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mercredi, 18 juin 2025

Sur Eisenhower et son complexe militaro-industriel

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Sur Eisenhower et son complexe militaro-industriel

Nicolas Bonnal

On est en 1961, année peu rassurante de ma naissance. Premier souvenir télé deux ans après, avec Kennedy à Dallas. Le 17 janvier 1961 Eisenhower fait ce speech, alors que Debord écrit : « …l’année 1961 est certainement le tournant décisif de la guerre froide, un saut qualitatif dont on distinguera plus tard l’immense importance dans le processus de formation d’une société totalitaire cybernétisée à l’échelle planétaire (bio de l’ami Bourseiller, p. 241)  ». L’œuvre de Kubrick va dans le même sens : Folamour, 2001 et Orange cybernétique (ou pharmaceutique)…

Ce discours étonnant a plus de soixante ans et ne cesse de nous étonner. Comment un chef d’Etat US, venu du Pentagone de surcroît, a pu le commettre ? Etait-ce une preuve de bonne foi ou de naïveté, ou un simple piège tendu façon Kennedy aux humanistes qui restaient ? Aujourd’hui il n’y a plus d’humanistes, et tous les chefs d’Etat ont basculé dans le techno-fascisme et les peuples dans l’hébétude, mot-clé qu’on retrouve déjà (ce monde moderne, tout de même…) sous la plume de Mgr Gaume, Tocqueville, Chateaubriand, Drumont, Baudrillard, etc. : bref c’est le maître-mot pour comprendre la civilisation nécro-politique qui s’achève en nous achevant. Alors, pas d’inquiétude.

cf1deb88c237d028d1f387d8789f554d.jpgDebord donc sur cette gentillesse, ce cadeau que nous a fait (nous aurait fait, ne sous-estimons personne) Eisenhower :

« De vieux préjugés partout démentis, des précautions devenues inutiles, et jusqu’à des traces de scrupules d’autres temps, entravent encore un peu dans la pensée d’assez nombreux gouvernants cette compréhension, que toute la pratique établit et confirme chaque jour. Non seulement on fait croire aux assujettis qu’ils sont encore, pour l’essentiel, dans un monde que l’on a fait disparaître, mais les gouvernants eux-mêmes souffrent parfois de l’inconséquence de s’y croire encore par quelques côtés. Il leur arrive de penser à une part de ce qu’ils ont supprimé, comme si c’était demeuré une réalité, et qui devrait rester présente dans leurs calculs ».

Je me souviens, c’est l‘époque de mes dissertations de jeunesse: il allait faire une synthèse pour réconcilier tout le monde. C’est ce que va proposer le vieux président qui s’en va et rappelle (sans rire !) le projet humaniste américain :

« Nous vivons aujourd'hui dix ans après le milieu d'un siècle qui fut le témoin de quatre guerres majeures entre de grandes nations. Trois d'entre elles ont impliqué notre propre pays. En dépit de ces holocaustes l'Amérique est aujourd'hui, la nation la plus forte, la plus influente et la plus productive au monde. S'il est compréhensible que nous soyons fiers de cette prééminence, nous nous rendons pourtant compte que la première place et le prestige des USA ne dépendent pas simplement de notre progrès matériel inégalé, de notre richesse et de notre force militaire, mais aussi de la façon dont nous employons notre puissance dans l'intérêt de la paix dans le monde et de l'amélioration de la condition humaine. »

Il en remet une couche même :

« Au travers de l'aventure d'un gouvernement dans la liberté pour l'Amérique, nos buts premiers ont été de préserver la paix, de stimuler les progrès de la réalisation humaine et d'en faire grandir la liberté, la dignité et l'intégrité parmi les peuples et les nations. Ne pas s'efforcer d'en faire autant serait indigne d'un peuple libre et religieux. Tout manquement dû à l'arrogance, au manque de compréhension ou de promptitude au sacrifice nous infligerait d'ailleurs un grave préjudice moral, ici comme à l'étranger. »

Presque du Leslie Nielsen.

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Puis il y a les ombres au tableau : 

« Mais des menaces, nouvelles de par leur nature ou leur degré, surgissent constamment. Je n'en mentionnerai que deux ici. »

La première est la formation du monstre tératologique militaire :

« Un élément essentiel pour conserver la paix est notre système militaire. Nos bras doivent être puissants, prêt pour une action instantanée, de sorte qu'aucun agresseur potentiel ne puisse être tenté de risquer sa propre destruction. Notre organisation militaire est aujourd'hui sans rapport avec ce que connurent mes prédécesseurs en temps de paix, ou même les combattants de la Deuxième Guerre Mondiale ou de la Guerre de Corée. »

Les chiffres sont déjà énormes :

« Jusqu'au plus récent conflit mondial, les États-Unis n'avaient pas d'industrie d'armement. Les fabricants américains de socs de charrues pouvaient, avec du temps et sur commande, forger des épées. Mais désormais, nous ne pouvons plus risquer l'improvisation dans l'urgence en ce qui concerne notre défense nationale. Nous avons été obligés de créer une industrie d'armement permanente de grande échelle. De plus, trois millions et demi d'hommes et de femmes sont directement impliqués dans la défense en tant qu'institution. Nous dépensons chaque année, rien que pour la sécurité militaire, une somme supérieure au revenu net de la totalité des sociétés US. »

Après, Eisenhower montre que la matrice militaire US couvre le territoire : elle est partout (Castellani a parlé de l’ubiquité de l’Antéchrist…). Et d’évoquer l’influence SPIRITUELLE du lobby :

« Cette conjonction d'une immense institution militaire et d'une grande industrie de l'armement est nouvelle dans l'expérience américaine. Son influence totale, économique, politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque Parlement d'Etat, dans chaque bureau du Gouvernement fédéral. Nous reconnaissons le besoin impératif de ce développement. Mais nous ne devons pas manquer de comprendre ses graves implications. Notre labeur, nos ressources, nos gagne-pain... tous sont impliqués ; ainsi en va-t-il de la structure même de notre société. »

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Ici intervient le point important : menace sur la liberté et les « processus démocratiques ». On peut rappeler que tout menace nos libertés : les fous de Bruxelles, l’ONU, les agences mondialistes, les clubs de rencontres au sommet, les GAFAM, etc. Et que le monde multipolaire n’est qu’un leurre : partout règne la dictature militariste technocratique, militariste et cybernétique. Inde, Chine, Pakistan, Russie, Afrique du sud font rire tout le monde. Bizarrement le seul pays où l’on observe une résistance de poids mais maladroite est l’Amérique. Le reste est soumis à l’autoritarisme de l’Angleterre (toujours elle, depuis 1066) et de Bruxelles.

« Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu'elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d'une désastreuse ascension d'un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. »

La résistance cyber vient j’insiste pour les distraits des USA et Eisenhower reprend à son compte la tradition antisystème et libertarienne américaine, inexistante (pour prendre l’exemple le plus dérisoire) en France :

« Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l'énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble. »

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Eisenhower souligne un point important : la recherche a perdu son « air d’innocence ».

« De même la révolution technologique des décennies récentes fut en grande partie responsable des changements radicaux de notre position militaro-industrielle. Dans cette révolution, la recherche est devenue centrale, elle est également plus formalisée, plus complexe, et coûteuse. Une part toujours croissante en est conduite pour, par, ou sous la direction du Gouvernement fédéral. »

Il précise :

« Aujourd'hui, l'inventeur solitaire, bricolant au fond de sa boutique, a été dépassé par des troupes de choc formées de scientifiques dans les laboratoires et des centres d'essai. De la même manière, l'université libre, historiquement source d'idées et de découvertes scientifiques nées dans la liberté, a vécu une révolution dans la conduite de la recherche. En bonne partie à cause des coûts énormes impliqués, obtenir un contrat avec le gouvernement devient quasiment un substitut à la curiosité intellectuelle. »

Il se permet même une brillante formule :

« Pour chaque vieux tableau noir il y a maintenant des centaines d'ordinateurs. »

Ici on dirait qu’il prêche dans le vide en toute connaissance de cause (le monde va réagir, nous allons parier sur le futur, nous redresser, etc.) :
« Un autre facteur de maintien de l'équilibre implique l'élément de temps. Alors que nous envisageons la société future, nous devons - vous et moi et notre gouvernement - éviter la tentation de vivre seulement pour le jour qui vient, pillant pour notre propre aisance, et à notre convenances les précieuses ressources de demain. Nous ne pouvons pas hypothéquer les actifs de nos petits-enfants sans risquer de dilapider également leur héritage politique et spirituel. Nous voulons que la démocratie survive pour les générations qui viennent, non pour devenir le fantôme insolvable de demain. »

Le fantôme insolvable de demain c’est bien ce qu’est devenue l’Amérique de l’American rigolo Trump, non ?

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Le projet déclaré est humaniste et mondialiste dans le respect des peuples (cf. notre texte sur le discours d’Ulysse S. Grant, 1877) :

« Nous prions pour que les peuples de toutes fois, de toutes races, de toutes nations, puissent voir leurs plus principaux besoins satisfaits. Pour que ceux qui actuellement n'ont pas cette occasion puissent l'apprécier un jour entièrement ; que tous ceux qui aspirent à la liberté puissent en éprouver ses bénédictions spirituelles ; que ceux qui possèdent la liberté comprennent les grandes responsabilités [qu'elle engendre] ; que tous ceux qui sont peu sensibles aux besoins des autres apprennent la charité ; que les fléaux de la pauvreté, de la maladie et de l'ignorance soient amenés à disparaître de la surface de la terre, et que, avec le temps, tous les peuples viennent à vivre ensemble dans une paix garantie par la force du respect et de l'amour mutuels qui les lient. »

Eisenhower (qui était témoin de Jéhovah) évoque cette liaison intéressante entre la liberté et le bienfait spirituel. On rappellera que la liberté a commencé à disparaître partout avec sa proclamation et sa pratique occidentale, en même temps que les bienfaits spirituels. Mais il est bon de souligner ce lien essentiel pour comprendre le messianisme américain à sa grande époque.

« Au travers de l'aventure d'un gouvernement dans la liberté pour l'Amérique, nos buts premiers ont été de préserver la paix, de stimuler les progrès de la réalisation humaine et d'en faire grandir la liberté, la dignité et l'intégrité parmi les peuples et les nations. Ne pas s'efforcer d'en faire autant serait indigne d'un peuple libre et religieux. Tout manquement dû à l'arrogance, au manque de compréhension ou de promptitude au sacrifice nous infligerait d'ailleurs un grave préjudice moral, ici comme à l'étranger. »

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L’autre problème est bien sûr la Russie, pardon le communisme (on a bien vu que la disparition du communisme a rendu l’Occident plus fou et dangereux depuis quarante ans maintenant) :

« La progression vers ces nobles buts est constamment menacée par le conflit qui s'empare actuellement du monde. Il commande notre attention entière et absorbe nos êtres mêmes. Nous faisons ici face à une idéologie globale hostile, athée dans son caractère, impitoyable dans ses buts et insidieuse dans ses méthodes. Malheureusement le danger qu'elle présente promet de durer longtemps. Pour y faire face avec succès, nous sont demandés, non pas tant les sacrifices passionnés et transitoires des temps de crise, que ceux qui nous rendront capables de porter sans faillir, sûrement et sans se plaindre le fardeau d'une longue et complexe lutte, dont le prix est la liberté. C'est seulement ainsi que nous resterons, en dépit des provocations, sur le chemin que nous nous sommes fixés vers une paix permanente et l'amélioration du genre humain. »

L’idéologie globale hostile peut être le nationalisme (Eisenhower parla comme on sait de croisade en Europe…), le communisme, l’islamisme, l’hétérosexualité… : l’important est d’avoir un ennemi qui nous permette de ne jamais arriver à destination (la liberté US et ses bienfaits spirituels).

Tout de même quand on compare American rigolo Trump ou Biden à Eisenhower on mesure le chemin parcouru. Et on ne parlera pas de la France.

Le reste est chez Tocqueville et Kubrick : un pouvoir absolu pourvu de la technologie...

Quelques sources :

https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictio...

https://lesakerfrancophone.fr/theodore-kaczynski-enfin-vu...

https://achard.info/debord/CommentairesSurLaSocieteDuSpec...

https://www.amazon.fr/Vie-mort-Debord-Christophe-BOURSEIL...

https://www.amazon.fr/STANLEY-KUBRICK-GENIE-DU-CINEMA/dp/...

https://www.dedefensa.org/article/le-president-grant-et-l...

https://www.dedefensa.org/article/tocqueville-et-la-priso...

 

 

Le Slovaque Fico contre l'euthanasie des peuples européens due à la russophobie de Bruxelles

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Le Slovaque Fico contre l'euthanasie des peuples européens due à la russophobie de Bruxelles

Luca Bagatin

Source: https://electomagazine.it/lo-slovacco-fico-contro-leutana... 

Le socialiste slovaque Robert Fico ne lâche pas prise et refuse catégoriquement les diktats d'une UE dirigée par la "majorité Ursula", peu responsable et de droite.

Il avait d'ailleurs déjà, et récemment, renvoyé à l'expéditeur les demandes absurdes de la représentante de la droite estonienne, Kaja Kallas, chargée des affaires étrangères de l'UE, en déclarant: « La haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, a mis en garde les dirigeants européens contre toute participation aux célébrations du Jour de la Victoire qui se tiendront à Moscou en mai. (...)

Je partirai pour Moscou le 9 mai. L'avertissement de Mme Kallas est-il une forme de chantage ou un signe que je serai puni à mon retour de Moscou ? Je ne sais pas. Mais je sais que nous sommes en 2025, pas en 1939.

L'avertissement de Mme Kallas confirme la nécessité d'un débat au sein de l'UE sur l'essence même de la démocratie. Parmi les problématiques à traiter figurent les événements qui se sont déroulés en Roumanie et en France lors des élections présidentielles, lors des « Maidan » organisés par l'Occident en Géorgie et en Serbie, et la manière dont les abus du droit pénal contre l'opposition en Slovaquie ont été ignorés.

Madame Kallas, je tiens à vous informer que je suis le Premier ministre légitime de la Slovaquie, un pays souverain. Personne ne peut dicter mes mouvements. Je me rendrai à Moscou pour rendre hommage aux milliers de soldats de l'Armée rouge tombés pour la libération de la Slovaquie, ainsi qu'aux millions d'autres victimes de la terreur nazie. Tout comme j'ai rendu hommage aux victimes du débarquement en Normandie ou dans le Pacifique, ou comme j'ai l'intention d'honorer les pilotes de la RAF. Et permettez-moi de rappeler que je suis l'un des rares dans l'Union européenne à affirmer constamment la nécessité de la paix en Ukraine et à ne pas soutenir la poursuite de cette guerre insensée.

Les commentaires de Mme Kallas sont irrespectueux et je m'y oppose fermement".

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Aujourd'hui, le socialiste Fico rejette une fois de plus les diktats de la direction de l'UE concernant l'absurde paquet de sanctions contre la Russie, qui nuirait une fois de plus à l'UE elle-même en mettant fin aux approvisionnements énergétiques russes.

Le nouveau paquet de sanctions préparé par la Commission européenne propose d'interdire les transactions avec les gazoducs Nord Stream de Russie. La Commission a également proposé d'abaisser la limite de prix fixée par le G7 pour le pétrole brut russe à 45 dollars le baril.

Le Premier ministre slovaque Fico s'est toujours opposé à ce qu'il a qualifié de « suicide économique » et a écrit à ce sujet sur les réseaux sociaux :

« La République slovaque ne soutiendra pas le prochain 18ème paquet de sanctions contre la Fédération de Russie à moins que la Commission européenne n'apporte une véritable solution à la situation de crise dans laquelle se trouvera la Slovaquie après un blocage complet de l'approvisionnement en gaz, en pétrole et en combustible nucléaire provenant de Russie ».

Robert Fico dirige le parti socialiste démocratique SMER, qui recueille environ 25% des suffrages et dont le programme rejette les recettes économiques libérales et promeut une économie fondée sur l'intervention publique, la souveraineté nationale, l'euroscepticisme et les politiques anti-immigration, comme l'ont toujours fait tous les partis socialistes historiques du siècle dernier (dont beaucoup ont totalement disparu en Europe ou du moins ont perdu leur leadership), qui refusaient l'exploitation de la main-d'œuvre étrangère à bas coût et promouvaient des politiques de coopération et de partenariat avec les pays du tiers monde et du sud.

On pourrait dire que Fico est le seul véritable leader socialiste de l'UE, avec l'ancien leader travailliste Jeremy Corbyn, aujourd'hui député indépendant au Parlement britannique et très actif dans les luttes pour la paix et contre toute forme d'impérialisme, tout comme l'ancien travailliste George Galloway – tous deux, sans surprise, très critiques à l'égard des pseudo-travaillistes de Starmer, dignes héritiers du pseudo-travailliste Blair; et il faut ajouter l'Irlandais Mick Wallace et l'Allemande Sahra Wagenknecht.

Le socialisme dans l'UE est absent, mais heureusement, il n'est pas totalement inexistant. Ce qui est certain, c'est qu'il n'est pas représenté par la soi-disant « Alliance progressiste des socialistes et démocrates », qui soutient la majorité belliciste et irresponsable d'Ursula.

Roumanie, Portugal et Pologne: trois rendez-vous électoraux importants pour la reconfiguration du paysage politique européen

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Roumanie, Portugal et Pologne: trois rendez-vous électoraux importants pour la reconfiguration du paysage politique européen

Enric Ravello Barber 

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2025/06/rumania-portu... 

En Roumanie, le processus électoral, qui fut compliqué et controversé, s'est conclu par la victoire du candidat libéral Nicusor Dan sur le nationaliste George Simion au second tour du 18 mai dernier. Le processus électoral roumain a été très contesté en raison de l'annulation du premier tour qui s'était tenu le 24 novembre, lors duquel le candidat nationaliste Calin Georgescu l'avait emporté avec 22% des voix, puis de sa disqualification alors que les sondages le donnaient toujours vainqueur tant au premier qu'au second tour.

Après l'interdiction très controversée de Georgescu de se présenter, le nationalisme roumain a proposé comme candidat George Simion, qui a remporté le premier tour avec une large avance, 40,6% contre 21% pour Nicusor Dan. Le second tour a été marqué par une campagne constante de tous les médias en faveur du libéral Dan, qui n'a pu l'emporter que grâce à la forte mobilisation des électeurs abstentionnistes qui se sont prononcés en sa faveur, après une pression médiatique et une campagne « de la peur » concernant le maintien de la Roumanie dans l'UE.

Simion a dénoncé les ingérences manifestes du gouvernement français dans la campagne électorale, demandant l'annulation de ce second tour, mais le tribunal roumain a rejeté la plainte du candidat nationaliste. La victoire libérale prive les nationalistes de la présidence, mais elle pourrait s'avérer être une victoire à la Pyrrhus, car dans les premiers sondages pour les élections législatives, après les résultats des présidentielles, le parti nationaliste AUR présidé par Simion obtient son plus haut score de popularité avec 35% des intentions de vote (il avait obtenu 18% lors des précédentes législatives). La situation reste ouverte en Roumanie.

Les élections législatives portugaises du 18 mai peuvent se résumer en trois points:

La consolidation de la coalition Alliance démocratique, de centre-droit, comme première force du pays (32,72%), ce qui signifie la reconduction de Luis Montenegro au poste de Premier ministre.

La débâcle de la gauche, extrême et modérée, dans un pays qui a traditionnellement voté dans ce sens, et une évidence. Le signe le plus patent en est l'effondrement du Parti socialiste, autrefois tout-puissant, qui, avec 22,83% des voix et 58 députés, est la deuxième force en termes de votes, mais la troisième en termes de sièges.

L'importante ascension du parti nationaliste CHEGA, avec 22,76% des voix et 60 députés, en fait la deuxième force parlementaire et le premier parti d'opposition. CHEGA est devenu un acteur majeur de la scène politique portugaise quelques années seulement après sa création. Avant les élections actuelles, les sondages ne lui donnaient pas un résultat aussi important, jusqu'à ce que son président André Ventura décide de durcir le message anti-immigration et d'utiliser le concept qui est devenu central dans le discours nationaliste européen : la remigration.

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Karol Nawrocki (50,89 %) (photo), soutenu par le PiS (nationalisme conservateur), sera le prochain président de la Pologne après avoir battu le libéral Tizas Kowski (49,11 %) lors des élections présidentielles du mois de mai dernier.

Sur le plan interne, ce résultat pourrait conduire à une impasse politique, car la cohabitation entre un président nationaliste et le gouvernement libéral de Varsovie dirigé par Tusk pourrait contraindre ce dernier à convoquer des élections. Les résultats obtenus au premier tour par les candidats nationalistes les plus radicaux, Slawomir Mentzen (14%) et Grzegorz Braun (6,7%), sont particulièrement remarquables, car sans leurs voix, Nawrocki, qui est arrivé deuxième au premier tour (29,54%), n'aurait pas pu devenir président de la Pologne.

L'Anneau de Gygès et l'horizon de la violence illimitée

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L'Anneau de Gygès et l'horizon de la violence illimitée

Par Andrea Zhok

Source: https://infoposta.com.ar/notas/14172/el-anillo-de-giges-y...

Après l'agression glaçante d'Israël contre l'Iran et la réponse énergique de ce dernier, et avant que de nouveaux événements ne nous submergent, nous pouvons déjà procéder à quelques évaluations. Je pense notamment que deux considérations premières peuvent être tirées des événements en cours.

La première: l'échec manifeste de la politique de Donald Trump est la dernière confirmation (et elle est définitive) que rien ne peut changer le cours de la collision entre l'Occident dirigé par les États-Unis et le reste du monde. Trump n'a jamais été un chevalier blanc animé par des idéaux de pacification, mais il s'est retrouvé à incarner le rôle de représentant de cette Amérique profonde qui ne s'intéresse pas aux projections de puissance au niveau international et qui cherche à régler les choses d'abord et uniquement chez elle.

La série de fiascos de l'administration Trump, des pourparlers russo-ukrainiens aux affrontements à Los Angeles et à l'attaque israélienne contre l'Iran, montre clairement la non viabilité de toutes les promesses de Trump en matière de pacification internationale et de relance du marché intérieur. Je ne pense pas que Trump ait délibérément trompé son électorat. Je pense plutôt que ni les États-Unis ni l'Europe ne sont gouvernés par la classe politique qui les dirige nominalement. Il ne s'agit même pas ici de l'« État profond », car nous sommes juste en dehors du périmètre étatique, qui ne sert que de relais pour des décisions prises ailleurs.

Maintenant, je sais très bien que chaque fois que l'on aborde ce sujet des « pouvoirs occultes », une foule d'idiots, qui se croient intelligents, commencent à s'agiter sur leurs sièges, face à leur écran, et e mettent à crier au complot.

Malheureusement, le fait qu'aujourd'hui le véritable pouvoir réside dans la gestion des flux monétaires et que l'oligarchie qui les gouverne exerce son influence en coulisses sont des faits simples, assez évidents si on les analyse attentivement.

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Nous sommes souvent surpris par la pauvreté culturelle, la misère humaine et la contradiction flagrante des personnages que nous voyons, en apparence, au sommet du pouvoir mondial. Que Trump soit un personnage des Simpson, Baerbock une gaffeuse ambulante, Kallas une nullité dan le cadre de la russophobie actuelle, Merz un éternel perdant qui se rattrape par la différenciation politique, Starmer un charlatan détesté même par ceux qui l'ont élu, Macron l'incarnation des communautés BDSM (sadomasochistes), etc., sont des choses qui sont visibles par tous, et que nous persistons souvent à ne pas voir parce que les voir clairement nous effraierait trop. Nous préférons penser que ces marionnettes « ont une stratégie ». Mais non, ce sont des marionnettes, point final. Et certaines ont une stratégie, mais ce sont celles qui sont au sommet qui tirent les ficelles.

L'Occident, en raison du long processus de prise de pouvoir réel par les oligarchies financières, a atteint un point de non-retour en ce qui concerne la dégénérescence de sa classe politique. Le problème est unique : étant donné que ceux qui exercent le pouvoir agissent dans l'ombre et ne peuvent être appelés à assumer aucune responsabilité, nous nous trouvons aujourd'hui dans la situation de la déresponsabilisation la plus extraordinaire des classes dominantes dans l'histoire de l'Occident: ceux qui commandent ne sont en aucun cas responsables de leurs actes, ni formellement, ni institutionnellement, ni moralement.

Et l'exercice du pouvoir à l'abri du regard des autres conduit inévitablement à l'abjection, comme le rappelait Platon dans l'histoire de l'anneau de Gygès.

C'est ainsi que la crise interne de la société occidentale, sa perte progressive d'hégémonie économique et politique, génère une tendance totalement incontrôlée vers la dégénérescence perpétuelle des comportements, le recours de plus en plus effronté à la violence, la double morale et le mensonge instrumental.

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Israël en est un exemple parfait: avant la « diversion du Mossad » du 7 octobre, Israël était un pays fragmenté, divisé en deux depuis des années, incapable de former des gouvernements qui ne soient pas éphémères. La sortie de cet état de paralysie et de crise a été l'adoption d'une série de relances continues, d'abord vers Gaza, puis vers le Liban, la Syrie et l'Iran. Et je crains que les relances ne soient pas terminées: comme un joueur qui doit récupérer une grosse somme, chaque perte est une invitation à remonter en ligne dans l'espoir de pouvoir clôturer la partie par un grand coup final. Souvent, pour les joueurs, ce coup final est fatal pour eux-mêmes, mais entre-temps, ils auront semé la misère autour d'eux.

Mais Israël n'est qu'un exemple parmi d'autres. Cette dynamique qui consiste à tenter de sortir d'une impasse par des relances continues est la même pratique que nous observons en Europe à l'égard de la Russie. La séquence presque incroyable d'erreurs (c'est-à-dire celles qui seraient des erreurs si l'intérêt de son propre peuple était l'objectif réel) se poursuit dans une relance continue. L'Europe a perdu sa compétitivité, s'est appauvrie et continue d'appauvrir sa propre population, met tout le monde en danger d'une guerre totale et encourage même ouvertement cette tendance.

Tout cela a d'abord été considéré comme un hommage à la prédominance américaine.

Mais ce n'est pas le cas. Même lorsque les États-Unis ont commencé à se retirer, l'UE a continué et continue d'aggraver la situation. En effet, comme nous l'avons dit, ni les États-Unis ne sont gouvernés par Trump, ni l'UE par ces quatre figures de la Commission. Ce ne sont que des marionnettes ventriloques dirigées par des oligarchies multinationales qui détiennent, elle, l'anneau de Gygès.

Cette image nous amène à la deuxième et brève réflexion.

Étant donné que le manque de fiabilité, les doubles standards, le manque de responsabilité et de crédibilité de l'Occident dans son ensemble sont perçus dans le monde entier (à l'exception de cette partie de l'Occident qui se nourrit encore des informations les plus vendues de l'histoire), il s'ensuit que l'espace pour les accords, les pactes d'honneur, les calculs fiables grâce à l'équilibre des intérêts, a disparu. Tout le monde en dehors de l'Occident – et aujourd'hui, la Russie et l'Iran sont au premier plan, mais la Chine n'est pas loin derrière – ne croit plus un mot de nos ventriloques, car il a compris qu'il s'agit d'acteurs et de prête-noms, de masques qui doivent jouer un rôle pour leurs électeurs, mais qui doivent répondre à des stratégies complètement différentes pour satisfaire le véritable pouvoir en coulisses.

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Cette totale absence de crédibilité des classes dominantes occidentales n'est pas un crime sans victimes, ce n'est pas quelque chose que nous pouvons éviter en haussant les épaules et en disant « de toute façon, nous ne tomberons pas dans le piège ». La principale conséquence du manque flagrant de fiabilité de l'Occident actuel est que la parole sera de plus en plus aux mains des armes, de la violence extérieure et du contrôle intérieur, car c'est la seule chose qui reste lorsque les mots ont perdu leur valeur. Et ce processus dégénératif impliquera tout le monde, sceptiques et naïfs, rusés et naïfs.

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