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dimanche, 19 janvier 2020

Oswald Spengler's Apocalyptic Vision of History

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Oswald Spengler's Apocalyptic Vision of History

 
2:40 - Part 1
9:07 - Part 2
16:50 - Part 3
The last of my Spengler videos, for now at least.
 

L’effondrement de l’Empire d’Occident moderne. Quel avenir pour l’humanité ?

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L’effondrement de l’Empire d’Occident moderne. Quel avenir pour l’humanité ?


Par Ugo Bardi

Source CassandraLegacy

Ces notes ne sont pas censées dénigrer ni exalter une entité dont l’histoire remonte à au moins deux millénaires. Comme tous les Empires, passés et présents, l’Empire Mondial Moderne a traversé la parabole de sa croissance et de sa gloire et il commence maintenant son déclin. Il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire à ce sujet, nous devons accepter que c’est ainsi que l’univers fonctionne. Sur ce sujet, voir aussi un de mes précédents billets « Pourquoi l’Europe a conquis le monde ?« .

Pour tout ce qui existe, il y a une raison et c’est vrai aussi pour cette chose gigantesque qu’on appelle parfois « l’Occident » ou peut-être « l’Empire américain », ou peut-être « la Globalisation ». Pour trouver cette raison, on peut remonter aux origines mêmes de l’empire moderne. Nous pouvons les trouver dans un empire plus ancien, mais déjà très avancé : l’Empire romain.

Comme quelqu’un a pu le dire (et peut-être que quelqu’un l’a fait, mais c’est sans doute un concept original pour moi), « la géographie est la mère des Empires ». Les Empires sont construits sur la disponibilité des ressources naturelles et sur la capacité de les transporter. Ainsi, les Romains ont exploité la géographie du bassin méditerranéen pour construire un empire basé sur le transport maritime. Rome était le centre d’une plaque tournante du commerce qui surpassait tous les autres États de la région occidentale de l’Eurasie et de l’Afrique du Nord. Ce système de transport était si important qu’il a même été déifié sous le nom de la déesse Annona. Sa cohésion était assurée par un système financier basé sur la monnaie, le latin comme lingua franca, un grand système militaire et un système juridique très avancé pour l’époque.

Mais comme tous les empires, celui de Rome portait en lui les germes de sa propre destruction. L’empire a atteint son apogée à un moment donné au cours du 1er siècle de notre ère, puis il a commencé à décliner. Il est le résultat d’une combinaison de facteurs connexes : l’épuisement des mines de métaux précieux qui a privé l’Empire de sa monnaie, la croissance de la route de la soie qui a siphonné les richesses romaines vers la Chine, la surexploitation de l’agriculture nord-africaine qui alimentait les villes romaines. Pas d’argent, pas de ressources, pas de nourriture : l’Empire ne pouvait que s’effondrer et c’est ce qui s’est produit.

L’ancien Empire romain a laissé une ombre fantomatique sur l’Europe, si persistante que pendant deux millénaires, on a essayé de le recréer d’une manière ou d’une autre [Charlemagne, Napoléon, Hitler, NdT]. Mais ce n’était pas possible, c’était encore une fois une question de géographie. L’agriculture intensive romaine avait tellement endommagé le sol nord-africain qu’il ne pouvait plus se rétablir – et c’est bien ce qui s’est passé. La perte du sol fertile sur la rive sud a divisé la mer Méditerranée en deux moitiés : la partie nord, verte et encore fertile, et la partie sud, sèche et stérile. Néanmoins, il y a eu plusieurs tentatives pour reconstruire l’ancienne unité économique et politique du bassin. Le califat arabe a construit un empire méditerranéen du sud basé sur l’arabe comme Lingua Franca et sur l’Islam comme terrain culturel commun. Mais l’expansion de l’Islam n’a jamais atteint l’Europe occidentale. Sa base économique était faible : l’agriculture nord-africaine ne pouvait tout simplement pas soutenir le niveau de population qui aurait été nécessaire pour contrôler l’ensemble du bassin méditerranéen. Le même destin s’est abattu, plus tard, sur l’Empire turc.

De l’autre côté de la mer Méditerranée, l’Europe était une région que les Romains de l’Antiquité avaient toujours considérée comme une périphérie. Avec la disparition de l’Empire romain, l’Europe du Nord a été libérée pour se développer par elle-même. C’était la période que nous appelons « l’âge des ténèbres », un terme impropre s’il en est. Les âges « sombres » étaient une nouvelle civilisation qui a exploité certaines des structures culturelles et technologiques héritées de Rome mais qui a également développé des structures originales. Le manque d’or et d’argent a rendu impossible pour les Européens de maintenir l’unité de l’Europe par des moyens militaires. Ils ont dû se fier à des méthodes plus subtiles et plus sophistiquées qui, néanmoins, ont été modelées sur les vieilles structures romaines. L’unité culturelle était assurée par le christianisme, l’Église créant même une nouvelle forme de monnaie basée non pas sur des métaux précieux mais sur les reliques d’hommes et de femmes saints. L’Église était également le gardien du latin, la vieille langue romaine qui est devenue la Lingua Franca européenne, le seul outil qui a permis aux Européens de se comprendre.

