vendredi, 03 octobre 2008
L'Amérique et le désordre mondial
L’Amérique et le désordre mondial Les grands médias parisiens somment les Français de s’intéresser à l’élection présidentielle américaine. Les intellectuels progressistes et les partisans du métissage n’ont d’yeux que pour Barack Obama. Quant aux milieux plus traditionalistes, ils peuvent se consoler avec l’entrée en scène, auprès de John McCain, de la très conservatrice Sarah Palin. Reste que les Français ne participeront pas à l’élection du futur président des Etats-Unis. De toute façon la marge de manœuvre du nouvel élu, quel qu’il soit, sera particulièrement faible : la politique américaine restera largement déterminée par les intérêts de l’hyper classe mondiale et des grands lobbies. Or ce sont eux qui imposent aux Etats Unis une diplomatie et une politique qui contribuent au désordre mondial. Explications : Diplomatie : de l’équilibre des forces à l’unilatéralisme Les périodes de paix ou, en tout cas, de conflits limités correspondent à l’application de règles simples : l’acceptation de l’équilibre des puissances, le respect des frontières des Etats et la non-ingérence des autres dans leurs affaires intérieures. Ces règles sont sans doute imparfaites et moralement discutables mais elles ont assuré de longues périodes de paix : au XIXe siècle, dans la suite du Congrès de Vienne (qui n’avait pas cherché à « punir » la France révolutionnaire) ; dans la deuxième partie du XXe siècle où « l’équilibre de la terreur » entre grandes puissances nucléaires évita toute conflagration générale. L’effondrement de l’Union soviétique puis de la Yougoslavie a conduit l’Occident, sous la direction unilatérale des Etats-Unis, à oublier les règles d’équilibre et de stabilité de l’ordre international : – en multipliant des bases américaines aux frontières mêmes de la Russie ; – en projetant d’intégrer à l’OTAN des pays clairement dans l’orbite de la géopolitique russe, tels que la Géorgie ou l’Ukraine ; – en annulant unilatéralement le traité ABM interdisant les défenses antimissiles et en relançant la course aux armements ; – en construisant un bouclier antimissiles en Pologne visant notamment à permettre éventuellement la destruction de la Russie sans riposte possible de sa part ; – enfin, en reconnaissant unilatéralement l’indépendance du Kosovo et le démembrement de la Serbie, contrairement aux résolutions de l’ONU. Cette politique a conduit au raidissement russe et explique, à défaut de la justifier, la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ; indépendances de confettis d’Etat, au demeurant, ni moins (ni plus) légitimes que celle du Kosovo. Reste que la remise en cause des frontières reconnues en Europe mais aussi dans le reste du monde est une bombe à fragmentation qui peut déboucher sur la balkanisation de la planète ; balkanisation qui peut être recherchée par les tenants de l’affaiblissement des Etats au profit d’un empire mondial. Politique économique : l’irresponsabilité financière américaine Critiquer la Banque centrale européenne (BCE) est le pont aux ânes des hommes politiques français. Or cette institution financière a reçu pour mission dans le Traité de Maastricht (voté par les Français sur recommandations du RPR, de l’UDF et du PS), d’assurer la stabilité de l’euro et de lutter contre l’inflation. En limitant l’émission de monnaie, la BCE remplit son rôle et adopte une gestion de bon père de famille : la politique de la BCE n’a d’ailleurs créé aucun problème au monde. Comme le note l’économiste libéral Florin Aftalion, dans « Les 4 vérités » (http://www.les4verites.com/archives/auteurs-Aftalion-Florin-85.html) : « La FED a, à 2%, un taux de base bien trop bas. Le crédit n'étant pas cher, les Américains empruntent beaucoup trop. (…) La BCE, de son côté, ne modifie pas non plus son taux de base, mais il serait plus sérieux, à 4,25%. » Cette politique irresponsable de la Banque fédérale américaine a créé de la masse monétaire sans contrepartie réelle ; c’est elle qui est à l’origine de la crise immobilière et de l’inflation des matières premières (malgré le calme relatif revenu sur le marché du pétrole). Cette politique a permis à la fois l’enrichissement de l’hyper classe mondiale et l’accès à la propriété de leur logement de nombreux membres insolvables des minorités ethniques. Cette politique se solde aujourd’hui par des pertes dans le monde entier, un appauvrissement des classes moyennes et l’appel aux fonds des contribuables – pas seulement américains et anglais – pour recapitaliser des établissements financiers menacés de faillite. Là aussi c’est l’hybris américaine – financière cette fois – qui est à l’origine de la crise mondiale. Le leurre du changement Reprenant un thème électoral éculé (mais toujours efficace), Barack Obama et John McCain promettent le changement. C’est évidemment un leurre car les forces sociologiques et politiques américaines qui ont intérêt au statu quo restent extrêmement puissantes : – c’est le cas, notamment en politique étrangère, du lobby militaro-industriel, du lobby pétrolier et du lobby israélien qui a placé Joe Biden comme candidat vice-président d’Obama et Joe Lieberman comme candidat secrétaire d’Etat de McCain ; – c’est le cas du lobby « antiraciste » et « antidiscrimination » qui pèsera de tout son poids pour maintenir les avantages de l’Etat providence et du crédit bon marché au profit des minorités ethniques, notamment noires et hispaniques ; – plus généralement, c’est l’ensemble des Américains qui sont dépendants du reste du monde pour leur consommation (qui excède leur production) et leur accès aux matières premières énergétiques dont ils restent les plus demandeurs de la planète. La politique américaine inflationniste de crédit bon marché a donc de beaux jours devant elle ; tout comme la diplomatie impériale des Etats-Unis ou leur politique militaire interventionniste. Polémia 11/09/08 |
00:15 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etats-unis, finance, géoéconomie, politique, diplomatie, banque, fmi | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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