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vendredi, 02 septembre 2022

Quelques réflexions sur Gorbačëv et la fin de l'URSS

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Quelques réflexions sur Gorbačëv et la fin de l'URSS

par Gennaro Scala 

Source: Gennaro Scala & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/qualche-riflessione-su-gorba-ev-e-la-fine-dell-urss

L'effondrement de l'Union soviétique a été entièrement dû à l'idiotie de Gorbačëv, tel qu'il semble être compris à partir des "célébrations" de certains à l'annonce de sa mort. Cela dénote la régression infantile, qui comporte aussi une barbarie considérable, dans laquelle sont tombés ceux qui prétendent se référer à Marx, connu, entre autres, pour avoir promu l'analyse structurelle. Il faut se demander comment une seule personne a pu faire échouer tout un système qui, jusqu'à quelques années auparavant, rivalisait pour l'hégémonie avec les États-Unis, et il faut se demander comment quelqu'un comme Gorbačëv est arrivé à la tête de l'Union soviétique.

Quelles ont été les causes de l'effondrement de l'Union soviétique est une question trop complexe pour être traitée de manière adéquate dans un message sur FB, j'en ai traité indirectement dans mon livre "Pour un nouveau socialisme". Je voudrais ici soulever une question : le mondialisme. Marx voulait donner au communisme une perspective mondialiste. Extrait d'un article important, très négligé par les "marxologues", son dernier article publié dans le Rheinische Zeitung dans les derniers jours de 1848, avant son exil en Angleterre, où il désigne l'Angleterre elle-même comme le principal ennemi de la révolution, mais déclare en même temps qu'étant donné sa puissance mondiale, seul un mouvement de portée mondiale pourrait la vaincre. C'est grâce à cette approche mondialiste que le communisme soviétique a pu être un défi mondial à l'hégémonie mondiale des États-Unis qui a succédé à celle de l'Angleterre (pour plus de détails, voir mon livre précité).

Dans le défi mondial lancé à l'hégémonie américaine, l'Union soviétique a perdu pour plusieurs raisons. Tout d'abord, bien qu'étant un mondialisme, le soviétisme n'était pas un véritable impérialisme, c'est-à-dire avec les connotations économiques du terme, capable de drainer des pays subordonnés vers le centre des ressources à utiliser dans la compétition avec les Etats-Unis.

Pour des raisons inhérentes aux conditions exceptionnelles dans lesquelles l'État soviétique est né, et pour les immenses défis auxquels il a été confronté à sa naissance et plus tard avec l'attaque nazie, il n'a jamais surmonté la centralisation du pouvoir étatique, de sorte qu'une formation étatique stable n'a jamais été atteinte, l'État soviétique étant toujours géré selon les critères de l'État d'exception. Cela était également dû à l'absence d'une théorie efficace de l'État au sein du marxisme. Domenico Losurdo a mis l'accent sur ces deux questions.

Le défi avec les États-Unis n'était pas le défi entre deux systèmes de vie différents. Que le travailleur soit employé par une entreprise privée ou qu'il soit employé par l'État, nous avons la même aliénation de ses conditions de vie, alors que le communisme de Marx aspirait à la libération du travailleur qui consistait à pouvoir contrôler ces conditions de vie, qui passent avant tout par le travail. Sous le prétexte qu'il s'agissait d'un pays socialiste en Union soviétique, même les syndicats ont été interdits (alors que Lénine avait déclaré que les syndicats devaient subsister afin de "défendre les travailleurs contre leur propre État"). 

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Par conséquent, certaines nations européennes avec une forte présence syndicale étaient plus socialistes. Pour ces raisons, les Soviétiques ont souffert de l'hégémonie du "consumérisme" occidental. Sauf que si un ingénieur occidental pouvait acheter une Mercedes, la plus haute aspiration d'un ingénieur soviétique pouvait être la Trabant. Certains philosophes tels que Lukács et son élève Agnes Heller (photo) ont écrit qu'au lieu de rivaliser sur la consommation, le système aurait dû offrir la possibilité d'une "vie raisonnable", comme une extension de la "bonne vie" aristotélicienne au monde actuel (un thème qui reste très pertinent aujourd'hui), mais cela aurait signifié permettre une participation politique que le système soviétique ne pouvait pas permettre. En Union soviétique, une classe moyenne s'est formée, nécessaire dans la sphère de la production, le complexe militaire, l'éducation, la bureaucratie d'État, etc., mais elle était comprimée dans la consommation et le mode de vie, ce qui fit qu'elle s'est finalement tournée vers le mode de vie occidental. C'était la base de Gorbačëv dans le parti communiste qui a fini par liquider l'État. C'est la thèse de Costanzo Preve.

La première fissure majeure dans le mondialisme soviétique s'est produite avec la Chine, qui a rejeté la doctrine Brejnev d'intervention dans les pays socialistes qui ne suivaient pas les directives soviétiques, ce qui a conduit à une quasi guerre à la frontière avec la Russie en 1969. Cette rupture a ensuite conduit à la normalisation des relations entre la Chine et les États-Unis avec la visite de Nixon en 1972, qui a jeté les bases de la collaboration économique et de l'exportation de capitaux. Les États-Unis pensaient subjuguer la Chine, mais étant donné le contrôle conservé par l'État chinois sur l'économie, cela n'a conduit qu'à l'industrialisation ultime de la Chine. D'une certaine manière, le gorbatchevisme était interne au communisme, mais il n'en a retenu que le "bon" côté universaliste, la paix entre les peuples, la coexistence, etc., mais a oublié la question de l'impérialisme, croyant aux fausses promesses occidentales de détente et de collaboration.

Les États-Unis en ont profité pour démolir le système d'alliance soviétique, visant en fin de compte la démolition de la Russie elle-même. La guerre actuelle en Ukraine est elle-même le résultat de cette politique américaine.

La naissance du monde multipolaire s'est d'abord présentée comme un mondialisme alternatif. Mais un tel mondialisme était voué à la défaite, tout comme le mondialisme libéral, car il contredisait la dynamique fondamentale de notre monde. Probablement qu'avec une classe politique moins désorientée et avec moins d'illusions que celle de Gorbatchev, cette transition nécessaire aurait été moins traumatisante pour la Russie.

Cette déclinaison mondialiste particulière du socialisme qu'était le communisme appartient désormais définitivement au passé. S'il doit y avoir un socialisme de l'avenir, ce sera un socialisme qui saura se penser dans le monde multipolaire de demain.

 

samedi, 27 juin 2015

Jean-Pierre Arrignon sur le thème Russie-Europe.

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Jean-Pierre Arrignon sur le thème Russie-Europe.

Quel avenir ?

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Jean-Pierre Arrignon est un historien français, spécialiste du Moyen Âge et de la Russie contemporaine. Il a présenté l'exposé ci-dessous devant les représentants de la Convention pour l'Indépendance de l'Europe, lors d'un Déjeuner débat en date du 6 mai 2015, sur le thème « Relations franco-russes : où en sommes nous ? » Un précédent débat avait eu lieu le 23 octobre 2014 (voir http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1590&r_id= )

Russie/Europe quel avenir ?

Parvenu au poste de Secrétaire Général du PCUS, en mars 1985. Mikhaïl  Sergeevič Gorbačev, confronté à des difficultés économiques majeures, opte pour une approche critique courageuse : à l'intérieur c'est la Glasnost et la  Perestroïka et à l'extérieur : la Nouvelle Pensée.

Adoptée en février 1986 lors du XXVIIe Congrès du PCUS, la Nouvelle Pensée définit une approche nouvelle des relations internationales qui met en avant l'interdépendance des problèmes qui touchent la planète et la nécessité de désidéologiser les relations internationales. C'est dans ce contexte nouveau que va se définir le concept de « Maison commune européenne ».

Cette image appelle l'idée d'une communauté naturelle de destin entre l'URSS et l'Europe occidentale. Il s'agit tout d'abord de découpler l'Europe des Etats-Unis, mais plus encore d'inciter les Européens au dialogue et d'y trouver des alliés car l'IDS (système de détection d'intrusion) suscite des réticences fortes parmi les Européens.

