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jeudi, 13 février 2025

Terroristes et commanditaires. Quelques questions gênantes

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Terroristes et commanditaires. Quelques questions gênantes

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/terroristi-e-mandanti-qualche-domanda-scomoda/

On parle, peut-être trop, des « terroristes ». Des terroristes islamistes, ou jihadistes pour ceux qui ont une certaine familiarité, même confuse, avec cette terminologie.

On brandit ce spectre de manière répétée et cyclique, comme un épouvantail ou une menace pour l’ordre mondial.

Cependant, il me semble qu’à force de tant en parler, quelque chose manque toujours dans le récit. Quelque chose d’important, voire de fondamental. Sans cela, comprendre ce phénomène (appelons-le ainsi) devient très difficile. Ou plutôt, impossible.

Car si le soi-disant terrorisme jihadiste provient bien de certaines franges, plus ou moins répandues, du monde islamique, il est tout aussi indiscutable qu’il faudrait se poser quelques questions sur ceux à qui ce terrorisme profite.

En somme : Cui prodest ?

C’est la question essentielle à laquelle il faut répondre si l’on veut comprendre ce phénomène. Et ne pas se contenter de le condamner ou, pire encore, de s’en étonner et de s’en horrifier, comme une sorte d’Alice gothique au pays des merveilles.

Se demander à qui ce terrorisme profite implique une autre question: Qui le finance, l’alimente, le protège? En substance, qui l’utilise ? Et dans quel but?

Il n’est pas facile d’y répondre. D’autant plus qu’on ne peut pas lire toutes les situations comme si elles étaient une seule et même chose.

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Les États-Unis ont incontestablement combattu Daech et, peut-être surtout, Al-Qaïda sur certains théâtres d’opérations. Par exemple en Afghanistan, du moins au début. Et de manière plus ambiguë en Irak.

Cependant, cet engagement a été assez… inégal. Il y a eu des zones d’ombre et de lumière. D’autant plus que l’objectif de Washington en Irak n’était pas d’éradiquer l’islamisme radical, mais de provoquer un changement radical de régime. Éliminer Saddam Hussein et son système de pouvoir.

Saddam était peut-être un tyran, je ne dis pas le contraire. Mais il est certain que son régime était une dictature laïque, farouchement opposée aux islamistes radicaux. Or, ce sont justement ces derniers qui ont tenté de prendre le dessus après sa chute, entraînant une réaction américaine.

Mais il convient de rappeler que la défaite de Daech en Irak est avant tout due à l’Iran. À l’intervention du général Soleimani, chef des forces Al-Qods, qui fut ensuite éliminé, autrement dit assassiné, par les Américains. Sans déclaration de guerre.

Cela, pour être précis. Sans aucun parti pris.

Un point doit être clairement établi. Les chiites ne sont pas, par formation culturelle et tradition, des jihadistes radicaux. Au contraire, ils se sentent généralement menacés par ces groupes, issus des courants les plus extrêmes du sunnisme. Et ils les combattent, comme ils l’ont fait en Irak.

Toutefois, il est vrai que dans certaines circonstances, l’Iran chiite a soutenu des groupes islamistes radicaux. Le cas le plus significatif étant celui du Hamas dans la bande de Gaza.

Compliqué, n’est-ce pas ? Difficile de démêler tout cela et, surtout, de s’orienter dans ce labyrinthe. D’autant plus qu’une certaine propagande, volontairement simpliste, cherche à nous faire croire que l’islamisme radical est promu par Téhéran.

Ce qui est tout simplement un mensonge.

D’ailleurs, si l’on observe le monde islamique, on constate que les formes les plus radicales et violentes du jihadisme proviennent du monde sunnite. Certes, de certaines franges extrêmes. Mais celles-ci trouvent souvent protection et refuge dans la péninsule arabique. En Oman et surtout en Arabie saoudite. Où, soit dit en passant, les chiites – probablement majoritaires – sont persécutés et privés de droits.

Ceci est un fait. Sans aucune appréciation de valeur. Juste un élément nécessaire à l’établissement de la vérité.

Et en Égypte se trouve la grande université d'Al-Azhar, d’où sont issus de nombreux idéologues et chefs du jihadisme. Réprimés en leur temps par Nasser, Sadate et, enfin, Moubarak. Puis propulsés au pouvoir par une révolution, curieusement « colorée ». Certains se souviendront peut-être de l’accueil réservé à l’époque au président Obama dans cette grande université, qui faisait la promotion du jihad islamique.

Puis est arrivé Al-Sissi. Qui a remis les choses en ordre, à sa manière.

Pour simplifier : le terrorisme jihadiste, d’origine radicalement sunnite, constitue un problème avant tout dans le monde islamique.

Mais uniquement dans le monde islamique.

Car il n’a jamais constitué une véritable menace pour l’hégémonie américaine ou pour son allié israélien. À l’exception, peut-être, de Daech à son apogée. Et, encore peut-être, d’Al-Qaïda et des talibans en Afghanistan à certaines périodes.

Certes, il y a eu des attentats, parfois sanglants, en Europe. Surtout en France et au Royaume-Uni. Mais au Moyen-Orient, le jihadisme n’a jamais représenté un problème majeur pour Israël ni, surtout, pour l’hégémonie américaine. Il a même souvent été utilisé pour contrer les tentatives de Téhéran d’exporter le modèle de la Révolution iranienne.

Comme je le disais : un labyrinthe. Une réalité extrêmement complexe, qui mérite une lecture attentive. Sans simplifications qui ne servent qu’à dissimuler de la propagande partisane.

20:52 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : terrorisme, terrorisme islamiste | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La géopolitique du trumpisme

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La géopolitique du trumpisme

par Daniele Perra

Source : Daniele Perra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/geopolitica-del-t...

Les premières semaines de la présidence Trump ont clairement dessiné les objectifs géopolitiques de la « nouvelle » administration.

1) L'exclusion de l'Europe des routes arctiques ;

2) Se décharger sur l'Europe elle-même du fardeau et de la destruction causés par le conflit en Ukraine ;

3) L'acquisition d'une position forte en Méditerranée orientale, à Gaza (à proximité d'importants bassins gaziers et du canal de Suez, afin de pouvoir contrôler directement les flux d'énergie vers l'Europe) ;

4) désarticulation totale de l'existence du Mexique en tant que nation et contrôle total du golfe du Mexique et de la mer des Caraïbes (solution finale aux « problèmes » constitués par le Venezuela et par Cuba) ;

5) réappropriation totale du contrôle du continent ibéro-américain.

En ce qui concerne le point 5, il me semble important de garder à l'esprit les concepts de « synchronie » et d'« asynchronie » entre l'Argentine et le Brésil. Il est clair que l'objectif des Etats-Unis, dans ce cas, est de s'assurer qu'il n'y ait pas de « synchronie » géopolitique entre les deux pays. Leur trop grande proximité est en effet considérée comme très risquée pour l'hégémonie nord-américaine dans la région (Alberto Burla docet). Dès lors, paradoxalement, il est toujours préférable pour Washington que les deux États soient dirigés par des gouvernements mutuellement hostiles (Lula contre Milei, Bolsonaro contre Fernandez auparavant). Un tel système, soit dit en passant, était également évident à l'époque des dictatures militaires (il ne faut pas oublier que la dictature « anticommuniste » de l'Argentine était soutenue par l'URSS, Cuba, le Pérou, la Libye et l'Angola pendant la guerre contre le Royaume-Uni au sujet des Malouines - un avant-poste clé pour le contrôle de l'espace maritime de l'Amérique du Sud).

Tout aussi intéressant est le fait que le renouvellement périodique de l'intérêt des États-Unis pour l'Amérique latine s'accompagne toujours d'une croissance de l'influence israélienne dans la région (les cas de Bolsonaro, soutenu par la mafia juive au Brésil, et de Milei, en ce sens, sont évidents). Il faut également garder à l'esprit le fait qu'Israël considère la région comme un nouveau bassin démographique. Par conséquent, sa déstabilisation est la bienvenue (soutien aux groupes paramilitaires colombiens, par exemple, utile pour générer des flux migratoires vers Israël).

Il est également important de noter que l'expansion des États-Unis s'accompagne toujours du rôle pertinent des sectes évangéliques judéo-protestantes.

Il est curieux que Trump ait été qualifié de « premier président juif des États-Unis ».

Ici, l'objectif est de limiter le rôle de l'Église catholique en Ibéro-Amérique ainsi que le risque qu'elle exerce une influence sur la population latina (croissante) aux États-Unis eux-mêmes. Comme l'enseigne Carl Schmitt, l'anticatholicisme est une caractéristique essentielle de la colonisation anglo-saxonne en Amérique du Nord. En effet, tout au long du 18ème siècle, des lois anticatholiques ont été promulguées. Et au 19ème siècle, être catholique était considéré comme une étiquette infamante. D'autre part, une grande partie des migrants italiens arrivés dans le « Nouveau Monde » ont fini par remplacer la main-d'œuvre esclave.

Quoi qu'il en soit, l'alliance entre le fondamentalisme évangélique et le fondamentalisme juif apparaît de plus en plus évidente. Là où le premier cherche à retrouver une volonté de puissance « perdue » en s'appuyant fortement sur les fondements religieux des États-Unis (pensons au phénomène des « grands réveils » récurrents qui caractérisent l'histoire des États-Unis et à l'idée d'un contact direct entre Dieu et les premiers colons), le second cherche à contrôler et à orienter à son profit l'énorme capacité économique et militaire de l'Amérique du Nord.

Il va sans dire que l'objectif du « fondamentalisme », sous toutes ses formes, est toujours d'éliminer les « ennemis intérieurs » en premier lieu. Ainsi, le trumpisme se manifeste comme la première phase d'une « guerre civile occidentale » qui sert de prélude à un « conflit mondial entre civilisations » ultérieur et plus large.

L'Occident divisé et les deux modèles anthropologiques

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L'Occident divisé et les deux modèles anthropologiques

par Aldo Rocco Vitale

Source : Centre d'études Livatino & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/89802

L'Occident, en tant que civilisation du soleil couchant, est de plus en plus divisé et déchiré: un camp contre l'autre; une vision contre une autre vision ; une série de problèmes et de solutions d'un côté, une série de problèmes et de solutions radicalement opposés de l'autre côté.

L'Occident, que beaucoup s'efforcent encore d'identifier et d'imaginer comme un corpus unicum, a été fragmenté et brisé dans son ancienne unité, se divisant en deux grandes macro-zones méta-géographiques.

L'Occident, qui, même pour ses adversaires, tels que les théocraties islamiques ou le régime chinois, continue de posséder une unité propre, est, à y regarder de plus près, irrémédiablement divisé en deux, de part et d'autre de l'Atlantique, sur le vieux continent comme dans le nouveau monde.

La bipartition qui caractérise l'Occident d'aujourd'hui est la forme la plus profonde et la plus radicale de la division de l'unité, au point qu'elle ne paralyse pas seulement l'action en se confrontant à ce que l'Occident n'est pas, mais aussi et surtout la réflexion à l'intérieur de l'Occident lui-même.

Dans l'histoire de l'Occident, il y a eu de nombreuses, voire d'innombrables occasions de confrontation, même violentes et sanglantes, mais jamais assez extrêmes pour remettre en cause l'Occident en tant que tel.

La ligne de disjonction qui a substantiellement divisé l'unité originelle de l'Occident passe par la ligne de faille, c'est-à-dire la ligne de profondeur, de la dimension anthropologique de référence.

La manière de concevoir l'être humain constitue le cœur du problème et la cause première et directe de la désintégration actuelle de l'Occident.

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Au fil du temps, et surtout au cours du dernier demi-siècle, deux modèles anthropologiques se sont imposés, qui ont de plus en plus marqué leur position, créant une séparation de plus en plus nette et délimitée entre les adeptes du premier ou du second.

À vrai dire, les deux modèles anthropologiques, dans la dynamique évolutive de leur affirmation progressive, ne sont pas nés en parallèle, mais l'un après l'autre et l'un en rupture avec l'autre, plus précisément le second en discontinuité flagrante avec le premier.

Le premier modèle anthropologique, que l'on pourrait qualifier de «véridique», considère qu'il existe une dimension constitutive de la réalité purement humaine qui ne peut être modifiée ou effacée, même par l'apparition de vicissitudes historiques, sociales, économiques ou technologiques liquides.

Les conséquences d'une telle approche sont évidentes: si l'on croit qu'il existe une vérité normative régissant l'existence humaine et la nature, tout n'est pas permis ou possible. Selon une telle perspective, par exemple, la dichotomie sexuelle de l'être humain ne peut être que l'expression de sa nature biologique, de sa vérité corporelle, de sa normativité structurelle.

Dans ce contexte, la nature - pas seulement en référence à la sexualité - ne peut être contredite ou niée puisqu'elle représente l'inévitable principe commun et universel qui rend plausible la pensabilité même de l'homme selon un ordre rationnel, c'est-à-dire selon l'ordre de l'être.

Toutes les autres dimensions (économique, sociale, politique, scientifique, technologique, éthique, juridique) ne peuvent ignorer la reconnaissance d'un tel fondement et ne peuvent donc entrer en conflit avec cette détermination originelle dont la dignité et la liberté de l'être humain reçoivent la légitimité concrète.

À la lumière du premier modèle, en somme, la dignité et la liberté de l'être humain sont indissociables de la nature même de l'humanité, qui en tant que telle est indisponible - et donc universelle - par rapport aux instances contingentes qui peuvent être déterminées au cours du temps.

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Le second modèle anthropologique, que l'on pourrait définir comme «techno-hégomorphique», contrairement au premier, considère qu'il n'y a pas de dimension constitutive qui caractérise l'humain et que l'être humain peut être son propre Prométhée, se créant et se recréant selon ses propres désirs individuels, selon les besoins socio-historiques, selon les possibilités techno-scientifiques, selon les multiples modalités culturellement expérimentées.

Les conséquences, même dans ce cas, sont claires: s'il n'y a pas de vérité constitutive qui trouve son fondement dans la normativité de l'être, chaque aspect de la réalité humaine est modifiable et réifiable, malléable et disponible selon les besoins du moment ou la volonté de l'individu.

Dans une telle perspective, l'être humain tout entier est modifiable, non seulement à travers la redéfinition du genre, mais aussi à travers toutes les instances techno-morphiques qui forment l'épine dorsale de ce que l'on appelle aujourd'hui plus communément la pensée transhumaniste.

Puisqu'il n'y a pas de vérité qui structure la réalité humaine, toute la réalité est réduite à être le produit des capacités techniques et des impulsions volitives du sujet individuel.

Les différences sont donc inévitables: si, pour le premier modèle, la réalité est régie par l'être, c'est-à-dire par la nature de l'homme, pour le second modèle, c'est exactement le contraire, c'est-à-dire que l'être humain est modelé par une réalité faite à l'image et à la ressemblance de l'objectivité technique et de la subjectivité désirante.

Si, pour le premier modèle, la liberté n'acquiert de sens que dans la rencontre avec les limites fixées par la normativité de l'être, pour le second modèle, la liberté est l'absence de limites, elle ne devient même tangible que dans le dépassement des limites éventuellement et injustement imposées par la nature.

Si, du point de vue du premier modèle, l'être humain n'intègre sa dignité que dans la reconnaissance de son être, du point de vue du second modèle, l'être humain n'a pas de dignité en soi qui soit à prendre en considération, puisque la dignité en vient à coïncider avec le profit, plus ou moins grand, que l'être humain peut tirer de son activité de modification de la nature et de son propre être.

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Ainsi, contrairement à ce que l'on pense communément et à tort, il n'y a pas de divisions en Occident aujourd'hui, mais plutôt des divisions qui justifient leur existence et leur vision de l'homme.

Dans ce scénario, pour le premier modèle, la famille, par exemple, est une institution naturelle immuable en tant qu'union monogame entre un homme et une femme; pour le second modèle, en revanche, elle est un simple produit historique et social, et il y aura autant de types de familles que de besoins d'utilité subjective à atteindre et à satisfaire.

Pour le premier modèle, la vie de l'être humain ne peut que se dérouler inévitablement de sa conception à sa fin naturelle, tandis que pour le second modèle, l'homme, précisément grâce à la technologie, peut décider de tous les aspects de la vie: s'il doit la mettre au monde, quand il doit la mettre au monde, comment il doit la mettre au monde et, bien sûr, s'il doit y mettre fin et quand il doit y mettre fin, tout cela selon la volonté absolue de l'individu.

Les différences entre les deux modèles se reflètent également dans la relation entre l'État et le citoyen.

Dans la perspective du premier modèle, l'État doit être prédestiné à la poursuite du bien commun, et les lois, décrets et sentences qui sont émis et approuvés au sein de son système ne peuvent s'opposer à la normativité de l'être humain et de la nature sans courir le risque d'être en contradiction avec sa propre raison d'être; dans la perspective du second modèle, en revanche, l'État n'est que l'instrument supplémentaire et supérieur du pouvoir individuel, dans la mesure où l'État doit être mis au service de la satisfaction des désirs et des volontés individuels, même de ceux qui pourraient éventuellement entrer en conflit frontal avec les déterminations de la nature.

Il apparaît donc avec suffisamment de certitude, même au terme de cette brève reconnaissance, que la culture occidentale est désormais irrémédiablement bifurquée selon les deux modèles anthropologiques susmentionnés, qui sont totalement et irrémédiablement incompatibles.

Dans une telle situation, toute tentative de recherche de compatibilité ou de points d'union entre eux est non seulement irréaliste, mais aussi vaine et contraire à la logique qui régit les deux modèles susmentionnés, chacun dans sa particularité.

Bien que le second modèle semble plus fort, car il est décidément plus répandu et plus largement partagé par des parties toujours plus grandes de la population et de la classe intellectuelle, alors que le premier modèle semble se recroqueviller silencieusement dans de petites poches culturelles indépendantes, étrangères et opposées à la pensée dominante, le second est précisément le modèle qui aura une vie plus courte, et ce pour au moins trois raisons principales.

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Premièrement : sans l'ancrage dans l'être, voire dans une opposition contre l'être, l'action humaine bascule tôt ou tard dans l'action contre l'humain, comme l'histoire l'a amplement démontré tout au long du 20ème siècle, révélant le principe universel selon lequel l'humanité, pour rester elle-même, doit se penser comme inscrite dans les limites que la nature lui a imposées.

Deuxièmement : du point de vue social et politique, le second modèle, bien que plus séduisant, notamment parce qu'il est souvent soutenu par des arguments fascinants liés à la promesse d'une plus grande prospérité - pas seulement matérielle - individuelle et collective, ne pourra pas tenir ses promesses sans se contredire, sans révéler son côté obscur, c'est-à-dire, sa vocation à devenir quelque chose de profondément et radicalement anti-humain, en sapant précisément la stabilité et le bien-être qu'il avait assuré pouvoir garantir, comme cela se produit, et s'est produit, dans tous les contextes où l'humanité de l'homme a été mise en question ou directement lésée.

Troisièmement : contrairement au premier modèle, qui se pose comme descriptif, le second modèle s'impose comme impératif et prescriptif, voulant par tous les moyens assurer à l'humanité que seules ses propositions permettront d'atteindre un avenir meilleur. Le second modèle se propose, en somme, comme une véritable forme de techno-eschatologie qui entend convertir l'humanité au devenir illimité et au salut par le biais d'un progrès technique constant.

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C'est là que réside la plus grande fragilité du second modèle: toutes les eschatologies séculières qui ont joué leur rôle dans l'histoire - bien que pour de longues périodes - ont fini par être écrasées sous le poids de leur propre inconsistance idéologique.

C'est pourquoi l'Occident ferait bien de se demander ce qu'il doit faire, non pas maintenant face à la lacération que lui inflige le conflit strident et irrémédiable entre les deux modèles anthropologiques que nous avons résumés ici, mais dans l'avenir, en supposant qu'il soit encore possible de réparer les dommages survenus entre-temps, lorsque toutes les techno-certitudes se seront effondrées sous la pression de la réalité et de la nature qu'elles ont si obstinément niées.

16:25 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, anthropologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook