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lundi, 20 janvier 2020

La "Muslim Belt" et le levier djihadiste ouighour

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La "Muslim Belt" et le levier djihadiste ouighour

par René Naba

Ex: https://www.madaniya.info

Embourbés en Afghanistan depuis près de vingt ans, harcelés par leurs anciens alliés les Talibans, les Etats Unis paraissent vouloir se cramponner à ce qui a longtemps été leur arme favorite, la stratégie du «Muslim Belt», la ceinture verte de l’espace musulman, ayant vocation à encercler le «Heartland» eurasiatique (la Chine et la Russie) qui détient les clés de la maîtrise du monde. Une arme quelque peu érodée par les déboires des groupements terroristes en Syrie, la déconfiture politique de la Confrérie des Frères Musulmans, la matrice originelle des groupements takfiristes éradicateurs et la désaffection de l’Arabie saoudite à leur égard.

À l’instigation de Washington et d’Ankara, le Parti Islamiste du Turkestan s’est ainsi engagé sur la voie de la mondialisation de son combat, avec un ciblage prioritaire, la Chine et les bouddhistes, autrement dit, l’Inde.

1- La Turquie et les Etats Unis, parrains occultes du PIT

Au terme de huit ans de présence en Syrie, particulièrement dans le nord du pays, dans le secteur d’Alep, le mouvement djihadiste du Turkestan s’apprête à donner une impulsion régionale à son combat, au delà de la Syrie, avec un ciblage prioritaire: la Chine.

Telle est du moins la substance du discours mobilisateur du prédicateur Abou Zir Azzam diffusé à l’occasion de la fête du Fitr, en juin 2018, mettant en relief «l’injustice» subie par le Turkestan dans ses deux versants, le versant occidental (Russie) et le versant oriental (Chine).

En juin 2017, la Turquie et les Etats Unis ont encouragé cette orientation au prétexte de préserver les combattants de cette formation afin de les affecter à d’autres théâtres d’opération, contre les adversaires des Etats Unis regroupés au sein du BRICS (La Chine et la Russie), le pôle contestataire à l’hégémonie américaine à travres le Monde.

2- La duplicité de la Turquie

Tiraillé entre ses alliances contradictoires, le néo islamiste Teyyeb Reccep Erdogan, -membre du groupe d’Astana (Russie, Iran, Turquie) en même temps que membre de l’OTAN-, a proposé l’aménagement d’un vaste périmètre pour y abriter les djihadistes dans une zone sous l’autorité de la Turquie afin de procéder au tri entre groupements islamistes inscrits sur la liste noire du terrorisme et djihadistes regroupés sous le label VSO «The Vetted Syrian Opposition» (Opposition syrienne validée par les Occidentaux) dans une opération destinée à permettre à turque de séparer le bon grain de l’ivraie, selon le schéma de l’Otan.

Autrement dit libérer les Syriens, repentis et désarmés, mettre en veilleuse les Syriens jusqu’au-boutistes notamment le groupe Adanani, garder sous le coude, les combattants étrangers (Tchétchènes, Ouighours) en vue de les exfiltrer clandestinement vers d’autres théâtres d’opérations.

A la faveur du déploiement des forces américaines dans le nord de la Syrie, dans le périmètre de la base aérienne de Manbij et d’Idlib, la Turquie a mis à profit cette phase préparatoire de l’offensive pour exfiltrer ses sympathisants, principalement les Ouïghours et Al Moharjirine (les migrants), les combattants étrangers relevant de «Hayat Tahrir As Cham» de tendance djihadiste salafiste, dont le groupement a été inscrit sur la liste noire du terrorisme par l’ONU en 2013.

Le président russe Vladimir Poutine a donné son accord à la proposition turque au sommet de Sotchi, dix jours plus tard, le 17 septembre, soucieux de préserver sa nouvelle alliance avec la Turquie en butte à une guerre hybride de la part des Etats Unis.

Le débauchage de la Turquie constitue la carte maitresse de la Russie dans ses négociations avec la coalition occidentale au point que Moscou paraît si soucieuse d’encourager cette déconnection stratégique de l’axe Turquie Etats Unis, qu’elle a été jusqu’à promettre la livraison du système balistique SSS 400 pour 2019. Ankara espère, de son côté, préserver l’essentiel de sa force de nuisance dans la zone, avec un objectif sous-jacent d’aménager dans le secteur d’Idlib une enclave turque sur la modèle de la République turque de Chypre, en procédant à une modification démographique de la zone en y concentrant en une sorte de barrière humaine les ressortissants syriens relevant la mouvance des Frères Musulmans qu’elle considère comme relevant de fait de son autorité

La zone démilitarisée concédée provisoirement à la Turquie s’étend sur 15 km de large le long de la frontière syro-turque dans le secteur d’Idlib, englobant la zone de déploiement des forces kurdes soutenues par les Etats Unis.