De cette façon, les Européens ont créé une civilisation apaisée et sophistiquée. Ils ont pu maintenir la primauté du droit et ils ont redonné aux femmes certains des droits qu’elles avaient perdus pendant l’Empire romain. Les bûchers de sorcières, endémique dans l’Empire romain, n’ont pas pu être complètement abolis, mais leur fréquence a été réduite à presque zéro. L’esclavage a été officiellement aboli, bien qu’il n’ait jamais réellement disparu. La richesse matérielle a été réduite au profit de la richesse spirituelle, l’art et la littérature ont prospéré autant que possible dans une région pauvre comme l’Europe l’était à cette époque. Les guerres ne disparurent pas, mais le début du Moyen Âge fut une période relativement calme, l’Église conservant un certain contrôle sur les pires excès des seigneurs de la guerre locaux. Le cycle arthurien mettait l’accent sur la façon dont les chevaliers errants se battaient pour accomplir de bonnes actions et pour défendre les faibles. Il n’a été mis par écrit qu’à la fin du Moyen Âge, mais il faisait partie du paysage européen fantasmé depuis des temps bien plus anciens.

Mais les choses ne s’arrêtent jamais. Au Moyen Âge, la population et l’économie européennes se développaient ensemble en exploitant un territoire relativement intact. Bientôt, la civilisation apaisée du début du Moyen Âge a cédé la place à quelque chose qui ne l’était plus. Au tournant du millénaire, l’Europe était surpeuplée et les Européens ont commencé à chercher des zones où s’étendre. Les croisades ont commencé au XIème siècle et ont constitué une nouvelle tentative de réunification du bassin méditerranéen. L’Europe s’est même dotée de structures internationales qui auraient pu régir le nouvel empire méditerranéen : les ordres chevaleresques. Parmi ceux-ci, les Templiers constituaient une structure particulièrement intéressante : en partie une société militaire, mais aussi une banque et un centre culturel, tous basés sur le latin comme Lingua Franca. L’idée était que le nouvel empire méditerranéen serait gouverné par une organisation supranationale, un peu comme l’ancien Empire romain.

Mais les croisades ont été un échec coûteux. L’effort militaire devait être soutenu par les principales ressources économiques de l’époque : les forêts et les terres agricoles. Ces deux ressources ont été fortement sollicitées et le résultat fut une époque de famines et de pestes qui réduisit presque de moitié la population européenne. C’est un nouvel effondrement qui a eu lieu au cours du XIVème siècle. C’était assez grave pour que l’on puisse imaginer que les descendants de Salah ad-Din auraient pu revenir et conquérir l’Europe, s’ils n’avaient pas été poignardés dans le dos par l’Empire mongol en expansion.

European-Population-at-the-time-of-the-Great-Plague-from-Langer-1964.pngLa population européenne : graphique de William E Langer, « The Black Death » Scientific American, février 1964, p. 117 — notez comment la croissance est plus rapide après l’effondrement qu’elle ne l’était avant.

Mais les Européens ont été têtus. Malgré l’effondrement du XIVème siècle, ils n’ont pas abandonné et ils ont continué à utiliser le même truc qu’avant : reconstruire après une catastrophe en modelant de nouvelles structures sur les anciennes. Les Européens étaient de bons guerriers, des constructeurs navals compétents, d’excellents marchands et toujours prêts à prendre des risques pour gagner de l’argent. S’ils ne pouvaient pas s’étendre à l’Est, eh bien, pourquoi ne pas s’étendre plus à l’Ouest, de l’autre côté de l’océan Atlantique ? C’était une idée qui a eu un succès fou. Les Européens ont importé de Chine la technologie de la poudre à canon et l’ont utilisée pour construire des armes redoutables. Avec leurs nouvelles compétences en matière d’artillerie, ils ont créé un nouveau type de navire, le galion armé de canons. C’était une arme de domination : un galion pouvait naviguer partout et faire exploser toute opposition sur la mer, puis débarquer des armées pour s’emparer des terres. Un siècle après la grande peste, la population européenne augmentait à nouveau, plus vite qu’avant. Et, cette fois, les Européens se lançaient à la conquête du monde.

