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dimanche, 04 décembre 2022

Reconsidérer la géoéconomie comme un élément constitutif de l'analyse géopolitique

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Reconsidérer la géoéconomie comme un élément constitutif de l'analyse géopolitique

Lorenzo Maria Pacini

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/reconsiderando-geoeconomia-como-elemento-constitutivo-da-analise-geopolitica

Pour assurer une analyse géopolitique complète, il est fondamental de toujours aussi garder à l'esprit la géoéconomie, une sous-discipline qui devrait être mieux formalisée et structurée pour faciliter son utilisation efficace.

Placer la géoéconomie dans son contexte approprié

Tant dans le contexte scientifique que dans le monde de l'information de masse, on entend beaucoup parler de géopolitique, une discipline de la sphère des sciences politiques et des relations internationales qui étudie une pluralité de sujets, comme l'a défini Carlo Terracciano :

    "Cette branche de la Géographie Anthropique qui analyse la relation entre l'Homme et la Terre, entre la Civilisation et la Nature, entre l'Histoire et la Géographie, entre les peuples et leur Lebensraum (Leben = Vie ; Raum = Espace ; Lage = Site/Situation), c'est-à-dire l'espace vital nécessaire à la Communauté étatique, comprise de manière organique, pour vivre, croître, se développer, s'étendre et prospérer : créer du bien-être, de la Civilisation et des Valeurs pour ses membres, vivant ensemble sur le même sol et unis dans une communauté unitaire de destin. Ou, pour le dire dans les termes plus techniques de Luraghi : "La géopolitique est la doctrine qui étudie les phénomènes politiques dans leur distribution spatiale et dans leurs causes et relations environnementales, également considérées dans leur développement". Et encore : "La géopolitique est une synthèse : une vision large dans le temps et l'espace des phénomènes généraux qui lient la perception des facteurs géographiques aux États et aux peuples [1]".

Moins largement, mais de manière non moins importante, on entend parler de la géoéconomie, qui est une sous-discipline [2] de la géopolitique qui se caractérise par l'étude des doctrines et des actions géopolitiques d'un point de vue économique, y compris les processus, les relations et la situation financière des acteurs en interaction.

Afin de mieux définir le cadre dû à la géoéconomie, il est d'abord nécessaire de se pencher sur son développement dans le volet des sciences politiques. La Géopolitique classique (19ème - début du 20ème siècle) percevait le monde comme subdivisé exclusivement sur la base des frontières étatiques, avec le large spectre de catégories urbaines qui se cristallisaient dans l'imaginaire collectif (villes, métropoles, colonies, états, nations, etc.), tandis que la Géopolitique du 20ème siècle a changé d'approche et a commencé à reconnaître la présence de zones et de flux d'influence, dynamiques et tendant à varier dans leur localisation géographique (capitaux, biens, travail, migration, tourisme, Heartland, Rimland, etc.)

Alors que, par conséquent, l'"ancienne" géopolitique ne s'intéressait qu'à la détermination des politiques en fonction de la situation géographique des États, la "nouvelle" a également commencé à étudier l'impact de l'histoire du développement économique, des identités ethniques, confessionnelles et nationales, des conflits sociopolitiques et des transformations financières et monétaires, etc.

Les domaines considérés ont également changé, ajoutant à la géosphère, à l'hydrosphère et à l'atmosphère également la spatio-sphère et l'infosphère (ou cybersphère). Plus récemment, nous avons également assisté à la formation de sous-sphères telles que l'économique (industrielle et commerciale), la financière (monétaire) et la culturelle (art, théâtre, cinéma, mode, musique). Une fois encore, les relations internationales entre les acteurs, telles que les alliances, les accords, les stratégies partagées dans tous les plans d'intérêt susmentionnés, sont de plus en plus prises en compte.

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Par conséquent, il est clair qu'actuellement, pour changer le statut géopolitique d'un pays, son influence, son leadership et sa domination, il est nécessaire de modifier la structure des sphères et du monde complexe qui le caractérise.

En essayant de placer la Géoéconomie dans cette vaste agonie, nous pouvons essayer de faire une distinction en macro-zones de la Géopolitique:

    - La géo-histoire (ou géo-chrono-politique), qui étudie les constitutions politiques, les doctrines et les actions des États dans l'histoire et dans leur interaction ;
    - La géoéconomie, qui aborde les doctrines et les actions géopolitiques d'un point de vue économique ;
    - La géo-ethno-politique, qui traite des interactions des différents groupes ethniques, de leur positionnement à la surface de la Terre et des flux migratoires ;
    - La géo-confessiono-logie, qui divise le monde en régions dominées par des doctrines religieuses spécifiques et étudie les interactions entre les États ;
    - La géo-polémo-logie, qui se concentre sur la composante conflictuelle de la politique, en divisant le monde en zones de conflit et en étudiant leurs possibilités ;
    - La géo-futuro-logie, basée sur la prédiction de divers scénarios et situations et sur des hypothèses théoriques de restructuration du monde.

Bien que la distinction puisse sembler quelque peu floue, étant donné l'interpénétration normale des domaines de connaissance décrits, il n'en reste pas moins vrai que les chercheurs en géopolitique tendent de plus en plus à se spécialiser dans les différents domaines, à tracer de plus en plus leurs frontières, un sort typique de toute science au fur et à mesure de son développement.

Il n'est plus possible d'ignorer la spécificité d'un champ disciplinaire sans courir le risque de tomber dans une grave carence scientifique et même avant cela épistémologique, gnoséologique et herméneutique : la géoéconomie doit être reconnue comme telle et être pleinement traitée dans le cadre de la géopolitique.

En étudiant les marchés, la division en sphères d'influence, le choc des intérêts économiques, les dépendances indépendantes du statut, l'espace économique transfrontalier, les devises et les systèmes financiers, la géoéconomie agit comme un outil organisationnel pour la création de la stratégie géoéconomique d'un État, qui détermine sa position dans l'espace géoéconomique mondial.

La statique de la géoéconomie devrait inclure :

    - La division industrielle et économique du monde entre les puissances les plus puissantes ;
    - La division financière et économique du monde en zones de dominance, l'influence du dollar, de l'euro, du rouble, la zone émergente du yuan, les zones monétaires nationales et le monde des crypto-monnaies ;
    - La division du monde entre pays producteurs de matières premières et pays consommateurs de matières premières ;
    - La division du monde de l'énergie entre les pays fournisseurs et les pays consommateurs d'énergie ;
    - La division du monde entre pays producteurs et pays consommateurs d'armements et d'équipements militaires ;
    - La division du monde entre pays producteurs et pays consommateurs de produits agricoles ;
    - La division du monde entre pays producteurs et pays consommateurs ;
    - La division du monde entre les pays bénéficiant d'un climat favorable et d'une infrastructure touristique développée, et les pays qui sont principalement à l'origine des flux touristiques.

La dynamique de la géoéconomie englobe tous les processus économiques mondiaux qui introduisent des changements dans la structure géoéconomique du monde, notamment :

    - les flux de marchandises;
    - les flux de main-d'œuvre;
    - les flux financiers;
    - les flux de touristes;
    - les flux d'athlètes et de leurs supporters, etc.

Bien entendu, nous avons affaire à une discipline qui n'est pas encore totalement indépendante - à supposer que les disciplines puissent exister isolément des autres - et qui est plutôt une activité qui se déroule dans un contexte de recherche.

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La géoéconomie occupe une place de choix parmi les autres disciplines académiques modernes, notamment l'économie, les sciences politiques, la géographie et l'histoire.

Tout d'abord, du point de vue de la science économique, la géoéconomie est considérée comme une partie de l'économie, une méthode d'étude des processus économiques ; en même temps, il n'y a pas d'unanimité au sein de la science économique, il n'y a pas de consensus sur la place de la géoéconomie.

Deuxièmement, la géoéconomie peut être considérée comme faisant partie de la science géographique, c'est-à-dire comme une sous-discipline géographique dont l'objet est l'étude de la formation des géosystèmes économiques transnationaux, des facteurs spatiaux (géographiques) d'importance internationale.

Troisièmement, elle peut être abordée par le biais de l'économie politique, en étudiant les modèles de développement politico-économique mondial et régional, les interrelations entre les États et les unions économiques entre les pays, la structure politico-économique du monde.

Dans la quatrième partie, la géoéconomie est une combinaison, une certaine synthèse des approches et stratégies géographiques, économiques et politiques. Les processus politiques et économiques ne s'épuisent pas dans un seul géo-espace et ne fusionnent pas non plus au fil du temps. Cela donne aux géographes et aux économistes modernes la possibilité d'appliquer une approche de terrain à leurs recherches, en construisant des sphères d'influence géoéconomiques qui ne coïncident pas toujours avec les frontières d'une nation, les renforçant ou les affaiblissant [3].

Son interface entre l'économie, la géographie et les sciences politiques en fait un nœud crucial pour aborder la complexité du monde contemporain.

Genèse et bref historique de la géoéconomie

L'attachement de l'économie à la politique, à l'histoire, à la géographie et à la culture nationale se retrouve chez de nombreux chercheurs des 19ème et 20ème siècles. Ces approches appartenaient à Fernand Braudel, Immanuel Wallerstein, Fritz Roerig et Friedrich List. La notion même de géoéconomie a été introduite par l'historien français Fernand Braudel [4]. En tant que chercheur en civilisation et spécialiste de l'histoire économique, Braudel a étudié de longues périodes de temps, faisant un usage intensif des statistiques économiques et de la géographie rétrospective afin de créer un vaste paysage historique d'"histoire sans événement", dans lequel les événements sont enregistrés non pas comme des phénomènes locaux de la politique, mais comme des "anomalies" découvertes par l'historien dans le cours naturel de la vie historique de la société. Il a ainsi créé un modèle de recherche original, considérant les "structures de la vie quotidienne" qui ne changent pas avec le temps et sont les conditions matérielles de l'existence de l'État dans un environnement géographique et social donné. Cette approche fait de Braudel (photo) un géopolitologue et un géo-économiste à part entière.

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Les auteurs russes ont également utilisé des termes et des arguments géoéconomiques. Au début du 20ème siècle, divers aspects de la vie mondiale, des concepts économiques et géopolitiques ont été développés dans l'économie politique marxiste, la théorie des grands cycles de Nikolaï Kondratiev [5], et la conception tectologique de la société d'Alexandre Bogdanov, les théories des eurasistes. Les principales idées de la géoéconomie russe ont émergé dans le premier tiers du 20ème siècle, une période au cours de laquelle des notions de dynamique économique et géopolitique, telles que les systèmes de domination du capital financier international, les grands cycles commerciaux, le développement régional eurasiatique, etc. ont été introduites.

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Nikolaï Kondratiev.

La géoéconomie en tant que concept unificateur de la géopolitique et de l'économie a commencé à être activement utilisée relativement récemment. Le fondateur de la phase moderne de la géoéconomie aux États-Unis est considéré comme étant Edward Luttwak, un historien et géopoliticien américain spécialisé dans les coups d'État et les conflits militaires. Luttwak oppose la géopolitique à la géoéconomie en tant que politique fondée sur la concurrence économique ; selon lui, le comportement des grandes puissances se réalise aujourd'hui comme une incarnation de la logique du conflit dans la grammaire du commerce. La géoéconomie nécessite alors le développement de techniques de défense économique et offensive, car la menace géopolitique d'un État est une menace économique.

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Edward Luttwak.

En Europe, dans les années 1980, le politicien et économiste français Jacques Attali, représentant de l'approche néo-mondialiste, était un partisan du concept de géoéconomie. Attali a soutenu avec force que le dualisme géopolitique avait été aboli et que l'avènement d'un monde unique structuré sur les principes de la "géoéconomie" était imminent.

Les principales zones économiques du monde sont l'espace américain, l'espace européen et l'espace de la région Pacifique. Entre ces trois espaces mondialistes, selon Attali [7], il n'y aurait pas de distinctions ou de contradictions particulières, car les types économiques et idéologiques seraient strictement identiques dans tous les cas. La seule différence serait la position purement géographique des centres les plus développés, qui se concentreraient en structurant les régions moins développées situées à proximité spatiale autour d'eux. Une telle restructuration concentrique ne sera possible qu'à la "fin de l'histoire" ou, en d'autres termes, à l'abolition des réalités traditionnelles dictées par la géopolitique. Le mélange de logique géo-économique et néo-mondialiste, c'est-à-dire l'absence d'un opposé polaire à l'atlantisme, est devenu possible après l'effondrement de l'URSS. La néo-mondialisation n'est pas une continuation directe du mondialisme historique, qui présupposait à l'origine la présence d'éléments socialistes dans le modèle final. Il s'agit d'une version intermédiaire entre le mondialisme proprement dit et l'atlantisme. L'intensification, à la fin du 20ème siècle, de l'analyse des dynamiques économiques de longue durée et l'attrait d'un nombre croissant de chercheurs pour l'approche par système mondial ont conduit à l'émergence d'un nouveau paradigme civilisationnel dans lequel l'accent est mis sur les cycles longs de l'hégémonie mondiale.

Une (re)considération nécessaire de la géo-économie

L'essence du vecteur le plus récent du développement mondial est l'entrée du monde dans l'ère du passage d'une vision géopolitique à une vision géoéconomique. Le multipolarisme est désormais une réalité factuelle de plus en plus évidente et il est inévitable de l'envisager également sous l'angle économique et financier, qui en constitue d'ailleurs une partie très importante et inévitable, puisque les processus qui conduisent à une géopolitique multipolaire factuelle sont en grande partie de nature économique. Un nouveau domaine d'accords d'intérêt commun s'est ouvert. L'approche géoéconomique - sa géogenèse - a reçu un profond ancrage théorique et méthodologique. Un nouveau cadre de compréhension du monde a été formé sur la base de notions, de catégories et de significations plus récentes.

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Parmi eux, les attributs géoéconomiques tels que l'espace géoéconomique, les frontières économiques pulsantes, les géofinances, l'évolution des formes de marchandises et les thèmes de la communication économique mondiale, le "marché environnemental" avec son effet stratégique, les noyaux de reproduction internationalisée (cycles), les "systèmes-pays" tournés vers l'extérieur et l'intérieur, le comptage du revenu mondial, l'atlas géoéconomique du monde, le regain d'intérêt pour la géologie, les interprétations volumétriques multiformes des situations géoéconomiques, la haute technologie, les guerres géoéconomiques, les contre-attributions géoéconomiques, les premières indications du droit géoéconomique, la transnationalisation ethno-économique, sans oublier le cyberespace avec la numérisation des monnaies et des échanges.

L'impact de la stratégie géoéconomique d'entités supranationales à fort pouvoir financier interagissant avec les États et les macro-structures, telles que le Forum économique mondial, les Nations unies, le Forum économique eurasien, les BRICS, mais aussi Big Pharma et Big Data, en particulier les FANG, dont les activités, les stratégies, les documents et les décisions sont cruciaux à la fois pour comprendre la nature multivariée du développement mondial et pour analyser la centralité réelle de la géoéconomie dans un contexte communicationnel où elle se manifeste faiblement.

Un exemple concret est le niveau de développement économique et social proposé par les Nations Unies, basé sur les critères suivants :

    - le niveau de développement économique (PIB/PNB par habitant, structure industrielle des économies nationales, production des principaux produits par habitant, indicateurs de qualité de vie, indicateurs d'efficacité économique) ;
    - le type de croissance économique (extensive, intensive, à forte intensité de connaissances) ;
    - le niveau et la nature des relations économiques extérieures (déterminés par le degré d'ouverture de l'économie sur le monde, la sophistication des marchés intérieurs, etc ;)
    - le potentiel économique du pays.

Sur la base de ces critères, l'ONU identifie des groupes d'États : les pays développés, les pays en développement, les pays à économie en transition, qui constituent des mondes différents sur la carte géo-économique du monde. Ces indicateurs déterminent également la situation géopolitique et géoéconomique de chaque État et l'image géoéconomique du monde dans son ensemble, qui se compose des États en situation géoéconomique.

Il s'ensuit clairement que la formation de stratégies géoéconomiques mondiales et nationales est devenue une tâche importante de la géoéconomie appliquée. La création d'une stratégie mondiale de développement est une tâche complexe et multiforme, qui est entreprise par de nombreuses entités et approuvée, en règle générale, par les participants, en faisant souvent appel à des structures fiduciaires ou consultatives externes, comme dans le cas des grands holdings bancaires qui sont appelés à rédiger les lois financières des États ou à gérer le crédit des banques centrales.

En un sens, cependant, ce mode de fonctionnement donne à la géoéconomie une place plutôt modeste après la justice sociale, c'est-à-dire le dépassement des écarts économiques et des inégalités dans les conditions de vie des citoyens, des peuples du Nord et du Sud, ainsi que de l'Ouest et de l'Est, les questions écosystémiques et l'avènement de nouvelles parodies numériques. Encore une fois, il est inévitable de souligner comment une stratégie globale ne correspond pas à une stratégie valable "pour tous", en rappelant comment les symétries dans un scénario géopolitique multipolaire caractérisent les stratégies géoéconomiques, et vice versa.

La stratégie globale vise à atteindre le développement durable et l'égalisation des pays (en termes de niveau de vie, de critères sociaux et de possibilités de développement). La stratégie géoéconomique d'un État consiste à accroître sa compétitivité dans la lutte pour les marchés mondiaux, à augmenter son influence dans les processus géoéconomiques mondiaux et sa durabilité géoéconomique. C'est peut-être l'un des points les plus importants sur lesquels se joue la revalorisation de la géoéconomie en tant que science sur l'échelle de la géopolitique, devant les autres sciences sociales et politiques : un État ou, dans son ensemble, une macro-zone d'influence et de relations, ne peut pas ne pas tenir compte du succès interne, également en termes d'existence et de continuité, comme point de départ des stratégies internationales et inter-zones. C'est, ipso facto, l'échec pragmatique et même avant cela, l'échec conceptuel de l'unification sous une gouvernance unique. Ce "succès" du multipolarisme, qui a vaincu l'unipolarisme et ouvert de nouvelles cartographies politiques, économiques et existentielles, est le promoteur d'un multigéoéconomisme, dans lequel les sphères d'influence sont afférentes aux pôles géopolitiques d'identité et de pouvoir [8].

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Une critique de nature conceptuelle qui, à mon avis, est légitime pour la géoéconomie, toujours en vue d'une réévaluation attentive, est le besoin que cette discipline a d'une plus grande conceptualisation. En effet, il manque des théories sectorielles bien définies et des méta-analyses, ce qui fait que la plupart du temps, la géoéconomie se réfère aux doctrines et théories économiques et géopolitiques, sans pour autant développer les siennes, conformément à ce caractère pluridisciplinaire qui lui est dû. Le risque est de rester une branche avec un développement par inertie, sans libérer son potentiel et sans pouvoir expliquer adéquatement la complexité globale que nous connaissons.

Notes:

[1] Cfr. C. Terracciano, Geopolitica, AGA Editrice, Milano 2020, cap. I.
[2] Sans vouloir chercher à retirer de la dignité à la dite discipline, nous utilisons le terme de"sous-discipline" pour indiquer une "dérivation" et non pas pour poser une hiérarchisation dans les importances.
[3] Danscertains cas, le terme de "géo-économie" est remplacé par d'autres, similaires: G. D. Glovely propose “économie géopolitique”, auquel E. G. Kochetov colle l'adjectif de “globalíste”.
[4] Cfr. F. Braudel, La dinamica del Capitalismo, Il Mulino, Bologna 1977.
[5] Pour approfondir cette idée des plus intéressantes de N. K. Kondratiev, I cicli economici maggiori, a cura di G. Gattei, Cappelli, Bologna 1981.
[6] Para aprofundar: G. Rispoli, Dall’empiriomonismo alla tectologia. Organizzazione, complessità e approccio sistemico nel pensiero di Aleksandr Bogdanov, Aracne, Roma 2012.
[7] J. Attali, Breve storia del futuro, a cura di E. Secchi, Fazi, Roma 2016.
[8] Cfr. L. Savin, Ordo Pluriversalis. La fine della Pax Americana e la nascita del mondo multipolare, prefazione e curatela di M. Ghisetti, Anteo Edizioni, Avellino 2022.

samedi, 09 avril 2022

La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne

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La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne

Valentin Katasonov

Source: http://geoestrategia.es/index.php/noticias/politica/37335-la-guerra-estadounidense-en-ucrania-es-en-realidad-una-guerra-contra-alemania

Il est connu que toute sanction économique s'accompagne d'un effet boomerang (conséquences négatives pour l'État à l'origine des sanctions). La force de l'impact d'un boomerang varie fortement d'un pays à l'autre. L'effet boomerang est beaucoup plus fort pour l'Europe que pour les États-Unis. Et au sein de l'UE, la propagation des effets négatifs est également très importante.

Les sanctions de 2014 ("pour la Crimée") ont varié considérablement quant à la force de l'effet boomerang. Une étude de Matthieu Crozet et Julian Hinz a tenté de calculer les pertes subies par l'Occident du fait de la réduction des exportations de marchandises vers la Russie jusqu'à la mi-2015. Les pertes se sont élevées à 60,2 milliards de dollars et seulement 17,8 % de ces pertes étaient dues à l'introduction de contre-sanctions par Moscou. Les 82,2 pour cent restants sont des pertes que l'on peut qualifier de "tir dans le pied". 76,7 % de ces pertes (plus de 46 milliards de dollars) ont été subies par les pays de l'UE. Et seulement 23,3% correspondaient au reste des pays occidentaux (USA, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Suède, Suisse, etc.).

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Au sein de l'UE, le résultat négatif de la première vague de sanctions est également très différent. L'étude "Les leçons des sanctions de l'UE contre la Russie en 2014-2015" fournit des estimations des dommages subis par les différents États membres de l'UE jusqu'à la mi-2015. Voici la liste des pays ayant subi les plus grosses pertes (en millions d'euros) : Allemagne - 2 566 ; Italie - 668 ; France - 612 ; Pays-Bas - 591 ; Pologne - 521. Si l'on prend des indicateurs relatifs, il s'avère que pour l'Allemagne (première économie de l'UE), ils sont trois fois plus sensibles que pour la France et l'Italie.

Aujourd'hui, dans le contexte d'une nouvelle guerre de sanctions contre la Russie, nous voyons une image similaire. Début mars, le Kiel Institute for World Economics (Allemagne) et l'Institut autrichien de recherche économique (WIFO) ont préparé un rapport opportun sur les conséquences économiques des sanctions prévues par l'Occident. Selon ce document, les pertes pour les économies de tous les pays initiant des sanctions sont estimées à 0,17 % du PIB total. L'Allemagne et l'Autriche subiront des pertes de 0,4 et 0,3 pour cent du PIB annuel respectivement, tandis que les États-Unis ne subiront que des pertes de 0,04 pour cent. Parmi les alliés, la Lituanie (2,5 pour cent dans le scénario simulé), la Lettonie (2,0 pour cent) et l'Estonie (2,0 pour cent) subiront la plupart des pertes.

Les médias occidentaux affirment que les coûts de la guerre de sanctions contre la Russie sont inévitables, mais pour obtenir la victoire dans cette guerre, il faut résister, ce qui démontrerait l'unité de l'Occident. Cependant, il n'y a pas d'unité. On le voit clairement dans l'exemple des achats de gaz naturel à la Russie. On sait que les fournitures russes à l'UE en 2021 représentaient 45 % des importations de gaz naturel et 40 % de la consommation. Il s'agit d'une moyenne. Pour des pays comme la Bulgarie, la République tchèque, la Lettonie, l'Autriche, la Roumanie et la Slovénie, la dépendance vis-à-vis de la Russie pour les importations de gaz se situe entre 75 et 100 %. Dépendance supérieure à la moyenne de l'UE vis-à-vis de la Russie pour les importations de gaz naturel et de l'Allemagne à hauteur de 49 %. L'Italie en est à 46%.

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Le tableau est également mitigé en ce qui concerne la dépendance à l'égard des importations de pétrole en provenance de Russie. À la fin de 2020, la Russie représentait 24,9 % des importations d'or noir de l'UE. Les pays suivants ont la plus forte dépendance vis-à-vis des importations de pétrole russe (%) : Slovaquie - 78,4 ; Lituanie - 68,8 ; Pologne - 67,5 ; Finlande - 66,8 ; Hongrie - 44,6. Significativement plus élevé que la moyenne de l'UE, l'indicateur de dépendance dans ces autres pays (%) : Roumanie - 32. 8 ; Estonie - 32,0 ; Allemagne - 29,7 ; République tchèque - 29,1 ; Grèce - 26,3. Et la dépendance à l'égard des importations de pétrole russe est nettement inférieure à la moyenne de la deuxième plus grande économie de l'UE : la France (13,3 %), de la troisième économie : l'Italie (12,5 %), des Pays-Bas (21,0 %). Au Royaume-Uni, la Russie ne représentait que 12,2 % des importations de pétrole. Vous pouvez imaginer que les positions de la Hongrie ou de la Finlande sur les restrictions ou les interdictions d'importation d'or noir en provenance de Russie peuvent être très différentes des positions des Pays-Bas ou de la France. Et ils ne coïncident pas vraiment.

Il existe de grandes différences entre les 27 pays de l'UE en termes de dépendance aux importations d'engrais, de céréales, de métaux et d'autres biens. D'où les grandes différences politiques dans l'évaluation par les dirigeants de ces pays de l'opportunité des sanctions de l'UE contre la Russie.

Les États-Unis ne sont pas un participant, mais un initiateur et un organisateur de la guerre des sanctions. Le commerce extérieur entre les États-Unis et la Russie n'a jamais été excellent. L'année dernière, les États-Unis ne représentaient que 4,4 % du chiffre d'affaires du commerce extérieur de la Russie. L'Union européenne a représenté 35,9 %. Même si Washington mettait à zéro ses échanges avec Moscou, cette dernière ne ressentirait pas grand-chose. Mais réduire à zéro le commerce de l'UE avec la Russie pourrait porter un coup tangible et même écrasant. Ainsi, la guerre des sanctions contre la Russie ressemble à ceci : Washington planifie une guerre, introduit de nouvelles sanctions "infernales" contre Moscou, et l'exécution est confiée à Bruxelles, qui transmet les ordres de Washington aux 27 États membres de l'UE.

Toutefois, plus Washington fait pression sur Bruxelles, plus la structure de l'UE se fissure.

Trois camps ont été clairement identifiés en Europe. La première comprend la Hongrie, la Serbie (un pays non membre de l'UE) et plusieurs autres États. Ils indiquent clairement que pour eux, les intérêts nationaux sont au-dessus des intérêts de l'Occident collectif. L'autre camp est représenté par les États baltes et la Pologne. Ils se caractérisent par un fanatisme russophobe. Le troisième camp est représenté par l'Allemagne et la France. Ils essaient de manœuvrer et de se mettre progressivement d'accord sur quelques points avec Moscou. Berlin et Paris comprennent tous deux que si l'UE ne s'effondre pas à la suite de la guerre des sanctions, ce sont eux qui devront payer les dégâts de l'effet boomerang.

Cependant, certains experts prédisent qu'il n'y a aucune chance de sauver l'UE. L'opportunisme de Bruxelles, Berlin et Paris, succombant à la pression de Washington, pourrait aboutir à l'effondrement de l'UE.

Il existe également des lignes de fracture au sein des États membres. Ceci est particulièrement évident dans l'exemple de l'Allemagne. L'équipe du chancelier Olaf Scholz fait tout son possible pour mettre en œuvre les idées de sanctions de Washington. Et des millions d'Allemands protestent contre les sanctions. Les entreprises allemandes protestent également. Le 10 mars, l'Association allemande des petites et moyennes entreprises a exprimé ses craintes que l'apparition de la hausse des prix de l'énergie n'entraîne des faillites massives d'entreprises. Le directeur général de l'association, Markus Jerger, a déclaré : "L'association fédérale des petites et moyennes entreprises craint les faillites d'entreprises et les pertes d'emplois dues aux prix élevés de l'énergie. Les prix de l'énergie sont devenus un problème existentiel pour de nombreux entrepreneurs".

Le fardeau disproportionné de la guerre des sanctions, qui pèse sur l'Europe, est largement évoqué dans les médias. Cependant, la plupart des auteurs décrivent cela comme un coût inévitable dans toute guerre. "Dites, la guerre est la guerre, ce n'est pas le moment de se déguiser, Sue".

Mais certains experts soupçonnent que la Russie n'est pas la seule cible de la guerre de sanctions américaine. A en juger par les pertes que subit l'Europe, il s'avère qu'elle n'est pas considérée comme un allié par Washington, mais bien plutôt comme une cible. C'est l'avis de Yakov Kedmi, qui a déclaré le 30 mars : "Je suis intéressé de voir ce qui se passe en Europe en ce moment. Rappelez-vous comment s'appelait l'Union européenne à l'origine ? C'est ça, la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Où sont le charbon et l'acier maintenant ? Les Européens eux-mêmes oublient ce sur quoi cette union était fondée. Maintenant, l'Europe risque de manquer de charbon et d'acier. Qui applaudit à cela ? Les États-Unis. Il n'y a pas de moyen plus efficace pour affaiblir et mettre à genoux l'industrie européenne que des sanctions contre la Russie. Et les Européens ont obéi. Seule l'industrie américaine en profitera... Les Américains gagnent deux fois : ils vendront leurs ressources énergétiques à l'Europe à des prix exorbitants, rendant son industrie non rentable, et en parallèle, ils développeront leur propre industrie. C'est très simple".

Ce regard, certes nouveau, sur la guerre des sanctions peut être exprimé comme suit : Les États-Unis, après avoir déclenché une guerre, veulent faire d'une pierre deux coups. Non seulement la Russie, mais aussi l'Europe. De plus, Washington a de bien meilleures chances de tuer le deuxième lièvre.

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Et voici un regard sur ce qui se passe par le célèbre économiste américain Michael Hudson. À son avis, ceux qui ont planifié la guerre des sanctions à Washington ne sont pas du tout des imbéciles. Ils ont sérieusement compris que les sanctions ne feraient pas tomber Moscou. Mais l'Europe, elle, est facile à "soumettre". "Abaisser", se débarrasser d'un concurrent dans l'Ancien Monde et prendre sa place. Michael Hudson sur les opérations militaires en Ukraine: "C'est une guerre pour enfermer nos alliés afin qu'ils ne puissent pas commercer avec la Russie. Ils ne peuvent pas acheter de pétrole russe. Ils doivent compter sur le pétrole américain, pour lequel ils devront payer trois à quatre fois plus cher. Ils devront dépendre du gaz naturel liquéfié américain pour les engrais. S'ils n'achètent pas de gaz américain pour les engrais, et si nous ne leur permettons pas d'en acheter en Russie, ils ne pourront pas fertiliser la terre, et sans engrais, les rendements seront réduits de 50 %...".

Et le principal concurrent de l'Amérique, selon Hudson, est l'Allemagne. Si l'Allemagne est "déclassée", le reste de l'Europe s'effondrera tout seul. Hudson conclut: "La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne... L'Allemagne et l'Europe sont les ennemis. La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne, et les États-Unis l'ont fait savoir clairement".

samedi, 26 mars 2022

Géoéconomie/ Les nombreuses fissures dans les sanctions euro-américaines contre la Russie

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Géoéconomie/ Les nombreuses fissures dans les sanctions euro-américaines contre la Russie

par Clemente Ultimo

Source: https://www.destra.it/home/geoeconomia-le-tante-crepe-dellassedio-sanzionatorio-euro-americano-alla-russia/

Les sanctions, une arme émoussée ? On parle beaucoup et on insiste beaucoup sur les sanctions - quelqu'un en perçoit-il de vieux échos ? - imposées, tel un siège, à la Russie ces dernières semaines. La sévérité exigée par Washington, qui a peu d'effet sur l'économie américaine, a été largement soutenue par les pays européens, ainsi que par le bloc de l'Anglosphère et les partenaires asiatiques des États-Unis. Avec de nombreux sacrifices, notamment pour les économies européennes, qui sont obligées d'accepter leur dépendance aux sources d'énergie russes et, élément souvent négligé, se caractérisent par de solides échanges commerciaux avec Moscou, souvent dans d'autres secteurs stratégiques que le gaz et le pétrole. Malgré les effets négatifs sur les économies nationales en Europe, les dirigeants européens semblent déterminés à poursuivre sur la voie de la rigueur sanctionnante, sans exclure des mesures encore plus strictes. Quel qu'en soit le prix, convient-il d'ajouter.

Si l'on regarde plus largement - et surtout si l'on essaie d'observer la scène d'un point de vue moins euro-américain - le bloc des sanctions présente pourtant de larges fissures. En particulier, les pays qui représentent les économies émergentes - réunis sous l'acronyme BRICS - ne semblent pas du tout disposés à suivre la voie des sanctions. Et si tous n'expriment pas des positions intransigeantes comme celle du président sud-africain Ramaphosa, selon lequel "la guerre aurait pu être évitée, si seulement l'Alliance atlantique avait écouté les avertissements de ses propres responsables au fil des ans : l'expansion vers l'Est a effectivement conduit à une plus grande, et non à une moindre, instabilité dans la région"; ces pays des BRICS sont cependant clairs dans leur refus d'interrompre les liens commerciaux avec Moscou.

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Si ce choix était évident pour la Chine - qui a renforcé ses liens avec la Russie également sur le plan politico-militaire - il l'était moins pour des pays comme le Brésil, l'Afrique du Sud ou l'Inde. Ce dernier pays travaille même à la création d'un système de change basé sur les roubles et les roupies, éliminant ainsi le dollar. À l'instar de ce que font la Chine et la Russie. Une solution qui pourrait également intéresser d'autres pays.

Aux côtés des BRICS, d'autres nations semblent peu intéressées à rejoindre le système des sanctions, malgré la forte pression exercée par Washington. Parmi ceux-ci figurent les monarchies du Golfe, qui adoptent actuellement une position d'équidistance prudente. À cet égard, il convient de noter qu'en plus de leurs intérêts économiques communs en tant que producteurs de pétrole, la Russie et les monarchies arabes du Golfe ont également tissé des liens solides dans le secteur de la défense stratégique ces dernières années. Des liens que personne ne semble vouloir rompre pour l'instant, à commencer par l'Arabie Saoudite. Allié historique de Washington pendant la guerre froide, le Royaume des Saoud a aujourd'hui pour principal client la Chine pour ses exportations de pétrole et de solides relations avec Moscou, dont un récent accord militaire sur le contenu réel duquel il y a très peu d'informations.

En bref, il est peut-être temps de commencer à envisager un scénario mondial dans lequel les États-Unis restent (pour combien de temps ?) la principale puissance - la seule puissance mondiale - mais dans lequel il existe des acteurs en pleine croissance dont l'agenda ne coïncide que sur peu de points, voire aucun, avec celui de Washington, un agenda sur lequel les Européens continuent de s'aligner, même lorsqu'il est clairement en conflit avec leurs propres intérêts. Cependant, la reine Victoria a depuis longtemps cessé d'être impératrice des Indes.

samedi, 31 juillet 2021

Etats-Unis-Chine: choc géo-économique

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Etats-Unis-Chine: choc géo-économique

Abu Hurrairah

Ex: https://www.geopolitica.ru/it/article/usa-cina-scontro-geoeconomico

La géoéconomie se définit de deux façons : l'une est l'utilisation de l'économie pour obtenir des avantages géographiques ou territoriaux. Le second est l'utilisation de la situation géographique pour atteindre ses objectifs économiques. Pour comprendre ce concept central dans le monde contemporain, les meilleurs exemples à aborder sont la Chine et les États-Unis d'Amérique. Les deux pays gardent à l'esprit que leur objectif principal est de gagner du pouvoir, mais les moyens qu'ils utilisent à cette fin sont différents. 

Si l'on parle d'abord de la Chine, on peut dire qu'elle est à l'origine de la première définition de la géoéconomie. Elle utilise sa situation et sa géographie pour améliorer son économie au niveau mondial, ce qui définit en fin de compte ses objectifs géoéconomiques. L'objectif principal de la Chine est de devenir un géant économique dans la région asiatique, puis dans le monde entier, en aspirant peut-être à devenir une superpuissance par la suite. Cependant, la manière dont elle poursuit son objectif est assez intéressante. La BRI (Belt & Road Initiative) de la Chine est une étape plus importante qui reflète l'utilisation de l'économie pour promouvoir et défendre les intérêts nationaux afin d'obtenir les résultats géopolitiques souhaités. La Chine a pris des mesures sévères en matière de sécurité économique et nationale pour faire progresser l'innovation et la production technologique tout en privilégiant l'autosuffisance. Cette mesure a été prise pour maintenir l'économie chinoise sur les rails et pour réduire l'écart militaire entre les États-Unis et la Chine.

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Nous sommes à l'ère de la technologie et ces avancées jouent ici un rôle crucial dans la sauvegarde de ses intérêts économiques et dans la transition du pouvoir au niveau mondial. Les États-Unis sont l'acteur le plus important en matière d'avancées technologiques. Toutefois, la Chine, en tant que puissance montante, a choisi son propre type d'"impératif d'innovation". La Chine a fait des petits pays son public cible tout en augmentant ses consommateurs de jour en jour. On peut donner l'exemple d'un iPhone américain et d'un appareil chinois Xiaomi ayant les mêmes caractéristiques. Un habitant d'un pays du tiers monde optera pour Xiaomi. C'est pourquoi Xiaomi est devenue la deuxième marque la plus vendue au monde en très peu de temps. Les États-Unis ont sérieusement critiqué la Chine en la qualifiant de "nation copieuse", mais qui s'en soucie lorsque vous obtenez cette même qualité américaine mais avec un label chinois à bas prix ? C'est la meilleure technique, utilisée par n'importe quelle nation à travers l'histoire. Selon le plan Made in China 2025, la Chine cherche à atteindre une autosuffisance de 70 % sur les marchés de haute technologie et aspire à dominer le marché mondial d'ici 2049. Selon son président, l'autosuffisance en matière de technologies est obligatoire pour des raisons économiques et de sécurité.

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L'approche géoéconomique de la Chine ne se limite pas à des fins économiques et sécuritaires, mais couvre également un aspect de coordination entre l'État chinois et les acteurs du marché dans le monde. La Chine apporte également un soutien total à la construction d'infrastructures pour les avancées technologiques et cherche ensuite, par le biais de la BRI, à fournir ces produits à près de la moitié du monde.

La Chine utilise des connaissances multidimensionnelles et des produits basés sur la technologie pour atteindre ses objectifs économiques, puis, par le biais des routes commerciales, pour atteindre ses objectifs géopolitiques. La Chine représente une menace de plus en plus importante pour les États-Unis en raison de son approche géoéconomique, jusqu'à présent couronnée de succès.

Les États-Unis d'Amérique, en revanche, ont une approche différente de la poursuite de leurs objectifs. En tant que superpuissance, les États-Unis ont pour objectif principal de maintenir leur hégémonie mondiale, coûte que coûte. Pour cela, ils utilisent généralement leur puissance militaire ou économique, car ils disposent d'un surplus dans les deux domaines. En dehors de cela, les États-Unis aiment aussi travailler diplomatiquement de manière sournoise par le biais de proxies. D'abord, ils utilisent la carotte pour amener leurs alliés dans différentes régions à protéger leurs intérêts; sinon, ils optent pour une intervention militaire directe en toute illégitimité.

Un exemple récent est la guerre contre la terreur menée contre Al-Qaïda. Le Pakistan était leur allié de première ligne dans cette guerre et tout cela parce qu'Al-Qaïda a porté atteinte à leur sécurité géographique. Les États-Unis sont entrés en Afghanistan et se sont présentés comme le faisant pour le bien général de l'humanité. En outre, des milliers d'Irakiens sont morts pendant l'invasion de 2003 et toute la région a été mise à feu et à sang. Les États-Unis ont suivi pendant de nombreuses années l'utilisation d'organisations financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale, etc.

Le travail de la Banque mondiale et du FMI fait l'objet de critiques sévères car ils travaillent généralement dans l'intérêt des États-Unis. Le FMI accorde des prêts à divers pays sous le prétexte fallacieux de les "aider", mais leur impose des conditions strictes, qu'ils ne peuvent pas respecter.

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La principale raison d'une politique aussi rigide est de faire en sorte que l'économie de ces pays soit réduite à claudiquer péniblement jour après jour et qu'ils continuent à dépendre des Américains jusqu'à la consommation des textes. Les programmes du FMI suppriment également la souveraineté que les États devraient avoir sur leurs propres affaires économiques. Les séides du FMI introduisent leur propre vision de la politique, qui doit être mise en œuvre dans le pays concerné. Ils suggèrent une autonomie totale pour les banques centrales, la privatisation des biens publics et des amendements aux lois du travail qui donnent un pouvoir incontrôlé aux employeurs pro-capitalistes.

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Le récent projet de loi visant à donner une autonomie à la State Bank of Pakistan est le meilleur exemple pour comprendre la tactique des syndicats américains. Dans ces situations difficiles, il devient automatiquement impossible pour un pays de redresser son économie et il finit par tomber dans un esclavage perpétuel. Tout cela est fait pour maintenir l'hégémonie mondiale du bloc capitaliste dirigé par les États-Unis. Ces dernières années, le Pakistan a figuré sur la liste des pays les plus visés par les États-Unis, précisément en raison de son inclinaison vers la Chine. Les États-Unis ont alors établi un partenariat avec l'Inde pour affronter la Chine dans la région et suspendre leurs vieille alliance avec le Pakistan afin d'obtenir des avantages géo-économiques.

En conclusion, l'approche américaine de la poursuite de ses objectifs a été impitoyable et draconienne tout au long de l'histoire, mais la Chine s'est jusqu'à présent révélée nettement moins brutale pour toutes les parties concernées.

Article original d'Abu Hurrairah :

https://www.geopolitica.ru/en/article/us-china-geoeconomics-tussle

Traduction par Costantino Ceoldo

mercredi, 24 mars 2021

L'eau est le composé chimique le plus abondant dans la nature, mais la guerre pour l'"or bleu" ne fait que commencer

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L'eau est le composé chimique le plus abondant dans la nature, mais la guerre pour l'"or bleu" ne fait que commencer

Pecus Ganèsh Tomasino

https://www.lintellettualedissidente.it/

Le composé chimique le plus abondant dans la nature est l'eau. Un être humain privé d'eau meurt au bout d'une poignée d'heures plus ou moins longues, et d'après ce que nous pouvons savoir, cette substance exerce naturellement sur tout et tous une force qui s'apparente d'une certaine manière à la gravité. Les premières grandes communautés humaines ont été fondées sur les rives de cours d'eau importants et constants (il va sans dire : le Tigre et l'Euphrate), et aujourd'hui encore, la disponibilité de l'eau par habitant est un indice de la richesse absolue du territoire analysé. Les communautés humaines gravitent autour de l'eau ou la font graviter autour d'elles. La question semble évidente, mais elle ne l'est peut-être pas tant que cela : à quoi sert l'eau dans l'Anthropocène? D'une manière générale, et en la réduisant à l'essentiel, elle est utilisée pour boire, nettoyer, irriguer, éclairer et fabriquer. Les entreprises qui se chargent généreusement de donner de l'eau aux assoiffés sont pléthore, et parmi elles, seules quinze se disputent un marché d'environ trois cents milliards d'euros par an. Les plus grands sont : français, américains, chinois ; et ils produisent de l'eau en bouteille, des boissons gazeuses et des produits assimilés. En revanche, en ce qui concerne les autres fonctions de l'eau, les questions se compliquent et prennent une forme qui vous fait prendre la tête. Les aspects technico-politico-économiques de la gestion des ressources en eau vont de la campagne aux universités, des plus hauts niveaux des géants financiers aux coulisses les plus secrètes.

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Michael Burry.

Michael Burry, qui n'a même pas quarante ans, qui a parié en 2007 sur l'échec du fameux "too big to fail" et a gagné haut la main (aujourd'hui, il dirige la société Scion Capital Investment), à la question de savoir sur quoi il avait décidé d'investir, a répondu laconiquement : "Je vais investir dans l'eau". De la disponibilité en or bleu dépend, de manière directe, la capacité à produire des aliments et du bétail et donc, en bonne logique déductrice, à constituer une part fondamentale des balances commerciales entre les différents pays, mais aussi, et ce n’est pas la moindre des choses, la quantité d'énergie électrique qui peut être produite de manière totalement propre, en faisant face uniquement aux coûts d'investissement initial et d'entretien. Les centrales hydroélectriques associées à des réservoirs plus ou moins artificiels constituent aujourd'hui le moyen le plus économique et le plus propre de produire de l'énergie à des coûts d'exploitation techniquement négligeables. Surtout, si les investissements initiaux sont très importants et considérés comme stratégiques, s’ils sont pris en charge par les différents circuits éparpillés dans le monde et si ensuite, en raison de vicissitudes habituelles, de crises économiques, de guerres ou d'accords multilatéraux, ces structures se retrouvent entre les mains de géants privés de l'énergie.

L'énergie produite est évidemment utilisée pour les processus industriels, mais attention, car l'eau est utilisée dans les processus industriels de tellement de façons (de la chimie fine à l'industrie lourde) qu'il est peut-être commode de la définir comme le composé le plus abondant dans la nature, mais aussi comme le plus important pour les communautés humaines. Dans un monde surpeuplé et harcelé par l'instabilité climatique, il devient évident que les technologies de découverte, de collecte, de distribution, d'utilisation et de récupération de l'eau sont stratégiques, et les nations souveraines, plus ou moins animées par des tendances hégémoniques ataviques, le savent; et donc, de manière plus ou moins légitime, tendent à s'accaparer le plus d'eau possible.

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Les pays les plus actifs dans ce secteur fondamental sont évidemment les États-Unis et le Royaume-Uni, les deux principales puissances anglo-saxonnes, la France et la Chine, la Russie étant apparemment à la traîne. Essentiellement donc les puissance qui occupent les sièges permanents des Nations Unies. Le Brésil, par exemple, qui est le pays disposant des ressources en eau les plus riches du monde et qui devrait donc être aussi l'un des plus riches, voit son indice de Gini - exprimé en pourcentage - égal à 51,3 (un coefficient qui, s'il est égal à zéro, indique que les revenus sont également et parfaitement répartis entre tous et égal à un indique, au contraire, qu'ils sont parfaitement centralisés entre les mains d'une seule personne). Le Brésil est l'un des pays les plus inégalitaires au monde, alors qu'il est l'un des plus riches en ressources, et pas seulement en ressources en eau. Mais c'est là une autre affaire. Au fil des ans, dans le plus grand pays d'Amérique latine, depuis la fin du siècle dernier, une riche série de privatisations a permis à des entreprises privées (dans le cas spécifique de Suez surtout) de s'emparer à des fins lucratives des structures de gestion et de distribution de l'eau brésilienne en échange de promesses contractuelles de nature souvent opaque.

Quelle est donc la géopolitique de l'eau ou des eaux ? Le fleuve Colorado est d'abord riche et florissant aux États-Unis, où il irrigue des millions d'hectares de terres et produit des quantités exorbitantes d'énergie, avant d'être réduit à un filet d'eau toxique à la frontière avec le Mexique. Le Danube traverse sur une longueur de 2800 km dix pays européens, jaillit en Allemagne et se jette dans la mer Noire sur les côtes roumaines. Depuis des siècles, il est le théâtre d'affrontements transfrontaliers. Son bassin hydrographique intéresse au total près d'une vingtaine de pays, dont l'Italie pour 0,15%. Le lac Aral, qui, à cause de ses dimensions est souvent appelé ‘’mer’’, n'existe presque plus aujourd’hui, tout simplement, à cause de l'utilisation forcenée et déséquilibrée des eaux de ses affluents et de son bassin. La mer Morte, l'un des bassins d'eau les plus fascinants et les plus salés au monde, est au centre d'un litige entre la Jordanie et Israël pour la construction d'un canal qui devrait amener les eaux de la mer Rouge à la mer Morte en produisant de l'énergie en exploitant la différence naturelle d’altitude de plus de 400 mètres qui existe entre les deux mers.

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Le réseau fluvial Yarlung-Tsangpo-Brahmapoutre est l'un des plus grands et des plus puissants réseaux hydrographiques de la planète. Il est au centre d'un conflit territorial très complexe concernant les droits d'utilisation des ressources entre deux des puissances les plus prometteuses de la planète (la Chine et l'Inde) qui veulent exploiter ce réseau fluvial, chacune pour sa part, au maximum. Et ce ne sont là que des exemples flagrants de conflits autour des eaux de surface. Il serait exagéré de dire qu'à la base de chaque conflit il y a une question d'approvisionnement en eau; mais il n'est certainement pas exagéré de dire que les ressources en eau d'un territoire poussent les pouvoirs politico-économiques à se déplacer jusqu'au point de confrontation afin de pouvoir en exploiter au moins une partie considérée comme équitable. La nappe aquifère dite des grès de Nubie est le plus grand bassin d'eau souterraine, considérée comme fossile, qui n’a jamais été découverte et peut-être même imaginée. Elle est située dans l'un des territoires les plus secs et les moins développés de la planète, qui se trouve également être, malheureusement depuis de nombreuses années, l'un des plus instables politiquement. Au-dessus de ce réservoir de vie aux dimensions bibliques se trouvent les déserts du Tchad, du Soudan, de la Libye et de l'Égypte. Khadafi avait commencé à réaliser un projet pharaonique d'exploitation des eaux de cette strate, plaçant, de ce fait et stratégiquement, la Libye dans une position enviable avec d’énormes avantages géopolitiques: est-ce un hasard si aujourd'hui ce même pays n'est plus qu'une sorte de vague souvenir ? Comme le disait Andreotti : "penser mal, c'est toujours avoir raison".

Et l'Italie ? Que fait l'Italie, que fait-elle avec l'eau ? En gros, il discute, de manière animée, et, comme d'habitude, conclut peu. Le numéro 3/2020 de la célèbre revue italienne de renseignement, Gnosis, est un volume très élégant, au ton presque poétique, entièrement consacré à l'eau, dans lequel l'état actuel et futur des arts et techniques concernant cette substance est exposé avec beaucoup de précision et d'acuité. Malheureusement, la position de l'Italie sur le plan géopolitique est vague et les choix effectués en matière de gestion de ses ressources en eau domestiques sont très rares, à l'exception de quelques bonnes pratiques mises en œuvre par Ferrero, l'une des plus grandes entreprises du secteur mondial de la distribution alimentaire et l'une des moins empêtrées dans le bourbier sociopolitique italien. En gros, l'Italie a fait la sourde oreille au merveilleux moment de civilisation exprimé par la population lors du référendum sur l'eau, rabaissant ce que le peuple a élevé au rang de bien commun universel à une simple affaire de parti ; l’Italie officielle ne comprend pas le potentiel éducatif consistant à optimiser et utiliser les ressources naturelles en général et de l'eau en particulier ; elle n'a aucun rôle au niveau local ou mondial dans l'exploitation durable des ressources en eau, sauf partiellement l’Eni ; elle n'a aucun rôle politique technologique et/ou industriel actif dans les secteurs les plus stratégiques de la gestion de l'eau, il suffit de dire que parmi les 25 personnalités les plus influentes dans le domaine de l'eau il n'y a même pas un Italien. Le nouveau ministre de la transition écologique Roberto Cingolani a non seulement compris l'état de dégradation et d'abandon dans lequel nous nous trouvons, mais il a prospecté l'avenir en avançant la un argument clé qui fera comprendre pourquoi l'eau est si importante maintenant. L'avenir proche, et selon toute vraisemblance le siècle entier qui nous attend, sera alimenté par des batteries, et aussi efficaces et écologiques qu'elles puissent être, elles doivent être et seront chargées et rechargées avec de l'électricité durable. Le ministre dit, et écoutons-le car il n'a pas tort, que oui, la fusion froide, comme on l'appelle improprement, sera le mécanisme de base de la production d'énergie pour l'avenir, nous ne savons pas encore à quelle distance temporelle, mais c'est à partir de l'eau que nous produirons la plus grande partie de l'énergie à court et moyen terme avec une technologie plus que centenaire : l'électrolyse. Voici le mystère. À partir de la molécule d'eau exposée à l'action magique de la cathode et de l'anode traversées par un courant électrique approprié, par oxydoréduction, la liaison entre l'hydrogène et l'oxygène est rompue, produisant les deux espèces chimiques distinctes. Isolé et correctement stocké, l'hydrogène est une source d'énergie propre et pratiquement inépuisable, car son utilisation génère à nouveau de l'eau.

Si le siècle dernier a été celui des combustibles fossiles et des plastiques hydrocarbonés, nous devons ramener notre mémoire à la splendeur imaginative de feu Enrico Mattei: l'homme dont la folie visionnaire l'a amené à exiger six pattes pour l’animal mythologique qui est devenu le symbole de l’Eni parce que quatre ne suffisaient pas, et dont la charité chrétienne l'a amené à penser naïvement qu'il était possible de créer un développement pour tous de manière équilibrée en suivant un partage équitable des biens que nous offre le Seigneur, bref un Icare moderne ; ou encore à nous rappeler les exploits scientifiques de l'éminent et brillant prof. Giulio Natta, qui a inventé la matière première, si plastique qu'elle est devenue précisément le Plastique, à la base de tout le design qu'aujourd'hui, si bien que nous en retrouvons bêtement un peu partout ne pouvant éviter d'en ingérer une certaine quantité chaque jour. Ce siècle sera le siècle de l'eau, et Michael Burry gagnera une fois de plus beaucoup d'argent. La vraie question est de savoir si l'Italie sera enfin capable de trouver sa place dans le monde, en commençant à penser et à formuler des demandes modérées et légitimes de développement qui soient cohérentes avec les niveaux et les capacités que nous sommes en mesure de mettre en œuvre dans ce pays. Il est clair que la position géographique n'aide pas, elle est trop stratégique ; à tel point que si nous devenions trop souverains en tant qu'Italiens, nous pourrions être trop influents. C'est à la classe dirigeante de comprendre comment s'y prendre. Le 22 mars, pour ce que cela vaut, est la Journée mondiale de l'eau et l'Italie n'a même pas été invitée.

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mercredi, 24 janvier 2018

The Russo-Chinese "Alliance" Revisited

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The Russo-Chinese "Alliance" Revisited

America’s greatest strategic mind of global recognition, Alfred Thayer Mahan, in his seminal work The Influence of Sea Power upon History saw the World Ocean and activity in it as the foundation for national greatness and power. The pivot of this greatness was a powerful navy. Through Mahan, the Theory of Navalism reached American elites late in 19th Century. As Byron King noted:

Mahan’s book struck the highest levels of the governing classes like a bolt of lightning and created a tempest of intellectual upheaval not just within the U.S. Navy, but throughout the broader American (and overseas) political, economic, and industrial system.

It was, however, not Navalism as a theory which contributed to both intellectual and, eventually, social upheaval—it was the industrial revolution and the technological paradigm that revolution created, which propelled ideas of naval blockades and of the decisive battles of large fleets to the forefront of global strategic thought. The confirmation of the correctness of Mahan’s vision didn’t have to wait for too long—on 28 May 1905, in the straits of Tsushima, Russia’s Baltic Sea Squadron of Admiral Zinovyi Rozhesvensky was almost completely obliterated by the Japanese naval force of Admiral Togo in what amounted to one of the most lop-sided battles in history. Russia’s de jure defeat in the Russo-Japanese War of 1904-05 became inevitable in the wake of Tsushima, which became in Russia a euphemism for a catastrophe. Recriminations and, eventually the First Russian Revolution followed as the result of this military-political humiliation. This outcome also cemented a central postulate of Navalism—large, expensive fleets became the main force which embodied both national prestige and safety for the trade of the nation which possessed them. The era of battleships and cruisers unfolded but so did the era of submarines.

The explosive technological and doctrinal development of fleets, both naval and commercial, followed. Also Mahan’s ideas that the old concept of Guerre’ de Course, of commerce raiding, simultaneously matured and reached industrial proportions, which would see massive naval battles on the Shipping Lanes of Communications (SLOC) during WW I and, especially so, during WW II. The Safety of SLOCs and maritime Choke Points became defining factors in Western strategic thinking of the 20th Century. Nowhere was this more so than in Great Britain and, especially, in the newly emerging superpower of the United States. The World Island is how Admiral Elmo Zumwalt defined the United States of the 20th Century. The post WW II US Navy became more than just a concentrated material expression of American national pride and of industrial-technological prowess; it became the guarantor of the safety of those numerous SLOCs and Choke Points on which American prosperity depended then and continues to depend even more so today.

Enter the 21st Century. With the collapse of the Soviet Union, the US Navy lost its only modern peer—the Soviet Navy. Today, the US Navy reigns supreme over the vast spaces of the World Ocean, thus making American maritime trade secure. For now it also controls the world’s maritime trade which amounts to almost 90 percent of all global trade. A fleet of more than 62 000 commercial vessels every day carries millions tons of cargo, ranging from crude oil and ore to washing machines and cars, between hundreds of ports, thus generating trillions of dollars in capital movement every month. It seems that the United States with her magnificent navy is living proof of the old geopolitical truism that the one who controls the World Ocean controls the world’s trade, and thus controls the World. This was true with the United States being the most productive and largest industrial economy in the post-World War Two world. This is not the case anymore. To be sure, the United States still hugely depends on and still controls most SLOCs, but this time the pattern is different and is changing constantly.

China’s ever-growing manufacturing capacity entered the game—the times when the United States was shipping massive amounts of finished goods and of materiel both to Europe and elsewhere around the world are over. Of course, the United States still produces many finished goods, some of them of a world-class quality, such as commercial aircraft, processors, generators, and engines, to name just a few; but in 2017 the United States posted an astonishing 344 billion dollars trade deficit with China. Today, the US controlled SLOCs in the Asia-Pacific area operate as supply lines for the US internal market, shipping monthly tens of billions of dollars’ worth of the finished consumer goods to the United States, filling the shelves of American Walmarts, Targets and Costcos with mostly Chinese-manufactured TVs, home appliances, computers, Smart phones, furniture, and articles of clothing. The United States today depends on China for its own everyday consumer needs. This dependence is unprecedented historically and is a powerful reason for questioning both America’s internal and international trade policies. Today, trade deficits of such a scale are among the most important drivers behind contemporary geopolitical upheaval.

The United States is in a trade hole and that hole is extremely deep. Yet, while the US-Chinese trade is the talk of the town and is extremely important in explaining contemporary geopolitical dynamics, and an inevitable US-Chinese trade war, a much larger but less talked about global scenario is beginning to emerge and it has everything to do with the fact of China’s (One) Belt and Road initiative aka the New Silk Road. A lot has been said about this massive project, most of it is positive and it is derived from the fact of the seemingly much fairer and beneficial, for all parties involved, nature of it. This is true, especially against the background of the mayhem and destruction the United States has unleashed around the world. Yet, the Chinese project is far more than just an exercise in charity which it certainly is not. China, with her excessive industrial capacity, is in it for a much bigger prize than the United States, with its sluggish consumer market and declining standard of living. Nor are Africa or Eurasian subcontinent the targets, although often placed in the center of Chinese considerations. The name of the Chinese game is Europe. Without Europe, the One Belt and Road initiative becomes merely an expansion into large but mostly poor markets in Asia. The Philippines or Indonesia cannot compare to the advanced economies of Germany or France. Europe, not just the EU, is a different game. With her almost 750 million population and a GDP larger than that of China or the US, Europe is the only truly wealthy market left in the world. China desperately needs access to this market both through the land bridge and SLOCs and it is here where the geopolitical dance of the century becomes extremely intricate. Several important facts must be considered before drawing any conclusions on the mid to long-term developments:

1. The United Stated posts huge trade deficits not only with China. The US is in a deep 56 billion dollars trade hole with Germany in 2017. It consistently posts trade deficits with most European nations from France to Finland and Russia. With the EU alone, the US trade deficit is more than 135 billion dollars. With the exception of military hardware, commercial aircraft and some electronics, the US is simply not competitive in Europe. China is and precisely in that sector where the United States produces next to nothing—consumer goods. The Europeans are aware of this, as they are apprehensive of China’s One Belt and Road. Speaking on January 10, 2018 France’s President Macron was explicit in his description of the Silk Road:

“We must come up with a common position at the European level…We can’t disregard this initiative. It would mean dealing with its consequences and would be a profound strategic mistake.”

Europe does feel a need to protect her strategic sectors and those are the ones where China still lags considerably—the high-tech machine building sectors.

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2. With China securing the safety of her strategic rear and crucial resources by entering into all but an full-fledged military-political alliance with Russia, China seems poised to complete the Silk Road’s land-bridge, a small part of which will go through Russia. Modern transportation technologies, including high-speed rail—the exact field in which China is one of the global leaders—may significantly change the matrix of goods’ flow and, indeed, interconnect Eurasia with a highly developed railroad network. In fact, the work is already in progress. But here is the catch.

3. Commercial marine transport still remains the most efficient way of delivering large quantities of goods—a term “Road” stands for SLOCs in a One Belt and Road initiative. China needs this Road which connects her ports with the Mediterranean and it is here where all illusions about this Chinese initiative must be dispelled.

There is a lot of talk about the Russia-Chinese alliance, as well as about Russia being a junior partner in such an alliance. All this is a result of not seeing the very serious real factors behind the new Silk Road. First, China’s initiative is not that beneficial to Russia. In fact, it goes contrary to Russia’s own plans for creating a new Eurasian Economic Union (EAEU). Russia has its own designs on large portions of the markets China sees as her own. Russia, dominating Eurasia’s heartland, has a shot at a serious upgrade of its own role in this plan and that is what Russia is doing already. One of the major reasons is the fact that the US Navy and the Chinese Navy (PLAN) are simply in different leagues. One may say, and justly so, a lot of negative things about the US Navy, which does face a whole host of large technological and operational problems, but there can be no denial that it still remains the most powerful naval force in history. It is precisely this force which can, if push comes to shove, stop any maritime trade in almost any part of the world. The “almost” qualifier is extremely important here.

One also may say that this is an unrealistic scenario, while in reality it is anything but. The Chinese Navy (PLAN) was in construction overdrive for a decade now and it built a large number of surface combat ships, some of which on paper look impressive. By 2030 it also plans to have four aircraft carriers in its order of battle. China is also building naval bases in Pakistan, which is prudent once one considers that a large portion of this “Road” passing through the Indian Ocean. But the question remains—in the case of an inevitable US-China trade war, which may go hot on “neutral” territory, will the Chinese Navy (PLAN) be able to defend its SLOCs from the interdiction by the US Navy?

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The answer is an unequivocal no. China may already have a very serious A2/AD (Anti-Access/Area Denial) capability which would deters the US Navy and make its life difficult in the South China Sea, but blue water operations are a completely different game. The US Navy today and in the foreseeable future has an ace up its sleeve, and that is a world-class, massive nuclear attack submarine force which, considering the US Navy’s powerful surface element, will not allow PLAN to defend its SLOCs. While Mahan’s ideas seem to be moribund, they may yet see their resurrection in the form of a large fleet standoff with global implications.Neither now nor in the foreseeable future will China be able to overcome the US Navy’s technological underwater superiority, and eventually the Chinese will also need to contend with India’s view of the Indian Ocean as her own internal lake. India also sees the Chinese naval presence in the Indian Ocean as a threat to herself. It is not surprising therefore to see increased cooperation between the US and Indian Navies. The PLAN is not ready to face such odds, especially when one considers the rather unimpressive technological reality of PLAN’s submarine force—this inferiority in technology and numbers will not be overcome any time soon. In plain language, in the open ocean the US Navy can and, most likely, will sink the Chinese Navy and that will mean the end of the Road, leaving onl the Belt to China.

In the end, the United States also needs Europe in a desperate attempt to revitalize own economy by utilizing the subjugated and split EU as the main market for US hydrocarbons and goods. The US doesn’t need Chinese competition in what has now become a struggle with enormously high stakes for the United States. After all, the memories of America as a global industrial powerhouse are still fresh among many. This, eventually, may move the United States into full confrontational mode with China and it is here where Russia will have her own very appealing strategic fork in the road, with some preparations for this fork now being made. The most important sign of this was Vladimir Putin’s rather startling revelation, during his October 2017 Valdai Forum conversation with youth, of his concern for the fate of white European Christian Civilization and his desire to preserve it.

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The importance of this statement is difficult to overstate—much more is at stake than mere economic issues, however important. The Russian-Chinese alliance today seems unshakable and it will remain so for a while, but, contrary to some opinions, this is not because Russia needs China—certainly no more than China needs Russia. It is a situational global alliance, but it is also the economically natural alliance of two very close neighbors. China needs Russia’s resources, which Russia gladly sells to China, but China also needs Russia’s technology and she needs it desperately. Europe is also not just a market for China; it provides access to very advanced technologies, from nuclear power to transportation. But Europe and Russia are effectively the same culture, while China and Russia are not.

Putin at Valdai confirmed Russia as primarily a European nation and stressed the necessity to preserve it as such while preserving European, which is Western, culture as a whole—this is without doubt a most startling and profound political statement from a major global statesman in the 21st century. Preserving European culture is impossible without extremely advanced technology and advanced military systems, but that is what Russia has been building for the last decade. With Europe slowly coming to some understanding of the dead end of its cultural and economic policies, it is becoming clear that Europe sees neither China nor the United States as friends. Yet, even despite sanctions on Russia, the Q3 2017 reports saw a very significant, double digit, growth in trade between Russia and Germany, Netherlands, Italy, and Austria—hardly a sign of an isolated nation. The trade with China also grew tremendously by more than 20% and reached 84 billion dollars, with a target of 200 billion to be reached in the nearest future. There will be no cohesion to any Eurasian economic plans without Russia. The Russians know this, and so do the Chinese and the Americans.

More importantly, while it is primarily Russian or Russia-derived military technology which has already firmly secured the Chinese and Russian littorals and their near sea zones from any aggression, Russia holds yet another joker up her sleeve. It is the Northern Sea Route, which China supports enthusiastically. She has sound reasons for doing that. Unlike the Indian Ocean where PLAN would have to face the immensely powerful US Navy, Russia controls the Arctic and possesses a world-class A2/AD capability there, from advanced nuclear submarines, patrol and missile carrying aviation to a system of surveillance and reconnaissance sensors and coastal weapons, which make this route a desirable trade artery, also being much shorter than other maritime routes. The pace of Russian construction of ice-breakers for year-round operation of this ice route, now greatly mitigated by climate change, testifies to the fact that this route is already becoming an important economic and geopolitical factor.

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The strategic implications are enormous—neither the US Navy, nor, for that matter any other navy, would be able to interdict Arctic SLOCs. Russia already has enough fire-power in the Arctic to ensure that passage is peaceful under any geopolitical conditions, while retaining, if need be, the capacity to shut it down. China has no such capabilities. But that is why China knows how to behave with Russia, which is also, together with Finland, a source of advanced technology for China not only militarily but for the use of this route. As The Diplomat noted:

In short, as long as solid Russia-China relations exist, the future of the Ice Silk Road is bright.

There are no reasons for China or Russia to spoil their relations, especially now when the agreement has been signed and a JV established for developing and building Russian-Chinese long-range wide-body CR 929 aircraft, which gives China access to world-class Russia’s commercial aircraft design and technologies. Russian-Chinese energy and infrastructure projects are also impressive and have huge potential for growth. In general, after all of these factors are considered, one can easily see that no matter how one plays with numbers or geography, Russia long ago secured both continental and maritime pivot positions for any major Eurasian project. She did that by playing to her many strengths. Then, by openly stating her European cultural roots, Russia has asserted her claim to be the very real bridge between Asia and Europe and she has all the necessary economic, technological and military wherewithal to support such a claim.

Will Europe get the signal? There are certainly many there who got it already but so did the United States, whose neocon cabal is going apoplectic when facing an unfolding geopolitical reality in which the United States may be simply bypassed as a player in Eurasia or, under highly desirable yet unattainable conditions, see herself reinventing herself as a major global productive player. How to do this? Alfred Thayer Mahan left no instructions and that could be a big problem. But if we all manage to avoid Mahan’s vision of large fleets blowing each-other out of the water with modern conventional let alone nuclear weapons, in their desperate fight to control shipping lanes of communications—this, I think, will fit the common sense of most people in Russia, the US, China and Europe. These four players must sort their problems out in a peaceful and civilized way—there is no other viable option. The only alternative is a bloody destructive triumph of Navalism.

jeudi, 31 août 2017

TAFTA/TTIP - Histoire de l'impérialisme économique américain

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TAFTA/TTIP (1ère Partie) - Histoire de l'impérialisme économique américain

vendredi, 23 décembre 2016

AfD-Geopolitik: Wirtschaftsbeziehungen zwischen Deutschland und Russland gefährden US-Hegemonie

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AfD-Geopolitik: Wirtschaftsbeziehungen zwischen Deutschland und Russland gefährden US-Hegemonie

Am 8.12.2016 trafen sich die AfD Bayern und das AfD-Mittelstandsforum Bayern im Generalkonsulat der Russischen Föderation zu einer weiteren Runde der Münchner konsularischen Gespräche. Der bayerische AfD-Landesvorsitzende Petr Bystron, der Russische Generalkonsul Dr. Sergey Ganzha, der bayerische AfD-Programmkoordinator Klaus Rosenauer und der Bundesvorsitzende des AfD-Mittelstandsforums, Hans-Jörg Müller, diskutierten aktuelle Fragen zur deutsch-russischen Außen- und Wirtschaftspolitik. Hochrangige Vertreter des bayerischen AfD-Landesvorstandes, des bayerischen AfD-Mittelstandsforums und interessierte Mitglieder wie Uli Henkel waren mit von der Partie. Über die Details des Gedankenaustausches wurde Stillschweigen vereinbart.

Hans-Jörg Müller ist seit über 20 Jahren im deutsch-russischen Geschäft tätig – mit dem Schwerpunkt mittelständischer Investitionen im Osten - und gilt zu Recht als führender Russlandexperte in der AfD, wenn es um die wirtschaftspolitische Zusammenarbeit geht. Im Nachgang zu den konsularischen Gesprächen schildert er seine Gedanken, wie es insgesamt um die deutsch-russische Zusammenarbeit in der Wirtschaft bestellt ist und welche Perspektiven sie hat - die NEUE SEIDENSTRASSE als Rückgrat eines einheitlichen Wirtschaftsraumes von Lissabon bis Wladiwostok wird die siechende EU als neue Wachstumsregion ablösen.

Videoquelle: https://www.youtube.com/watch?v=PBzzg...

mardi, 29 juillet 2014

Ist Rußland Deutschlands wichtigster natürlicher Partner?

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Putin in der Diskussion: Ist Rußland Deutschlands wichtigster natürlicher Partner?

Olaf Haselhorst
   

Die politischen Beziehungen Europas zu den USA scheinen sich immer stärker abzukühlen. Schuld daran ist nicht nur die Massenausspähung europäischer Bürger durch den US-Geheimdienst NSA. So hatte der russische Präsident Wladimir Putin im Hinblick auf einen französisch-russischen Waffendeal den USA vorgeworfen, Bank-Strafen dazu zu nutzen, Frankreich für seine Rüstungsgeschäfte mit Rußland zu bestrafen. Am 30. Juni belegten die US-Behörden die französische Bank BNP Paribas mit einer Strafe von neun Milliarden Dollar. Hintergrund waren Geschäfte mit den Führungen Kubas, des Iran und des Sudan. „Was den französischen Banken angetan wurde, kann in Europa nichts als Empörung hervorrufen“, sagte Putin in einer Rede vom 1. Juli. „Wir sehen den Druck, den unsere amerikanischen Partner auf Frankreich ausüben, um das Land dazu zu zwingen, keine ‚Mistrals‘ [Hubschrauberträger] an Rußland zu liefern. Wir wissen, daß sie sogar angedeutet haben, die Strafen gegen die Banken stillschweigend aufzuheben, wenn Frankreich die ‚Mistrals‘ nicht liefert. Was ist das, wenn nicht Erpressung?“, fragte Putin. Immer mehr europäische Politiker und Geschäftsleute würden erkennen, daß die USA Europa nur für ihre eigenen Interessen benutzen wollen, daß Europa zur „Geisel kurzsichtiger ideologisierter Ansätze“ anderer wird.

In Frankreich werden zwei Hubschrauberträger für Rußland produziert. Beim G7-Gipfel Anfang Juni hatten die USA das Projekt kritisiert. Bundeskanzlerin Angela Merkel hatte hingegen keine Einwände gegen den Export von französischen Kriegsschiffen nach Rußland.

„Europa ist Rußlands natürlicher und wichtigster Handels- und Wirtschaftspartner“, so Putin. Frankreich und Deutschland hätten sich auf die Seite Rußlands gestellt, als sie die Aufhebung der Waffenruhe mit den Unabhängigkeitskämpfern durch die Ukraine verurteilten. Hinsichtlich …einer Telefonkonferenz mit den Regierungen Deutschlands, Frankreichs und der Ukraine sagte Putin: „Leider hat sich [der ukrainische] Präsident Poroschenko dazu entschieden, die Militäraktion fortzusetzen. Und wir – mit ‚wir‘ meine ich meine Kollegen in Europa und mich selbst – wir haben es nicht erreicht, ihn davon zu überzeugen, daß man einen sicheren, stabilen und unverletzlichen Frieden nicht mit Krieg erreichen kann.“ In der Tat rät der deutsche Außenminister Frank-Walter Steinmeier dem ukrainischen Präsidenten zu Gesprächen mit den Separatisten.

In der Ukraine-Krise gibt es krasse Meinungsverschiedenheiten zwischen den USA auf der einen Seite und mehreren EU-Staaten auf der anderen Seite, darunter Deutschland, Österreich und Frankreich.

Frankreichs Botschafter in Moskau, Jean-Maurice Ripert, sagte am 1. Juli der russischen Nachrichtenagentur Interfax, daß er die Entscheidung der Ukraine bedaure, die Waffenruhe zu beenden. Frankreich und Deutschland übten nun Druck auf Poroschenko aus, damit dieser seine Meinung ändere. Zudem denke derzeit „niemand in Brüssel“ über eine dritte Phase von Sanktionen gegen Rußland nach.

Olaf Haselhorst ist Chefredakteur der gesamtdeutschen Wochenzeitung “Der Schlesier”

mardi, 03 juin 2014

Fosfatos y uranio: ¿Otros motivos para la intervención saudí en Siria?

por Lajos Szaszdi

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Otra razón del por qué países como EE.UU., Arabia Saudita, Francia, el Reino Unido, Jordania, Israel y Turquía están envueltos en desestabilizar a Siria podría ser para asumir derechos de explotación y control sobre los depósitos de uranio que se hallan en los yacimientos de rocas de fosfatos de Siria. Según M. Ragheb, hay más demanda de uranio en el mundo como combustible para centrales nucleares de energía eléctrica que suministros disponibles de este mineral.

En el año 2005 por ejemplo menciona que se consumieron 68,000 toneladas de mineral de uranio en bruto pero sólo hubo una producción de 39,000 toneladas aquel año. Esto dice representaría una diferencia de 43% entre la oferta y demanda global de uranio. Sigue exponiendo que para el 2007 no había suficiente uranio enriquecido para los 435 reactores operando en el mundo en aquel entonces y que generaban 17% de la energía eléctrica mundial. La falta de uranio enriquecido suficiente para satisfacer la demanda global no permitiría tampoco suplir de combustible a 28 nuevos reactores que estaban en construcción en 2007.

El problema aumentará ya que para el 2013 se habrían completado 48 nuevas centrales nucleares a nivel mundial, habiendo 200 nuevos reactores en construcción o que están planeados. Además, Ragheb menciona que Francia produce 80% de su energía eléctrica por medio de centrales nucleares y no poseyendo producción nacional de uranio consume hasta un 15% del uranio producido y ofrecido a la venta globalmente. Menciona igualmente que el Reino Unido, Alemania, Japón y Corea del Sur solo producen 0.196% del uranio producido anualmente en el mundo pero entre los cuatro consumían el 24% producido a nivel mundial. Más aun, colectivamente los países de Occidente según Ragheb producen solo el 4% del uranio disponible a nivel mundial pero consumen el 72% de los suministros globales de uranio.

Infografía: Participación de Rusia en la construcción de centrales nucleares

Los EE.UU. para 2009 tenían proyectadas 28 nuevas centrales nucleares, pero en 2006 consumió 57 millones de libras de óxido de uranio concentrado, de los cuales solo produjo 4 millones de libras, teniendo que importar el resto. Según cita Ragheb, para el año 2025 EE.UU. tendrá una demanda de 75 millones de libras de óxido de uranio concentrado y aún con un aumento nacional de su producción, tendrá que importar de 55 a 65 millones de libras en 2025 para suplir de combustible a sus reactores nucleares.

Se calcula que para 2025 el mundo tendrá una demanda de 230 millones de libras de óxido de uranio concentrado pero sólo habrá una oferta de 200 millones de libras, o tendrá una demanda de 300 millones de libras de óxido de uranio concentrado y tan solo una oferta de 170 millones de libras. Por esta carestía de uranio los precios del mineral en el mercado pueden ir en aumento de un promedio estimado por Ragheb de $65 dólares la libra de uranio – pudiéndose comprar por $42 dólares la libra en el mercado al contado (spot market) – hasta inclusive un precio de $136 dólares la libra alcanzado en 2007, o hasta de $200 dólares la libra de uranio en un futuro. De acuerdo a Ragheb, de producirse tales diferencias entre la oferta y la demanda de uranio para las centrales nucleares, “haría la extracción de uranio de fuentes de rocas de fosfato necesaria para salvar la distancia” [entre oferta y demanda].

De acuerdo a Ragheb, Siria tiene ricos depósitos de rocas de fosfato y ocupa el quinto lugar en el Cercano Oriente en la producción de rocas de fosfato, habiendo por ejemplo extraído 2.04 millones de toneladas de fosfato en 2001. En este sentido, la mayor parte de las rocas de fosfato producidas son exportadas. Es interesante que en la ciudad de Homs, la tercera ciudad en población de Siria después de Alepo y Damasco, hay una “micro” planta de producción de ácido fosfórico para su uso en el procesamiento de alimentos que según indica Ragheb está bajo la supervisión del Organismo Internacional de Energía Atómica. No hay al parecer indicios de que la planta de acuerdo a esta fuente produzca uranio como derivado de la producción de ácido fosfórico. Ha de asumirse que Siria posea importantes yacimientos de uranio contenido en sus depósitos de rocas de fosfato, probablemente codiciados ambos por al menos algunos de los países involucrados activamente en desestabilizar a Siria para causar la caída de su gobierno y poner en su lugar un régimen “quislingo” (por Quisling, colaboracionista noruego de las fuerzas de ocupación alemanas de su país y del régimen alemán hitleriano durante la II Guerra Mundial), favorable a los intereses económicos de esos estados conspiradores.

De acuerdo al International Fertilizer Development Center (IFDC), el Centro Internacional de Desarrollo de Fertilizantes citando a Gecopham, la Compañía General para Fosfatos y Minas estatal siria, los depósitos de rocas de fosfato descubiertos en Siria sobrepasan los 2,000 millones de toneladas. Según Gecopham, los yacimientos de fosfato del este del país son los más importantes. La producción anual de concentrado de fosfato es de 3.85 millones de toneladas a partir de 2005, exportándose el 80% y empleándose el 20% restante en producir ácido fosfórico y también fertilizantes de fosfato en la planta Fertilizantes Homs en la ciudad del mismo nombre.

Infografía: Funcionamiento de una central nuclear

En el blog anterior se mencionó citando a Ragheb que después de Marruecos Arabia Saudita, Egipto, Siria, Jordania e Israel contienen las reservas más importantes de rocas de fosfato en el Cercano Oriente. De estos países mencionados, Arabia Saudita, Jordania e Israel, vecinos de Siria, están envueltos en apoyar a los insurgentes y terroristas cuyo objetivo es tratar de provocar la caída del gobierno sirio por la fuerza. Se puede considerar a esos estados no sólo actualmente enemigos de Siria sino también competidores del estado sirio en el mercado internacional como dueño de las empresas dedicadas a la explotación, procesamiento y exportación de los depósitos de fosfato sirios.

Podría ser también que Arabia Saudita, Jordania e Israel también tengan interés en explotar los potenciales depósitos de uranio en las rocas fosfáticas de Siria para exportación en beneficio suyo y para su propio consumo a costa de Siria, tras eliminar con un cambio de gobierno – como ahora están tratando – al estado sirio como competidor comercial e industrial, con la esperada privatización de compañías estatales en beneficio de los intereses extranjeros. Las famosas privatizaciones neoliberales tan promovidas y hasta impuestas por EE.UU. y sus aliados de la Unión Europea.

Hay que recordar del anterior blog que Arabia Saudita en su Mina de Al Jalamid espera producir anualmente 4.5 millones de toneladas de concentrado de fosfato, habiendo mencionado Ragheb que el proyecto de fosfato de la Mina de Al Jalamid esperaba producir 3 millones de toneladas al año. Esto se compara con la esperada producción siria de 3.85 millones de toneladas de concentrado de fosfato a partir de 2005 y la producción minera de Siria en 2008 de 3.22 millones de toneladas según IFDC, al parecer de concentrado de fosfato.

En 2008 Jordania tuvo una producción minera de 6.27 millones de toneladas de fosfato e Israel ese mismo año produjo 3.09 millones de toneladas de fosfato. Comparativamente de acuerdo a Ragheb, a los depósitos de rocas de fosfato en bruto conocidos en Siria, que sobrepasan los 2,000 millones de toneladas, Jordania tiene depósitos de 1,800 millones de toneladas de rocas de fosfato sin procesar e Israel 1,600 millones de toneladas de rocas de fosfato en bruto. Arabia Saudita puede que tenga tan solo en la Cuenca de Sirhan-Turayf unas 7,800 millones de toneladas métricas de rocas de fosfato en bruto.

No es improbable que algunas de las potencias occidentales involucradas en apoyar a los terroristas e insurgentes islamistas que pretenden derrocar por la fuerza al gobierno sirio lo hagan para ganar acceso a una fuente más de uranio extraído de depósitos de rocas fosfáticas para sus centrales nucleares de energía eléctrica. Dichas potencias buscarían diversificar el número de fuentes de uranio ante la competencia mundial por dicho mineral de cantidades limitadas.

Es interesante que la República Centroafricana es según Ragheb la única en poseer depósitos de fosforita continentales en África en el área de Bakouma, donde se estima que hay 17,000 toneladas de uranio. Igualmente, en otra fuente se menciona que durante la búsqueda de uranio en la década de los 60 del siglo XX, se hallaron depósitos de rocas fosfáticas de la época geológica del Eoceno en la República Centroafricana cerca del área de Bakouma. Los hallazgos, se dice, fueron “notables” por su contenido de uranio, con un promedio de 0.25%” de óxido de uranio.

Según Nicolas Dasnois, aunque la mayor parte de las compañías mineras se concentran en explotar los principales depósitos de uranio como los de Níger – con depósitos identificados de 275,500 toneladas de uranio – y Namibia, otros intereses mineros buscan yacimientos de uranio menores sin explotar como en la República Centroafricana. Los yacimientos de uranio de Siria estarían en esta categoría de depósitos de uranio más pequeños vírgenes.

Con reservas de uranio identificadas de 12,000 toneladas en la República Centroafricana, la compañía nuclear francesa Areva planea iniciar la explotación de los depósitos de uranio del país africano entre 2016 y 2017. Areva es considerada la compañía nuclear más grande del mundo según la Asociación Nuclear Mundial. Con relación a este tema según Dasnois, la compañía canadiense Rockgate Capital Corporation tiene planes de iniciar la producción de los depósitos de Mali de 8,533 toneladas de uranio, otras reservas de uranio que se pueden considerar pequeñas.

No sería improbable que la presencia militar francesa en la República Centroafricana – que acaba de ser extendida con una mayoría de votos por los diputados del Parlamento francés – además de estar en el país africano para reestablecer el orden y poner fin a la violencia sectaria entre musulmanes y cristianos, se halle también para asegurar que Francia en un futuro tenga acceso privilegiado a los depósitos de uranio en los yacimientos de rocas fosfáticas del país africano. Así, a las 1,600 tropas francesas enviadas en diciembre a la República Centroafricana, país con un área similar al de Francia, se acaban de añadir 400 más, para un total de 2,000 soldados.

El año pasado Francia desplegó 4,000 tropas en Mali para expulsar del norte del país africano a insurgentes islamistas radicales que lo ocupaban y desde donde amenazaban con conquistar el sur de Mali controlado por el gobierno maliense. El interés de Francia en intervenir en Mali no se habría limitado a defender el gobierno de una ex colonia, a evitar que el país se convirtiese en una base de operaciones de terrorismo islamista sunita con acceso a minas de oro con el cual financiar actividades terroristas e insurgencias, a impedir que Mali llegase a ser una fuente de exportación del integrismo islamista y la yihad a los países de poblaciones musulmanas de la región del África Occidental y el Sahel o por razones humanitarias para evitar amenazas a la población civil, como en el caso de la República Centroafricana.

Mali es rica en oro y otros minerales, teniendo yacimientos de uranio y depósitos de fosfatos, otro importante sector de minería maliense con reservas potenciales de 22 millones de toneladas de donde también se podría extraer uranio. La intervención militar de Francia en Mali se habría producido también para proteger al país vecino de Níger de mayoría musulmana de ser desestabilizado por los militantes islamistas radicales en Mali, tomándose en cuenta que la empresa de energía atómica francesa Areva opera dos minas de uranio en Níger.

Para Areva las minas nigerinas de Arlit e Imouraren son una importante fuente de uranio para las centrales nucleares de Francia, habiendo la compañía francesa explotado el uranio de Níger por más de 50 años, siendo además el inversor más importante del país africano. De acuerdo a un estudio del Parlamento francés, el 18% del uranio consumido en las 58 centrales de energía atómica francesas en 2008 procedió de Níger. Así en febrero de 2013 Francia tenía unos doce soldados de fuerzas especiales protegiendo la mina de Arlit. Níger, el quinto productor de uranio del mundo, proporciona según la prensa francesa una quinta parte del uranio que consume Francia en sus centrales nucleares.

El proceso de extracción industrial del uranio contenido en ácido fosfórico, éste producto del procesamiento de rocas de fosfato con ácido sulfúrico, puede hacerse más eficiente e incluso abaratarse con el proceso llamado PhosEnergy, “un proceso de intercambio iónico (IX)”. Dicho proceso permite la recuperación de un 95% del uranio en los fosfatos sin residuos radioactivos, pudiendo costar la extracción tan solo $18 dólares por libra de uranio extraída.

Países como Arabia Saudita, Jordania o Francia podrían estar interesados en explotar los depósitos de uranio contenidos en los yacimientos de rocas de fosfato sirios. De estar Riad interesada en intervenir en Siria para tener acceso privilegiado a los depósitos de uranio sirios, la Compañía Minera de Arabia Saudita Ma’aden (Ma’aden Saudi Arabian Mining Company) jugaría un papel fundamental en la producción de uranio sirio extraído de rocas de fosfato. Incluso se ha dicho que Ma’aden desea convertirse en la compañía productora de fosfatos más grande del mundo, otro motivo adicional que podría tener la monarquía saudita de querer controlar los recursos minerales de Siria.

La subsidiaria de la compañía Ma’aden para fosfatos es la Compañía de Fosfatos Ma’aden (Ma’aden Phosphate Company), una empresa conjunta de Ma’aden, con un 70% de las acciones, con SABIC con un 30%.  Ma’aden está construyendo una nueva planta de ácido fosfórico que probablemente podría producir uranio extraído de rocas de fosfato, con el año 2016 como “período de contrato” de este proyecto, con capacidad de producción anual planeada de 1.5 millones de toneladas y con un valor de 3.5 mil millones riyales saudíes. Esta planta podría ser parte del proyecto conjunto de Ma’aden con la empresa estadounidense Mosaic y SABIC de Arabia Saudita para la producción minera de rocas de fosfato y la producción de fertilizante a base de éstas. El proyecto, valorado en $7 mil millones de dólares, tendrá una participación del 60% para Ma’aden, de un 25% para Mosaic Corporation (MOS) de Plymouth, Minnesota, actualmente la empresa productora de fosfatos más grande del mundo, y de SABIC con un 15% de las acciones.

En cuanto a localización, se planea levantar el Proyecto de Fosfatos Wa’ad Al Shammal en el norte de Arabia Saudita en la Ciudad Industrial de Minerales Wa’ad Al Shammal. Como parte de este proyecto se va a ampliar la capacidad de procesamiento de la Ciudad Industrial de Minerales Ras Al Jair, localizada en la costa este saudí en el Golfo Pérsico y conectada a la Ciudad Industrial de Minerales Wa’ad Al Shammal por un ferrocarril ya construido. El proyecto, en el cual la compañía americana Mosaic planea invertir mil millones de dólares, empezará a operar en 2016 y tendrá una capacidad proyectada de producción anual de 3.5 millones de toneladas. La intención es satisfacer la demanda anual de fósforos como fertilizantes, que mundialmente crece en alrededor de unas 1.5 millones de toneladas según un alto miembro de Mosaic.

El apoyo de varias potencias a los terroristas e insurgentes en Siria para provocar la caída del gobierno de Damasco podría estar en parte motivado por intereses económicos ligados a una futura explotación de los recursos minerales sirios por empresas y multinacionales pertenecientes a los países que apoyan la desestabilización de Siria. De ser así sería un ejemplo de neocolonialismo en el siglo XXI, y un peligroso ejemplo a seguir por potencias interesadas en poder explotar a toda costa y a favor de sus intereses nacionales corporativos los recursos de los países en desarrollo a expensas de su soberanía, seguridad y bienestar.

Fuente: RT

mardi, 14 février 2012

Pechino scopre in Berlino un alleato vulnerabile

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Ex: http://www.eurasia-rivista.org

Pechino scopre in Berlino un alleato vulnerabile

La visita di due giorni della Cancelliera tedesca Angela Merkel in Cina la scorsa settimana è coincisa con notevoli progressi nella cooperazione bilaterale nonostante la persistente divergenza relativa a diverse questioni, tra cui l’Iran.

Come ha dichiarato il Presidente Hu Jintao durante l’incontro dello scorso venerdì con la Merkel, la visita di quest’ultima cementa “la fiducia e la sintonia” tra i due Paesi.

I tempi della visita della Merkel rendono bene l’idea di come i due Paesi prestino grande attenzione alla cura delle relazioni bilaterali. La Cina è il primo Paese extraeuropeo che la Merkel visita quest’anno, e la Merkel stessa è in assoluto il primo leader straniero che i dirigenti cinesi hanno incontrato nell’Anno del Dragone.

Nel corso del suo incontro con Hu la Merkel non ha mancato di sottolineare come in Germania questo sia l’Anno della Cultura Cinese e come la Cina sia l’ospite d’onore dell’annuale fiera espositiva Hannover Messe.

In occasione di un incontro separato tenuto giovedì con la Merkel, il Premier cinese Wen Jiabao ha reso noto che la Cina potrebbe decidere di contribuire al fondo europeo salva-Stati, anche se non ha fornito le cifre esatte del contributo economico. “La Cina sta analizzando e sta valutando attraverso il Fondo Monetario Internazionale (FMI) le vie più indicate per essere coinvolta più profondamente nella soluzione definitiva della crisi dei debiti sovrani europei usando i canali preposti dal Meccanismo Europeo di Stabilità/Fondo Europeo di Stabilità Finanziaria”, ha detto Wen nel corso di una conferenza stampa congiunta con la Merkel.


La visita cinese della Merkel è solo l’ultima di una lunga serie negli ultimi due anni. La frequenza con cui i rappresentanti ufficiali dei due Paesi fanno la spola tra Pechino e Berlino mette bene in luce come i legami tra le due maggiori Nazioni esportatrici al mondo non siano mai stati tanto stretti, e come i due Stati non abbiano mai avuto tanti interessi strategici in comune come oggi.

Apparentemente Pechino considera il miglioramento delle proprie relazioni con la Germania, leader economico dell’eurozona, come la chiave di volta per intensificare i rapporti con l’UE. Il fatto che Wen abbia annunciato il possibile soccorso cinese all’Europa proprio in occasione della visita della Merkel non è certo una semplice coincidenza.

Prima di lasciare la Cina la Merkel ha poi osservato come la sua amministrazione stesse attualmente adoperandosi per implementare gli accordi di cooperazione strategica tra i due Paesi in una serie di campi che vanno dallo sviluppo tecnico, all’economia, al sistema legale fino alla tecnologia agricola. Presso l’Accademia Cinese delle Scienze Sociali ha dichiarato: “Oggi possiamo parlare a pieno titolo di una partnership di cooperazione strategica, vista la nostra stretta collaborazione in diversi settori. Oggi arrivo qui proprio nella speranza di consolidare ulteriormente tale cooperazione”.

Soltanto tre mesi prima del viaggio della Merkel in Cina (il quinto da quando ha assunto la carica istituzionale nel 2005), il Ministro degli Esteri cinese Yang Jiechi si trovava a Berlino per il secondo appuntamento del dialogo strategico sino-tedesco tra i rispettivi Ministri degli Esteri. In quell’occasione ha dichiarato:

“Il Mondo Moderno sta vivendo un periodo di profondi cambiamenti. La comunità internazionale deve prestare sempre maggiore attenzione nei confronti di temi quali cooperazione e sviluppo. Sebbene l’Europa stia attualmente vivendo dei momenti difficili, essa rappresenta ancora uno degli attori più importanti sulla scena internazionale. Cina e Germania rafforzano i loro rapporti di cooperazione bilaterale, e la loro rispettiva influenza sugli eventi globali è in continua crescita. Entrambi i Paesi dovrebbero sfruttare la situazione globale e le occasioni uniche che ci si presentano per il futuro sviluppo delle relazioni bilaterali per promuovere senza sosta l’accrescimento stabile e a lungo termine della partnership strategica tra i due Stati”.

Il dialogo strategico, la cui prima tornata si è svolta lo scorso aprile a Pechino, rappresenta solo la punta della fitta e profonda serie di scambi di visite ufficiali in corso tra i due Paesi.

Nel gennaio 2011, il Vice Primo Ministro cinese Li Keqiang, favorito per succedere a Wen Jiabao nella veste di premier a inizio 2013, è stato in visita a Berlino. Il Vice Cancelliere e Ministro degli Esteri Guido Westerwelle ha visitato Pechino tra marzo e aprile dell’anno passato. E’ di tutta evidenza come le relazioni sino-tedesche vivano uno stato di salute decisamente buono dopo avere toccato il punto più basso nel corso del 2008.

I rapporti tra Cina e Germania avevano raggiunto la massima freddezza nel 2008, dopo che la Merkel nel 2007 aveva incontrato il Dalai Lama (la massima autorità spirituale del Tibet attualmente in esilio). Berlino aveva anche offerto il suo sostegno indiretto al Movimento per il Tibet Libero e aveva deciso di boicottare la cerimonia di apertura dei Giochi Olimpici Estivi di Pechino nel 2008 adducendo a motivazione il sostegno cinese al regime del Sudan, che Berlino accusava di genocidio.

La crisi era giunta dopo che la Merkel si era recata in visita ufficiale in Cina nel 2007, facendo sorgere la speranza di un roseo futuro per le relazioni sino-tedesche sulla scia dell’operato dei suoi predecessori, Helmut Kohl e Gerhard Schroeder. Questo però non le impedì di virare ben presto verso una diplomazia “orientata dai valori” come esplicitato nella relazione strategica sull’Asia presentata dal suo partito nel 2007.

Pechino giudicò mosse ostili l’incontro della Merkel col Dalai Lama e le iniziative prese dall’amministrazione tedesca; in risposta rimandò o cancellò del tutto una serie di visite ufficiali, incontri e forum di cooperazione bilaterale. Le relazioni non ritornarono a livelli normali fino a quando la Merkel non rilasciò alcune dichiarazioni che correggevano il tiro a margine del summit Asia-Europa tenutosi nell’ottobre del 2008 a Pechino.

Le relazioni sino-tedesche ritornarono gradualmente ai livelli standard, tanto che oggi Berlino appare l’alleato informale di Pechino in Europa (specialmente per quel che riguarda gli affari internazionali), e Pechino sembra dal canto suo l’alleato strategico di Berlino nel continente asiatico.

Questa evoluzione nei rapporti tra i due Paesi è arrivata senza alcun cambio delle rispettive classi dirigenti ai vertici, a dimostrazione che i due Stati hanno trovato un terreno d’incontro comune sebbene Berlino non abbia abbandonato la sua Strategia Asiatica “orientata dai valori”.

Ci sono diversi elementi concreti alla base dei passi in avanti della “partnership strategica” tra Cina e Germania.

Il più importante è probabilmente quello dei legami economici e degli interessi finanziari in comune. Si stima che il volume di interscambio commerciale tra Cina e Germania sia destinato a raggiungere i 160 miliardi di dollari quest’anno, in crescita rispetto ai 142 dell’anno passato, e pari a un terzo del volume totale del commercio della Cina con l’Unione Europea. Ciò mette chiaramente in luce come i due Paesi siano diventati ancora più dipendenti dai mercati dell’altro, in particolare in un periodo di recessione economica globale come quello presente in cui poi l’UE è sottoposta alla forte pressione della crisi interna dei debiti sovrani.

Dal momento che l’UE assorbe il 60% delle esportazioni tedesche, la Germania (in quanto economia fondamentalmente basata sull’export) ha dovuto sondare il terreno alla ricerca di nuovi mercati. La Cina è divenuta naturalmente la destinazione ideale per i prodotti tedeschi. Anche la Germania da parte sua costituisce un importante mercato di riferimento per la Cina, nonché partner di rilievo nel settore della cooperazione tecnologica.

Pechino e Berlino hanno inoltre posizioni simili in tema di affari economici internazionali. Sia la Cina che la Germania si oppongono a forme di protezionismo, in costante crescita per via dei dazi doganali diretti o indiretti che diversi Paesi adottano per “tutelare” i propri mercati interni.

I due Stati sono accomunati anche da visioni comuni in politica estera. Nel marzo del 2011 sia Pechino che Berlino si sono astenute dal votare la Risoluzione 1973 delle Nazioni Unite che sosteneva l’imposizione di una no-fly zone sulla Libia. Atteggiamento analogo tenuto anche nelle settimane seguenti nei confronti dell’azione militare intrapresa contro il regime di Tripoli dalla North Atlantic Treaty Organization (NATO) col sostegno degli Stati Uniti d’America.

Punti di vista simili sui maggiori temi internazionali hanno anche indotto i rappresentanti diplomatici dei due Paesi ad esprimere apprezzamento e sostegno reciproco nei loro confronti, nonostante tali prese di posizione siano fondate su concezioni ideologiche totalmente differenti. E’ interessante notare a tal riguardo come il Cancelliere tedesco Merkel abbia ricevuto la nomina come candidata al premio Confucio per la Pace (riconoscimento nato dall’iniziativa di un privato in risposta al Premio Nobel per la Pace) per essersi opposta all’attacco aereo della NATO in Libia.

Lo scorso giovedì Wen ha affermato che Cina e Germania dovrebbero operare congiuntamente in risposta ai temi della crisi finanziaria internazionale e dei debiti sovrani europei. Se l’offerta di aiuto della Cina in merito alla crisi del debito europeo potrebbe essere più retorica che concreta (Wen ha fatto notare come spetti all’Europa risolvere la propria crisi interna, anche se la Cina continuerà a sostenere la stabilità dell’Euro), resta il fatto che l’annuncio del sostegno cinese al piano di salvataggio è rilevante per lo sviluppo della partnership strategica.

E’ fondamentale che la Germania, in quanto leader di punta dell’economia dell’eurozona, cerchi il sostegno di altri Paesi per la risoluzione della crisi attuale, dal momento che ogni successo in tal senso andrebbe a rafforzare la leadership di Berlino all’interno della UE. Ciò ha un suo significato particolare anche perché Pechino non si affida più alla tattica del “divide et impera” nel suo approccio alla politica europea (cosa che faceva quando raffreddava i rapporti con uno Stato stringendo contemporaneamente quelli con un altro).

Per la Cina intrattenere oggi buoni rapporti con la Germania significa intrattenerli con l’Unione Europea, che considera attore di vitale importanza nella lotta per arrivare a un mondo multipolare e alla fine dell’egemonia statunitense.

Mentre gli USA procedono nella loro strategia di “ritorno in Asia” e la Cina viene messa sotto pressione dai Paesi confinanti alleati di Washington, garantirsi buone relazioni con l’UE attraverso buone relazioni con la Germania può contribuire in maniera positiva a sconfiggere i disegni statunitensi per isolare la Cina sullo scenario globale.

Se da un lato Berlino può beneficiare del mercato cinese in costante crescita e della cooperazione economica, dall’altro la Cina può beneficiare della Germania e dell’Europa sul piano economico e su quello politico. In altre parole: una Cina in rapido sviluppo e un’Europa forte e unita hanno potenzialmente diversi interessi in comune.

Questo matrimonio apparentemente sereno non è comunque costruito unicamente su basi solide, se si considera il rischio legato a scontri valoriali e ideologici.

Una volta che la crisi del debito nella UE sarà stato risolto e l’Occidente si sarà risollevato dalla sua crisi odierna, potrebbe riemergere e tornare in primissimo piano il “vecchio” spirito di critica dell’Europa verso Pechino su diritti umani, protezionismo commerciale e diritti sulla proprietà intellettuale. Ritornerà prepotentemente sulla scena l’obiettivo strategico dell’Europa di “allineare” o “normalizzare” (leggasi “occidentalizzare”) la Cina. Va poi detto anche che le relazioni atlantiche tra Stati Uniti ed Europa resteranno sempre più salde rispetto a quelle di quest’ultima con la Cina.

A questo scenario generale si aggiunga poi il conflitto di interessi euro-cinese per quanto attiene tre settori di competenza principali: l’alta tecnologia (la Cina sta velocemente colmando il divario che la separa dall’Occidente), l’export su scala globale e il mercato delle risorse naturali (soprattutto provenienti dai Paesi in via di sviluppo). Questo significa di non doversi aspettare che la Cina possa in futuro continuare a mantenere una partnership accomodante e priva di problemi con la Germania e l’Europa senza ostacoli di alcun tipo. I punti di vista condivisi e gli interessi in comune tra le parti sono tante quante le loro divergenze.

Per questa ragione Cina e Germania devono necessariamente stabilire i propri legami per lo sviluppo nel lungo termine sulla base di considerazioni pragmatiche e razionali. Lasciare che l’emotività abbia la meglio sulla diplomazia può avere potenzialmente ricadute pesanti in uno scenario internazionale complesso come quello attuale.

Dottor Jian Junbo, ricercatore universitario dell’Istituto di Studi Internazionali dell’Università di Fudan, in Cina, attualmente assistente accademico in visita presso la London School of Economico and Political Sciente nel Regno Unito.

(Copyright 2011 Asia Times Online (Holdings) Ltd.).

Traduzione di Alessandro Iacobellis

samedi, 03 décembre 2011

Turquie : un faux miracle économique ?

Ex: Le Courrier des Balkans (balkans.courriers.info/ )

Turquie : un faux miracle économique ?

 
En quasi banqueroute il y a dix ans, la Turquie est aujourd’hui une puissance régionale incontournable, tant sur le plan économique que politique. Croissance qui flirte avec les 10% en 2011, dette publique de moins de 40% et inflation contenue, la santé d’Ankara contraste avec les déboires de la zone euro. Pourtant, ce « miracle économique » cache une réalité bien moins reluisante. Analyse.
 
Par Vincent Doumayrou et Simon Rico
 
La Turquie connaît depuis quelques années un succès économique spectaculaire. Le PIB a augmenté de plus de 5% par an ces dix dernières années, et atteignait près de 9% au premier semestre 2011. La dette publique est passée de plus de 75 % du produit intérieur brut (PIB) en 2001 à 40 % aujourd’hui, bénéficiant des retombées de la politique d’austérité drastique menée par l’AKP. Le taux officiel d’inflation est également passé de plus de 100 % au milieu des années 1990 à moins de 5 % aujourd’hui, notamment parce que la Banque centrale s’est émancipée du Trésor.
 
Cette bonne santé économique, qui contraste avec la crise financière du début des années 2000, explique en bonne partie les succès électoraux de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002. Il donne également à la Turquie les moyens de sa politique extérieure de rayonnement régional dans le Caucase, dans les Balkans, dans le monde arabe. Le Premier Ministre Recep Tayyip Erdoğan a même fixé comme objectif à la Turquie de faire partie des dix premières puissances économiques mondiales en 2023 - l’année où le pays fêtera le centenaire de la République fondée par Mustafa Kemal sur les décombres de l’Empire ottoman.
 
Une puissance fragile ?

17e puissance économique mondiale avec un PIB de 1.105 milliards de dollars (2010) selon le FMI et membre du G20, la Turquie est devenue en moins de dix ans un poids lourds émergent, aux côtés de la Chine, l’Inde ou du Brésil. La croissance de l’économie turque offre un contraste singulier avec la stagnation de l’Union européenne, et tout particulièrement avec la grande dépression que subit son voisin et rival grec. Mais alors que la crise de l’euro est observée avec une certaine joie rentrée par les dirigeants turcs, la santé économique du pays pourrait s’avérer fragile. D’abord parce que la moitié des exportations de la Turquie se fait, précisément, vers l’Union européenne. Une chute de la demande serait donc particulièrement préjudiciable pour les entreprises qui travaillent avec les 27.

De manière plus générale, la Turquie a une balance des paiements qui fait plus penser à celle de la France qu’à celle de la Chine. Son déficit courant, qui a atteint le chiffre record de 72,5 milliards de dollars en juin pourrait atteindre les 10 % du PIB d’ici la fin de l’année de l’aveu même du ministre de l’Économie. Ce rythme, intenable sur le long terme, signifie que la consommation des ménages et des entreprises dépend des financements extérieurs, et donc de la confiance que les investisseurs internationaux mettent dans le pays. On estime que le pays aura besoin de 200 milliards de dollars de financements extérieurs en 2012.
« Nous n’allons pas laisser la crise nous affecter psychologiquement, notre économie est loin d’être fragile » a expliqué, confiant, Recep Tayyip Erdoğan au cours de l’été. Dix ans après l’intervention du FMI pour éviter la banqueroute, Ankara peut s’enorgueillir de son succès. Système bancaire assaini - les banques ont un taux de solvabilité bien supérieur à leurs homologues européennes -, inflation en (forte) baisse, une dette publique contenue, la santé économique turque fait pâlir de jalousie la zone euro.

« Le message de M. Erdoğan est d’autant plus fort qu’après la chute du PIB en 2009 (-4,8%) le rebond de l’économie turque a été immédiat », constate Güldem Atabay, analyste chez UniCredit avant de préciser que « la Turquie n’est pas pas immunisée contre la crise. L’économie va ralentir et il y a encore un énorme problème de déficit courant ». Rétrospectivement, la profonde crise de 2001 a été une chance pour Ankara, lui permettant d’assainir son secteur bancaire à temps, avant que n’explose la bulle des subprimes en 2008.
 
De nombreux problèmes structurels

Aujourd’hui, un nouveau spectre guette le pays : celui de la hausse des crédits à la consommation au moment où la demande intérieure explose, comme en témoignent la joie des vendeurs de téléphones mobiles ou de voitures. Or ce boom - réel - est basé avant tout sur une hausse du crédit et non sur l’augmentation des revenus. Et tout le monde sait la bombe à retardement que peut représenter un endettement privé excessif pour la santé économique et sociale d’un État. Plus inquiétant, depuis un peu plus d’un an, les capitaux spéculatifs envahissent le marché turc, faisant craindre une bulle financière. En outre, la facture énergétique pourrait s’avérer lourde dans ce pays qui dépend largement des importations russes, que ce soit pour le pétrole ou pour le gaz.

La Turquie fait aussi face à divers problèmes d’ordre structurel. Elle pâtit d’un manque de compétitivité qui pourrait entraver sa croissance dans les années à venir. Le salaire moyen, qui atteint les 450 dollars mensuels, est plus élevé que dans la plupart des nouveaux États membres de l’UE alors que le pays dispose d’une main d’œuvre faiblement qualifiée. Le coût du travail est donc excessif au regard de la productivité. De plus, le pays n’a pas été capable de faire monter en gamme ses principales industries (textile, électronique de base, chimie, automobile), largement concurrencées à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, plus de la moitié des 15-19 ans ne sont pas scolarisés, ce qui freine la mise en place de filières locale de recherche et développement.
 
Deux Turquies : industrielle à l’Ouest, rurale à l’Est

De même, le boom économique ne doit pas cacher le creusement des inégalités entre une Turquie urbaine à l’Ouest, qui bénéficie des avancées liées à la croissance, et une Turquie rurale à l’Est, marginalisée. Le salaire moyen dépasse désormais les 8.000 dollars à Istanbul, quatre fois plus que dans la zone jouxtant l’Iran. De même, « les femmes sont totalement exclues de la création de richesse nationale », rappelle Deniz Ünal, économiste au Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII). À peine 30% sont actives, et les deux tiers ne sont plus scolarisées après 15 ans.

Officiellement, le taux de chômage atteint 11,5% de la population, mais on estime qu’à peine 50% de la population active participe à l’économie, le reste étant constitué d’un secteur informel hypertrophié. « Il existe aujourd’hui une vraie dualité entre les grandes entreprises internationales, qui déclarent leurs salariés, et les PME qui emploient au noir », explique Sinan Ülgen, chercheur à l’ONG Carnegie Europe et président du think tank turc EDAM. La rigidité du marché du travail - procédure de licenciement très encadrée, quasiment pas d’intérim - favorise le travail au noir, de même que les charges élevées (impôts, cotisations sociales) qui atteignent 45% du salaire brut contre une moyenne de 38% en Europe.
Si la Turquie veut atteindre son objectif d’intégrer d’ici douze ans le cercle des dix nations les plus riches du monde, Ankara va devoir procéder à de nombreux ajustements, notamment pour accroître sa compétitivité et monter en gamme. Sinon, le pays risque de voir sa croissance stagner à moyen terme, quand des concurrents à bas coûts capteront ses parts de marché. Pour le moment, le futur géant dont rêvent les dirigeants de l’AKP a encore des pieds d’argile.

(Avec l’Expansion, la Tribune et The Financial Times)

samedi, 19 novembre 2011

L’uranium, un outil stratégique pour la Mongolie

L’uranium, un outil stratégique pour la Mongolie

par Antoine MAIRE

Ex: http://mbm.hautetfort.com/ 

L’uranium, un outil stratégique pour la Mongolie
 

Les médias ont récemment fait mention de la reprise de l’exploitation de l’uranium en Mongolie à l’horizon 2017[1]. Cet événement est une première étape symbolique de la politique de reprise en main du secteur mise en place à la fin de la décennie 2000. En effet la Mongolie bénéficie depuis le milieu des années 2000 d’un développement minier conséquent qui nourrit la croissance exponentielle du pays. Les gisements géants d’Oyu Tolgoï et de Tavan Tolgoï sont les symboles de ce potentiel minier mais ils ne doivent cependant pas occulter les autres richesses enfouies sous le ciel bleu mongol. L’uranium occupe parmi ces richesses une place importante, d’autant plus qu’il joue aussi un rôle prépondérant dans la politique stratégique mise en place par Oulan-Bator pour tenter d’échapper à ses déterminants historiques.

Secteur de l’uranium en Mongolie

L’une des particularités stratégiques majeures de la Mongolie est son enclavement géographique. Isolé du reste du monde par la Chine et la Russie, le pays du ciel bleu doit par conséquent faire face à une série de dépendances qui viennent mettre à mal l’exercice complet de sa souveraineté. L’affirmation et la pérennisation de l’indépendance du pays sont donc des objectifs essentiels de la politique mongole. Le développement minier et particulièrement la question de l’uranium jouent un rôle stratégique majeur dans cette politique. En effet si le pays n’extrait pour l’heure pas de ce minerai, les explorations qui ont actuellement lieu font d’ores et déjà état de la présence de ressources conséquentes. Il est probable que d’importantes découvertes soient à venir. Quelques cent trente licences d’exploration ont été accordées[2] et les ressources mongoles estimées par l’AIEA dans son dernier livre rouge font déjà état de 49 300 tonnes de réserves ce qui place déjà la Mongolie au quinzième rang mondial. Les autorités mongoles estiment quant à elles que leur pays ne détient pas moins de 10 % des réserves mondiales qu’il reste encore à découvrir. La Mongolie a donc la possibilité de gérer et d’accompagner le développement de l’exploitation d’uranium en tenant compte de ses objectifs stratégiques.

L’exploitation de l’uranium en Mongolie n’est pas un phénomène neuf. La collaboration avec l’Union Soviétique a notamment permis la mise en exploitation de la mine de Dornod entre 1988 et 1995. Cependant, la faiblesse des cours de l’uranium combinée à la fin des subventions étatiques ont entrainé la fermeture et l’abandon du projet en 1995. Le début des années 2000 a quant à lui offert de nouveaux espoirs au secteur avec l’arrivée des investisseurs canadiens Khan Resources et Western Prospectors. Ces développements ne transformèrent pas fondamentalement le secteur mais l’année 2009 marqua un tournant dans la stratégie mongole de gestion de ses ressources en uranium.

Prise de contrôle tactique du secteur

La Mongolie a entrepris de faire du secteur de l’uranium un élément central de sa politique stratégique et de sa politique d’indépendance. La loi sur l’énergie nucléaire adoptée à l’été 2009 fait dans ce cadre figure de décision fondatrice de cette nouvelle approche. Il s’agit notamment de réintégrer le développement du secteur de l’uranium dans le giron de l’État. Pour parvenir à cet objectif, ce minerai a été exclu de la législation minière commune et a été consacré par un statut particulier, symbole de l’importance de ce minerai dans la nouvelle politique mongole. Avec cette décision la Mongolie s’est accordée des prérogatives importantes. Tous les gisements d’uranium sont qualifiés de stratégiques. La loi[3] prévoit par conséquent que l’État doit détenir au moins 34 % du capital de la société avec laquelle il coopère si l’exploration a été effectuée sans fond public. Dans le cas où des fonds publics auraient été utilisés, la participation de l’État doit s’élever au minimum à 51 %. Ces prérogatives importantes permettent à l’État de garder le contrôle sur le développement d’un secteur jugé stratégique pour l’avenir de l’État mongol. De plus il permet à la Mongolie d’avancer une base d’acquis non-négociables lors de la tenue de négociations pour la mise en exploitation d’un gisement. Le fait que cette loi ait été adoptée au cours de l’été 2009, quelques semaines avant la conclusion d’un accord intergouvernemental avec la Russie sur la collaboration dans le domaine de l’uranium et sur la mise en exploitation du gisement de Dornod n’est dans ce cadre sans doute pas innocente.

En effet si les principaux gisements d’uranium connus en Mongolie, à savoir celui de Donrod et de Gurvanbulag ont été attribués respectivement à la Russie et à la Chine, il n’en reste pas moins que ces derniers pourraient être marginalisés par de nouvelles découvertes à court ou moyen terme. Il convient également de souligner la volonté mongole de créer une filière de l’uranium susceptible de créer de la valeur ajoutée et d’éviter ainsi à la Mongolie de devenir un « appendice de matières premières pour les autres pays »[4]. L’idée est de placer le pays sur une niche stratégique et de faire notamment de la Mongolie un fournisseur de combustible nucléaire au reste de l’Asie. Les « troisièmes voisins », notamment le Japon, la Corée du Sud où les États-Unis seraient susceptibles de porter plus facilement ce genre de projet. Les récentes rumeurs de création d’un centre d’enfouissement de déchets nucléaires dans le pays sont un exemple de cet état de fait.

Politique de « troisième voisin » et choix stratégiques mongols

L’idée mongole vise à briser les dépendances traditionnelles qui pèsent sur le pays et sur son processus de prise de décisions. La stratégie mongole d’indépendance est connue sous le nom de « politique de troisième voisin ». Ce concept, élaboré à l’occasion de la visite de D. Rumsfeld en Mongolie en 2005, était d’abord spécifiquement destiné à la puissance américaine. Cependant il est aujourd’hui utilisé par les autorités mongoles dès que l’occasion leur est offerte. Il faut cependant souligner que la « politique de troisième voisin » connut un certain succès dans la mesure où elle fut appliquée au domaine économique, principale source de vulnérabilité du pays du ciel bleu. C’est dans le cadre de cette approche que la politique mongole de l’uranium doit être lue. Il est notamment intéressant de noter que les principaux permis d’exploration n’ont pas été attribués à la Chine ou à la Russie mais à des entreprises issues d’États qui sont considérés par Oulan-Bator comme des « troisième voisins ». L’objectif du gouvernement mongol est ici de diminuer la portée des dépendances à la Russie et à la Chine auxquels le pays fait face dans l’exploitation de ses ressources en charbon et en cuivre. Pour cela la Mongolie cherche à accorder l’exploitation des nouveaux secteurs miniers en développement, et en particulier de celui de l’uranium, à des troisièmes voisins pour faire reculer l’influence de ses deux voisins sur la conduite de son économie.

La Mongolie ne possède pas les capacités technologiques et financières pour procéder à l’exploitation de ses ressources en uranium. Le choix des partenaires avec lesquels le pays du ciel cherche à s’associer est donc un choix stratégique qui engage la sécurité, l’indépendance et la souveraineté de l’État mongol. Des accords ont notamment été trouvés avec la Russie mais aussi avec le Japon, l’Inde, la France et plus récemment avec les Émirats Arabes Unis et la Corée du Sud. Un « accord 123 », de coopération en matière nucléaire serait de plus à l’étude avec les États-Unis Le vice-président de Monatom, entreprise d’état mongole dans le secteur nucléaire, a résumé la situation au mois d’avril dernier en déclarant « Je ne dirais pas que nous ne voulons pas d’eux (Chine et Russie) mais nous souhaitons un équilibre »[5].

La récente annonce d’une reprise de l’exploitation de l’uranium en Mongolie est donc un élément important dans la quête d’indépendance à laquelle fait actuellement face le pays du ciel bleu. Il est symbolique que la reprise des activités d’exploitation soit le fait d’une entreprise, en l’occurrence Areva, qui représente la France, l’un des troisièmes voisins de la Mongolie. Cette annonce contraste avec les difficultés que rencontre le projet russo-mongol pour le gisement de Dornod. Ces dernières sont sans doute le reflet de la volonté d’émancipation des Mongols et de l’attachement de ces derniers à la recherche d’une diversification de leurs partenaires et d’une diminution de la part de leurs voisins dans l’économie nationale[6]. La Mongolie vit aujourd’hui une période cruciale de son histoire et les choix qui sont actuellement faits sont des choix structurants qui engageront le pays et son avenir. La mise sur pieds de cette politique stratégique pour l’uranium est une première étape qui pourrait en préfigurer de prochaines, notamment dans le secteur hautement stratégique qu’est celui des terres rares.

Antoine Maire
Spécialiste de la Mongolie


  1. News.mn, 02/11/2011, “French firm to export processed uranium from Mongolia”, http://english.news.mn/content/85333.shtml.
  2. News.mn, 07/02/2011, “Mongolia has 100 detection of uranium”, http://english.news.mn/content/52897.shtml.
  3. Grand Khural de Mongolie, 15/08/2009, « Nuclear Energy Law », http://www.mongolianminingjournal.com/index.php?pid=1&sec=view&id=282.
  4. Grand Khural de Mongolie, 15/07/2010, « National Security Concept », http://www.mfat.gov.mn/index.php?option=com_content&view=category&id=35&Itemid=54&lang=en.
  5. UB Post, 08/04/2011, « Mongolia’s First Nuclear Power Plant and the Uncertainties that Comes with It », http://interview-yariltslaga.blogspot.com/2011/06/mongolias-first-nuclear-power-plant-and.html.
  6. Le président de Rosatom, entreprise d’État russe dans le domaine nucléaire, déclarait notamment que les retards dans la mise en œuvre du projet russo-mongol pour Dornod étaient dus à aux lenteurs de la partie mongole. Itar-tass, 31/05/2011, « Effecting of RF-Mongolian uranium venture agt delayed – Rosatom. »
 

samedi, 03 septembre 2011

Sur le "Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie" de Pascal Gauchon


Sur le "Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie" de Pascal Gauchon (PUF)

vendredi, 18 mars 2011

Cheerleader "humanitärer Interventionen"

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Cheerleader „humanitärer Interventionen“

Michael WIESBERG

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Die Rollen sind einmal mehr klar verteilt: Hier der „verrückte“, „skrupellose“ Wüsten-Despot Gaddafi und sein raffgieriger Clan, und dort die hehren Rebellen, die den „Menschen in Libyen“ nichts anderes als Freiheit und Demokratie bringen wollen. Hier das Dunkel, dort das Licht. Diese manichäische Klippschulen-Hermeneutik verkünden westliche Politiker und Medien mit Blick auf die Vorgänge in Libyen rund um die Uhr.

Manches indes spricht dafür, daß es sich hier um eine Art Recycling der Kosovo-Kriegspropaganda handeln könnte, wo das „sogenannte Abendland“ nach den Worten des damaligen Außenministers Joschka Fischer für die „Menschenrechte eines muslimischen Volkes“ (komfortabel in Flugzeugen) gekämpft haben soll bzw. ein „neues Auschwitz“ zu verhindern suchte (Die Zeit, 16/1999). Es fehlt eigentlich nur noch, daß aus Gaddafi „Hitlers Wiedergänger“ wird. Mit dieser wohlfeilen Wendung stempelte einst Hans-Magnus Enzensberger Saddam Hussein zum Jabba the Hutt des Mittleren Ostens.

Kreuzzüge im Namen der „Humanität“

Ganz vorne dabei im Chor derer, die eine westliche Intervention in Libyen fordern – schließlich könnte Gaddafi wie weiland Saddam ja Giftgas einsetzen – steht mit Daniel Cohn-Bendit eine Figur, von der nicht bekannt ist, daß sie irgendeine militärische US-NATO-Intervention der letzten Jahrzehnte nicht befürwortet hätte.

Cohn-Bendit muß seinen Kopf schließlich nicht hinhalten, wenn es darum geht, die Kreuzzüge in Namen der „Humanität“ vor Ort durchzufechten. Politiker wie er geben lieber die „passiven cheerleader von US-NATO-Kriegen“, wie es der streitbare theoretische Physiker Jean Bricmont pointiert ausgedrückt hat. Cohn-Bendit hat jetzt für seine Forderungen einen einflußreichen Befürworter gefunden, nämlich Frankreichs Staatspräsident Sarkozy, der in Libyen gezielte Bombardements (für die Menschlichkeit?) durchführen lassen möchte. Noch findet er mit dieser Forderung keine Mehrheit.

Was nicht ist, kann indes noch werden, denn aus Sicht des Westens ist das Verschwinden Gaddafis mittlerweile eine Kardinalfrage; es kann nach all den humanitären Erregungs-Tsunamis der letzten Wochen keine Kooperation mit ihm mehr geben. Das nämlich ist, um ein Bonmot des oben bereits angesprochenen Jean Bricmont aufzunehmen, die Konsequenz eines „humanitären Imperialismus“, der ausschließlich mit moraltriefender Betroffenheit operiert und dies auch noch für Politik hält.

Folgen westlicher Interventionen

Diese Positionierung, lautstark vertreten vor allem von Politikern des linksliberalen bis linken Spektrums, konterkariert politische Lösungen, weil sie eben nur mehr eine Option zuläßt – alles andere wird als „Appeasement-Politik“ denunziert –, nämlich die der „humanitären Intervention“. Die Beispiele Afghanistan, Irak und letztlich auch der Kosovo – wo zwielichtige Figuren wie der einstige UÇK-Führer Hasim Thaci, jetzt kosovarischer Premierminister, mit westlicher Hilfe nach oben gespült wurden – zeigen aber, welch fragwürdige Folgen eine derartige Politik haben kann.

Dessenungeachtet stehen im Westen wieder alle Zeichen auf Intervention. Und man täusche sich nicht: Auch die Amerikaner, die sich bisher in dieser Frage bisher sehr bedeckt gehalten haben, werden wieder mitmischen, wenn auch – folgt man z. B. den Berichten von Robert Fisk, rühriger Korrespondent der britischen Zeitung Independent im Mittleren Osten – in einer eher indirekten Rolle. Laut seinen Recherchen sollen die Amerikaner Saudi-Arabien, das im übrigen mindestens so „despotisch“ regiert wird wie Libyen, gebeten (besser wohl aufgefordert) haben, die Aufständischen mit Waffen zu versorgen.

Erkenntnisse russischer Aufklärung

Interessant ist auch, was der von Moskau aus operierende internationale Nachrichtensender „Russia Today“ (RT) letzte Woche berichtete: Er behauptete nämlich, mit Hinweis auf Erkenntnisse der russischen Militäraufklärung, daß die immer wieder verurteilten Luftschläge gegen die libysche Zivilbevölkerung in der behaupteten Form gar nicht stattgefunden hätten.

In Rußland seien die Vorgänge in Libyen mit Hilfe moderner Aufklärungsmittel, wozu auch die Satellitenbeobachtung gehört, von Anfang an verfolgt worden. Nun mag man dies als russische Propaganda gegen den Westen abtun; möglicherweise aber hat dieser Bericht doch auch einen wahren Kern, und wir befinden uns mit Blick auf Libyen einmal mehr in einer „Schlacht der Lügen“.

Der GAU für den Westen

Die Interventionspropaganda gegen Libyen verfolgt ein ganz konkretes Ziel, nämlich den GAU aus der Sicht des Westens mit allen Mitteln zu verhindern. Der „worst case“ träte ein, wenn Gaddafi – dessen „unverzüglichen Rücktritt“ die EU am vergangenen Freitag forderte – an der Macht bliebe: Was passiert dann mit den Erdölressourcen des Landes?

Anfang März hatte Gaddafi in einer Rede bereits durchblicken lassen, daß er chinesische und indische Ölfirmen ermutigen werde, die Geschäfte der westlichen Ölfirmen zu übernehmen. Es steht kaum zu erwarten, daß der Westen, allen voran die USA, dabei zusehen werden, wie Gaddafi den libyschen Erdölkuchen an die neuen Emporkömmlinge aus Indien und China verteilt.

vendredi, 18 février 2011

Pourquoi la crise continue... et pourquoi menace une guerre des monnaies

Pourquoi la crise continue… et pourquoi menace une guerre des monnaies

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Fin janvier, au forum de Davos en Suisse, il a été question une nouvelle fois de réguler l’économie mondiale. Président temporaire du G20 et du G8, Nicolas Sarkozy n’est jamais le dernier à afficher de grandes ambitions dans ce domaine. Preuve que la régulation automatique du marché ne satisfait personne.

A vrai dire, les théories de l’économie de marché ont souvent fait sourire. Elles supposent des agents rationnels, et ils ne le sont pas toujours. Elles consacrent peu de place à l’Etat, or il est omniprésent dans l’économie depuis la guerre de 1914 voire avant. Bref, ces théories paraissaient irréalistes.

Une économie de casino ?

Pourtant, elles le sont de moins en moins. Pourquoi ? Parce que le monde réel ressemble de plus en plus à une économie de marché. Parce que l’économie de casino devient le fond réel de l’économie de marché « pure et parfaite ». Les Etats pèsent désormais moins, beaucoup moins, que les multinationales et que la finance. L’industrie n’est plus nationale. Et elle est à la remorque de la finance. Les investissements industriels, par définition à moyen et long terme, sont moins rentables que les spéculations financières, par définition à court terme.

 

Les peuples et leurs représentants ne pèsent désormais plus grand-chose. On a pu dire des réunions du G20 que c’était un groupe d’anciens alcooliques qui se réunissaient pour décider de ne plus boire et qui se séparaient sans rien avoir décidé mais… en ayant pris un dernier verre. Ce dernier verre, c’est la dette mais plus encore la cause de la dette : la finance prédatrice, l’hyperclasse exigeant son taux de rentabilité.

Jacques Attali remarque justement : « une économie de marché sans Etat, surtout si l’information est imparfaite, ne trouve son équilibre qu’à un niveau de sous-emploi des facteurs » (slate.fr, 12 novembre 2010). Autrement dit, l’ajustement se fait sur la base d’une compression de la demande. Nous en sommes là. Avec, en prime, la guerre des monnaies.

La Chine ne veut pas réévaluer son yuan (ou renminbi selon son nom officiel). La monnaie chinoise n’est pas convertible donc pas soumise à des tensions ce qui accessoirement empêche toute démocratisation au sens occidental quand bien même le gouvernement chinois en aurait le goût. Plus de la moitié du PIB chinois est exporté : c’est dire l’enjeu. Puisque les Américains veulent maintenir leur dollar bas, les Chinois doivent maintenir bas le taux de change de leur yuan.

La Chine, avec un yuan faible et une main d’œuvre de plus en plus qualifiée, reste donc hyper-compétitive. Elle exporte de plus en plus, accroit son excédent donc son déséquilibre commercial avec l’Amérique, et investit cet excédent en bons du Trésor américain et fonds de pension. La Chine est donc le premier créancier des USA qui eux mêmes ont tout intérêt à un dollar sous-évalué. Pour deux raisons : rester un tant soit peu compétitif, et diminuer la valeur de leur dette.

Chine et EUA : les deux ont intérêt à un euro surévalué. Les deux craignent que le premier marché mondial, la zone euro, devienne la première force mondiale. Mais qui mène le bal ? Philippe Dessertine note : « Le coupable premier, actuellement, ce sont les Etats-Unis, comme ils sont d’ailleurs généralement à l’origine de la dette folle ayant créé la crise de 2007-2008 et se prolongeant dans la crise économique et dans la crise de la dette souveraine actuelle. La Chine a d’abord financé la dette américaine, acceptant de devenir le premier détenteur de dette publique américaine (en dollars), avec comme contrepartie la possibilité d’asseoir sa croissance sur des exportations massives » (« si la guerre des monnaies se poursuit… », Le Monde, 12 novembre 2010).

La finance de plus en plus loin de l’économie réelle

Or depuis la crise de 2008 l’économie réelle, l’économie de production ne s’est pas rapprochée de l’économie financière. Au contraire. Début 2007, la Banque centrale européenne détenait 900 milliards d’euros, elle en détient prés de 2000 fin 2010. La FED soit la banque centrale américaine est passée dans le même temps de 1200 à 2300 milliards de dollars.

Un doublement en trois ans, ce n’est pas la croissance de l’économie réelle, c’est l’emballement de la financiarisation. Et l’un des indices de cela, c’est que les banques centrales ont dû garder les actifs dépréciés qu’elles ont acquis. Sauvant ainsi le système bancaire privé avec l’argent public.

La crise continue, pour plusieurs raisons. Dans l’économie réelle, les délocalisations se poursuivent. Depuis 2002, la hausse du prix des matières premières a été considérable. Pétrole et métaux sont de plus en plus coûteux à extraire : cette hausse est donc structurelle. Cette hausse des matières premières a accru les réserves de changes des pays producteurs. Elles ont été multipliées par 5 de 2002 à 2007.

Total mondial des réserves de change : dans les 9000 milliards de dollars, soit 14 % du PIB mondial. Des réserves de change en dollar, et en bonne part détenues par la Chine, à hauteur de 2500 milliards de dollars : près du tiers des réserves mondiales. De cet excédent de liquidités se sont ensuivis des produits financiers parasites, créant des bulles spéculatives qui ont fini par éclater avec la crise des ‘’subprimes’’ c’est-à-dire des prêts à hauts risques. Exemple de ces produits financiers : la titrisation, soit le refinancement de dettes à long terme.

« C’est là où se situe la principale dérive du système : rajouter un endettement qui a pour seul objectif d’améliorer le rendement », écrit Jean-Hervé Lorenzi (slate.fr, 27 octobre 2010). La crise de confiance dans le système bancaire depuis 2007 amène une baisse des crédits accordés, et la récession qui va avec. Le noeud de la crise est un excès d’épargne, un excès d’exigence de rentabilité des investisseurs, et une insuffisance de la demande.

La crainte de la faillite d’un Etat surendetté (Grèce ou Irlande) amène à des hauts niveaux de primes de risque. Elle amène aussi à une guerre des monnaies. Une guerre dans laquelle l’Europe est désarmée. Car l’écart se creuse entre les BRIC, qui vont vers une croissance de 6 à 10 %, et les EUA et l’Europe, qui stagnent. Aux EUA, l’immobilier ne repart pas, le crédit est rare, le chômage reste considérable (9%). Les fonds de pension US qui doivent financer la retraite des Américains manquent de 6600 milliards de dollar, soit 45 % du PIB américain.

Mais les plans de relance gouvernementaux vont limiter les dégâts et la monnaie américaine reste la principale monnaie de réserve mondiale. Les Américains produisent autant de dollars que nécessaire pour eux : un privilège qu’ils sont seuls à détenir. Il en est tout autrement pour l’Europe. Tout son flanc sud (Grèce, Espagne, Portugal…) est menacé par la montée des dettes souveraines.

Dans ce contexte, la Chine joue le rachat des dettes. C’est le moyen pour elle de soutenir la monnaie des autres pays à un niveau au dessus de la sienne. Une façon là encore de sous évaluer son yuan. Le yuan faible est en effet « la garantie de la puissance chinoise » (Moises Naim) : il permet les exportations chinoises, et en rendant très chers les produits importés, il protège leur marché intérieur de la concurrence étrangère. Et c’est pourquoi la Chine peut avoir des réserves de change égales à près de la moitié de son PIB (40 %), le 2ème du monde avec 5500 milliards de dollars.

Que faire ? C’est la question qui se pose aux Américains mais aussi à l’Europe. Rétorsion ? Taxation des exportations chinoises ? Les Américains le peuvent, mais la Chine ne manque pas de rappeler que ceux qui s’y risqueraient porteraient la responsabilité d’une crise sociale majeure dans un pays d’1,3 milliards d’habitants. Qui veut jouer avec cela ?

Si les grands pays industriels ne veulent pas se lancer dans le protectionnisme, trop inquiets d’une contraction brusquée des échanges, l’arme monétaire reste une tentation. A défaut d’obtenir une substantielle réévaluation du yuan les Américains peuvent toujours maintenir le dollar le plus bas possible, ce qui limite l’invasion de leur marché par les produits chinois.

Reste que tant que la Chine achète les dettes des Occidentaux, le monde, et d’abord les USA, connait un trop-plein de liquidités d’où des taux d’intérêt très bas, et donc une incitation au surendettement des ménages. Or, plus chacun s’endette, plus il y a de dettes à racheter. Solution : que chaque pays reconquière son marché intérieur et que la production chinoise s’oriente vers… le marché chinois.

Bref, il faut plus d’économie autocentrée et moins de mondialisation, pour limiter les risques de conflagration et de répercussions en chaîne des crises des uns et des autres. Il faut certainement aussi une Europe plus autocentrée au niveau financier, d’où l’idée qui chemine d’un Trésor européen. Anton Brender, chef économiste de la banque Dexia note : « Il faut quelqu’un qui achète les dettes ; or, même à l’échelle de la zone euro, il n’existe pas de Trésor commun. Voilà toute l’ambiguïté de l’Union monétaire européenne. Elle est dotée d’une même monnaie, mais la Banque centrale européenne ne dispose d’aucune autorité en matière prudentielle vis-à-vis des banques » (Le Figaro, 24.09.08).

En d’autres termes : intervenir, prévenir la spéculation et mutualiser les risques. C’est déjà ce qu’affirmait Pierre Hillard dans La marche irrésistible du nouvel ordre mondial (F-X de Guibert, 2007).

Indépendance européenne ou nouvel ordre mondial ?

L’ennui, c’est que beaucoup voient toute action européenne comme une simple étape vers une gouvernance mondiale, et que celle-ci, dans l’état actuel des choses, ne peut être autre chose que la pérennisation de la domination de l’hyperclasse.

Alors, comment fait-on ? Et si on revenait aux idées simples ? L’Europe souveraine, l’Europe protectrice de ses nations plutôt que l’Europe tremplin vers le grand marché mondial. Jean-François Jamet suggère de son coté que l’intérêt des pays émergents (surtout les BRIC – Brésil, Russie, Inde, Chine -, et la Turquie) serait d’évaluer leur monnaie non par rapport au seul dollar mais par rapport à un panier de monnaies.

« Ce panier pourrait par exemple inclure le dollar, l’euro, le yen – éventuellement la livre britannique et le franc suisse – à proportion du poids de chacune des zones monétaires correspondantes dans les échanges de ces pays » (Les Echos, 17 décembre 2010). Un usage multipolaire de la monnaie. Ce qui ouvrirait la voie vers un autre ordre mondial.

Mais ce n’est pas seulement d’un rééquilibrage dont le monde a besoin. C’est d’une autre conception de la place de l’économie.

Le président du forum économique de Davos, Klaus Schwab, constate : « Cette année, l’économie mondiale va croître de 5%. Si ce rythme se maintient, elle doublera de taille en quinze ans, ce qui signifie aussi que l’utilisation des ressources sera multipliée par deux, sauf si bien sur, on parvient entre temps à améliorer l’efficacité énergétique. Dans ces conditions, nous allons être confrontés à un problème de pénurie, un thème qui sera présent dans nos discussions de Davos » (La Tribune, 26 janvier 2011).

La hausse des prix des matières premières y compris les plus vitales, celles des produits alimentaires, est un signe. Ses conséquences politiques, nous les voyons déjà au Maghreb. Parce que cela commence toujours par les plus fragiles. Avant de remonter vers les pays faussement solides. La France par exemple. Développer l’homme et non seulement les biens matériels et l’argent : un sacré défi.

Flash Magazine

mercredi, 19 janvier 2011

Philippe Conrad présente "2030, la fin de la mondialisation" d'Hervé Coutau-Bégarie


Philippe Conrad présente "2030, la fin de la mondialisation" d'Hervé Coutau-Bégarie

lundi, 17 janvier 2011

Comment l'Europe et la Russie pourront subsister à l'avenir

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Comment l’Europe et la Russie pourront subsister à l’avenir

Vladimir Poutine, Premier ministre russe, présente des projets de coopération

par Karl Müller

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch/

Il y a 20 ans, le 21 novembre 1990, les représentants gouvernementaux de 32 pays européens – y compris l’Union soviétique d’alors – ainsi que des Etats-Unis et du Canada signaient dans le cadre de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE – aujourd’hui OSCE) la Charte de Paris. C’était une déclaration publique en vue de la création d’un ordre pacifique en Europe après la réunification des deux Etats allemands et la fin de l’affrontement entre l’Est et l’Ouest (cf. Horizons et débats no 1 du 11/1/10)

A la suite du président Dimitri Medvedev, qui avait soumis une proposition fin 2009 en faveur d’un Accord européen de sécurité, reprenant ainsi les objectifs sécuritaires de la Charte de Paris, c’est au tour du Premier ministre du pays, Vladimir Poutine, de mettre en avant les dimensions économiques d’une possible coopération dans toute l’Europe (y compris la partie asiatique de la Russie – donc de Lisbonne à Vladivostock), en soumettant une proposition (cf. p. 4).
La Charte de Paris ne s’était pas contentée de promouvoir une coopération dans la politique sécuritaire au sens étroit du terme, mais aussi – sachant combien les deux domaines se recouvrent – pour un ordre économique inter étatique et une plus forte coopération économique dans toute l’Europe.
Le Premier ministre russe a soumis cette proposition à la «Süddeutsche Zeitung», en vue d’un débat organisé par cette dernière les 25 et 26 novembre à Berlin sous le titre de «IVe rencontre de dirigeants de l’économie», rassemblant 40 hommes politiques, dirigeants d’entreprises et scientifiques, en tant que conférenciers et participants à la Table ronde, de même que 300 personnes invitées.

La crise de 2008 est structurelle

Présentant ses propositions concrètes, le Premier ministre russe a constaté que «l’éclatement de la crise mondiale en 2008 n’était pas seulement dû au gonflement des «bulles» et à l’échec de la régulation des marchés mais qu’il était de nature structurelle». Selon lui «le problème central consiste dans l’accumulation de déséquilibres mondiaux. Le modèle selon lequel un centre régional multiplie les emprunts et consomme des biens sans frein alors que l’autre produit des marchandises bon marché et rachète des dettes a échoué. En outre, la répartition de la prospérité est extrêmement inégale aussi bien entre les différents pays qu’entre les différentes couches de population, ce qui a ébranlé la stabilité de l’économie, provoqué des conflits locaux et paralysé l’aptitude au consensus de la communauté internationale dans le débat sur les problèmes urgents.» Poutine réclame donc de s’engager dans une nouvelles voie, «de procéder à des réexamens, à évaluer les risques et à réfléchir à de nouvelles évolutions fondées non sur des valeurs virtuelles mais réelles.»

L’activité économique peut protéger la dignité humaine

En jetant un coup d’œil honnête sur les 20 années passées, on ne peut qu’approuver ce diagnostic. Les objectifs fixés dans la Charte de Paris par tous les gouvernements européens, mais aussi par ceux des Etats-Unis et du Canada, de promouvoir «une activité économique qui respecte et protège la dignité humaine, de développer des économies de marché «en vue d’une croissance économique durable, de la prospérité, de la justice sociale, du développement de l’emploi et de l’utilisation rationnelle des ressources économiques», de mettre l’accent sur le fait qu’il «est important et conforme à notre intérêt à tous que le passage à l’économie de marché réussisse dans les pays qui font des efforts en ce sens, afin que cette réussite nous permette de partager les fruits d’un accroissement de la prospérité auquel nous aspirons tous ensemble», ne furent pas pris sérieusement en compte et donc pas atteints.
On n’accorda pas suffisamment d’attention à l’exigence de «prendre en compte les intérêts des pays en développement» lors d’une coopération économique accrue au sein du processus CSCE.
Bien au contraire: au cours des derni­ères 20 années, les «vainqueurs» de la guerre froide ont tenté de transformer les Etats du Conseil d’assistance économique mutuelle (Comecon) en économies de marché, autrement dit de leur imposer une forme de capitalisme qui ne répondait pas à la volonté des peuples. Ce fut le sort de tous les peuples de l’Europe centrale orientale, de l’Europe du Sud-Est et de l’Est.

L’indépendance économique fait partie de la dignité humaine

C’est ce que durent vivre les Allemands de l’ancienne RDA, qui ne sont toujours pas considérés comme des citoyens de valeur égale dans un Etat commun. Car on ne leur accorda pas une des conditions fondamen­tales de liberté égale, soit l’autonomie économique (cf. Karl-Albrecht Schachtschneider: «Plaidoyer pour la citoyenneté», Horizons et débats n° 47 du 6 décembre; ainsi que Peter Ulrich: «Integrative Wirtschaftsethik», p. 278 sqq: «Wirtschaftsbürgerrechte als Grundlage realer Freiheit für alle»). Encore 20 ans plus tard, la majorité des habitants de l’Est du pays dépendent encore de l’aide pécuniaire de l’Etat. On ne leur laissa pas le droit d’un gagne-pain sur place, c’est-à-dire là où vit leur famille, où ils ont leurs amis, dans leur environnement. Les 30 entre­prises qui, selon l’ouvrage intitulé «Die Blaue Liste» [La liste bleue] de Wolfgang Schorlau, devaient leur rester sous forme de coopératives n’ont plus de valeur que comme mémorial de l’éthique économique. Alors qu’après 1990 presque l’entière structure économique de la RDA fut traitée comme une masse en faillite et qu’elle ne servit plus que d’ateliers pour les grandes entreprises ouest-allemandes, on n’a toujours pas réussi – ou peut-être ne l’a-t-on pas voulu – de mettre en place une structure économique saine, indépendante et offrant des emplois sûrs.
Il faut prendre conscience que n’est pas forcément fausse la thèse selon laquelle cette tragédie n’est pas qu’interallemande, mais bien une part d’un plus grand projet dans l’intérêt du capital financier, que donc l’Est de l’Allemagne, comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe centrale orientale, de l’Europe du Sud-Est et de l’Europe de l’Est devait être désindustrialisé et dépendre directement (par l’accumulation des dettes privées) ou indirectement (par l’accumulation des dettes publiques) de l’industrie de la finance.
Le Premier ministre russe parle, en se référant à l’UE, des «fruits pourris d’une désindustrialisation qui dure depuis de longues années» et du risque réel «d’un affaiblissement de ses positions sur les marchés industriels et de la haute technologie».

Renforcer l’économie réelle plutôt que de produire des bulles financières

C’est pourquoi on comprend que Poutine propose une «politique industrielle commune» et demande de mettre en place une marche à suivre pour savoir «comment faire déferler une nouvelle vague d’industrialisation sur le continent européen» avec «la mise en œuvre de programmes communs de soutien aux PME opérant dans l’économie réelle».
En vérité: la décadence des Etats-Unis et de la Grande Bretagne et la montée de la Chine et de l’Inde est l’image même du mensonge que fut la prétention des 20 dernières années qu’il fallait tout miser sur la finance. Cela provoqua une dépendance du capital financier et des lieux de production dans les pays lointains. C’est doublement dangereux. Car personne ne peut garantir que la monnaie dont nous croyons pouvoir encore disposer aujourd’hui gardera demain sa valeur et nous permettra encore de faire nos achats. L’argent ne nourrit pas.
Tout comme la formation et les sciences, une fourniture d’énergie sûre, en quantité suffisante et financièrement équilibrée sont de première importance pour l’avenir de l’Europe et de la Russie. Ces deux aspects sont aussi inclus dans la proposition de Poutine.

Des zones de libre-échange entre Etats qui se respectent sont aussi une garantie de paix

Lorsque Poutine écrit que «l’état actuel de la collaboration entre la Russie et l’UE ne correspond absolument pas aux défis auxquels nous sommes confrontés», il ressort que le Premier ministre vise une étude approfondie des forces en présence et des dangers dans la politique et l’économie du monde.
En août de cette année, lors de sa visite en Suisse, le président Medvedev avait proposé, de commun accord avec ses hôtes, de mettre en place une zone de libre-échange entre la Russie et l’AELE. Les négociations devront commencer dès janvier prochain, selon le secrétaire de l’AELE Kaare Bryn lors d’une interview le 22 novembre (www.nachhaltigkeit.org).
Cette proposition du Premier ministre russe pour une zone de libre-échange entre la Russie et l’UE fait partie d’une vision pour toute l’Europe, au profit des deux parties, assurant de surcroît la paix.

Réactions positives de l’industrie et des banques européennes

Les propositions du Premier ministre russe doivent être suivies de près. Comment expliquer les réticences de la chancelière allemande et de la bureaucratie de l’Union européenne? Il ne s’agit sûrement pas de pressions venant de l’industrie et des banques européennes, car elles saluent les propositions de Poutine, d’autant plus que ce sont elles qui ont contribué au développement des échanges commerciaux entre l’UE et la Russie depuis l’an 2000 – l’année de crise 2009 n’ayant été qu’une parenthèse – passant de 86 milliards d’euros en 2000 à 282 milliards en 2008 (selon les indications d’Eurostat [76/2010] du 28 mai 2010). La Russie est, après les Etats-Unis et la Suisse le troisième partenaire commercial de l’UE. Il y a toutefois encore beaucoup de possibilités de développement.
Le Premier ministre russe dénonça le système de visa entre la Russie et l’UE comme frein à la coopération, mettant en cause la politique et non pas l’économie. Il affirma lors d’un entretien avec des entrepreneurs allemands que «les autorités allemandes semaient les obstacles sur le chemin des investisseurs russes. (Ria Novosti du 29 novembre)
La proposition actuelle du Premier ministre russe mérite qu’on s’y arrête, tout comme ce fut le cas de celle concernant un Traité européen de sécurité. Les dégâts causés en Europe au cours des 20 dernières années sur les plans politique, économique et social exigent une vision nouvelle. Le Premier ministre russe a soumis ses propositions, aux Européens de répondre de manière constructive.    •

mercredi, 08 décembre 2010

Washingtons geopolitischer Albtraum: China und Russland verstärken die wirtschaftliche Zusammenarbeit

Washingtons geopolitischer Albtraum: China und Russland verstärken die wirtschaftliche Zusammenarbeit

F. William Engdahl

Ex: http://info.kopp-verlag.de/

 

Jenseits aller fraktionellen Auseinandersetzungen, die im Kreml zwischen Putin und Medwedew geführt werden mögen, mehren sich in jüngster Zeit eindeutige Hinweise darauf, dass sich Peking und Moskau nach langem Zögern darauf orientieren, die wirtschaftliche Zusammenarbeit zu stärken. Ausschlaggebend dafür mag auch die offenkundige Desintegration der USA als alleiniger Supermacht gewesen sein. Wenn sich der gegenwärtige Trend fortsetzt, dann wird Washingtons schlimmster geopolitischer Albtraum wahr: Einigkeit zwischen den Staaten auf der eurasischen Landmasse, die gemeinsam in der Lage sind, die Hegemonie Amerikas als Wirtschaftsmacht herauszufordern.

 

 

Ein genauer Blick auf die Karte zeigt, warum die wirtschaftliche Kooperation zwischen Russland und China Washington Kopfschmerzen bereitet

 

Wie es in einem chinesischen Sprichwort heißt, leben wir in »interessanten Zeiten«. Gerade noch sah es so aus, als bewegte sich Moskau unter Präsident Medwedew stärker auf Washington zu: Medwedew hatte eingewilligt, den umstrittenen Verkauf von S-300-Raketenabwehrsystemen an den Iran auf Eis zu legen und schien einer Kooperation mit Washington über Fragen der NATO einschließlich eines möglichen Raketenschildes nicht abgeneigt. Doch jetzt haben sich Moskau und Peking auf eine ganze Reihe von Maßnahmen verständigt, die weitreichende geopolitische Auswirkungen haben können, nicht zuletzt auf die Zukunft Deutschlands und der Europäischen Union.

Nach Gesprächen auf höchster Ebene haben Chinas Premierminister Wen Jiabao und sein russischer Amtskollege Wladimir Putin kürzlich in St. Petersburg öffentlich mehrere Projekte angekündigt, die in den westlichen Mainstream-Medien, die zurzeit von den Wikileaks-Skandalen geradezu besessen sind, relativ wenig Beachtung gefunden haben. Es war das siebte Mal in diesem Jahr, dass hochrangige Vertreter der beiden Länder zu Gesprächen zusammenkamen. Das allein ist schon ein Hinweis auf wichtige Entwicklungen.

Bisher gibt es kaum nennenswerte chinesische Investitionen in Russland, die wenigen Ausnahmen erfolgen zumeist in Form von Darlehen. Direkte und Portfolio-Investitionen in reale Projekte sind nach wie vor unbedeutend. Auch russische Investitionen in China sind bislang unbedeutend, doch das soll sich nun ändern. Mehrere russische Unternehmen sind bereits an der Börse in Hongkong gelistet; im Rahmen des Aufbaus gemeinsamer Technologieparks in Russland und China werden inzwischen eine Reihe russisch-chinesischer Hochtechnologie-Investitionsprojekte verfolgt.

Der Dollar wird fallengelassen

Unter anderem gaben die beiden Premierminister bekannt, man habe sich darauf geeinigt, im bilateralen Handel auf den Dollar zu verzichten und auf die eigenen Währungen zu setzen. Außerdem wurden potenziell weitreichende Vereinbarungen bezüglich Energie, Handel und die wirtschaftliche Modernisierung entlegener Regionen im Fernen Osten Russlands getroffen.

Chinesische Quellen berichteten in der russischen Presse, sie hielten diesen Schritt für Anzeichen engerer Beziehungen zwischen Peking und Moskau; der Dollar solle nicht infrage gestellt werden. Unbekümmert kündigte Putin an: »Wir haben beschlossen, bei der Abwicklung des Handels auf unsere eigenen Währungen zu setzen.« Der chinesische Yuan werde mittlerweile auf dem chinesischen Interbankenmarkt gegen russische Rubel gehandelt, während der Renminbi, der bis vor Kurzen noch als chinesische Inlandswährung nicht konvertibel war, laut Putin auch bald in Russland gegen den Rubel gehandelt werden könne.

Bisher war der gesamte Handel zwischen beiden Ländern in US-Dollar abgewickelt worden. Mit

Putin und Wen haben sich bei ihrem jüngsten Treffen auf mehr als nur die Rettung des Tigers geeinigt

Beginn der US-Finanzkrise 2007 und angesichts der extremen Volatilität des Dollar und des Euro hatten beide Länder nach Wegen gesucht, den Warenverkehr demnächst unabhängig vom Dollar abzuwickeln – mit möglicherweise weitreichenden Folgen für Letzteren. Um die Struktur des Handels zu optimieren und neue Entwicklungsmöglichkeiten zu eröffnen, haben die beiden Länder die Chinesisch-Russische Handelskammer für Maschinenbau- und Elektronikprodukte eingerichtet. Das Greenwood-Welthandelszentrum, das von einem chinesischen Unternehmen gebaut wird, soll 2011 als Ausstellungs- und Handelszentrum für chinesische Produkte in Russland eröffnet werden und als öffentliches Forum zur Stärkung des nicht-staatlichen Handels zwischen Russland und China fungieren.

Der bilaterale Handel zwischen Russland und China wächst zurzeit kräftig. In den ersten zehn Monaten dieses Jahres erreichte er ein Volumen von fast 35 Milliarden Euro, das bedeutet gegenüber dem Vorjahr einen Anstieg um 45 Prozent. Insgesamt wird für das ganze Jahr ein Handelsvolumen von 45 Milliarden Euro erwartet, womit beinahe wieder das Niveau vor der Finanzkrise erreicht wird. Beide Seiten wollen den Handel in den kommenden Jahren deutlich ausweiten; in Russland gehen einige von einer Beinahe-Verdopplung in den nächsten drei Jahren aus.1 Deshalb hat die Frage, ob der Dollar dabei umgangen wird, einiges Gewicht. Wenn mehr Länder der Shanghai Cooperation Organization – der 2001 von Russland und China gegründeten Organisation aus sechs eurasischen Staaten – diesem Beispiel folgen, so würde der Dollar in seiner Rolle als Weltreservewährung erheblich geschwächt.

Seit der Dollar 1944 im Bretton-Woods-Abkommen als zentrale Währung des Welthandelssystems etabliert wurde, beruhte die Hegemonie der USA auf zwei unabdingbaren Säulen: erstens der militärischen Dominanz und zweitens der Rolle des Dollars als Weltreservewährung. Durch die Kombination von Militärmacht und strategischer Bedeutung des Dollar beim Handel mit Öl, anderen wichtigen Rohstoffen und im Finanzwesen allgemein war Washington in der Lage, die eigenen Kriege um die weltweite Vorherrschaft mit „dem Geld anderer Leute“ zu finanzieren.

Kooperation im Bereich Energie

Auch im Bereich internationaler Energie-Kooperation wurden interessante Abkommen unterzeichnet. Die beiden großen eurasischen Mächte Russland und China planen, den vom Dollar unabhängigen bilateralen Handel auf interessante Weise auszubauen, besonders im Bereich Energie, in dem China erhebliche Defizite und Russland ebenso erhebliche Überschüsse nicht nur an Öl und Gas aufzuweisen hat.

Beide Staaten wollen die Zusammenarbeit bei der Nutzung der Kernenergie ausbauen. zunächst sollen in China mit russischer Hilfe Kernkraftwerke gebaut und gemeinsame russisch-chinesische Projekte zur Urananreicherung entwickelt werden, die den Standards der Internationalen Atomenergiekommission entsprechen. In Drittländern soll Uran gefördert werden; außerdem soll in China ein ganzes Netz von Ölraffinerien gebaut und entwickelt werden. Das erste Projekt, das chinesische Kernkraftwerk Tianjin, ist bereits unter Dach und Fach. Vereinbart wurde der Kauf von zwei russischen Kernreaktoren für Tianjian, den modernsten Kernkraftwerk-Komplex in China.

Auch der Export russischer Kohle nach China wird voraussichtlich 2010 über 12 Millionen Tonnen erreichen und in Zukunft weiter steigen.

Chinesische Ölgesellschaften investieren in die Nachrüstung russischer Projekte zur Exploration, Entwicklung und Verarbeitung von Erdöl, in Joint Ventures mit staatlichen und privaten russischen Unternehmen. Die Inbetriebnahme einer russisch-chinesischen Pipeline ist für Ende 2010 geplant.

Noch nicht abgeschlossen sind Preisverhandlungen über russisches Gas, das nach China geliefert wird; doch auch hier wird in den nächsten Monaten eine Einigung erwartet. Russland verlangt für das von Gazprom gelieferte Gas denselben Preis, der auch europäischen Kunden in Rechnung gestellt wird; Peking fordert einen Preisnachlass.

Große Industrie-Entwicklungsprojekte

Auf der Liste stehen auch gemeinsame industrielle Investitionen in den entlegenen Regionen entlang der 4200 km langen Grenze zwischen Sibirien und dem Fernen Osten Russlands und der chinesischen Region Dungbei. Dort hatte die Sowjetunion in den 1950er und 1960er Jahren, vor dem Bruch mit China, Hunderte Fabriken der Leicht- und Schwerindustrie gebaut. Diese sind in der Zwischenzeit modernisiert und mit neuer chinesischer oder importierter Technik ausgerüstet worden, aber das solide industrielle Fundament aus der Sowjetära besteht noch. Dies wird nach Auskunft russischer Analysten zu regionaler Zusammenarbeit auf einem höheren technischen Niveau beitragen, besonders zwischen den Distrikten Chabarowsk und Primorye sowie den Regionen Chita und Irkutsk, dem Gebiet Transbaikal und ganz Sibirien sowie auf chinesischer Seite der Provinz Heilongjiang und anderen Provinzen.2

2009 haben sich China und Russland außerdem ein bis 2018 terminiertes Programm für die gemeinsame Entwicklung Sibiriens und des Fernen Ostens sowie den nordöstlichen Provinzen Chinas geeinigt. Es umfasst Dutzende von Kooperationen zwischen bestimmten Regionen zur Entwicklung von 158 Industrieanlagen im russisch-chinesischen Grenzgebiet, vor allem von Betrieben der Holzverarbeitung und der chemischen Industrie, beim Straßenbau, der sozialen Infrastruktur und Landwirtschaft sowie mehrere Projekte für den Export von Energie.

Die Russlandreise von Premierminister Wen folgte auf den dreitätigen China-Besuch des russischen Präsidenten Medwedew im September, bei dem dieser gemeinsam mit Präsident Hu Jintao das lange geplante grenzüberschreitende Pipeline-Projekt von Skoworodina in Ostsibirien nach Daqing in Nordost-China in Gang gebracht hatte. Ende 2010 wird erstmals russisches Öl nach China fließen, und zwar mit einer Rate von 300.000 Barrel pro Tag. Der im vergangenen Jahr geschlossene Liefervertrag hat eine Laufzeit von 20 Jahren und ein Volumen von 20 Milliarden Euro.

Russland strebt an, auf den schnell wachsenden asiatischen, besonders den chinesischen Energiemarkt vorzustoßen; Peking will die Energiesicherheit erhöhen, indem Quellen und Versorgungsrouten diversifiziert werden. Durch die neue Pipeline wird sich der Export von russischem Öl nach China, der bisher über eine langsame und teure Eisenbahnroute erfolgt, verdoppeln. Russland wird damit neben Saudi-Arabien und Angola zum dritten wichtigen Rohöl-Lieferanten für China – für beide Seiten ein wichtiger geopolitischer Gewinn.

Bei einer Pressekonferenz in St. Petersburg erklärte Premierminister Wen, die Partnerschaft zwischen Peking und Moskau habe eine »nie dagewesene Ebene« erreicht; er gelobte, dass beide Länder »nie zum Feind des anderen« werden sollten. Seit dem chinesisch-sowjetischen Bruch während des Kalten Krieges ist Washingtons Geopolitik darauf gerichtet, einen Keil zwischen die beiden Staaten zu treiben und damit ihren Einfluss über den weiten eurasischen Raum auszuhebeln.

Wie ich bereits in früheren Beiträgen betont habe, bleibt Russland allen wirtschaftlichen Problemen zum Trotz die einzige Macht, die gegenüber Washington über eine glaubwürdige nukleare Abschreckung verfügt. Davon ist die militärische Macht Chinas, die ja hauptsächlich zur Selbstverteidigung aufgebaut wurde, noch Jahre entfernt. Die einzige Wirtschaftsmacht, die die schwindende wirtschaftliche Macht der USA herausfordern kann, ist China. Offenbar hat man verstanden, wie gut sich beide ergänzen. Vielleicht wird Wikileaks demnächst peinliche Details über diese Zusammenarbeit »aufdecken«, die Washingtons geopolitischen Absichten entgegenkommen. Für den Augenblick jedoch bedeutet die wachsende Wirtschaftskooperation zwischen China und Russland für Washington den schlimmsten geopolitischen Albtraum, und das genau zu dem Zeitpunkt, wo der weltweite Einfluss Washingtons schwindet.


1 Sergei Luzyanin, Russian Chinese economic cooperation serves the longterm domestic goals, RIA Novosti, 26. November 2010, unter http://en.rian.ru/valdai_op/20101126/161505920.html

2 Ebenda

 

jeudi, 28 octobre 2010

Drehen an der Rohstoffschraube

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Drehen an der Rohstoffschraube

Michael WIESBERG

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Manches spricht dafür, daß China derzeit auf dem Weg ist, die bisher weitgehend von den Spielregeln der USA dominierte Globalisierung auszuhebeln, um selbst die Rolle des internationalen Taktgebers für ein eigenes Modell des Kapitalismus zu übernehmen.

Jüngste Beispiele hierfür sind der Streit um das Währungsdumping der Chinesen und jetzt die Politik Verknappung des Exportes von Metallen der Seltenen Erden, die insbesondere für die westliche Hightech-Industrie von lebenswichtiger Bedeutung sind. Hier hat China eine marktdominierende Stellung inne, weil es 95 Prozent dieser Seltenen Erden abbaut. Allerdings betreibt China seit rund drei Jahren eine Drosselung des Exports, die mittlerweile auch in Deutschland zu spürbaren Engpässen führt. Laut Spiegel-Online bekommen nun erste deutsche Firmen keine Metalle für die Produktion von Hochtechnologie mehr geliefert.

China möchte mit dieser Politik der Verknappung offensichtlich erreichen, so mutmaßte zum Beispiel die New York Times-Online (NYT), daß die Produktion von Schlüsseltechnologien im eigenen Land durchgeführt wird. 

Aufbau einer „strategischen Reserve“

Gegen diese These spricht nach Ansicht mancher Beobachter, daß westliche Unternehmen darüber klagten, in China gegenüber einheimischen benachteiligt zu werden, was freilich nur ein schwaches Argument gegen die NYT-These ist. Wie dem aber auch sei: Im Kern dürfte es um den Aufbau einer „strategischen Reserve“ gehen, die es China ermöglicht, den Markt für die so umkämpften und strategisch wichtigen Metalle der Seltenen Erden zu kontrollieren. 

Dafür sprechen auch die chinesischen Aktivitäten in Afrika, insbesondere in der Krisenregion Kongo, wo Magnesium, diverse Erze, Kalisalze und Phosphate abgebaut werden. Während die EU hier noch über „humanitäre Aspekte“ sinniert, haben sich die Chinesen längst Förderrechte gesichert. Kein Zweifel: China hat den Engpaß Seltene Erden als (eine weitere) Achillesferse der westlichen Industriestaaten entdeckt und spielt jetzt gezielt seine Machtposition aus.

„Es drohen brisante Engpässe“

Ändert sich an der chinesischen Politik nichts, dann könnten die Folgen für die westlichen Industriestaaten und damit auch für Deutschland schon bald unangenehm werden. „Es drohen brisante Engpässe“, erklärte zum Beispiel der Geologe Peter Buchholz von der Bundesanstalt für Geowissenschaften und Rohstoffe (BGR) gegenüber Spiegel-Online. Die Produktion zahlreicher Elektroprodukte, darunter Computer- und Computermonitore, Akkus, Mobiltelefone, Rüstungsgüter, Halbleiter etc., könnte ins Stocken geraten, wenn in absehbarer Zeit keine neuen Lieferanten Seltener Erden bereitstehen.

Nun langsam sieht auch die Bundesregierung Handlungsbedarf, für die sonst der „Einsatz für Menschenrechte und die Würde jedes einzelnen Menschen“ den „Kern des Regierungshandelns der Bundesrepublik“ darstellt; so nachzulesen zum Beispiel in einem Folder von Günter Nooke, bis März 2010 Beauftragter für Menschenrechtspolitik und humanitäre Hilfe der Bundesregierung. 

Fast hundertprozentige Abhängigkeit von China

Helfen soll jetzt Rußland; aber auch mit entsprechenden Aktivitäten in den USA, Australien oder Südafrika wird die Hoffnung auf eine Verbesserung der Lage verbunden. Die größte Hoffnung aber wird auf ein Areal im grönländischen Kvanefjeld gesetzt, wo bis zu 100.000 Tonnen Seltene Erden pro Jahr abgebaut werden könnten, wie es in verheißungsvollen Prognosen heißt. Der Abbau dürfte jedoch frühestens im Jahre 2015 einsetzen.

Was bis dahin passiert und ob die Erwartungen, die mit Grönland verbunden werden, so Realität werden, steht indes dahin. Bis Ende 2011, so erklärte der bereits oben zitierte Peter Buchholz, bleibt Deutschland im Hinblick auf die Seltenen Erden bis Ende 2011 „zu fast 100 Prozent“ auf das Wohlwollen Chinas angewiesen. Daß die Bundesregierung erst jetzt auf die sich seit längerem absehbare Entwicklung reagiert, wird man ihr nachsehen müssen. Der „Einsatz für die Würde des einzelnen“ nimmt unsere Politiker eben „zu fast 100 Prozent“ in Anspruch.

lundi, 27 septembre 2010

La guerre des monnaies

La guerre des monnaies

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Un article du Monde vient de mettre en exergue un phénomène qui ne date pas d’hier. En effet, on apprend dans cet article que le Japon a décidé de façon unilatérale de faire descendre la valeur de sa monnaie. Cette dernière n’a pas cessé de s’accroître ces derniers mois et la cause principale [en est le] changement dans la politique monétaire de la Chine. En effet, cette dernière souhaite de plus en plus se débarrasser de ses bons du Trésor américains ; les Chinois se sont donc naturellement rués vers les bons japonais. Ce faisant, ils font grimper de façon artificielle la monnaie japonaise, alors que la situation économique au Japon ne justifie en rien cette hausse.

Cette affaire montre le caractère totalement instable du système de changes flottants mis en place dans les années 70, suite à la déconnexion du Dollar et de l’or, qui était pourtant le pilier du système de Bretton Woods. Si le système a fait illusion jusqu’à présent, avec tout de même quelques graves crises, que ce soit dans les pays émergents ou développés comme en 1987, en 1992, en 1997, en 2002, c’est parce que l’Amérique et ses déficits étaient là. Or, la crise actuelle est plus grave, parce que le mécanisme qui permettait à la machine de continuer à fonctionner a disparu. Ce sont les déficits commerciaux américains toujours croissants et les politiques semi-keynésiennes de relance sans protection, qui ont permis à la croissance de continuer, en évitant ainsi une guerre mondiale des monnaies.

Sans la surconsommation américaine, le système à changes flottants montre son instabilité intrinsèque, chaque pays cherchant à profiter de ses excédents pour croître au détriment du voisin. Tout le monde comprime sa demande et, au final, il n’y a plus de croissance nulle part. Sans un pays consommateur absorbant tous les excédents, la planète est condamnée à la dépression et à la guerre monétaire.

 

C’est ce que cette affaire du Yen révèle, nous arrivons au bout de la logique du système à changes flottants. Les nations vont devoir, petit à petit, se résoudre à mettre fin à la libre circulation des capitaux et aux flottements monétaires. Le Japon, par exemple, n’empêchera pas éternellement sa monnaie de croître, en respectant les règles actuelles. Pour l’instant, la BoJ [Bank of Japan : Banque du Japon] réussit à faire plonger le Yen, grâce à des injections massives de monnaies, mais combien de temps pourra-t-elle le faire, sachant que les Chinois ont décidé d’acheter du Yen pour se prémunir d’un effondrement du Dollar ?

On retrouve ici le problème que l’on a également dans le commerce : il est impossible de réguler l’économie en utilisant uniquement les faibles instruments monétaires. De la même manière que la monnaie et les taux d’intérêts régulent mal le commerce, ils empêchent aussi difficilement les flux de capitaux d’entrer, si ces derniers l’ont décidé.

Pour réguler tout ça, il faut se diriger vers des mécanismes extérieurs à la raison libérale. La Chine, elle, contrôle parfaitement sa monnaie, elle ne la laisse pas flotter et elle a un cours forcé. De la même manière, la puissance chinoise ne laisse pas entrer ou sortir les capitaux librement ; il serait peut-être temps que nos pays reconsidèrent ce qu’ils croient être la meilleure façon de faire en matière de politique monétaire.

On ne peut pas réguler l’économie par les seuls taux d’intérêts, et le système à changes flottants est naturellement chaotique comme je l’avais expliqué dans ce texte. En décloisonnant tout et n’importe quoi, en laissant les capitaux et les marchandises aller où ils veulent, en laissant n’importe qui acheter n’importe quoi, n’importe quand, nous avons créé de toutes pièces un système instable.

Il faut découpler les variables

Le système économique mondial actuel est de type chaotique au sens mathématique du terme car, en multipliant les acteurs et les interactions, nous avons fabriqué un système inintelligible pour l’être humain. Ainsi, les interactions monétaires rendent-elles impossible l’équilibre des monnaies à l’échelle mondiale. Un changement monétaire au Japon déséquilibre les monnaies européennes qui, à leur tour, peuvent dévaluer et ainsi de suite. Il n’y a pas d’équilibre stable trouvable, car il y a trop de monnaies différentes en circulation pour pouvoir trouver un équilibre mondial.

Il en va de même pour la libre circulation des capitaux : ces derniers, toujours pris entre leur désir de hauts rendements à court terme et leur désir de sécurité, vont se balader sur toute la planète en déstabilisant les nations, aujourd’hui toutes trop petites pour les accueillir en masse. Ainsi voit-on les monnaies japonaise ou suisse flamber, parce que les investisseurs ont peur de perdre leur argent.

En général, en physique, lorsque l’on se retrouve avec un problème de ce type, on essaie de réduire les interactions entre les variables, pour permettre à notre cerveau de trouver une solution au problème. Car une multitude d’interactions produit mécaniquement un phénomène chaotique, à la manière du célèbre vol de papillon qui produit un ouragan. Mais la grosse différence entre le climat et l’économie, c’est que nous ne pouvons pas modifier le système climatique : il est comme il est ; alors que le système économique est le fruit de décisions politiques.

Les changes flottants, le libre-échange, la liberté de circulation des capitaux, sont des choix politiques qui peuvent très bien êtres défaits. La politique protectionniste et d’autosuffisance, dans ce cadre, peut être en quelque sorte considérée comme une astuce visant à découpler les variables du problème, c’est-à-dire faire en sorte que les nations interactives deviennent autonomes. Ce n’est que sous cette condition que l’on pourra à nouveau mettre de l’ordre au chaos et stabiliser à nouveau l’économie mondiale.

Vers un nouveau Bretton Woods

L’ancien système de Bretton Woods découplait déjà les variables de l’économie-monde ; en effet, les protections tarifaires, l’étalon-or et les mécanismes de séparation entre les banques de dépôt et les banques commerciales, faisaient offices de mécanisme de découplage. Dans ce cadre, les nations pouvaient faire des choix qui n’impactaient pas leurs voisines : la France produisait surtout pour la France, l’Allemagne pour l’Allemagne, etc. Quand un ralentissement apparaissait aux USA, cela n’avait pratiquement aucune incidence sur les économies européennes ou japonaise ; il suffit de regarder les chiffres des années 50-75 pour s’en convaincre. Ainsi, chaque peuple pouvait faire sa propre politique dans son coin ; même s’il y avait tout de même quelques interactions, elles étaient négligeables en regard des transactions internes à chaque pays.

C’est cette mécanique que la globalisation néolibérale a détruite. Persuadées que le commerce était à la source de la croissance, alors qu’il n’en est que le résultat, les instances internationales n’ont cessé de prôner le démantèlement des différentes barrières que l’Histoire d’après 1929 avait laissées derrière elle.

C’est par nostalgie de l’ancien système de Bretton Woods [que les Européens ont été poussés] à créer l’Euro ; malheureusement, dans leur précipitation, [ils] ne sont pas allés au bout de leur logique. S’ils ont réussi à construire un système monétaire stable entre les Européens, à l’image de l’étalon-or de Bretton Woods, ils ne sont pas allés plus loin, oubliant les contrôles tarifaires visant à équilibrer les balances des paiements des pays membres, laissant ainsi les faibles à la merci des forts. Ils n’ont d’ailleurs pas plus régulé les capitaux, comme c’était pourtant le cas dans Bretton Woods.

En fait, l’Euro n’est que le lointain écho du système d’après guerre ; l’Europe, soumise comme elle l’est aux influences des lobbies de toutes sortes, ne pouvait guère produire autre chose qu’un système bâtard, incapable de survivre au temps. Nous sommes orphelins d’un système stable et nos hommes politiques ne cessent de se référer à cette fameuse conférence où le sort du monde fut décidé.

Ainsi, Nicolas Sarkozy vient-il a nouveau d’en parler dans une conférence, en déclarant :

« Le premier chantier du G-20 sera «la réforme du système monétaire international». La France plaide pour la mise en place d’un instrument qui évite la volatilité excessive des monnaies. «Je proposerai l’organisation d’un séminaire international avec les meilleurs spécialistes monétaires internationaux, pourquoi pas en Chine». Un Bretton Woods bis. Trois pistes seraient à l’étude, dont le renforcement des mécanismes de gestion de crise et des mécanismes internationaux d’assurance. «C’est la règle qui protège la liberté et l’absence de règle qui détruit la liberté». »

Mais c’est oublier que Bretton Woods fut un moment particulier de l’Histoire humaine, un moment où peu de nations contrôlaient la totalité de la puissance mondiale. Les deux premières se lançant dans un risque de confrontation monstrueuse, l’URSS et les USA. Ce sont ces conditions politiques qui ont permis Bretton Woods.

Aujourd’hui, personne, pas même la Chine, ne peut imposer une telle unité, [ni] donc imposer des règles mondiales. Les prochains Bretton Woods, s’ils doivent apparaître, seront plutôt des systèmes locaux rassemblant plusieurs nations, ou purement nationaux.

Si les Européens avaient été moins bêtes, ils auraient pu mettre le premier système en place. Avec une fermeture commerciale de l’UE, une monnaie commune et des systèmes de régulations internes, l’Europe aurait retrouvé son rôle d’exemple. Malheureusement, les européistes ont voulu faire de l’Europe un Etat fédéral, ce qui produira une explosion à long terme et des incohérences qui produisent aujourd’hui la fameuse eurodivergence.

C’est donc plutôt en Asie ou en Amérique du Sud que se trouveront les solutions à long terme. L’Asie, structurée autour de la Chine, pourrait très bien mettre [en place] un système semblable à celui de Bretton Woods, avec la Chine dans le rôle des USA ; même chose en Amérique du Sud, [avec] le Brésil.

En tout cas, s’il est difficile de prévoir quelle sera l’organisation économique de demain, il est certain que le système actuel, totalement chaotique, ne pourra pas durer. Le nouveau ralentissement économique américain, en 2010-2011, va produire de graves incidents sur le reste de la planète, en attendant la fin du dollar comme monnaie de réserve.

Le Bon Dosage

lundi, 20 septembre 2010

Washington veut éroder l'influence des Etats européens - Lutte d'influence au FMI

Washington veut éroder l’influence des Etats européens

 

Lutte d’influence au FMI

 

fmi-logo.jpgLa tâche du FMI est d’empêcher ou, du moins, de limiter l’effet des crises financières qui affectent les Etats et qui pourraient avoir des répercussions sur l’économie mondiale. Les esprits critiques nous disent que ce système fait tomber les gouvernements et les banques dans la tentation de faire des affaires risquées car, de fait, le FMI, en cas d’échec, vole à leur secours. Le FMI est alimenté par des cotisations payées par les grands Etats industrialisés. Les Etats-Unis sont l’Etat qui, en réalité, profite pleinement de l’institution qu’est le FMI, parce que Washington use de son influence prépondérante pour dire quels Etats doivent recevoir une aide et quels Etats doivent en être privés, et sous quelles conditions.

 

La place prépondérante qu’occupent les Etats-Unis au sein du FMI provient du simple fait qu’ils sont le seul Etat membre disposant d’une minorité de blocage. Lorsque des décisions importantes doivent être prises, une majorité de 85% s’avère nécessaire. De cette façon, rien ne peut s’opposer à la volonté des Américains qui disposent de 16,74% des voix. Dans le « groupe des cinq grands », dont certains s’opposent parfois aux Etats-Unis, il faut compter le Japon (6,01%), l’Allemagne (5,87%), la France (4,85%) et la Grande-Bretagne (4,85%). Les « cinq grands » disposent donc d’une masse de voix équivalant à 38,32%. Tous les autres Etats, qui se sont généralement rassemblés au sein de groupes afin de pouvoir fédérer leurs voix, disposent tous ensemble de 61,68%.

 

Récemment les Etats-Unis ont une nouvelle fois fait étalage de leur puissante musculature. Il s’agit, en l’occurrence, d’occuper les sièges du directoire exécutif, responsable du fonctionnement au quotidien du FMI. D’après les statuts du FMI, ce directoire exécutif prévoit vingt sièges. Avec une majorité de voix de 85%, ce nombre de sièges pourrait être augmenté. On a fait usage de cette possibilité après les adhésions de la Chine, de l’Arabie Saoudite et, en 1992, de la Suisse. Le nombre de membres du directoire exécutif est désormais de vingt-quatre. C’est surtout la Suisse qui a insisté pour que cet élargissement devienne réalité et a obtenu, dès son adhésion, un siège au sein de ce directoire.

 

L’élargissement du directoire exécutif est confirmé depuis lors tous les deux ans par résolution. Lors du dernier vote, cependant, les Etats-Unis ont refusé, en faisant usage de leur minorité de blocage, qu’une telle résolution soit une nouvelle fois entérinée. La raison de ce refus ? Les Etats-Unis cherchent à amoindrir l’influence des Etats de l’UE au sein du FMI. Ils voudraient que 5% des droits de vote passent des pays industriels aux pays dits « émergents ». Les Etats-Unis veulent également donner plus de poids aux pays émergents dans le directoire exécutif, tout en réduisant le nombre de sièges en son sein. Pour y parvenir, Washington exerce une pression sur les Etats de l’UE pour qu’ils consentent à céder une partie de leurs sept sièges permanents au sein du directoire exécutif.

 

Si aucun règlement à l’amiable ne survient avant la fin octobre 2010, alors le directoire comptera à nouveau vingt sièges comme auparavant et les membres du directoire issus des groupes de pays plus petits perdront automatiquement leurs sièges. Il s’agirait des  groupes téléguidés par des pays comme le Brésil, l’Inde, l’Argentine et le Rwanda. Le Brésil et l’Inde surtout n’admettront pas ce recul ni l’obligation de rejoindre d’autres groupes pour pouvoir défendre leurs sièges. La conséquence de tout cela serait une crise grave du FMI.

 

En Suisse, l’inquiétude croît car on pense que les pays de l’UE finiront par s’entendre avec les Etats-Unis pour la répartition des voix et des sièges au détriment de la Confédération Helvétique. Mais, malgré cette inquiétude, la perspective est bonne du point de vue suisse ; en ce moment, le parlement helvétique doit ratifier un crédit de 17,5 milliards de dollars, accordé par la Banque Nationale suisse au FMI. Les politiciens suisses sont d’une autre trempe que leurs homologues allemands : ils défendent leurs intérêts nationaux de manière conséquente et exigent d’ores et déjà de faire dépendre l’octroi de ce crédit du maintien du siège suisse dans le directoire exécutif du FMI.

 

(article paru dans DNZ, Munich – n°35/2010). 

jeudi, 16 septembre 2010

L'influence atlantiste en Allemagne et en Russie

L'influence atlantiste en Allemagne et en Russie

Par Michel Drac

 Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Par commodité, nous réputerons ici que l’ensemble USA/Grande-Bretagne/Israël constitue une entité capable d’agir de façon coordonnée sur le plan géopolitique. Nous appellerons cette entité : l’Empire.

Cet Empire est confronté à son déclin. Sa réaction est maintenant visible. Confronté à un défi géostratégique qu’il ne parvient pas à relever, celui de la Chine ; confronté encore à la volonté manifeste de la Russie de se poser en acteur géostratégique de premier plan, à nouveau ; confronté, enfin, au risque de voir l’Europe échapper à son assujettissement, l’Empire a choisi de combattre, pour l’instant, en usant de stratégies d’influence. L’attaque sur l’Iran, pour l’instant toujours, n’a pas eu lieu. La guerre ouverte n’est pas, à ce stade, l’option choisie par les dirigeants de l’Anglosphère (et de son annexe israélienne).

Cela peut changer du jour au lendemain, bien sûr.

Mais jusqu’ici, l’influence semble bel et bien la stratégie privilégiée. Elle prend la forme d’une entreprise de cooptation sélective des élites des puissances que l’Empire doit ou conserver en sujétion (l’Allemagne et la France, pour faire court), ou tenir en respect (la Russie).

Le point sur la question.

*

En France, la promotion de Dominique Strauss-Kahn par les médias dominants est si grossière qu’elle risque de devenir franchement contre-productive. DSK (qui, rappelons-le, a explicitement avoué qu’il était entré en politique « pour défendre Israël ») est par exemple promu via des sondages de commande par Libération (quotidien désormais possédé par la famille Rothschild). Le plan apparaît cousu de fil blanc : il s’agit de remplacer un atlantiste « de droite » (Sarkozy) par un atlantiste « de gauche » (DSK). Plan si cousu de fil blanc, au demeurant, que la probabilité de le voir échouer semble désormais assez grande. La présidentielle 2012 s’avère risquée pour les atlantistes…

Bref, on n’épiloguera pas.

Intéressons-nous plutôt à l’Allemagne. Inutile de disserter longuement sur la situation française, elle est bien connue de nos lecteurs. Il n’en va pas de même de l’évolution outre-Rhin, qui pourtant, elle aussi, révèle une très nette accentuation de l’emprise atlantiste sur les élites.

Quelques points de repère pour commencer.

Angela Merkel a été propulsée à la chancellerie par les milieux atlantistes. Cela s’est fait en deux temps.

Tout d’abord, à la fin des années 1990, avec l’affaire de la « caisse noire » de la CDU. Walther Leisler Kiep (WLK), trésorier de la CDU et accessoirement homme fort de la fondation Atlantik Brücke (en gros, l’équivalent allemand de notre French American Foundation) avait reçu une forte somme d’argent d’un marchand d’armes. Ce fut l’occasion d’entraîner Helmut Kohl, et surtout ses hommes liges, dans un vaste scandale, où fut mis à jour le système de financement occulte de la droite d’affaire allemande. Wolfgang Schaüble (WS), jusque là pressenti comme le successeur naturel de Kohl, en paya le prix – et c’est ainsi que Merkel se retrouva à la tête de la CDU. Il est probable que sous les remous provoqués à la surface par cette opération mains propres, une lutte d’influence féroce se joua à ce moment-là, au sein de la droite d’affaires allemande. On ignore, à ce stade, les détails de cette lutte, mais on sait en tout cas qu’avec Merkel, les milieux atlantistes sauvaient au moins l’essentiel : leur capacité d’influence décisive au sommet de l’appareil.

En 2002, le leader de la campagne CDU/CSU était Edmund Stoiber, homme politique bavarois (le détail a son importance, la CSU bavaroise étant traditionnellement moins atlantiste que la CDU de l’Allemagne du nord). Il perdit de justesse les élections, après une campagne où les choix de la grande presse, pour une fois, ne fut pas particulièrement net en faveur de la droite d’affaires (un choix de la grande presse à peu près aussi clair, à vrai dire, que les positions alambiquées de Stoiber sur la guerre d’Irak…).

La route était désormais dégagée pour Merkel, qui bénéficia, elle, en 2005, d’un soutien total de la part des médias – et remporta donc les élections. Ainsi alla la carrière de celle que les médias présentent comme « la femme la plus puissante d’Europe », et que les esprits mal intentionnés voient plutôt comme la soubrette du capital germano-américain.

Cependant, comme toujours, rien n’est simple. La très forte culture du consensus qui caractérise les élites allemandes fait qu’il pratiquement impossible de rattacher un politicien quelconque à un « camp » stable et bien défini, au regard d’un problème donné. En fait, si l’on excepte les situations où ils s’organisent collectivement pour incuber deux lignes le temps que l’histoire décide à leur place laquelle était la bonne, les politiciens allemands ont pour habitude de prendre des positions molles et flexibles, et de gérer en interne leurs débats, portes closes. La population s’en accommode majoritairement, l’ambiguïté consensuelle étant, là-bas, un mode de fonctionnement collectif très prisé.

Bref, on ne peut pas présenter Merkel comme une atlantiste inflexible, même si elle a, en 2003, pris position plutôt en faveur de la guerre d’Irak. Disons qu’elle est plus atlantiste que la moyenne des politiciens de son camp, eux-mêmes très atlantistes – mais cela peut changer, tout dépend des circonstances.

Or, justement, depuis quelques temps, cela a tendance à changer. Depuis la crise de 2007, Merkel semble, d’une manière générale, agir comme un poids mort, qui retarde et affaiblit la remise en cause du lien transatlantique – mais qui ne fait plus grand-chose pour le promouvoir franchement. La nuance n’a pas échappé aux observateurs attentifs.

Fondamentalement, Merkel est une opportuniste. Elle incarne au fond les qualités et les défauts des femmes en politique : elle sait remarquablement bien naviguer en fonction du vent – mais justement, quand il faut faire vent contraire, elle n’est pas à son aise. Et aujourd’hui, pour être atlantiste, au sein de la droite d’affaires allemande, il faut affronter un vent de face modéré, mais bien présent. Cette physicienne de formation, auteur d’un mémoire sur l’effet des hautes pressions dans la combinaison des molécules, est sans doute plus prompte à tenir un rôle de coordinatrice qu’à imposer ses vues brutalement. Dans le contexte actuel, il n’est donc pas certain qu’elle soit encore « l’homme » de la situation, pour ses sponsors atlantistes eux-mêmes confrontés à une situation très tendue, où le temps leur manque, et où chaque erreur peut se payer cash.

En 2007, Merkel s’est rendue en Chine, et a pris position pour un renforcement des relations commerciales sino-allemandes. Elle y a, certes, souligné que la Chine devait « jouer le jeu » du commerce international, mais concrètement, il s’agissait bel et bien de poursuivre l’ancrage de l’économie allemande dans la sphère de croissance constituée par l’Asie émergente, avec laquelle le patronat d’Outre-Rhin a trouvé un modus vivendi original (intégration logistique, l’Allemagne se réservant les activités à forte intensité technologique et capitalistique).

La suite l’a d’ailleurs très bien montré :


(source)

Commentaire : alors qu’entre 2007 et 2010, le commerce extérieur allemand régressait fortement (comme l’ensemble du commerce international), les relations germano-chinoises sont restées pratiquement constantes. Bien entendu, s’agissant de l’année 2010, le chiffre est une projection.

On remarquera qu’entre 2005 et 2010, les exportations allemandes vers les USA ont, quant à elles, baissé de 25 % environ (estimation).

Toute atlantiste qu’elle soit, Merkel ne peut tout simplement rien contre une dynamique économique de fond – le recul des USA, la montée en puissance de la Chine. Pour l’instant, les USA ont réussi à limiter leur décrochage – le financement d’une fausse reprise, en trompe l’œil et par le déficit budgétaire, ayant temporairement maintenu à flots le marché US. Mais on voit bien que si cette « reprise » craque (ce qu’elle fera certainement), l’Allemagne pourrait assez vite se retrouver avec la Chine comme premier client et premier fournisseur – ce qui imposera sans doute de revoir fondamentalement l’orientation économique globale du pays, et donc sa géostratégie.

Moins cruciales sur le strict plan économique, les relations germano-russes sont peut-être encore plus sensibles que les relations sino-allemandes en termes stratégiques. Et là encore, Merkel, tout en conservant un parfait atlantisme de façade, n’a finalement rien fait pour endiguer sérieusement le développement des relations commerciales bilatérales (peut-elle, d’ailleurs, faire quoi que ce soit ?).

Evolution en millions d’euros du commerce germano-russe (document allemand)

L’analyse de l’Ost Europa-Institut précise : « Le commerce extérieur germano-russe se développe indépendamment des changements politiques intérieurs ».

Non seulement le commerce allemand en Russie n’a pas régressé sous Merkel (en fait, il a progressé plus vite que sous Schröder !), mais en outre, les investissements allemands en Russie, il est vrai initialement fort modestes, ont littéralement explosé :

(Investissements directs allemands en Russie, en millions d’euros, même source – la progression est impressionnante, de sorte que, même si en 2007 les investissements allemands en Russie ne représentaient encore que 5 % des investissements allemands à l’étranger, la Russie commence à devenir un moteur de développement très significatif pour l’Allemagne).

Ces trois dernières années, l’évolution s’est poursuivie si l’on ramène le commerce germano-russe à l’évolution globale du commerce extérieur allemand (marquée, comme partout sur la planète, par une très forte chute). Pour les dernières données disponibles sur le web (2008 et une partie de 2009), le poids de la Russie dans le commerce extérieur allemand continue de croître, à un rythme de l’ordre de +10% par an. La crise russe a sans doute endigué momentanément cette tendance, mais la dynamique d’ensemble n’est pas brisée.

Nul doute dans ces conditions que dans les cercles atlantistes, la cote de popularité de Frau Merkel est aujourd’hui assez loin du zénith atteint en 2003. Si le développement des relations germano-russes s’accompagnait d’une « démocratisation » de la Russie (c’est-à-dire de son occidentalisation), la démarche aurait probablement l’appui des USA. Mais ce n’est pas ici de cela qu’il s’agit ; on dirait plutôt que l’Allemagne a de moins en moins d’intérêts communs avec l’Ouest, et de plus en plus avec l’Eurasie. Et cela, ça ne doit pas plaire à Washington.

On relèvera donc avec intérêt que, depuis quelques temps, les milieux atlantistes semblent investir beaucoup sur un politicien totalement inconnu en France, mais doté en Allemagne d’une influence certaine : Friedrich Merz.

Un personnage haut en couleur, dont le portrait mérite le détour, tant il est révélateur. C’est lui qui va nous servir de « fil rouge » pour analyser, à travers un exemple assez croustillant, les stratégies d’influence de l’Empire en Allemagne.

Merz est avocat d’affaires. Sa notice Wikipédia nous apprend qu’il fut membre de l’association des étudiants catholiques, qu’il a été employé au début de sa carrière par l’industrie chimique, comme juriste, et qu’il fut tour à tour député européen et député au Bundestag (la CDU/CSU le positionna très bien au sein du comité des finances). Plutôt dans le sillage de Schaüble au début des années 2000, il survécut à la victoire de Merkel, et conserva l’essentiel de ses attributions au parlement. Il en profita pour enfourcher deux principaux chevaux de bataille : la libéralisation tous azimuts (réforme fiscale) et la critique du « passéisme » des musulmans immigrés en Allemagne. Bref, un politicien libéral néoconservateur bon teint.

Mais il y a aussi ce que Wikipédia ne dit pas. Par exemple, que depuis 2004, tout en poursuivant une carrière politique, Merz a travaillé pour « Mayer, Brown, Rove & Maw », une firme américano-britanico-mondialisée, en charge, entre autres, de la défense juridique de la compagnie « Hudson Advisors ». C’est intéressant, parce que cette compagnie racheta la banque IKB, après sa faillite en 2007, dans des conditions plus que douteuses (achat pour 150 millions d’euros, en échange d’une garantie gouvernementale de 600 millions d’euros). L’affaire a fait grand bruit Outre-Rhin, où un collectif des investisseurs spoliés s’est même constitué.

Plus croustillant encore, Merz, dont l’agenda semble indéfiniment extensible, a trouvé le temps, en 2005, de conseiller la banque Rothschild en Allemagne, au moment où un de ses fonds d’investissement, TCI (« the children investment ») attaquait la bourse allemande (pour dissuader le président de la Deutsche Börse de prendre le contrôle du London Stock Exchange). On remarquera ici, toujours pour le côté croustillant de l’affaire, que TCI fut officiellement constitué pour aider au développement des pays du tiers-monde via le microcrédit (comme si un hedge fund pouvait être une œuvre caritative !). Et que ce fonds spéculatif est en réalité connu pour pratiquer fréquemment de très agressives spéculations à la baisse, pratiquement assimilables à des manipulations de cours. TCI peut compter, pour appuyer sa démarche, sur la complicité des agences de notation, d’où sa forte profitabilité. Voilà pour les œuvres caritatives de monsieur Merz.

Sans doute parce qu’après ces affaires successives, un véritable concert de casseroles se faisait entendre derrière lui dans les couloirs du Bundestag, Merz ne s’est pas présenté aux élections de 2009, se mettant en quelque sorte « en retrait » de la vie politique officielle. Cela ne l’a pas empêché de continuer à faire avancer les affaires de ses mandants.

Merz, en quittant le Bundestag, devint président de la fondation Atlantik Brücke. Or, ces dernières semaines, on a assisté, au sommet de l’organigramme de cette fondation, à un curieux ballet. Friedrich Merz a été violemment attaqué par WLK (voir ci-dessus), au motif que Merz entraînait la fondation dans un conflit avec Merkel. Merz a en effet rédigé récemment un livre avec une figure du SPD (1), et ce serait la raison de l’ire de WLK – même si on subodore que ce n’est là qu’un prétexte, et qu’il s’agit ici de bien autre chose que d’un vulgaire bouquin.

WLK est président d’honneur de la fondation Atlantik Brücke depuis sa condamnation suite à l’affaire de la caisse noire de la CDU (une sorte de récompense pour avoir porté le chapeau, probablement). Président d’honneur, mais doté d’une influence plus qu’honorifique, il est parvenu, dans un premier temps, à obtenir l’éviction de Merz.

Mais dans un deuxième temps, celui-ci a regroupé ses soutiens, et finalement triomphé. Et cela n’est pas tout à fait anodin.

Un journaliste d’investigation allemand, Jürgen Elsässer, a eu la curiosité de regarder qui, au sein de la fondation Atlantik Brücke, avait soutenu WLK ou Merz. Et il s’est aperçu de quelque chose d’assez révélateur (2) : en substance, ce sont les représentants de la partie allemande de l’axe germano-américain qui ont soutenu WLK (la grande industrie), tandis que les représentants de la partie sous dominance capitalistique américaine (par exemple le rédacteur en chef de Bild Zeitung) appuyèrent Merz, lequel bénéficia dans l’ensemble du soutien de la grande presse (3). A l’intérieur de la fondation Atlantik Brücke, il y a donc eu reprise en main par les agents d’influence américains, au détriment de leurs associés plus soucieux des intérêts proprement allemands.

En somme, il se pourrait bien qu’avec l’affaire Merz, les milieux atlantistes aient envoyé un message à Merkel : n’oublie pas qui t’a fait roi. Une épée de Damoclès surmonte désormais la tête de Frau Merkel. A elle de ne pas se tromper à l’avenir. Le sacrifice de WLK et le sauvetage de Merz ressemblent bigrement à un avertissement adressé, par les milieux atlantistes, à des élites allemandes de moins en moins enclines à coupler leur économie à une Amérique qui leur a certes beaucoup rapporté par le passé, tant que les USA s’endettaient, mais qui risque maintenant de se transformer en fardeau, puisqu’ils sont ruinés.

*

Nous sommes moins bien renseignés sur la Russie que sur l’Allemagne. Il faut bien dire que le Kremlin n’est pas précisément réputé pour sa transparence…

Décidément, la Russie restera toujours la Russie. Pour qui voit les choses de loin, aujourd’hui, il y a, à Moscou, un Grand Tsar (Poutine), un héritier ambitieux (Medvedev) et des boyards comploteurs (les oligarques). Le Tsar a le soutien du peuple, l’héritier est obligé de s’appuyer sur les boyards pour acquérir de l’influence, et les agents étrangers naviguent entre les factions rivales dans une ambiance de cour byzantine. Le Grand Souverain parviendra-t-il à déjouer les complots des boyards pour sauver la Sainte Russie ? – Telle est la question. Il ne manque plus qu’un moine mystique dans la pénombre, et on se croirait dans un roman historique !

Bref, trêve de plaisanteries.

Essayons, armés du peu d’informations dont nous disposons, de démêler l’écheveau de la vie politique russe (la vraie, celle qui se joue dans les coulisses). Nous verrons que la Russie reste la Russie, mais que les choses sont, tout de même, un peu plus compliquées que dans un film d’Eisenstein.

Petit rappel du paysage russe, pour commencer.

Dans les années 1990, après l’écroulement de l’URSS, quelques dizaines d’oligarques se sont littéralement partagé les dépouilles de l’économie russe. C’est probablement le plus grand pillage de tous les temps, en tout cas la plus formidable disparition de valeurs jamais vue en temps de paix. De véritables colosses industriels ou miniers ont été bradés par Eltsine à ses « amis », c’est-à-dire, en fait, ses financiers.

En reprenant le pays, en 2000, Poutine fit preuve de pragmatisme. Conscient des rapports de force, il n’a pas attaqué frontalement les oligarques. Il s’est contenté de leur fixer les règles du jeu : ils eurent le droit de conserver leurs propriétés, même mal acquises, à une condition, les mettre au service de la grandeur et de la puissance de la Russie. L’officialisation de cette position s’est faite en deux temps : d’abord, dès son entrée en fonction, Poutine signa un décret qui exemptait Eltsine et son entourage de toute enquête sur leurs malversations (sans doute était-ce le prix à payer pour entrer en fonction) ; ensuite, ayant rassuré, il punit. Il disposait pour cela d’une force d’appoint décisive : le soutien des réseaux ex-KGB, bien décidés à restaurer la « verticale du pouvoir » (en d’autres termes : en finir avec l’anarchie destructrice des années Eltsine).

Mikhaïl Khodorkovski est alors le président du géant pétrolier Ioukos, qu’il a acquis pour une somme dérisoire par rapport à sa valeur réelle (à peu près 1,25 % d’après des estimations sérieuses). Il envisage de revendre l’entreprise à un groupe occidental. Poutine s’y oppose, mais Khodorkovski persiste – il vient de transmettre ses parts au financier britannique Jacob Rothschild. Cette fois, l’oligarque a passé une ligne rouge : il est arrêté et condamné à huit ans de prison. Le message est simple : tant que vous obéissez à Poutine, on ne vous demande pas de compte sur la période Eltsine. Mais si vous désobéissez, vous aurez l’insigne honneur de participer avec enthousiasme à la colonisation de la Sibérie (Khodorkovski est, aux dernières nouvelles, à l’isolement dans une colonie pénitentiaire située sur un gisement d’uranium à ciel ouvert – Elie Wiesel a d’ailleurs lancé une campagne pour essayer de le sortir de là – on lui souhaite bonne chance).

La plupart des oligarques se sont accommodés de la méthode Poutine. D’abord parce qu’ils n’avaient pas envie de finir à l’isolement sur un gisement d’uranium, ensuite parce qu’au fond, ils savent bien que la « verticale du pouvoir » est indispensable en Russie.

Parmi les oligarques qui se rallièrent à Poutine (Roman Abramovitch, Pavel Fedoulev, Vladimir Potanine…), le plus important était sans doute Anatoli Tchoubaïs. Retenons ce nom, ce sera notre « fil rouge » pour décoder l’influence atlantiste en Russie.

Les milieux d’affaires occidentaux ont toléré mise en place du système Poutine parce qu’ils n’avaient tout simplement pas le choix. Ils ont bien tenté de financer des partis libéraux, avec Gary Kasparov en figure de proue, mais le libéralisme est, en Russie, assimilé à l’ère Eltsine, de sorte qu’il culmine à 5 % des votes. En réalité, il est complètement impossible de réaliser, en Russie, une « révolution colorée » à la Soros (comme celle qui fut tentée et, provisoirement, réussie en Ukraine), parce qu’à part Moscou et Saint-Pétersbourg (et encore), le pays est totalement imperméable au projet libéral anglo-saxon. Comme il n’est pas non plus envisageable d’attaquer militairement la Russie, dès lors que le Kremlin est unifié et déterminé, les acteurs sous influence occidentale ne peuvent jouer qu’un rôle subalterne.

Mais les données du problème changent dès lors que le Kremlin n’est plus unifié. La rupture apparente du tandem Poutine-Medvedev offre donc, depuis quelques mois, de nouvelles possibilités d’action aux « occidentaux ».

L’homme à suivre en premier lieu est, sans doute, notre « fil rouge » : Anatoli Tchoubaïs. Surnommé « le père de tous les oligarques », c’est de toute manière un personnage-clef. C’est lui qui organisa, en grande partie, la privatisation-pillage des années 90. C’est encore lui, aujourd’hui, dont l’influence grandit au sein du cercle Medvedev – du moins dans la mesure où nous sommes informés correctement des évolutions au sein d’une direction moscovite fort peu transparente.

Tchoubaïs fait partie des milieux économiques qui souhaitent orienter la Russie vers les technologies de pointe, en particulier l’informatique civile et les nanotechnologies, pour diversifier une économie trop dépendantes des exportations de matières premières – ce en quoi il n’a pas forcément tort. Il est surprenant qu’un pays à la pointe de la recherche militaire (développement des systèmes laser anti-détection sur les avions de chasse, sous-marins nucléaires ultra-furtifs de quatrième génération, chasseur T-50 de cinquième génération, comparable au F-22 américain) ne soit capable d’exporter que des matières premières… et des armes.

Or, on a pu constater, ces dernières semaines, que Medvedev semblait s’approprier le projet « high tech » de Tchoubaïs. En mai 2010, dans un discours au comité pour la modernisation de l’économie russe, il a pris position en faveur du développement accéléré des technologies de l’information et de la communication. On remarquera ici, au passage, que ce choix impliquerait le développement d’une plus forte intégration entre l’économie russe et le leader dans ce domaine, leader qui reste (au moins pour ce qui relève du software) les Etats-Unis – et impliquerait, en contrepoids, un moindre investissement dans le projet industriel classique qui sous-tend évidemment le commerce germano-russe.

En filigrane, on doit peut-être ici discerner un axe Tchoubaïs-Medvedev, le premier « vendant » au second l’intégration de la Russie dans l’économie occidentale, sur un pied d’égalité, le second s’empressant de croire à la promesse (pourtant bien nébuleuse) du premier, afin de se doter d’un soutien de poids, dans la perspective d’un face-à-face avec Poutine aux élections prochaines. La communication très « occidentalisante » adoptée par Medvedev ces derniers temps (rencontre avec Bono, le leader de U2, etc.) laisse penser que c’est le cas.

Si cette analyse est correcte, alors il semble bien que Tchoubaïs ait décidé de miser sur Medvedev en vue d’accroître le pouvoir des oligarques – une intrigue de palais, au sein des tout petits milieux pétersbourgeois qui trustent les postes de responsabilité à Moscou, depuis dix ans (Tchoubaïs, Poutine et Medvedev sont tous trois issus de la « suite » d’Anatoli Sobtchak, ex-maire de Saint-Pétersbourg). Mais peut-être est-ce, aussi, un peu plus qu’une intrigue de palais… Dans quelle mesure Tchoubaïs agit-il ici sur ordre des occidentaux ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que son influence joue en faveur d’un retour de l’Occident en Russie.

Poutine, l’homme de l’alliance chinoise, contre Medvedev, l’homme de l’OTAN ? Sans aller jusque là, force est de constater que les lignes de communication respectives des deux hommes, à ce stade, laissent penser qu’un véritable affrontement se prépare. D’un côté, Medvedev, l’ex-fan de hard rock, partisan de l’inscription de la Russie dans l’univers occidental (virtualisme, nouvelles technologies). En face, Poutine, l’homme de la Russie profonde, partisan d’une politique de puissance et champion de la lutte anti-corruption (récent discours très dur, sur ce sujet, pour dénoncer les dérives de la bureaucratie au niveau local – purges en perspective ?).

Poutine est fort de son bilan (la gestion de la crise financière de 2008 a été remarquable, la dévaluation du rouble a permis une relance rapide). Medvedev, lui, entend communiquer sur un retour du rêve occidental.

Medvedev propose implicitement à la Russie de capitaliser sur son statut de puissance retrouvé (symbole fort : pour la première fois, en 2009, les ventes d’armes russes ont dépassé celles des USA en Amérique Latine). Dans la logique Medvedev, il s’agit, à présent que le siège semble brisé (axe économique germano-russe en construction, Ukraine à nouveau sous contrôle, présence marquée en Asie Centrale, abandon du projet antimissiles US en Europe de l’est) d’encaisser les dividendes : principalement, obtenir le soutien de l’Occident pour une intégration accélérée dans l’OMC (4), et de manière plus générale une place honorable dans l’ordre économique international. Le président russe peut compter, pour déployer cette communication, sur le soutien d’une partie des médias. Et il dispose, il ne faut pas s’y tromper, d’arguments réels : pour diversifier son économie, la Russie a besoin d’importer du savoir-faire occidental, comme la Chine l’a fait ces dernières décennies – et cela, c’est un fait.

Poutine, de son côté, a déjà fait donner ses propres réseaux (l’appareil d’Etat, principalement) pour contrebattre la ligne de communication Medvedev. En filigrane, derrière ces discours pro-Poutine, on devine une mise en garde : le « rêve occidental » n’est qu’un leurre. Le siège n’est pas définitivement brisé, il est trop tôt pour encaisser les dividendes. L’influence anglo-saxonne continue, partout où elle le peut, de contrecarrer le retour de la Russie (en Asie centrale, en Europe de l’est, mais aussi, désormais, en Amérique Latine). Les livraisons d’armements OTAN à la Géorgie se poursuivent. Comment attendre quoi que ce soit de l’Occident, dans ces conditions ?

Ce qui rend ce heurt apparent très difficile à analyser, c’est qu’il est impossible, en Russie, de séparer les prises de position des deux hommes du consensus latent des élites qui les soutiennent. Or, ces élites sont caractérisées par une opacité extrême, et une stabilité sous-jacente qu’on n’imagine pas en Occident. Détail révélateur, c’est la même plume qui rédige aujourd’hui les discours de Medvedev, rédigeait hier ceux de Poutine, et avant-hier ceux de Eltsine. En fait, il faut bien garder en tête, ici, que nous pouvons avoir l’impression d’un clivage Poutine / Medvedev, et que cependant, dans la réalité, dans la coulisse, il y a consensus pour négocier un accord avant la prochaine élection présidentielle. Tout ce qu’on peut dire à ce stade de solide et sérieux, c’est que la marge de manoeuvre de Medvedev, jusque là presque nulle, semble croître, et que des influences pro-US très fortes se manifestent désormais au niveau des classes dirigeantes russes.

Medvedev n’est pas l’homme qui fera basculer la Russie dans l’atlantisme, c’est plus compliqué que cela. Il faut toujours se souvenir que Poutine voulait initialement se lier avec les USA, et que c’est Washington, au départ, qui a refusé sa proposition de partenariat, il y a dix ans. En Russie, rien n’est simple, tout est possible.

*

Derrière l’affaire Merz en Allemagne et le cas Tchoubaïs en Russie, une isomorphie : un Empire en train de perdre la maîtrise de la mondialisation qu’il impulse, et qui, pour retarder et si possible annuler les conséquences de son déclin dans l’économie réelle, pour contrôler les élites rivales et maîtriser leurs choix, mise sur la cooptation sélective au sein de ces élites.

Plutôt que la « révolution colorée » méthode Soros, et (pour l’instant) aux antipodes de la brutalité néoconservatrice, on retrouve là le schéma d’influence proposé par Z. Brzezinski, l’éminence grise de Barack Obama.

Quelques citations de son ouvrage principal, « Le Grand Echiquier » (5) :

« Par définition, les empires sont des entités politiques instables, parce que les unités subordonnées préfèrent, presque toujours, acquérir une plus grande autonomie. Et presque toujours, les contre-élites gérant ces unités s’emploient à accroître leur autonomie. » (citation que Z.B. tire de l’universitaire Donald Puchala.)

« Pour l’Amérique, l’enjeu géopolitique principal est l’Eurasie. Depuis cinq siècles, les puissances et les peuples de ce continent ont dominé les relations internationales. Aujourd’hui, c’est une puissance extérieure [l’Amérique] qui prévaut en Eurasie. Et sa primauté globale dépend étroitement de sa capacité à conserver cette position. »

« Tous les rivaux politiques et/ou économiques des Etats-Unis sont situés en Eurasie. Leur puissance cumulée dépasse de loin celle de l’Amérique. Heureusement pour cette dernière, le continent est trop vaste pour réaliser son unité politique. »

« Si l’espace central de l’Eurasie [la Russie] peut être attiré dans l’orbite de l’ouest [l’Europe], où les Etats-Unis sont prépondérants, […] et si l’Est [Chine-Japon] ne réalise pas son unité de sorte que l’Amérique se trouve expulsée de ses bases insulaires, cette dernière conservera une position prépondérante. »

« L’arme nucléaire a réduit, dans des proportions fantastiques, l’usage de la guerre comme prolongement de la politique. […] Ainsi les manœuvres, la diplomatie, la formation de coalitions, la cooptation et l’utilisation de tous les avantages politiques sont désormais les clefs du succès dans l’exercice du pouvoir géostratégique. »

« Dans la terminologie abrupte des empires du passé, les trois grands impératifs géostratégiques se résumeraient ainsi : éviter les collusions entre vassaux et les tenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives. »

« La France et l’Allemagne sont assez puissantes pour avoir une influence régionale au-delà de leur voisinage immédiat. […] De plus en plus, l’Allemagne prend conscience des atouts qu’elle a en propre. […] Du fait de sa situation géographique, l’Allemagne n’exclut pas la possibilité d’accords bilatéraux avec la Russie. »

« La Russie a de hautes ambitions géopolitiques qu’elle exprime de plus en plus ouvertement. Dès qu’elle aura recouvré ses forces, l’ensemble de ses voisins, à l’est et à l’ouest, devront compter avec son influence. »

« Un scénario présenterait un grand danger potentiel : la naissance d’une grande coalition entre la Chine, la Russie et peut-être l’Iran. »

« On peut s’inquiéter d’un échec du processus [d’unification européenne] et de ses conséquences […] pour la place de l’Amérique sur le continent. […] La Russie et l’Allemagne pourraient tirer parti de cette nouvelle situation et se lancer dans des initiatives visant à satisfaire leurs propres aspirations géopolitiques. »

Ce paragraphe, très important dans le contexte actuel, signifie que Brzezinski souhaite dans une certaine mesure le développement des liens germano-russes, mais seulement si l’Allemagne est, via l’Union Européenne codirigée avec une France capable de maintenir une forme de parité, ancrée dans un monde atlantique lui-même sous leadership américain. Brzezinski parle, pour décrire l’Europe qu’il souhaite, de « tête de pont de la démocratie » (en clair : de l’Amérique). Et donc, une situation, où la France serait trop faible pour maintenir cette parité, modifierait fondamentalement l’attitude des USA à l’égard de la question germano-russe – surtout si, dans le même temps, l’Amérique est si affaiblie qu’elle n’a plus les moyens de faire clairement percevoir son leadership global.

Nous avons confirmation de cette lecture plus loin : « A long terme, la France est un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe. […] Voilà pourquoi, encore, l’Amérique ne saurait choisir entre la France et l’Allemagne. »

En clair : aussi longtemps que l’Europe s’unifie sous la tutelle américaine, l’Allemagne doit être poussée à étendre sa zone d’influence vers l’est. Mais si ce nouveau Drang nach Osten devait déboucher sur la définition d’un axe Berlin-Moscou émancipé de la tutelle US, alors il faudrait que les USA donnent les moyens à la France de rééquilibrer l’Europe. Ce point est, évidemment, pour nous, Français, d’une grande importance. Nous allons peut-être avoir, enfin, la possibilité de desserrer l’étau de l’alliance germano-américaine.

*

De tout ceci, en attendant, on peut tirer une conclusion simple s’agissant de l’Empire : nous assistons probablement, derrière l’affaire Merz et le cas Tchoubaïs, au déploiement d’une vaste stratégie US, dont la finalité est d’empêcher que la « tête de pont de la démocratie » se mue, en éclatant, en tête de pont de l’économie eurasiatique.

Profondément affaiblie par la crise économique, l’Amérique perd la maîtrise de la mondialisation. Si, comme on peut le penser, sa « reprise » en trompe-l’œil, financée par le déficit budgétaire, implose dans les deux ans qui viennent, la balance pourrait commencer à peser de plus en plus nettement en faveur de la Chine, y compris au sein des classes dirigeantes européennes – et allemandes en premier lieu. Une situation qui pourrait entraîner, à long terme, la constitution d’une économie eurasiatique dynamique et partiellement intégrée, dont l’Amérique, déclassée, ne serait plus qu’une périphérie.

Le troisième impératif de Brzezinski, « empêcher les barbares de former des alliances offensives », ne serait alors plus garanti, puisque le premier, « éviter les collusions entre vassaux », aurait volé en éclat. Il y a treize ans, dans « Le Grand Echiquier », Brzezinski écrivait, en substance, que pour conduire à terme le projet mondialiste dans de bonnes conditions, il fallait que l’hégémonie US soit maintenue encore pendant une génération – il est de plus en plus évident que cette condition sera peu aisée à remplir. Le fond du problème est évident, il suffit de relire « Le Grand Echiquier » pour le comprendre : la montée en puissance de la Chine va beaucoup plus vite que ce qui avait été anticipé par Brzezinski.

Peu capables de s’opposer à cette dynamique économique de fond, les milieux atlantistes ont, de toute évidence, choisi pour l’instant de jouer sur les armes d’influence recommandées par Brzezinski : « les manœuvres, la diplomatie, la cooptation ».

Sur ce dernier point, il écrit, dans « Le Grand Echiquier » : « Deux étapes fondamentales sont donc nécessaires. Premièrement, identifier les Etats géopolitiquement dynamiques qui ont le potentiel de créer un basculement important en terme de distribution internationale du pouvoir, et décrypter les objectifs poursuivis par leurs élites politiques, et les conséquences éventuelles. Deuxièmement, mettre en oeuvre des politiques US pour les compenser, coopter, et/ou contrôler. »

Compenser : Medvedev contre Poutine, la fondation Atlantik Brücke contre une partie du haut patronat allemand. Coopter : Merz. Contrôler : Tchoubaïs.

Si la démarche échoue, il ne restera plus à l’Empire qu’à choisir entre la défaite et la guerre.

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Notes :

(1) « Ce qu’il faut faire maintenant : l’Allemagne 2.0 », coécrit avec un ancien politicien SPD, « de gauche », Wolfgang Clement. L’étiquette « gauche » ne doit pas ici abuser le lecteur. Ce monsieur Clement, maintenant retiré de la vie politique, siège à de nombreux conseils de surveillance – sans doute une récompense pour avoir conduit une bonne partie des réformes social-libérales de l’ère Schröder.

(2) Source : « Est-ce que les cercles anglo-américains préparent une rocade du pouvoir en Allemagne ? », Jürgen Elsässer Blog

(3) Par exemple, la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ, l’équivalent allemand du Figaro) a publié, en mai 2010, un article présentant les critiques de WLK comme « peut-être » infondées, et « peut-être » motivées par de vulgaires considérations financières : « Bataille boueuse ».

Cet article a été écrit par un monsieur Majid Sattar, d’origine irakienne, qui a fait ses études aux USA.

(4) Il est utile, pour comprendre le positionnement de Medvedev, de se souvenir que lorsqu’il discute avec les Américains de l’Iran, par exemple, c’est entre deux séances de travail sur l’admission de la Russie à l’OMC.

(5) Le texte de Brzezinski est entouré de circonlocutions et formules obligées visant à nous présenter son projet comme l’expression d’une hégémonie américaine « bienveillante », destinée à conduire le monde vers la paix universelle et la démocratie. J’épargnerai au lecteur de subir ici ces formules hypocrites, pour mettre plutôt en exergue les passages qui traduisent, selon toute probabilité, la pensée profonde de l’auteur : défendre un Empire inégalitaire et prédateur, pour les meilleurs intérêts de ses classes dirigeantes corrompues.

(6) Ce texte a été rédigé avec l’aide bénévole de l’ami Fritz et d’oncle Vania, que l’auteur tient à remercier tout en respectant leur anonymat.

Scriptoblog

vendredi, 10 septembre 2010

Fin du pétrole: l'armée allemande sonne l'alarme

Fin du pétrole : l’armée allemande sonne l’alarme

Après le Pentagone, la Bundeswehr publie un rapport alarmiste quant aux conséquences, pour l’économie et la paix dans le monde, d’un pic pétrolier qui serait imminent.

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

L’article paru cette semaine dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel n’a pas échappé à Matthieu Auzanneau, collaborateur de Terra eco, qui chronique « le début de la fin du pétrole » sur son blog Oil Man. Le magazine s’est en effet procuré un rapport du département d’analyse du futur de la Bundeswehr, l’armée allemande, qui estime qu’il est probable que que « Peak Oil se produise aux alentours de l’année 2010, et qu’il ait des conséquences sur la sécurité dans un délai de quinze à trente ans ».

Ce pic pétrolier, c’est à dire le jour à partir duquel la production mondiale de pétrole amorcera un déclin inéluctable, entraînera une flambée des prix, et « à moyen terme, le système économique global et chaque économie de marché nationale pourrait s’effondrer », estiment les analystes de l’armée allemande. « Des pénuries de biens vitaux », notamment de nourriture, pourraient apparaître, ajoutent-ils, conduisant à la mise en place de « politiques de rationnement ». Les auteurs du rapport s’inquiètent aussi des conséquences géopolitiques de la raréfaction du pétrole qui pourrait favoriser la montée des extrémismes. Dans ce contexte, « les États qui dépendent des importations de pétrole » seront obligés « de montrer plus de pragmatisme à l’égard des pays producteurs », estiment-ils, en se montant, dans le cas de l’Allemagne par exemple, plus souple à l’égard de la Russie ou plus dur vis-à-vis d’Israël.

Ce rapport de la Bundeswehr intervient dans la foulée de celui publié en mars dernier par l’état-major interarmées américain et qui prévoyait une « crise énergétique sévère » d’ici à 2015. « Du pétrole, il n’y en aura pas pour tout le monde » titrait alors Terra eco. Et comme toujours ce sont ceux qui sont déjà les plus démunis qui en feront d’abord les frais.

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Terra economica

lundi, 06 septembre 2010

Zuma wirbt in China um Aufnahme in die BRIC-Gruppe

Der Nächste bitte: Südafrikas Präsident Jacob Zuma wirbt in China um Aufnahme in die BRIC-Gruppe

Wang Xin Long

Ex: http://info.kopp-verlag.de/

 

Der südafrikanische Präsident, Jacob Zuma, besuchte diese Woche Peking, seine letzte Station auf der Reise zu den BRIC-Staaten Brasilien, Russland, Indien und China. Zuma, der mit einer 300 Personen starken Wirtschaftsdelegation und einer seiner Frauen angereist war, wurde in Peking mit vollen militärischen Ehren begrüßt.

 

 

Zuma besucht China, um die wirtschaftlichen Beziehungen zwischen den beiden Ländern weiter auszubauen und für mehr chinesische Investitionen in Südafrika zu werben. Die Gespräche waren für beide Seiten erfolgreich, und bereits am Dienstag hatte man ein dutzend Kooperationsverträge unterzeichnet. Die angestrebten Kooperationen umfassen den Finanzmarkt, Versicherungen, Infrastrukturprojekte und die Telekommunikation. Außerdem greift die chinesische Entwicklungsbank dem südafrikanischen Mobilfunkdienstleister Cell C mit einem Kredit in Höhe von umgerechnet rund 240 Millionen Euro unter die Arme.

Darüber hinaus hat Jacob Zuma erneut sein Anliegen vorgetragen, Südafrika in der BRIC-Gruppe unterbringen zu wollen. Das Land sei reif für eine Aufnahme, sagte er in mehreren Interviews. Das Anliegen als solches ist zwar verständlich, denn immerhin handelt es sich bei den BRIC-Staaten um die größten volkswirtschaftlichen Potenziale der nächsten zehn bis 15 Jahre. Aber woher Zuma die Idee hat, dass Südafrika in diesen Club der wohlhabenden Nationen hineinpasst, ist manchen Kommentatoren schleierhaft.

In der Tat, Südafrika wirbt nicht erst seit gestern um Aufnahme in die BRIC-Gruppe, und man lässt keine Gelegenheit aus, bei den BRIC-Teilnehmern auf sich aufmerksam zu machen. Zuma bereist die Teilnehmerländer oft, und unterstreicht jedes Mal seine Vision von einer Teilnahme Südafrikas. Auch beim diesjährigen Sankt Petersburger Wirtschaftsforum (SPIEF) war Südafrika durch seinen Botschafter in Russland und den Geschäftsführer der Standard Bank, der größten südafrikanischen Bankengruppe vertreten

Zuma scheint zuversichtlich, dass seine Lobbyarbeit erfolgreich sein wird, und er den angestrebten Sprung in den Kreis der BRIC-Staaten schafft. Ein wenig überrascht ist man über das beharrliche Ansinnen des südafrikanischen Präsidenten an einigen Orten aber schon. Denn letztendlich bedarf es einer Aufnahme unter der BRIC-Doktrin einer gesunden Volkswirtschaft mit beträchtlichem Potenzial in bestimmten auserwählten Wirtschaftssektoren – und diese Potenziale müssen vom Begründer der Doktrin, der Goldman Sachs, auch als solche identifiziert werden können. Jacob Zuma wäre also gut beraten, einmal bei Jim O’Neill, dem Chef der Abteilung Globale Forschung bei Goldman Sachs nachzufragen, wie man denn dort über die Aufnahme Südafrikas denkt.

Ob der erst diese Woche von der chinesischen Entwicklungsbank erteilte Kredit an den angeschlagenen südafrikanischen Mobilfunker Cell C in Höhe von umgerechnet rund 240 Millionen Euro bei Goldman Sachs die nötige Euphorie und ausreichend Vertrauen in die Wirtschaftspotenziale Südafrikas hervorgerufen hat, ist fraglich.