En 1886/87 François Mitterrand, Margareth Thatcher et Helmut Kohl sont très prudents face à cette Maison commune européenne (MCE) ; seul Hans Dietrich Gensher y voit un « facteur décisif pour la réunification allemande », mais il est isolé.

1988 Naissance du concept de la Maison Commune européenne


Suite aux déclarations de M.S. Gorbačev à Prague en 1987, à Belgrade en 1988, puis à Strasbourg en 1989, le concept se précise sur la forme d'une maison à 4 étages où les voisins cohabiteraient en toute harmonie. La fondation de cette maison serait constituée par les mesures géopolitiques et territoriales entérinées lors de la conférence d'Helsinki de 1975. Le premier étage serait consacré aux mesures de sécurité collective et de désarmement nucléaire, chimique et conventionnel. Le second étage serait occupé par la résolution pacifique des conflits. Les troisième et quatrième étages seraient vouées à la coopération économique et commerciale paneuropéenne qui s'efforcerait à terme, de promouvoir une véritable communauté culturelle entre les nations européennes et de dépasser les ruptures nées de la Guerre froide.

De ce concept, M.S. Gorbačev attend l'émergence de relations nouvelles et apaisées avec les démocraties populaires, relations fondées sur la confiance et non plus sur la force. Dans cette Maison commune, les démocraties populaires aux côté de l'URSS pourraient incarner le socialisme à visage humain, respectueux du renoncement à la force et reconnaissant la liberté de choix (Déclaration de M.S. Gorbačev à l'ONU le 7 décembre 1988).

Vis-à-vis de l'Europe, M.S. Gorbačev espère le rapprochement entre les pays du COMECON et ceux de l'Europe communautaire. En mars 1988, il appelle à ce rapprochement en soulignant l'appartenance de la Russie à l'Europe. Au printemps de 1988, la Maison Commune Européenne ne vise plus à déstabiliser les relations entre les Etats-Unis et l'Europe, mais à établir un véritable partenariat entre l'Europe et l'URSS sur la base d'un compromis respectueux des Etats. C'est dans le cadre de ce partenariat que la réunification de l'Allemagne, perçue comme légitime par M.S. Gorbačev, pourra se faire dans un mouvement fondamental de « retour vers l'Europe ». Ce concept évolue encore dans son discours à l'ONU du 7 décembre 1988 : le rapprochement des deux Europes se ferait non  plus dans le respect des valeurs des uns et des autres, mais dans l'adhésion commune au respect des libertés, des droits de l'homme et du pluralisme politique.

La Maison Commune européenne est comme la maison d'une civilisation vers laquelle il faut revenir, ce que confirme le programme du PCUS de juillet 1991 lequel abandonne la lutte des classes et le monopole de la classe ouvrière, reconnaissant la nécessité d'installer une forme d'économie de marché et se réclamant des valeurs humanistes !
Dans ce contexte, la Maison commune européenne prend une valeur idéologique nouvelle : l'URSS se place vers le socialisme humaniste social démocrate !

Echec du Projet de Maison Commune européenne

A partir de 1988, les leaders occidentaux s'intéressent au projet. François Mitterand signe tout une série d'accord avec l'URSS en 1989. Pour lui, c'est participer à la construction d'une unité paneuropéenne qu'il juge naturelle et légitime. Il va même jusqu'à proposer une Confédération européenne dont il présente les grandes lignes le 31 décembre 1989 : «  La confédération devra réunir tous les Etats appartenant à notre continent dans une organisation commune et permanente d'échanges, de paix et de sécurité ». Dans cette confédération, l'URSS rénovée à toute sa place comme le montre la signature des traités sur la réduction des armes conventionnelles en Europe et la signature de la Charte pour une nouvelle Europe.

Ces idées vont échouer car les démocraties populaires ; elle rompent avec l'URSS et le socialisme, entrent dans l'OTAN ; l'Allemagne sera réunifiée le 17 juillet 1790 sans que les projets de Maison commune européenne et de Confédération n'aient avancé. L'implosion brutale de l'URSS, le 8 décembre 1991 et les virulentes critiques de la diplomatie américaine font échouer et la Maison Commune européenne et la Confédération européenne.

Pourtant encore en 1990, Boris Eltsine veut couper le lien avec le socialisme et faire de la Russie un pays européen et démocratique à travers l'ouverture des relations vers l'Occident et l'accession à une économie de marché. Mais le pays depuis 1988 est touché par une crise économique catastrophique et un trouble identitaire profond. De plus, Boris Eltsine pense que les Américains cherchent à « maîtriser » leurs anciens territoires (intégration dans l'OTAN) et condamne leur intervention en Tchétchénie en 1994. Boris Eltsine abandonne alors la stratégie pro-occidentale, se ferme aux discours avec l'Europe et les Etats-Unis et se tourne vers la Chine (1996 création de l'Organisation de Coopération de Shangaï (OCS).

Avec l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine (1999), la Russie essaie de s'entendre avec les Etats-Unis et s'affirme européenne : le 10 février 2003, la France, l'Allemagne et la Russie déclaraient que « l'axe Paris-Berlin-Moscou incarnait l'axe de la paix ». La mise en place d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et la Russie autour d'un axe Paris-Berlin-Moscou semble permettre à l'Europe de résoudre les grands défis du XXIe s. Cette nouvelle donne portée en France par Jacques Chirac et Dominique de Villepin,  en Allemagne par H-D Genscher et à Moscou par V.V. Poutine a immédiatement suscité une violente attaque des Etats-Unis.

Dans le New York Times, Thomas L. Friedman écrit : « Il est temps pour les Américains de s'en rendre compte : la France n'est pas seulement notre alliée agaçante, la France devient notre ennemie ». Cette incroyable agressivité annonce l'échec de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Cette incroyable agressivité s'explique par la deuxième guerre du Golfe qui commence le 20 mars 2003. Les Etats-Unis vont peser de tout leur poids pour faire échouer cette tentative de créer une Europe libre, souveraine et unie. Une ultime chance de renouer le dialogue entre la Russie et les Etats-Unis a été offerte par les événements du 11 septembre 2011. La Russie est le premier pays à soutenir les Etats-Unis et à ouvrir les aéroports de la route de la soie, bien que  la Russie fut indignée par l'attaque de l'Irak sans l'accord de l'ONU et par le projet de pipe-line Bakou-Tbilissi-Ceyhan pour se passer des oléoducs russes. Avec l'Europe les relations se tendent avec l'élargissement progressif de l'Union européenne : les révolutions de couleur pro-occidentale en Géorgie (révolution des roses 2003) et Ukraine (révolution orange 2004) exaspèrent la Russie ; c'est l'époque de la paix froide qui conduit à la guerre de Géorgie (2008) et la reconnaissance par la Russie de l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud.

Quel avenir actuellement pour la Russie et l'Europe

Pour être précis et clair, il faut se rapporter à l'opinion de V.V. Poutine, exprimée dans son discours de ValdaÏ (24 octobre 2014. V.V. Poutine fait un constat : » la politique mondiale aujourd'hui est avant tout une question de leadership économique, de guerre et de paix avec une dimension humanitaire incluant les droits de l'homme. Aujourd'hui, le monde est plein de contradictions que les organisations internationales et régionales de coopération politique, économique et culturelle ont de plus en plus de mal à gérer.

La guerre froide a bien pris fin en 1991, mais sans traité de paix. Les Etats-Unis se sont proclamés victorieux et la notion de « souveraineté nationale est devenue une valeur relative » dans un monde unipolaire .

« Certains disent que la Russie tournerait le dos à l'Europe et rechercherait de nouveaux partenaires commerciaux, surtout en Asie... Permettez-moi de dire que ce n'est absolument pas le cas. Notre politique active dans la région Asie/pacifique n'a pas commencé hier et elle continuera...
Avec l'Europe , V. V. Poutine explique «  Nous avons eu des discussions sur tous les sujets liés l'association de l'Ukraine avec l'Union européenne, des discussions persistantes, mais je tiens à souligner que notre action a été menée d'une manière tout à fait civilisée, en indiquant des problèmes possibles et en soulignant les raisonnements et les arguments évidents. Mais personne ne voulait nous écouter et personne ne voulait discuter ; ils nous ont simplement dit « ce ne sont pas vos affaires, point. Fin de la discussion ».