Pendant quelques siècles, les Européens se sont comportés comme des maraudeurs dans le monde entier : explorateurs, marchands, pirates, colons, bâtisseurs d’empire, etc. Ils naviguaient partout et partout où ils naviguaient, ils dominaient la mer. Mais qui étaient-ils ? L’Europe n’a jamais gagné une unité politique ni ne s’est engagée dans un effort pour créer un empire politiquement unifié. Tout en combattant les populations non-européennes, les Européens se battaient aussi entre eux pour le butin. La seule entité supranationale de gouvernement qu’ils avaient était l’Église catholique, mais c’était un outil obsolète pour les temps nouveaux. Au XVIème siècle, l’Église catholique n’était plus une gardienne de reliques, elle était elle-même une relique. Le coup de grâce lui a été donné par l’invention de la presse à imprimer qui a énormément réduit le coût des livres. Cela a conduit à un marché pour les livres écrits en langue vernaculaire et ce fut la fin du latin comme Lingua Franca européenne. Le résultat fut la réforme de Martin Luther, en 1517 : le pouvoir de l’Église catholique fut brisé à jamais. Maintenant, les États européens avaient ce qu’ils voulaient : les mains libres pour s’étendre où ils voulaient.

Comme vous l’avez peut-être imaginé, le résultat de cette phase historique de « bataille royale » a été un nouveau désastre. Les États européens se sautèrent à la gorge en s’engageant dans la « guerre de 30 ans » (1618 – 1648). La moitié de l’Europe fut dévastée, les fléaux et les famines réapparurent, la production alimentaire s’effondra et avec elle la population. Les Européens ne se battaient pas seulement les uns contre les autres sous la forme d’États en guerre. Les hommes européens se battaient contre les femmes européennes : c’est l’époque de la chasse aux sorcières, des dizaines de milliers de femmes européennes innocentes furent emprisonnées, torturées et brûlées sur les bûchers. Avec ses forêts coupées et ses terres agricoles érodées par la surexploitation, il devint fort possible d’imaginer que l’âge de l’empire mondial européen soit à jamais révolu. Ce ne fut pas le cas.

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Tout comme un coup de chance avait sauvé l’Europe après le premier effondrement du XIVème siècle, un autre événement presque miraculeux a sauvé l’Europe de l’effondrement du XVIIIème siècle. Ce miracle avait un nom : le charbon. C’est un économiste européen du XIXème siècle, William Jevons, qui avait noté qu’« avec le charbon, tout est facile ». Et avec le charbon, les Européens pouvaient résoudre la plupart de leurs problèmes : le charbon pouvait être utilisé à la place du bois pour fondre les métaux et fabriquer des armes. Cela a sauvé les forêts européennes (mais pas celle de l’Espagne, qui n’avait pas de charbon bon marché et dont l’empire s’effondrait lentement). Ensuite, le charbon pouvait être transformé en nourriture grâce à une technologie indirecte mais efficace. Le charbon était utilisé pour fondre le fer et produire des armes. Avec les armes, de nouvelles terres étaient conquises et leurs habitants réduits en esclavage. Les esclaves cultivaient alors des plantations et produisaient des aliments qui étaient expédiés en Europe. C’est à cette époque que les Britanniques ont pris l’habitude de prendre le thé l’après-midi : le thé, le sucre et la farine pour les gâteaux étaient tous produits dans les plantations britanniques d’outre-mer.

Et le cycle continua. La population européenne a recommencé à croître au cours du XVIIIème siècle et, à la fin du XIXème siècle, l’exploit de conquérir le monde était presque terminé. Le XXème siècle a vu la consolidation de ce que nous pouvons aujourd’hui appeler « l’Empire occidental », le terme « Occident » désignant une entité culturelle qui n’était plus seulement européenne : elle comprenait les États-Unis, l’Australie, l’Afrique du Sud et quelques autres États – y compris même des pays asiatiques tels que le Japon qui, en 1905, a gagné un espace parmi les puissances mondiales par la force des armes, battant à plates coutures une puissance européenne traditionnelle, la Russie, lors de la bataille navale de Tsushima [financée pour le Japon par des banques occidentales, NdT]. D’un point de vue militaire, l’Empire d’Occident était une réalité. Il restait à le transformer en une entité politique. Tous les empires ont besoin d’un empereur, mais l’Occident n’en avait pas, pas encore.

