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lundi, 21 juillet 2014

La NSA récolte avant tout des données de vie privée de gens ordinaires

La NSA récolte avant tout des données de vie privée de gens ordinaires

Ce n’est pas parce que vous êtes une personne sans histoire et que vous n’avez rien à vous reprocher que vous ne pouvez pas vous retrouver fichés dans les bases de données de la NSA. La preuve – pour ceux qui en doutaient encore – vient d’être fournie par The Washington Post qui a mis la main sur un paquet de données interceptées sur la Toile entre 2009 et 2012. A savoir : 121.134 messages instantanés, 22.111 emails, 7.892 documents, 3.856 messages de réseaux sociaux, 565 chats vocaux ou vidéo et 4.533 autres types d’informations.

Le journal a reçu cette copie par l’intermédiaire d’Edward Snowden. Il l’analysé pendant quatre mois. Conclusion : neuf détenteurs de comptes numériques sur 10 « ne sont pas des cibles désignées au préalable, mais prises dans le filet que l’agence a mis en place pour le compte de quelqu’un d’autre ».  En d’autres termes, les bases de données de la NSA sont remplies de « victimes collatérales » de sa surveillance massive.

Relations sexuelles, maladies mentales, espoirs déçus…

Parmi ces données qualifiées d’« inutiles » par les agents secrets, certaines décrivent des situations très intimes des gens. Il y a « des histoires d’amour et de ruptures, des relations sexuelles hors mariage, des maladies mentales, des conversions politiques et religieuses, des détresses financières ou des espoirs déçus ».

Il y a également plus dérangeant. Un « grand nombre de photos » montrent des bébés et des enfants dans leur environnement familial – dans des baignoires, dans leur lit, dans les bras de leur mère,… Il y a également des clichés d’ « hommes qui montrent leur corps » ou de femmes « en lingerie » ou peu habillées, et dans des poses suggestives.

Si ces données ont été interceptées, c’est parce que l’agence américaine ne s’embête pas à perdre du temps dans un ciblage précis et sophistiqué, mais déploie ses filets de manière large. Ainsi, comme le décrit le journal, il suffit qu’une cible soit entrée dans un chat room pour que tous les messages qui y sont publiés se retrouvent enregistrés, quel que soit l’auteur ou le sujet.

Dans d’autres cas, la NSA a simplement surveillé toutes les personnes qui se connectent à un site web. Cette pratique avait également été démontrée la semaine dernière, avec l’espionnage des utilisateurs de Tor et Tails Linux: se connecter au site web de ces outils cryptographiques suffit pour être dans le radar de la NSA.

Les Américains sont également en ligne de mire

Contrairement à ce qui a été dit par ses responsables, la NSA capte d’ailleurs un grand nombre de données de citoyens américains. Ainsi, près de la moitié des dossiers surveillés « comprennent des noms, des adresses de courriels ou d’autres détails que la NSA cite comme appartenant à des citoyens ou des résidents américains ». La NSA a masqué ou « minimisé » plus de 65.000 références pour protéger la vie privée d’Américains, mais le Washington Post a trouvé près de 900 adresses de courriels non masquées qui pourraient être celles de citoyens américains. Ce qui est contraire à la loi FISA sur laquelle l’agence s’appuie pour réaliser sa surveillance.

Mais ce qui est encore plus choquant, c’est que toutes ces données restent stockées dans les disques durs du service secret américain, même si elles ont été qualifiées comme inutiles ou appartenant à des citoyens américains.

Les raisons de ce stockage persistant seraient multiples. D’une part, les analystes de la NSA auraient du mal à évaluer quelles informations pourraient se révéler utiles à l’avenir. D’autre part, cela pourrait être une solution de facilité. Il est finalement plus simple de stocker des informations que de se casser la tête à les filtrer pour en effacer une partie.

Le problème, c’est que l’on ne sait pas ce qu’il advient de toutes ces informations parfois très intimes sur un tas de gens. Le risque de dérive n’est pas à exclure.

L'avenir des relations entre l'Europe et la Russie se joue peut-être en ce moment

L'avenir des relations entre l'Europe et la Russie se joue peut-être en ce moment

par Jean-Paul Baquiast
 
De quelles relations parlons-nous ? Ou bien d'une coopération stratégique eurorusse de longue durée, dans tous les domaines importants sur lesquels reposera demain la puissance des grands États, ou bien d'une hostilité pouvant déboucher sur des conflits ouverts, imposée par les États-Unis à une Europe considérée par eux comme une simple base arrière de l'Otan.