« Au lieu du dialogue global civilisé que nous proposions, ils en sont venus à un renversement de gouvernement ; ils ont plongé le pays dans le chaos, dans l'effondrement économique et social, dans une guerre civile avec des pertes considérables ».

V.V. Poutine poursuit : « Nous aurions également accueilli favorablement l'initiation d'un dialogue concret entre l'Eurasie et l'Union européenne. Ils nous ont presque catégoriquement refusé cela et il est difficile d'en comprendre les raisons. J'ai maintes fois proposé d'engager un dialogue sur la nécessité de créer un espace commun pour la coopération économique et humanitaire s'étendant de l'Atlantique jusqu'à l'Océan pacifique. La Russie a fait son choix. Nous avons un agenda pacifique et positif tourné vers l'intégration. Nous travaillons activement avec nos collègues de l'Union économique eurasienne de l'Organisation de Shangaï (OCS), des BRICS et avec d'autres partenaires ». L'Union européenne n'est pas évoquée ! Le dialogue est bien rompue.

Pour renouer le dialogue avec la Russie, l'Europe doit prendre des initiatives et faire les premiers pas pour effacer l'humiliation produite par le « ce ne sont pas vos affaires ».Toutefois, auparavant, il est indispensable de reconstruire une Union européenne rassemblée, homogène et unie. Aujourd'hui, l'Union européenne est perçue comme un assemblage de deux blocs : l'un, otanien et atlantiste, composé par les ex-république soviétiques, notamment les Pays baltes et la Pologne qui tiennent des propos non seulement violemment anti-russes, comme ceux de Madame Dolia Grybauskaite et tolèrent des manifestations à caractère nazi (cf. Riga et Ukraine). Certes l'Union européenne s'est abstenue lors du  vote à l'ONU sur la résolution sur « la lutte contre la glorification du nazisme », mais cette attitude européenne de complaisance vis-à-vis de cette idéologie a suscité en Russie une véritable indignation et constitue un vrai blocage pour le renouveau au dialogue.

L'autre groupe est formé du bloc français, italien, espagnol, grec dont la plupart des chefs d'état se déclarent en faveur de la reprise du dialogue avec Moscou. Quant à l'Allemagne dont le rôle pourrait être essentiel, elle a perdu en Russie une grande part de son crédit. Angela Merkel est considérée comme trop liée aux Pays baltes et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, la porte d'entrée de la Russie vers l'Europe est la France. C'est François Hollande qui a renoué seul le contact avec V.V. Poutine lors de son escale à Šeremiétevo à son retour du Kazakhstan (5-6 décembre 2014). Cette initiative a été appréciée à Moscou ce qui justifie la grande compréhension de la Russie devant la non-livraison des Mistral.

Tant que l'Union européenne ne sera pas reconstituée et cohérente, il y a peu de chance pour qu'un dialogue constructif avec la Russie se développe. Les initiatives de la nouvelle équipe européenne semble s'orienter vers des initiatives, notamment celle de M. Junker appelant la formation d'une force armée européenne mais aussi celles de Donald Tusk et de Federica Mogherini, aux propos mesurés. L'Europe doit comprendre que son adhésion unilatérale à l'OTAN est incompatible avec la construction d'une Europe libre et indépendante dont le rayonnement économique, politique et culturel passe par le retour à des discussions et des liens avec la Russie.

Jean-Pierre Arrignon

Note de la rédaction: Nous publierons prochainement à cette même adresse les commentaires suscités par cet exposé parmi  les auditeurs représentant la Convention pour l'Indépendance de l'Europe.
Voir aussi, 
à l'occasion du 70ème anniversaire de la Seconde Guerre Mondiale: http://blogjparrignon.net/asc2i/le-role-de-lurss-dans-la-seconde-guerre-mondiale/

Jean Paul Baquiast