (Daech voulait rien moins qu’étendre le califat à la planète) telle que la prônent les groupes islamistes n’est pas moins surprenante : elle est licite aux yeux de ses acteurs (elle est commandée par Dieu et constitue une obligation). Non seulement elle ne connaît pas de limites dans son extension territoriale ni dans le choix de ses victimes (pratiquement n’importe qui sauf un jihadiste est « éligible »). Il n’est pas certain qu’elle vise à une victoire (sauf à supposer la conversion de l’humanité entière à la variante salafiste du sunnisme). Au contraire,le jihad trouve sa propre justification non dans la réalisation de fins politiques, mais en lui-même, comme occasion de sanctification par le martyre ou comme compensation mimétique (ben Laden parle même de « talion ») des souffrances et humiliations subies par l’Oumma.

Et dans les deux cas, la dimension symbolique du conflit prédomine. D’un côté montrer la résolution des États Unis et démentir qu’ils soient un « tigre en papier ». De l’autre, infliger une humiliation à l’Occident orgueilleux et idolâtre. Et, si l’on remonte plus haut, ce sont deux guerres de conversion : il s’agit de faire disparaître une croyance qui offense le droit universel dans le premier cas (la haine de la liberté des terroristes), qui contredit loi divine dans le second (la haine de Dieu des juifs, des croisés et des apostats).

Chacun est libre de penser que « guerre » n’est qu’une catégorie juridico-philosophique particulièrement héritée de la pensée classique voire une très longue parenthèse historique (pour certains commençant au néolithique) et dont ni l’universalité, ni la perpétuité ne sont démontrées. Ou peut aussi la considérer comme degré dans les violences que les hommes s’infligent sans trop se soucier des catégories.

Notre propos n’est pas une quelconque forme de nostalgie envers les bonnes guerres d’autrefois qui se faisait au moins dans l’ordre et la discipline et que nous n’avons pas connues. Simplement il faudra apprendre à vivre avec ce paradoxe : mondialisation et affaiblissement du principe de souveraineté politique, autrefois considéré comme belligène, n’impliquent pas la fin de l’hostilité mais sa prolifération et sa privatisation.

François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 22 mars 2019)

Bernard-Henri Lévy Is The Comic Romance Of Liberal Technocracy

bhlcar.jpg

Bernard-Henri Lévy Is The Comic Romance Of Liberal Technocracy

Ben Sixsmith

Ex: https://palladiummag.com

Mauro Rico/Buenos Aires.

“The idea of Europe is in peril,” claims a group of leading intellectuals led by Bernard-Henri Lévy. Malevolent populists have seized control by appealing to ideas of a “national soul” and “lost identity.”

“Never mind that abstractions such as “soul” and “identity” often exist only in the imagination of demagogues,” the authors write. Are we to conclude that the “idea of Europe” is not an abstraction and is shared, in a coherent form, across the continent?

From the letter, one would think that European institutions were innocent victims of a hostile takeover. There are vague references to mistakes and lapses, but there is no mention of the Eurozone crisis, the migration crisis, or the sclerotic behavior of the European Union. There is rhapsodizing about the intellectuals’ “faith…in the great idea that we inherited,” but no sense that the idea might have enabled hubris and recklessness.

What the idea even is remains mysterious. One presumes that it is Enlightenment liberalism promoted through the European Union, but its substance is vague. There is a reference to “the legacy of Erasmus, Dante, Goethe and Comenius.” But how, for example, the Catholic Dante and the anti-Catholic Comenius can be synthesized is unexplored. All that is left are exhortations about the need to “rediscover the spirit of activism,” without any sign of who these activists will be and what their campaigns will demand and deliver.

The letter has sunk beneath the pages of The Guardian​​. After years of hopping round the world, from cause to cause, Bernard-Henri Lévy has returned home to find himself a ​vieux philosophe​ without an audience.

***

In a speech in Bangladesh, Lévy spoke of hearing, in his youth, “the ardent, raspy voice of an old writer speaking to the young people of France about a country not yet born but already dying.” The country was Bangladesh; the writer was André Malraux. “As in Spain in 1936,“ Lévy went on, “the voice was urging the formation of International Brigades.” “A handful of us answered that call,” Lévy mused. “In me that call has abided all my life, resurfacing in every commitment I have made since then.”

bhl_caricature6.jpgCalling Lévy a philosopher is like calling David Icke a sports personality. It might have been true once, but that was another life for the aging provocateur. BHL, as he is known, has spent the last few decades gallivanting around the globe in search of causes. He began his career in Bangladesh, covering the Liberation War, and after a few years of intellectualizing in France, he bounded his way between Bosnia, Pakistan, Darfur, Georgia, Libya, Syria, and Kurdistan, demanding, more often than not, international intervention to end some conflict or unseat some dictator.

One can trace BHL’s intellectual lineage through Malraux to T.E. Lawrence. “Lawrence of Arabia,” despite his Francophobic reputation, was, in Denis Roak’s words in “Malraux and T.E. Lawrence,” an “exemplary figure” for Malraux, who provided not only “the model of the man of action” but the model of the self-mythologizer.

Lawrence was an intellectual, with a First Class history degree from Oxford, a passion for translating French literature, and an able grasp of seven languages. His insights into Arab politics were keen, such as when he predicted that if the Wahhabist sect prevailed it would lead to “fanaticism…intensified and swollen by success.” He was a brave, capable soldier, who was more at home in the midst of the Arab Revolt than in peacetime London. He was also a failure, at least on his own terms, who promised his Arab comrades independence if they fought beside him in the First World War and had his fond hopes for them demolished when he was informed of the Sykes-Picot Agreement. Staying silent, lest he compromise the war effort, he grew so depressed he contemplated suicide. “We are calling them to fight for us on a lie,” he said in 1917, “and I can’t stand it.”

Lawrence’s life was full of courage and struggle. But he was nonetheless fond of embellishments. In ​Seven Pillars of Life​, for example, he fictionalized a story about crossing the Sinai Peninsula without sleep. André Malraux was a far more energetic fabulist. In​ The Halls of Uselessness​, Pierre Ryckmans pointed out that while Malraux had all but “pretended to the French public that he had been a people’s commissar in the Chinese revolution,” he had in fact been little more than “a mere tourist in transit.” His work on the Spanish Civil War, meanwhile, has the “hollow ring of café eloquence” compared to Orwell’s unsentimental writings.

Malraux’s admiration for Nietzsche preceded his admiration for Lawrence. Both the German and the Frenchman, Ronald Batchelor wrote,​ ​held​ ​that “the only redemptive act for the individual lies in the projection of self upon the world, so that it will be shaped in his own likeness.” Nietzsche had done so from his home, but Lawrence’s influence drove Malraux abroad. He went to Cambodia, where he was arrested by colonial authorities for trying to remove artifacts from a temple.

Malraux’s experiences turned him against colonialism and towards communism. In France, he built his reputation on a series of novels that drew on his Indochinese experiences, but he still scratched his itch for ​engagement​. An unsystematic thinker, his attitude was summed up in the words with which he described a character in his novel ​The Conquerors​:

Systems were nothing to him. He was ready to adopt any that circumstances might impose on him. It was an atmosphere more than anything else, and the hopes that a general upheaval held out, that attracted him…

lentarté1.jpgIn the Spanish Civil War, he led a quixotic air campaign on behalf of the Republicans. Unlike Orwell, he sided with the Soviet-backed communists. Somehow, he had convinced himself that the Soviet Union represented the breeding grounds for individual talent. “The enormous strength of the Soviet force,” he said, according to his biographer Olivier Todd, “is that it is the type of civilization from which Shakespeares emerge.”

After the war, in which he belatedly joined the French resistance, he became an apostate from communism and gravitated towards De Gaulle. The General made him the Minister of Culture. “Malraux encouraged de Gaulle to think that he was penning the national epic; de Gaulle encouraged Malraux to believe that he was an actor on the world stage,” Stefan Collini wrote. Still hungry for action, Malraux interviewed Chairman Mao a year before the Cultural Revolution was unleashed. Despite clear signals of the dictator’s intentions, Malraux remained blissfully unaware of the scale of his radicalism.

Bangladesh was Malraux’s last act of ​engagement​ and Lévy’s first. For all that he has earned his reputation for attention-seeking, this was a rather brave act of solidarity. When the young philosopher returned to France, however, he sought the limelight. Like Andre Glucksmann and Alain Finkelkraut, Lévy was welcomed as a “new philosopher,” with his passionate defense of liberalism against leftist power worship. There was nothing very new about French anti-communism, but the ​nouveaux philosophes ​garnered significant attention, not least because of how much they annoyed French leftists.

With his Byronic appearance and urgent style, Lévy became especially famous. French leftist historian Pierre Vidal-Naquet complained that Lévy was “sculpting, with the help of the media, his own statue.” His next book,​ The French Ideology​, was a dark account of French history that saw Pétainism behind every cupboard and in every corner. Raymond Aron, the grandfather of French anti-totalitarians, was unimpressed. “An author who readily employs infamous or obscene adjectives to describe men and ideas,” he began, “invites a critic to reciprocate.” He accused the young philosopher of exaggerating the fascistic trends in French culture, and of encouraging paranoia among French Jews. “What does this book say to them?” he asked:

That the peril is everywhere, that the French ideology condemns them to a fight of every moment against an enemy installed in the unconscious of millions of their fellow citizens.

Antisemitism did return to French in earnest—from the comedian Dieudonné M’bala M’bala, to the guns of jihadists who have massacred Jews in Toulouse, Montauban, and Porte de Vincennes. But this trend has not had much to do with French ideology.

France could not contain Lévy for long. During the Bosnian War, Lévy traveled to Sarajevo, and wrote and filmed to attract international attention to the Bosnians’ plight. For Lévy, the conflict represented not just a war of aggression against the Bosnians, but a campaign of genocidal terror on the part of the Serbs, inflicted on a nation that epitomized moderate, liberal Islam and harmonious multiculturalism. His efforts, though arguably valuable in promoting peace, established his grandiose Manicheanism and his talent for romanticizing his role in events. As Stephen Chan wrote in “Regarding the pain of Susan Sontag,” some doubted that Lévy was quite as immersed in the action as it appeared:

When Bernard-Henri Levy flew in for one of his visits of solidarity, fleeting but photographed, and feigned the need for taking cover, as if bullets had been aimed at home—while just out of camera-shot UN troops were casually smoking cigarettes—this was a traducing of solidarity.

Lévy’s Malrauxian tendencies emerged more than a decade later when he traveled to Georgia during the Georgian-Ossetian conflict. “It is not too difficult to spot [him],” said a fellow guest at the hotel he stayed in. “[He is] lounging around in the foyer puffing out clouds of smoke and gesticulating meaningfully.” Some raised questions about the veracity of the reports Lévy filed from Georgia. He wrote of seeing the city of Gori “burned” and “pillaged,” despite the​ ​fact​ ​that it still stood and he had never even been there.

bhlsyrie.jpgOn Lévy went. Buoyed by the Arab Spring, he campaigned for intervention in Libya, which, after the fall of Gaddafi’s regime, became a home for warlords and jihadis and a conduit for migrants traveling to Europe. Undeterred, Lévy took up the cause of the Kurds, whose fight for independence he praises not just on its own terms but as signifying the promise of a liberal Islam. Much of Lévy’s new book, ​The Empire and the Five Kings​, is devoted to championing the cause of the embattled Kurds.

Lévy is easy to mock, with his flowing hair, his unbuttoned shirt, his numerous wives, and his airy pronouncements. He is easy to dismiss as a narcissist, and as a fabricator. All of this is true. Yet there is a certain seriousness to him, as well.

First, he is not without self-awareness. Reflecting, once, on philosophy and commitment, he identified temptations in the public intellectual: the temptation to see conflict as “a big theatre in order to deploy or unravel literature, concepts, ideas and so on” and the temptation to see it as “a sort of aesthetic show.”

“If I am sincere with myself,” Lévy wrote, “I probably have a little of each of these attitudes in myself.” He has more than a little, but at least he knows it. Second, he is not without some loyalty to his causes. As well as the Kurds, he still takes a keen interest in the affairs of the Bosnians and the Bangladeshis.

Lévy is a liberal vitalist. He is not the kind of utopian who believes that liberalism can prevail across the world. Rather, he locates a certain ​élan vital ​in the struggle for human rights: an energizing force of quasi-spiritual significance. Like the young Malraux, his status as an intellectual depends less on ideas than on ​engagement​, on being at the center of the hopes that any general upheaval might hold out.

Lévy’s vital and romantic image is key to his prominence and acceptance. “Great Man” figures are generally held in deep suspicion by liberal democratic institutions. Right-wing populist candidates like Donald Trump, Marine Le Pen, or Jair Bolsonaro are seen as demagogic, militaristic, and authoritarian. Left-wing outsiders such as Hugo Chavez, Jeremy Corbyn, Bernie Sanders, or Lula da Silva, have their own critics. They rely on charisma, legends, and personal loyalty to win, and they don’t share the interests of the institutions they take over. When individual leaders have been valued by political and media elites, from John F. Kennedy to Barack Obama, it has not been as bold orators and decision-makers, but as smooth, articulate conveyors of information.

This follows from liberalism’s stance towards the individual. Rule of law, checks and balances, and constitutions are all established precisely to limit the role of any given individual over political life. In liberalism, the natural mode of engagement is to create value on the margin, from behind the curtain, and as an atom in mass movements, rather than carrying out large, daring plans as a public individual.

This can be a strength, to an extent. If political life is not about agentic and visionary individuals, then political life is not left in turmoil by individual failings, or by the vacuum left by a hyper-competent visionary founder. But it also becomes a stifling limit. When personal advancement depends on operating on the margin, talented individuals don’t have the freedom to experiment. High-risk, high-reward advances usually depend on ​facilitating​ that risk-taking. This bureaucratic mode then bakes in roughly the current system, as systemic change requires coordinated multi-step plans, which can only be the domain of individual judgement.

More broadly, the human desire for narrative and meaning is generally not satisfied with managerial technocracy. Cults of personality work because they take abstract ideals and embody them in a living, breathing, and acting human being. Instead of dreary policy proposals and philosophical criticisms, it generates an adventure shared in by the whole society and a sense of destiny. When an established political structure offers no fulfillment for this need, then rivals and outsiders will naturally take up the banner. The current populist wave owes at least as much to the ​death of mythos​ in neoliberal technocracy as to economic and social clashes.

When liberalism was a revolutionary creed, it was itself able to tap into these narratives. From American independence, to the French Revolution and the Italian Risorgimento, the slogans of liberation and dashing figures like Washington and Garibaldi were integral to the liberal mythos. Indeed, they remain so. But with liberalism having long-since established itself as an institutional order with global hegemony, their modern equivalents would represent a dire threat to the stability of that order—particularly to the all-too-human individuals who staff its institutions.

bhl_chez-picouly_bd.jpgLawrence and Malraux’s names have outlived those of the political elites that they served, despite having little or no influence on their decisions. Similarly, Lévy’s name will outlive those of the sad parade of politicians on whose service he has often called, but his actual values are those of the liberal establishment, and neither is he any threat to institutional interests. His work is as a private individual with a media platform. He cannot order troops, cut budgets, pass programs, or press charges against corruption. A cult of personality restrained to magazine columns, interviews, documentaries, and petitions is an ideal one for liberal politics. He drums up interest in peripheral conflicts without challenging the broad interests of finance and of statecraft.

Christopher Hitchens was another case. What a man of action he was, charging around the Middle East in opposition to theocrats and dictators as energetically as he charged around the Deep South debating God. What a character. What a contrarian. Yet no one can sensibly claim he challenged the establishment when his death was greeted with as much mourning from presidents and prime ministers as that of George H.W. Bush. Sure, he sniped from the sidelines, but no royal court is complete without a jester to voice the criticisms which might otherwise boil into plots. But the jester makes no decisions, bears no responsibility, and holds no power.

The romance of Lévy’s exaggerated war-hopping exploits has helped to lend a certain cinematic quality to liberal managerialism. He served as, in the words of Herman Lebovics describing Malraux, a “dashing model of the fighter-thinker” for desk-bound technocrats. He has lent his undeniable charisma and overblown imprimatur to a paradigm that depends, for the most part, on spiritually arid processes of global finance, technology, and diplomacy. The “man of action” has less of a place in a world where the man is being outstripped by the machine, and the institution has supplanted the individual.

Ben Sixsmith is an English writer living in Poland. He is the author of Kings and Comedians: A Brief History of British-Polish Affairs.

00:11 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bhl, bernard henry lévy, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook