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mercredi, 02 décembre 2015

Presseschau - Dezember 2015

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Presseschau

Dezember 2015

Interview de Jimmie Akesson (Démocrates suédois)

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Jimmie Åkesson, président des Sweden Democrats: interview exclusive

Ex: LE PEUPLE.

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 Jimmie Åkesson est jeune et paraît très jeune dans son costume impeccable. Le président du parti des Démocrates suédois (Sverigedemokraterna, SD) fait peur à toute la classe politique suédoise. Jimmie est à la tête du parti depuis 2005 et a réussi à le propulser à la troisième position sur l’échiquier politique aux dernières élections. Avec la crise des migrants illégaux que nous vivons aujourd’hui, les sondages créditent le parti de la première place en cas d’élections : 26%, nettement devant les Sociaux démocrates (socialistes) et les « Modérés » (centristes)…

Jimmie Åkesson est jeune et paraît très jeune dans son costume impeccable. Le président du parti des Démocrates suédois (Sverigedemokraterna, SD) fait peur à toute la classe politique suédoise. Jimmie est à la tête du parti depuis 2005 et a réussi à le propulser à la troisième position sur l’échiquier politique aux dernières élections. Avec la crise des migrants illégaux que nous vivons aujourd’hui, les sondages créditent le parti de la première place en cas d’élections : 26%, nettement devant les Sociaux démocrates (socialistes) et les « Modérés » (centristes)…

Comme pour le UKIP en Grande-Bretagne ou le Parti populaire en Belgique, les Démocrates suédois sont qualifiés de « populistes », de « conservateurs » ou de nationalistes, voire d’extrême droite par la classe politique traditionnelle qui a formé un gouvernement regroupant TOUS les autres partis pour « contenir » le SD. C’et la version suédoise du cordon sanitaire. Les Démocrates suédois sont donc le seul parti d’opposition au Riksdag, avec 49 élus sur 349. Ils ont 2 élus sur 20 pour la Suède au parlement européen.

Depuis 2006, leur logo est une fleur suédoise bleue et jaune, aux couleurs du pays, une variété d’anémone, et Jimmie a accentué l’évolution de son parti, commencée par le président précédent dans les années 1990 : plus de liaison au Front National français de Jean-Marie Le Pen, mais une affiliation à l’Alliance pour la Démocratie Directe en Europe (ADDE), qui regroupe le UKIP, Debout la France ! et le Parti Populaire en Belgique, ainsi d’autres partis en Pologne, Lituanie, Italie notamment. Les Sweden Democrats comptent 21.000 membres et tiennent 161 municipalités dans le pays sur 1.597.Le parti est très puissant dans le sud du pays (Scania, Blekinge) et dans des villes du sud comme Malmö (13%) ou Helsingborg (15% du vote).

Le Peuple a rencontré Jimmie lors d’un passage à Bruxelles, au Parlement européen. Nous lui avons posé quelques questions, auxquelles il a répondu avec le sourire.

Voyez-vous la situation comme favorable au Sweden Democrats en Suède ?

J.H. : Clairement oui. Nous faisons toujours l’objet d’un « cordon sanitaire » des 7 partis traditionnels qui ont préféré s’allier tous ensemble plutôt par exemple que de considérer la possibilité d’une alliance de droite sur l’échiquier politique. Le public n’apprécie pas l’exclusion du parti. C’est le refus du jeu démocratique, comme si on prenait les électeurs pour des enfants incapables de réfléchir. Leur objectif est de nous isoler et de limiter au maximum notre influence au parlement. Dans les conseils municipaux cependant, nous commençons à avoir un dialogue plus constructif et certaines de nos propositions sont acceptées. Elles sont d’ailleurs tout à fait raisonnable, faut-il le dire ? (Sourire)

Et comment cela se traduit-il au parlement ? On ne vous parle pas?

J.H. : Si si, maintenant on nous parle, comme nous parlons en ce moment. Mais impossible d’engager une discussion politique sur un sujet quelconque. Il y a une amélioration, probablement due au fait que nous sommes le premier parti dans les intentions de vote. Mais on essaie désespérément de nous mettre à l’écart en nous présentant comme des racistes et des xénophobes pour effrayer les électeurs. Mais ils en arrivent à créer l’ « effet ketchup » pour notre parti. Vous savez, vous tapez sur la bouteille, rien ne sort et brusquement toute la sauce est dans l’assiette.

Les partis au pouvoir disent leur attitude « responsable », mais certains commencent discrètement à adopter nos positions (les libéraux, les socialistes).

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L’immigration massive est un sujet d’inquiétude pour les Suédois ?

J.H. : Certainement. Vous savez, la Suède est un petit pays par son nombre d’habitants. Cela peut paraître curieux vu l’étendue du pays, mais nous ne sommes que 10 millions. Et nous sommes le pays d’Europe qui a déjà accueilli plus de migrants par tête d’habitant que tous les autres pays de l’Union européenne. Il faut que cette politique d’accueil s’arrête. La Suède est à la limite du décrochage. Nous ne parvenons plus à organiser l’accueil correctement. La politique des gouvernements socialistes mais aussi conservateurs qui se sont succédé a été une erreur.

Nous avons fait des propositions constructives, comme d’accorder des permis de séjour temporaire ; nous avons saisi le parlement… et ils ont tous voté contre. Mais il y a un subtil changement dans le débat. On peut maintenant parler de ces questions…

La politique migratoire doit être gérée… Le « melting pot », l’intégration qui était prônée il y a 30 ans n’a marché nulle part. Nous voulons une politique plus responsable, mais nous ne voulons pas que les décisions soient prises à Bruxelles, comme c’est le cas aujourd’hui. Tous les pouvoirs doivent émaner du peuple suédois. Les politiques européennes vont au-delà des intérêts nationaux. C’est inadmissible. Et bien sûr nous voulons continuer à commercer et à exporter. Il n’est pas nécessaire d’avoir une Union supranationale pour ça !

Qu’est-ce qui vous semble le plus dommageable dans cette politique ?

Vous savez, la culture suédoise, le caractère propre de la Suède sont fragiles. La population est peu nombreuse et notre langue n’est parlée qu’en Suède. Nous avons déjà la pression de l’anglais, langue internationale. Et les petites communautés où l’on impose un grand nombre de familles de migrants ne parviennent pas à les absorber, à les intégrer. Le différentiel est trop immense. La méfiance s’installe. Notre culture, nos traditions sont menacées. Dans de grands centres comme Malmö, de grandes parties des banlieues n’ont plus rien de suédois. On n’y parle même plus le suédois.

Comment définissez-vous votre parti ?

Nous considérons que l’Europe est constituée d’états-nations. Nous souhaitons que la Suède continue à être un état-nation indépendant. Disons que c’est du conservatisme nationaliste. Nous sommes au milieu de la palette politique ; parfois à droite sur les questions de société et la famille, parfois à gauche, nous votons la réduction des impôts pour les plus démunis et l’augmentation de la fiscalité sur les gros revenus.

Nous avons eu un gouvernement de droite pendant 8 ans et les citoyens s’attendaient à une amélioration de la sécurité, mais rien n’a été fait. Notre défense nationale a été bonne jusqu’à la chute du mur de Berlin. Depuis elle a été abandonnée. Aujourd’hui nous avons la menace terroriste, les questions posées par l’Europe orientale, etc… Il faut renforcer notre défense.

La pression fiscale est très forte en Suède et la population suédoise l’accepte de manière variée, mais elle a permis un état-providence qui fonctionne. Aujourd’hui malheureusement, nos villes sont remplies de migrants, ce sont de grands trous noirs. La Sécu. craque de toutes parts. Les abus de la prévoyance sociale sont énormes. Nous sommes à gauche et au centre-gauche sur ces questions de prévoyance sociale.

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Aviez-vous un problème de comportement de certains membres de votre parti ?

Dans les années 90 nous avons nettoyé le parti de tous les éléments racistes et xénophobes. Tolérance zéro pour l’extrémisme. Nous avons canalisé les énergies et notre popularité n’a cessé de grandir depuis lors. Nous avons aussi renforcé l’ancrage local en développant un maximum de sections locales. Et nous nous retrouvons aujourd’hui en tête dans les sondages. Il est vrai que la crise des migrants et sa non-gestion par l’équipe au pouvoir amène les électeurs vers nous.

Est-ce qu’il faut encore une Union européenne ?

Nous devons bien sûr garder une forme de structure légère, pour assurer la coopération entre états souverains. Certains traités sont bons, d’autre mauvais. Ce sera difficile, mais il va falloir revoir complètement le fonctionnement de l’Europe. Et en tout cas maintenant, il faut fermer les frontières et les garder fermées pour quelque temps…

Vous vouliez faire de la politique un métier, quand vous avez commencé, Jimmie ?

J’ai étudié l’Economie à l’université et mes professeurs étaient déjà sceptiques sur le projet européen, notamment sur l’Union monétaire. On voit ce qu’elle a donné ! J’aurais pu avoir un autre emploi, C’eût été plus simple. Mon but n’a jamais été d’être Premier ministre par exemple, mais quand la situation s’aggrave visiblement depuis des années et que l’électeur n’est pas entendu, vous vous devez de vous lever et d’agir…

L.R.

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Extrait de: Source et auteur

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Merry Hermanus: Critique du PS bruxellois

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Lettre ouverte au Président du PS et aux Membres de la Fédération Bruxelloise

« Le courage de changer ce qu’il est possible de changer, la force de supporter ce qu’il est impossible de changer et surtout l’intelligence pour discerner l’un  de l’autre. »
Saint François d’Assise.

Je t’écris cette lettre, tu la liras peut-être si tu en as le temps.
Mince alors ! En traçant ces lignes, je me rends compte que je commence mon courrier comme débute la chanson « le déserteur » de Boris Vian.  Pourtant, crois-moi, je n’ai nullement envie de déserter notre vieille maison commune le PS, même si aujourd’hui elle m’apparaît ressembler au  «  grand corps à la renverse » dont parlait Sartre.  Mais Sartre s’étant trompé sur tout, l’espoir nous est donc permis…ouf !  J’ai d’autant moins envie de fuir notre Parti que je t’adresse une série de propositions qui, je pense, pourraient peut-être nous permettre de retrouver nos racines.

Permets-moi d’insister, ce qui va suivre ne concerne que le PS bruxellois, je ne connais pas assez la situation en Wallonie pour me prononcer à son sujet.  Je ne peux cependant m’empêcher d’évoquer la situation de la social-démocratie en Europe, car selon une formule classique en politique belge « tout est dans tout et inversement. »

Cher Elio, le dossier publié récemment par « le Vif » provoque de nombreuses interrogations, des doutes, des remous, décille les yeux.  Pourtant, il ne fait que la synthèse de ce que j’observe depuis longtemps.  Nombreux sont ceux que je rencontre qui estiment que l’article,  pourtant déjà très interpellant, est bien en dessous de la réalité.  Tous me disent leur malaise devant l’évolution de la fédération à la fois quant au mode de fonctionnement interne, plus particulièrement, quant à son évolution idéologique au niveau de la défense des valeurs constituant la colonne vertébrale du Parti et, de façon symptomatique la laïcité.

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Merry Hermanus

CE QUE L’ON N’A PAS VOULU VOIR !

Démographie et  Géographie sont des éléments évidents, déterminants, simples à observer, s’imposant de facto à tout décideur politique ou économique, pourtant nombreux sont ceux à Bruxelles qui ne prennent conscience « des terrifiants pépins de la réalité » qu’avec un étonnant retard.  Pourtant, si une chose est bien faite en région bruxelloise, ce sont les statistiques.  Certains, depuis longtemps croisent les données fournies par Actiris, la région, le ministère de l’intérieur, la Santé etc.  Ce qui se produit depuis dix ans à Bruxelles est une véritable explosion démographique, laquelle se poursuit encore aujourd’hui.  Les conséquences sont multiples, souvent catastrophiques vu l’absence de perspectives et de prévisions.  Or, beaucoup de ces désagréments étaient évitables.  Mais force est de constater que malgré notre présence quasi permanente à la tête de la région depuis 1988, rien n’a été entrepris, rien n’a été anticipé !  Il est inutile d’accabler les individus mais il faut rappeler que Picqué, disposant d’un charisme exceptionnel et d’une présence au pouvoir d’une durée tout aussi exceptionnelle, n’a rigoureusement rien fait, se contentant de commander une multitude de plans aussi divers que variés…et coûteux !  Rudi ss, en six mois de présence, malgré un environnement insidieusement hostile à la tête de l’exécutif, sans tambours ni trompettes a été plus efficace que Picqué en vingt ans.

POURQUOI CETTE NON GESTION ?

Indépendamment de facteurs personnels liés à la personne du ou des ministres présidents qui se sont succédé, se contentant de durer plutôt que de gouverner et prévoir, la vraie question est de savoir si la région de Bruxelles est institutionnellement gouvernable.

L’invraisemblable usine à gaz mise au point par Dehaene et Moureaux ne pouvait fonctionner que sur base d’une loyauté régionale réciproque entre Néerlandophones et Francophones.  Or, les ministres flamands ont dès le début été très clairs, leur loyauté était d’abord et avant tout flamande.  Certains de ces ministres ont été d’une particulière franchise en ce domaine, franchise assez rare en politique pour être soulignée.  A de très nombreuses reprises, Brigitte Grouwels, ministre CVP a lourdement insisté pour souligner son lien indéfectible à la Flandre et le fait que Bruxelles n’avait qu’à se soumettre !  Que dire alors de son attitude en conseil des ministres.  D’autres, plus hypocrites, ont eu la même attitude.  Comment dans ces conditions tenter la moindre gouvernance avec un exécutif composé de huit ministres, dont trois Néerlandophones dont chacun peut bloquer en totalité le fonctionnement d’une  tuyauterie crachoteuse. Le gouvernement est donc constamment coincé entre des exigences ou des blocages flamands et les élucubrations stupides de l’un ou l’autre ministre comme Smet n’hésitant pas à forcer la décision pour obtenir l’érection d’une piscine sur le canal, mobilisant ainsi vingt-cinq millions d’euros ! On y échappera de justesse.  Une analyse fine des ordres du jour du gouvernement suffirait à démontrer la triste vacuité de son fonctionnement.

A cela s’ajoutent les aléas du mille-feuilles institutionnel bruxellois.  La région compte un peu plus d’un million cent cinquante mille habitants, elle se découpe en dix-neuf communes, dix-neuf CPAS, plusieurs dizaines de sociétés de logement sociaux, un parlement de quatre-vingt-neuf députés ( sur l’élection desquels je reviendrai ) une VGC, une COCOM, une COCOF, une multitude d’O.I.P économiques ou sociaux… et j’en oublie.  La région pourrait gagner pas mal d’argent en faisant breveter son puzzle institutionnel, en le commercialisant comme ce fut le cas du Monopoly en 1930 ; certain qu’il y aurait là une niche à exploiter !  Tout observateur objectif ne peut que conclure que l’usine à gaz est bonne pour la casse, plus rien ne fonctionne correctement, tout le monde le sait, tout le monde le constate…mais nombreux sont ceux qui en vivent.  L’exemple du cadre linguistique de la région est emblématique, cassé pas moins de trois fois en suivant par le Conseil d’Etat, il fut chaque fois représenté quasi tel quel par le gouvernement bruxellois dans la mesure où les Flamands exigent une part de 29,77% des emplois alors que cela ne correspondait nullement aux comptages des dossiers effectués en vertu de la loi !  Comment dans ces conditions exiger le dynamisme de la fonction publique régionale.  Mais voilà, la petite classe politique bruxelloise vit… et fort bien, de ce fouillis d’institutions disparates mais  juteuses.  Comment demander à cette foule d’élus de toutes sortes, communaux, sociaux, régionaux, mandataires de généreux OIP de se faire hara-kiri ?  Impensable !  Mais en attendant…

LA PAUPÉRISATION.

Il y a un étonnant parallèle à faire entre le bourgeonnement, l’incroyable foisonnement institutionnel de Bruxelles et l’évolution des revenus dans la région.  Les courbes sont parfaitement inverses, plus les institutions régionales se multiplient, se diversifient, plus la courbe des revenus des habitants de la région s’effondre !  La part bruxelloise dans le PIB national s’est effondrée.  L’analyse des statistiques, quel que soit le domaine, démontre une paupérisation qui se lit à l’œil nu dans les différents quartiers de la région.  Les Bruxellois sont de plus en plus pauvres, les problèmes sociaux s’accumulent, s’aggravant année après année, se multipliant sans cesse.  Depuis la fin des années septante, la classe moyenne payant l’impôt a voté avec ses pieds, quittant la région.  Elle a été remplacée par une population d’infra-salariés, d’assistés sociaux à l’avenir professionnel de plus en plus problématique.  On objecte toujours à cela le taux de création d’emploi, le plus élevé du pays… ce qui est exact.  Mais les Bruxellois n’en bénéficient pas !  Il y a près de sept cent cinquante mille emplois à Bruxelles, plus de deux cent mille sont occupés par des Flamands et plus de cent cinquante mille par des Wallons.  Ces navetteurs génèrent des coûts considérables pour la région… mais payent leurs impôts dans la commune de leur domicile.  Si on recourt à une analyse plus fine, il apparaît que les cadres supérieurs sont majoritairement des navetteurs.  Pour nettoyer les bureaux, il reste des Bruxellois !

Les derniers chiffres du baromètre social bruxellois synthétisent parfaitement ces questions.  On y découvre que près d’un tiers des Bruxellois vit sous le seuil de  pauvreté, soit avec moins de 1085 euros par mois.  La moyenne belge se situe entre 14 et 16 %.  Donc à Bruxelles, c’est près de trois fois plus de gens qui se trouvent sous ce seuil fatidique. Or, ces statistiques prennent en compte : les revenus, le travail, l’instruction, la santé, le logement et la participation sociale.  Si le PIB à Bruxelles est de 61.899 euros pour 26.183 en Wallonie et 35.922 en Flandre, ce n’est que parce que 50 % de emplois sont occupés par des navetteurs.  Enfin, et cela n’étonnera personne, 23,50 % des Bruxellois perçoivent une allocation ou un revenu de remplacement ; ce chiffre est en progression de 1,6 % par rapport à 2013.  Le pire est que cette chute vertigineuse des revenus bruxellois se poursuit sans discontinuer depuis les années septante.  Jamais on n’a pu observer le moindre redressement.  Une véritable descente aux enfers…Mais qui n’émeut personne.  Les exécutifs se succèdent, les ministres se suivent tout sourire, les programmes électoraux s’effeuillent, les promesses se multiplient… s’envolent… mais la seule courbe de croissance est celle de la misère !  Une question doit se poser, cette région telle qu’elle est institutionnellement constituée est-elle gouvernable ?  Est-elle viable ?  La réponse, évidente pour tous, est clairement non !

Cette situation n’a pas seulement un impact social, elle y a aussi d’importantes conséquences urbanistiques.  La région est structurée, façonnée, dessinée, et cela se comprend, pour faire face à cette arrivée journalière de ce flot de Flamands et de Wallons ; charge considérable pour Bruxelles, sans commune mesure avec les contreparties chichement concédées à la région par le fédéral qui plus est, les oriente souvent sans tenir compte des intérêts bruxellois. Il n’est pas rare que des mandataires bruxellois s’entendent dire par des auteurs de projet désignés souverainement par le pouvoir fédéral : « il faut que vous bruxellois commenciez à vous adapter ! »  Ah ! bon s’adapter mais à quoi !  Oserai-je le penser…à une administration d’occupation !

Posons-nous la question de savoir pourquoi il n’y a pas à Bruxelles de péage comme à Londres ou à Stockholm ?  Ce sont de splendides réussites.  La région de Bruxelles est le cas typique  où cela devrait être appliqué !  Eh bien non !  Cela déplaît.  Pardi, on l’aurait juré.  Ni les Flamands, ni les Wallons n’en veulent !

Comment ne pas évoquer certains aménagements aberrants.  Mais dans la mesure où le pouvoir à Bruxelles est parcellisé, il n’y a pas de dialogue, le rapport de force étant toujours défavorable aux bruxellois.

Quand la ville de Bruxelles décide de faire un piétonnier, l’impact sur toute la région est évident… mais dans les autres communes pourtant largement influencées par cette décision, on fait autre chose, on regarde ailleurs ! Le bourgmestre de Bruxelles n’a pas de véritables interlocuteurs.

Les chiffres du chômage, même flattés, ne laissent aucun doute, non seulement sur la paupérisation mais, et c’est beaucoup plus grave, sur sa perpétuation, sa constante augmentation.  Le taux de chômage est le plus élevé à Bruxelles, pour ce qui concerne le chômage des jeunes il atteint l’effroyable record de 30 %, 40 s’il faut croire les chiffres du VOKA.  Ne soyons pas dupes, les baisses dont il est question récemment sont le fruit des dernière mesures gouvernementales, sur lesquelles je n’ai pas le cœur de m’appesantir… il «  saignerait ! »  Je n’évoque pas le chômage des femmes dans ces mêmes quartiers, il dépasse les 45 %.

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On le sait, en démocratie il y a deux légitimités.  D’abord celle des urnes, le suffrage universel.  A Bruxelles, ces principes fondamentaux sont clairement violés, le nombre de voix pour élire un Néerlandophone est nettement inférieur à celui nécessaire pour élire un Francophone. Résultat, parmi les élus flamands certains le sont avec quelques centaines, voire quelques dizaines  de voix… et deviennent ministres alors qu’ils ne sont les élus que d’un nombre infime d’électeurs de la région.  Peut-on encore parler de légitimité ?  Les élus flamands au parlement bruxellois ont moins de légitimité démocratique que le gagnant d’un concours de la télé-réalité.  Mais il est un autre critère de légitimité, celui-ci beaucoup plus subtil, c’est celui de la réussite dans l’action.  Or, on l’a vu, la région est sinistrée au plan social, la courbe est descendante depuis les années septante, le tissus urbain se dégrade sans discontinuer, la mobilité est chaotique, l’engorgement est généralisé et fait rire l’Europe, la paupérisation galopante, l’enseignement sinistré, l’insécurité croissante etc.  De cette légitimité là aucun politique bruxellois ayant siégé dans l’exécutif ne peut se prévaloir.  Peut-on en vouloir aux citoyens qui se désintéressent, se détournent de la vie politique, rejoignent la horde grandissante clamant le « tous pourris, tous incapables. »
Ne serait-ce l’étonnante médiocrité parfois jusqu’au pathologique des rares représentants de l’extrême droite, le triomphe serait lui assuré.  Un journaliste de « Libération » a, il y a quelques temps osé faire publiquement ces constatations … quels cris, quel scandale… c’était pourtant la triste vérité.

Bien sûr on dessine sur le sol des voiries, des pistes cyclables, les communes élaborent des plans de circulation aberrants, les bobos seront comblés, il y a les stupides journées sans voiture.  L’idéal de certains n’est-il pas de faire de Bruxelles une réserve d’indiens, d’indiens pauvres, assistés socialement, ficelés électoralement, habillés de lin écru, mangeant des légumes bio, déféquant dans des toilettes sèches, se déplaçant à vélo, n’utilisant pas de GSM, végétaliens et surtout ne se reproduisant pas… on viendra les voir en car comme les Flamands le font déjà qui visitent avec un guide, prudence quand même, le quartier maritime de Molenbeek ou Matonge !  « Pensez donc, beste vrienden, à une heure de Gand, à quarante-cinq minutes d’Anvers, l’exotisme, le pittoresque chaleureux, bruyant de l’Afrique à Matonge ; le frisson de l’inquiétante Casbah à Molenbeek, l’étrangeté des femmes voilées, les hommes barbus en djellaba…comme là-bas dis…, tout un monde. N’oubliez pas de bien vous laver les mains en rentrant à Gand ou à Anvers…dans ces coins de Bruxelles, on ne sait pas ce qu’on peut y rencontrer ! Ebola, malaria, maladies tropicales, djihadistes »   Ah ! Un détail, oh ! une toute petite chose,  ils vivront de quoi ces « indiens » Bruxellois… oui au fait, de quoi vivront-ils ?  A moins que les visiteurs les plus audacieux ne leur lancent , « à ces sujets de zoo humain, » quelques trognons de maïs…quelques chèques repas…les voir manger pourrait être drôle non !

ET LE PS !

Le malaise est perceptible partout.  D’abord il y a le doute,  peut-être le mensonge lourd, irrémissible ; chacun sait que le leadership est assumé par quelqu’un qu’on accuse, à tort ou à raison, de ne pas réellement habiter à Bruxelles, qui donc ne respecterait pas un aspect essentiel de la vie politique, à savoir, subir ce que vivent ceux qu’on est sensé représenter, défendre.  Ce doute a déjà été lourd de conséquence, il le sera encore demain !  La relation avec le citoyen en est dès l’abord viciée.  Il s’agit là d’une faute impardonnable, inconcevable.  Elle n’est possible que parce que les militants, force d’impulsion, de proposition mais aussi de contrôle, n’existent plus.

Pendant des décennies, les listes électorales étaient établies sur base de pools.  C’était connu de tous, les tricheries ne manquaient pas, les uns bourraient les urnes, les autres modifiaient les scores.  Néanmoins, les formes étaient respectées, la démocratie restait un objectif…parfois lointain, j’en conviens !  On ne pouvait pas tout se permettre !  Ensuite vinrent les comités des sages puis s’abattit l’obscurité totale, le rideau de plomb ; une étonnante alchimie préside maintenant à l’élaboration des listes d’élus ; il n’est plus question de comité des sages mais d’un comité secret, c’est là qu’on agite le shaker d’où sortira le breuvage qui sera servi aux électeurs.  Les résultats sont connus d’avance, la bouillabaisse comprenant une dose massive de Belges issus de l’immigration, logique vu la démographie de la population et de filles ou de fils de…ainsi naît sur les navrants décombres d’une idéologie une nouvelle aristocratie, dont les fiefs sont constitués d’une masse d’électeurs d’origine étrangère, un cheptel sur lequel on règne sans vergogne. Moderne féodalité… totale rupture avec une idéologie à l’allure d’astre mort !  La presse avait relevé lors des dernières élections cette présence massive des fils et filles de, mais les journalistes ne les avaient pas tous repérés, certains liens de parenté étant plus discrets ou mieux dissimulés, dans certains cas le nom de la mère était connu mais pas celui du père, de plus il fallait en outre tenir compte des compagnons, compagnes, nièces ou neveux.  Qui osera encore dire qu’à Bruxelles le PS n’aime pas la famille, étonnant que la présidente fédérale n’ait pas été invitée au dernier synode de Rome consacré à l’avenir des familles, cette parole experte a manqué !  Il faut être de bon compte, les dynasties politiques ont toujours existé, y compris au PS, il suffit d’établir les liens entre les familles Spaak et Janson.  C’est par son caractère massif que le phénomène à Bruxelles est devenu remarquable et grignote le fonctionnement à long terme du parti qui, de fait, devient ce que l’on connaît bien en Afrique, une addition de clans.  Amusante, révélatrice d’ailleurs cette importation des mœurs politiques subsahariennes.  Les conséquences sont multiples, à commencer par le fait que des candidats potentiels de grande qualité, n’étant ni d’origine maghrébine, n’ayant aucun lien de parenté avec l’un ou l’autre des leaders de la fédération, estiment qu’ils n’ont pas la moindre chance d’être à une place où ils auraient une petite chance d’être élus !  Ceux-là partent, disparaissent ; ils planquent comme hauts fonctionnaires mais ils manquent cruellement à notre action politique.  Anne Sylvie Mouzon, excellente parlementaire avait l’habitude de dire que sur l’ensemble du groupe socialiste seuls quatre ou cinq individualités étaient actives !  Les autres, bof…

J’évoquais une nouvelle aristocratie, en ce sens l’interview de Catherine Moureaux dans « Le vif » est emblématique tant ses réponses sont d’une stupéfiante naïveté, à les lire on éprouve un sentiment de compassion pour cette jeune femme s’exprimant avec tous les tics de langage communs à la haute bourgeoisie, nimbée de l’autorité naturelle de ceux qui parlent sans jamais être contredits, nés pour être obéis, nés pour gouverner le destin de la plèbe.  Pour tenter d’exister politiquement, elle feint dans l’article de croire que les cinq mille et quelques voix obtenues lors des dernières élections, l’ont été grâce à son seul mérite…la pauvre, le réveil pourrait être dur ! Très dur !  Quinze jours plus tard, « Le Vif » nous apprend que le fils Uyttendael « prend le bus », il y côtoie le peuple…de l’héroïsme quoi !  Est-ce vraiment là « la gôche ! »  A lire ces interviews une profonde tristesse m’envahit tant ces deux jeunes gens m’apparaissent déjà oublieux du bonheur d’être eux-mêmes.

Autre conséquence, le nombre d’affiliés a fondu comme neige au soleil.  Les chiffres sont secrets…un comble dans un parti de gauche, certains permanents retraités parlent et évoquent les vingt-cinq mille  membres de 1974 et le fait qu’ils seraient moins de trois mille cinq-cents en 2015.  Les militants ont disparu, évaporés.  Il faut dire que le fonctionnement de la fédération fut des plus curieux pendant plus d’une décennie alors que partout l’élection du président fédéral se faisait au suffrage universel, seul à Bruxelles il était élu par le congrès où deux sections sur dix-sept, Anderlecht et Molenbeek, faisaient à elles seules la majorité…dès lors tout était simple, il suffisait de « ménager et… nourrir » Picqué et l’ordre, comme à Varsovie en 1830, pouvaient régner.

Le départ des militants a conduit un grand changement dans les campagnes électorales, plus rien ne fonctionne sur base du bénévolat, tout se paye, tout se rémunère, les collages, les distributions toutes boîtes.  Ce n’est pas anecdotique mais lourdement symbolique.  Logique aussi dans de telles conditions que la rupture soit consommée entre les organisations de l’action commune, plus besoin de syndicat, de mutuelle, d’organisation de jeunesse…tout le monde suit seul son chemin !

STRATÉGIES DYNASTIQUES ET COMMUNAUTARISME, LES DEUX MAMELLES DU PS BRUXELLOIS.

Les militants se sont évanouis mais il reste l’essentiel… des électeurs.  J’y reviendrai. Au niveau du parti la structure est donc devenue la suivante :  une bonne base électorale, des élus majoritairement issus de l’immigration, sans oublier la crème, cerise sur le gâteau, une dose de plus en plus importante de fils, filles, compagnons, compagnes, nièces ou neveux de…  La classe intermédiaire des militants a disparu, elle s’est volatilisée, donc plus de contrôle, plus de contestation, plus de compte à rendre.  Les congrès ne sont qu’une chambre d’enregistrement, garnie de nombreux membres de cabinet à qui le choix n’est pas donné, ils ont l’ordre d’être présents !  Pas de discussion, doigt sur la couture du pantalon, sinon…  Qui pourrait au PS bruxellois impulser une autre politique, remettre en cause les décisions, où est l’opposition ; sans opposition pas de démocratie !  La preuve est faite.PS-Herm4.jpg

Je note d’ailleurs que les instituts de sondages se trompent la plupart du temps en ce qui concerne le PS bruxellois car ils évaluent avec difficulté le poids de l’électorat issu de l’immigration, ils ne le connaissent que très mal, n’ont aucune idée des liens sociologiques, de la fidélité de la masse de nos électeurs d’origine étrangère, d’où une sous-évaluation systématique de nos résultats.  Si un jour cet électorat devait disparaître ou s’étioler, nul doute que le PS se trouverait réduit à des chiffres très semblables à ceux du CDH.  D’où le malaise en matière de laïcité, l’abdication quant à certaines attitudes, ce contact nauséabond avec les mosquées, la veule soumission quant aux exigences visant les femmes, les horaires des piscines, la nourriture etc.  Mais attention, le vote socialiste n’implique pas de la part de cet électorat communautaire une adhésion ou même la simple connaissance de nos valeurs ! On a raté la transmission… tragique dans une famille.  Avec stupeur, les derniers militants ont constaté qu’au PS bruxellois tout en matière de laïcité est négociable.  J’y reviendrai !

Il n’y a donc plus de classe intermédiaire entre l’électorat et les élus ; les forces vives du parti, ses militants, ont disparu, reste une caste d’élus, rejetons dynastiques et la masse de ceux qu’un chercheur de la KUL d’origine maghrébine appelait récemment dans « Le Soir » « le bétail à voix, » qu’il estimait sous-représenté… j’ose supposer que ce chercheur flamand ne songeait pas à Bruxelles !  La disparition des militants conduit à d’étonnantes surprises.  Ainsi voit-on surgir sur les listes électorales de parfaits inconnus, quasi absents de leur section locale, à peine affiliés, et encore pas toujours, (on se rappellera du fasciste turc sur une liste communale du PS, ce cas n’était ni accidentel ni unique ) totalement absents de la vie politique locale, n’ayant aucune présence sur le terrain, mais qui réussissent des scores de rêve et parfois sont élus dépassant une bonne partie des autres candidats sur la liste.  Il suffit pour s’en convaincre de reprendre les listes fédérales ou régionales du PS à Bruxelles, de regarder les scores et de mettre ceux-ci en rapport avec le militantisme dans les sections. Victor Hugo disait : « il y a du champignon dans l’homme politique, il pousse en une nuit. »  Cela n’a jamais été plus vrai qu’à Bruxelles. Dans de nombreux cas, personne au sein de la section locale ne connaît ce recordman ou cette recordwoman.  La raison du succès est simple, ce candidat ou cette candidate a appuyé sur un bouton, un seul… le bouton miracle, le bouton communautaire.  Pas besoin de faire beaucoup d’efforts, il suffit à l’électeur de déchiffrer le patronyme, imparable boussole électorale bruxelloise.  Dans de telles conditions doit-on encore défendre la laïcité ? Peut-on encore imaginer résister aux exigences religieuses d’un autre âge ?

L’essentiel aujourd’hui au PS, ce sont les liens de parenté et les circuits communautaires, le militantisme n’a plus sa place… quant à la réflexion, les idées !   Il n’y a plus que très peu de rapport entre les campagnes électorales faites par les candidats et les valeurs fondatrices du PS. Le tramway, ligne directe vers le mandat implique une filiation dynastique ou un lien communautaire, sans cela pas de mandat, c’est le cul-de-sac.  Les « tuyaux » d’accès au pouvoir ont changé…et comment !  A Bruxelles, les campagnes ne sont plus que communautaires, le programme ne compte que pour la presse et les adversaires, un nombre considérable de candidats s’en fichent complètement.  Alors que pendant des années tu as insisté pour que nous évitions le communautarisme, aujourd’hui, c’est la dominante principale.  Les tracts en arabe, en turc en albanais sont légions, plus personne ne s’en offusque à la fédération bruxelloise.  Les temps ont changé, les militants se sont évanouis, nos valeurs sont chaque jour écornées.  L’un des élus phare de l’une des importantes communautés de la région, occupant des responsabilités politiques majeures, n’hésite plus à dire « toutes les campagnes doivent être communautaires, Laanan et Madrane n’ont rien compris s’ils ne le font pas. »  Au-delà de la question fondamentale de la transmission et de l’adhésion à nos valeurs, se pose indéniablement la question de la sauvegarde des principes de laïcité pour lesquelles nos prédécesseurs ont lutté pendant tant d’années contre l’hégémonie religieuse.  Qu’on n’oublie pas qu’il nous a fallu des dizaines et des dizaines d’années d’âpres combats pour laïciser notre vie publique, échapper à l’oppression cléricale.

Comment dès lors concevoir que dans certaines écoles de la région la totalité de la viande servie soit hallal, le fournisseur répondant lors de l’appel d’offre : «  ainsi il n’y a plus de problème ! »

Comment accepter que certaines piscines communales se soient soumises ( le plus souvent hypocritement ) à l’établissement d’horaires séparés par sexe !

Comment expliquer que la région de Bruxelles soit la seule qui n’ait pas osé bannir l’abattage rituel et laisse se poursuivre ces monstruosités.

Comment admettre que dans une grande commune de la région, l’ouvrier communal qui sert les repas scolaires à chaque cuillerée servie, fasse suivre celle-ci de la formule en arabe : amdulila ( grâce à Dieu ) !

PS-Herm5.pngComment accepter que dans nombres d’établissements scolaires il ne soit plus possible d’enseigner les principes du darwinisme, ni bien sûr d’évoquer le génocide des Juifs ! Les directions ne peuvent réagir, le pouvoir organisateur voulant surtout éviter les remous !

Il y a quinze ans, un enseignant de l’athénée royal de Laeken donnant une interview dans le « Vlan » avait évoqué son incapacité d’enseigner les notions du darwinisme à ses élèves.  Cet article fit beaucoup de bruit, cet enseignant fut traité de raciste quasi de nazi. Or, il disait vrai, de nos jours ce genre d’incidents est courant. Mais l’omerta règne, il y a des choses dont on ne peut pas parler.  Je n’évoque pas ici les étranges réactions de certains professeurs musulmans lors des assassinats de Paris au début de cette année, ni le fait que le cours de religion se dispense systématiquement en arabe alors qu’il devrait l’être en français !  Ni le fait que certaines enseignantes de la religion islamique refusent de serrer la main de leurs collègues masculins rappelant que selon elles, la main recèle cinq zones érogènes !

Comment ainsi accepter sans  réagir l’irruption du moyen-âge dans notre sphère publique !   A Bruxelles, c’est tous les jours, non pas retour vers le futur, mais retour vers le passé et quel passé !  On a l’impression d’entrer dans l’avenir à reculons.

Comment admettre que les élèves musulmans manquent systématiquement les derniers cours de l’année scolaire si les parents ont décidé de partir en vacances, je n’évoque même pas les jours de fêtes religieuses où dans certaines communes les classes sont vides, le cours étant ajourné d’autorité !  Sans réaction des autorités, bien au contraire des consignes sont données aux enseignants de ne pas donner cours, « d’occuper » les trois ou quatre présents.

Pourquoi camoufle-t-on les incidents qui émaillent les récréations au cours desquelles des gosses sont pris à partie lorsqu’ils mangent du jambon ou ne font pas le jeûne du Ramadan !

On pourrait poursuivre cette liste indéfiniment.  Le relativisme culturel, lourdement prôné, accepte aujourd’hui le voile, demain il fera accepter l’excision au nom de la même effarante régression à la fois lâche et ignoble unissant la haine des valeurs issues de 1789 et un sordide cynisme de boutiquier électoral. On le voit, c’est dans le silence, à l’abri d’un discours intimidant que l’on serre le garrot qui cran après cran étrangle la laïcité, installe concession après concession, petits aménagements après petits aménagements, petites lâchetés après petites lâchetés… à haut rendement électoral,  une société où le fait religieux envahit, pollue, domine à nouveau le domaine public.

COMMENT RÉAGIT LE PS BRUXELLOIS.

Aujourd’hui, il est évident qu’il est prisonnier de son électorat dont les gros bataillons, qui osera le nier,  sont issus de l’immigration.  Tout ne fut pas négatif dans cette évolution. Il est remarquable que le PS ait su tisser des liens de confiance avec ces communautés alors que d’autres formations politiques, qui s’en mordent aujourd’hui les doigts, les méprisaient ouvertement.

Impossible dans ce contexte de ne pas évoquer Moureaux et les vingt ans pendant lesquels il a dirigé Molenbeek qu’il a transformé en laboratoire de la porosité du retour du religieux dans notre région.  Ses réactions et son évolution sont emblématiques de l’évolution, de l’attitude du PS dont il fut pendant la même période le président fédéral.

Débarquant à Molenbeek en 1982, il mène la campagne communale sur le thème du « stop à l’immigration. »  De nombreux tracts ont été conservés, étonnantes et encombrantes archives.   Il débat à la même époque sur La RTBF matinale, il y est opposé à Albert Faust, secrétaire général du SETCA de Bruxelles Halle Vilvorde et s’oppose obstinément au vote des étrangers aux élections communales alors qu’Albert Faust lutte avec la FGTB pour l’obtenir.  La RTBF dispose toujours de la cassette, on peut la réécouter… un régal d’anachronisme, une grande leçon sur l’adaptabilité du monde politique aux dures réalités électorales.  En 1986, écrivant dans un journal communal consacré à l’enseignement, il évoque la nécessaire assimilation des citoyens d’origines étrangères.  Au cours de la même période, il évoque plusieurs fois ses regrets que l’on ait reconnu l’Islam en qualité de religion subsidiée.  De nos jours, même le terme « intégration » est devenu un gros mot !  Quelle adaptation ! Certains ne le prononcent que la bouche en cul de poule, se tordant les lèvres ayant hâte de se les désinfecter. N’est-on pas étonné de la timidité avec laquelle le gouvernement bruxellois envisage le parcours d’intégration qui devrait être mis en place.  On l’évoque en catimini, entre deux portes, avec la prudence que l’on met à manipuler de la dynamite.  Il ne s’agit pas ici de fustiger Moureaux, sans doute a-t-il plus d’excuses que beaucoup d’autres, n’ayant jamais eu, de par son milieu, aucune connaissance des milieux les moins favorisés.  On le sait le marxisme lui fut injecté par voie ancillaire !  Pour la première fois de son existence grâce aux émigrés, il découvrait extatique, enfin comblé, à Molenbeek, ceux qu’ils ne connaissaient qu’au travers de ses lectures.  Il allait enfin se sentir utile et renouer avec la grande tradition des ouvroirs des dames patronnesses… aider ses pauvres.  Rendons lui cette justice, il a considérablement rénové sa commune, lourdement investi dans l’urbanisme mais il n’a pas investi dans les cerveaux !  On va le voir, c’est le sien qui s’est adapté, modelé… soumis.  Il s’est appuyé sur les mosquées pour que celles-ci encadrent les jeunes, qu’il n’y ait surtout plus d’émeutes… pas de problème, les grands frères seront généreusement subsidiés… sans le moindre contrôle sur le terrain.  Moureaux pensait du haut de ses origines sociales, de sa prestigieuse fonction académique, de ses multiples charges ministérielles et politiques que les mosquées seraient de fidèles courroies de transmission de sa volonté. Et…patatras, c’est lui qui a été roulé dans la farine par les barbus. Il ne s’est pas rendu compte, prisonnier de son orgueil de classe qu’il devenait « l’idiot utile » des forces les plus obscurantistes, moyenâgeuses, de sa commune.  C’est lui, le professeur émérite de critique historique qui, au fil des ans, est devenu l’inattendu relai des revendications les plus obscurantistes.  Le harki c’était lui, amusant non ! La politique qu’il a mise en œuvre est étonnante par son classicisme.  Ce fut celle du colonialisme qui s’est appuyée sur les chefs coutumiers pour que les indigènes ne s’agitent pas.  C’est une politique strictement maurassienne dans laquelle la religion est avant tout un encadrement social.  Pour tout dire, c’est une politique conservatrice au sens strict du terme, curieuses pratique pour ce marxiste auto proclamé !  En définitive son marxisme mal assimilé n’est-il pas pour paraphraser Jean Cau que «  le gant retourné du christianisme ? »  Ce n’est qu’au fil du temps et du remplacement de la population belge de souche de sa commune par des émigrés qu’il comprit le rôle électoral que cette population allait jouer à Bruxelles.  Il faut lui rendre cette justice d’autant plus qu’il poussera jusqu’au bout le don de sa personne, allant même jusqu’au sacrifice suprême, moderne Abraham, puisque maintenant il « immole » sa fille Catherine, il la livre, innocente enfant, à ce peuple émigré, pauvre, fragilisé, mais exigeant un total don de soi, en ce compris le rejet des valeurs de la laïcité.

Ainsi la fédération s’est de plus en plus appuyée sur les mosquées et donc forcément sur les milieux musulmans les plus rétrogrades.  Cela explique la disparition d’un certain nombre d’élues féminines d’origine maghrébine, ces femmes les premières élues de ce milieu, étaient toutes des femmes libérées des contraintes religieuses, ayant un langage direct, ferme à l’égard du poids du religieux.  Aujourd’hui, elles sont remplacées par des élues beaucoup plus « lisses, soumises »  On sait qu’elles ne causeront aucun problème avec leur communauté ou avec ceux qui s’y arrogent le rôle de représentant desdites communautés.  La seule qui ait résisté c’est Fadila Laanan, précisément parce qu’elle était soutenue à un autre niveau du parti.  Moureaux n’écrivait-il pas à son sujet « cette personne n’a pas été désignée en qualité de ministre par la fédération. »  Quelle est aujourd’hui sa relation avec la nouvelle direction fédérale… On le sait les sourires cachent les poignards !  Quel tort a Fadila ?  Simple, elle est issue de l’immigration, c’est une femme libre, éduquée, fière de sa culture, fière de ses origines, non liée aux groupes religieux et elle défend la laïcité, et, suprême audace s’en réclame… elle fait une place aux femmes là où depuis des décennies les extrémistes islamistes les empêchaient de travailler ! Elle ne plaît pas aux barbus… ça c’est certain !

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L’ENSEIGNEMENT.

S’il est un domaine vital pour l’avenir d’une société, c’est bien l’enseignement.  Or, à quoi a-t-on assisté à Bruxelles ?  Ni plus ni moins à un effondrement total du niveau des écoles de l’enseignement public, il n’aura fallu qu’à peine deux décennies.  L’enfer étant pavé des meilleures intentions, les pouvoirs organisateurs ont dans la plupart des cas voulu forcer la mixité.  C’était nécessaire et utile.  Mais cela se fit sans le moindre discernement, la moindre analyse de fond, le moindre suivi.  Il était absolument nécessaire d’établir une vraie mixité, de lutter contre les discriminations, le racisme, qu’il ne s’agit pas ici de nier. Notre enseignement fut victime d’un égalitarisme forcé alors qu’il aurait été nécessaire de lire Aristote lorsqu’il soulignait « que la véritable justice est de traiter inégalement les choses inégales. »  N’est-il pas démontré par l’histoire que forcer l’égalitarisme conduit toujours au drame !  Le résultat est que dans différentes communes, les classes sont composées pour 80 ou 90 pourcents d’enfants issus de l’immigration. Ceux-ci ne parlent pas français au sein du foyer familial, ils ne regardent que la TV dans leur langue maternelle. Peut-on le leur reprocher ?  Significatives les réponses données par les enfants lorsqu’on les questionne sur leur nationalité, les neuf dixième répondent qu’ils sont Turcs, Albanais, Marocains, Algériens, seule une infime minorité répond qu’ils sont Belges alors même que la majorité l’est ! Imagine-t-on un seul instant les difficultés qu’affrontent au jour le jour les enseignants, leur découragement, leur révolte face à un pouvoir organisateur n’ayant tenu aucun compte des affres quotidiennes de la réalité.  Or, qui sont les premières victimes de cette situation ? Ce sont bien sûr les enfants issus de l’immigration.  Leur progression scolaire ne peut qu’être lente, les chances d’avenir réduites.  Les brillantes réussites d’enfants d’émigrés ayant accompli leur scolarité il y a quinze ou vingt ans deviendront des exceptions car le malheur veut que leurs enfants se retrouveront dans des classes vouées à un grand retard du fait de la ghettoïsation des écoles. Réussir des études, accéder à un emploi de qualité est beaucoup plus difficile aujourd’hui qu’hier.  Les statistiques publiées par « Le Soir » le démontrent sans contestation possible.  Cela aussi, il est interdit de le dire, interdit même de le constater.  Si par malheur vous le faites soit on vous traite de menteur soit vous êtes voués à l’enfer de la faschosphère !

Je le répète, j’insiste les premières victimes de cette situation, ce sont précisément les enfants d’émigrés, même ceux de la deuxième ou troisième génération, leur capacité d’intégration, de réussite sont largement diminuées.  Est-il nécessaire d’ajouter que les émigrés et leurs enfants n’ont aucune responsabilité dans cette horrible situation, quoi de plus normal pour quelqu’un qui débarque en terre étrangère que de tenter de s’insérer dans un environnement où il retrouve ses semblables.  Il est d’ailleurs démontré que les émigrés ou Belges issus de l’émigration s’ils « réussissent » professionnellement quittent au plus vite certains quartiers ou font des mains et des pieds pour éviter que leurs enfants fréquentent certaines écoles.  Comment dès lors s’étonner des trente pourcents « officiels » du chômage des jeunes âgés de dix-huit à vingt-cinq ans.  Au mois de mai, un nombre important de mamans maghrébines de Montpellier ont manifesté pour que les établissements scolaires de leur quartier retrouvent une vraie mixité, à savoir que reviennent dans les écoles de la municipalité quelques enfants Français de souche !!!  Curieux qu’on en ait si peu parlé à Bruxelles.  Très récemment Picqué s’exprimant à la section d’Anderlecht n’hésitait pas à souligner, avec le cynisme distancié le caractérisant qui est à la fois sa marque de fabrique et lui tient lieu de colonne vertébrale idéologique, que ses enfants fréquentaient l’enseignement catholique.  Il est vrai que Picqué n’a jamais été socialiste, il a appris à LE parler, voilà tout !  Certains des présents se rappelaient le reportage de RTL où l’on pouvait voir son épouse dormir sur le trottoir du collège Saint Michel pour avoir le privilège d’y inscrire ses fils !  Comment mieux reconnaître que l’enseignement à Bruxelles est l’un de ces immenses territoires perdus de la laïcité, perdus pour la gauche !  Où est l’époque où, pour se présenter sur une liste électorale socialiste, il fallait que ses enfants fréquentent l’enseignement officiel !  Il faut oser dire que dans certaines écoles on forme… de futurs chômeurs ; les bonnes paroles, les discours lénifiants du politiquement correct n’y changeront rien.  Seule une politique volontariste, immédiate, brutale, visant à largement revaloriser le statut des enseignants et à imposer, oui à imposer, une vraie mixité serait de nature à rencontrer les besoins d’avenir de notre région ; sans oser évoquer le bonheur des enfants qui sont confiés aux établissements publics de notre région.  Les premiers bénéficiaires d’une telle réforme seraient les enfants d’émigrés.   Pour les plus fortunés, pas de problème, ils iront dans « les zones protégées » de certains établissements catholiques… ils feront comme Picqué !

S’INTÉGRER MAIS À QUOI ?

PS-H9.jpgJ’avais été impressionné, il y a bien des années d’entendre un Commissaire européen me dire que si l’Union européenne avait pu s’étendre à Bruxelles, c’était dû au fait que la Belgique n’était pas une nation, que Bruxelles n’avait pas d’identité nationale, d’où l’étonnante permissivité à l’égard de la tentaculaire administration européenne.  Une telle porosité n’eût été possible dans un pays sourcilleux en matière de souveraineté.  Ce Commissaire ignorait sans doute que Bruxelles continue à assumer le rôle qui fut le sien dans l’histoire depuis la période bourguignonne, à savoir être un centre administratif, fonction intimement liée, sinon imposée par sa situation géographique.  Il en sera de même sous l’occupation espagnole, autrichienne et française.  Il n’est pas inutile de rappeler que sous l’occupation allemande de 1940 à 1944, Bruxelles était le centre des forces d’occupation pour la Belgique et le Nord de la France. Toujours ce même rôle de centre administratif, toujours pas d’attache nationale propre.  « La Nation belge » fut le titre d’un journal bruxellois au XIXème siècle, ce ne fut jamais une réalité politique même si on a essayé de le faire croire ; s’il n’y a jamais eu de nation belge, il y eut encore moins d’identité bruxelloise.  N’en déplaise à certains chantres du  tout nouveau DEFI, il n’y a jamais eu de spécificité bruxelloise. 

Historiquement, c’est sans contestation possible une ville dont la population est flamande, mais l’élite du centre administratif parlait une autre langue, Français, Espagnol, Allemand. Je ne reprendrai pas ici les propos, souvent injustes et odieux de Baudelaire sur les Belges et en particulier les Bruxellois mais il faut reconnaître que cette région fut toujours un étonnant magma réunissant des élites « d’occupation » inévitablement accompagnées de fidèles « collaborateurs » et une population parlant un sabir à base essentiellement flamande.  Il ne fait aucun doute qu’avec l’installation massive des administrations de l’UE, et de tant d’autres organisations multilatérales, Bruxelles soumise au déterminisme de sa géographie, poursuit son rôle de centre administratif.  Or, un émigré, ou un enfant d’émigré, débarque avec sa culture, sa langue, sa religion, ses habitudes alimentaires.  Ce sont des éléments structurants dont souvent il est à juste titre fier, qu’il ne veut pas larguer comme on se sépare d’un vieux vêtement ! C’est parfaitement légitime.  Dans les années cinquante, un boxeur français d’origine tunisienne Halimi, poids coq, avait gagné un combat contre un pugiliste anglais.  Porté en triomphe par ses soigneurs, il répondait au micro que lui tendait Loïc Van Le : « j’ai vengé Jeanne d’Arc. »  Voilà donc une intégration réussie, ce boxeur, avait noué ses racines à celles de la France, à son histoire, il la faisait sienne. 

Peut-il en être de même à Bruxelles ?  Impensable !  Il n’y a ni « récit, ni roman national », il n’y a pas de racines historiques glorifiées, fondatrices.  Quel jeune Bruxellois connaît le combat du municipaliste T’Serclaes.  Les Comtes d’Egmont et Horne n’étaient pas Bruxellois, de plus ils appartenaient d’abord et avant tout à « l’internationale » de la noblesse.   Il ne faut pas compter sur les cours d’histoire dispensés au niveau scolaire pour y suppléer, ceux-ci faisant fi des liens chronologiques, entendent faire connaître l’histoire par thèmes ; puzzle effrayant dont les élèves ne retiennent que des bribes sans continuité ; ce costume d’Arlequin décousu, impossible pour les malheureux étudiants de le recoudre, ajoutez  une pédagogie générale de plus en plus obscure, caramélique… Croire après cela qu’on va leur enseigner l’histoire de ce pays, de cette région n’est qu’une sinistre plaisanterie !  Ce n’est pas le spectacle de la plantation du Meyboom ou le défilé de l’Ommegang qui me feront changer d’avis.  A quelles nouvelles racines l’immigré peut-il nouer les siennes ? De fait à Bruxelles, elles sont inexistantes. Sur quel nœud de l’histoire la greffe peut-elle prendre ?  L’effondrement de la qualité de notre enseignement, l’absence de cohésion nationale ou même régionale, l’absence de conscience identitaire ne pouvaient que renforcer le communautarisme, l’accentuer, l’enkyster.  Car, ne nous y trompons pas, l’émigré, lui nous vient avec son identité nationale forte, avec sa religion qu’il ne sépare pas de la vie publique ; sa culture comprend indissolublement liées l’identité nationale et l’identité religieuse ; au Maroc, le chef de l’Etat n’est-il pas aussi le commandeur des croyants !  Et l’on aurait voulu que par un coup de baguette magique cet étranger fasse sienne les mœurs politiques, les us et coutumes, les civilités qu’il a fallu des siècles pour bâtir ! Il serait grotesque de lui parler d’identité bruxelloise. Impossible de lui demander de s’intégrer au vide !  Que reste-t-il alors ?  Une seule chose mais essentielle : des valeurs !  

PS-H7.jpgSans être une nation, sans être un état, sans identité régionale, il n’est pas exagéré de dire que ce qui structure les Bruxellois, ce sont des valeurs ; du point de vue schématique, celles-ci se réfèrent au socle des droits de l’homme et du citoyen, ce legs inestimable, admirable de la révolution française. Ces valeurs, ce sont les éléments que l’on a en commun, ce sont les liens qui unissent les Bruxellois, les fondements permettant de gérer le présent, de préparer l’avenir tout en sachant ce qu’il a fallu de luttes pour qu’elles voient le jour et surtout combien elles sont fragiles.  Ces valeurs sont constitutives du contrat qui lie le citoyen à la puissance publique, qu’elle soit régionale ou fédérale, c’est le respect de la Justice, des institutions, le respect de la loi, en un mot, de tout ce qui fait le vivre ensemble.   Or précisément, on constate depuis une quinzaine d’année le recul d’éléments essentiels de ces valeurs.  « De petits aménagements » en « petites concessions » les frontières de la laïcité deviennent floues ; ce qui était parfaitement clair il y a quinze ans devient sujet à discussions. Des valeurs, comme l’égalité homme-femme qui nous semblaient acquises pour l’éternité, vacillent, sont discutées.  Attention, si vous vous montrez rigide, implacable dans la défense de ces valeurs, vous serez traité de laïcard, un terme utilisé par le président fédéral bruxellois lui-même pour fustiger ceux qui mettaient en cause le voile, les horaires de piscine séparés ou l’invasion du halal.  Intéressant de savoir que ce terme a été inventé par l’extrême droite française entre les deux guerres pour attaquer la gauche du front populaire.  Se faire traiter de laïcard est un moindre mal car on bascule vite sur des éléments de langages plus brutaux comme fascistes, racistes etc.  Mise en œuvre de la vieille technique stalinienne qui veut que si « tu n’es pas à 100% d’accord avec moi, tu es à 100% contre moi. »  Venant de marxistes en peau de lapin… c’est du plus haut comique.  Curieux zigzag de l’histoire !  

En 2004, lors de l’élaboration du programme électoral de la fédération tous les amendements visant à mettre en évidence l’égalité homme-femme ont été repoussées violemment par le président fédéral lui-même.  Fulminant, éructant, hurlant, on ne pouvait pas en parler : « cela risquait de heurter la population la plus fragilisée de Bruxelles ! »  Ah ! Bon… donc un élément aussi fondamental que l’égalité absolue homme-femme devait être tu !  Pour des raisons électorales… Voilà, le piège se refermait, nous socialistes devenions prisonniers de notre électorat précisément parce que nous n’avions pas été capables de transmettre nos valeurs.  Nous cessions d’être une force de propositions, de progrès, nous nous soumettions à la sensibilité d’un électorat qui aurait dû épouser la nôtre, pour parler clair qui aurait dû accepter nos valeurs… et les défendre.  Parce que dans la structure du parti, on avait accepté qu’il n’y ait plus de militants, que l’électorat suffisait pour autant que soient élus ceux choisis par les « Dieux, » en un mot que les plans de carrière de certains soient assurés, on baissait pavillon sur ce qui faisait notre âme ! Notre slogan occulte devenait : « des valeurs non !  des électeurs oui ! ». D’aucuns rétorquent que cette thèse est fausse, nos valeurs seraient largement partagées par nos électeurs car les élus d’origine étrangère ont toujours, sans la moindre difficulté voté les textes portant sur des avancées en matière d’éthique telle l’euthanasie. Parfaitement exact. Mais raisonnement simpliste, qui se refuse, comme souvent à gauche,  à voir la réalité.  Sur ce genre de questions les élus d’origine maghrébine ou turque s’en fichent totalement,  cela ne les concerne pas ; sur ces questions essentielles, ils vivent dans leur culture, ils respectent leurs valeurs et n’adhèrent aucunement aux nôtres, tout simplement cela ne les concerne pas !  C’est bon pour l’autre monde, celui où l’on tente de perpétuer ce que furent les valeurs humanistes de progrès.   Peut-on leur en faire grief ?  Certes non, c’est nous, en particulier le puissant PS qui avons été incapables de transmettre les nôtres, le PS s’est « soumis », ou s’est cru habile et… on c’est dépouillé de ce qui faisait notre essence.  Peut-être aurait-il fallu se souvenir que la ruse ultime du diable est de faire croire qu’il n’existe pas !  Pensant tirer profit d’un corps électoral qu’on pensait fruste, naïf, innocent, on lui concède nos valeurs…cela relève de la comédie de boulevard et non de la politique.  Dans les journaux de la fin du XIXème siècle, il y avait un jeu dénommé « Chercher le Kroumir », les Kroumirs étant une tribu tunisienne accusée par les Français de faire des incursions en Algérie, prétexte colonial typique pour imposer un protectorat sur ce pays. Dans un dessin de paysage, on devait deviner la silhouette dissimulée du « méchant » Kroumir. Je pense qu’on devrait relancer ce jeu à Bruxelles dont le thème serait « chercher le cocu » le pauvre cornard étant celui qui soutient un parti socialiste qui a jeté par-dessus bord son histoire, ses valeurs et tout le reste !  Voilà ce que ressentent aujourd’hui de nombreux affiliés de longue date du PS.  Pour ceux-là le vote socialiste sera difficile, comme les sondages les uns après les autres le démontrent, le transfert se fait vers le PTB…et le DEFI.

Je fus  stupéfait de lire au tout début de l’année dans « Libération » que Houellebecq répondant à une interview, précisait qu’il avait eu l’idée de son dernier livre « Soumission » on en connaît le thème, c’est l’élection en qualité de président de la république française d’un musulman modéré, en se baladant dans les rues de Bruxelles.  Amusant aussi d’entendre Amin Maalouf le talentueux écrivant libanais raconter sur France Inter qu’il y avait beaucoup moins d’intégristes au Maroc qu’au sein de l’immigration européenne ; ainsi il évoquait que, se trouvant sur une plage du Maghreb, il y observait une famille de musulmans de stricte obédience, femmes entièrement voilées sur la plage, se rapprochant il constata que c’était des Belges… cela le faisait beaucoup rire.

Il est de bon ton dans les instances dirigeantes du PS bruxellois d’estimer que toutes les cultures se valent, que ce serait faire preuve de racisme que de réagir à certaines pratiques.  Ainsi la présidente fédérale monte-t-elle tout de suite aux barricades criant haut et fort qu’elle n’a jamais condamné les pratiques barbares liées à la nourriture Halal, la presse ayant osé émettre quelques doutes.  Elle est nettement moins réactive quand un élu refuse de reconnaître le génocide arménien, à peine audible, d’une voix fluette, entre deux portes, pour une fois le sourire tarifé en berne, elle précise que l’intéressé devra se présenter devant une commission. Elio, tu sais mieux que moi la façon dont tu as dû t’investir dans cette crise symptomatique.  Elle ne fut dénouée que grâce à toi, beaucoup le savent.  Un élu de Molenbeek traite un journaliste « d’ordure sioniste » ou ce même élu affirme qu’il se sent proche du Hamas (organisation classée dans la liste des groupes terroristes par l’ONU ), elle déclare dans le même souffle à la télévision que cet élu est «  un homme bien ! »  Il est vrai qu’à Molenbeek des consignes verbales étaient données aux policiers non musulmans de ne pas manger devant leurs collègues appartenant à ce culte pendant le ramadan afin d’éviter tout incident.  Je ne doute pas que ce soit aussi le cas ailleurs mais peut-être y est-on encore plus discret ?  On pourrait multiplier à l’infini les exemples de recul portant sur des valeurs qui furent toujours les nôtres et pour lesquelles, je le répète nos prédécesseurs se sont battus pendant des dizaines et des dizaines d’années.

DEMAIN LES VALEURS DE LA GAUCHE.

Cela fait déjà pas mal de temps que l’encéphalogramme de la gauche et de la social-démocratie est plat.  Le vide idéologique est abyssal. Tout souffle a disparu.  Il règne dans le mouvement socialiste comme une odeur de décomposition, fût-elle institutionnelle, elle agresse nos narines.  Mais a-t-on encore besoin d’idéologie ?  Pathétique de constater que Moureaux n’hésite pas à se raccrocher au philosophe français Badiou, dernier maoïste n’hésitant pas à envisager un monde sans démocratie !  Cela en dit long sur une certaine dérive idéologique ou le rouge se mâtine de brun ! Pourtant Badiou n’est pas barbu !

Peut-être un jour, si l’ex-bourgmestre de Molenbeek n’a plus d’espoir dynastique, criera-t-il lui aussi avec Aragon « feu sur les ours savants de la social-démocratie. »  Tout est possible avec les vieilles gloires sorties des rails.  Je ne sais s’il faut pleurer ou rire.  L’éclatement de la gauche, son évaporation dans l’Europe pose un problème général, une dimension nouvelle, car cette gauche, si malmenée, reste malgré tous ses défauts, le seul, l’ultime rempart contre le capitalisme fou, contre la financiarisation de la société, contre l’asservissement total des peuples au culte de Mammon.

J’en reviens à Bruxelles, au pitoyable PS Bruxellois.  Faut-il croire qu’il est devenu cette chose boiteuse, sans lyrisme, sans espoir, mélange de bureaucratie, de sordide népotisme, de clientélisme, de médiocrités arrivées ?  Non, je ne peux le croire.  Pourtant, je renifle sous les flonflons des rhétoriques de circonstances comme une odeur de cadavre, de fin d’un système, fragrances des lâches abandons… Quelque chose disparaît sous nos yeux !  Il est vrai que le PS ne fait plus rêver, tu te rappelles Elio de ce slogan : « changer la vie ! »  Bon sang, que c’est loin.  Mais le pire serait la trahison de nos valeurs, l’abandon progressif, hypocrite de ce qui fût notre apport essentiel à notre culture, à notre mode de vie.  Je ne vois que des avantages à la présence dans notre région de cultures multiples, c’est une richesse indéniable mais je ne vois que des dangers si l’une de ces cultures veut imposer ses normes, revenir sur nos acquis sociétaux ou politiques, imposer ses normes alimentaires, revenir sur l’absolue égalité homme-femme, revenir sur l’impact du religieux dans la sphère politique etc.  En d’autres termes, pourquoi pas le remplacement d’une part de notre population ! Substitution de nos droits, de nos valeurs non ! jamais !  A Bruxelles, c’est ce qui est en train de se jouer.  C’est cela l’enjeu essentiel.

Allons nous abdiquer ou allons-nous être capables de nous libérer du poids d’un électorat qui n’a pas (encore) assimilé nos valeurs et qui ne comprend pas que certaines des siennes sont incompatibles avec ce qui fait notre civilisation ?

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Y A-T-IL UN AVENIR ?

Il ne fait pas de doute qu’au niveau institutionnel la région telle qu’elle est limitée n’a aucun avenir. Elle ne deviendra jamais un Singapour européen, elle est vouée à la paupérisation et à la ghettoïsation.  Tous le savent, tous l’admettent…en privé, y compris celui qui fut si longtemps ministre président et qui n’a jamais caché lors de contacts personnels qu’il ne croyait nullement dans la pérennité de cet espace étriqué, pauvre.  Notre sort sera scellé ailleurs lors du grand pow wow politique exigé par nos voisins du Nord !
Personne d’ailleurs ne demandera l’avis de la population.

Pourtant, ils existent les habitants de notre région.  Pour les évoquer, il me paraît essentiel de d’abord rendre hommage aux émigrés.  Ceux qui les vouent aux gémonies feraient bien de se demander ce que serait leur attitude dans un pays étranger dont ils savent qu’ils n’y sont pas les bienvenus, dont ils ne connaissent pas la langue, dont les mœurs administratifs sont aux antipodes de ce qu’ils ont connu, dont l’accès à l’emploi est complexe et de plus en plus aléatoire.  Et malgré tous ces obstacles, malgré les discriminations, le racisme, certaines réussites sont splendides, exemplaires.  Réussites qui ne sont pas suffisamment mises en évidence.  Quand Lévi-Strauss évoque l’universalité des hommes et leurs différences, c’est d’abord l’universalité qui m’importe !  C’est cela qu’il faut avoir à l’esprit quand on évoque la problématique liée aux émigrés ou leurs descendants.

Cependant, s’il m’apparaît qu’affirmer que globalement l’intégration est un échec est totalement faux, il n’en est pas moins vrai que celle-ci sera plus difficile que précédemment.  L’effondrement de la qualité de l’enseignement, les classes ghetthoïsées ne favorisent plus ces succès.  On assiste à un nivellement par le bas tout à fait évident dans certaines communes, ou dans certains quartiers ; la lutte pour intégrer des écoles qualifiées de meilleures le démontre de façon claire.

Que reste-t-il donc à ce peuple d’émigrés ?  que reste-t-il à cette masse de jeunes sous qualifiés n’ayant que peu de chance d’intégrer le monde du travail ?  Ils sont Belges et subissent la violence des discriminations à l’emploi, au faciès, le racisme ordinaire, encore accru par la crainte justifiée du terrorisme ; au Maroc, en Algérie ou ailleurs ils ne sont plus acceptés comme des autochtones !  Ils sont donc dépourvus d’identité dans une région qui n’en a pas… il leur reste donc pour seul élément structurant la religion, celle-ci n’est pas seulement un rapport à la transcendance mais aussi un cadre global de vie d’une des grandes civilisations mondiales.  Comment s’étonner des dérives que l’on observe aujourd’hui, impensables il y a encore une quinzaine d’années.  La gauche a cru que le fait religieux, sa coloration du politique, appartenait définitivement au passé.  L’époque où le curé en chaire les jours d’élections expliquait à ses ouailles comment et pour qui voter appartenait au folklore électoral.  Tout le monde sait à Bruxelles que les imams eux perpétuent cette sainte tradition.  Pire, ce sont des élus PS qui supplient ou flattent les responsables des mosquées pour obtenir les mots d’ordre que nous avons reprochés aux curés pendant plus d’un siècle !

Le monde des émigrés et les Belges musulmans nous démontrent qu’ignorer, comme la gauche a tenté de le faire, le facteur religieux fut une lourde faute…
le retour vers le passé nous saute à la gorge… avec notre complicité électoralement intéressée.

Tous les démographes le prévoient, Bruxelles sera majoritairement musulmane d’ici une quinzaine d’année.  Les facteurs géographiques, la contention insensée de Bruxelles dans des limites économiques et sociales invivables, la démographie dans la population immigrée,  imposeraient des décisions majeures, rapides.  Je n’ai aucun doute que le gouvernement régional sera incapable de les prendre !  D’ailleurs, la question se pose de savoir si dans le contexte institutionnel actuel, il y a encore quelque chose à espérer.  Une autre politique est-elle possible ?  Plus modestement, une politique est-elle possible ?  Ou bien faut-il se contenter de poursuivre la politique brillamment menée par Picqué, la morbide politique du chien crevé au fil de l’eau.  Dans ce cas, toutes choses restantes égales l’avenir du PS bruxellois sera assuré par le « couple » Catherine Moureaux et Uyttendael, ils régneront sur un magma d’électeurs d’origine étrangère, dirigeront la fédération avec pour slogan le Bisounours du Vivre Ensemble et inviteront les derniers affiliés à venir se ressourcer dans un salon de dégustation halal- bio, nirvana absolu du politiquement correct !  Quand aux valeurs du PS !  Quelles Valeurs ?  Qui parle encore de valeurs ?  Elles ont été remplacées comme notre électorat.

Les conséquences étaient prévisibles.  Il y a une vingtaine d’années, une institution bruxelloise lors d’une inauguration avait prévu des distributions de crème glacée gratuite pour les enfants du quartier.  L’assaut fut vite incontrôlable. Certains policiers voulaient chasser les enfants, ceux-ci se mirent à hurler « vive Bajrami, il va venir nous aider, c’est notre héros ! »  Bajrami était un gangster célèbre à l’époque.  Aujourd’hui, seuls quelques ilotes osent nier que Bin Laden est considéré comme un héros dans une certaine fraction de notre population.  Est-il nécessaire de rappeler les connexions à Molenbeek de l’assassin du musée juif.  N’est-ce pas à Molenbeek que le terroriste du Thalys aurait obtenu ses armes ?  Les contacts entre les terroristes et cette commune sont aujourd’hui une évidence mondiale.  Mohammed Mehra, après avoir tué trois militaires français, assassina des enfants Juifs parce que Juifs ; il était né en France, avait suivi les cours d’une école publique pendant plus de dix ans.  Les terroristes de Londres, étaient anglais, nés et scolarisés en Angleterre.  Une accumulation de tels faits mériterait la plus grande attention.  Pour ne pas évoquer l’antisémitisme d’importation répandu dans toute la population d’origine émigrée qui s’apprend avec le naturel de la langue maternelle avec j’ose l’écrire pour certains un silence complice, une compréhension ignoble car s’il y avait à Bruxelles quatre cent mille Juifs et vingt-cinq mille Maghrébins, ceux-là qui se taisent et acceptent, les mêmes, se transformeraient en thuriféraires de l’Etat d’Israël jusque dans ses pires actes.  Je conserve la photo d’un élu socialiste Flamand qui, participant à une manifestation à Anvers, hurlait, éructant, le visage tordu de haine, les lèvres ourlées de bave blanche « les Juifs dans le gaz ! »  Cet élu assume aujourd’hui au  nom de son parti d’importantes responsabilités au parlement régional… sans conteste une intégration réussie !  Un partage de nos valeurs !  Ah ! mais attention, nos valeurs ont peut-être changé ?  L’antisémitisme en fait-elle partie ?  Personne n’ayant cru bon de nous en avertir.

La gauche refuse de voir le réel, c’est une constante, s’il ne cadre pas avec ses fantasmes, prisonnière d’un humanisme généreux mais impuissant, isolant le réel de l’imaginaire, elle croit éviter les drames en ignorant les faits… l’insécurité n’existait pas, seuls les petits vieux éprouvaient un sentiment d’insécurité…tout autre chose n’est-ce pas ?  En ignorant les faits, elle sera considérée comme complice des faillites de l’autorité publique.  On le lui reprochera avec raison pendant longtemps.

En terme de respect de nos valeurs, de défense de la laïcité, à Bruxelles c’est Munich tous les jours !

Ceux qui aujourd’hui gouvernent la fédération auraient avantage à visionner un vidéo d’un congrès du parti Baas au Caire au début des années soixante.  On y voit Nasser raconter qu’il a rencontré un Imam, celui-ci lui avait demandé que les femmes se voilent, Nasser, rigolant, lui avait répondu, qu’il n’avait que se voiler lui-même, toute la salle explosait de rire en applaudissant.  A la même époque, sur les plages d’Egypte, on pouvait voir des femmes en bikini !  Quel recul !  Nasser était-il un « bon » musulman ?  Combien de jeunes filles ou de femmes traversant certains quartiers se font elles insultées car elles n’arborent pas les vêtements qui agréent certains musulmans ?  Un film en a fait la terrible démonstration, ce qui n’a pas empêché les bonnes âmes du politiquement correct de nier ces faits pourtant vérifiables chaque jour dans notre ville.

EXISTE-T-IL DES SOLUTIONS ?

J’ose à peine esquisser quelques pistes, conscient que les gardiens du temple, chiens de garde de la ligne du parti, ou ce qu’ils qualifient de tel,  hurleront… mais bon, pourquoi te cacher que je m’en fiche royalement.

Au plan de la technique électorale, si on veut un équilibre entre les diverses composantes de la population bruxelloise, il est indispensable de limiter les votes de préférence à 3.  Simple à réaliser… seulement un peu de courage !

Au plan des valeurs, pourquoi ne pas imaginer une charte que signerait chaque candidat s’engageant à respecter les valeurs essentielles des Droits de l’Homme et du Citoyen, en particulier l’égalité absolue homme-femme.  Est-ce si compliqué ?

Au plan de la fédération bruxelloise, une charte devrait également être signée par les adhérents reprenant l’ensemble des valeurs sur lesquelles le PS a été fondé.

Au plan de l’enseignement, dans la lutte contre les ghettos scolaires, il est nécessaire de faire sauter les critères géographiques et mettre en place les mécanismes d’une vraie mixité dans toutes les écoles libres et publiques.

Au plan de l’apprentissage des éléments essentiels de notre culture et du respect de la culture des émigrés, organiser des cours relatifs à la culture des enfants émigrés, mettre en place des cours sur l’histoire des religions, sur ce qu’est la laïcité, des cours de citoyenneté qui ne se contenteront pas d’apprendre aux enfants le fonctionnement des feux de circulation ou la propreté bucco-dentaire. Des cours de citoyenneté et de langues devraient être organisés à l’intention des parents.

Au plan des repas scolaires, il n’y a aucune justification à fournir des repas conformes aux prescrits religieux, par contre les enfants doivent avoir le choix de menu de substitution ( végétariens ) ou autres.

Au plan des cours de natation et de gymnastique (niveau du primaire), ceux-ci doivent rester mixtes.

Au plan du logement, mettre fin aux règles absurdes qui conduisent aux ghettos, là aussi doit être imposée une mixité ethnique, sociale et économique

Au plan de l’octroi de la nationalité, celle-ci devrait s’accompagner d’une véritable adhésion à nos valeurs essentielles, sous forme d’un engagement formel et motivé.  Il doit en aller de même pour l’octroi du statut de réfugié.  Pourquoi ne pas oser une large réflexion sur les effets et conséquences de la double nationalité !  Symptomatique d’entendre récemment un député bruxellois d’origine maghrébine se plaindre des effets de la double nationalité qui d’après lui faisait de ceux qui en bénéficiaient des citoyens de « seconde zone. »  Ben voyons !  De quoi s’agissait-il ?  Un Belgo-Marocain ayant été arrêté au Maroc, ce député et quelques autres exigeaient que la Belgique en tant qu’Etat fasse pression pour le tirer de ce mauvais pas.  Le gouvernement répondit que l’intéressé étant Marocain, il lui était impossible de réagir.  C’est ce refus d’intervenir qui faisait dire à ce député que les bénéficiaires de la double nationalité étaient des citoyens de « seconde catégorie » !  Curieuse réaction en miroir ! Cela implique qu’on soit Belge quand cela présente un intérêt quelconque et qu’on est Marocain à d’autres moments.  On ne pouvait mieux démontrer les ambiguïtés de la double nationalité.  Attention,  attention vade retro Satanas,  mettre en évidence de  tels raisonnements vous classe immédiatement dans le camp des pires racistes.

AVENIR ET PROGRÈS, RACINES DE NOS VALEURS.

J’ai déjà évoqué le trouble profond de la social-démocratie dans le monde, les élections qui se succèdent confirment l’effroyable ressac de notre représentation, quasi disparition du Pasok en Grèce, Hongrie, effondrement et division en Grande-Bretagne, phénomène identique en Pologne… dans l’attente de l’inévitable drame qui se profile en France.  Lisant l’historienne française Mona Ozouf, je suis impressionné quand elle constate que si la gauche recule partout c’est notamment parce qu’elle a abandonné deux de ses piliers essentiels, les concepts d’avenir et de progrès.  Ces notions sont les socles ontologiques sur lesquels se sont construits les idéaux socialistes.  Il est donc permis à Régis Debray, tout en se revendiquant de  gauche, d’écrire que pour la première fois, il n’y a plus d’après ni au ciel ni sur la terre.  Incroyablement actuelle la définition du progrès par Michelet « Le progrès n’est pas du tout une ligne droite et suivie, c’est une ligne en spirale qui a des courbes, des retours énormes sur elle-même, des interruptions si fortes qu’il ne recommence qu’avec peine et lentement. »  On croirait qu’il parle de ce que l’on connaît en ce moment ! Aujourd’hui, les annonceurs de catastrophes tiennent le haut du pavé, dominent l’aire médiatique, c’est clairement la profession qui fait florès.  Nous sommes dominés par une eschatologie mortifère.  C’est d’ailleurs philosophiquement passionnant car l’espérance en terme chrétien est donc remplacé par l’annonce d’un  enfer climatique dont nous serions responsables.  Le messianisme marxiste faisant croire aux lendemains qui chantent est battu sur toute la ligne. Après avoir espéré dans l’avenir… c’est l’enfer qu’on nous décrit. Pour le Progrès, c’est pareil, alors qu’il a servi de main courante à toute la philosophie socialiste, le voici avalé, englouti dans un pessimisme général, une méfiance à l’égard de la science.  Qu’il suffise de songer aux efforts qu’il faut déployer pour soutenir les campagnes de vaccination.

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A ce triste panorama s’ajoute la disparition du croquemitaine communiste, lui aussi a sombré étouffé par sa bureaucratie, sa médiocrité et ses mensonges.  Or, les Etats communistes étaient essentiels à la social-démocratie, avec leur disparition, le « bâton derrière la porte » a été brisé.  Le communisme ne fait plus peur, que dire alors de son avatar socialiste.  Il n’est plus possible de soutenir qu’il faut nous céder « un peu » car si ce n’est pas nous… « ce seront les communistes ! »   La chute d’une autre « Goldman Sachs » effraye beaucoup plus !  Ce changement de perspective a tout bouleversé, ce n’était pas la fin de l’histoire comme voulait le faire croire Fukuyama, c’était le début d’une autre histoire mais nous socialistes n’avons rien vu, nous contentant de porter les oripeaux d’un monde disparu.  Dans cette histoire là, d’aucuns voudraient que nous n’ayons plus notre place.  Nous croyions entrer dans l’Union européenne et nous devenions des personnages d’un sinistre « Socialist park ! »

On pourrait croire que ces dernières considérations m’éloignent de la problématique bruxelloise, il n’en est rien !  Car, s’il se joue sur les grandes scènes de l’histoire l’acte tant redouté d’un énorme basculement dans les gouffres de la droite, à Bruxelles, minuscule laboratoire de l’affaissement de nos valeurs, se déroule un vaudeville mal ficelé où le PS bruxellois n’est plus que la caricature de ce qu’il fût.  Impossible d’éviter à Bruxelles que le comique supplante le tragique !  L’esprit dynastique, clanique et communautaire ayant pris la place des principes qui nous ont construits, ce n’est pas « Mr. Smith va au Sénat » mais la fille de la famille Beulemans devient députée régionale, normal, son papa était ministre. Seule question, celle-là toute personnelle, étant de savoir si cela vaut encore la peine de s’indigner, de contester, de se battre.  Faut-il pour se justifier citer Hugo, tiens un type qui croyait dur comme fer dans l’avenir et le progrès, « ceux qui vivent sont ceux qui luttent. »  Le grenier de ma mémoire est trop encombré des glorieux souvenirs des combats de la gauche pour que soit jugulé mon inépuisable réservoir de ressentiments.  Je ne veux pas être l’un de ces nombreux déçus qui pourraient chanter « j’avais rêvé un autre rêve. »   La gauche ne fait plus rêver… tu le sais Elio quand on ne rêve plus… On meurt !

Non ! Notre devoir est de surmonter les renonciations du désenchantement mortel, d’être capables de construire un autre rêve inscrivant les hommes dans un monde plus juste, plus humain dont les valeurs de la gauche resteront le socle !   La gauche, je n’ose pas parler de la gauche bruxelloise, ferait bien de méditer ce qu’écrit le philosophe Michael Foessel quand il suggère que « le fait de ne pas être réconcilié avec son passé constitue peut-être le seul moyen d’avoir un avenir. »

Voilà, Cher Elio, Ite Missa est !  Impossible que tu lises un jour cette pauvre lettre, trop longue, beaucoup trop longue, maladroite, sur les pitoyables successions dynastiques et communautaires à Bruxelles,  finalement dérisoires ; tu règleras les comptes lors de la prochaine négociation communautaire et basta !  Roulez jeunesse…

Mais que m’arrive-t-il ?  Ecrivant ces dernières lignes la tête me tourne tant l’oxygène que je respire maintenant est vif, la grille de lecture imposée aux socialistes bruxellois s’est brisée, les miasmes méphitiques de la pensée unique évaporés, disparus, je vais pouvoir être moi-même. Personne ne me dictera plus ce que je dois dire ou penser !  Soulagé… un mot s’inscrit sur mes lèvres, précieux, irremplaçable, essentiel, vital… LIBRE… enfin !

Hermanus Auguste Merry,
Bruxelles, le 9 Novembre 2015

Sur un sujet similaire :

Caricature antisémite : « Le PS doit réagir, sinon il ne bougera plus sur rien » (Le Vif, 2013)

Merry Hermanus: «Le vote multiple a des effets pervers» (Le Soir, 2015)

mardi, 01 décembre 2015

In Memoriam Heinz Dieter Hansen

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In Memoriam

Heinz Dieter Hansen

Nous venons d'apprendre la disparition de notre ami très cher Heinz Dieter Hansen de Hambourg, animateur de la "Deutsch-Europäische Studiengesellschaft" et fondateur de la série de brochures Junges Forum.

Un hommage mérité lui sera rendu!

17:47 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : heinz dieter hansen, allemagne, hommage, disparition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ironie en ambiguïteit, een Europese uitvinding

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Door: Johan Sanctorum

Ex: http://www.doorbraak.be

Ironie en ambiguïteit, een Europese uitvinding

philosophie,ironieMisschien zijn 'tricheurs' als de Franse komiek Dieudonné wel een sterker wapen tegen IS, dan alle Westerse bommenwerpers samen

Zopas slaagde het hackerscollectief Ghost Sec, gelinkt aan Anonymous, erin om een van de talrijke IS-webstekken in het Dark Web over te nemen en daar boodschappen op te plaatsen zoals ‘IS, neem een pauze, neem een Prozac’. Ook Viagra-reclame is prominent aanwezig op de gehackte site.
Een stunt waar een boeiende doordenker aan vast hangt: als zij terreur zaaien, dan wij ook. Maar niet met bommengordels, en eigenlijk ook niet met tapijtbombardementen. En nog veel minder met morele herbewapening of grote zingevingsprojecten, zoals sommige christelijke fundamentalisten nu hun kans ruiken.

Neen, er is een stukje gen van onze westerse cultuur dat tot dusver ongrijpbaar is voor Mohammed en zijn acolieten: de ironie. Een vreselijk wapen, mits oordeelkundig gebruikt.

In dat opzicht wil ik de verdediging opnemen van de Franse komiek Dieudonné M'Bala M'Bala, door de correctionele rechtbank van Luik veroordeeld tot een effectieve celstraf van twee maanden en een boete van 9.000 euro. De man is bekend voor zijn racistische uitlatingen waarbij vooral joden het moeten ontgelden. Een alliantie van moslims en christenen ziet hij als een uitstekende strategie om de joden uit de wereld te helpen. Humor ver erover, zult u zeggen. Dat klopt. Tegelijk is het een nieuwe uitdaging voor het door ons zo gecultiveerde principe van vrijemeningsuiting, en het recht op smakeloosheid, zoals we ook K3 en Thuis tolereren. Maar er is meer.

De oorlog tegen IS kan niet alleen met bommen of schiettuig gewonnen worden, daar is zo langzamerhand iedereen het over eens. Als het terrorisme gezien kan worden als het drastisch veranderen van spelregels die wij als ‘normaal’ beschouwden, dan is het antwoord niet de morele verontwaardiging maar opnieuw het veranderen van de spelregels in ons voordeel. Elementaire logica, maar vooralsnog schijnen maar weinigen dat te snappen. Dieudonné is in het actuele, gepolariseerde verhaal een moeilijk te plaatsen element, dat maakt juist zijn kracht uit: hij is voor de moslims, zogezegd, maar ook aanhanger van het Front National. Bij wijze van karikatuur worden moslims én christenen verleid tot een oecumenische überkruisvaart tegen de joden, het idee alleen al. Anders gezegd: Diedonné is een terrorist, maar dan een van het woord. Hij doorkruist alle vormen van normaal discours en zou moeiteloos op de thee kunnen uitgenodigd worden in Raqqa, hoofdstad van het kalifaat.

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En hier misrekent de goegemeente zich fameus. Met het optreden van Dieudonné M'Bala M'Bala is een filosofie van het spel gemoeid, waarin het vals spelen een deel van het spel zelf wordt, en de winnaar diegene is die erin slaagt onderweg de regels te wijzigen. Dat vinden wij doorgaans vies, maar vandaag is het dat strategisch vernuft, essentieel verbonden aan de leugen en het sofisme, wat zich tegen het fundamentalisme moet stellen. Allah kan je niet verslaan, tenzij met drogredenen, stoorzenders en Trojaanse paarden. Misschien moeten er ook wat meer nep-radicalen naar Syrië vertrekken. Een uitwisseling als het ware met de nep-vluchtelingen.

En zo vormen zowel het hacken van de IS-webstek als de verbale terreur van Diedonné twee aspecten van een strategie die de jihadisten weglokt van hun uitverkoren terrein: het slagveld en de waarheid. Zowel de cyberoorlog van Anonymous als de meta-humor van de Franse Kameroenees doen me denken aan het sublieme werk van de Franse barokschilder George de la Tour ‘De Valsspeler met de ruitenaas’ (1635). Deze meester had twee gezichten: hij schilderde vrome taferelen, maar tussendoor dus ook een reeks rond leugen en bedrog. Cineast Peter Greenaway liet er zich door inspireren voor zijn ‘The Draughtsman’s Contract’.

De clou is, dat De la Tour de ‘tricheur’ recht in de ogen van de toeschouwer doet kijken, en ons zo mee in het kaarterscomplot betrekt. In de periode dat het Franse rationalisme zich met René Descartes en Blaise Pascal volop ontwikkelt, is dat een kapitale hint: men moet zich in een spel altijd afvragen wat het belangrijkste is, verliezen volgens de regels of winnen tegen de regels. Of: ‘wie niet sterk is, moet slim zijn’.

Mag in het voetbal, het schaken en zelfs in de politiek de Olympische gedachte zegevieren, dan lijkt me vandaag, in de huidige confrontatie, een verschuiving van de spelregels essentieel. En daar hebben wij perfide narren als Dieudonné voor nodig.

Of zoals het Franse spreekwoord zegt: ‘A la guerre comme à la guerre’.

Johan Sanctorum is filosoof, publicist, blogger en Doorbraak-columnist.

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La volonté de sanctuaires...

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La volonté de sanctuaires...

par Julien Rochedy

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un texte de Julien Rochedy, cueilli sur son site Rochedy.fr et consacré à la nécessaire création de sanctuaires culturels, géographiques et humains pour les populations de souche européenne...

La volonté de sanctuaires

Il faut toujours demander à un écrivain de formuler les choses. Tandis que je me perdais dans mes clarifications à propos du thème des communautés qui, accolé à son générique, le communautarisme, faisait que ceux-là même à qui il devait le plus parler se trouvaient bien gênés de l'entendre et de le reprendre, Renaud Camus est venu tout dénuer d'un seul trait. « Les sanctuaires » m'a-t-il dit. « Les sanctuaires », plutôt que « les communautés ». Tout est désormais plus clair.

Des hypothèses

Le problème, dans lequel nous sommes empêtrés, est que nous conditionnons la survie de l'Europe et de la France, dans leur âme, leur essence et dans les peuples qui les composent, à la prise de pouvoir étatique. Parce que, finalement, nous restons très 20eme siècle, voire 19eme, 18eme et 17eme siècle, nous continuons à rester bloqués sur l'idée que la solution à tous nos problèmes ne peut venir que de Papa-Maman l’État. Au prétexte que celui-ci est au service de forces qui nous nient, pour parler comme Venner, on suppose qu'il suffirait de le reprendre, en envoyant des « patriotes » au pouvoir (que ce soit par la démocratie ou la violence, pour les plus chauds d’entre-nous), pour que l'avenir des nos peuples soit assuré. Belle idée, qui fut véritablement effective au siècle passé, quand les peuples européens étaient homogènes et prêts à basculer dans des totalitarismes qui, effectivement, démontraient que la puissance étatique pouvait, à elle seule, changer les mentalités et mettre en mouvement toutes les dynamiques nationales.

Je tiens que cette idée est passée de date, et comme un malheur ne vient jamais seul, le fait que la plupart des gens de bonnes volontés, c'est à dire non-remplacistes, pour parler encore comme Camus, ou simplement encore vivants (et non suicidaires, pour parler comme je l'entends), s'accrochent encore à cette dernière, induit que, finalement, nous perdons un temps fou à courir après des chimères quand il y aurait bien d'autres choses à faire pour sauver ce qui peut encore l'être.

Regardons les choses en face : la prise de pouvoir, un jour, est une hypothèse. Elle est même assez saugrenue. Qu'un parti cohérent, puissant, intelligent, puisse faire 50,01% des voix dans une France remplie de personnes âgées (qui, par nature, fuient en nombre le changement) et de personnes d'origine immigrés (qui, encore par nature, n'ont pas nécessairement les entrailles patriotes) est déjà difficile. Mais soit. Croyons-y. Et après ? Une fois au pouvoir, ce parti, cohérent, puissant, intelligent, que pourrait-il réellement faire ? Engagerait-il, avec le soutien miraculeux des populations, une grande politique de remigration de 15 millions de personnes ? Ou bien, encore par miracle, parviendrait-il à assimiler ces 15 millions de personnes, au point d'en faire de parfaits Français ? Reconnaissons ensemble que tout cela semble compliqué. Mais, encore, soit. Admettons. Il est certain qu'un parti, disons « ami », pourrait déjà faire du bien là ou les autres ne peuvent faire que du mal, et, en effet, je ne crois pas qu'il soit absolument nécessaire d'arrêter touts combats politiciens en vue de prendre l'Etat. Mais reconnaissons ensemble que les chances pour que cela survienne sont, pour être gentil, faibles. Que cela puisse arriver, c'est une hypothèse. Et je ne veux pas conditionner la survie de l'Europe et de la France à, finalement, ce qui n'est qu'une hypothèse. Pour faire simple, il y a trop à perdre pour tout miser sur ce pari.

Besoin de sanctuaires

Quand le monde s'écroule autour de soi et qu'on a compris qu'on ne le sauvera pas, il reste à protéger ce qui est essentiel. Cet essentiel pourra, demain, après demain, bâtir à nouveau de grandes choses, un nouveau monde. Peu m'importe que ma génération et celle de mes enfants perdent l'Etat Français, son administration et son drapeau, si mes petits enfants sont encore des européens, qu'ils vivent en sécurité, savent lire et écrire, qu'ils héritent encore, en quelque sorte, et qu'ils pourront à leur tour transmettre afin que, sans doute, leurs enfants puissent récupérer les terres que nous auront perdu. En attendant que l'hypothèse de la prise de pouvoir disparaisse ou se réalise, il est urgent d'avoir la volonté de sanctuaires.

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Le monde dans lequel nous entrons sera – et est déjà – un monde en grappes. Le peuple, tel que nous l'avons connu, c'est à dire homogène et chevillé à un État qui lui est propre, est déjà une fiction. On peut le pleurer, mais personnellement je ne fais pas parti de ceux qui pleurent. Je sais que la condition principale de la survie est l'adaptation. Il va donc falloir entraîner les peuples européens à s'adapter aux conditions nouvelles du monde dans lequel ils sont projetés.

J'écris tout un essai sur ces conditions nouvelles, donc vous ne m'en voudrez pas si je reste lapidaire dans un texte qui ne peut être que succinct. Toutefois, l'idée-force est que nous sachions nous adapter à ce monde en grappes pour en constituer, nous aussi, un noyau, un pépin, un fruit qui en portera d'autres (car il faut avoir foi en nous). Savoir organiser ceux qui ne veulent pas mourir, les organiser économiquement, culturellement (nécessité d'écoles), esthétiquement, pour leur sécurité aussi, car la réalité nous montrera vite que l'Etat ne pourra pas nous protéger longtemps : voilà quels sont, ou plutôt quels devraient être, les objectifs des derniers Bons européens. Nos sociétés peuvent changer, s'écrouler, pourrir, mais elles ne doivent surtout pas nous changer.

Dans ce besoin essentiel de recevoir et de transmettre, il va falloir avoir la volonté de sanctuaires, lieux, immatériels ou, peut-être bientôt, géographiques, dans lesquels nous pourrons protéger ce qui mérite de l'être au milieu d'un flot de barbaries. Entreprises, écoles, associations, villages, familles, ou que sais-je encore, tout ce qui n'appartient pas à l'Etat et qui surtout ne doit plus lui appartenir, du moins tant qu'encore un parti politique miraculeux n'arrive au pouvoir.

N'oublions jamais que lorsque l'Empire Romain s'est effondré, ses plus beaux éléments (la culture, le droit, etc.) ont pu être sauvés et être transmis car certains romains, qui avaient compris ce qui se tramait, s'étaient réfugiés dans des sanctuaires. Ils purent ainsi transmettre pour les générations futures. De même, je pense souvent à ces Russes qui avaient compris avant les autres que le soviétisme allait s'écrouler, et qui s'étaient réfugiés près d'un lac en Ingrie pour penser ensemble la Russie future. C'est en partie grâce à leur travail que la Russie pût se relever, bien des années plus tard.

En clair et encore une fois : acceptons le monde tel qu'il est, mais sachons tirer notre épingle du jeu. Depuis quand un défi pareil devrait faire peur à des Européens, eux qui ont tout bravé et presque tout créé ?

Personnellement, ça ne me fait pas peur. J'ai même hâte.  

Julien Rochedy (Rochedy.fr, 25 novembre 2015)

American Imperialism vs. the Identity of the World’s Peoples

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American Imperialism vs. the Identity of the World’s Peoples 1

This is the full text of my speech to the National Policy Institute on October 31, 2015.

By Keith Preston

I was very happy when I was asked to speak to this gathering on the topic of the conflict between American imperialism and European identity, and indeed the identity of virtually all of the world’s peoples.

I have been an outspoken critic of American imperialism for several decades now, and as someone who has his political origins on the far Left, for much of that time I was mostly concerned about the relationship between the United States and the underdeveloped world. However, after spending some time in Europe off and on for the past fifteen years, I’ve also come to realize that much of the criticism that can be voiced concerning the relationship between the United States and the underdeveloped world is also quite applicable to the relationship between the United States and Europe.

I will explain why that is in a moment, but first let me say that I consider American imperialism to be the bastard child of European colonialism, and it was child that grew up to be a monster that ended up eating its father. I will explain what I mean by that in a moment as well. But I also think a bit of historical perspective is necessary in order to fully understand this question.

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Two hundred years ago, most of the peoples around the world were still in the hunter and gatherer stage in terms of their level of social evolution. This is something that most contemporary people have no awareness of. It’s certainly something that my students are surprised to hear when I tell them about it. But during the thousands of years that civilization has existed, within the broader context of all of humanity, civilization has still been the exception rather than the rule, at least until very, very recently. While many of the criticisms of European colonialism that are frequently voiced are indeed quite legitimate in my view, it is also true that a major part of the legacy of European colonialism is that is brought the virtues of Western civilization to many other parts of the world. Now, I am not someone who thinks that white, Western civilization is all that there is and that everything else is garbage. That would be a totally ahistorical perspective, in my view. But I would argue that the legacy of European colonialism is comparable to the legacy of Alexander the Great, who brought the virtues of classical Greek civilization to what in the fourth century B.C. (or B.C.E. if we want to be PC about it, I guess I don’t need to worry about that here), but what in the fourth century B.C. was most of the known world.

When I say that American imperialism is the bastard child of European colonialism, what I mean by that is that on one hand America is very much a product of European colonialism. We Americans did get our start as British colonies, as we know. However, it is also true that during the middle part of the twentieth century, the Europeans happened to engage in a particularly fratricidal war, which was probably the most tragic episode in world history, and one of the long terms results of this war was that the old European colonial empires essentially came to an end because their European mother counties had largely been laid to waste during the course of the war.

Now, I have a longstanding debate with a number of friends who are conservatives in the American sense, that is, loyal Republicans who can’t enough of FOX News, we all know the kinds of folks I’m talking about, the kind of people who think that the America of the 1950s was the apex of human civilization. These mainstream conservative types are often a bit bewildered when I explain to them that the reason America achieved what amounted to world dominance in the postwar era is because all of its competitors had been wiped out in the war. All that was left was Communism, which was a severe aberration, and the Third World which was largely mired in a pre-industrial state. With economic and geopolitical competitors of that type, of course the United States achieved world dominance. And, in fact, the United States stepped in and essentially picked up where the older European colonial empires left off. During the Cold War period, many of the former European colonies in Asia and Africa became American clients, and along with the American puppet states in Latin America, which represented the United States’ traditional sphere of hegemony, all of these nations collectively became outposts of the American empire.

However, I would argue that American imperialism is different in character from European colonialism. European colonialism, in my view, was very much comparable to the old Roman empire of antiquity. The Roman Empire was certainly interested in exercising political, military, and economic hegemony over their subject peoples. However, the Roman Empire normally allowed its subject peoples to retain their own local cultures, traditions, religions, and ethnic identities. The Romans were mostly just concerned with collecting taxes and preventing rebellions, and not trying to transform their subject peoples in a fundamental way. Now, the subjects of the empire were expected to participate in the state cult of the emperor, but for most of the peoples of the Roman Empire this was not a problem since they were polytheists anyway. In fact, that’s what got the Christians into so much trouble with the Roman authorities. As monotheists, they could have only one god. The Jews were actually exempt from participation in the state cult, by the way, but the Romans refused to extend that privilege to the Christians as well. I guess they figured once was enough.

But as far as the difference between American imperialism and European colonialism is concerned, I think something I observed the first time I ever went to Europe illustrates this dichotomy quite well. When I first ventured to Europe, one of the first things that I noticed was how old everything was: the architecture, the designs of the streets and the sidewalks, the public buildings, the art, the museums. Yet everywhere in the midst of this very old European cultural experience, I saw signs of Americanization. I recall, for example, observing scenery where these very old cathedrals would be intermixed with signs advertising American fast food restaurants, like McDonald’s, or Burger King, or Kentucky Fried Chicken. As an American this was no big deal to me personally because I was already used to seeing this crass commercialism everywhere I went, but I recall thinking at the time that if I were a European I would be extremely offended by this form of cultural imperialism that was all around.

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I think this experience illustrates very well a crucial difference between American imperialism and more traditional forms of imperialism or colonialism. American imperialism has a quasi-religious quality to it in the sense that it is not just about to whom taxes get paid, but instead it is about changing the way that people live in a much wider sense, changing the way they think, and altering their identity in very fundamental ways. And I think this is true of American imperialism as it pertains to Europe as much as it pertains to other parts of the world. But we see examples of this everywhere. A friend of mine, a national-anarchist by the name of Welf Herfurth, tells the story of visiting Saigon in Vietnam, supposedly a Communist nation, and observing Vietnamese youngsters on the streets of Saigon trying to emulate the mannerisms of American rap singers. Today in Japan, for the first time ever, the Japanese are starting to have a problem with obesity. Now, when we think of the Japanese we normally don’t think about fat people. We think of healthy people who have traditionally enjoyed comparative long life expectancies because of their healthy diets of fish and rice. However, due to the importation of American fast food culture into Japan, the Japanese are now starting to experience problems with obesity and the health difficulties that result from this.

American imperialism is not merely about exercising political hegemony, it is about facilitating what is thought to be a moral transformation of other peoples and cultures. And as I said, I believe there is a quasi religious mentality associated with this kind of moral crusading. One thing that is distinctive about Christianity is that it teaches that temptation is just as great a sin as acting on temptation. For example, Christianity teaches that hating someone is as great a moral failure as murdering them, or that desiring another man’s wife is the same as actually adulterating the wife of another. Most ethical or religious philosophies teach that the essence of virtue is the process of overcoming temptation or refusing to give in temptation, not that merely experiencing temptation and succumbing to temptation are one and the same. I believe that the morality that drives the ideology of the contemporary Western world is a secularization of this kind of traditional Christian blurring of the distinction between thoughts and actual deeds. For example, it has always seemed to me that the real problem that liberals and leftists have with racism, or homopohia, or patriarchy, or whatever Ism or Archy or Phobia happens to be on the chopping block this week, is not necessarily any tangible or identifiable harms that are associated with these as much as the mere idea that someone, somewhere, somehow might think racist or homophobic thoughts. It is the impurity of their hearts and not the malevolence of their deeds that is somehow the real problem. The greatest fear of the Left is that someone might be hiding away in a broom closet thinking about racism.

This is the morality that I also believe guides the American Empire. In fact, when the Islamists refer to American imperialists as the modern Crusaders, I think they have a point, not necessarily in the way they mean it, but it is an apt analogy. As an illustration, in a speech delivered in Chicago in June of 2014, Hillary Clinton suggested that if she were to become President of the United States that feminist ideology would be a central component part of her approach to foreign policy, and we can only imagine where that will eventually lead. Earlier this year, we observed the spectacle of President Obama traveling to Kenya in order to lecture their president on gay rights. And, of course, we remember the uproar a few years ago when a number of political forces in the Western world were calling for a boycott of the 2014 Winter Olympics in Russia over Russia’s failure to, I don’t know, endorse gay marriage or whatever the problem was. In 1980, the United States under President Carter boycotted the Olympics in Moscow because of the Soviet Union’s invasion of the sovereign state of Afghanistan. Less than thirty-five years later, we saw Americans and others calling for a boycott of the Olympics in Russia in the name of gay rights, which I suppose says a great deal about the direction that the Western world has gone in during the past third of a century.

And we see that this liberal crusader mentality has produced disaster all over the world.

Recall, for example, the so-called “Freedom Agenda” of the former Bush administration, and that was part of the ideological rationale for the war in Iraq. I suppose we can gauge how well that worked out by observing what a paradise Iraq is today. Remember the military action against Libya in 2011, led by the Obama administration, and ostensibly under the pretext of defending human rights, which led to the creation of the failed state that Libya is today. Recall the so-called “Arab Spring” and the efforts of the United States to undermine secular governments in Arab nations, in the name of spreading democracy, which is supposedly something that all people everywhere want, irrespective of their history, culture, or traditions, I guess because Francis Fukuyama told us so, or whatever. But the real impact of the “Arab Spring,” as Mr. Putin recently pointed out, was the coming to power of Islamists in some countries and the growth of terrorist organizations in others. So we are able to plainly see that all of this crusading for democracy and human rights has actually led to a reduction of democracy and human rights, or at least a reduction in humans.

Now, aside from the loss of blood and treasure that has been generated by American military imperialism, we are also able to observe the loss of identity that is taking place because of American economic and cultural imperialism. In nation after nation around the world, American television, popular music, popular culture, fashion, media, fast food, and consumer culture are increasingly everywhere. It’s as if the ambition is for the entire planet to become one giant, universal Wal-Mart. And what is happening is that the unique identities of people all over the world are being eradicated.

There are essentially three kinds of identity that are acceptable according to the value system on which American imperialism is implicitly based. One of these is the identity of a subject to state. Notice that I didn’t say “citizen.” I said “subject.” There is the identity of the worker or the professional, whereby someone’s identity comes to be defined by their place in the economy. And there is the identity of the consumer, the role of the individual as a participant in the marketplace. No other form of identity is acceptable within the context of this particular paradigm. Not ethnicity, not nationality, not race, not culture, not religion, not history, not tradition, not community, not ancestry, not family, and apparently, not even gender. Instead, the ambition is to create masses of helots that function merely as deracinated, working, consuming, tax-paying, obedient drones without any connection to the past, no regard for the future, no folklore, no distinctiveness, and no serious aspirations. That is the vision that is implicit in the rhetoric and in the practice of the American Empire.

Now, the question that emerges from this critique of the American Empire and its impact on the identities of the world’s peoples is the matter how to go about building resistance. This question in turn raises some very fundamental geopolitical questions. I have a generally optimistic view because already we see significant pockets of resistance developing all over the world. I interpret present day international relations largely in terms of what I call “Team A” versus “Team B.” Team A is the dominant coalition with the framework of the international power elite, or the international plutocracy, or international capitalism, or whatever you want call it. This dominant coalition is what I call the Anglo-American-Zionist-Wahhabist axis consisting of the United States as the senior partner, along England, Israel, Saudi Arabia, the other Gulf States, and most of the member states of NATO and the European Union as junior partners.

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As far as the present day relationship between Europe and the United States is concerned, I’m inclined to think that it was ironically Mao tse-tung who had the best analysis of that. In the early 70s, Maoist China developed what they called the “three worlds theory,” which is not the same thing as the idea of the First, Second, and Third World that you found in Western political theory during the same period. Instead, the Maoist model argued that the world order of the time consisted of the First World, which was the United States and its satellites, including Western Europe, the Second World, which was the Soviet Union and its satellites, and the Third World of what they considered to be exploited nations. And I would suggest that a modified version of this theory is still applicable, with the modification being that the Second World has disappeared, and that most of the former Soviet satellites have become American satellites with Russia losing its superpower status.

And out of this situation is emerging what I call Team B. The foundation of Team B is what I refer as the triangular resistance, that is, three distinctive blocks of nations that are emerging in opposition to American imperialism. The most significant of these is the emergence of the so-called BRICS, that is, the economic alliance of Brazil, Russia, India, China, and South Africa. There is also what is called the Resistance Block in the Middle East, which consists of Iran, Syria, Hezbollah, a variety of Iraqi and Palestinian groups, the Houthi in Yemen. The third pattern of resistance consists of what I call “resistance nations” or resistance movements in Latin America that resist their own incorporation into the American Empire. This block also includes Brazil, Venezuela, Cuba, Ecuador, Bolivia, and Argentina with varying degrees of consistency, as well as the wider set of Latin American populist movements that these nations to some degree represent. In addition to these three blocks of resistance, there are also outliers like Belarus, North Korea, Zimbabwe, and the Kurdish independence movement that has recently emerged. There are also a variety of non-state actors around the world reflecting a wide range of identities that are resistant to incorporation into the American empire ands program of global liberal capitalist imperialism. So resistance is building everywhere even as the weaknesses of the American empire become increasingly obvious.

In particular, Russia, China, and Iran have emerged as bulwarks against U.S. imperialism, and we have in recent times seen a greater cooperation between these nations, for example, in the currency swap agreement between Russia and China, or the collaboration between Russia and Iran in the war against ISIS, and I have seen discussion recently concerning the possibility of Iran joining the BRICS alliance.

Ultimately, however, we also need an independent and self-assertive Europe. If I could give any advice to the European nations it would be to break out from underneath the American Empire, dissolve NATO, and claim self-determination for themselves, and this includes military self-determination as well as political, economic, and cultural self-determination. The United States is on its way to becoming a failed state, with a $19 trillion national debt, the largest national debt in world history, and a society where virtually all of its institutions are increasingly dysfunctional. This is not system that will go on forever. Those of us who are Americans should be preparing ourselves for a post-America. Meanwhile, the Europeans should, in my view, strive to reclaim their own heritage and destiny. Ultimately, however, the salvation of Europe is dependent upon the abolition of the American Empire.

Thank you for listening to me.

Gilles Kepel: «Le 13 novembre? Le résultat d'une faillite des élites politiques françaises»

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Gilles Kepel: «Le 13 novembre? Le résultat d'une faillite des élites politiques françaises»

Ex: http://www.letemps.ch

Politologue et sociologue, Gilles Kepel est internationalement reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du discours djihadiste et de l'islam en France. Il revient sur la dernière vague de terreur qui ébranle la France, bien trop prévisible pour l'intellectuel quelque peu désabusé de prêcher depuis des années dans le désert. Entretien.

Au lendemain des attentats du 13 novembre, un message de revendication était diffusé sur le Net par la voix d'un converti français. «Rhétorique pseudo-islamique à la sauce des banlieues populaires françaises», réagit aussitôt Gilles Kepel.

GK4.jpgPolitologue et sociologue, Gilles Kepel est internationalement reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du discours djihadiste et de l'islam en France. Voici plus de trente ans qu'il étudie en parallèle l'émergence de l'islamisme radical dans le monde arabe et l'évolution des musulmans dans son pays. Son dernier livre «Terreur dans l'Hexagone» devait paraître en janvier. Gallimard, son éditeur, a anticipé la sortie au 15 décembre, avec un avant-propos sur la dernière vague de terreur qui ébranle la France. Un acte bien trop prévisible pour l'intellectuel quelque peu désabusé de prêcher depuis des années dans le désert. Nous l'avons rencontré dans son bureau parisien de Sciences Po.

Le Temps: Le 13 novembre est la conclusion tout à fait logique de votre livre, dites-vous?

Gilles Kepel: Il y a un mois, avant même sa sortie, on m'accusait de faire un titre sensationnaliste pour me faire remarquer. Aujourd'hui, il est un peu en-deça du tambour de la presse qui titre partout «guerre, guerre, guerre». Là, je suis un peu plus dubitatif. Toute ma vie universitaire, j'ai essayé de marcher sur deux jambes, l'une étant ma formation d'orientaliste arabisant éduqué au Moyen-orient, et l'autre qui était la filière française et européenne, avec l'étude des banlieues de l'islam – c'est malheureusement la jonction entre les deux qui s'est produite avec les attentats djihadistes de 2015 en France. Cela ne m'aurait pas gêné que le monde soit différent de ce que je craignais qu'il devint.

GK1.jpg– Vous semblez désabusé.

– J'en veux à la fois à l'université française qui a détruit complètement les études arabes au moment même où Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu déclenchant la révolte arabe, et à nos dirigeants.

– C'est-à-dire?

– Je fais une critique au vitriol de la façon dont nos élites politiques conçoivent la nation. La France - peut-être pour un Suisse cela apparaît-il de façon claire - est gangrenée par une haute fonction publique omnisciente et inculte qui méprise l'université, notamment les études qui sont dans mon domaine. Donc on a abouti à ce à quoi on a abouti… Le monde du renseignement s'est endormi sur ses lauriers après s'être débarrassé de Kelkal (Ndlr, terroriste d'origine algérienne qui a commis plusieurs attentats en France avant d'être abattu par la police fin 1995), jusqu'à Merah, et finalement il n'a pas compris le passage au djihadisme de 3e génération. Il y a aussi une incapacité à comprendre ce qui se noue dans la sédentarisation de l'islam de France, ses acteurs, le jeu des élus avec le salafisme pour avoir la paix sociale. C'est l'incapacité globale de notre élite politique.

– On a presque l'impression d'entendre Michel Houellebecq qui, dans une tribune publiée dans le New York Times, traite le premier ministre de «demeuré congénital» et vomit les élites.

– Je n'utiliserais peut-être pas les mêmes termes. Le chapitre six de mon livre commence par Houellebecq puisque la journée du 7 janvier a commencé avec son interview à la matinale de France Inter. Encensé par la presse pour son livre précédent qui avait obtenu le prix Goncourt, Houellebecq est alors brûlé par la même presse sur le thème «C'est un islamophobe». Ce matin-là, Caroline Fourest interpelle Houellebecq. Il dit : «Oui, euh, oh, oui, oui… (il imite la voix de Houellebecq), je crois pas avoir lu de ses livres. Je me suis documenté pourtant, je me suis arrêté à Gilles Kepel. » A ce moment-là le téléphone se met à chauffer, des collègues m'objurguent de me désavouer d'avec Michel Houellebecq, islamophobe. Je n'en fais bien sûr rien. Je viens ensuite dans mon bureau et c'est là que j'apprends l'attaque contre Charlie Hebdo. Et je dis à mes collègues: maintenant ils vont tuer des «apostats» et des juifs. J'avais lu et traduit en français Abou Moussab al-Souri, le théoricien de ce nouveau djihad qui avait rompu avec Ben Laden. Il avait expliqué que c'en était fini avec l'Amérique, la stratégie d'Al Qaida avait été un échec, c'était de l'hubris. Il fallait désormais attaquer le ventre mou de l'Occident, l'Europe, pour y déclencher une guerre civile en utilisant la population mal intégrée et les camps d'entraînement au Levant. Tout cela, je l'ai écrit dans «Terreur et Martyre» paru en 2008 mais personne ne s'y intéressait à l'époque – et c'est effectivement ce qui s'est passé. Aujourd'hui certains disent qu'al-Souri est mort. On n'en sait rien, mais cela n'a plus d'importance car ses textes continuent de circuler, dans le monde du tweet il n'y a plus d'auteur.

– Vous avez lu «Soumission»?

– En fait, l'éditrice de Houellebecq m'avait demandé de regarder les épreuves avant la publication de «Soumission» pour voir dans quelle mesure il courait un risque. J'avais dit que de mon point de vue, il n'y avait rien qui porte atteinte aux valeurs sacrales de l'islam, il n'insulte pas le prophète. Il ironise sur ce Mohamed Ben Abbes, fils méritant d'épicier tunisien, énarque et polytechnicien qui devient président de la République. C'est une fiction, assez drôle (il ne faut bien sûr pas la suivre comme étant la réalité, la réalité est différente), mais qui attrape assez bien un certain nombre de clivages de la société française. Il force le trait mais c'est un livre très intéressant. Notez que les quatre auteurs de langue française les plus fameux ou primés de l'année sont Houellebecq, Hédi Kaddour, Boualem Sansal et Mathias Enard, qui tous traitent de ces sujets. Cette année 2015 aura commencé par Charlie et l'Hyper Cacher et s'achève avec d'une part avec la pègre djihadiste – parce que c'est une pègre, on n'est plus du tout à l'époque de Ben Laden et Zawahiri. Tous les éléments de l'enquête sont hallucinants: la dérive d'Abdel Hamid Abaaoud, qui erre après l'attentat au Bataclan, prend le métro à Montreuil,  et qui finit grâce à sa cousine dans ce squat sordide de Saint-Denis où il est abattu - et la victoire attendue de Marine Le Pen aux élections régionales d'autre part. Cela veut dire qu'il y a un séisme dans la société française et que nos élites sont défaillantes.

– C'est-à-dire?

– C'est-à-dire que les clivages dans la société font un peu penser au 18e siècle avant la révolution française.

GK2.jpg– Cela signifie-t-il la stratégie d'Al-Souri de guerre civile s'impose ?

– On n'en est pas là. Quand François Hollande dit «C'est la guerre», «Nous sommes face à une armée djihadiste», on a l'impression qu'il se regarde au miroir que lui tend Daech. Moi je ne crois pas à cela. Une guerre se mène contre un Etat. L’État islamique est-il vraiment un Etat ? Non. Si guerre il y a, elle est au Levant. C'est le fait d'une coalition internationale qui a décidé de se débarrasser de Daech. Mais, prise dans ses contradictions, elle ne marche pas.

– Pourquoi?

– Les Turcs, au fond, trouvaient que Daech c'était pas mal puisque que cela permettait de tenir les Kurdes en laisse. Et puis ils leur achetaient du pétrole à très bas prix. Les Saoudiens et les gens du Golfe trouvaient eux que Daech permettait d'avoir une force efficiente pour détruire le système assadien, allié de l'Iran et donc d'affaiblir le croissant chiite. Les Russes au fond trouvaient eux aussi que Daech c'était plutôt bien puisqu'ils bombardaient les «djihadistes modérés» comme disent un certain nombre d'ânes de la politique étrangère française. Entre Assad et Daech, il y a un équilibre dans l'horreur, mais il faut bien voir que ce n'est pas Assad qui fait les attentats en France. Et pour cela, la ligne de la politique française, qui faisait de la «neutralisation» d'Assad un préalable, a changé. C'est le sens de la recherche par François Hollande d'une coalition qui a la neutralisation de Daech comme priorité, désormais...

– D'autres attentats les ont précédés, à Beyrouth, l'avion russe…

– Pour les Russes, Daech est désormais un vrai problème. Même s'il n'a pas d'opinion publique à proprement parler, Poutine est obligé de montrer qu'il fait quelque chose contre ceux qui ont détruit l'avion russe au Sinaï, des enfants sont morts comme ici dans le 10e et le 11e arrondissement. Mais aujourd'hui, il y a eu un deuxième avion russe abattu, par la DCA turque, et cela montre les limites de la coalition! De son côté, Erdogan a remporté à nouveau les élections, mais il a besoin de se refaire une virginité en Occident car son image s'est beaucoup dégradée. Il met donc des moyens contre Daech - on verra jusqu'où... Quant aux Saoudiens, ils sont très ennuyés par cette histoire car Daech apparaît maintenant comme une source de légitimité islamique face aux régimes corrompus et occidentalisés de la péninsule. L'auteur algérien Kamel Daoud a écrit que «l'Arabie saoudite c'est Daech qui a réussi». Il y a de ça. Le régime saoudien voit avec beaucoup d'inquiétude la possibilité que Daech s'empare de Damas. Selon les prévisions apocalyptiques salafistes – des propos du prophète remis à la mode du jour - c'est de Damas, Sham en arabe, que viendra l'apocalypse, moment à partir duquel l'islam se répandra à la surface de la terre. Tout cela, on y croit en Arabie saoudite, c'est ce que diffusent les oulémas saoudiens. Si Damas tombe aux mains de Daech, Médine et La Mecque ne pourront plus grand-chose pour protéger le régime. Il y a une vraie inquiétude.

GK3.jpg– Daech est devenu un concurrent.

– Le concurrent d'un régime qui a par ailleurs changé. Il s'est considérablement rajeuni. Longtemps, lorsque des Saoudiens venaient me voir, je passais pour un bambin, ils avaient 80 ans. Aujourd'hui je me sens un vieillard. Dans l'entourage des princes héritiers, ce sont des gens qui ont 35 ans qui sont aux commandes. C'est extrêmement rapide, comme ailleurs dans le Golfe. Il y a donc beaucoup de gens qui ont aujourd'hui intérêt à battre Daech. Mais sur le sol européen, on ne peut pas parler de guerre. C'est une opération de police qui implique d'avoir un renseignement efficace et le renseignement préventif ne l'est pas, Schengen n'aide en rien. Ils sont parfaitement capables de se faufiler dans tous les interstices possible. La différence, c'est qu'en janvier vous aviez des gens ciblés : des «islamophobes», des «apostats», des juifs. Là ils ont tué tout le monde de manière indiscriminée en visant la jeunesse bobo-branchée du Xe et du XIe arrondissement, ainsi que les jeunes issus de l'immigration qui habitent aussi ces quartiers.

– Avec quel but ?

– Un: terroriser l'adversaire. Deux: viser des soutiens auprès de sympathisants. Le 11 janvier, il y a eu une immense manifestation «Je suis Charlie». En même temps, un certain nombre de jeunes «issus de l'immigration» disaient «Chah», ce qui veut dire «Bien fait!» en arabe maghrébin dialectal, ou «Je ne suis pas Charlie». Vous aviez aussi des milliers de «like» pour Merah sur les pages Facebook. En janvier, ils ont mobilisé des soutiens. Là, en novembre, très peu. Il y a très peu d'affirmation d'identification à Daech.

– C'est une rupture, ils sont allés trop loin ?

– Oui. Il est possible que ce soit de ce point de vue-là un vrai souci dans leur stratégie.

GK5-130561514.jpg– Si l'on revient à la guerre de Hollande contre Daech, cela représente un tournant pour un pays qui se montrait le plus intransigeant face à Bachar al-Assad...

– Il a perdu de sa crédibilité pour monter une coalition. Au départ, il y avait ici une ligne selon laquelle la Syrie était notre guerre d'Espagne. Le dire semble romantique, mais c'est une idiotie. Car cela veut dire que toute personne qui va se battre en Syrie le fait avec la bénédiction de l’État. Et c'est ce qui s'est passé avec les djihadistes. C'était un manque de vision, un manque de connaissance. On était tous focalisé contre Assad, pour lequel je n'ai pas de sympathie, mais le résultat est qu'on n'a pas vu venir Daech. Aujourd'hui, cette ligne a été mise sous le boisseau puisqu'on cherche à s'allier avec les Russes pour se débarrasser de Daech. Notez que les Russes non plus ne sont pas des fans d'Assad. Ils ont préservé Assad parce que c'était la façon de garder leur position sur place.

– Et pourtant Daech est en partie une créature d'Assad.

– Bien sûr. Longtemps, ils ne se sont pas battus entre eux. Daech se battait contre les autres rebelles, le régime était très content. C'est un peu la même tactique que les Russes avaient préconisée en Algérie pour combattre la rébellion dans les années 1990, c'est-à-dire susciter des ultra radicaux qui se battent entre eux. Finalement l'explosion de la violence dégoûte les sympathisants. C'est ce qui s'est passé en Algérie en 1997, puis en Egypte aussi. Est-ce qu'on en est arrivé à ce point avec Daech en France, c'est trop tôt pour le dire. De leur point de vue, sur le plan quantitatif, ils ont tué beaucoup plus de monde qu'en janvier.

– Comment définissez-vous le djihad à la française?

– Il y a toute une histoire française qui est passé par la communauté d'Artigat, dans l'Ariège, où l'on retrouve Thomas Barnouin, qui est le grand idéologue du djihad francopohone, la fratrie Merah, des convertis comme les frères Bons. Quand vous appelez les djihadistes français au téléphone, me disent ceux qui sont à leur contact, vous avez parfois un fort accent du sud-ouest, au bout du fil... pas seulement un accent reubeu...

– Dans ce djihadisme made in France, quelle est la part d'explication relevant de facteurs économiques et sociaux, des problèmes d'intégration de l'immigration, des dérives sectaires ou religieuses, de la criminalité ?

– C'est un mélange. La criminalité se retrouve dans les cas les plus lourds: Merah, Kouachi, Coulibaly, Abdeslam, Abaaoud. C'est l'itinéraire de braqueurs. Et c'est l'incubateur carcéral qui a joué un rôle clé pour transformer ces braqueurs en djihadistes. Le passage par la prison est fondamental. Là encore, vous avez une défaillance des élites politiques françaises: tous ces types sont devenus extrêmement dangereux durant la décennie 2005-2015, quand ils sont passés en prison, sous le contrôle de l'administration pénitentiaire.

– Quelle doit être la riposte?

– Emmanuel Macron posait cette question dimanche dernier: comment s'est constitué le terreau et pourquoi la machine à intégrer ne marche plus. J'ai travaillé en Seine St-Denis pendant une année, cinq ans après les émeutes de 2005, pour comprendre comment la rénovation urbaine s'était mise en place, mais le travail est toujours absent. Il faut qu'il y ait des stratégies éducatives qui permettent à des jeunes d'occuper des emplois auxquels ils sont aujourd'hui inadaptés en sortant de l'école. L'école est décrédibilisée parce qu'elle n'apporte pas d'emploi, du coup les valeurs qu'elle enseigne - c'est-à-dire la laïcité - sont nulles et non avenues dans l'esprit de nombreux jeunes de milieux défavorisés. On est dans un cercle vicieux. Le terrorisme n'est pas quelque chose de génétique: c'est l'aboutissement d'un processus dans lequel les utopies d'extrême-gauche et d'extrême-droite sont tombées en déshérence, en putréfaction. Le djihadisme rattrape aussi tout cela.

– Qu'en est-il des autres causes?

– Il y a l'explication psychiatrique. Le père a généralement disparu et la mère se retrouve seule face à des fratries avec une substitution du père par les pairs et la projection dans le départ en Syrie pour redresser les torts privés et publics.

– Et il y a le salafisme.

– Il y a un débat à ce propos. Des gens vous disent que c'est formidable, parce que cela maintient la paix sociale. On voit émerger des communautés, parfois d'anciens gauchistes, comme celle d'Artigat en Ariège, passée du chichon à la charia. Le problème est de savoir quand le salafisme dit «quiétiste» bascule dans le salafisme djihadiste. Les quiétistes disent qu'ils n'ont rien à voir avec les autres. Je pense que ce n'est pas si simple. Artigat en est un très bon exemple. Au départ cela se veut quiétiste, on fait de la poterie. Finalement, toute la mouvance djihadiste du sud-ouest passe par là, de Merah au frères Clain qui ont lu et psalmodié le communiqué de Daesh après le 13 novembre. Le problème du salafisme est la rupture en valeurs avec les normes de la société ambiante. Et à partir du moment où vous êtes en rupture en valeurs, le substrat du passage à l'acte est là, même s'il n'a pas toujours lieu.

– Et ce passage du salafisme quiétiste au djihadiste est dû…

– … essentiellement à des raisons affinitaires. Quand vous êtes dans ces milieux désocialisés, que vous avez un gourou qui est éloquent, vous basculez.

– Le salafisme nous ramène à l'Arabie saoudite puisqu'il en est la source. Peut-on lutter contre le salafisme tout en vendant des armes à l'Arabie saoudite ? N'est-on pas là au coeur de la contradiction française?

– C'est très complexe effectivement. Le budget de la France doit beaucoup à la vente d'armes financées par les Saoudiens, que ce soit pour l'armée égyptienne, l'armée libanaise ou pour eux-mêmes. Quelles sont les contre-parties à ces budgets, ça je ne le sais pas.

– Les Saoudiens ne financent-ils pas les prédicateurs salafistes qui créent le terreau de la terreur?

– C'est difficile à dire quand vous n'avez pas vous-même accès aux organismes qui traquent l'argent. Mais l'influence de ces prédicateurs sur les réseaux sociaux est immense.

La grande hyperbole eurasienne

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La grande hyperbole eurasienne

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Elle nous mène d'Ukraine à Taïwan en passant par Daech, Poutine et Turquie, sur un échiquier qui se réchauffe...

Ces dernières années, Syrie et Ukraine ont été, suivant le principe des vases communiquant, les deux mamelles de la Guerre froide 2.0 : la Syrie jusqu'à l'automne 2013 et le glacial accord russo-américain, l'Ukraine qui prend le relais jusqu'à l'été 2015 et les accords de Minsk II, de nouveau la Syrie depuis septembre et l'intervention russe. De là à penser que quelqu'un (beau temps à Washington ?) allume des feux pour fixer Moscou, il n'y a qu'un pas...

Or, pendant que la case syrienne est plus que jamais en feu, il semble que la case ukrainienne recommence doucettement à se réchauffer. Il ne faut certes pas (encore ?) dramatiser la situation mais certains développements récents sont préoccupants.

Nous avions laissé l'Ukraine dans son conflit gelé, suite logique de l'accord de Minsk imploré par les Européens et convoité avec délice par Moscou. Non contents d'enfoncer leur pays dans une situation dramatique - PIB en chute libre de 15%, exportations en dégringolade d'un tiers - ou peut-être justement pour faire oublier ces piteuses déconvenues bien loin des promesses du Maidan, les clowns de Kiev reprennent une logorrhée vindicative que l'on n'avait plus entendue depuis quelques mois. Ca a commencé il y a cinq jours par le black-out électrique de la Crimée suite au sabotage de lignes à haute tension par les néo-nazis du Pravy Sektor si chers à la mafia médiatique de Saint-Germain-des-Prés. A ce propos, notons que l'Occident s'est à nouveau couvert de ridicule et de honte à l'ONU en refusant de voter, comme l'année dernière, un texte condamnant la glorification du nazisme - les Etats-Unis, le Canada et évidemment l'Ukraine se sont prononcés contre, l'Union Européenne s'est courageusement abstenue...

Deux jours plus tard, des instructeurs de l'OTAN (les habituels suspects : Américains, Canadiens et Lituaniens) commencent à entraîner des militaires ukrainiens dans la région de Lvov tandis que l'Ukraine, par la voix de son premier pitre ministre interdit son espace aérien à tout avion russe. Enfin, il semble que la tension soit remontée d'un cran sur la ligne de cessez-le-feu du Donbass, avec l'envoi par Kiev d'une quarantaine de chars et que des obus recommencent à pleuvoir sur le Donbass (jusqu'à 70 par jour selon l'OSCE). Dans le même temps, sur ordre du gouvernement, Naftogaz renonce aux achats de gaz russe, ce qui fera évidemment dire à l'imMonde que la Russie coupe le gaz à l'Ukraine...

Que mijote donc Kiev ? Est-ce un simple et puéril coup de menton ou les parrains US du régime ont-ils activé un nouveau plan afin de créer un point de fixation pour la Russie et l'obliger à s'activer sur deux fronts différents ? Ou plus simplement augmenter la tension et ainsi prolonger de nouveau les sanctions. Si ça ne les arrange pas du tout, les Européens, dociles caniches de l'empire, devront ravaler leurs chuchotées protestations.

En tout cas, ça chauffe autour de la hautement stratégique Mer noire. Au nord, l'Ukraine et la Crimée. Au sud... la Turquie. Nous disions qu'Ankara regretterait bientôt son coup de folie ; c'est apparemment déjà le cas si l'on en juge par la demande d'Erdogan de rencontrer Poutine pendant le sommet de Paris, proposition sèchement refusée par le maître du Kremlin. L'ours est en colère et les danses du ventre byzantines n'y changeront rien, ce que commence à comprendre avec un peu de retard le sultan...

Les accusations de complicité pétrolière entre Ankara et Daech se précisent et font leur trou dans la presse occidentale ; au contraire de ses dirigeants, l'opinion publique des pays de l'OTAN est échaudée par la flagrante complicité avec Daech et l'arrestation "pour trahison" de journalistes ayant documenté la fourniture d'armes aux djihadistes syriens. En même temps, de plus en plus de voix se font entendre qui critiquent vertement le comportement de l'aviation turque, y compris au sein de la hiérarchie militaire américaine (ici et ici).

Après les lourdes mesures de représailles russes hier, c'est une nouvelle avalanche qui tombe sur Ankara. Le régime de visa est rétabli pour les Turcs. Plus grave, la Russie prépare une résolution à l'ONU sur le financement du terrorisme qui va mettre la Turquie au supplice. Enfin, Lavrov, qui a d'ailleurs prévenu qu'Ankara avait franchi la "ligne rouge", a annoncé que Russes et Syriens étudiaient le moyen de sceller la frontière syro-turque, empêchant l'approvisionnement des djihadistes (et, dans l'autre sens, le transport du pétrole vers qui vous savez).

Tout cela sans compter l'éventuel armement des Kurdes ! Le petit moment de gloriole de Ben Erdogan risque fort de se transformer en harakiri sultanesque ; en quelques jours, il a tout perdu...

A propos d'avion, les Israéliens, moins fous que les Turcs, ont fait savoir qu'ils ne tireraient en aucun cas sur un jet russe même si celui-ci débordait légèrement sur son espace aérien. Quand au gouvernement irakien, il a menacé d'abattre tout avion qui aiderait Daech. Dans le contexte actuel, le message est adressé à Ankara (et peut-être aux Etats-Unis, même s'il paraît assez inconcevable que Bagdad puisse les menacer).

Sur le terrain syrien, l'armée continue de reprendre villes et villages, même si la reconquête est difficile et relativement lente. Mais la balance de la guerre a changé, sans doute définitivement. Assad ne regagnera peut-être pas tout mais ne perdra plus maintenant. Laurent "Al Qaeda fait du bon boulot" Fabius l'a sans doute compris, lui qui vient de déclarer que, ô sainte horreur, finalement oui, l'armée syrienne pourrait être associée à la guerre contre Daech. Fafa la tulipe et Flamby retournent leur veste à la onzième heure ou, plus simplement, ils ouvrent les yeux après des années de coma délirant.

Ca va donc plutôt mal pour les Américains - est-ce la raison du regain de tension en Ukraine ? -, pour les Saoudiens et pour les Turcs. Mais plus encore pour leurs filleuls djihadistes en général, daéchique en particulier. La guerre sera encore longue mais le vent a définitivement tourné. Nous écrivions il y a peu que Daech, après avoir tenté de construire un Etat, fait unique dans l'histoire du terrorisme, retournerait à ce qu'il est fondamentalement, à savoir une organisation djihadiste internationale. Plus son califat est cerné et se déconstruit territorialement, plus il commet d'attentats à travers le monde (l'attaque de la mosquée chiite au Bangladesh hier est là pour nous le prouver).

A cette étonnante capacité planétaire que n'avait pas Al Qaeda s'ajoute une intelligence de situation, un art de la provocation, une subtilité qui là aussi sont uniques dans l'histoire du djihadisme. Dernier exemple en date, dans une vidéo au professionnalisme impeccable : la facétieuse provocation vis-à-vis de la Chine que constitue... la reconnaissance de Taïwan ! Imagine-t-on les rustres barbus de Ben Laden narguer ainsi l'Empire du milieu ?

Certes, Obama a bien aidé avec sa bourde au sommet de l'ASEAN la semaine dernière, déclarant en substance que Taïwan faisait partie de la "coalition internationale", alors que l'île non reconnue internationalement n'intervient que dans le domaine humanitaire. Mais était-ce vraiment une bourde ? Les Taïwanais sont assez furieux d'être mis dans le collimateur de Daech mais le timing est parfaitement choisi, trois semaines après la rencontre historique entre les présidents chinois et taïwanais.

Coup tordu américain, utilisant la caisse de résonance de l'organisation terroriste la plus communicante de l'histoire pour torpiller tout rapprochement entre les frères ennemis qui, à terme, ouvrirait le Pacifique à Pékin et mettrait fin au containment de l'Eurasie sur son flanc oriental ? Coup fumant de Daech, dont l'intelligence stratégique et l'implication dans les affaires planétaires ne sont plus à démontrer, ennemi du monde entier et s'amusant à le diviser ? Il est piquant de constater qu'ici encore, Etats-Unis et Etat Islamique marchent - involontairement ? - dans la même direction...

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2015/11/la-grande-hyp...