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jeudi, 23 octobre 2008

Slavoj Zizek : l'homme qui ne croit pas aux vertus du capitalisme et de l'ordre américain

Slavoj Zizek : l’homme qui ne croit pas aux vertus du capitalisme et de l’ordre américain

Sur: www.no-media.info 

Slavoj Zizek : l’homme qui ne croit pas aux vertus du capitalisme et de l’ordre américain

L’Etat néo-conservateur comme Etat autoritaire, l’impasse de la gauche qui oublie le peuple et les ouvriers, le caractère inutile et au fond conservateur des émeutes de banlieue, l’Europe en panne de volonté, le tiers-monde divisé et impuissant, toutes ces questions nous importent au plus haut point. Nous ne sommes pas seuls à penser ce que nous pensons. Explications en lisant Slavoj Zizek. 


Slavoj Zizek est un des penseurs les plus pertinents du monde actuel. Quelques extraits d’un entretien (L’Humanité, 25 septembre 2007) le montrent : « La thèse est qu’il y aurait une idéologie suprême consistant à dire ’’ pas d’idéologie ! ‘’. C’est-à-dire ‘’pas d’autre choix que les règles du capitalisme contemporain ‘’. Les seules questions qui restent dès lors admises à la délibération touchent à la tolérance, au multiculturalisme. Il n’y aurait dans le monde actuel qu’un seul grand choix : le capitalisme à l’américaine, de type libéral, ou bien le capitalisme chinois. Ce serait très triste de vivre dans un monde où le seul choix véritable se résumerait à une telle alternative ». « Je crois qu’il y a comme une complicité entre les États-Unis et le tiers-monde. Il existe entre ces deux pôles un rapport de complémentarité. Le problème, pour le nouvel ordre, n’est pas le tiers-monde, mais le deuxième monde : l’Europe. Il n’y a pas vraiment de potentiel dans le tiers-monde, à cause de la structure sociale concrète. L’exploitation et la pauvreté y sont trop brutales, je ne vois pas de chance de ce côté. C’est la vieille sagesse de Marx : je ne crois malheureusement pas qu’on puisse faire la révolution avec le vraiment pauvre. »

Les émeutes de 2005 dans les banlieues de France ont été « ‘’post-politique’’ parce qu’elles sont le strict envers de notre société post-politique. Quand on joue la carte du post-politique, les émeutes elles-mêmes deviennent post-politiques. C’est cela la véritable tragédie, le prix de l’impossibilité même de formuler une alternative. » « L’hégémonie de l’idéologie capitaliste est telle que même la gauche se tourne vers les questions culturelles, la tolérance…, ce qui signifie, en réalité, qu’elle n’ose même pas imaginer une alternative économique concrète. Ainsi, la thèse implicite de toute la gauche multiculturaliste américaine est que l’exploitation des Mexicains, des Noirs serait fondée sur le racisme, et non sur des rapports de classes. » « Parallèlement à cela, la moindre intervention forte dans l’économie est désormais perçue comme irrationnelle, catastrophique. Il y a comme un pacte selon lequel l’économie aurait ses propres règles dépolitisées, le débat ‘’démocratique’’ se limitant finalement aux questions culturelles. La tragédie réside précisément dans cette dépolitisation radicale de l’économie, conjuguée au glissement vers un état d’exception permanent. » « L’État se retire certes de la sphère sociale. Mais si l’on considère les États-Unis post-11 septembre, jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu d’État aussi fort. En termes de budget militaire, de contrôle. L’État joue, dans ce système, un rôle absolument crucial. Même le libéralisme le plus sauvage demande de plus en plus d’État. On assiste en réalité à une explosion de tous les appareils d’État. L’État contemporain néoconservateur est un État extrêmement fort. » « (…) je suis sans aucune utopie pour l’Europe, même s’il existe cette volonté de se situer hors de l’axe États-Unis – Chine qui symbolise deux aspects d’un même système. » « Hardt et Negri sont dans une impasse. D’un côté il y aurait l’empire centralisateur, de l’autre la multitude. Mais ils sont forcés d’admettre, pour le dire simplement, que le capitalisme contemporain fonctionne déjà sur le mode de la multitude, de manière réticulaire. » « Il ne s’agirait donc plus de le combattre [ce système] , mais au contraire de collaborer, de contribuer, pourquoi pas, à son dynamisme. Il y a désormais chez Negri une sorte de célébration de ce capitalisme. » «  Je crois que l’une des causes de la vigueur de l’extrême droite [en Europe] est la réticence de la gauche à se référer directement, désormais, à la classe ouvrière. » « La droite et l’extrême droite sont désormais les seules à parler encore le langage de la mobilisation politique. »

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