La phase finale de la construction de l’Empire d’Occident a eu lieu avec les deux guerres mondiales du XXème siècle. C’étaient de véritables guerres civiles pour la domination impériale, semblables aux guerres civiles de la Rome antique à l’époque de César et d’Auguste. De ces guerres, un vainqueur évident est sorti : les États-Unis. Après 1945, l’Empire avait une monnaie commune (le dollar), une langue commune (l’anglais), une capitale (Washington DC) et un empereur, le président des États-Unis. Plus que tout cela, ils s’étaient doté d’une puissante machine de propagande, celle que nous appelons aujourd’hui « fabrication du consensus ». Elle a construit un récit qui décrivait la Seconde Guerre mondiale comme un triomphe du bien contre le mal — ce dernier étant représenté par l’Allemagne nazie. Ce récit reste aujourd’hui le mythe du financement de l’Empire d’Occident. Le seul empire rival restant, l’Empire soviétique, s’est effondré en 1991, laissant l’Empire américain comme seule puissance dominante du monde. Cela aussi a été considéré comme une preuve de la bonté inhérente de l’Empire américain. C’est à cette époque que Francis Fukuyama a écrit son livre « La fin de l’histoire » (1992), décrivant correctement les événements dont il était témoin. Tout comme lorsque l’empereur Octavianus a inauguré l’âge de la « Pax Romana », ce fut le début d’un nouvel âge d’or : la « Pax Americana ».

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Hélas, l’histoire ne finit jamais et, comme je l’ai mentionné au début de cet essai, tous les empires portent en eux les graines de leurs propres destructions. Quelques décennies seulement se sont écoulées depuis l’époque où Fukuyama avait revendiqué la fin de l’histoire et la Pax Americana semble déjà terminée. La domination du monde occidental avait été basée d’abord sur le charbon, puis sur le pétrole, et maintenant on essaie de passer au gaz, mais ce sont toutes des ressources finies qui deviennent de plus en plus chères à produire. Tout comme le déclin de Rome avait suivi celui de ses mines d’or, l’Occident suit le déclin des puits qu’il contrôle. Le dollar perd son rôle de monnaie de réserve mondiale et l’Empire est menacé par un nouveau système commercial. Tout comme l’ancienne route de la soie a été un facteur de l’effondrement de l’Empire romain, l’initiative naissante de la « Nouvelle route de la soie » qui reliera l’Eurasie en une seule région commerciale pourrait donner le coup de grâce à la domination mondialisée de l’Occident.

Il est certain que l’Empire d’Occident, bien que moribond, n’est pas encore mort. Il a toujours sa merveilleuse machine de propagande qui fonctionne. La grande machine a même réussi à convaincre la plupart des gens que l’empire n’existe pas vraiment, que tout ce qu’ils voient qu’on leur fait est fait pour leur bien et que les étrangers sont affamés et bombardés avec les meilleures intentions. C’est un exploit remarquable qui rappelle quelque chose qu’un poète européen, Baudelaire, a dit il y a longtemps : « Le meilleur tour du Diable consiste à vous faire croire qu’il n’existe pas. » C’est typique de toutes les structures de devenir méchantes pendant leur déclin, cela arrive même aux êtres humains. Donc, nous vivons peut-être dans un « Empire du mensonge«  qui se détruit en essayant de construire sa propre réalité. Sauf que la vraie réalité gagne toujours.

Et nous y voilà, aujourd’hui. Tout comme l’ancien Empire romain, l’Empire d’Occident finit son cycle et le déclin a déjà commencé. Donc, à ce stade, nous pourrions risquer une sorte de jugement moral : l’Empire d’Occident était-il bon ou mauvais ? Dans un sens, tous les empires sont mauvais : ce sont généralement des organisations militaires impitoyables qui se livrent à toutes sortes de massacres, de génocides et de destructions. De l’Empire romain, on se souvient de l’extermination des Carthaginois comme exemple, mais ce n’était pas le seul. De l’Empire occidental, nous avons de nombreux exemples : le plus maléfique est peut-être le génocide des Indiens d’Amérique du Nord, mais des choses comme l’extermination de civils par le bombardement aérien des villes pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient aussi impressionnantes. Et l’Empire (maléfique) ne semble pas avoir perdu son goût pour le génocide, du moins comme on peut le juger d’après certaines déclarations récentes de membres du gouvernement américain sur l’idée d’affamer les Iraniens.

D’autre part, il serait difficile de soutenir que les Occidentaux sont plus mauvais que les personnes appartenant à d’autres cultures. Si l’histoire nous dit quelque chose, c’est que les gens ont tendance à devenir mauvais lorsqu’ils ont la possibilité de le faire. L’Occident a créé beaucoup de bonnes choses, de la musique polyphonique à la science moderne et, durant cette dernière phase de son histoire, il mène la lutte pour maintenir la Terre en vie – une fille comme Greta Thunberg est un exemple typique du « bon Occident » par opposition au « mauvais Occident ».

Dans l’ensemble, tous les empires de l’histoire sont plus ou moins les mêmes. Ils sont comme des vagues qui s’écrasent sur une plage : certaines sont grandes, d’autres petites, certaines font des dégâts, d’autres ne font que laisser des traces sur le sable. L’Empire d’Occident a fait plus de dégâts que les autres parce qu’il était plus grand, mais il n’était pas différent. Nous devons accepter que l’univers fonctionne d’une certaine manière : jamais en douceur, toujours en montant et descendant et, souvent, en passant par des effondrements abrupts, comme l’avait noté il y a longtemps le philosophe romain Lucius Seneca. L’empire actuel étant si grand, la transition vers ce qui viendra après nous doit être plus abrupte et plus dramatique que tout ce que l’on a vu dans l’histoire auparavant. Mais, tout comme ce fut le cas pour la Rome antique, l’avenir pourrait bien être un âge plus doux et plus sain que l’âge actuel.

Ugo Bardi enseigne la chimie physique à l’Université de Florence, en Italie, et il est également membre du Club de Rome. Il s’intéresse à l’épuisement des ressources, à la modélisation de la dynamique des systèmes, aux sciences climatiques et aux énergies renouvelables.

Traduit par Hervé, relu par Marcel pour le Saker Francophone

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Le discours de Poutine sur l’état de la nation : centré sur le peuple russe et son avenir

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Le discours de Poutine sur l’état de la nation : centré sur le peuple russe et son avenir


Par Andrew Korybko 

Source news.cgtn.com

Le président Poutine s’est adressé à l’Assemblée fédérale ce 15 janvier, pour la première fois de l’année 2020, prenant de l’avance sur sa traditionnelle allocution annuelle, qui avait d’habitude lieu un peu plus tard dans l’année. Son discours sur l’état de la nation s’est presque entièrement intéressé sur l’amélioration de la qualité de vie du peuple russe, en soulignant fortement les importants impacts sociaux des projets de développement national de la Russie [National Development Projects (NDP)], et sur les moyens à employer au service de cette vision ambitieuse.

Une part importante de son discours était consacrée à l’accroissement du taux de natalité, par l’application de diverses incitations d’État, comme une augmentation des prestations sociales aux familles, en particulier celles disposant de faibles revenus. Il a également déclaré que les allocations de maternité seraient désormais versées dès le premier enfant — elles étaient jusqu’ici versées uniquement à partir du second. Poutine a répété à plusieurs reprises l’importance pour la Russie d’améliorer sa situation démographique, et a également insisté sur le fait que l’ensemble des politiques sont influencées, d’une manière ou d’une autre, par ce facteur.

Il ne s’agit pas pour les Russes de faire plus d’enfants pour la beauté du geste, mais de proposer un très haut niveau de vie aux futurs citoyens de la fédération. Pour servir cet objectif, Poutine a annoncé que l’État prodiguerait trois repas chauds et équilibrés à chaque enfant inscrit en école primaire, que des investissements de modernisation des écoles allaient être réalisés afin que les enfants disposent d’une éducation numérique leur permettant de trouver leur place dans la future économie technologique, que les salaires des enseignants allaient augmenter, et que plusieurs initiatives allaient suivre afin d’encourager les étudiants, via des changements dans les cursus, à poursuivre des carrières en matières scientifique, technologique, d’ingénierie, et mathématiques.

Des bourses d’études seront également distribuées en plus grand nombre pour ceux qui veulent poursuivre leur éducation secondaire dans ces matières. Le sujet de la santé est particulièrement important, a ajouté Poutine, et le gouvernement fera le maximum d’efforts pour améliorer également ce secteur, à la fois en poursuivant les investissements en la matière, et en coordonnant le chemin de carrière des soignants, pour qu’ils disposent d’emplois garantis dans les régions où leur présence est le plus nécessaire. Le président de Russie s’est montré particulièrement fier du fait que l’espérance de vie de son pays connaît actuellement ses plus haut niveau jamais atteint, cependant que le taux de mortalité infantile connaît son plus bas. Il a également affirmé que ces tendances positives doivent impérativement continuer de progresser à l’avenir.

Cette poussée socio-économique est fortement facilitée par deux grandes réalisations acquises au fil des années, à savoir la capacité de la Russie à se défendre pour les décennies à venir (une allusion à ses missiles hypersoniques de pointe), et le fait que son budget s’est enfin stabilisé.

Ces réussites ont permis au gouvernement de s’intéresser à la qualité de vie de ses citoyens, mais la constitution doit également être amendée pour ce faire. Comme l’a dit Poutine, le système politique et la société civile russes sont devenus assez matures pour s’offrir ces changements, nécessaires à la transformation de la Russie en État providence du XXIème siècle, à ce moment pivot.

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Parmi les suggestions qu’il a proposé d’ajouter à la discussion en vue d’une direction plus responsable, on trouve : interdire les postes de la fonction publique aux citoyens étrangers ou aux résidents à l’étranger, en vertu de raisons de sécurité ; et préciser la relation entre les différents niveaux de gouvernement, ainsi que les trois branches principales du pouvoir.

Sur ce dernier point, tout en réaffirmant la nécessité pour la Russie de rester une république présidentielle, Poutine a affirmé que l’Assemblée fédérale devrait disposer de plus grandes responsabilités dans la formation du gouvernement. Cela peut s’interpréter comme une poursuite de la tendance à déléguer les responsabilités aux représentants de l’État, et ainsi donner plus de pouvoir aux citoyens.

Dans l’ensemble, cette allocution de Poutine à l’Assemblée fédérale était beaucoup plus autocentrée que les précédentes. Cela résulte du fait que la situation internationale et économique de la Russie s’est stabilisée au point où le temps est venu de s’intéresser de près à ces sujets, pour préparer au mieux le pays à la longue période d’incertitude que le monde connaît depuis peu.

Investir dans son peuple est la bonne politique à mener, et le lancement d’une concertation nationale quant à une réforme constitutionnelle l’est également. Avec quatre années restantes comme président de la Fédération de Russie, Poutine se prépare à laisser un héritage durable qui profitera aux générations futures de la Russie.

Andrew Korybko est un analyste politique américain, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Note du Saker Francophone

Difficile pour un Français de lire ce texte sans penser 
à l'héritage social du général de Gaulle aux Français, et
au rayonnement de la France dans le monde au cours des
années 1960… D'un point de vue français, si l'on
s'amuse à comparer les pays en leurs états actuels,
la population de la Russie est à peu près le double de
celle de la France ; et le PIB de la Russie est à peu
près la moitié de celui de la France. Sur le papier,
la richesse de chaque Français est donc le quadruple
de la richesse de chaque Russe. La différence est que
la France s'enlise dans une Union supranationale qui
impose des décisions de l'extérieur ne bénéficiant pas
aux Français, avec un argument que la France seule
ne ferait pas le poids dans le monde
. La trajectoire de la Russie est une preuve éclatante

de la fausseté de cet argument de propagande
même si en parité de pouvoir d'achat, la Russie
est devant la France et au niveau de l'Allemagne,
avec il est vrai un matelas de matière première
qui est une sacré sécurité.

Traduit par José Martí pour le Saker Francophone

About the New Sacred Union

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Pavel Tulaev:

About the New Sacred Union

Ex: http://www.ateney.ru

Today, many people understand that humanity has entered a qualitatively different stage of planetary development. It is associated with space cycles, the scientific and technological revolution, changes in lifestyle, etc. Internationally, this is an obvious turn from the global dictatorship of the United States, established in the 20th century, to a multipolar world. More specifically, to the growing role of Russia and the East as a whole. The regrouping of international forces makes us develop a new strategy.

Before the collapse of the USSR in 1991, the world was conditionally divided into two large parts: the capitalist West, led by the United States and NATO, as well as the communist East, headed by the Soviet Union and the Warsaw Pact. True, in addition to this, there was a rather large block of “Non-Aligned Countries”, but its existence did not cancel the confrontation of two socio-economic systems that were inherently opposite.

In the course of liberal-monetarist reforms in the spirit of “shock therapy”, Russia, which left the USSR, tried to enter the circle of Western countries, the so-called “Big Eight”. However, it soon turned out that the essence of this community was not only in favorable economic relations. Let’s think about what Western civilization is again.

Aggressive sunset civilization

From a geographical, historical and spiritual point of view, the West, figuratively speaking, is a movement from Sunrise (origin) to Sunset (degeneration).

Many of today’s European peoples have eastern roots. For example, the teachers of the Romans are Greeks and Etruscans who came from Asia Minor; Hungarians came from the Urals, Bulgarians were from Cimmeria, Poles were from Sarmatia, Croats were from Central Asia; Basques living in the far west of Europe came from the Caucasus. The origin of the Germanic tribes, in particular, the Goths and the Vandals, is also associated with Asia.

The eastern roots of Europeans are clearly visible in their ancient mythology. Where did Zeus steal the young beautiful Europe? From the Middle East. The genesis of the Olympic gods, including Zeus-Jupiter, Artemis-Diana, Apollo, Athena-Minerva, Aphrodite-Venus, indicates their Hyperborean or Aryan ancestral home. Even the Scandinavian god Odin came to the cold lands from hot Asia.

Now let’s recall where science, culture and civilization came from to Europe.

The West took almost all fundamental knowledge from the East: writing, including runic; medicine, especially esoteric; astronomy with an annual calendar; theology, including Christianity; musical theory and many instruments; many sports and recreational games, including equestrian competitions and chess. Even many technical inventions, such as wheels, fabrics, paper, metal processing, etc. are of Asian origin.

Western colonialists and their secret societies, such as Freemasonry, have learned many secrets from the spiritual treasures of India, China, Egypt, and Sumeria. Their heirs of the New Age learned to quickly borrow, buy or steal eastern discoveries, including the Russian and Slavic scientists’ ones (the periodic table, Lobachevsky’s geometry, Ladygin’s incandescent light bulb, Tesla’s electric motors, Zhukovsky’s plane, Sikorsky’s helicopter, Zvorykin’s television, USSR’s space achievements and much more).

In a word, without the classical heritage of the East and its fundamental technical inventions, the West is nothing! In this paradoxical, at first glance, phenomenon, in fact, everything is natural. After all, eastern civilization is hundreds of thousands of years old, and western civilization is several centuries old.

The United States of America, formed in 1776 from former European colonies on the territory of the autochthonous civilization of the Indians, subjects of the archaic civilization of the red race, became an absolute expression of Western civilization. In their own interests, they use the achievements of the world community, and at the same time contrast themselves to it in the spirit of the bloodthirsty Old Testament.

One state, even such a superpower as the United States, can resist the whole world only with the help of weapons and political pressure. For this role of the world gendarme, the American hawks created a well-designed and extensive system of the New World Order (NMP), led by the aforementioned North Atlantic Treaty Organization (NATO).

This system governs America and its partners through a network of latent, that is, behind-the-scenes organizations, totaling more than 500. The most famous of them are the Bilderberg Club, the Tripartite Commission, the Council on Foreign Relations, the Pilgrims Society, “Skull and Bones”, the Federal Reserve, other Masonic and Zionist organizations. One of the main centers of NWO (New World Order) is located in the UK, or rather, in the City, the financial and business center of London, and others are in New York, Brussels, and Tel Aviv.

Directly or indirectly, thousands of NWO leaders conduct the main brain centers, foundations, banks, the media, universities, all major corporations and political parties in the United States. The influence of this coordinating power of the “world behind the scenes” on international events is obvious. Judge for yourself.

Modern Europe is a protectorate of the USA. NATO bases are located not only in Germany occupied in 1945, but in almost all EU countries. Atlantists surround our mainland with a network of military bases and red flags of local conflicts under the pretext of a hypothetical threat to their national security.

Why is Mongoloid Japan, located in the Pacific Ocean in the Far East, considered a part of «Western civilization»? Because the United States first bombed it, then subjugated it, and finally colonized it. In terms of NATO’s Pacific strategy, the “Land of the Rising Sun” is their western carrier.

Why is Belarus, absolutely European in its racial and cultural origin, considered “anti-Western” and has now become the vanguard of the forces of Eurasia? Because it is a strong ally of Russia and is not economically dependent on the EU.

The United States is particularly afraid of the unification of Europe and Russia, as this will lead to the dissolution of the Atlantic alliance and a sharp weakening of North America’s international position. Therefore, the Yankees and their agents are struggling to drive a wedge between two parts of a single continent, artificially creating a buffer zone — from the Baltic Sea to the Black Sea.

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Pavel Tulaev

It is in this context that one should understand the modern war in Ukraine, which is forcibly drawn into the EU and NATO. In terms of strategy, the NOW is a local conflict in the global scenario. Indeed, by and large, the fundamental contradictions between thalassocracy (America) and tellurocracy (Eurasia) will be resolved not in the trenches of the Ukrainian steppes, but in other spaces: space, information, technology. They are part of the world war for leadership and dominance in key areas of human activity.

Eastern alternative

What can we contrast the conscious strategy of the West to weaken Russia and the split of Eurasia?

In addition to the national Russian doctrine that protects our ethnic and cultural identity, as well as the strategic interests of the indigenous peoples of the Russian Federation, there are several large geopolitical projects supported by relevant ideologies and political programs. The most famous are Eurasian and Slavic. In some ways, they mutually complement each other, in some ways they are opposite.

The essence of Slavophilism is patrimonial logic. The main thing here is the subject with his genetic, racial, religious and social qualities. The ethics of Slavophilism is based on the cult of ancestors. For a pan-Slavist, blood is higher than the soil, since the Slav, be it Russian, Pole, Belorussian, Czech, he remains in Europe, America, Asia and Africa as a Slav, the bearer of his ethno-forming qualities.

Slavs are a large family of peoples. It forms the basis of about two dozen states with a total population of more than 300 million people. Slavs of Russian origin predominantly profess Orthodoxy, preserving for centuries their confessional and linguistic identity, in particular Cyrillic writing.

Eurasianism proceeds from the territorial community of the population of various ethnic and even racial origin. Here, Belarus and Kazakh, Lithuanian and Tatar, Russian and Mongol are equivalent. The fundamental principle of Eurasianism is soil above blood. Eurasians recognize the differences, but do not give them a fundamental character. The racial approach is unacceptable to them. Religious — secondary. For example, an Orthodox Chinese speaking Russian can well be an ideological Eurasian.

The extreme forms of these two ideologies — racial pan-Slavism and continental internationalism — clash in the political struggle. This is due to historical reality, which is much more complicated than simplified schemes.

The ancestors of the Slavs (Wends,Venets), along with the Celts, made up a significant part of the pre-Christian population of Europe. Serbs settled next to them, including on the Baltic coast, where Germany is now.

The primordial Russia of the Varangian era, which included the ethnic elements of the Slavs, Balts, Finns and Ugrians, was also originally a Caucasian race with a significant part of the Nordic blood. As a result of ethnogenesis, expansion and colonization, the Russian people united various Slavic and European tribes related to them.

As the Russian lands expanded south and east, the Slavic-speaking superethnos began to include more and more Asian elements. For example, Don Cossacks combine Slavic-Aryan, Turan and Dinar features.

The Russian Federation today includes more than 190 different ethnic groups. Most of them are of non-Slavic, or rather, not Caucasian origin, although about 80% of the population considers themselves Russian. According to modern genetics, the Great Russians predominantly remain Caucasians, but in large cities and on the outskirts there is a rapid mixing with other racial types.

That is why for Russian people the ideology of Slavophilism is more understandable, while Eurasianism is closer to national minorities. For Tatars and Caucasians, pan-Slavism is as far away as pan-Turkism and pan-Mongolism are for us.

Our choice

What to do in this difficult, very controversial situation? The main thing, in my opinion, is to avoid extremes, i.e. not to bring Slavophilism to a utopia of pan-Slavism and clash with political Eurasianism.

A model is needed that combines the most constructive elements of both ideologies. And only the third idea that goes beyond blood and soil can unite them.

From the point of view of patrimonial logic, it would be advisable to unite Russia and Europe into the strategic block Euro-Russia as the core of a wider continental alliance. After all, the metahistorical role of Russia is not only the connection between East and West. It is the Heart of the Continent, its mystical center, the axis of its historical Destiny.

However, in the current situation, when another armed conflict is unleashed in the center of our continent, in the center of the Slavic world, the implementation of the Euro-Russian project is very difficult. In this regard, it is desirable to create a new Holy Alliance of all forces opposing the deadly aggression of the West.

It is in this direction that the CSTO (Collective Security Treaty Organization) and BRICS (Brazil, Russia, India, China and the Republic of South Africa) develop their strategies, which Iran and Turkey want to join.

As we can see, the anti-Western alternative of the 21st century does not geopolitically repeat the alliance of the three emperors of the 19th century or the Warsaw Pact of the Soviet era. We are witnesses of a new turn of history to the East.

Remember the famous metaphor of how Emperor Peter the Great, with his Westernist reforms, allegedly “cut a window into Europe,” which was in fact the ancestral home of Russia. Compared to him, President Putin is an analogue of Prince Alexander Nevsky, who made the Eastern choice. After all, Asia has always been of great importance for Russia, so it is quite reasonable to turn to face it.

Since the challenge on the part of the United States is global, the answer must be global. All peoples of goodwill, both Nordic and Mardi, both European and Asian, must unite against the ubiquitous gangster, funded by international bankers.

Under these conditions, our common strategy is a peaceful offensive of the forces of Good against the demons of Evil. This is, first of all, the spiritual, Royal Way of self-improvement, where there is a place for every worthy inhabitant of the Earth. Everyone has what to do and what to say.

We are not opposing the Americans or the Anglo-Saxons, but against the deadly Western civilization as such, against the degeneration of people growing under the influence of the West, against the degradation of European culture and the violation of social laws at the national and international level. We are for freedom, for a dignified life, for justice and order. For the right to an original path of development of all peoples, including residents of the Western Hemisphere.

The USA itself needs a “new way of thinking” and a “perestroika”, as the USSR used to be. The revolution in America will help to save it from complete collapse, ruin and humiliation, and, in the end, find a worthy place in a changing world. We know that in the West there are many thinkers and politicians who understand the need for radical changes.

Our ultimate goal is not a struggle for political power and any terrestrial territories, but the birth of a new person, a new race of people, which will be based on the principles of spiritual creativity and the ideals of holiness. The man of the future will transform not only his flesh, but also the world around him.

Only the blind do not see the East again excitingly grow red. «The Golden Eos with purple fingers got up from the darkness». Rejoice, behold, and salute the beautiful Queen Dawn.

Moscow, 2018.