Communiqué du « Mouvement Identitaire démocratique » (M.I.D.) – Namur, le 19 mai 2011
L’affaire Strauss-Kahn : garder la tête froide et chercher les raisons de ce scandale
Depuis quelques jours, les ondes, l’internet et la Galaxie Gutenberg déversent un flot d’informations et de spéculations sur l’affaire Strauss-Kahn. Quel est le vrai, quel est le faux dans tout ce pandémonium à connotations graveleuses ? Si c’est vrai, si le récit de la femme de chambre du Sofitel new-yorkais s’avère finalement exact, le malheureux Strauss-Kahn passera à la postérité, dans les notules des encyclopédies, pour un être grossier et indélicat. L’incident du Sofitel, vrai ou faux, véridique ou fabriqué, est une énième preuve supplémentaire que le monde moderne est celui de la vulgarité : la presse ne fonctionne qu’à coup de scandales provoqués par des escapades ou des bévues sexuelles marquées par le gâchis et la hâte, sans une romance qui pardonnerait tout, comme dans le cas de l’affaire Clinton/Lewinski ; et cette sexualité brutale et rapide est d’autant moins acceptable qu’elle provient surtout de représentants d’instances dirigeantes, qui ne relèvent ni du savoir souverain ni de la fonction guerrière, ni d’un monastère véhiculant le savoir traditionnel ni d’une université héritière du bon savoir profane, ni d’un ordre chevaleresque ni d’une institution militaire prestigieuse mais de la banalité économique et de l’usurocratie bancaire. Si l’incident est vrai, on pourra jaser et dire que bon nombre de hauts pontes de la finance ne sont finalement que de tristes goujats, d’infréquentables rustauds, généralement incultes, dont les agissements ne peuvent générer qu’un monde affreux, qu’une sinistre cacocratie.
Si au contraire l’incident du Sofitel est un montage (typiquement américain dans la mesure où ce type de cabbale n’est possible que dans une société marquée profondément par le puritanisme —en Italie, la récente affaire Berlusconi n’a pas fait trop de vagues, les Italiens riant sous cape des mésaventures du « Cavaliere » avec une jeune et belle prostituée marocaine), cela ne changera peut-être rien sur le fond : tout détenteur d’un quelconque pouvoir, qui doit celui-ci à l’économie et à l’usure, relève de la pire des bassesses d’âme. L’incident aura simplement fait tomber le masque. Mais si l’on retient la thèse du montage, on doit se mettre à poser des questions. La première de celles-ci est relative au mobile, à la pulsion qui aurait poussé le président du FMI à culbuter la soubrette new-yorkaise sur la couche luxueuse de sa belle suite. Dans la position de Strauss-Kahn, aurait-on fait pareil ? Se serait-on conduit comme un puceau fébrile, trop empressé à consommer sa première dose de stupre ? Ou comme un ivrogne qui ne se tient plus, harponnant de la meuf, bandant mal dans son délire tout en éructant et en titubant ? Non, évidemment. Strauss-Kahn avait suffisamment d’argent à sa disposition pour commander, si d’aventure il était en manque d’amours vénaux, auprès d’une mère maquerelle, qu’on peut imaginer gérante d’une maison de luxe, une demoiselle sculpturale et marmoréenne mais de petite vertu qui aurait décidé, un jour, de monnayer ses charmes et ses techniques érotiques et érogènes pour se constituer un petit pactole afin d’ouvrir, dans une prochaine vie future, un restaurant à Miami ou en un autre lieu de villégiature car ce genre de « plan de vie » est assez banal dans le milieu de la prostitution. Quitte à déguiser cette demoiselle en soubrette, à la munir d’un plumeau, à la faire évoluer dans la suite les gambettes galbées, engoncées dans des bas résilles retenus par d’affriolants porte-jarretelles, et à débouler, nu comme un lombric, de sa salle de bain pour la prendre à la hussarde. Ç’aurait été une opération commerciale, sans plus, dans la vaste industrie du stupre, vieille comme le monde. L’accusation, la description des faits, l’anonymat de la plaignante paraissent donc bizarres, sans aucun témoin autre que la soubrette supposée avoir été violentée par un vieux coquin indélicat. Doit-on rappeler aussi que soubrettes, serveuses de bar ou autres barmaids d’établissements plus ou moins convenables risquent à tout moment de subir assaut similaire, sans pour autant être consentantes, et que si elles ne veulent pas prendre ce risque, eh bien, elles n’ont plus qu’à changer de métier. On ne devient pas maître nageur quand on est hydrophobe ni sapeur-pompier quand on est pyrophobe.
Les prisons devraient regorger d’indélicats, en tous points du globe, si tous les amateurs trop empressés de la bagatelle, tous les jean-foutre incapables de débiter un bon baratin, devaient finir menottés devant une juge new-yorkaise. Quand on a la position de Strauss-Kahn, généralement, on s’adresse, nous venons de le dire, à des professionnelles ou, si tel n’est pas le cas, l’incident est classé sans suite moyennant compensation sonnante et trébuchante. C’est tout aussi vrai chez le commun des mortels, même si la réconciliation se borne à une omelette aux champignons dans le snack du coin ou à un petit vin blanc bu sous les tonelles. Si Strauss-Kahn a été amené dans un sordide cachot new-yorkais comme un vulgaire poivrot afro-américain du Bronx, c’est qu’il a fauté contre les maîtres du monde, dont il était mais n’est plus, dont il a visiblement été chassé du club : sa descente aux enfers, dans un univers privé de toute métaphysique, commence donc dans la cellule d’un commissariat de Manhattan. Si ce scandale éclate, c’est parce qu’on veut ruiner sa carrière ultérieure : tant au FMI que dans le cadre local de la politique française. Peut-on étayer une telle thèse ?
On se souviendra d’un article anonyme, paru initialement dans un hebdomadaire munichois en septembre dernier (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/ ), où le journaliste avertissait clairement les Européens : les Etats-Unis entendent dominer de manière absolue le FMI. Pour y parvenir, il faut qu’ils réussissent, par intrigues et par pression, à diminuer le nombre de sièges européens et à les remplacer par des sièges réservés d’avance à certains « pays émergents », ceux qui sont fidèles à l’alliance américaine et seront de bonnes petites marionnettes qui entérineront sans regimber les volontés des maîtres occultes de la finance US. Ensuite, si l’on pouvait affirmer naguère que Strauss-Kahn était bel et bien le candidat idéal des instances mondialistes pour accéder à la présidence française en 2012, ce n’est plus entièrement le cas : Sarközy a donné des gages. Il a réintroduit de plein pied la France dans l’OTAN en trahissant la politique gaullienne que son parti devait logiquement défendre par esprit de continuité. Ensuite, très récemment, le petit Sarközy est parti en guerre contre la Libye de Kadhafi, sanctionnant de la sorte un Axe Washington/Londres/Paris au détriment des politiques traditionnelles de la Cinquième République, privilégiant l’axe carolingien franco-allemand et une politique de détente avec Moscou (voire une politique non atlantiste en Amérique latine et en Inde). La France n’a donc plus besoin d’un président socialiste et financier, figure habituellement garante de l’alliance américaine ; le faux gaulliste et vrai droitier libéral Sarközy suffit : inutile de le déboulonner.
Ensuite, un FMI, sans présidence européenne, est un risque pour l’ensemble de notre continent, pour la zone euro. On chuchote en coulisse que Strauss-Kahn ne voulait pas abandonner la Grèce à son triste sort, qu’il souhaitait un nouveau plan de sauvetage des pays fragilisés, comme l’Irlande et le Portugal, voire l’Espagne, l’Italie et la Belgique (voir l’article d’Andrea Perrone dans le quotidien romain Rinascita du 13 mai 2011, « FMI : Italia e Belgio a rischio contagio »). Perrone : « L’objectif mal dissimulé [des spéculations] n’est finalement ni l’Italie ni la Belgique en particulier mais l’ensemble des Etats qui ont adopté l’euro comme monnaie de référence commune. Au-delà de tout jugement que l’on pourrait porter contre la monnaie unique ou contre sa banque centrale européenne émettrice ou contre le fait que les Etats, en l’acceptant, ont cédé leur souveraineté en même temps que celle de leurs banques centrales nationales, cette monnaie unique, mal aimée, est toujours perçue avec aversion profonde à Londres et à Washington, parce que Britanniques et Américains craignent de voir progressivement s’estomper le rôle historique de leurs propres monnaies (la livre sterling et le dollar). Dès lors, frapper un Etat comme l’Italie, qui est la troisième ou la quatrième puissance économique en Europe, reviendrait à provoquer une fissure profonde dans l’architecture de la monnaie commune. La même conclusion peut être posée en ce qui concerne la Belgique, pays où se sont établies quelques-unes des plus importantes institutions de l’UE et qui est, tout comme l’Italie, un des membres fondateurs de l’Union ». Comme on le sait depuis toujours, le plan américain est de torpiller l’euro, en s’attaquant d’abord à ses franges les plus faibles avant de passer à une offensive de plus vaste envergure. La raison de cette fixation hostile à l’euro provient du risque patent de voir celui-ci devenir la monnaie universelle de rechange au détriment du dollar. Le plan de sauvetage de l’euro, concocté par Strauss-Kahn et ses affidés, qui voulaient faire de cette initiative leur image de marque pour les présidentielles françaises, a conduit très probablement à la damnation du personnage, par le truchement d’un vague scandale sexuel, où le ridicule, bien mis en exergue par les instruments de la société du spectacle, a tué plus sûrement que n’importe quelle balle de 9 mm. Un journal russe ne titrait-il pas que le sort de la Grèce avait basculé à cause d’une femme de chambre new-yorkaise ? Cyniquement parlant : la vertu, en apparence outragée, de cette brave femme vaut-elle que l’on sacrifie tout un pays européen de onze millions d’habitants, sacrifice qui est sans nul doute le prélude du sacrifice des Portugais, des Irlandais et des autres candidats à la faillite étatique ? Ne vaudrait-il pas mieux que DSK, s’il est bien coupable de cette insupportable gaminerie, file à la femme de chambre new-yorkaise, qu’il aurait alors bel et bien harcelée, assez de flouze pour se payer une belle baraque dans un endroit idyllique, où se retirer après une bonne vie de labeur ? La Grèce vaut bien cette petite hypocrisie…
Ensuite, comme le signale le quotidien parisien Le Figaro du 17 mai, la politique américaine, au sein du FMI, veut promouvoir, au détriment des sièges européens, les « pays dits émergents ». En soi, l’idée est acceptable et négociable mais, en l’occurrence, de quels pays émergents s’agit-il ? De pays proches du BRIC ou du Groupe de Shanghai ? Nenni ! Il s’agit de Singapour, de la Turquie et de l’Afrique du Sud. Singapour appartient bien, en tant que Cité-Etat, à la sphère traditionnelle du libéralisme le plus pur et le plus dur, le plus exigent et le plus exploiteur. La Turquie est un pays certes émergent mais encore bien fragile : et un président turc du FMI, successeur de DSK, ne favoriserait-il pas le processus d’adhésion d’Ankara qui, s’il se concrétise, précipitera toute l’Europe dans un marasme indescriptible en ruinant les systèmes de sécurité sociale par une immigration débridée et en ruinant la politique agricole commune en pompant la majeure partie des subsides eurocratiques de la PAC au détriment de pays agricoles centre-européens et méditerranéens. Quant à l’Afrique du Sud, sa position est actuellement ambiguë : la fin du mandelisme a signifié un recul de l’influence britannique et américaine, sans pour autant l’annuler, et l’avènement du nouveau pouvoir, dominé par l’ethnie zouloue, a rapproché l’Afrique du Sud du BRIC, si bien qu’on a pu parler de l’émergence d’un « Groupe BRICSA ». Les Etats-Unis ne chercheraient-ils pas à troquer une présidence sud-africaine du FMI contre un arrêt de toutes les tentatives de Pretoria d’adhérer au BRIC/BRICSA ?
L’affaire Strauss-Kahn ne doit donc pas être vue sous le seul angle du graveleux. Les « services » savent que cela marche chez les gogos, qui ne vont voir que le seul scandale sexuel car on alimentera bien la machine médiatique à fabriquer du spectacle.
Pour l’Europe, les vicissitudes du FMI post-strauss-kahnien doivent éveiller la vigilance, quel que soit le successeur du nouveau taulard de Rikers Island. L’Europe doit garder et consolider sa place au sein de cette institution financière internationale et critiquer sévèrement la clause qui stipule qu’il faut 85% des voix pour concrétiser une décision : les Etats-Unis détiennent 16,74% des suffrages… Une belle, très belle, minorité de blocage, que l’hyperpuissance s’est aménagé à toutes fins utiles. Qu’il faille laisser de la place aux pays émergents est un fait. Oui donc à tous ces pays qui montent. Mais il s’agit de ne pas donner des voix, ou des suppléments de voix ou de sièges, à n’importe quel pays émergent : il faut qu’ils expriment une volonté d’alternance réelle sur l’échiquier international qui aille dans le sens de nos intérêts européens, ainsi que de ceux du Mercosur ibéro-américain ou du Groupe BRIC. Nous ne pensons pas que ce soit le cas de la Turquie ou de Singapour…
L’après-DKS doit avoir le souci du salut de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande, voire de l’Espagne ou du prochain adhérant, la Croatie. Par conséquent, nous devons souverainement décider d’infléchir les flux touristiques vers ces seuls pays européens et mettre un holà clair et net à tous les flux qui drainent des devises vers d’autres destinations comme la Tunisie, fragilisée par le système au moyen d’une fausse révolution populaire, de l’Egypte, où il arrive que des cinglés canardent nos touristes à la kalachnikov, de la Turquie, parce que les discours successifs d’Erdogan à Cologne (2008) et à Düsseldorf (2011) équivalent à une véritable déclaration de guerre à l’Europe, de même que la menace, proférée tour à tour par Erdogan et Davutoglu, de faire jouer les réseaux mafieux turcs sur nos territoires, ou encore vers la République Dominicaine car ce n’est pas à nous, Européens, d’aller financer des Etats marionnettes ou des républiques bananières situés dans l’arrière-cour caraïbe des Etats-Unis.
En France, il n’y a pas lieu de croire, pensons-nous, à une manœuvre machiavélique émanant de l’UMP sarköziste. Dans le camp socialiste, la disparition de Strauss-Kahn portera vraisemblablement Martine Aubry à la candidature présidentielle l’an prochain. Elle représente peut-être un certain paléo-socialisme mais, à coup sûr, une option nettement moins « festiviste » que sa collègue malchanceuse de 2007, Ségolène Royale. Quoi qu’il en soit, comme tous les pays d’Europe, la France est mal barrée. Un humoriste triste, un de ces pessimistes avisés qui forment le terreau du populisme, toujours grincheux mais souvent pertinent, disait au comptoir d’un bistrot bruxellois, la voix désabusée, à la veille des élections présidentielles de 2007 : « Pauvre France, la voilà sommée de choisir entre un connard et une connasse ! ». C’est cru. C’est vert. Mais c’est la vox populi, proche de la vox dei. Avec un DSK, qui serait revenu du FMI auréolé de gloire et de prestige, ce type d’humour grinçant n’aurait sans doute pas fonctionné. Mais DSK aurait-il mené une politique régalienne et souveraine ? Peut-on, dans le chef d’un type comme lui, passer du mondialisme financier à l’étatisme de gaullienne mémoire ? Nous ne le croyons pas. DSK aurait été un gestionnaire de la succursale France. Sans grands renforts de régalisme. Quant aux Grecs, Portugais et Irlandais, ils auraient peut-être été sauvés de la faillite imminente, mais par un fameux remède de cheval… Il est, dans tous les cas de figure, malsain d’avoir un homme de finance plutôt qu’un zoon politikon à la barre d’une vieille puissance du Vieux Monde.
Mais l’affaire DSK appelle encore d’autres remarques. Et elles interpellent la notion même de « modèle américain ». Au-delà des mésaventures réelles ou imaginaires de DSK. Nous, Européens, ne sommes pas exempts de défauts. En pleine décadence, dépourvus de toute aura de souveraineté, nous sombrons dans la déchéance, en cumulant anciens et nouveaux défauts. Mais face aux Etats-Unis nous représentons encore et toujours une plus grande profondeur temporelle (et historique). En droit, dans toute procédure, nous avons des règles, loin d’être parfaites, mais des règles plus pondérées, plus réfléchies, que celles qu’appliquent les Américains. Chez nous, avant d’incarcérer une personne, un juge d’instruction instruit à charge et à décharge, même si certains abus (surtout en France) ont profondément nui à l’image de marque du juge d’instruction au cours de cette dernière décennie. L’Europe, si elle veut être souveraine et digne de son passé de gloire, se doit de défendre ses citoyens partout sur la planète : elle ne devrait pas autoriser des gouvernements ou des systèmes judiciaires imparfaits, qui ne sont pas en adéquation avec ses propres principes et ses propres pratiques, à incarcérer des personnalités européennes ou de simples quidams, sans que n’ait été, au préalable, appliquées les règles en vigueur en Europe. Le système judiciaire américain est primitif, grossier, violent et répressif outre mesure (à côté de lui le IIIe Reich, tant décrié, était, avant-guerre du moins, un modèle d’humanisme). On y enferme gugusses et gonzesses pour des peccadilles : il y a plus de deux millions de détenus aux States ! Ce sont des proportions dignes du goulag soviétique, avec tout juste une retouche : la tunique pénitentiaire orange —ça fait plus joli et plus moderne— que portent les détenus enchaînés en file qui exécutent quelques besognes d’utilité publique le long des routes. L’Europe doit tout faire, diplomatiquement, pour soustraire ses propres citoyens aux affres d’une machine judiciaire aussi primitive. Il y a des précédents récents dont on peut s’inspirer : rappelons-nous cette jeune fille au pair, sujette britannique, qui avait été condamnée sous les projecteurs des médias –avec le sensationnel spectaculaire que pose « une vierge perverse et infanticide »— à une peine de prison équivalent à la perpétuité, sans preuves tangibles, par des jurés sans formation intellectuelle satisfaisante, sans capacités réelles de réflexion et de recul, aux cervelles lessivées par le battage médiatique. Les protestations vigoureuses du gouvernement britannique ont obligé les Etats-Unis à revoir le procès et à acquitter la jeune fille. Ce procès de la fille au pair, tous les procès à connotations sexuelles dans un pays au puritanisme pathologique montrent bel et bien que les Etats-Unis, qui se targuent depuis Jimmy Carter d’être le fer de lance idéologique et militaire des droits de l’homme sur la planète, n’ont en fait aucune légitimité à se positionner de la sorte. Ils sont un pays du déni permanent du droit et de la justice ou, pire, de la mesure et de la décence. La fille au pair et Guantanamo sont là pour le prouver.
Pourquoi la France n’imite-t-elle pas l’intransigeance britannique en ce domaine? Parce qu’elle croit à la culpabilité de DSK qui a commis en fait ce que l’on est sûrement en train de commettre, en ce moment même, mille fois sur le territoire de l’Hexagone, sans même parler des viols collectifs et des tournantes, qu’on dissimule pieusement sous le voile de la bien-pensance politiquement correcte ? La France ne produit qu’un étrange silence, que force embarras. Sarközy profite sans doute de l’aubaine : son concurrent putatif est à l’ombre à Rikers Island. Les concurrents socialistes de DSK jubilent sans doute eux aussi in petto pour les mêmes raisons.
Concluons : si les allégations de la femme de chambre new-yorkaise s’avèrent exactes in fine, alors soit, le spectacle de l’arrestation de DSK ne serait que le salaire mérité d’un goujat et d’un indélicat, incapable de demander une relation de type érotique avec un charmant sourire, un bouquet de fleur, une coupe de crémant d’Alsace ou une promenade le long d’un lac. Mais, en l’occurrence, le goujat présumé avait les moyens de se payer une professionnelle pour une petite séance de priapisme. En tenant compte de cette possibilité, si l’agression brutale, reprochée à DSK, a été vraie, elle relèverait plutôt de la psychiatrie que de la justice. Ça arrive qu’un ponte au faîte de sa gloire pète les plombs, a les nerfs en pelote et cherche un exutoire qui, en fin de compte, le couvre de ridicule. Papy DSK est peut-être fatigué : il déconne, il débloque. Il y a bien un psychiatre pour se pencher sur son cas, finalement assez banal. Ou bien cette crise de priapisme et cette brutalité proviendraient-elles, on ne sait jamais, d’une poudre de perlimpinpin subrepticement versée dans son café du matin… Notre anthropologie, dérivée de celle de Carl Schmitt, est pessimiste. Nous savons que l’homme est pécheur, surtout sur le plan sexuel. C’est la raison pour laquelle, dans les pays où cette tradition de pessimisme anthropologique demeure plus ou moins vivace, nous avons toujours été capables de formater les peines, de les inscrire dans de justes proportions. C’est encore plus vrai dans les pays méditerranéens, dont la France.
Mais si les déclarations de la soubrette du Sofitel finissaient par apparaître comme de la pure fiction, alors la thèse du complot gagnerait diantrement en plausibilité. En France, on fait tomber ses concurrents politiques en fabriquant des scandales financiers ou en montant en épingle des affaires de corruption (voir Dominique de Villepin). Jamais avec des histoires de cul ou de bite. Sinon les prisons devraient refuser du monde. Donc l’hypothèse la plus probable, en cas de complot, serait celle d’une cabbale menée au sein ou en marge du FMI. Et donc menée au départ du territoire des Etats-Unis, par des services privés ou publics américains. DSK, revenu de son cul de basse fosse en ruminant une juste vengeance, pourrait alors s’adresser à un magistrat français pour qu’il fasse mener enquête, quitte à lancer des mandats d’arrêt internationaux contre les acteurs de cette sotie, y compris les procureurs et magistrats new-yorkais qui ne doivent pas avoir ignoré, le cas échéant, la nature manipulatoire de l’affaire et le caractère mensonger de la dénonciation. Le mandat international condamnerait ces tristes personnalités à demeurer à vie sur le territoire de leurs chers States car ils risqueraient alors d’être embastillés : ils se révéleraient alors indignes de fouler au pied le sol sacré de notre Europe, terre de culture sublime où les praticiens d’une justice de lynch et de posse n’ont pas leur place. Car ils sont vraiment indignes du monde civilisé : le puritanisme, qu’il soit celui des Pèlerins du Mayflower et de leurs descendants, ou celui des Wahhabites ou des Salafistes, est une calamité pour la terre entière, l’indice d’un déni total de culture et de civilisation. Le monde serait plus heureux et plus joyeux si ces gens n’existaient pas.
Communiqué du Mouvement Identitaire Démocratique – 19 mai 2011.