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mercredi, 24 février 2021

La mort du travail

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La mort du travail

par Ernesto Milà

Ex: https://legio-victrix.blogspot.com

(article mis en ligne en avril 2011)

C'est peut-être une tragédie de le constater, mais c'est une réalité. Le travail se meurt. Il est vrai que de nouveaux emplois sont créés chaque jour, mais si nous regardons les chiffres absolus, en 20 ans, la capacité de production a doublé, mais le travail n'a augmenté que de 5 %. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que de moins en moins de personnes travaillent. Pourquoi ? En raison de l'automatisation des processus. Ce fait est l'élément sociologique le plus intéressant de notre époque.

Il est frappant de constater qu'au moment même où le travail se meurt, il est devenu un mythe universel : la droite, le centre et la gauche révèrent le travail comme une obligation sociale. Tous les partis lancent des mesures pour "stimuler le travail", "réduire la fraude au chômage", "recycler les travailleurs", etc. Aucun d'entre eux n'explique - peut-être parce que dans leur stupidité ils ne comprennent pas - que le résultat de l'ère technotronique est l'élimination progressive du travail physique.

Il y a dix ans, il fallait douze ouvriers pour récolter un champ d'un hectare. Aujourd'hui, le même travail est effectué par une machine équipée de capteurs qui détectent les grappes et par une autre personne qui, à pied, examine s'il y a une grappe non détectée. Dans la construction, il y a 20 ans, une maison était construite brique par brique ; aujourd'hui, on tend vers des structures préfabriquées. Même dans les bus, il fallait jusqu'à récemment un chauffeur et un contrôleur, et bientôt il n'y aura plus qu'un programme informatique qui conduira les passagers à leur destination. Le travail est en train de mourir. Mais jamais auparavant il n'y a eu un tel culte du travail. Le culte du travail appartient à la mythologie moderne. Il est universel, mais c'est un mythe.

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Chaque jour, des légions de chômeurs vivent un drame qu'ils ne semblent pas comprendre : ils sont prêts à vendre une main-d'œuvre que personne n'est intéressé à acheter. Soit ces personnes rejoignent les rangs des chômeurs et du système de protection sociale, soit elles acceptent des emplois mal rémunérés qui ne requièrent aucune qualification professionnelle et pour lesquels elles doivent rivaliser avec des milliers d'autres travailleurs. Il en résulte une baisse du prix de la force de travail et la prolifération des emplois d'éboueurs payés à des salaires d'éboueurs qui ne permettent qu'un minimum de subsistance.

Les 20 dernières années ont vu une mutation imperceptible mais continue. Parallèlement à la mort du travail, l'économie de production s'éteint et devient progressivement une économie spéculative.

En bourse, la folie financière n'a rien à voir avec l'économie productive. Dans le passé, les investisseurs investissaient dans une entreprise parce qu'ils croyaient en son potentiel productif, ce qui se reflétait dans la distribution des dividendes. Aujourd'hui, tout cela a changé : vous investissez en bourse pendant quelques heures, et quand elle monte, vous retirez immédiatement votre argent, et la différence entre le montant investi et le montant enregistré deux heures plus tard est déjà un profit appréciable. Puis l'argent migre vers d'autres entreprises, d'autres frontières, d'autres bourses... Il n'y a pas de lien entre l'économie productive et la spéculation financière. Ces pratiques spéculatives ne font qu'accélérer la mort du travail.

En premier lieu, nous devons considérer la mort du travail comme quelque chose d'irréversible : les processus d'automatisation vont progresser et réduire progressivement le marché du travail. Ce processus n'est ni bon ni mauvais : il est bon si l'on reconnaît son vrai visage et que l'on agit en conséquence. Elle est mauvaise dans la mesure où les partis politiques mentent et refusent de dire à la population la réalité de la mort du travail.

Imaginons une société dans laquelle le travail n'est pas la grande valeur universelle. Il existe d'autres activités humaines qui ne produisent pas de bénéfices économiques, mais qui sont indispensables à l'équilibre psychologique de la vie humaine : loisirs, études, recherche, parentalité, toutes ces activités peuvent recevoir plus de temps dans une société où le travail est mort.

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Il est clair que dans ces circonstances, il est nécessaire de réduire le temps de travail (travailler moins pour que tout le monde puisse travailler) et d'augmenter les aides sociales de l'État. Un programme basé sur ces deux points est-il possible ? C'est de plus en plus possible. Il suffit de reconnaître les faits, de stimuler les filières éducatives de la population et de parvenir à une meilleure répartition des revenus de l'État, qui doit augmenter ses recettes en sanctionnant fiscalement l'économie spéculative.

Reconnaissant que le travail est en train de mourir, nous devons également reconnaître que toute référence au culte du travail doit être retirée des programmes des partis politiques du nouveau style; nous devons être réalistes : le travail est une activité comme une autre. Bien sûr, depuis le nazisme, tous les partis promeuvent un "culte du travail". Et cela a généré une distorsion de la réalité : parce que le travail n'est pas la seule tâche que les êtres humains peuvent accomplir.

Heureusement, la vie humaine est extrêmement riche en nuances. Outre le travail, il existe de nombreuses autres formes d'activité : création artistique, loisirs, recherche, apprentissage, études, dont la nature est très différente de celle du travail et qui est souvent générée par des intérêts non économiques.

Si la mort du travail est une tragédie, c'est surtout pour la société bourgeoise des Lumières et la pratique politico-économique du XIXe siècle, et non pour ceux qui veulent un monde nouveau et original où la possibilité de ne pas mourir de faim n'est pas nécessairement échangée avec celle de mourir d'ennui.

En 1965, Herbert Marcuse a établi que la différence entre notre époque et les précédentes consistait dans le fait que la réalisation pratique des idées utopiques était désormais possible compte tenu de la croissance des forces productives. Marcuse avait presque quarante ans d'avance sur nous : pour que l'utopie soit possible, il fallait une plus grande automatisation des processus de production... et une volonté déterminée de contenir la croissance de l'économie spéculative. Ce n'était pas le cas en 1965, mais c'est le cas aujourd'hui.

L'utopie est possible, à condition que des mesures drastiques soient adoptées : il faut d'abord réduire radicalement le flux d'immigrants dans l'UE, puis inverser la tendance et rapatrier progressivement les immigrants. La devise dans ce domaine est : "Les Espagnols d'abord". Cela met un frein à la croissance d'une population qui veut vendre sa force de travail et, par conséquent, sa valeur augmente.

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La deuxième mesure est la réduction drastique du temps de travail. Aujourd'hui, il est possible de maintenir les salaires avec moins de 35 heures par semaine. En outre, la réduction du temps de travail doit s'accompagner de mesures sociales : aides au travail à domicile, protection de la famille, etc. La protection contre le chômage, loin de diminuer comme elle l'a fait jusqu'à présent, doit augmenter. Et tout cela, qui implique une forte augmentation des dépenses publiques, est obtenu par une plus grande distribution des revenus de l'État.

Enfin, l'utopie est possible tant que l'on met fin à l'économie spéculative. La taxe Tobin semble être une mesure appropriée, mais ce n'est pas la seule, ni même la plus applicable. Il faut empêcher fiscalement les accumulations importantes de capital. Il est impossible d'abolir le capital, mais il est possible de l'orienter vers la production plutôt que vers la spéculation. Les revenus provenant de la spéculation doivent être maintenus au minimum. L'utopie est possible aujourd'hui, mais l'utopie ne réside plus dans la nouvelle gauche, mais dans ceux qui ont le courage de dénoncer le fait principal de notre époque : la mort du travail.

 

La mission impossible de l’OTAN

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La mission impossible de l’OTAN

Par Finian Cunningham

(revue de presse : Information Clearing House – 18/2/21)*

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

Il semblerait que les ministres de la défense de l’OTAN se soient réunis cette semaine pour chercher à redéfinir et actualiser la mission de l’alliance militaire. Dit plus simplement, l’organisation cherche désespérément une raison d’être pour son existence. 

Ce bloc militaire de 30 nations dispose d’un budget annuel de plus de mille milliards de dollars, dont les trois quarts sont versés par les Etats-Unis, soit $740 milliards dépensés sur sa propre force. 

La visioconférence qui s’est tenue cette semaine représentait la première prise de contact officielle de l’administration Biden avec les alliés de l’OTAN. Lloyd Austin, le secrétaire américain de la Défense s’est adressé au forum en insistant sur la priorité donnée par le président Biden au renforcement des relations avec les alliés, relations qui s’étaient largement dégradées sous l’administration Trump. 

C’est la même vielle rengaine maintes fois rabâchée par Washington dans le passé : les alliés de l’OTAN doivent dépenser toujours plus pour contrer les prétendues menaces de la Russie et de la Chine. Le même vieux disque rayé.

La seule différence tient dans le style et non le contenu. Alors que Trump demandait de façon rude et acerbe que les membres de l’OTAN injectent plus d’argent, l’administration Biden opte pour une rhétorique plus polie, caressant dans le sens du poil l’importance ‘du partenariat transatlantique’ et promettant d’être plus inclusif dans la prise de décision stratégique. 

Mais, c’est essentiellement la même escroquerie : les Etats-Unis exhortent les états européens à dépenser plus d’argent pour soutenir le complexe militaro-industriel qui maintient artificiellement en vie le défunt système capitaliste. Les Américains ont besoin que les Européens leur achètent des avions de guerre et des systèmes balistiques pour que le capitalisme américain puisse continuer à vivre.

C’est une position difficilement tenable en ce moment, alors que les difficultés économiques se font ressentir et d’énormes défis sociaux apparaissent. Comment justifier une dépense annuelle de mille milliards de dollars sur des machines de guerre improductives ? 

Il va de soi que les soutiens de l’OTAN, essentiellement les Américains, se doivent de réinventer des ennemis comme la Chine et la Russie pour justifier l’existence d’une économie militaire aussi extravagante, sans quoi elle serait vue comme une utilisation insensée et préjudiciable des ressources d’un pays. Ce qu’elle est. 

Cela dit, ce petit jeu de l’épouvantail a de sérieux défauts conceptuels. Le tout premier est que ni la Russie ni la Chine ne sont des ennemis cherchant à détruire les pays occidentaux. Deuxièmement, cette histoire ne tient pas logiquement. Le budget militaire total de l’OTAN est quatre fois supérieur aux budgets combinés de la Chine et de la Russie. Et on voudrait nous faire croire que ces deux pays menacent un bloc de 30 nations alors qu’ils ne dépensent qu’une fraction du budget de l’OTAN en dépenses militaires. 

Autre problème conceptuel pour les VRP de l’OTAN : l’organisation est née il y a huit décennies, au début de la guerre froide. Aujourd’hui, le monde est très différent et reflète une intégration multipolaire croissante tant économique que politique, ou au niveau des communications. 

Les chiffres du commerce publiés cette semaine montre que la Chine a surpassé les Etats-Unis en devenant le premier partenaire commercial de l’Union Européenne. 

La Chine, la Russie, et cette tendance à la coopération économique eurasienne représentent le futur du développement mondial. Malgré leur complaisance occasionnelle envers Washington, les Européens le savent. A la fin de l’année dernière, l’Union Européenne a conclu un accord d’investissement historique avec la Chine, et ce en dépit des objections de Washington. 

Cela sonne en effet le glas du harcèlement américain, qui voyait les Etats-Unis exhorter ses alliés de l’OTAN en inventant des histoires effrayantes d’ennemis étrangers. Le monde ne peut plus se permettre ce gâchis éhonté de ressources face à des besoins sociaux bien plus importants. Il devient de plus en plus difficile de vendre politiquement cette escroquerie qu’est l’OTAN. 

Ce “monde du Mal” dépeint par les conspirationnistes américains ne correspond en rien à la réalité que perçoivent la majorité des gens. Oui, il y a encore des irréductibles de la guerre froide qui rodent encore en Europe, tel que le secrétaire général de l’OTAN le général Jens Stoltenberg et les politiciens russophobes polonais et baltes, mais ils représentent des minorités à la marge. 

La plupart des citoyens est consciente que l’OTAN est une relique du passé, qu’elle n’a plus de raison d’être dans le monde d’aujourd’hui, et face à tous les besoins sociaux pressants, la France et l’Allemagne, les moteurs les plus puissants de l’économie européenne, ont de moins en moins d’inclination vers Washington, même dirigé par un président démocrate apparemment plus amical. 

L’administration Biden peut paraitre plus crédible et cordiale que celle de Trump, mais demander aux autres de dépenser plus militairement et d’antagoniser des partenaires commerciaux vitaux que sont la Chine et la Russie est mission impossible pour une OTAN menée par les Etats-Unis. 

Finian Cunningham a beaucoup écrit sur les relations internationales, et a été publié en plusieurs langues. Pendant près de 20 ans, il a travaillé comme éditeur et rédacteur pour les médias d’information les plus importants, y compris The Mirror, Irish Times et l’Independent. 

Source : Information Clearing House

Traduction et Synthèse: Z.E

Valeurs héroïques contre valeurs bourgeoises ! (Georges Valois)

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Valeurs héroïques contre valeurs bourgeoises ! (Georges Valois)

Dans cette vidéo, nous nous pencherons sur les notions d’esprit et de valeurs héroïques, en opposition à l’esprit marchand et mercantile, à partir d’un livre de Georges Valois, « La révolution nationale ». Selon lui, l’esprit héroïque, de sacrifice, de courage et de dévouement est le seul qui puisse s’opposer véritablement à la toute-puissance de l’Argent.
 
valois-revolution.jpgPour se procurer le livre, voici le lien vers le site de la nouvelle librairie :
 
 
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- Gymnopédie No. 1 d’Erik Satie
- 2e mouvement de la Symphonie n°7 de Beethoven
 
 
 

En hommage à Pierre-Guillaume de Roux: petit témoignage personnel sur «l’éditeur des proscrits»

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En hommage à Pierre-Guillaume de Roux: petit témoignage personnel sur «l’éditeur des proscrits»

Par Michel LHOMME

Ex: https://metainfos.com

Il faut reconnaître que mis à part les crétins du Monde ou du Nouveau Magazine littéraire, tous pressés de surligner au cas où l’on n’aurait pas compris son engagement droitier pour l’ostraciser jusque dans le tombeau de peur sans doute de voir de potentiels lecteurs se précipiter à la Nouvelle Librairie pour se procurer les ouvrages qu’il édita, les hommages furent unanimes pour saluer ce qui restera le plus grand éditeur français du début du vingtième-et-unième siècle. Et on peut lire ce florilège sur le site d’Eléments. (https://www.revue-elements.com/pierre-guillaume-de-roux-c...)

Nous avions, pour notre part, rencontré l’éditeur Pierre-Guillaume De Roux par deux fois, la première très jeune et tout juste débutant en écriture, la deuxième récemment rue de Richelieu, fin juillet 2017, il y a déjà quatre ans. Après chaque rendez-vous, il n’édita rien car comme Diderot et Leibniz – excusez du peu ! – j’ai, semble-t-il, de par mes voyages et mes déplacements incessants, fait le vœu secret de ne travailler qu’à une œuvre posthume. (https://unmondelitteraire.com/ces-ecrivains-celebres-a-ti...). Lol !…. Pourtant, alors qu’il était souvent débordé et pressé, avare par nécessité de son temps, notre conversation dura à chaque fois quelques heures. C’est cela qui demeure le plus surprenant et dont je voulais témoigner.   

La première fois, je lui amenai du Pérou, je me souviens dans un sac rouge Air France un essai-diatribe, resté d’ailleurs toujours dans une malle quelque part. C’était il y a vingt-ans, place St-Sulpice, en 2001, pour les Editions du Syrte. Il l’avait lu et m’avait complimenté, il est vrai d’un air hautain au début un peu désagréable mais pas de bol, il était alors en pleine tourmente avec les propriétaires de la maison et allait devoir bientôt quitter les lieux. Quant à moi, je repartais très vite par monts et par vaux, cette fois-ci en Inde, je crois pour me perdre dans quelques ashrams à Tiruvamalei, ma quête devant en passer un temps par Sri Aurobindo, Ramana Maharshi, la théosophie et l’expérience communautariste d’Auroville.

Mais c’est là bien sûr qu’est mon problème : je ne suis jamais là où il faudrait être, toujours parti et dans le milieu littéraire,  il faut répondre au téléphone et surtout fréquenter St-Germain en bon normalien ou fin aristocrate. Or j’ai indéniablement des manières de fils d’ouvrier avec en plus ce petit air de délinquant, la voix de stentor qui ne révèle pas de bonnes manières, tout l’opposé, oui, de ce qu’il était, lui, Pierre-Guillaume, élégant, cravaté, de très bonne éducation et irrésistiblement de la capitale !

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Après une petite correspondance entre nous, la deuxième rencontre eut lieu dans son bureau capharnaüm de la rue de Richelieu. Je me souviens, que, dans un coin, derrière une pile de livres, Patrice Jean était absorbé par envoyer aux service de presse les exemplaires tout neuf de ce qui restera le roman phare de l’ année 2017, L’homme surnuméraire (https://institut-iliade.com/lhomme-surnumeraire-un-splend...) avec un autre roman tout aussi ambitieux et peu remarqué l’Opera Palas publié chez un autre très bon éditeur aujourd’hui en arrêt, Alexipharmaque.

Nous conversâmes ce jour là assez longuement : je lui avais apporté un volume de pièces de théâtre que je venais de fignoler et puis une nouvelle traduction complète et annotée de l’œuvre complète de Rupert Brooke que j’avais potassé en m’enfermant littéralement, éditions anglaises et américaines sur toutes les banquettes dans un pavillon sans charme de Raiatea où tous ceux qui venaient me voir ne pouvaient même pas s’asseoir et où comble de ma situation géographique du moment, je n’allais même me prélasser comme tous mes collègues sur un motu ou voir la mer.

41ojdU7edkL._SX316_BO1,204,203,200_.jpgMais ce fut encore raté, il venait de publier sur le poète britannique, un Barthelet,  Le ciel de Cambridge Rupert Brooke, la mort et la poésie, qui n’avait obtenu qu’un succès d’estime et sans le rejeter, il ne voyait pas l’intérêt de publier maintenant du Brooke dont tout le monde se fichait.

Quant au théâtre, il n’en publiait pas !… Fermons le ban ! … Je vous l’ai dit : je suis condamné, par mon idiotie et ma connerie, au posthume…

C’est alors que très curieusement et sans m’y attendre, il dériva la conversation sur Mayotte puisque je venais tout juste de descendre cette fois-ci de l’Airbus d’Air Austral en provenance de la Réunion. L’anecdote a de quoi surprendre mais alors qu’on remarque souvent que la politique politicienne ne l’intéressait pas, il était très au courant de ce qui se passait dans le cent-et-unième département français, du « lâchage » de Paris, de l’arrivée permanente des kwassas, embarcations clandestines des Comores, désormais remplies de plus en plus d’Africains des grands lacs, de l’insécurité qui conduit la population locale, les Mahorais de souche qui seront sans doute un jour les futurs pieds-noirs de la République, à se défendre par eux-mêmes sous forme de milice.

Comme moi, il y voyait la dégradation à l’œuvre du pays tout entier et son futur probable et il ne cessa de m’interroger, d’en décrire un peu plus voulant en quelque sorte tout savoir. Rétrospectivement et pas seulement pour cet hommage, cela me surprit énormément, lui que je voyais éthéré et complètement absorbé par la littérature.

C’est alors qu’il tint à me remercier – tiens donc, mais pourquoi ! – mais c’est qu’il avait lu – il trouvait donc le temps de surfer sur internet ! – l’hommage bref que j’avais rédigé en 2015 quelques jours seulement après l’annonce du décès de l’érudit André Coyné, traducteur du portugais Pessoa et spécialiste du poète péruvien César Moro, sur l’ancien site Metamag (aujourd’hui devenu metainfos.com).

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Et de là, nous en vînmes forcément à évoquer son père qu’André Coyné accompagnait quotidiennement à Lisbonne, à l’Amérique latine, à la revue Exil mais aussi, signe de nos temps apocalyptiques, à toutes ces bibliothèques d’érudits que l’on retrouve au petit matin sur les trottoirs de la capitale ou dispersés dans les enchères au point que l’été, je lui avouais qu’à Paris, je commençais à faire les poubelles par cet amour maladif et compulsif des livres qui finalement me définit. Car comme tant d’autres, de la bibliothèque de Coyné, il ne reste plus rien, l’appartement ayant été vidé par des héritiers incultes en un seul week-end comme le fut l’été dernier à Boulogne-sur-Mer la bibliothèque unique et quasi complète d’une grande dickensienne française. Pierre-Guillaume avait tout de même réussi, me dit-il, à retrouver et à racheter par hasard la correspondance de Coyné avec son père auquel il tenait tant dans une petite salle de ventes ! Mais du reste et surtout des derniers manuscrits de l’auteur sur César Moro, Martin Adan et de nouveau Pessoa, des derniers travaux laissés en plan par Coyné, nous ne savons rien.

Là encore de Coyné auquel récemment Luc-Oliver D’Algange a dédié un article « Fernando Pessoa. Un cartulaire héraldique » dans la revue franco-russe Méthode (http://www.revuemethode.org/m122027.html) , il voulut tout savoir et aborda en particulier la question de son homosexualité, sachant peut-être que je l’accompagnai à Lima ces dernières années dans la chasse aux garçons…

De là, nous en vînmes à évoquer à brûle-pourpoint Ernest Psichari (curieusement dans l’hommage que lui a rendu le critique littéraire Rémi Soulié, son évocation réapparaît), Max Jacob, Marcel Jouhandeau et Elise, puis soudainement, sur mon initiative, un autre grand britannique, le nouvelliste Somerset Maugham. Nouvelle surprise et qui l’aurait cru : il en était un happy few !…

Coup de chance : cela tombait bien, je préparai une longue étude aujourd’hui achevée sur Somerset Maugham mais il était midi et un autre rendez-vous pour un déjeuner plus sérieux attendait à la porte… Je dus m’éclipser : il me raccompagna comme il se devait et sur le palier me souhaitant bien sûr « Bon voyage » – je repartais cette fois-ci pour l’Afrique !- il me promettait : « Somerset !… ah ça !… Oui !… ». Qui l’eut cru,  de son affection pour Willy comme de sa mort si soudaine !…

10:12 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, édition, pierre-guillaume de roux | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook