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jeudi, 22 novembre 2007

Arrogance compassionnelle

L'ARROGANCE COMPASSIONNELLE

Trouvé sur : http://ladroitestrasbourgeoise.blogspirit.com/archive/200...

Même si l'on en connaît pas tous les tenants et aboutissants, la rocambolesque razzia d'enfants organisée au Tchad par les polichinelles de l'Arche de Zoé dévoile l''impensé qui taraude l'industrie de l'humanitaire, ses principaux acteurs comme les innombrables samaritains qui les financent.
Il y a d'abord ce préjugé massif qui veut que l'Occident blanc soit un pays de cocagne hors duquel aucune humanité ne saurait valablement s'épanouir. L'Occident est un havre disent-ils en termes voilés et même le seul havre qui se puisse imaginer (en termes voilés car l'occident, dans le même temps, est l'objet d'une persistante campagne d'auto dénigrement qui s'en prend à son passé tout entier criminalisé).
Au delà de son horizon il n'y aurait que les affres de la guerre civile, les risques pandémiques, l'ignoble travail des enfants, la faim, la misère et la barbarie. Face à ce lot inépuisable de calamités en tous genres, il y a le devoir d'ingérence, forme élégante et post-moderne du mépris des autres. Des autres toujours décrits comme des victimes d'une méchante fatalité et de ce fait délestés de leur statut de sujet historique.

L'AUTRE, EMBLÈME DU BIEN
Car l'Autre, en effet, est doté dans nos démocraties post-modernes d'une figure ambiguë.
Il est béni quand il a fait l'effort de l'arrachement et qu'il s'est déraciné pour venir jusqu'à nous. Traversant mille obstacles réels ou fantasmés, il a pour ainsi dire voté avec ses pieds et consacré par son difficile périple et le traumatisme de l'exil l'élection de l'occident comme Terre Sainte des droits humains et de l'opulence infinie.

Cet Autre est devenu d'autant plus méritant qu'il flatte notre insolence ethnocentriste  en désignant notre propre parcours historique comme étant le seul conforme aux principes de l'universel. Un universel qui, soit dit en passant, pourrait bien n'être qu'une ruse de notre particularisme. Cet Autre là doit être cajolé en proportion des efforts qu'il a consentis pour s'établir dans le Saint des Saints. Pour lui donc, des logements, tout de suite, et à la taille de sa nombreuse famille; pour lui, des soins gratuits comme n'en connaissent aucuns des cotisants à la Sécurité Sociale et aux diverses mutuelles; pour lui, un travail immédiat et digne avec, si besoin est, le coup de pouce de la discrimination positive; pour lui qui se heurte sans cesse à l'inépuisable xénophobie d'autochtones fascistoïdes qui se refusent à croire dans les vertus citoyennes du métissage, au moins des allocations quel que soit son statut légal car la légalité ne saurait primer sur les exigences de l'égalité; pour lui, surtout, la reconnaissance de sa différence, dussent la nôtre en pâtir.


Mais ne sommes nous pas, par le truchement d'un universel dont nous fûmes les seuls accoucheurs, la quintessence même de l'humanité enfin réalisée par suspension de l'origine, sa glorieuse avant-garde cosmopolite? N'avons nous pas atteint ce niveau d'abstraction qui fait croire à nos élites pensantes que nous sommes désormais, comme les nomades modernes d'Attali, de perpétuels voyageurs, sans ombre, sans terreau et sans histoire, susceptibles de se caser partout avec aisance (mais de préférence dans les bulles off-shore, uniformes et climatisées qu'affectionnent les membres de la Nouvelle Classe)?
C'est sûr, réaliser en sa personne toute la substance de l'universel, cela intime des devoirs, mais cela donne surtout des droits. Obligation d'aimer, droit de haïr aussi celui qui se refuse aux commandements que nous prétendons lui imposer pour son bien.


L'AUTRE, MÉTAPHORE DU MAL
Car, en effet, à cette altérité digne de notre sollicitude et objet de tous nos devoirs, s'oppose un  visage bien différent de l'Autre. Visage mystérieux et inquiétant de celui qui est demeuré entiché de sa griffe indigène et adhère à des traditions fatalement archaïques. Celui là, qui se refuse obstinément à passer à la moulinette de notre prêchi-prêcha, défie par son étrangeté opiniâtre nos plus nobles attentions acculturantes et assimilatrices.

Quand il est Chinois, il a le masque de l'Asiatique au sourire déconcertant, dur en affaires et qui emballe les marchés sans se soucier le moins du monde des délocalisations et du chômage qu'il provoque.
Quand il est musulman, iranophone ou arabisant, il a, chevillé au corps et à l'âme, la violence anomique et destructrice qui fait fi des innocentes victimes et, surtout, il dissémine comme de la mauvaise graine un antisémitisme qu'il dit tenir de ses humiliations répétées. Mais c'est quand il est Africain et Noir qu'il provoque les sentiments les plus hystériques.
Car, c'est bien connu, le Noir, grand enfant devant l'Eternel, est innocent de tous les malheurs qui l'accablent. C'est le perpétuel damné du récit biblique, victime de l'esclavage (à inscrire au seul passif des Européens comme la loi nous y oblige), victime du colonialisme, victime d'un développement qui ne fut que le cache-sexe d'une exploitation redoublée, victime du pillage de ses ressources, victime de l'ethnicité et des conflits qu'elle nourrit, une ethnicité, faut il le préciser, qui n'aurait été qu'une forgerie blanche permettant à quelques poignées d'administrateurs métropolitains de régner sur des multitudes divisées par cet artifice, victime de la corruption engendrée par la pauvreté et encouragée par les calculs financiers de la "Françafric", victime du réchauffement, du fanatisme religieux, du machisme, du Sida papiste, de l'eau polluée, des moustiques et de toutes les plaies d'Egypte.

Cette image débilitante de l'Afrique où nombre d'Africains refusent de se reconnaître, elle est depuis des lustres le pain quotidien du 20 heures et l'anti-pub accrocheuse qui fait la fortune de l'humanitaire.
Imagerie larmoyante qui dévide son calamiteux chapelet de clichés lacrymogènes tout en récitant mezzo voce la supériorité d'un occident rationnel et technicien qui aurait su, quant à lui, rompre pour toujours avec l'enchaînement fataliste des catastrophes.

D'UN COLONIALISME  À L'AUTRE
Il y a cent cinquante ans l'esprit progressiste européen, celui là même qui a fini par accoucher d'un Occident qui se veut l'instituteur universel du droit, de la démocratie, de la concurrence libre et non faussée et finalement du bonheur lui même, cet esprit donc, nous intimait l'ordre de coloniser l'Afrique. La coloniser d'urgence pour la sauver de l'esclavage, de la famine, du paganisme féticheur, de la malaria et de la mouche tsé-tsé. Les Africains eurent donc droit, certes, à la médecine coloniale (et à l'explosion démographique) mais aussi à tout le cortège de nos innombrables bienfaits.
À l'évangélisation d'abord (sans doute le pire des ethnocides), à des frontières  tirées au cordeau mais belligènes à souhait, à la fin de l'économie vivrière et à l'étroite dépendance alimentaire qui l'accompagne, à une fonction publique prolifique, prédatrice et inefficace, sans oublier les hymnes, les drapeaux et les uniformes chamarrés sans lequels on ne peut concevoir l'authentique indépendance.


La leçon de cette histoire a-t-elle été tirée? Il semble bien que non quelles que soient les multiples proclamations de pénitence  dont l'Occident se fait gloire désormais. Le catéchisme occidental demeure identique à lui même cent cinquante ans plus tard. Qu'on en juge. Selon Jules Ferry (dit "Ferry-Tonkin") la"France des droits de l'homme" a non seulement le droit mais aussi le devoir d'assumer une "mission universelle" en exportant partout dans le monde le contenu des "immortels principes". Cette mission, déclare-t-il en 1882, consiste "simplement à répandre ou à réveiller au sein des autres races les notions supérieures dont nous avons gardé le dépôt".
Le même affirme dans un essai publié en 1885 que les "races supérieures" ont le devoir d'aider les "races inférieures" à s'engager dans leur sillage sur la route du "progrès". Discours semblable chez Léon Blum, qui assure  la main sur le coeur, en juillet 1925, devant ses collègues de la Chambre  "Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science ou de l'industrie". Porter assistance aux oubliés du progrès, on le voit, n'est pas une nouveauté.


Les néocolonialistes de l'humanitaire armés d'un évangile inchangé se donnent le droit, sous un prétexte charitable, de passer outre les lois souveraines, surtout quand elles sont africaines, de mentir à des familles acculées à la détresse, de soustraire des dizaines d'enfants à un environnement jugé trop sauvage pour qu'ils y soient élevés décemment, puis de les exfiltrer en catimini vers l'Eden démocratique.
Initiative irresponsable, amateurisme coupable nous dit-on. Sans doute, mais de tels procédés seraient-ils imaginables hors d'un contexte idéologique qui les rend pensables, s'il ne les justifie pas toujours ? Ces rafles d'enfants ont en effet des précédents significatifs. Celles des jeunes Aborigènes australiens, par exemple, confiés à des familles irréprochablement blanches, celles des jeunes Réunionnais déportés dans le département de la Creuse afin d'y recevoir une éducation conforme aux standards d'une république évoluée. Aucun de ces milliers d'enfants n'était orphelin, mais une singulière conception de l'humanisme occidental commandait de les arracher à une identité délétère pour en faire des répliques aussi ressemblantes que possible du maître blanc.

Nul cynisme dans ces attitudes, nul racisme conscient, mais la pleine certitude d'avoir atteint ce qui se fait de mieux en matière d'humanité et la volonté d'en distribuer autant que possible la jouissance à toutes les nations. La philanthropie occidentale est obsédée par une conception pervertie de l'égalité qui se réduit bien souvent à l'idéologie du même. C'est ainsi que l'ethnocentrisme le plus échevelé peut cohabiter avec l'antiracisme le plus certain de son bon droit. Et ce bon droit ne veut pas se laisser arrêter par les frontières. Comme les multinationales et les impérialismes guerriers il doit pouvoir déployer partout la militance de sa généreuse morale. C'est pourquoi bien souvent il tient le même langage qu'eux quand il n'en est pas l'alibi le plus féroce. D'autant plus féroce qu'il est inattaquable. La protection humanitaire est comme la "protection" de la mafia; elle ne se refuse pas.

a804998c0e5457861f5524d3dc3608c0.jpgLE SACRE DE L'ÉMOTION
En mars-avril, la grande campagne pour le Darfour a battu son plein dans tout le pays. Avec ce pathos inimitable qui est celui de l'urgence, on a lancé des chiffres invérifiables, prononcé les formules qui remuent les consciences, interpellé les gouvernants contre un nouveau Munich de la lâcheté. Théoricien du droit d'ingérence humanitaire des puissants, Bernard Kouchner s'est illustré dans cette croisade aux cotés de Bernard-Henri Lévy,  "philosophe" dont l'immense fortune repose pour une part sur l'exploitation des forêts africaines. Contre la dictature islamiste et massacreuse du Soudan il fallait intervenir immédiatement pour éviter un nouveau génocide, ouvrir tout de suite des corridors humanitaires, sauver sur l'heure les enfants en danger de mort.

C'est dans ce climat d'hystérie qu'est née l'association l'Arche de Zoé. Parmi ses initiateurs, des pompiers volontaires et de sympathiques amateurs de 4/4 dont on imagine sans trop de mal qu'ils puissent confondre l'Afrique avec le fléau du Paris-Dakar. Ils ont l'engagement prompt, la foi en leur bon droit, la certitude morale d'incarner le Bien face à tous ceux qui dans l'indifférence des repus laissent libre cours au carnage et à l'infanticide. En un sens, ils sont les premières victimes des maîtres chanteurs de l'hubris humanitaire, envoûtés qu'ils sont par la rhétorique de l'urgence et les tirades des prophètes d'Apocalypse. Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, n'a pas manqué de souligner la responsabilité morale que portent les propagandistes de type Lévy et Kouchner dans le fiasco de l'Arche de Zoé, mais depuis cette pantalonnade, notre ministre des affaires étrangères est aux abonnés absents.

CABOTINAGE HUMANITAIRE
L'autre messie vibrionnant de l'hyperbole, c'est BHL. Lui s'exprime plus souvent qu'à son tour. Sur les ondes, il prend la défense des pieds nickelés de l'Arche et qualifie leur arrestation de "prise d'otage à l'échelle d'un État." Au passage, il n'hésite pas à comparer leur situation à celle des infirmières bulgares, ce qui dénote une certaine désinvolture quand on sait que ces dernières étaient totalement innocentes des accusations délirantes dont la Libye prétendait les accabler.
Les responsables de l'Arche de Zoé quant à eux ne sont pas des innocents. Selon le témoignage corroboré de Marc Garmirian, journaliste de Capa rapatrié du Tchad dans la valise diplomatique du président Sarkozy, ils n'ont jamais "affiché l'objectif final de leur opération, ni à leur personnel, ni aux gens qui leur ont confié les enfants, ni aux enfants eux-mêmes." Il s'est dit également frappé par "la conviction, la détermination  et l'état d'esprit" d'Eric Breteau (le président de l'association) et de sa compagne (artiste de cirque dans la vie comme dans l'humanitaire) "convaincus de faire le bien".Cette rafale de mensonges, sans même parler du maquillage des "réfugiés" en blessés de guerre avant leur embarquement avorté, n'importe guère à BHL. beaf4aed3fa5e12a0f0b371415e74d91.jpg

Chez Laurent Ruquier, qui tient le salon le plus réputé de la France pensante, il approuvait l'autre jour le refus affiché par les humanitaires de l'Arche de respecter les frontières des États africains sous le fallacieux prétexte qu'elles auraient été jadis "fixées par des seigneurs de guerre". Calamiteuse ignorance assénée avec fougue qu'il agrémentait d'injures diverses sur le compte du président tchadien Idriss Déby, ce qui n'est sans doute pas le meilleur moyen de venir en aide aux Français détenus à N'djamena. Même si Idriss Déby, porté et maintenu au pouvoir par la seule armée française, n'a jamais hésité à utiliser lui-même des enfants comme bêtes de guerre.

L'AXE DU MAL
Pourquoi tant d'empressement à voler au secours du Darfour où s'activent déjà des milliers d'humanitaires et où, selon l'ONU, les exactions criminelles des différents groupes antagonistes se sont sensiblement raréfiées depuis un an ? Pourquoi en revanche, et parmi tant d'autres exemples, si peu d'énergie pour soutenir le malheureux peuple tibétain victime tout à la fois de l'ethnocide, de la
purification ethnique et du génocide ou encore des populations palestiniennes immolées depuis quarante ans à l'une des occupations militaires les plus impitoyables qui soit ?
Les homélies victimaires sur le Darfour ne sont sans doute pas motivées par la seule compassion même si celle-ci est sans cesse mise en avant.


Nombre de French doctors, en effet, ont épousé depuis des années la ligne stratégique des néoconservateurs américains et, dans leur sillage, classé les autorités de Karthoum sur la liste des États-voyous. Au Soudan, l'enjeu pétrolier est capital. Les Chinois y exploitent déjà un gisement de 500 000 barils/jour tandis que Total est en négociation avec le gouvernement d'Omar El Béchir pour mettre la main sur un gisement équivalent. Les États-Unis sont jusqu'à présent absents de ce partage et l'on sait que dans la perspective de la déplétion imminente des ressources d'hydrocarbures, il leur faut à tout prix assurer la sécurité de leurs approvisionnements. Et ils demeurent les plus gros consommateurs mondiaux. C'est la principale raison qui les anime dans cette partie du monde comme dans tout "l'arc de crise" qui se déploie de l'Asie centrale au Nigéria. Arc de crise qui dispose des principales réserves pétrolières prouvées et où l'islam majoritaire tend à se raidir face aux interventions occidentales. La guerre contre le "terrorisme islamique" est aussi pour les États-Unis une manière de prendre pied dans ces zones grises pour en contrôler les ressources. c'est ce que l'on appelle les guerres de survivance dans le nouveau jargon géostratégique. Nul mystère à cela même si pour Bernard-Henri Lévy, on le sait, il est interdit de formuler la moindre critique vis-à-vis des États-Unis sans se voir aussitôt soupçonné du plus barbare des antisémitismes.

Son alter-ego Bernard Kouchner qui fut l'un des rares responsables français à approuver en 2003 la guerre américaine en Irak est parvenu sans trop de mal à persuader Nicolas Sarkozy d'établir à l'est du Tchad des "couloirs humanitaires" afin de sécuriser les camps de réfugiés. Trois mille soldats européens dont mille cinq cents Français sont prévus pour cette opération, mais nos partenaires rechignent à s'engager dans un tel bourbier tandis que l'ONU, qui doit déployer 26000 hommes sur place au début de l'année 2008, s'enlise dans ses habituelles procédures bureaucratiques. Nombre de pays, en effet, ne se mobilisent que sur la pointe des pieds dans la partie de bras de fer qui oppose au Soudan une Chine de plus en plus solidement implantée en Afrique et une Amérique qui entend lui rendre l'accès aux énergies fossiles de plus en plus difficile. Il n'est pas possible  de comprendre les véritables enjeux de la crise du Darfour sans mettre en perspective ces divers facteurs géopolitiques. Et ce n'est pas dans la logorrhée des maître-penseurs du droit d'ingérence que l'on trouvera le motif de tout cet activisme. Leur métier n'est pas d'expliquer mais d'obscurcir les enjeux en répandant l'émotion et en cultivant le sentimentalisme de l'opinion publique pour servir les intérêts de la Nouvelle Classe.

TRIOMPHE POSTHUME DE HEGEL ?
Une opinion abusée. Des candidats à l'adoption rackettés (L'Arche de Zoé aurait recueilli 700 000 euros de dons privés pour réaliser la déportation des enfants tchadiens). D'honnêtes organisations charitables mises en péril par un amalgame inévitable entre illuminés sous influence et véritables associations caritatives opérant avec abnégation. La position et les intérêts de la France malmenés en  Afrique centrale au bénéfice de ses concurrents. la xénophobie anti-blanche ranimée par les déclarations paranoïaques d'Idriss Déby servi, il faut bien le dire, par des vantardises fort peu diplomatiques de Nicolas Sarkozy ("Ceux qui restent, je viendrai les chercher quoi qu'ils aient fait"). Et tout cela pour satisfaire la mégalomanie (et le fantastique narcissisme) des faiseurs d'ingérence. Le bilan est désastreux, mais au moins peut-il nous encourager à plus de lucidité.


Après une première ébauche sanglante dans les Balkans toujours occupés par les forces de police de la soi disante communauté internationale et devenus la chasse gardée des mafias de tous ordres. Après une nouvelle expérience en Irak dont il n'est nul besoin de souligner l'éclatant succès, c'est au Soudan désormais que les croisés anti-islamistes et leurs auxiliaires humanitaires prétendent nous promener au nom du droit d'ingérence.
Si, ils en ont un, il est légitime de se demander quel est leur but ultime. Est-ce "l'État universel et homogène" que pronostiquait Hegel après la fin de l'histoire ? Est-ce plus prosaïquement la volonté de faire respecter le droit international ? Mais dans ce cas, quel droit au juste ? Il en existe des formulations radicalement contradictoires. Il n'y a rien de commun par exemple entre la classique formule du droit des gens qui présidait aux relations intra européennes depuis les traités de Westphalie jusqu'au XIX siècle et le wilsonnisme botté qui vit son premier triomphe lors du traité de Versailles en 1919.


Dans ce registre la question fondamentale est toujours la même. Il s'agit de savoir quelle est la nature de l'autorité désignée pour s'imposer aux États qui contreviendraient à la religion civile des droits de l'homme. Soit l'on en reste à la tradition qui fait de tous les problèmes intérieurs une affaire inhérente à chaque État souverain. Mais cela  heurte les interventionnistes de tous poils, condamnés dans ce cas aux voeux pieux et au verbalisme sans conséquences. Soit le "droit international" s'érige en véritable droit à compétence universelle et l'autorité nécessaire pour l'incarner ne peut être qu'un gouvernement mondial. Solution ni souhaitable ni d'ailleurs bien raisonnable dont le rêve ne hante que de minces contingents d'intellectuels occidentaux.
Pour l'heure, toute référence au devoir d'ingérence ne peut satisfaire que la seule puissance susceptible de l'imposer par la force contre tout récalcitrant. Cette "hyperpuissance" ce sont les États-Unis d'Amérique.


Voulons-nous être Américains ?


Coclés

01:15 Publié dans Affaires européennes, Définitions, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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