Sur la duplicité de la Turquie dans la guerre de Syrie, cf ces liens:

3- La terminologie marxiste en guise d’habillage juridique au tournant.

L’habillage idéologique du tournant du PIT a été puisé dans la terminologie marxiste. Au terme d’un débat interne de plusieurs mois, les légistes de cette formation ont décidé de donner une dimension planétaire à leur combat en privilégiant, L’ENNEMI PROCHE (La Chine) sur L’ENNEMI LOINTAIN (La Syrie).

Une concurrence jurisprudentielle s’est établie entre les prescripteurs rivaux Abdel Rahman Al Chami, proche du Jabhat An Nosra, franchise syrienne d’Al Qaida, et Abdel Halim Al Zarkaoui, proche de Daech.

4- Le discours mobilisateur Abou Zir Azzam.

Ce prédicateur a fait une irruption politique remarquée par un discours mobilisateur diffusé à l’occasion de la fête du Fitr, en juin 2018, mettant en relief «l’injustice» subie par le Turkestan dans ses deux versants, le versant occidental (Russie) et le versant oriental (Chine). Lançant un appel au boycottage commercial de la Chine, il a énuméré les sévices historiques infligés par les Chinois aux Ouïghours, mentionnant «le viol des musulmanes» et «l’obligation de manger du porc».

«Le Parti Islamique du Turkestan s’apprête au Djihad contre les boudhistes», ce lien pour les locuteurs arabophones

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5 – Chine: La Syrie, un réceptacle au terrorisme mondial.

La fermentation djihadiste ouighoure en Syrie, et dans des pays de la lointaine périphérie de la Chine ont conduit Pékin, en mars 2018, a déployé discrètement des troupes en Syrie au motif officiel d’encadrer des détachements de l’armée syrienne et de leur fournir un soutien logistique et médical.

Pékin a justifié cette attitude de pro activité par sa connexion idéologique avec le pouvoir baasiste en raison de sa nature laïque, ainsi que par la présence dans le nord de la Syrie d’un important contingent de combattants ouïghours.

Ce faisant, la Chine vise à faire pièce aux djihadistes ouighours, dont elle veut neutraliser leur éventuel retour en Chine, alors que se confirment les liens entre les séparatistes islamistes des Philippines et au Mayanmar et les groupes islamistes opérant en Syrie, comme en témoignent l’arrestation d’agents de l’Etat Islamique (Daech) en Malaisie en mars 2018, à Singapour en juin 2018.

L’entrée en scène progressive de la Chine sur le théâtre syrien, où elle a déjà obtenu des facilités navales dans le périmètre de la base navale russe de Tartous est de consolider son positionnement d’un des trois grands investisseurs du financement de la reconstruction de la Syrie, au même titre que la Russie et l’Iran.

En complément à Tartous, la Chine a aménagé sa première base navale à l’étranger à Djibouti, en 2017. Jouxtant le port de Doraleh et la zone franche de Djibouti –tous deux construits par la Chine– cette base ne devrait abriter dans un premier temps «que» 400 hommes.

Mais, selon plusieurs sources, ce sont près de 10.000 hommes qui pourraient s’y installer d’ici à 2026, date à laquelle les militaires chinois auront transformé cette enclave en avant-poste militaire de la Chine en Afrique.

En superposition, la Chine a participé aux manœuvres navales russes au large de la Méditerranée, début septembre, les plus importantes manœuvres de la flotte russe de l’histoire navale mondiale. Elle a dépêche des troupes vers la Syrie, pour la première fois de son histoire, en mars 2018, pour convoyer les forces gouvernementales syriennes lors de la prise d’Idbib, notamment décrypter les communications entre les djihadistes ouighours en vue de les neutraliser.

Au regard de la Chine, la Syrie sert de réceptacle au terrorisme mondial, y compris pour l’intérieur chinois. Soucieuse de soulager la trésorerie russe et de soutenir l’effort de guerre syrien, la Chine a octroyé une aide militaire de 7 milliards de dollars à la Syrie dont les forces combattent dans la bataille d’Alep, les djihadistes Ouïghours, (des musulmans turcophones du Nord-Ouest de la Chine), où près de 5.000 familles, soit près de quinze mille personnes, sont implantés à Alep Est.

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6- La problématique ouïghoure.

L’instrumentalisation des Ouïghours par les Américains répond à leur souci de disposer d’un levier de pression contre Pékin, en ce que «la Chine et les États-Unis sont engagés, à long terme, sur une trajectoire de collision. Les précédents historiques montrent qu’une puissance ascendante et une puissante déclinante sont vouées le plus souvent à l’affrontement», soutient l’ancien premier ministre français Dominique de Villepin, particulièrement à une époque où la scène diplomatique internationale est en pleine phase de transition vers un monde post occidental. Son objectif sous-jacent est d’entraver la mise en œuvre de la 2me route de la soie».

Musulmans turcophones, les Ouïghours djihadistes sont originaires de la province de Xingjiang, à l’extrême-ouest de la Chine, frontalière de huit pays (Mongolie, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan et Inde).

Bon nombre d’Ouïghours ont combattu en Syrie sous la bannière du Mouvement islamique du Turkestan oriental (Sharqi Turkestan) alias Xinjiang, une organisation séparatiste de lutte armée dont l’objectif est l’établissement d’un «État Ouïghour Islamique» au Xinjiang.

Les combattants ouïghours ont reçu l’aide des services de renseignements turcs pour leur transfert vers la Syrie, via la Turquie. Ce fait a généré une tension entre les services de renseignements turcs et chinois en ce que la Chine s’inquiète du rôle des Turcs dans le soutien aux combattants ouïghours en Syrie, rôle qui pourrait augurer d’ un soutien turc aux combats au Xinjiang.

La communauté ouïghoure en Turquie compte 20.000 membres, dont certains travaillent pour l’Association de Solidarité et d’Education du Turkestan Oriental, qui fournit une aide humanitaire aux Syriens et qui est pointée du doigt par la Chine. Une vidéo du PIT de janvier 2017 affirme que sa brigade syrienne a combattu avec le front al-Nosra, en 2013, dans les provinces de Raqqa, Hassakeh et Alep.

En juin 2014, le groupe djihadiste a officialisé sa présence en Syrie: Sa brigade sur place, dirigée par Abou Ridha al-Turkestani, un locuteur arabophone, probablement un Syrien, a revendiqué une attaque suicide à Urumqi en mai 2014 et une attaque sur la place Tiananmen en octobre 2013.

Le groupe a prêté allégeance au Mollah Omar des Talibans. Vingt-deux Ouïghours sont détenus à Guantanamo, puis relâchés faute de preuves. Suivant l’exemple de l’Emirat islamique du Caucase, dont la branche syrienne opérait dans le cadre de Jaysh Muhajirin Wal-Ansar, le PIT a créé sa propre branche en Syrie qui opère de concert avec Jabhat An Nosra entre les provinces d’Idlib et de Lattaquié.

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7 – L’environnement djihadiste de l’Inde et son basculement vers Israël.

La destruction des Bouddhas de Bamyan par les Talibans, en Mars 2001, soit six mois avant le raid du 11 septembre contre les symboles de l’hyperpuissance américaine, a constitué un déclic conduisant l’inde à abandonner sa traditionnelle politique d’amitié avec les pays arabes, notamment l’Egypte, son partenaire majeur au sein du Mouvement des Non Alignés, pour se rapprocher d’Israël.

L’environnement djihadiste de l’Inde a d’ailleurs conduit ses dirigeants à se rapprocher également des Etats Unis dans un contexte marqué par la disparition du partenaire soviétique, parallèlement à une accentuation de la coopération sino-pakistanaise débouchant sur le transfert d’énergie nucléaire de Pékin à Islamabad et le lancement d’un programme nucléaire pakistanais avec des subsides saoudiens.

La nouvelle alliance avec les États Unis et Israël a été scellée sur la base d’une convergence d’intérêts et une approche sensiblement analogue de pays se présentant comme des démocraties partageant une même vision pluraliste du monde, ayant le même ennemi commun, l’«Islam radical».

Le rapprochement avec Israël s’est traduit par une normalisation des relations israélo-indiennes, en 1992, concrétisée par la première visite d’un dirigeant israélien à New Delhi, en 2003, en la personne du premier ministre Ariel Sharon, l’année de l’invasion américaine de l’Irak.

Troisième puissance régionale avec la Chine et le Japon, l’Inde se trouve dans une position ambivalente en ce qu’elle doit maintenir des liens étroits avec les superpuissances pour se maintenir dans le peloton de tête du leadership mondial, sans pour autant distendre ses liens avec le tiers monde, dont elle fut longtemps l’un des chefs de file. Sa présence au sein du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) répond à cette logique.

Les Ouïghours, de mémoire d’observateur, ne sont jamais morts pour la Palestine pas un. Mais nombreux l’ont été contre la Syrie, dans un dévoiement sectaire de leur idéologie.

