Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 20 septembre 2023

Moi, Phoebe, 18 ans, je vous révèle ma quête philosophique et religieuse

3129bbcbdef67ffdc15b66fa45a370da.jpg

Moi, Phoebe, 18 ans, je vous révèle ma quête philosophique et religieuse

Discours à la réunion de FENIKS, Anvers, 10 septembre 2023.

Bonjour à tous. Je vous remercie de votre présence. Je m'appelle Phoebe, j'ai 18 ans et je vais vous raconter comment j'ai rejoint Feniks et ce que cela m'a apporté. Plus précisément, je vais vous parler de l'identité et de sa signification en termes de philosophie et de religion.

Je dois admettre d'emblée que l'identité est un concept vague et difficile pour moi depuis très longtemps. Du moins, je pensais savoir ce qu'elle signifiait et impliquait généralement. Mais plus j'y réfléchissais, plus il s'avérait que ce n'était pas très clair. Mon adolescence peut être définie par la recherche d'une identité, ce qui est quelque peu normal à l'adolescence, mais j'ose dire que ce n'est pas la seule cause de cette recherche. Lorsque je regarde notre société actuelle, je constate que même les adultes se cherchent encore et peinent à s'installer dans notre époque moderne. Cela se voit, entre autres, au nombre de personnes qui se perdent dans l'hédonisme, lequel est un mécanisme d'adaptation, et préfèrent retarder leurs responsabilités le plus longtemps possible. Cela se voit également à la quantité d'identités éphémères basées sur peu de choses, si ce n'est sur ce que l'on ressent ici et maintenant. À cela s'ajoutent les conséquences négatives de leur crise identitaire, à savoir le vide et la dépression. Tout cela est le résultat de l'absence d'ancrage dans cette société.

18853f473332b89e15aba01560113f5b.jpg

Mais il n'en a pas toujours été ainsi. À l'époque de nos grands-parents, ce type de crise n'existait pas. Mais pas dans le sens où elle était problématique, comme c'est le cas aujourd'hui. On se définissait par son origine, son sexe, son rôle et sa fonction dans la société, les rapports que l'on entretenait avec les autres. En bref, on exerçait généralement moins d'influence personnelle sur ces points. Aujourd'hui, cependant, nous voulons nous détacher le plus possible de notre appartenance à un groupe. Nous la considérons comme quelque chose de négatif qui nous emprisonne, qui limite notre liberté, et en nous en libérant, nous pouvons chercher notre identité nous-mêmes. Cette pensée n'est qu'une des conséquences des pensées des Lumières et du libéralisme, à laquelle s'ajoute également la rationalisation de la société. La question est toutefois de savoir si elle est si libératrice et si elle a des implications positives, compte tenu de l'état de notre société, qui est plongée dans une crise existentielle. Dans notre société, où le chaos est omniprésent, où toutes les anciennes structures sont remises en question, où même la réalité est remise en question, il n'est pas facile de rester fort sans enracinement. Ce qui rend les choses encore plus difficiles, c'est que même si l'on nous fait croire que nous avons la liberté de choisir, ce n'est pas tout à fait vrai si vous ne vous conformez pas aux attentes de la société. Par exemple, les gens, qu'ils soient de gauche ou de droite, n'hésiteront pas à vous traiter d'extrémiste si vous ne correspondez pas à leurs vues politiques. La polarisation, la pensée en noir et blanc et la pensée bricolée à l'aide de citations ne facilitent pas les choses. Pendant de nombreux siècles, l'identité traditionnelle a donné aux gens un point d'appui dans les périodes difficiles, contre lequel nos contemporains créent aujourd'hui leur propre individualité, afin de ne pas être complètement évacués dans la maelstrom de la société d'aujourd'hui.

Paradoxalement, ce qui nous a liés en tant qu'êtres humains pendant des siècles, à savoir la culture, la religion, les normes et les valeurs, est précisément ce qui nous a aidés à survivre. Cela a donné à l'homme un but qui le transcendait, contrairement à l'individualisme qui prévaut aujourd'hui dans notre société. Cet individualisme est basé sur le court-termisme qui caractérise notre société. Le vide qui lui est associé n'a fait qu'ouvrir la voie à la spirale négative du nihilisme. En effet, si la vie n'a pas de sens, ce que nous faisons n'a plus d'importance. Du moment que nous nous amusons ici et maintenant. Une conséquence logique de cette attitude est l'hédonisme omniprésent, qui se manifeste par le consumérisme et la gestion des symptômes. Des choses dont nous pensons qu'elles nous rendront heureux, mais qui ne sont en fait qu'un pansement sur la blessure de ce que nous avons perdu. Cependant, si vous soulevez cette question, vous êtes considéré comme dangereux.

920c54c01c5fd0448fed3d5831cf027a.jpg

L'état actuel de notre époque moderne est suffisamment déprimant pour moi. Les effets sont évidents, surtout dans ma génération. Des hommes qui ne font rien d'autre que de se réfugier dans un rôle de victime et ne prennent plus de responsabilités. Ils sont dépendants de toutes sortes de choses pernicieuses et vivent de fête en fête. Se laissant complètement aller physiquement, ou au contraire ne se souciant que de leur apparence physique, et s'en tenant à cette superficialité. Ne plus savoir traiter les femmes correctement. Mais d'un autre côté, cela s'applique également aux femmes de ma génération. Tout est devenu tellement superficiel que rien d'autre ne compte que les likes qu'elles obtiennent sur Instagram ou TikTok, et elles feraient n'importe quoi pour cela. Ou passent d'une soirée à l'autre parce qu'elles n'ont plus aucun sens de leur valeur personnelle. Elles préfèrent même vivre dans le mensonge que de perdre l'attention qu'elles veulent obtenir tout en laissant leur corps être utilisé de cette manière, car, pensent-elles, cela fait partie de leur émancipation. Dans les deux exemples, je parle bien d'hommes et de femmes parce que c'est ce qu'ils sont sur le papier, mais par leurs choix, ils préfèrent repousser l'âge adulte le plus longtemps possible. En bref, il s'agit d'une génération dont j'ai décidé depuis longtemps que je ne voulais pas faire partie. Ils sont obsédés par toutes sortes de plaisirs éphémères, pensent à l'extrême et ne se soucient plus de leur valeur personnelle. Aujourd'hui, leur personnalité est uniquement basée sur l'attention qu'ils veulent obtenir et sur ce qu'ils consomment. La prise de conscience qu'ils sont l'avenir, et que la situation ne fera qu'empirer à partir de maintenant, m'a fait éprouver de l'envie pour ce monde, et j'ai commencé à me sentir mal moi aussi. La beauté de leur vide est qu'ils ne réalisent souvent pas que ce qu'ils font est un mécanisme d'adaptation. Dans mon cas, cette prise de conscience a eu lieu, mais comme je n'avais pas d'identité enracinée et que je passais d'une individualité artificielle à une autre moi-même, j'ai été contraint de combler ce vide par de l'escapisme moderniste également.

En outre, j'ai vu assez souvent de près ce que l'absence d'une identité forte fait aux gens. Par exemple, un de mes bons amis en a été victime. Comme moi, il n'avait aucun espoir pour l'avenir et ne se sentait pas à sa place dans notre société moderne. Cela l'a conduit à la solitude et à la dépression. Lorsqu'il a cherché de l'aide à plusieurs reprises, les gens lui ont tendu la main pour soulager ses symptômes. Au lieu de l'aider et de s'attaquer à son problème, ils l'ont rendu dépendant du Xanax qu'on lui a ensuite prescrit. Cela lui a malheureusement été fatal. J'ai été très attristée par sa mort, mais aussi vraiment furieuse. C'était encore un jeune homme de 23 ans, qui avait tout l'avenir devant lui et de beaux rêves. Mais tout cela est détruit par notre société actuelle. Le fait qu'il ne soit pas le seul, mais que tant de jeunes soient aussi de telles victimes, ne fait qu'aggraver la situation.

Il semble que notre société occidentale soit frappée d'une malédiction, causée par le mensonge du néolibéralisme absolu. En conséquence, je me suis longtemps demandé si ce n'était pas là la fin logique de notre civilisation occidentale autrefois si forte. Alors que j'étais au plus profond de cette spirale nihiliste, j'ai rencontré Feniks au moment idéal. À l'époque, je m'étais depuis longtemps éloignée de la politique parce que la négativité de son état actuel me déplaisait. À cela s'ajoute le sentiment que peu de partis et d'organisations s'attaquent ou veulent s'attaquer à la racine du problème. On rejette souvent la faute sur l'un des symptômes et la nuance concrète est absente. Mais là encore, c'est précisément le problème de toutes ces organisations et de tous ces partis qui ne cherchent qu'à attirer à eux des personnes populistes. En cela, Feniks est complètement différent, puisque ce groupe se concentre sur la croissance substantielle des personnes. Le fait qu'ils soient différents m'a attiré vers eux. En outre, grâce aux nombreuses conférences et exposés de grand intérêt, la philosophie est devenue un sujet captivant pour moi.

En commençant à en apprendre davantage sur la philosophie, j'ai vu un moyen de sortir du nihilisme étouffant qui m'habitait. Cela m'a donné un sens beaucoup plus clair de la réalité des causes de ce qui se passe dans le monde et m'a permis de mieux comprendre pourquoi l'état politique actuel est tel qu'il est. Après tout, la politique et la philosophie sont inextricablement liées. Mais il m'a aussi demandé de trouver une solution.

3de503d0e7df0f7dcbbeece8a0b3c52f.jpg

J'ai commencé par lire davantage Platon. Sa recherche de la vérité absolue contraste immédiatement avec le relativisme dominant de notre époque. Sa philosophie était la conséquence de presque plus d'un siècle entier de relativisme. La société grecque était de plus en plus en contact avec d'autres peuples, ce qui l'a amenée à remettre en question ses propres normes et valeurs. Cela ne nous semble-t-il pas familier ? Auparavant, il y avait également eu la première tentative de philosophie, avec les nombreux philosophes naturalistes qui proposaient à chaque fois des idées différentes, ce qui a amené les gens à se demander s'il existait une vérité générale. C'est de là que sont nés les sophistes, d'où le célèbre slogan des sophistes "l'homme est la mesure de toute chose". S'il n'y a plus de vérité absolue à rechercher et que tout n'est que relatif, nous sommes déjà proches de notre état actuel.

7108c223a566dbf0f62182ca29d7608c.jpg

Non seulement Platon, mais aussi le stoïcisme, entre autres, ont eu une influence importante sur le processus d'élaboration de ma pensée. Une fois de plus, la pensée stoïcienne contraste fortement avec notre société émotionnelle. Les stoïciens partent du principe qu'il existe une image globale qui transcende leur volonté et à laquelle ils ne peuvent rien faire d'autre que de s'abandonner. Même si nous vivons cette vision globale comme quelque chose de négatif, toute résistance à cette vision est une conséquence de nos émotions irrationnelles et de notre mépris pour la vision globale. La résistance à la vue d'ensemble nous pousse à recourir à toutes sortes de choses qui sont mauvaises pour nous-mêmes. Comme l'a dit Marc Aurèle, "Vous avez le pouvoir sur votre esprit, pas sur les événements extérieurs. Prenez-en conscience et vous trouverez le pouvoir". Tout ce que fait un stoïcien doit être bon à long terme et correspondre à ce qui sert le Grand Tout. Pour ce faire, le stoïcien se débarrasse autant que possible de toutes sortes de désirs, ainsi que de toutes les choses matérielles qui peuvent s'envoler soudainement. Il se concentre sur la paix intérieure, qu'il obtient par l'autodiscipline et l'acceptation de son plus grand bien. 

Le stoïcisme a été une nuance importante dans mon processus de pensée en ce qui concerne la religion. Pendant longtemps, je me suis considéré comme athée, puis agnostique, parce que je pensais que la religion organisée était quelque chose qui nous opprimait en tant qu'êtres humains. Encore une fois, je suivais en fait le raisonnement que l'on nous propose aujourd'hui. Mais en réalisant que la force et la libération résident précisément dans l'acceptation de la situation dans son ensemble et dans l'abstention de nos désirs humains, j'ai fait un pas de plus vers le christianisme.

La pensée stoïcienne est en effet étroitement liée à ce que la théologie chrétienne appelle la mortification des sens. À l'instar du stoïcien qui fait tout pour accepter la situation dans son ensemble et agir en conséquence, le chrétien fait de son mieux pour transcender ses désirs humains afin de se rapprocher de Dieu. Dès que nous acceptons la souffrance dans notre vie, nous pouvons mieux la gérer et notre résistance émotionnelle ne nous fait pas tomber dans de mauvaises habitudes. Le chrétien entraîne ses sens à ne pas agir selon ces impulsions. Plus il s'entraîne, moins il reçoit d'impulsions faibles, de sorte qu'il crée une volonté forte.

C'est précisément cette volonté forte qui est nécessaire pour obtenir une société meilleure. Une société qui respecte son passé, ses normes et ses valeurs, avec des gens qui ont une estime de soi et une identité enracinées et qui sont tournés vers l'avenir en se concentrant sur ce qui est bon pour nous à long terme. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons reconstruire une société meilleure. Et nous ne pouvons pas obtenir cette discipline et cette forte volonté sans une stabilité dans notre culture. Ce n'est que lorsque nous sommes stables que nous pouvons nous engager dans un développement personnel positif, afin de devenir une meilleure personne pour le plus grand bien de tous. Et c'est exactement ce que Feniks a fait pour moi.

Je vous remercie de m'avoir écouté.

18:57 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philosophie, feniks, platonisme, stoïcisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 31 juillet 2021

Se libérer de la peur - Entretien avec Michele Putrino

981_167_le_cri-min.jpg

Se libérer de la peur

Costantino Ceoldo

Ex: https://www.geopolitica.ru/it/article/liberi-dalla-paura

Un mot qui est devenu trop familier dans notre vocabulaire quotidien au cours de ces deux dernières années est "peur". Peur de vivre, peur de mourir, peur de mourir douloureusement et seul, loin de tout et isolé de tous, avec peut-être seulement un chat ou un chien débile pour vous tenir compagnie.

Il y a cependant un autre mot qui va bien avec "peur", c'est "hystérie". L'hystérie, qu'elle soit naturelle ou artificiellement induite par les médias et les gouvernements à des fins qui ne sont jamais honorables, transforme la peur en quelque chose d'hyper-paralysant, de sorte que la personne malheureuse qui fait l'expérience des deux peut littéralement mourir sur place.

indexhyst.jpg

Il est arrivé, par exemple, comme l'ont rapporté les journaux, qu'au cours de l'épidémie de Covid non conclue, une banale et très soignable rage de dents se transforme en une occasion de mort certaine parce que la personne n'a pas eu le courage de sortir de chez elle pour aller chez le dentiste.

La peur de mourir du Covid a fait qu'ils sont morts d'infection, barricadés derrière les murs de ce qu'ils considéraient comme une forteresse inviolable.  La peur d'une maladie qu'ils n'auraient très probablement pas contractée, ou qu'ils auraient contractée sous une forme curable même sans l'intervention de la médecine, était la cause de la mort que ces malheureux essayaient d'éviter à tout prix.

En général, la peur a toujours été l'arme favorite de tous ceux qui veulent nous priver de quelque chose de noble et de fondamental.

Qu'il s'agisse de tyrans qui tiennent des nations entières sous leur emprise ou de brutes qui agissent uniquement sur les relations interpersonnelles, la peur accompagne la promesse de souffrances pour ceux qui ne se plient pas à la volonté des brutes.

0461752001481138380.jpg

Une coercition écrasante, qui peut même sembler raisonnable et justifiée sur un plan purement théorique (empêcher une "terrible" propagation de contagions...) mais qui, en fin de compte, révèle toujours davantage, au fil dessemaines qui passent, son visage le plus vrai et le plus macabre.

Comment pouvons-nous résister à la peur et préserver notre précieuse liberté, notre précieuse individualité ?

L'Italien Michele Putrino poursuit une tentative singulière : faire revivre les enseignements de l'ancienne école du stoïcisme, afin d'offrir, à ceux qui peuvent et veulent comprendre, une alternative à la peur et à l'hystérie.

maxresdefaultMPpaura.jpg

Entretien avec Michele Putrino

Dans votre livre "Manuel de résistance au pouvoir" [1] vous parlez de la "Megamachine". Qu'est-ce que c'est ?  Pourquoi devrions-nous être en mesure de nous y opposer ?

La Mégamachine n'est rien d'autre que notre société tout entière, qui avance de manière mécanique, par le truchement de la technologie, de la bureaucratie et, surtout, par le fait que l'homme vit aujourd'hui dans des réalités imaginaires. Des réalités qui n'existent que dans sa tête et qui, pour cette raison même, peuvent être facilement manipulées, amenant l'homme là où il veut aller, comme on le fait avec des marionnettes. La Mégamachine continuera donc à nous avoir en son pouvoir tant que nous continuerons à confondre l'irréel avec le monde réel. Quelle est donc la solution ? En théorie, c'est simple, mais en pratique, c'est très difficile à mettre en œuvre. Comme on peut le deviner, la solution théorique consiste à apprendre à accepter la réalité telle qu'elle est et à vivre selon ses règles mais, si l'on y réfléchit, il est très difficile de la mettre en pratique pour le commun des mortels, car très peu acceptent le côté dur et brut de la réalité : c'est pourquoi beaucoup d'hommes ont toujours continué à se réfugier dans le monde des illusions... Mais ceci - le fait qu'ils n'acceptent pas la réalité - est aussi ce qui les condamne à une vie de profond malaise et d'insignifiance.

manuale-resistenza-potere-putrino-libro.jpg

Mais ne sommes-nous pas en "démocratie" ? Dans un système ouvertement basé sur le dialogue, certaines pratiques ne sont-elles pas superflues ?

Je vais vous répondre sans détour : la "démocratie" n'existe tout simplement pas. Au contraire, pour être plus précis, il s'agit simplement d'un écran de fumée, d'un moyen élaboré pour ceux qui ne possèdent pas de véritables compétences de leadership d'accéder au pouvoir en manipulant les masses. Après tout, à l'ère de l'illusion, le pouvoir ne peut être atteint que par l'illusion. Mais cela ne doit pas nous scandaliser, car nous sommes tous - vous, moi, celui qui lit ceci, nous tous - à la recherche constante, consciemment ou inconsciemment, de notre propre affirmation, pour obtenir, donc, la possibilité de nous sentir "puissants". Et chacun le fait avec les moyens dont il dispose. Celui qui le nie n'est qu'un hypocrite qui, à son tour, essaie d'obtenir ce qu'il veut en faisant croire aux autres qu'il est un "être bon" et "inoffensif".

Donc, si je vous comprends bien, vous dites qu'un système de pouvoir existe à la fois au niveau macroscopique, celui de l'Etat, et au niveau microscopique, celui des relations interpersonnelles quotidiennes...

Le "système de pouvoir", tel que vous le définissez, est toujours présent, partout et en chacun. C'est parce que, tout simplement, nous suivons aussi les lois de la nature et donc, tout comme en physique, nous suivons aussi la logique des forces vectorielles, c'est-à-dire la logique selon laquelle une force, par nature, cherche à s'imposer à d'autres forces et que, pour ce faire, elle s'allie souvent à d'autres forces et ainsi de suite.

L'homme est en effet un animal social et entre en relation avec les autres sur la base d'espoirs, de craintes et d'attentes de toutes sortes. Quelle est donc cette "peur" dont nous devons nous débarrasser ?

La peur dont nous devons nous débarrasser, comme je l'ai expliqué dans mon livre "Libérer de la peur" [2], est celle qui n'existe que dans nos têtes, une peur qui ne peut exister que parce que la plupart des gens vivent dans un monde fictif, irréel, que chaque homme a créé et nourri de ses propres mains.

liberi-dalla-paura.jpg

L'humanité s'est toujours demandée comment résister aux difficultés de la vie. Pourriez-vous nous rappeler brièvement ce qu'était le stoïcisme, dont vous parlez dans votre livre "Liberi dalla paura" ?

Le stoïcisme, le vrai, n'a rien à voir, ou presque, avec ce que l'on connaît communément sur le sujet. Le véritable stoïcisme repose sur un seul principe: apprendre à regarder la réalité en face pour ce qu'elle est vraiment, afin de vivre selon les règles de la nature. C'est le stoïcisme. Évidemment, au cours des siècles, divers penseurs ont proposé et essayé diverses approches à cette fin et, bien sûr, certaines de ces méthodes ont atteint le but tandis que d'autres étaient complètement erronées. Le problème est qu'à long terme, cette doctrine, surtout à l'ère chrétienne, a été instrumentalisée en confondant les moyens et les fins. Mais ce que les Anciens essayaient de faire avec le stoïcisme était, précisément, d'apprendre à regarder la réalité en face.

L'Image_et_le_Pouvoir_-_Buste_cuirassé_de_Marc_Aurèle_agé_-_3.jpg

Sénèque était peut-être le stoïcien par excellence. Mais comment appliquer ses enseignements dans la vie quotidienne ?

C'est une erreur très courante, qui consiste à considérer Sénèque comme "le stoïcien par excellence". Non seulement ce n'est pas du tout le cas mais, du point de vue de la finalité, il est le plus éloigné du véritable stoïcisme au point que, pour donner un exemple, ni Épictète ni l'empereur Marc Aurèle, quelques siècles plus tard, ne le citent jamais. Si Sénèque est devenu si célèbre pour nous, les modernes, c'est parce que le monde chrétien l'appréciait beaucoup, car sa vision, sur de nombreux aspects, lui ressemblait. Mais le véritable stoïcisme est, si vous voulez, l'exact opposé de la vision chrétienne du monde. Ce n'est pas un hasard, en effet, si presque tous les textes des anciens stoïciens ont été détruits : si l'on pense que l'école stoïcienne a été l'école philosophique la plus répandue dans le monde gréco-romain pendant plus de cinq cents ans ( !), l'énorme quantité de volumes qui ont disparu nous fait comprendre combien cette doctrine était, en fait, opposée à la doctrine chrétienne. Et, comme par hasard, les seuls volumes qui sont restés presque intacts sont ceux de Sénèque... Si vous voulez comprendre la véritable vision stoïcienne, il vaut mieux laisser Sénèque de côté (même si, bien sûr, il y a des passages intéressants).

1136_epictete_web.jpg

À l'ère des voyages dans l'espace (du moins pour les hyper-riches), des superordinateurs et d'Internet, dans un monde clos parce que les anciennes distances ont été raccourcies grâce à la technologie, ne vous semble-t-il pas que revenir au stoïcisme revient simplement à se tourner vers un passé anachronique et ennuyeux ?

On ne peut en arriver à penser car, je le répète, quand on parle du stoïcisme, on a toujours en tête une vision scolastique et chrétienne de cette doctrine. Voulez-vous vous plonger dans la vision que les Anciens avaient en suivant la véritable doctrine stoïcienne? Lisez Nietzsche. Ou, si nous voulons jouer avec des œuvres "pop" contemporaines, regardez Le Trône de fer. Vous semble-t-il qu'apprendre à regarder la réalité en face pour ce qu'elle est, même dans toute sa cruauté, en l'acceptant et en pratiquant les différents jeux de la force et du pouvoir et en se tenant toujours à l'écart de la compassion, puisse jamais être "anachronique et ennuyeux" ?

ee7578384e5644cbf3280ad9e1812752.jpg

N'existe-t-il pas déjà de nombreuses écoles qui enseignent "comment bien vivre" ? Pourquoi les gens, en ces temps modernes, devraient-ils être stoïciens ?

Le stoïcisme ne vous apprend pas à "bien vivre"; le stoïcisme vous apprend à ouvrir les yeux sur la réalité, aussi dure soit-elle, et à "jouer" selon ses dures règles. Sinon, on est toujours libre, bien sûr, de retourner à son espace de bulles de savon faites de rêves, d'imaginations et d'idéaux.

Notes:

[1] https://www.ibs.it/manuale-di-resistenza-al-potere-libro-michele-putrino/e/9788833800141


[2] https://www.ibs.it/liberi-dalla-paura-insegnamenti-di-libro-michele-putrino/e/9788833800868


Interview vidéo sur YouTube : https://youtu.be/Wxcgd4dWj4A

L'auteur italien Michele Putrino parle du stoïcisme et de la façon d'aborder la vie quotidienne à la lumière des enseignements de l'école stoïcienne. Son livre "Liberi dalla paura" est ici le complément naturel du précédent "Manuale di resistenza al potere", tous deux publiés par Uno Editori.

jeudi, 20 mai 2021

Pourquoi se plonger dans l’œuvre des stoïciens de l’antiquité?

Introduction-au-stoïcisme_Image-8.jpg

Pourquoi se plonger dans l’œuvre des stoïciens de l’antiquité?

Natella Speranskaya

Ex : https://syg.ma/@natella-speranskaja

Je vais maintenant vous expliquer quelles techniques des anciens stoïciens j'utilise dans ma vie quotidienne et ce qu'elles m'apportent.

Il existe des problèmes qui sont communément classés comme difficiles à résoudre: pièges existentiels, pensées suicidaires, apathie totale, dépression persistante, aboulie, incapacité à acquérir un contrôle cognitif, etc. Ce sont là tous nos "vampires". Bien qu'aujourd'hui nous ayons accès à presque toutes les informations et que nous soyons devenus "alphabétisés numériquement", nous ne gérons toujours pas bien notre problème de conscience.

Ne pas être ‘’sans quoi’’ ?

Imaginons qu'en ce moment même, ce texte soit lu par une personne qui a perdu le sens de la vie et qui a finalement perdu ses mains. Avant de trouver la clarté dans la question hamlétienne "Être ou ne pas être?", il doit avoir répondu à la question-racine, qui sonne non pas comme "Ne pas être pourquoi?" mais comme "Ne pas être SANS QUOI ?". Quelle perte, quel non-accomplissement a formé une brèche intérieure si terrible que toute la vitalité de la vie en sort ?

Chaque personne définit la plénitude de l'être à sa manière. Chacun a sa propre échelle de valeurs. Si vous avez votre carrière en première position, vous perdrez bien sûr le sens de la vie si vous ne parvenez pas à la construire ou si quelqu'un ou quelque chose la ruine pour vous et annule toute chance de la construire à nouveau.

Si l'essentiel pour vous est d'atteindre la célébrité mondiale et que, quels que soient vos efforts, vous êtes tellement médiocre et quelconque que même la caissière du magasin où vous entrez chaque matin oublie votre visage, il est peu probable que vous ayez soif de vivre et que vous vous réveilliez avec un sourire aux lèvres.

Si l'amour est au sommet de votre système de valeurs, le fait de ne pas pouvoir être avec la personne que vous aimez vous conduira dans votre tombe, vous privera de vos forces, vous fera souhaiter être mort, etc.

En même temps, le carriériste, le mégalomane et l'homme amoureux ne se comprendront jamais. Pour le carriériste, l'agonie de l'amant semblera une simple bagatelle et lui, en riant, l'admonestera : "Regarde autour de toi ! Regardez combien de personnes il y a ! Je ne veux pas le prendre ! Qu'est-ce qui t'obsède, espèce d'idiot?". Un amoureux fera de même, analysant les raisons pour lesquelles un mégalomane et un carriériste tendent la main vers une arme.

1136_gettyimages-1125453525.jpg

Le centre de notre être

Il ne s'agit pas seulement d'un petit puzzle que l'on peut retirer sans trop endommager l'image - c'est un fil qui vous relie à l'être lui-même. En outre, ce qui se trouve au sommet du système de valeurs est le centre de votre être. Quand on le perd, quand on ne l'atteint pas, tout perd son sens. Vous tournez autour de ce centre comme la Terre tourne autour du Soleil.

Et ce soleil occupe votre conscience au point que vous devenez non pas son prêtre mais son esclave. Comment cette occupation se produit-elle ? Vous vous rendez à une réunion importante, vous traversez la route et entrez dans un café agréable, où vous attendez un partenaire commercial. Vos pensées sont strictement structurées. Même la veille, vous avez répété votre discours et vous savez exactement ce que vous allez lui dire. Mais comme par hasard, vous rencontrez en chemin une femme dont vous êtes follement amoureux et que vous n'avez pas vue depuis longtemps. Pire, une femme accompagnée d'un homme quelconque. Elle vous salue sèchement et, prenant la main du monsieur, traverse de l'autre côté de la rue.

C'est tout. Dans votre conscience - jusqu'à cette rencontre ordonnée et harmonieuse – cette rencontre fortuite vous a envahi, avec l'image de cette femme, et avec elle la pensée suivante: quel méchant l'accompagne? Vous ne pensez plus à la réunion d'affaires. Dans votre cœur, il y a une épine, votre pensée est paralysée, votre sang regorge des poisons de la douleur, du ressentiment et de la jalousie. Automatiquement, vous allez dans le café, ou plutôt c'est seulement votre corps qui y va. Vous n'êtes plus là depuis longtemps. Essayant fébrilement de rassembler vos pensées et de vous mettre au diapason d'une conversation d'affaires, vous commandez un café, en essayant de retenir le frisson dans votre voix et un léger tremblement des mains. Passent 30 minutes, une heure, une heure et demie, pendant que vous écoutez votre interlocuteur sans enthousiasme. Il semblait que chaque cellule de votre corps était remplie de la même pensée, de la même façon.

Vous n'avez pu satisfaire ni la promotion, ni conclure l'affaire avec succès, ni faire afficher votre visage sur la couverture d'un magazine populaire, ni préparer les vacances à venir. Et tout cela parce que le premier échelon de votre hiérarchie de valeurs n'est pas une carrière, ni le succès, ni la gloire, ni l'argent. C'est l'amour. Est-il possible, dans une telle situation, de reprendre le contrôle de son esprit et de se mettre à l'écoute, en écartant temporairement les pensées vampiriques ? Oui, c'est possible.

Mar-Aurèle.jpg

La capacité de se concentrer

Lorsque vous êtes seul à la maison, vous pouvez décider de pleurer ou de soulager une tension érotique. Là, vous pouvez vous livrer à l'auto-torture en toute tranquillité. Mais lorsque vous êtes dans une situation qui implique de prendre des responsabilités (pour un projet, pour tel ou tel processus, etc.), forcez-vous à vous concentrer pleinement sur la tâche à accomplir. Alors faites ce qu'il faut. Pleurez, cassez des meubles, frappez un sac de boxeur, appelez un ami et épanchez votre cœur, ouvrez une bouteille de vin, fumez un cigare, montez sur le toit de la maison et menacez le ciel avec votre poing. Vous avez tout à fait le droit de le faire. Mais si vous avez un intellect développé, beaucoup de capacités, que vous aimez faire face aux tâches difficiles, que vous maîtrisez l'art de la concentration ultime sur l'affaire et que vous ne traînez pas vos angoisses, vos ambitions brisées, des fragments de votre ego dans cette même affaire. Ne laissez pas les pensées vampiriques occuper votre conscience pendant de longues périodes.

Savez-vous pourquoi beaucoup de gens trouvent le vrai salut dans le travail? Un travail qui prend 18 à 20 heures par jour? Oui, oui, précisément parce que c'est le seul moyen de ne pas se retrouver dans une personnalité alcoolique ou toxicomane - parce que le processus de travail aide à pousser tous vos "vampires" hors de votre conscience. Ne parvenez-vous pas à atteindre le centre de votre être? Dites-vous: "Si Dieu vous repousse, cela ne veut pas dire qu'il vous dit non". Si vous continuez à vous heurter à un mur inflexible, vous finirez par perdre toute votre force.

D'après ma propre expérience, je peux dire que le seul moyen efficace pour moi de sortir d'un état suicidaire était de me concentrer sur les autres niveaux de mon système de valeurs. En prenant conscience de la façon dont mes nerfs réagissaient à tous les échecs associés à la première étape, j'ai restructuré ma liste de priorités. En retour, cela m'a obligé à passer à un autre niveau de réflexion, car la nature des défis a changé. Tant que vous n'éliminerez pas le chaos intérieur en le transformant en ordre, vous serez toujours déchiré par tout un tas de pensées.

Agissez

Si votre première étape est une carrière, mais que vous avez échoué, réorientez votre attention vers l'amour (ou de l'amour vers la carrière). Après avoir créé l'ordre dans un domaine de votre vie, vous le créerez inévitablement dans l'autre. Sachez attendre et planifier.

La première chose que j'ai faite lorsque j'étais dans une situation si désespérée que la seule issue était la mort, a été d'ordonner mon attention et de sortir de cette maudite entropie. En me concentrant sur un autre niveau de mon système de valeurs, j'ai créé une structure pour ma vie future et j'ai défini une série d'étapes que je n'ai pas seulement écrites, mais que j'ai transformées en une séquence d'actions.

Si vous n'agissez pas, vous pouvez considérer que vous avez déjà perdu. Votre liste de projets restera une liste.

La dichotomie du principe de contrôle

J'ai ensuite eu recours au principe de la dichotomie de contrôle, que j'ai appris des stoïciens. J’y ai eu recours chaque fois que je commençais à me demander si un événement, un problème, un phénomène particulier était sous mon contrôle ou non. Si oui, j'assume la responsabilité de ce qui se passe, je trouve une solution et je passe à l'action. Sinon, je ne dois pas gaspiller mes nerfs inutilement: à quoi bon s'angoisser, par exemple, à bord d'un avion qui tombe, si la catastrophe est indépendante de notre volonté? J'ai donc séparé les bons grains de l'ivraie. Lorsque la pandémie du coronavirus a traversé nos plans, peu de choses étaient hors de notre contrôle, n'est-ce pas?

1200px-Lucius_Verus_-_MET_-_L.2007.26_cropped.jpg

Vous pouvez vous arracher les cheveux, mais il y a des situations où nous sommes impuissants à changer les choses. Au moins, pour le changer immédiatement.

La dichotomie du contrôle a fait disparaître mon énergie. J'ai concentré mon énergie uniquement sur les choses que je pouvais encore changer et contrôler.

J'ai élaboré un plan d'action basé sur ma situation actuelle et j'ai commencé à le suivre. Je ne pouvais plus reporter, je ne pouvais pas faire de pause, la situation avait atteint un stade critique, et comme je n'avais rien à perdre, j'ai commencé à agir immédiatement.

Pendant tout ce temps, je contrôlais soigneusement l'état de ma conscience. J'étais dans la phase, et j'étais dans cette phase-là, mais je n'étais pas sûre de ce que je pensais. J'ai dû faire des efforts inimaginables pour écarter ces doutes. J'ai cherché des "déplaceurs" puissants. J'ai trouvé des processus dans lesquels l'immersion requérait toute mon attention, j'ai délibérément chargé mon cerveau de telle sorte qu'il n'avait pas le temps de mettre en bouillie des pensées destructrices. Bien sûr, dans les moments de soi-disant repos, la première chose qu'il faisait était de coupler ces pensées, empoisonnant mon existence. Puis j'ai réalisé que j'avais besoin de travailler tout le temps. Et sur les tâches les plus difficiles. Je me suis donné deux ans pour m'occuper uniquement des nouvelles priorités, en mettant toutes les autres hors jeu. Vous devez être capable de remettre quelque chose à plus tard. Non pas pour battre en retraite, mais pour me donner la possibilité d'attendre, de reprendre des forces, de ne pas m'effondrer. Ce qui pour d'autres peut sembler un fardeau impensable, est pour moi la seule façon normale d'exister. J'ai besoin d'un processus à grande échelle. C'est une façon de rationaliser la conscience. Vous pouvez avoir le vôtre.

Fantaisie cataleptique

Ce terme a été introduit par le stoïcien Zénon.

Nous sommes tous souvent la proie de nos propres erreurs d'interprétation. Nous rencontrons un événement, un fait, un motif, un acte, et nous y projetons immédiatement nos jugements de valeur. Nous créons une certaine interprétation et croyons en sa véracité, à tel point que les autres options perdent le droit d'exister. Une femme dont vous êtes amoureux est passée par là. Son regard froid et un hochement de tête à peine perceptible que vous avez immédiatement considéré comme une indifférence totale, voire une négligence. Ensuite, vous passez la serpillière et vous êtes prêt à abandonner vos rêves. Vous ne pensez même pas que son comportement pourrait avoir une douzaine d'autres motivations. Vous vous saisissez seulement du premier et vous vous livrez à une réflexion catastrophique, qui vous rend malade. Nous devons apprendre à prendre de la distance par rapport à ce qui nous arrive. C'est-à-dire regarder les événements de l'extérieur. Sans essayer de les colorer avec nos émotions, évaluations, pensées.

390px-Zeno_of_Citium_pushkin.jpg

Dans la thérapie cognitivo-comportementale, cela s'appelle la DISTANCE COGNITIVE. Nous ne souffrons pas tant à cause des événements eux-mêmes que de nos réactions face à ceux-ci. Je dois admettre que je suis moi-même victime de mes propres erreurs d'interprétation avec une régularité enviable. J'apprends régulièrement à détourner le regard des événements extérieurs, et des pensées qu'ils produisent en moi. Personne n'est parfait, mes amis ! Faites-vous amis avec les anciens stoïciens et vous aurez une nouvelle perspective sur vos problèmes.

Natella Speranskaya

Philosophe, spécialiste de la mythologie ancienne, de la philosophie et de la culture, culturologue, publiciste. Elle est l'auteur des livres The Path to a New Metaphysics (2011), Dionysus Pursued (2014), Essays on the Revival of Antiquity (en cours) ainsi que de nombreux articles sur la philosophie, la culture, l'histoire de l'art, les relations entre les sciences humaines et la technologie. Fondateur du projet éducatif interdisciplinaire Janus Academy, dont la mission est la formation de polymathes (homo univeralis) au 21e siècle. Développeur de programmes éducatifs et culturels, de cours magistraux. Conservateur et responsable du groupe de lecture sur les textes d'Homère (Théâtre électrique Stanislavsky).

Natella_Speranskaya__Dionis_presleduemyj.jpeg

jeudi, 25 janvier 2018

Massimo Pigliucci’s Cognitive Dissonance on Illegal Immigration & the Fall of the Roman Empire

MPig-stoic.jpg

Massimo Pigliucci’s Cognitive Dissonance on Illegal Immigration & the Fall of the Roman Empire

Massimo Pigliucci is an evolutionary biologist and professor of philosophy at the City University of New York. He has played an important role in the popularization of a modern Stoicism in recent years (see his useful collection of materials for practicing Stoicism on his blog [2]).

While some of the renewed interested in Stoicism, like Buddhism, has a somewhat commercial flavor, I for one think this is a very good development. Stoicism is a powerful antidote to the individualist and egalitarian excess that has so dominated the West since the 1960s. In contrast to this, Stoicism posits that our good and our duty is to live in natural harmony as part of a wider, hierarchical whole which is our society and the universe. Pigliucci said on one podcast [3]:

The Stoics had a recurring phrase which was that you should be “living according to Nature.” Living according to Nature doesn’t mean that you should go naked in the woods and hug trees. It means you should understand how the world works: both the world at large, the cosmos itself, and in particular human nature. You should have the best understanding possible of the kind of being that a human is. And, for the Stoics, the two most important aspects of a human being is that we are a social animal, that we are interdependent on each other, and that we are capable of reason. …

When something happens to you, that you don’t like … one of the ways you should put things in perspective is to think of yourself as an organ of a larger organism. You are the foot, and the larger organism has to go home, and in order to do it has to step through mud. You as a foot are not going to like [that], it doesn’t feel good. But it is what you do as a foot because you are part of a larger organism. …

There are both social roles and biological roles that we play in our lives, and our lives are going to be much better if we play those roles better. Doing so means understanding what those roles are, understanding how you fit in the rest of the world.

MPigbook.jpgThere is a lot of wisdom here. At the very least, it leads one to ask questions: What is the role of a young man with regard to the fitness and well-being of the species? What is the role of a young woman? What is the role of a European in a context of decline? And so on. Stoicism represents one powerful way in which postmodern Westerners, conquered by liberalism, can learn to stop being so frivolous, narcissistic, and selfish, and begin living our lives in a mindful and communitarian fashion.

We stress here that Pigliucci has highlighted that Stoicism involves investigation into “human nature … the kind of being that a human is” and recognition that we should fulfill our “social and biological roles.” Stoicism, as an ancient philosophy, can and must then be powerfully supplemented by the insights and discoveries of modern Darwinian evolutionary science, notably in the fields of evolutionary psychology, psychometrics, and genetics/heredity.

All this begs the question: what are the implications of human biodiversity for an enlightened cosmopolitics [4]? Could this entail that we should have demographic policies aimed at maximizing the harmony and cognitive quality of our societies? Certainly, Plato and Aristotle advocated extremely [5]muscular policies in this direction [5], even if in practice, for lack of science and technology, the eugenic ideal in antiquity remained a largely negative and ineffectual phenomenon.

I raise all this because Pigliucci is also an opponent of both President Donald Trump and of his immigration policies, notably the building of a wall on the Mexican border to reduce illegal immigration. This is despite the fact that he recognizes the analogy between late-Roman barbarian invasions and modern mass immigration to North America and Western Europe. Pigliucci argued during a lecture [6] (actually, a good NEET should isolate this 90-second segment and share it on Twitter), citing the popular classicist Mary Beard, that the Roman Empire did not fall, as is often said, due to a collapse of morals, but because of massive illegal immigration by northern barbarians:

The Roman Empire – if you want to have any direct analogy to what is happening today – … very likely collapsed because of forced immigration from the outside, from people who had no better way of living. Very few people are aware that the so-called barbarians the Visigoths, the Goths, and so forth actually wanted to become Roman citizens. The first waves of barbarians were immigrants! These people were coming in with their families. … The analogy there is actually with the current waves that we are seeing these days in the news of immigration, not just in the United States but in Europe. … These are the people that so-to-speak bring “the end of the world.” Not because they’re going to conquer you, not because they’re evil or anything like that, but because when millions of people are in need of resources, they’ll move.

So far, so good. According to Pigliucci (and Mary Beard): Cleander did nothing wrong [7]! Pigliucci then adds:

And there is no freaking barbed wire or wall or anything like that which is going to stop them. Nobody has ever stopped them in the history of humanity, and no wall, even one built by Donald Trump, will ever stop them.

Pigliucci, as far as I can see, seems then to be suffering from a severe case of cognitive dissonance concerning immigration. I am perfectly ready to concede that Trump is a legitimately repulsive figure for many people – one need only consider his style, his personality, his environmental policies, his friends in the Big-Business and Israel-Lobby wings of the Republican Party. However, one must also recognize that Trump represents an instinctive and very real attempt by the historic American people, what is left of it, against precisely the kind of mass immigration which, Pigliucci says, destroyed Rome. Does the Trump phenomenon not merit some consideration in that regard?

It does no good to say that immigration is a force of nature and therefore no policy can prevent it. We cannot prevent all traffic accidents, but that does not prevent us from trying to minimize them. Furthermore, the policies of Israel, Japan, or Hungary all clearly show that immigration can be reduced to negligible levels if there is the political will to do so. President Barack Obama and Chancellor Angela Merkel both, clearly, showed no will to enforce the laws of their country and the will of their citizens concerning illegal immigration. And both have rightly paid a price as a result of this, with natural backlash in the form of the rise of nativist populism. Finally, we note that Trump – despite being hobbled by his own open-borders Republican Party and the liberal Establishment – has succeeded in reducing illegal immigration to the lowest level in 17 years [8]. This shows that a government’s mere expression of a will to enforce immigration laws was sufficient to significantly dissuade would-be illegal immigrants!

MAbees.jpg

Pigliucci is perhaps motivated by apparently generous concerns: that after all, no immigrant moves unless there is a compelling reason to do so, most commonly severe economic discomfort in his own land. However, a “humanitarian” immigration policy is no good if it harms American society as a whole. Immigration cannot be accepted if it harms the community – for instance, if it undermines that common national identity so necessary to civic solidarity or if it lowers the average quality of the citizenry.

For, as the Ancients incessantly affirmed, what matters is the good of the community, of the whole. Our beloved Marcus Aurelius himself says so again and again: “What brings no benefit to the hive brings none to the bee” (Meditations, 6.54), “What causes no harm to the city causes no harm to the citizen” (5.22), and we should do whatever is “opportune and advantageous to the community . . . directed to this single end, the common benefit and harmony” (7.5). I for one have not given up on the ability of reason and dialogue to produce salvatory fruits for the West and indeed for humanity in this century.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/01/massimo-pigliuccis-cognitive-dissonance-of-illegal-immigration-the-fall-of-the-roman-empire/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/01/81wNxUL6nJL._UX250_.jpg

[2] practicing Stoicism on his blog: https://howtobeastoic.wordpress.com/

[3] said on one podcast: https://youtu.be/qcEiF6_Uevo?t=21m4s

[4] cosmopolitics: https://www.counter-currents.com/2017/02/whats-wrong-with-cosmopolitanism/

[5] Plato and Aristotle advocated extremely : https://www.amazon.com/Greek-Origins-Biopolitics-Reinterpretation-Interventions/dp/1138659436

[6] Pigliucci argued during a lecture: https://youtu.be/5XG7oUbjLj0?t=1h7m27s

[7] Cleander did nothing wrong: https://youtu.be/ecMfU3910WY?t=6m37s

[8] reducing illegal immigration to the lowest level in 17 years: http://www.politifact.com/truth-o-meter/statements/2017/apr/25/donald-trump/illegal-immigration-lowest-17-years-trump-said/

mercredi, 17 janvier 2018

Stoic Spiritual Hygiene with Regard to Normies

MA-future.jpg

Stoic Spiritual Hygiene with Regard to Normies

Ancient philosophy, as Pierre Hadot has argued, was not merely a set of ideas but meant to include something far more practical: the leading of a good life in the pursuit of truth. In the case of Stoicism, as with Cynicism, the notion of leading a philosophical way of life is particularly explicit and central.[1] [2]

The philosopher is interested in living a life according to purpose and principle, as opposed to the frivolous or the popular. This necessarily can make him seem a bit of a kill-joy and can make interacting with what we call “normies” problematic. This is not a new problem. Here is Epictetus’ advice on avoiding gossip, chit-chat about the ball-game, and other small talk:

Lay down from this moment a certain character and pattern of behavior for yourself, which you are to preserve both when you’re alone and when you’re with others.

Remain silent for the most part, or say only what is essential, and in few words. Very infrequently, however, when the occasion demands, do speak, but not about any of the usual topics, not about gladiators, not about horse-races, not about athletes, not about food and drink, the subjects of everyday talk; but above all, don’t talk abut people, either to praise or criticize them, or to compare them. If you’re able to so, then, through the manner of your own conversation bring that of your companions round to what is fit and proper. But if you happen to find yourself alone among strangers, keep silent. (Handbook, 33)

stoique.jpg“Show, don’t tell,” besides being good writing advice, is then an important Stoic principle concerning philosophy. One will always be tempted to make a philosophical and political point in order to show off or best another in argument, which of course defeats the whole purpose. Epictetus reiterates the point:

Never call yourself a philosopher, and don’t talk among laymen for the most part about philosophical principles, but act in accordance with those principles. At a banquet, for example, don’t talk about how one ought to eat, but eat as one ought. . . . And accordingly, if any talk should arise among laymen about some philosophical principle, keep silent for the most part, for there is great danger that you’ll simply vomit up what you haven’t properly digested. (Handbook, 46)

Epictetus is quite explicit that adoption of the Stoic way of life means a radical change, perhaps analogous to religious conversion. The change is so radical that one must be careful who one associates with. Obviously, one’s own spiritual practice will be all the greater insofar as one associates with like-minded people. Conversely, this also means one may have to abandon boorish old friends:

This is a point to which you should attend before all others, that you should never become so intimately associated with any of your former friends and acquaintances that you sink down to the same level as them; for otherwise, you’ll destroy yourself. But if this thought worms its way into your mind, that “I’ll seem churlish to him, and he won’t be as friendly to me as before,” remember that nothing is gained without cost, and that it is impossible for someone to remain the same as he was if he is no longer acting the same way. Choose, then, which you prefer: to be held in the same affection as before by your former friends by remaining as you used to be, or else become better than you were and no longer meet with the same affect . . . if you’re caught between two paths, you’ll incur a double penalty, since you’ll neither make progress as you ought nor acquire the things that you used to enjoy. (Discourses, 4.2.1-5).

Epictetus_Enchiridion_1683_page1.jpgThe message is clear: the low spiritual and intellectual condition of “normies” is highly contagious, one must exercise the utmost caution. No doubt this bad condition has been severely aggravated and magnified by television and pop culture.

By these metrics, I observe that the modern university experience is something of an anti-education: the stupidities of youth are exaggerated and made fashionable, rather than curtailed. The soul grows obese with pleasure and pride, rather than being moderated and cultivated. (I note in passing that Plato would no doubt be surprised, to not say worse, to learn that “academia” would grant degrees to 40 percent of the population.)

The Stoic will manage his social relations with moderation. He will economically support himself, honor his parents, and find a wife and raise of family of his own. Nonetheless, to the extent possible within the web of relations implied by his social role, he will live a philosophical life, and raise his peers by his example. In this, I should think, a shared spiritual practice with the wife and other immediate family is a great aid, to not say fundamental: by prayer, meditation, readings, song, and other rituals in common, one can lift up souls away from the sensuous and the frivolous, and towards principle.

References

Epictetus, Discourses, Fragments, Handbook, trans. Robin Hard (Oxford: Oxford University Press, 2014).

[1] [3] Epictetus scolds those who adopt the name Stoic but prefer to talk about philosophical principles than live them:

What difference does it make, in fact, whether you expound these teachings or those of another school? Sit down and give a technical account of the teachings of Epicurus, and perhaps you’ll give a better account than Epicurus himself! Why call yourself a Stoic, then; why mislead the crowd; why act the part of a Jew when you’re Greek? Don’t you know why it is that a person is called a Jew, Syrian, or Egyptian? And when we see someone hesitating between two creeds, we’re accustomed to say, “He is no Jew, but is merely acting the part.” But when he assumes the frame of mind of one who has been baptized and has made his choice, then he really is a Jew, and is called by that name. And so we too are baptized in name alone, while in fact being someone quite different, since we’re not in sympathy with our own doctrines, and are far from making any practical application of the principles we express, even though we take pride in knowing them. (Discourses, 2.9.19-22)

Epictetus repeatedly contrasts Middle-Eastern “Jews, Syrians, and Egyptians” with “Romans,” as culturally and perhaps ethnically others.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/01/stoic-spiritual-hygiene-with-regard-to-normies/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/01/epictetus.jpg

[2] [1]: #_ftn1

[3] [1]: #_ftnref1

 

mardi, 09 janvier 2018

LE STOÏCISME - Vaincre nos émotions

senequeyyyy.jpg

LE STOÏCISME - Vaincre nos émotions

Le stoïcisme, courant philosophique grec et romain, se présente comme une doctrine panthéiste et matérialiste. Né au IVè siècle avant JC avec Zénon de Citium, le stoïcisme se développa jusqu’à la fin du IIIème siècle après JC.
 
Dans le stoïcisme, le bonheur désigne l’indépendance vis-à-vis des circonstances extérieures et le détachement à l’égard des choses. La maîtrise de nos représentations et l’exercice du jugement permettent d’y accéder. C’est une philosophie de la liberté intérieure.
 
 

dimanche, 25 septembre 2016

Le Manuel d'Épictète

EPI-titree.jpg

Le Manuel d'Épictète

Ex: http://lesocle.hautetfort.com 

EPI-0.gifParmi les philosophies antiques, le stoïcisme tient une grande place. Traversant l'antiquité grecque et l'antiquité romaine sur près de six siècles, symbole du sérieux et de l'abnégation de tout un peuple, l'école du Portique apprend à ses disciples à vivre en harmonie avec l'univers et ses lois. Maîtrise de soi, courage, tenue, éthique, ce sont là quelques mots clés pour comprendre le stoïcisme. Le Manuel 1 d'Epictète, condensé de cette sagesse, permet à chaque Européen de renouer avec les plus rigoureuses racines de notre civilisation. Brillant exemple de ce que pouvait produire l'univers mental propre au paganisme européen, le stoïcisme continuera d'irriguer la pensée européenne sur la longue durée (avec notamment le mouvement du néo-stoïcisme de la Renaissance). Et au delà de la longue durée, il est important de souligner l'actualité de la philosophie stoïcienne. Philosophie de temps de crise comme le souligne son histoire, le stoïcisme redirige l'homme vers l'action.

Structure de l’œuvre: Le Manuel est volontairement court. Il s'agit d'un condensé des leçons données par Epictète. Si court qu'il soit, on pourrait s'attendre à une idée différente à chaque aphorisme. Et pourtant les idées centrales ne sont que quelques-unes. Le lecteur ne doit donc pas s'étonner de voir répétées sous des formes différentes, à partir d'observations différentes, les mêmes idées. Ce manuel est un précis de gymnastique, une gymnastique de l'âme. Quelques mouvements y sont codifiés. Ce qui importe n'est pas le nombre mais bien la perfection dans l'exécution. Que chacun puisse donc y voir une porte d'entrée vers une métaphysique de l'absolu, celle de nos origines et qui s'oppose à la métaphysique de l'illimité dans laquelle nous nous perdons aujourd'hui.

Gwendal Crom, pour le SOCLE

La critique positive du Manuel d’Épictète au format .pdf

Le Manuel est l’œuvre attribué à Epictète la plus célèbre. Attribué car tout comme Socrate, il n'écrit rien de son vivant. C'est le disciple d'Epictète, Arrien qui consigna les pensées du maître dans huit à douze œuvres (les Entretiens) dont seuls quatre nous sont parvenus. Le Manuel consiste en un condensé de ces entretiens. Disciple de l'école stoïcienne fondée par Zénon en 301 avant notre ère, Epictète fut par la suite abondamment cité par l'empereur Marc-Aurèle. Epictète forme avec Sénèque (qui le précéda) et Marc-Aurèle la triade du stoïcisme impérial (ou latin). Esclave affranchi né aux alentours de l'an 50 de notre ère, il put suivre durant sa servitude les leçons de Musonius Rufus, grande figure du stoïcisme romain. Une fois libre, il devint un philosophe porté en haute estime par ses contemporains. Epictète vécut dans la pauvreté toute sa vie en ayant pour principale préoccupation de répondre à la question « Comment doit-on vivre sa vie ? ». Il mourut selon toutes vraisemblances aux alentours de l'an 130.

EPI-2.pngLa pensée stoïcienne dégage à ses origines trois grands axes d'étude: la physique (l'étude du monde environnant), la logique et l'éthique (qui concerne l'action). La pensée d'Epictète a ceci de particulier qu'elle ne s'intéresse pas à l'étude de la physique et ne s'attarde que peu sur celle de la logique, même si Epictète rappelle la prééminence de cette dernière dans l'un de ses aphorismes: Le Manuel, LII, 1-2. Car en effet, toute éthique doit être démontrable.

Et si la pensée d'Epictète peut être considérée comme une pensée de l'action alors son Manuel est un manuel de survie, comme le considérait selon la légende Alexandre le Grand. Le Manuel est dénommé en Grec : Enkheiridion qui signifie également « que l'on garde sous la main » et désigne communément le poignard du soldat. Voilà pourquoi Alexandre le Grand gardait sous son oreiller nous dit-on, un poignard et Le Manuel d'Epictète.

Le stoïcisme a pour tâche de nous faire accéder au divin. Il n'est pas une illumination une révélation. C'est une voie d'accès au bonheur par l'exercice et la maitrise rigoureuse de la (froide) raison. C'est une constante gymnastique de l'esprit, une méditation à laquelle on doit se livrer en permanence pour redresser son esprit, redresser toute son âme vers un seul but : être en harmonie avec les lois de l'univers et accepter la marche de celui-ci sans s'en émouvoir. Ainsi, dans ses Pensées pour moi-même 2 (Livre I, VII), l'Empereur Marc-Aurèle remercie son maitre Julius Rusticus (qui fut vraisemblablement un élève d'Epictète) en ces termes: « De Rusticus : avoir pris conscience que j'avais besoin de redresser et surveiller mon caractère... [et] avoir pu connaître les écrits conservant les leçons d'Epictète, écrits qu'il me communiqua de sa bibliothèque ».

On ne saurait de fait évoquer la pensée d'Epictète sans évoquer la notion de tenue. Car la tenue est une manière d'être, un exemple pour soi et pour les autres comme le souligne Epictète. Ainsi pour le philosophe, il ne faut point attendre pour mettre en pratique ce qui a été appris. La perfection théorique n'a aucune valeur si elle n'est pas suivie d'effets. De plus, le stoïcisme croit aux effets retours du comportement sur l'âme humaine. C'est en effet en s'astreignant chaque jour à la discipline, à la méditation, au maintien d'une tenue que l'âme peut tendre vers la perfection. Simplement théoriser cette perfection ou pire, l'attendre, est vain et puéril. Il faut chaque jour trouver de nouvelles confirmations des enseignements du stoïcisme. Il faut chaque jour méditer cet enseignement comme on pratiquerait un art martial, pour que chaque mouvement appris se fasse naturellement, instinctivement.

Mais avant de pénétrer plus avant la pensée stoïcienne, il convient d'emblée de préciser qu'il ne faut pas confondre la philosophie stoïcienne avec le caractère « stoïque » qui désigne quelqu'un de résigné, faisant preuve d'abnégation et affrontant les coups du sort sans broncher. La philosophie stoïcienne est avant tout une recette du bonheur visant à se libérer totalement de l'emprise des émotions pour atteindre un état dit d'ataraxie, calme absolu de l'âme. Néanmoins, ce bonheur ne sera accessible qu'en étant « stoïque » : l'abnégation étant la base nécessaire pour accéder à la philosophie stoïcienne. De fait, cette recherche du calme absolu, de la maîtrise de soi intégrale ne put que plaire aux Romains comme le souligne Dominique Venner dans Histoire et Tradition des Européens 3. Peuple droit et rigoureux, cette philosophie enseignait entre autres à bien mourir, c'est-à-dire à affronter la mort en face, et au besoin, de se l'administrer soi-même lorsque l'honneur le commandait. Il sera d'ailleurs tentant de remarquer que la philosophie stoïcienne, par son rapport aux émotions, rappelle le bouddhisme là où le sérieux des Romains n'hésitant pas à se donner la mort rappelle étrangement celui des Samouraïs s'infligeant le seppuku. Que serait devenu une Europe où le stoïcisme aurait remplacé la morale chrétienne ? Qu'en serait-il également d'une noblesse européenne qui telle la noblesse japonaise aurait répondu de son honneur sur sa vie ? Ce sont là des pistes que l'historien méditatif saura explorer à bon escient. Mais avant d'entreprendre tel voyage, examinons comme dirait Epictète ses antécédents et ses conséquents.

EPI-bild.jpg

Le philosophe Epictète représenté avec une canne. Durant sa servitude, son maître lui mit la jambe dans un instrument de torture. Selon la légende, Epictète le prévint en ces mots: «Attention. Cela va casser ». Lorsque la jambe céda, Epictète dit alors « Ne t'avais-je point prévenu que cela allait casser ». Boiteux toute sa vie, il montra que l'on pouvait nuire à son corps mais pas à son âme.

Car le stoïcisme est une voie dure et qui n'est pas sans risques. Le rejet des émotions et donc de la subjectivité de l'existence expose celui qui s'y livre à une vie terne (car sans émotions) et tourmentée (tourmentée car on ne souffre jamais plus que de ce que l'on cherche à fuir, à nier ou à absolument contrôler). Celui qui recherche le bonheur et la suprême sagesse à travers la philosophie stoïcienne se devra de s'y livrer totalement. Il serrera alors conte lui ses enfants comme des êtres mortels, que l'univers peut à tout moment lui prendre sans que cela ne l'émeuve. Le Manuel, III: « Si tu embrasses ton enfant ou ta femme, dis-toi que c'est un être humain que tu embrasses ; car s'il meurt, tu n'en seras pas troublé ». Mais celui qui ne peut ou ne veut s'engager sur la voie de la philosophie mais recherche un exemple de tenue, une manière de redresser son âme tel l'empereur Marc-Aurèle aura alors à sa disposition les outils d'une puissante et européenne méditation. Tel Marc-Aurèle, il sera en moyen de faire le bien et de s'acquitter de sa tâche en ne cédant pas aux fastes et distractions que la vie pourrait lui offrir. Car c'est également cela la force de la pensée stoïcienne : elle offre deux voies. Une pour le philosophe et une autre pour le citoyen. C'est également en cela qu'elle est une pensée de l'action car elle n'est pas uniquement destinée à un corpus d'intellectuel mais constitue une manière de vivre que chaque Européen, que chaque citoyen peut faire sien. Philosophe et citoyen, tous deux seront en mesure de vivre selon ce qui est élevé. Qu'est ce qui est élevé ? La Sagesse. Que fait l'homme sage ? Le Bien. Comment se reconnaît-il ? Il vit dans l'Honneur.

Epi-1.jpgEt c'est cet Honneur au-dessus de tout, au-dessus de la vie elle-même qui est invoqué par la pensée d'Epictète. Car rappelons-le, la tenue est la base de la pensée stoïcienne. Sans Honneur, point de tenue. Sans tenue, point de voie d'accès à la Sagesse. Et sans Sagesse, on ne saurait faire le Bien. Il faut d'abord et avant tout vivre dans l'honneur et savoir quitter la scène le jour où notre honneur nous le commandera. C'est ce que ce grand Européen que fut Friedrich Nietzsche rappelle dans Le Crépuscule des Idoles 4 (Erreur de la confusion entre la cause et l'effet, 36): Il faut « Mourir fièrement lorsqu'il n'est plus possible de vivre fièrement ». Et s'exercer à contempler la mort jusqu'à ne plus la craindre, jusqu'à lui être supérieur est une des principales méditations stoïciennes : Le Manuel, XXI: « Que la mort, l'exil et tout ce qui paraît effrayant soient sous tes yeux chaque jour ; mais plus que tout, la mort. Jamais plus tu ne diras rien de vil, et tu ne désireras rien outre mesure ». Celui qui se délivrera de l'emprise de la mort sur son existence pourra alors vivre dans l'Honneur jusqu'à sa dernière heure.

Pour bien comprendre Le Manuel, il convient de rappeler les trois disciplines du stoïcisme selon Epictète. Selon lui, toute philosophie se répartie entre ces trois disciplines que sont : la discipline du discernement (le jugement que l'on porte sur soi et le monde environnant), la discipline du désir et des passions (celle qui régit l'être) et la discipline de l'éthique (c'est-à-dire celle qui régit l'action). Et par l'usage de la raison, on part de la première pour arriver à la troisième. Ce qui importe, c'est de pouvoir porter un jugement sûr permettant de régler tout notre être de la meilleure manière qui soit pour pouvoir enfin agir avec sagesse et donc ainsi faire le Bien. La première tâche qui nous incombe est donc de focaliser notre attention (et donc notre jugement) sur les choses qui importent.

Toute la démarche de celui qui s'engage sur la voie du stoïcisme consiste donc d'abord à pouvoir déterminer la nature de l'univers et à pouvoir se situer par rapport à lui. Et le stoïcisme nous enseigne que la première caractéristique de l'univers est qu'il est indifférent à notre sort. Tout est éphémère et n'est que changement. Nous ne pouvons rien contre cela. La marche de l'univers est inéluctable et nous ne sommes qu'une partie d'un grand Tout. Si les Dieux existent, ont prise sur notre existence et doivent être honorés, ils ne sont eux aussi qu'une partie d'un grand Tout et soumis au fatum. Il devient dès lors inutile de pester contre les coups du sort, de maudire les hommes et les Dieux face au malheur. La véritable Sagesse consiste à accepter tout ce qui peut nous arriver et à aller à la rencontre de notre destin le cœur serein. Voilà entre autres pourquoi on ne saurait craindre la mort qui forcément un jour viendra à nous. Prenant l'exemple des bains publiques pour illustrer les torts que notre environnement ou nos contemporains peuvent nous causer, Epictète nous dit (Le Manuel, IV) : « Ainsi, tu seras plus sûr de toi en allant te baigner si tu te dis aussitôt : « Je veux me baigner, mais je veux encore maintenir ma volonté dans un état conforme à la nature ». Et qu'il en soit ainsi pour toutes tes actions. Ainsi s'il te survient au bain quelque traverse, tu auras aussitôt présent à l'esprit : « Mais je ne voulais pas me baigner seulement, je voulais encore maintenir ma volonté dans un état conforme à la nature. Je ne la maintiendrais pas, si je m'irritais de ce qui arrive » ». C'est l'un des pivots de la pensée stoïcienne. Tout comme l'univers est indifférent à notre sort, nous devons être indifférents à sa marche. Mieux encore, épouser la marche du monde, accueillir le destin d'un cœur résolu, c'est faire acte de piété car c'est avoir fait sien le principe directeur qui guide l'univers lui-même. Et l'univers est par définition parfait donc divin. Ce sont ces considérations métaphysiques qui nous amènent à la raison. Et c'est par la raison que nous accéderons en retour au divin.

EPI-4.jpgNous devons donc ne nous préoccuper que de ce qui ne dépend que de nous car selon Epictète, l'une des plus grandes dichotomies à réaliser c'est celle existante entre les choses qui dépendent de nous et celles qui n'en dépendent pas. Parmi les choses qui dépendent de nous, le jugement que l'on se fait de soi et de l'univers qui nous entoure. Ce qui dépend de nous, c'est tout ce qui a trait à notre âme et à notre libre-arbitre. Et parmi les choses qui ne dépendent pas de nous : la mort, la maladie, la gloire, les honneurs et les richesses, les coups du sort tout comme les actions et pensées de nos contemporains. L'homme sage ne s'attachera donc qu'à ce qui dépend de lui et ne souciera point de ce qui n'en dépend point. C'est là la seule manière d'être libéré de toute forme de servilité. Car l'on peut courir après richesses et gloires mais elles sont par définition éphémères. Elles ne trouvent pas leur origine dans notre être profond et lorsque la mort viendra nous trouver, à quoi nous serviront-elles ? Pour être libre, il convient donc de d'abord s'attacher à découvrir ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. C'est bel et bien la première discipline du stoïcisme : celle du discernement. En se plongeant dans Le Manuel d'Epictète, on apprendra vite qu'il faut d'abord et avant tout s'attacher à ce que l'on peut et au rôle dont le destin nous a gratifié. Le rôle qui nous est donné l'a été par l'univers (que ce soit par l'entremise des Dieux ou par la voie des causes et des conséquences) et c'est donc avec ferveur que nous devons le remplir. C'est en faisant ainsi, cheminant aux côtés de ses semblables, modeste et loyal, que l'on sera le plus utile aux siens et à sa patrie. C'est bel et bien une vision fataliste de l'existence, un amor fati très européen. Rappelons-nous qu'aller à l'encontre du destin, c'est défier les Dieux et l'univers. Et pourtant... cela nous est bel et bien permis à nous Européens. La Sagesse consiste à savoir que cela ne peut se faire que lorsque tel acte est commandé par l'absolue nécessité et en étant prêt à en payer le prix. On se replongera dans l'Iliade pour se le remémorer. Mais comme il est donné à bien peu d'entre nous de connaître ce que le destin leur réserve, notre existence reste toujours ouverte. Il n'y a pas de fatalité, seulement un appel à ne jamais se dérober lorsque l'histoire nous appelle. Voici une autre raison de s'exercer chaque jour à contempler la mort. Car si nous ne nous livrons pas quotidiennement à cette méditation, comment réagirons-nous le jour où il nous faudra prendre de véritables risques, voir mettre notre peau au bout de nos idées ? Lorsque le Destin frappera à notre porte, qu'il n'y aura d'autre choix possible qu'entre l'affrontement et la soumission, le stoïcien n'hésitera pas. Que seul le premier choix nous soit accessible, voici le présent que nous fait le stoïcisme. Le Manuel, XXXII, 3: « Ainsi donc, lorsqu'il faut s'exposer au danger pour un ami ou pour sa patrie, ne va pas demander au devin s'il faut s'exposer au danger. Car si le devin te déclare que les augures sont mauvais, il est évident qu'il t'annonce, ou la mort, ou la mutilation de quelque membre du corps, ou l'exil. Mais la raison prescrit, même avec de telles perspectives, de secourir un ami et de s'exposer au danger pour sa patrie. Prends garde donc au plus grand des devins, à Apollon Pythien, qui chassa de son temple celui qui n'avait point porté secours à l'ami que l'on assassinait ».

Qu'en est-il à présent des trois disciplines du stoïcisme. Comme il a été dit précédemment, être et action découlent du discernement et l'on peut ainsi affiner la définition des trois disciplines du stoïcisme:

  • Discernement: On s'attachera à déterminer les choses qui dépendent de nous et celles qui n'en dépendent pas.
  •  Être: On se bornera à ne point désirer ce qui ne dépend pas de nous et inversement à désirer ce qui en dépend.
  • Action: On pourra alors agir selon ce que notre être nous commande et ne pas aller vers ce qui nous en détournerait.

EPI-3.jpgIl convient de s'attarder maintenant sur ces définitions de l'être et de l'action. Comme nous le voyons, non seulement nous devons aller dans la bonne direction mais qui plus est nous interdire tout ce qui pourrait nous en détourner. Vivre en stoïque, c'est vivre de manière radicale. Que l'on vive le stoïcisme en philosophe ou en citoyen ne change rien à cela. Il n'y a pas de place pour la demi-mesure. Une droite parfaitement rectiligne, c'est ce qui doit symboliser le chemin parcouru par l'homme antique, l'homme stoïque. Il a été dit plus haut que tout était éphémère, que tout n'était que changement. A partir de cette constatation, sachant que nous ne devons point désirer et accorder d'importance à ce qui ne dépend point de nous, il devient dès lors impossible de s'attacher à ses possessions, à ses amis, à sa famille. Ceux-ci ne nous appartiennent pas et rien de ces choses et de ces personnes ne sont une extension de nous-même. Hommes ou objets, nous n'en jouissons que temporairement. Et cela ne doit pas être vu comme un appel à l'indifférence et à l'égoïsme. L'enseignement qui doit en être retiré est que la vérité et l'exigence de tenue ne doivent pas tenir compte de ces que nos contemporains, si proches soient-ils de nous, peuvent en penser. De même, l'argent et les biens matériels ne sont que des outils. Des outils au service du bien, de la cité, de la patrie. Celui qui se laisse posséder par ce qui est extérieur à lui-même ne mérite pas le titre de stoïcien, le qualificatif de stoïque. Et à ceux qui verront le stoïcisme comme trop dur, Epictète répond que la Sagesse a un prix. Nous ne pouvons désirer la paix de l'âme et les fruits d'une vie de servitude. A vrai dire, à vouloir les deux à la fois, on n'obtient bien souvent ni l'un ni l'autre. Et à ceux qui se décourageront en chemin, Epictète rappelle que nous pouvons trouver en nous tous les outils pour persévérer. Face à l'abattement, invoquons la ferveur, face à la fatigue, invoquons l'endurance, face aux insultes et aux coups, invoquons le courage.

Quelles sont alors les valeurs qui doivent être invoquées en toutes circonstances par l'Européen sur la voie du stoïcisme ? Puisque tout n'est qu'éthique, puisque tout n'est que tenue, que doit-on se dire inlassablement pour être prêt le jour où le destin nous appellera ?

  • Méprise mort, maladie, honneurs, richesses
  • Ne te lamente de rien qui puisse t'arriver
  • Maîtrise-toi car tu es le seul responsable de tes actes
  • Joue à fond le rôle qui t'es donné
  • Agis ou lieu de décréter
  • Respecte les liens du sang, de hiérarchie et les serments
  • Ne te détourne jamais de ton devoir
  • Ne te justifie jamais, ris des éloges que tu reçois
  • Ne parle que lorsque cela est nécessaire
  • Ne commet rien d'indigne
  • Par ta conduite, amène les autres à la dignité
  • Ne fréquente pas ceux qui sont souillés
  • Modération en tout. Accepte les bonnes choses de la vie sans les rechercher. Enfin, ne les désire plus
  • Les Dieux gouvernent avec sagesse et justice :

« Sache que le plus important de la piété envers les Dieux est d'avoir sur eux de justes conceptions, qu'ils existent et qu'ils gouvernent toutes choses avec sagesse et justice, et par conséquent, d'être disposé à leur obéir, à leur céder en tout ce qui arrive, et à les suivre de bon gré avec la pensée qu'ils ont tout accompli pour le mieux. Ainsi, tu ne t'en prendras jamais aux Dieux et tu ne les accuseras point de te négliger »

Epictète, Le Manuel, XXXI

epi-6.jpgAller au-devant du monde le cœur serein. Rester droit face aux pires menaces et affronter la mort sans faillir, voilà la grande ambition du stoïcisme. En des temps troublés, l'Européen, quel que soit son rang, trouvera dans le Manuel tous les outils pour y arriver. Par la méditation, la raison et la maîtrise de soi il pourra se forger jour après jour une antique et véritable tenue. Le stoïcisme est également l'une des traditions par laquelle on peut se rapprocher du divin puis enfin mériter soi-même ce qualificatif. Devenir « pareil au Dieux » fut l'une des grandes inspirations de nos plus lointains ancêtres au sein de toute l'Europe. Germains et Celtes aux ancêtres divins ou Latins et Hellènes rêvant de prendre place à la table des Dieux, tous étaient habités par cette métaphysique de l'absolu qui guide nos âmes depuis nos origines. Une métaphysique de l'absolu qui les poussait à rechercher la perfection, l'harmonie, la beauté. Avec la raison menant au divin et le divin menant à la raison, le stoïcisme réussit un syncrétisme que beaucoup ont cherché à réaliser en vain pendant des siècles. Et cette sagesse n'est nullement incompatible avec les fois chrétiennes comme avec nos antiques fois européennes. Le libre penseur, l'incroyant lui-même n'en est pas exclu. Voilà pourquoi celui qui ouvre Le Manuel aura alors pour horizon l'Europe toute entière et ce, à travers toutes ses époques. Que celui qui contemple alors notre histoire se rappelle ces paroles d'Hector dans L'Iliade 5 (XII, 243) : « Il n'est qu'un bon présage, celui de combattre pour sa patrie ».

Pour le SOCLE :

De la critique positive du Manuel, les enseignements suivants peuvent être tirés :

                    - Le Manuel dicte la tenue idéale à tenir pour un certain type d'Européen.

                    - C'est un devoir sacré pour chacun d'être utile là où il est.

                    - Il ne saurait y avoir de réflexion sans action.

                    - L'honneur est au-dessus de la vie.

                    - L'hubris doit être condamné.

                    - On doit être guidé par une métaphysique de l'absolu.

                    - Le divin mène à la raison. La raison mène au divin.

Bibliographie

  1. Le Manuel. Epictète. GF-Flammarion.
  2. Pensées pour moi-même. Marc-Aurèle. GF-Flammarion.
  3. Histoire et tradition des Européens. 30 000 ans d'identité. Dominique Venner. Editions du Rocher.
  4. Le crépuscule des idoles. Friedrich Nietzsche. Folio Essais.
  5. L'Iliade. Homère. Traduit du grec par Fréréric Mugler. Babel.

vendredi, 19 février 2016

Marcus Aurelius: Life of the Famous Roman Emperor and Philosopher

Marcus-Aurelius.jpg

Marcus Aurelius: Life of the Famous Roman Emperor and Philosopher

Ex: http://www.ancient-origins.net

Marcus Aurelius Antoninus, known more commonly as Marcus Aurelius, was the 16th emperor of Rome, who reigned from 161 AD to his death in 180 AD. Marcus Aurelius is remembered as the last of the Five Good Emperors (the other four being Nerva, Trajan, Hadrian and Antoninus Pius). Apart from being a Roman emperor, Marcus Aurelius is also known today for his intellectual pursuits, and is considered as one of the most important Stoic philosophers.

The Life of Marcus Aurelius

Marcus Aurelius was born into an aristocratic family in Rome in 121 AD. His uncle was Titus Aurelius Antoninus (Hadrian’s successor, the emperor Antoninus Pius), who was adopted by Hadrian, after his earlier choice of successor died suddenly. Hadrian also arranged for the adoption of Marcus Aurelius by Antoninus. As a result of this adoption, the youth once known as Marcus Annius Verus became renamed as Marcus Aurelius Antoninus.   

Marble bust of Hadrian at the Palazzo dei Conservatori.

Marble bust of Hadrian at the Palazzo dei Conservatori. (Public Domain)

Hadrian died in 138 AD, and was succeeded by Antoninus, who reigned till his death in 161 AD. During the early part of Marcus’ reign, he ruled the empire with a co-emperor, Lucius Verus, who was his ‘half-brother’. Lucius’ father was Lucius Aelius, Hadrian’s first choice of successor. Lucius became Marcus’ ‘half-brother’ when he was adopted by Antoninus Pius. In 169 AD, Lucius Verus died, and Marcus was left as the sole ruler of the Empire. In 177 AD, Marcus once again took a co-emperor, this time, his son, Commodus. Marcus died three years later, in 180 AD.

Portrait of Lucius Aelius (101–138 AD) inserted afterwards in a heroic statue

Portrait of Lucius Aelius (101–138 AD) inserted afterwards in a heroic statue (CC BY 2.5)

Marcus in ‘The Caesars’ and Other Texts

Marcus Aurelius is considered by some to have been the best emperor that Rome ever had. In a short comic sketch known as The Caesars, written by the 4th century AD Roman Emperor, Julian the Apostate, Marcus is depicted as attending a banquet (along with the gods and other dead Roman emperors) given by Romulus during the festival of the Cronia. Marcus is depicted quite positively by Julian. For instance, Silenus, a companion and tutor of Dionysus, would mock each emperor as they arrived at the banquet. When Marcus arrived, however, he had nothing bad to say about him:

“Next entered the pair of brothers, Verus [Marcus Aurelius] and Lucius. Silenus scowled horribly because he could not jeer or scoff at them, especially not at Verus.”

A contest was then held at the banquet to determine who the best emperor was, in which Marcus, as expected, emerged victorious.

Marcus Aurelius’ virtuous deeds have also been recorded in the historical sources. For instance, in the Historia Augusta, it is claimed that:

“When he (Marcus) had drained the treasury for this war (the Marcomannic war), moreover, and could not bring himself to impose any extraordinary tax on the provincials, he held a public sale in the Forum of the Deified Trajan of the imperial furnishings.”

The emperor is also viewed positively by the historian Cassius Dio, who wrote, amongst other things, that:

“… [Marcus] had been emperor himself nineteen years and eleven days, yet from first to last he remained the same and did not change in the least. So truly was he a good man and devoid of all pretence.”

The Meditations of Marcus Aurelius

Apart from sources written about Marcus Aurelius, his own thoughts can be found in one of his works known as The Meditations. This piece of writing is in the form of a personal notebook, and is speculated to have been written whilst the emperor was on a military campaign in central Europe. It was due to this piece of work that Marcus received a reputation as a philosopher. Marcus’ Stoic philosophy can be seen in phrases such as these:

“Be like the promontory against which the waves continually break, but it stands firm and tames the fury of the water around it.” 

“A cucumber is bitter. - Throw it away. - There are briars in the road. - Turn aside from them. - This is enough. Do not add, And why were such things made in the world?” 

“But fortunate means that a man has assigned to himself a good fortune: and a good fortune is good disposition of the soul, good emotions, good actions.”

Lucius Verus, Marcus' co-emperor from 161 to Verus' death in 169 (Metropolitan Museum of Art lent by Musée du Louvre)

Lucius Verus, Marcus' co-emperor from 161 to Verus' death in 169 (Metropolitan Museum of Art lent by Musée du Louvre). (CC 1.0)

Although Marcus Aurelius is regarded as one of the greatest Roman emperors, it may be pointed out that it was during his reign that the empire was constantly threatened by external forces, namely the Parthians and the Germanic tribes. The emperor and his generals, however, were mostly able to successfully counter these threats.

However, the emperor’s biggest mistake, perhaps, was the appointment of his son, Commodus, as co-emperor in 177 AD. Commodus became the sole ruler of the Roman Empire when his father died in 180 AD, and is often regarded as a bad emperor. Moreover, his reign is regarded as the end of Rome’s golden age as Commodus failed to follow in his father’s famous footsteps.

Featured image: The Statue of Marcus Aurelius (detail) in the Musei Capitolini in Rome. Photo source: Public Domain.

By Ḏḥwty

References

Anon., Historia Augusta: The Life of Marcus Aurelius [Online]

[Magie, D. (trans.), 1921. Historia Augusta: The Life of Marcus Aurelius.]

Available at: http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Histori...

Cassius Dio, Roman History [Online]

[Cary, E. (trans.), 1914-27. Cassius Dio’s Roman History.]

Available at: http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Cassius...

Cavendish, R., 2011. Marcus Aurelius becomes Emperor of Rome. [Online]
Available at: http://www.historytoday.com/richard-cavendish/marcus-aure...

Julian, The Caesars [Online]

[Wright, W. C. (trans.), 1913. Julian’s The Caesars.]

Available at: http://www.attalus.org/translate/caesars.html

Marcus Aurelius, The Meditations [Online]

[Long, G. (trans.), 1957. Marcus Aurelius’ The Meditations]

Available at: http://classics.mit.edu/Antoninus/meditations.html

Mark, J. J., 2011. Marcus Aurelius. [Online]
Available at: http://www.ancient.eu/Marcus_Aurelius/

Sellars, J., 2016. Marcus Aurelius (121—180 C.E.). [Online]
Available at: http://www.iep.utm.edu/marcus/

www.biography.com, 2016. Marcus Aurelius. [Online]
Available at: http://www.biography.com/people/marcus-aurelius-9192657#c...

dimanche, 08 novembre 2015

Stoic indifference is a personal power

seneca1.jpeg

Stoic indifference is a personal power

Ashley Bailey

© Raymond Depardon/Magnum

Ex: http://www.therussophile.org   

As legions of warriors and prisoners can attest, Stoicism is not grim resolve but a way to wrest happiness from adversity

We do this to our philosophies. We redraft their contours based on projected shadows, or give them a cartoonish shape like a caricaturist emphasising all the wrong features. This is how Buddhism becomes, in the popular imagination, a doctrine of passivity and even laziness, while Existentialism becomes synonymous with apathy and futile despair. Something similar has happened to Stoicism, which is considered – when considered at all – a philosophy of grim endurance, of carrying on rather than getting over, of tolerating rather than transcending life’s agonies and adversities.

No wonder it’s not more popular. No wonder the Stoic sage, in Western culture, has never obtained the popularity of the Zen master. Even though Stoicism is far more accessible, not only does it lack the exotic mystique of Eastern practice; it’s also regarded as a philosophy of merely breaking even while remaining determinedly impassive. What this attitude ignores is the promise proffered by Stoicism of lasting transcendence and imperturbable tranquility.

It ignores gratitude, too. This is part of the tranquility, because it’s what makes the tranquility possible. Stoicism is, as much as anything, a philosophy of gratitude – and a gratitude, moreover, rugged enough to endure anything. Philosophers who pine for supreme psychological liberation have often failed to realise that they belong to a confederacy that includes the Stoics. ‘According to nature you want to live?’ Friedrich Nietzsche taunts the Stoics in Beyond Good and Evil (1886):

O you noble Stoics, what deceptive words these are! Imagine a being like nature, wasteful beyond measure, indifferent beyond measure, without purposes and consideration, without mercy and justice, fertile and desolate and uncertain at the same time; imagine indifference itself as a power – how could you live according to this indifference? Living – is that not precisely wanting to be other than this nature? Is not living – estimating, preferring, being unjust, being limited, wanting to be different? And supposing your imperative ‘live according to nature’ meant at bottom as much as ‘live according to life’ – how could you not do that? Why make a principle of what you yourself are and must be?

senecaFUJR6XH4W_1.jpgThis is pretty good, as denunciations of Stoicism go, seductive in its articulateness and energy, and therefore effective, however uninformed.

Which is why it’s so disheartening to see Nietzsche fly off the rails of sanity in the next two paragraphs, accusing the Stoics of trying to ‘impose’ their ‘morality… on nature’, of being ‘no longer able to see [nature] differently’ because of an ‘arrogant’ determination to ‘tyrannise’ nature as the Stoic has tyrannised himself. Then (in some of the least subtle psychological projection you’re ever likely to see, given what we know of Nietzsche’s mad drive for psychological supremacy), he accuses all of philosophy as being a ‘tyrannical drive’, ‘the most spiritual will to power’, to the ‘creation of the world’.

The truth is, indifference really is a power, selectively applied, and living in such a way is not only eminently possible, with a conscious adoption of certain attitudes, but facilitates a freer, more expansive, more adventurous mode of living. Joy and grief are still there, along with all the other emotions, but they are tempered – and, in their temperance, they are less tyrannical.

If we can’t always go to our philosophers for an understanding of Stoicism, then where can we go? One place to start is the Urban Dictionary. Check out what this crowd-sourced online reference to slang gives as the definition of a ‘stoic’:

stoic
Someone who does not give a shit about the stupid things in this world that most people care so much about. Stoics do have emotions, but only for the things in this world that really matter. They are the most real people alive.
Group of kids are sitting on a porch. Stoic walks by.
Kid – ‘Hey man, yur a f**kin f****t an you s**k c**k!’
Stoic – ‘Good for you.’
Keeps going.

You’ve gotta love the way the author manages to make mention of a porch in there, because Stoicism has its root in the word stoa, which is the Greek name for what today we would call a porch. Actually, we’re more likely to call it a portico, but the ancient Stoics used it as a kind of porch, where they would hang out and talk about enlightenment and stuff. The Greek scholar Zeno is the founder, and the Roman emperor Marcus Aurelius the most famous practitioner, while the Roman statesman Seneca is probably the most eloquent and entertaining. But the real hero of Stoicism, most Stoics agree, is the Greek philosopher Epictetus.

He’d been a slave, which gives his words a credibility that the other Stoics, for all the hardships they endured, can’t quite match. He spoke to his pupils, who later wrote down his words. These are the only words we know today as Epictetus’, consisting of two short works, the Enchiridion and the Discourses, along with some fragments. Among those whom Epictetus taught directly is Marcus Aurelius (another Stoic philosopher who did not necessarily expect to be read; his Meditations were written expressly for private benefit, as a kind of self-instruction).

Among those Epictetus has taught indirectly is a whole cast of the distinguished, in all fields of endeavour. One of these is the late US Navy Admiral James Stockdale. A prisoner of war in Vietnam for seven years during that conflict, he endured broken bones, starvation, solitary confinement, and all other manner of torture. His psychological companion through it all were the teachings of Epictetus, with which he had familiarised himself after graduating from college and joining the Navy, studying philosophy at Stanford University on the side. He kept those teachings close by in Vietnam, never letting them leave his mind even when things were at their most dire. Especially then. He knew what they were about, those lessons, and he came to know their application much better than anyone should have to.

Stockdale wrote a lot about Epictetus, in speeches and memoirs and essays, but if you want to travel light (and, really, what Stoic doesn’t?), the best thing you could take with you is a speech he gave at King’s College London in 1993, published as Courage Under Fire: Testing Epictetus’s Doctrines in a Laboratory of Human Behavior (1993). That subtitle is important. Epictetus once compared the philosopher’s lecture room to a hospital, from which the student should walk out in a little bit of pain. ‘If Epictetus’s lecture room was a hospital,’ Stockdale writes, ‘my prison was a laboratory – a laboratory of human behaviour. I chose to test his postulates against the demanding real-life challenges of my laboratory. And as you can tell, I think he passed with flying colours.

Stockdale rejected the false optimism proffered by Christianity, because he knew, from direct observation, that false hope is how you went insane in that prison. The Stoics themselves believed in gods, but ultimately those resistant to religious belief can take their Stoicism the way they take their Buddhism, even if they can’t buy into such concepts as karma or reincarnation. What the whole thing comes down to, distilled to its briefest essence, is making the choice that choice is really all we have, and that all else is not worth considering.Who […] is the invincible human being?’ Epictetus once asked, before answering the question himself: ‘One who can be disconcerted by nothing that lies outside the sphere of choice.’

Any misfortune ‘that lies outside the sphere of choice’ should be considered an opportunity to strengthen our resolve, not an excuse to weaken it. This is one of the truly great mind-hacks ever devised, this willingness to convert adversity to opportunity, and it’s part of what Seneca was extolling when he wrote what he would say to one whose spirit has never been tempered or tested by hardship: ‘You are unfortunate in my judgment, for you have never been unfortunate. You have passed through life with no antagonist to face you; no one will know what you were capable of, not even you yourself.’ We do ourselves an immense favour when we consider adversity an opportunity to make this discovery – and, in the discovery, to enhance what we find there.

How did we let something so eminently understandable become so grotesquely misunderstood? How did we forget that that dark passage is really the portal to transcendence?

Many will recognise in these principles the general shape and texture of cognitive-behavioral therapy (CBT). Indeed, Stoicism has been identified as a kind of proto-CBT. Albert Ellis, the US psychologist who founded an early form of CBT known as Rational Emotive Behaviour Therapy (REBT) in 1955, had read the Stoics in his youth and used to prescribe to his patients Epictetus’s maxim that ‘People are disturbed not by things but by their view of things.’ ‘That’s actually the “cognitive model of emotion” in a nutshell,’ Donald Robertson tells me, and he should certainly know, as a therapist who in 2010 wrote a book on CBT with the subtitle ‘Stoic Philosophy as Rational and Cognitive Psychotherapy’.

This simplicity and accessibility ensure that Stoicism will never be properly embraced by those who prefer the abstracted and esoteric in their philosophies. In the novel A Man in Full (1998), Tom Wolfe gives Stoicism, with perfect plausibility, to a semi-literate prison inmate. This monologue of Conrad Hensley’s may be stilted, but there’s nothing at all suspect about the sentiment behind it. When asked if he is a Stoic, Conrad replies: ‘I’m just reading about it, but I wish there was somebody around today, somebody you could go to, the way students went to Epictetus. Today people think of Stoics – like, you know, like they’re people who grit their teeth and tolerate pain and suffering. What they are is, they’re serene and confident in the face of anything you can throw at them.’

Which leads us naturally to ask just what it was that was thrown at them. We’ve already noted that Epictetus had the whole slavery thing going on, so he checks out. So does Seneca, in spite of what many have asserted – most recently the UK classicist Mary Beard in an essay for the New York Review of Books that asks: ‘How Stoical Was Seneca?’ before providing a none-too-approving answer. What Beard’s well-informed and otherwise cogent essay fails to allow for is just how tough it must have been for Seneca – tubercular, exiled, and under the control of a sadistically murderous dictator – no matter what access he sometimes had to life’s luxuries. It was Seneca himself who said that ‘no one has condemned wisdom to poverty’, and only an Ancient Greek Cynic would try to deny this. Besides, Seneca would have been the first to tell you, as he told a correspondent in one of his letters: ‘I am not so shameless as to undertake to cure my fellow-men when I am ill myself. I am, however, discussing with you troubles which concern us both, and sharing the remedy with you, just as if we were lying ill in the same hospital.’

Marc-Aurèle-700x400.jpg

Marcus Aurelius lay ill in that hospital, too. As beneficiary of the privileges of emperor, he also endured the struggles and stresses of that very same position, plus a few more besides. I know better than to try to improve on the following accounting, provided in Irvine’s A Guide to the Good Life:
He was sick, possibly with an ulcer. His family life was a source of distress: his wife appears to have been unfaithful to him, and of the at least 14 children she bore him, only six survived. Added to this were the stresses that came with ruling an empire. During his reign, there were numerous frontier uprisings, and Marcus often went personally to oversee campaigns against upstart tribes. His own officials – most notably, Avidius Cassius, the governor of Syria – rebelled against him. His subordinates were insolent to him, which insolence he bore with ‘an unruffled temper’. Citizens told jokes at his expense and were not punished for doing so. During his reign, the empire also experienced plague, famine, and natural disasters such as the earthquake at Smyrna.

Ever the strategist, Marcus employed a trusty technique in confronting the days that comprised such a life, making a point to tell himself at the start of each one of them: ‘I shall meet with meddling, ungrateful, violent, treacherous, envious, and unsociable people.’ He could have been different about it – he could have pretended things were just hunky-dory, especially on those days when they really were, or seemed to be. But how, then, would he have been prepared to angle both into the wind and away from it – adapting, always, to fate’s violently vexing vicissitudes? Where would that have left him when the weather changed?

Lary Wallace is features editor of Bangkok Post: The Magazine. He has written for the Los Angeles Review of Books, The Paris Review Daily, The Library of America Reader’s Almanac, and others.