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jeudi, 14 août 2008

Essai de typologie des extrémismes

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Essai de typologie des extrémismes

Uwe BACKES, Politischer Extremismus in demokratischen Verfassungsstaaten. Elemente einer normativen Rahmen­theorie, Westdeutscher Verlag, Opla­den, 1989, 385 S., DM 52, ISBN 3-531-11946-X.

 

Né en 1960, docteur en sciences politiques, en­sei­gnant à l'Université de Bayreuth, Uwe Backes s'est imposé comme l'un des principaux ana­lystes de l'extrémisme politique en Europe. Son ouvrage de base, qui permet de rénover en­tièrement l'approche scientifique des phéno­mè­nes d'extrémisme, commence par une cri­tique des méthodes conventionnelles de re­cherche en ce domaine. Celles-ci partaient géné­ralement d'a priori idéologiques, 68 oblige, opéraient une confusion permanente des concepts, retraçaient des généalogies lacu­naires, transposaient dans le présent des concepts qui ne valaient que pour des phéno­mènes du passé, manipulaient des sché­mas in­terprétatifs monocausaux et refu­saient trop sou­vent de recourir à des fertili­sa­tions croisées entre les recherches posées dans divers pays (le «provincialisme scientifique»). L'auteur passe ensuite à une phénoménologie gé­nérale des ex­trémismes politiques.

A «gau­che», il distingue un filon communiste et un fi­lon anarchiste. Dans le filon communiste, il met les subdivi­sions suivantes en exergue: mar­xisme, léni­nisme, stalinisme, trotskisme, maoïsme, com­munisme de gauche (luxem­bour­gisme et conseillisme), nouvelle gauche et eu­rocommu­nisme. Dans le filon anarchiste, il distingue la zone de flou entre l'anarcho-com­munisme et l'anarcho-libéralisme, l'anarcho-syndicalisme et l'anarchisme pragmatique.

A «droite», espace du «conservatisme antidé­mo­cra­tique», il dis­tingue quatre filons: 1) le mo­narchisme; 2) le nationalisme; 3) le con­ser­va­tisme révolution­naire et le fascisme; 4) la xé­nophobie et le ra­cisme. Dans le filon natio­na­liste, le plus diver­sifié des quatre, Uwe Backes repère les ten­dances suivantes: l'insistance sur la notion de communauté (communauté cultu­relle, idéolo­gique et raciale), le binôme ethno­cen­trisme/ethnopluralisme, le séparatisme (il en­­tend les mouvements régionalistes, y compris ceux qui recourent à la violence) et le populisme (avec une analyse du caractère populiste mâtiné d'ethnocentrisme repérable dans le discours de Le Pen).

Dans un quatrième chapitre, Uwe Backes dresse une typologie des modes d'orga­nisation extrémistes; il y a les cercles de théo­riciens, les associations traditionalistes, les ac­ti­vistes isolés, les sectes politiques, les groupes terroristes, les mouvements rassembleurs et les partis de cadres. Enfin, dans un cinquième cha­­­pitre, Backes procède à une analyse critique des caractéristiques majeures des doctrines ex­trémistes; elles prétendent toutes détenir les clefs de l'absolu, tant dans leurs phases offen­si­ves que dans leurs phases défensives. Elles re­posent sur un dogmatisme; elles visent une uto­pie ou rejettent catégoriquement le principe uto­pique. Backes examine ensuite les stéréotypes de l'ami et de l'ennemi qu'elles génèrent. Il nous parle des théories de la conspiration  —sou­vent mo­trices dans l'aire des extrémismes—   du fa­na­tisme et de l'activisme.

Au départ de tous ces éléments, il est possible de formuler une théorie complexe et complète de l'extrémisme et d'appliquer à chacun des phé­no­mènes particuliers une grille d'analyse ob­jective (Robert Steuckers).

 

00:05 Publié dans Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, extrémisme, allemagne, europe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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