Aux yeux des stratèges du Pentagone, l’instrumentalisation de l’irrédentisme ouïghour devrait avoir sur la Chine le même effet déstabilisateur que le djihadisme tchétchène sur la Russie de Poutine. Mais une éventuelle montée en puissance du Parti islamique du Turkestan pourrait initier une redistribution de cartes, dont les principaux victimes pourraient être les djihadistes ouighours, à l’instar des islamistes de Syrie. A trop vouloir servir de «chairs à canon» à des combats mercenaires décidés par des commanditaires dictés exclusivement par leur raison d’etat de leur propre puissance, le sort des supplétifs est inéluctablement scellé: Dindon de la farce d’une gigantesque duperie.

8 – La défection de trois pays musulmans alliés de l’Occident.

Devant une telle configuration, le Pakistan, le pompier pyromane du djihadisme planétaire pendant des décennies a paru amorcer une révision déchirante de ses alliances, renonçant à son ancien rôle de body guard de la dynastie wahhabite pour un rôle plus valorisant de partenaire de la Chine, la puissance planétaire en devenir, via le projet OBOR.

Deux autres pays musulmans, jadis alliés de l’Occident, lui ont emboité le pas: la Malaisie, et sans doute la Turquie, à moyen terme, frappée de sanctions économiques par les Etats Unis.

Si l’hypothèse du djihadisme anti bouddhiste se concrétisait, elle initierait une gigantesque tectonique des plaques à l’effet de sceller une alliance de fait entre la Chine et l’Inde, les deux états continents d’Asie, de surcroit non musulmans, en vue de terrasser l’hydre islamiste qui rôde à leur périphérie.

Pour aller plus loin

Iran vs États-Unis : Nœud gordien et guerre rampante ! 

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Iran vs États-Unis : Nœud gordien et guerre rampante ! 

Ex: https://www.geopolintel.fr

La crise aiguë et endémique que traverse la Libye depuis 2011 et l’intervention de l’Otan (France/R-U/Italie) au motif d’ingérence soi-disant humanitaire afin d’éviter un bain de sang, l’internationalisation du conflit avec à présent de l’intervention turque au côté de Tripoli et russe en appui au général Haftar à Benghazi (chef-lieu de la Cyrénaïque), ne doit ni masquer ni estomper la guerre rampante semi-ouverte qui oppose désormais, après le 3 janvier 2020 et l’assassinat terroriste du général Soleimani, la Perse ancestrale et le très Nouveau Monde aux appétits dévorants.

Dorénavant, en Iran chaque jour qui passe apporte son lot de rebondissements les uns tragiques, les autres cocasses tel cet idiot d’ambassadeur du Royaume-Uni – ou de plus en plus désuni maintenant que l’Écosse s’engage à son tour sur la voie du divorce – brièvement arrêté par la police alors qu’il s’était mêlé à des manifestants conspuant le régime  ! Cela pourrait se nommer diplomatie pedibus cum jambis, non  ? Avant-dernier épisode autrement tragique dans cette dégradation allant crescendo (!) des relations occidentalo-iraniennes ainsi que, corrélativement, de la situation régionale dans son ensemble (Levant/Péninsule arabique/Syrie/Golfe persique/Mésopotamie), celui d’un appareil civil ukrainien abattu le 8 janvier par la défense antiaérienne iranienne et par erreur alors qu’il venait de décoller de l’aéroport internationale de Téhéran… cela au moment même où une salve de missiles iraniens de moyenne portée1 venait de percuter - avec une impressionnante précision - des infrastructures de la base aérienne d’Aïn al-Assad, laquelle abritait entre autres quelques centaines d’officiers américains, britanniques, canadiens, norvégiens et hollandais. Cent soixante-seize victimes qui n’ont pas fini de faire couler beaucoup de larmes et d’encre. Un drame atroce qui n’est pas sans rappeler cette autre accident qui vit la mort dans des circonstances relativement comparables, le 17 juillet 2014, au nord-est de l’Ukraine, des 298 passagers du vol 17 de Malaysia Airlines   !

Et puis ce sont à nouveau, dans la nuit du 12 au 13 janvier, des tirs de Katiouchas – les anciennes orgues de Staline – dirigés contre une base américaine, mais cette fois sans dégât collatéral au contraire des trente roquettes qui avaient touché le 28 décembre un camp de la coalition à Kirkouk au Kurdistan et causé le décès d’un contractuel américain (contractor)… un inexpiable crime de lèse puissance impériale qui sera l’un des prétextes - mais pas le seul –ayant servi à légitimer l’élimination du major général Kassem Soleimani, chef des opérations extérieures à la tête de la Force Al-Qods… et surtout missi dominici du Guide suprême de la République islamique d’Iran alors qu’il s’apprêtait à négocier une trêve entre Riyad et Téhéran… dont l’antagonisme ethnique et religieux2 est jusqu’à présent le terreau fertile d’éventuelles futures guerres fratricides. S’y sera ajouté le siège, le 30 et 31 décembre 2019, de l’ambassade américaine à Bagdad dans la Zone verte – au demeurant puissamment fortifiée - en réponse aux précédents bombardements américains, lesquels avaient tué vingt-cinq miliciens du Kataeb Hezbollah pro-Iran lors d’attaques aériennes le 29 décembre lancées en guise de rétorsion pour la mort du personnel civil américain, déjà cité, à Kirkouk. Ce siège qui avait d’ailleurs pris fin au coup de sifflet, avait été traité à coup de gaz lacrymogènes afin de disperser ceux des manifestants qui avaient passé la nuit devant les portes principales de l’ambassade. En vérité pas vraiment de quoi fouetter un chat dans le contexte général d’émeute – les morts se comptant par centaines - prévalant en ce moment dans la capitale irakienne.

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Soldats de l’armée américaine de la 1re Brigade, 25e Division d’infanterie, Task Force-Iraq Base d’opérations avancée “Union III” à Bagdad

Une manifestation donc sans intrusion, plus symbolique qu’autre chose aux abords de l’espace extraterritorial des États-Unis, mais il n’en fallu pas plus pour que l’Administration américaine parvînt à décider le président Trump – certainement en lmui faisan tmiroiter une bonne affaire sur le plan publicitaire - de faire éliminer Soleimani… lequel, par ses fonctions, ses missions et ses liens personnels avec le Valiye fakih (Gardien de la jurisprudence), l’ayatollah Ali Khamenei, était de facto le numéro trois du régime iranien, juste après le très occidentaliste président Hassan Rohani. En un mot un acte de guerre terroriste, ceci sans la moindre équivoque, et une superbe peau de banane glissée sous les pieds de D. Trump… qui de toute évidence ignorait les possibles conséquences de son acte  ! Reste que l’assassinat du général Soleimani était prévu et préparé de longue date3 – un projet toujours reporté mais toujours d’actualité - et qui n’a pu s’accomplir qu’avec le concours diligent d’Israël… quoique ses dirigeants en disent et affectent toujours de jouer aux saints innocents.

Un assassinat savamment prémédité

À ce sujet, la chaîne américaine CNBC 4 nous renseigne sur ce jamais aucun médium français ne nous dira. Promouvoir et diffuser tous les blasphèmes imaginables soit5, mais pas le pire d’entre eux, la vérité vraie, objective non sortie du chapeau mité de la postvérité. Ainsi nous apprenons que Soleimani était attendu à Bagdad par trois drones tueur chacun armé de quatre missiles Hellfire… du lourd  ! Rappelons que l’espace aérien irakien est entièrement sous le contrôle de l’US Army. Avertie par leurs agents et informateurs opérant à Damas, la CIA savait précisément l’heure du décollage à Beyrouth de l’Airbus A320 de Cham Wings Airlines où se trouvait Kassem Soleimani, un voyage qui en fait n’avait rien de clandestin. Israël grand expert dans ce genre d’élimination depuis les airs6, a participé en amont au montage technique de l’opération, et est encore intervenu à ce stade en valide l’information, qui sera en outre affinée une nouvelle fois lors de l’atterrissage à Bagdad par les militaires américains et leurs agents locaux actifs au sein de l’aéroport… À Washington, à Langley siège de la CIA, au Pentagone, des images infrarouges en noir et blanc, fantomatiques, défilent sur de larges écrans plats, on identifie sans trop de mal le chef irakien d’une milice chiite alors qu’il monte l’escalier de débarquement pour saluer le chef de la Force al-Qods. Il est une heure du matin. Le président Trump, peu ou pas concerné, se trouve en Floride  ! A-t-il été réellement informé de la portée et de la signification de cette élimination  ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que cette nuit fatale – parce que les pires conséquences sont certainement à venir, nous en reparlerons - il n’est pas aussi assidu de son prédécesseur Barak Obama assistant, concentré et studieux, le 2 mai 2011 en compagnie de son équipe rapprochée, à l’élimination physique d’Oussama Ben Laden, au Pakistan à Abbottābād, à l’issue de l’opération Trident de Neptune (Neptune’s Spear)7. La liquidation d’Abou Bakr al-Baghdadi le 27 octobre 2019 n’aura quant à elle, pas donné lieu à une telle débauche de communication à grand spectacle.

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Barak Obama et son équipe suivant le déroulé de l’opération Trident de Neptune
Et la liquidation supposée d’Oussama Ben Laden

Deux personnages montent alors dans une berline suivie par une fourgonnette où se trouvent accompagnateurs et gardes du corps. Les drones postés à distance respectables et non repérables, suivent les déplacements des véhicules et identifient leurs occupants en captant les appels des occupants sur leurs téléphones portables. Les informations sont transmises en temps réel (évidemment) au Quartier général avancé du Commandement central américain situé au Qatar, à quelques encablures des côtes iraniennes, d’où l’opération est conduite et où l’on voit la boule de feu vaporiser les deux véhicules. Seuls quatre missiles ont été tirés. Dans les cercles dirigeants israélo-américains on exulte et l’on se congratule - ils sont bien les seuls - en répétant en boucle, argument repris dès le lendemain par le président Trump, que le général Soleimani, ce tueur né, s’apprêtait à faire périr des milliers d’Américains  ! Un peu plus tard, D. Trump par une pirouette petitement convaincante nous dira en substance qu’il “n’a pas voulu commencer une guerre, mais en éviter une”. Aimable et intéressante sophistique, sauf pour ceux qui croient encore à l’angélisme inné de la Grand sœur Amérique, à sa volonté de sauver le monde et à sa véracité proverbiale… Il faudra/il faudrait néanmoins finir par ouvrir les yeux et découvrir que les GI’s n’ont pas en 1944 libéré la France pour les beaux yeux d’icelle, mais qu’ils l’ont envahie et occupée sans la moindre vergogne. Pour l’heure les mythes de la Deuxième guerre mondiale font de la résistance et ils auront, hélas, la vie dure tant les hommes adoreront – au sens littéral – ceux qui par leurs mensonges les réduisent au servage… On le voit dans la persistance de la mythologie socialiste reconvertie de nos jours en progressisme macronien et dans le goulag mou de la tolérance et de l’amour obligés pour tout ce qui est contre-nature, nous est étranger voire hostile.

Hybris, chutzpah, cécité et arrogance

Il est ici intéressant de s’arrêter un instant sur les leçons que tirent l’Amérique, en l’occurrence ses élites s’exprimant à travers la narration de l’événement par NBC et des leçons que le journaliste américain en tire… Bref, c’est acquis Outre-Atlantique, Soleimani est un homme “qui a aidé à tuer des Américains pendant plus d’une décennie”. Assertion en forme d’a priori non démontrée, le stratège iranien ayant surtout contribué à l’élimination en Syrie des armées de l’État islamique et des combattants d’al-Nosra (c’est-à-dire des reconvertis d’Al-Qaïda, ceux qui se trouvent aujourd’hui concentré dans la poche d’Idlib au grand dam de notre presse si compassionnelle à l’égard du fanatisme islamique), supplétifs de l’armée américaine et de la Turquie. En cela, en quoi Soleimani a-t-il participé, directement ou indirectement, à la mort de citoyens américains, la chose est loin d’être claire et encore moins d’être établie puisque l’adversaire - les djihadistes et autres takfiristes - était censément le même dans les deux camps, syro-russo-iranien et euro-arabo-américain ?

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Maintenant il faut retenir de cette affaire que l’Amérique se gargarise de son excellence technique dans l’abattage robotisé de ses ennemis, parlant à ce propos de “sorcellerie technique” devenue “routinière”, autrement dit banalisée, passée dans les mœurs pour ainsi dire… Écoutons la voix de l’Amérique  : «  En moins d’une génération les États-Unis sont devenus capables de chasser et de tuer ses ennemis, en particulier dans les régions en crise du Proche-Orient, de l’Asie du Sud et de l’Afrique. Nous sommes passés de quelque chose qui était abnormal, presque de la science-fiction, à une nouvelle normalité8  » [nbcnews.com10janv]. Pour Anthony Cordesman du Center for Strategic and International Studies de Washington, les assassinats ciblés par le biais de robots tueurs représente un tournant dans l’art de la guerre “un changement radical” que seuls les États-Unis se trouvent en mesure d’accomplir en raison de l’extraordinaire système de surveillance globale, d’écoutes et de collectes des données – dans les méga super mémoires électroniques, et bientôt quantiques, du Big Data - que conduit la National Security Agency9 (NSA) par l’entremise de ses satellites et du primitif réseau de grandes oreilles Echelon. Toutes les données recueillies étant en fin de parcours concentrées et traitées au quartier général de la dite NSA, à Fort George G. Meade dans le Maryland… Big Brother et/ou Big Sister (mztiarcat oblige) grandissent à vue d’œil  !

Nos experts nous avertissent que cet effort (grâce auquel a été atteinte cette grande victoire qu’a été/aurait été l’élimination le Général Soleimani) «  de renseignement, de surveillance et de reconnaissance - vraiment immense - ne peut être fondamentalement égalé par aucun autre pays  »… Une autosatisfaction qui en dit long sur l’aveuglement des classes dirigeantes et de l’intellocratie américaines, celles-ci ayant le plus grand mal à comprendre que le monde ne se limite pas à la maîtrise et au développement de systèmes d’armes toujours plus létaux et extensivement dévastateurs à très grande échelle. L’humanité avance et la cartographie géopolitique du monde évolue. Aussi nous devrons nous pencher sur la multipolarité qui se dessine avec la montée formidable en puissance de la Chine populaire (communiste) et sur le retour sur la scène internationale de la fédération de Russie, renaissance amorcée en août 2008 à l’occasion de son intervention armée en Géorgie au secours de ce micro État de facto qu’est l’Ossétie du sud. Une Russie qui a repris pied en Méditerranée orientale et avec laquelle il faudra compter.

Geopolintel 13 janvier 2020

Le testament de Guillaume Faye

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Le testament de Guillaume Faye

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Frappé par un cancer fulgurant, Guillaume Faye est décédé dans la nuit du 6 au 7 mars 2019, quelques jours avant la parution de son « testament politique » au ton martial, Guerre civile raciale. Sa disparition lui évite au moins d’être accusé d’inspirer Brenton Tarrant, le responsable de la fusillade de Christchurch en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2019, dont le manifeste s’inscrit dans le « nationalisme blanc », pur produit anglo-saxon.

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Se sachant condamné, Guillaume Faye développe, approfondit et durcit des arguments déjà présents dans ses derniers ouvrages, le très médiocre Comprendre l’islam, La nouvelle question juive et La colonisation de l’Europe qui lui avait valu les foudres d’une justice hexagonale liberticide. Estimant que « l’éducation et le combat culturel sont nécessaires mais insuffisants, car ils agissent à trop long terme, alors que nous sommes dos au mur, dans un contexte d’urgence (p. 271) », il sonne une ultime fois le tocsin. Il pense que les prochaines années verront la France et l’Europe en proie à une féroce guerre civile inter-ethnique parce que « des peuples de races différentes et opposées cohabitent dans un même pays, et se haïssent (p. 19) ». Loin de le déplorer, il affirme qu’« un affrontement est devenu indispensable pour régler le problème, assainir la situation et nous libérer (p. 35) ». Cette affirmation n’est-elle pas surtout péremptoire ? Désarmés, hyper-individualisés, incapables de se concentrer et de se concerter, les Européens de ce début de XXIe siècle risquent probablement de perdre cette éventuelle confrontation que souhaitent quelques cénacles globalistes, cosmopolites et mondialistes.

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Guillaume Faye et son vieux complice, Yann-Ber Tillenon

Bien que cruel, ce constat est juste. En outre, à l’instar du très surfait Guérilla (2016) de Laurent Obertone, Guillaume Faye croit au caractère implacable d’une guerre civile en France, oubliant que l’Hexagone ne sera jamais la Syrie, le Libéria ou le Mexique. Puissance nucléaire détentrice de plusieurs centrales atomiques, membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, très vieil État structurellement fort malgré les faiblesses récurrentes du pouvoir, territoire où se trouvent plus de 70 résidences secondaires de chefs d’État et de gouvernement étrangers, la France ne sombrera pas dans la guerre civile genre Liban ou Libye. Tout au plus connaîtrait-elle des foyers locaux de vives tensions de basse intensité (néanmoins ultra-violents pour les habitants). Et quand bien même l’Hexagone verserait dans la guerre entre différentes communautés, l’OTAN et l’UE interviendraient aussitôt militairement pour, d’une part, rétablir l’ordre, et, d’autre part, imposer une nouvelle AMGOT (gouvernement militaire d’occupation occidentale) qui retirerait enfin à une France amoindrie sa force de frappe nucléaire et son droit de veto onusien.

Si Guillaume Faye a raison d’énoncer une nouvelle fois l’évidence, à savoir que « l’épouvantable société multiraciale avec son idéologie et sa répression antiraciste (bien que la loi constitutionnelle, empreinte de schizophrénie, nie officiellement l’existence des races humaines) est devenue une société multiraciste (p. 223) », il ne prend pas assez en compte les actions déstabilisatrices des États-Unis, des sectes telles la Scientologie et des spiritualités de marché néo-protestantes venues d’outre-Atlantique dans les banlieues françaises. L’islam n’est pas le seul agrégateur de la haine anti-européenne qu’expriment les masses allogènes. L’auteur se focalise trop sur la seule religion mahométane au risque de ne pas voir l’ensemble des acteurs hostiles à notre civilisation albo-boréenne.

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La version américaine de son dernier ouvrage, préfacée par Jared Taylor

Il dénonce certes le laxisme des gouvernants, le rôle délétère de certains néo-collabos et l’angélisme des catholiques. Il rappelle avec raison que les valeurs chrétiennes contribuent largement à notre désarmement moral. Il insiste sur notre âme faustienne favorable aux avancées bio-éthiques. Il réclame en conclusion la démigration (le départ, forcé ou volontaire, des non-Européens du Vieux Continent) et l’achèvement de la christianisation (inciter les Européens d’origine boréenne à retrouver leurs instincts prédateurs de l’ère paléolithique).

L’avenir dira si Guillaume Faye fut un imprécateur conscient de sa propre finitude, un refondateur de civilisation impériale ou bien un visionnaire génial…

Georges Feltin-Tracol

• Guillaume Faye, Guerre civile raciale, préface de Jared Taylor, postface de Daniel Conversano, Éditions Conversano, 2019, 300 p., 20 €.

Et n'oubliez pas de commander aux éditions du Lore l'ouvrage qui lui rend un juste hommage, tout en fustigeant ceux qui l'ont persécuté !

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http://www.ladiffusiondulore.fr/home/765-guillaume-faye-cet-esprit-fusee-hommages-verites.html

 

Caucasian Tarim Mummies, Tocharians and other Indo-Europeans of China

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Caucasian Tarim Mummies, Tocharians and other Indo-Europeans of China

 
 
Archaeological discovery of mummies in the Taklamakan desert of Western China dating back 4,000 years has captivated the imaginations of researchers, who were surprised to discover that they were caucasians from Europe. The answers to the mystery of who these white mummies were might be found in the later history of Xinjiang province; in the Chinese written records of blue eyed and red bearded merchants such as the Yuezhi and the Sogdians from the West and in the manuscripts written in a mysterious Indo-European language known as Tocharian. Clearly there were both Iranic and Tocharian peoples living in Western China in later times, and the Tarim mummies must have been the ancestors of some if not all of them.
 
The inhospitable Tarim basin became a vital route for merchants, at the crossroads between East and West, the basin is skirted by oasis towns which were stations for anyone traveling on the Silk Road.The caucasian, Europoid mummies and the ancient Indo-European languages of the region challenge popular misconceptions about the limits of European civilisation in the Bronze Age. The material excavated suggests the area was active for thousands of years, with diverse languages, lifestyles, religions, and cultures present.
 
 
 
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Tocharians and Tarim mummies art by Andrew Whyte http://basileuscomic.com/
Andronovo chariot art by Christian Sloan Hall https://www.deathlord.co.uk
 
Music:
OST by Deor (website coming soon) Doug maxwell - Lau Tzu Ehru Doug Maxwell - Oud dance Quincas moreira - Dawn of Man Kevin McLeod - Dhaka
 
Sources:
Adams, D., (2019) ‘Tocharian C: its discovery and implications’ https://languagelog.ldc.upenn.edu/nll...
 
A dictionary of Tocharian B https://www.win.tue.nl/~aeb/natlang/i...
 
Gray, Russell & Atkinson, Quentin & Greenhill, Simon. (2011). Language Evolution and Human History. Good, I., ‘A Social Archaeology of Cloth some preliminary remarks on prehistoric textiles of the Tarim Basin’ (Peabody Museum) http://www.safarmer.com/Indo-Eurasian...
 
Hollard, C. et al. (2018). New genetic evidence of affinities and discontinuities between bronze age Siberian populations. American Journal of Physical Anthropology 167 (1): 97–107. Katariya, A., ‘Ancient History of Central Asia: Yuezhi-Gurjar History’, Article No 01 Mair, V., ‘Ancient Mummies of the Tarim Basin’ https://www.penn.museum/sites/expedit...
 
Ning, et al. (2019), ‘Ancient Genomes Reveal Yamnaya - Related Ancestry and a Potential Source of Indo-European Speakers in Iron Age Tianshan’ https://www.cell.com/current-biology/...
 
Wenkan, X. (1996) ‘The Tokharians and Buddhism’ Xie, M. et al, (2013) Interdisciplinary investigation on ancient Ephedra twigs from Gumugou Cemetery (3800 B.P.) in Xinjiang region, northwest China. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2...
 
Yang, Y. (2019), ‘Shifting Memories: Burial Practices and Cultural Interaction in Bronze Age China A study of the Xiaohe-Gumugou cemeteries in the Tarim Basin’ http://www.diva-portal.org/smash/get/...
 
Selections from the Han Narrative Histories https://depts.washington.edu/silkroad...