La question n'est pas que théorique. Aujourd'hui Washington a clairement relancé une guerre, sinon chaude, du moins tiède, contre Vladimir Poutine. L'objectif est de pousser le Président de la Fédération de Russie à une intervention militaire en Ukraine, aux conséquences qui seraient catastrophiques pour l'image internationale de la Russie. Mais si Poutine n'intervenait pas, cela pourrait provoquer une rébellion contre lui des forces politiques russes radicales, l'accusant de mollesse. Poutine pourrait être renversé par des aventuriers beaucoup plus durs que lui. Cette perspective conviendrait parfaitement à Washington, qui pourrait alors agiter le spectre d'une Russie redevenue stalinienne.

Or l'Europe, plus particulièrement l'Allemagne et la France, n'auraient rien a gagner à suivre les États-Unis dans cette aventure. Elles ruineraient au contraire les perspectives prometteuses d'une future alliance euroBRICS, qui commencerait nécessairement par une alliance eurorusse 1). Certains signes montrent qu'Angela Merkel, et dans une moindre mesure François Hollande (qui apparaît comme un suiveur), l'avaient compris. Ils avaient mis en place avec la Russie un groupe dit des trois, dont l'objectif était de rechercher des solutions communes sur la question ukrainienne. Malheureusement ce groupe des trois, face au développement des combats en Ukraine entre "légitimistes" et "résistants de l'Est", semble être entré en sommeil. Il serait urgent au contraire de le réactiver, et mieux encore, de lui fixer de nouvelles ambitions. Avec un peu de bonne volonté partagée, il pourrait s'intéresser à des dossiers chauds sur lesquels Obama accumule les erreurs et les prises de risque pour la paix du monde : l'Irak, l'Iran, la question israélo-palestinienne notamment.

Mais pour qu'un tel groupe se poursuive et se renforce, il faudrait une démarche positive des gouvernements européens, sortant de leur addiction à un atlantisme de plus en plus dangereux. Il leur faudrait expliquer à leurs opinions publiques, notamment en Allemagne et en France, pays plus réceptifs que ceux de l'Europe orientale, que le vrai allié de l'Europe est désormais Vladimir Poutine. Ce ne peut plus être désormais Obama et son entourage de « néocons » bellicistes. Ceux-ci sont en train de prendre l'Amérique toute entière en otage de leurs délires anti-russes, y compris une Amérique à laquelle beaucoup d'Européens sont restés attachés, à tort ou à raison, depuis la deuxième guerre mondiale.

1) Nous consacrerons prochainement une étude sur cette question,  actualisant des articles précédemment publiés ici.

Reprise et mise à jour d'un article publié le 12 juillet sur
http://www.vineyardsaker.fr/2014/07/12/lavenir-des-relations-entre-leurope-et-la-russie-se-joue-peut-etre-en-ce-moment/

 

Les Services de sécurité de l'Ukraine ont confisqué les enregistrements du contrôle de trafic aérien concernant le Jet malaisien

Les Services de sécurité de l'Ukraine ont confisqué les enregistrements du contrôle de trafic aérien concernant le Jet malaisien

Auteur : Zero Hedge (Etats-Unis)

Pourquoi le pilote a-t-il changé de trajectoire ?

Quand nous avions commenté des anomalies touchant à la trajectoire du vol MH-17, nous avions dit que, « peut-être, avant d’en arriver à  » certaines conclusions  » sur l’implication des rebelles, les questions clés que l’on devrait se poser avant de lancer des accusations, c’est pourquoi le pilote s’est-il détourné de son plan de vol habituel, pourquoi a-t-il volé au-dessus d’un espace aérien soumis à des restrictions, et quelles instructions, si instructions il y avait, le contrôle aérien de Kiev a-t-il donné au pilote dans les minutes qui ont précédé l’explosion tragique »?

La réponse simple serait venue si l’Ukraine avait simplement publié l’enregistrement du contrôle de trafic aérien de la tour et du vol MH 17, ce que la Malaisie avait fait à la suite de la disparition du vol MH 370 qui, aux dernières nouvelles, n’a toujours pas été retrouvé.

Il semble maintenant que la réponse ne viendra pas parce que, comme le rapporte la BBC « le SBU, le service de sécurité de l’Ukraine a confisqué les enregistrements des conversations entre les agents de contrôle du trafic aérien ukrainiens et l’équipage de l’avion condamné, a déclaré à l’agence de presse Interfax une source à Kiev. « 

Ce qu’il adviendra des enregistrements est totalement inconnu. Ce qu’on sait, c’est que tout espoir d’obtenir une explication non manipulée sur le pourquoi l’avion se trouvait au mauvais endroit, ou sur ce que les pilotes ont peut-être vu ou dit dans les moments précédant l’explosion, est évanoui à jamais.

Cela signifie également que tout espoir de réellement travailler avec des faits au lieu d’appels à l’émotionnel, et d’aller au fond de la tragédie de la compagnie aériennemalaisienne, réside dans ce qui a pu être enregistré par la boîte noire, dont la localisation actuelle est maintenant très claire. D’après The Independent :

« Les services d’urgence de l’Ukraine ont trouvé deux boîtes noires sur les lieux de l’accident du vol MH17 de la Malaysia Airlines », selon le gouverneur de la région deDonetsk à l’est de l’Ukraine.

« Les deux boîtes noires ont été trouvées par nos services d’urgence. Je n’ai aucuneinformation sur l’endroit où ces boîtes sont à l’heure actuelle », a déclaré Kostyantyn Batovsky à l’agence de presse Interfax-Ukraine.

Les séparatistes pro-russes de la région ont déclaré jeudi qu’ils avaient trouvé une boîte noire lorsque l’avion de ligne malaisien a été abattu entre Krasni Luch dans la région de Louhansk et Shakhtarsk dans la région voisine de Donetsk.

L’agence de presse Interfax-Ukraine avait annoncé que la première boîte noire avait été envoyée à Moscou pour analyse, avait rapporté la BBC. L’agence de presse signale maintenant qu’une seconde boîte noire a été récupérée sur le site de l’accident.

Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a été cité affirmant que la Russie n’a pas l’intention de confisquer les « boîtes noires » du vol MH17 de la Malaysia Airlines abattu dans les territoires tenus par les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine,

Cependant, le leader séparatiste Aleksandr Borodaï a déclaré à l’Associated Press: « aucune boîte noire n’a été trouvée … Nous espérons que les experts vont les trouver pour retracer ce qui s’est passé ».

Un porte-parole du ministère des urgences à Kiev a refusé de commenter le rapport.

En d’autres termes, encore plus de confusion sans fait à l’appui, et de la spéculation, ce qui est exactement ce dont a besoin un système d’information basé sur la propagande.

Aussi, comme dans le cas du vol MH-370, il se pourrait que l’on ne sache jamais ce qui s’est passé avec le vol MH-17.

Les Etats-Unis cherchent la guerre au moyen de l’arme énergétique

Les Etats-Unis cherchent la guerre au moyen de l’arme énergétique

par Eberhard Hamer

Ex: http://horizons-et-debats.ch

Les Etats-Unis n’hésitent pas à boycotter les livraisons d’énergie quand il s’agit de préparer une guerre. Comme toutes les sanctions cela correspond au début d’une guerre économique. Les Etats-Unis sont rois en la matière.

  • Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont privé le Japon d’énergie et de ce fait, obligé les Japonais à entrer dans l’affrontement militaire.
  • Il en est de même de la guerre en Irak, commencée par les Etats-Unis par le boycott des exportations de pétrole.
  • Il y eu un boycottage économique et pétrolier contre l’Iran – et cela aurait pu aboutir plusieurs fois à un affrontement militaire qui fut, heureusement, rejeté par l’armée américaine.
  • Si le boycottage du pétrole contre l’Iran n’a pas vraiment fonctionné, c’est que la Chine s’est offerte comme client de substitution et que la Russie en est resté son client.
  • Actuellement, dans le cas de l’Ukraine, l’arme énergétique est utilisée contre la Russie. Les sanctions des Etats-Unis et de leurs satellites correspondent à un début d’hostilité et ce, parce que la Russie s’oppose à abandonner l’Ukraine aux industries américaines, à l’OTAN et aux missiles américains.

Ce n’est pas un hasard que la construction de l’oléoduc South Stream allant de la Russie vers l’Autriche et passant par la Bulgarie, ait été stoppée lorsque le ministre des Affaires étrangères américain accompagné de trois sénateurs l’exigeait avec insistance. L’oléoduc South Stream aurait rendu l’Europe du Sud aussi sûre en matière énergétique – grâce au pétrole et au gaz russe – que l’aurait fait l’oléoduc North Stream traversant la mer Baltique l’Europe du Nord grâce à Gazprom.


Si l’oléoduc principal de la Russie vers l’Allemagne et passant par l’Ukraine et la Pologne était peu sûr, c’est que l’Ukraine s’était branché plusieurs fois clandestinement sur cet oléoduc et étant donné sa non-solvabilité s’était vu privé de livraisons. Des spécialistes américains viennent de faire sauter justement cet oléoduc pour prouver aux Européens l’incertitude des livraisons de pétrole russe.


La lutte menée par le gouvernement américain contre le fait que l’Europe s’approvisionne en énergie en Russie a maintes raisons:

  1. Les Etats-Unis considèrent comme danger pour leur propre autorité économique en Europe le lien économique étroit que leurs provinces satellites européennes ont avec la Russie. Pour cette raison ils tentent de perturber toute relation positive entre l’Europe et la Russie.
  2. D’après la doctrine de Brzezinski postulant l’encerclement de la Russie, et en contradiction du consentement donné en 1990 dans le contexte de la Réunification allemande, à savoir que l’OTAN ne s’élargirait pas vers l’Est en traversant l’Oder et la Neisse, les Américains n’ont pas seulement attiré l’Allemagne, mais aussi les pays baltes, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Turquie au sein de l’OTAN, ils ont donc systématiquement déplacé la zone de déploiement des missiles américains en direction de Moscou.
  3. En Ukraine, on ne voulait pas seulement élargir l’espace économique américain (UE) et l’OTAN, mais on voulait en même temps affaiblir la Russie de manière décisive.
  4. Le budget de l’Etat russe repose principalement sur l’exportation d’énergie. Qui veut donc affaiblir la Russie doit empêcher ces exportations. C’est pourquoi Obama a évoqué le «manque de fiabilité» des livraisons de pétrole russe et exigé que l’Europe achète du pétrole et du gaz américains (ce qui n’est guère possible à court terme).
  5. Parallèlement à la guerre énergétique c’est aussi une guerre monétaire qui est menée. Les Etats-Unis ont lancé non seulement des sanctions contre des compagnies et des banques russes, mais ils menacent aussi les investissements russes de par le monde. En réponse à ces sanctions, la Russie vient de se séparer de ses réserves en dollars (200 milliards) et en accord avec la Chine, l’Inde et l’Iran ne pratique plus le commerce extérieur moyennant des dollars, mais en utilisant la monnaie des pays correspondants. Une façon d’affaiblir considérablement l’empire du dollar d’autant plus que les Etats-Unis n’ont pratiquement plus d’or et que le dollar est donc une «monnaie sans couverture ni valeur».

Jusqu’ici il n’y a pas d’indices – hormis les conjurations américaines – qui laissent supposer que l’approvisionnement en énergie de l’Europe est peu sûr. Les Russes ont toujours été fidèles aux contrats et sont existentiellement intéressés à poursuivre leurs livraisons de gaz à l’Europe. Donc pas de quoi s’inquiéter et pas de raison de changer de fournisseur de gaz en faveur des Etats-Unis.


La destruction à l’explosif de l’oléoduc ukrainien montre que la CIA pourrait également faire sauter l’oléoduc North Stream en mer Baltique pour provoquer des pénuries sur le marché de l’énergie entre la Russie et l’Europe.


Si l’on considère les sanctions des Etats-Unis et de leurs satellites contre la Russie, la guerre monétaire déjà en cours et maintenant aussi le combat mené par les Etats-Unis contre l’approvisionnement en pétrole de l’Europe par la Russie. Et si l’on prend en considération que le soulèvement sur la place du Maïdan de Kiev s’est fait grâce à l’argent américain, aux agents américains et aux troupes de mercenaires américains (Blackwater), et si l’on y ajoute que l’OTAN, à l’origine une alliance défensive, s’est transformé en une troupe de mercenaires au service des Etats-Unis, disponible dans le monde entier, alors le risque d’une guerre en Europe n’a jamais été aussi grand depuis la Seconde Guerre mondiale à cause des diverses offensives menées par les Etats-Unis contre la Russie. Une fois de plus nous pourrions nous retrouver dans une guerre que personne n’a voulue.


Ce n’est pas Poutine qui est l’agresseur, mais Obama, respectivement l’oligarchie financière qui tire les ficelles. L’«amitié transatlantique» devrait signifier pour nous d’empêcher les Etats-Unis de s’aventurer en attaquant davantage de pays au lieu de les suivre aveuglement et en toute obédience. Au plus tard avec la guerre du pétrole, nous sommes maintenant directement concernés.   


(Traduction Horizons et débats)

Entre Russie et USA, l’Europe devant l’“horreur politique”

Entre Russie et USA, l’Europe devant l’“horreur politique”

Ex: http://www.dedefensa.org

L’on dit justement que l’“Europe politique” n’existe pas, et cela répond évidemment à la tendance profonde de ceux qui ont fondé l’actuelle Europe institutionnelle, dite UE, et de ceux qui la font fonctionner. Il s’agit d’un artefact économique, dont le destin politique jugé sans grande importance (voir le peu d’attention accordée aux principes, notamment ceux de la souveraineté) est laissé au Système, – dito l’axe transatlantique et l’influence US, –et dont l’idéologie se nomme “économisme”. Le paradoxe de notre époque qui est celle du triomphe du Système et de l’économisme comme conception du monde, c’est que les contraintes de ce triomphe suscitent des événements politiques et que quelques-uns des plus graves s’imposent aujourd’hui à l’Europe. L’“Europe politique” n’existe pas mais l’Europe doit s’intéresser à la politique par la force, et par conséquent devenir, – horreur ! – “Europe politique” avec tout ce que cela suppose de réflexion, de choix, d’engagements impossibles à comptabiliser en normes économiques. Qu’importe, l’“horreur politique” est là... Au premier rang de ces pressions terribles qui forcent la chose à se préoccuper de politique : les relations avec la Russie dans ce temps de crise ukrainienne, et la crise ukrainienne elle-même.

On s’aperçoit de cette évolution, désormais, de plus en plus nettement, à chaque réunion des dirigeants européens, – grâce en soit rendue à la crise ukrainienne. Du coup, ces réunions deviennent intéressantes, sinon passionnantes (n’exagérons pas). Voici donc celle-ci (hier), avec ses péripéties qui nous annoncent que la nomination du remplaçant (de la remplaçante) de Lady Ashton est un cas effectivement intéressant ; du coup, signe indubitable de la chose, les chefs de l’État et de gouvernement de l’Union Européenne ont repoussé au mois d’août leur décision sur cette nomination. (L’actuelle Haute Représentante de l’UE, ou bien pseudo-“ministre des affaires étrangères”, est au terme de son mandat en octobre prochain.) Le Guardian présente, le 17 juillet 2014, les différents aspects de la réunion d’hier, qui sont fondamentalement politiques et mettent en évidence une très profonde division de l’Europe...

«European Union leaders failed to agree on who should get the prestigious job as the 28-nation bloc's new foreign policy chief to succeed Catherine Ashton, who also chairs the international negotiations on Iran's nuclear program. Summit chairman Herman Van Rompuy said on early Thursday the time was not yet ripe for a decision, and leaders will reconvene for another summit in Brussels to agree on their candidates late next month. [...]

»The new EU top diplomat will be instrumental in shaping the bloc's relations with Russia in the wake of what is seen as Moscow's destabilizing actions in Ukraine. The horse-trading to fill that and other top EU jobs stalled as leaders haggled over the candidates' party affiliation, gender, political views and stance on Russia in particular. “It was important to have a first discussion” on the candidates, German chancellor Angela Merkel said. “There will be a good result in August.”» [...]

«No candidates were officially named for the post, but Italian foreign minister Federica Mogherini was widely considered the frontrunner. Yet some eastern European leaders criticised the center-left politician, 41, as too Russia-friendly and lacking experience. Lithuanian president Dalia Grybauskaite said on Wednesday she “will not support a person who is pro-Kremlin,” while Austrian chancellor Werner Faymann said he thinks Mogherini is a very good candidate. Poland's foreign minister Radek Sikorski, who advocates a tough stance toward Russia, and the EU's development aid commissioner, Kristalina Georgieva of Bulgaria, have been mentioned as alternatives.»

Il a été également question, lors de cette réunion, des sanctions contre la Russie. Le Guardian nous donne à ce propos le minimum syndical dans la ligne du Parti : «The leaders agreed, however, on imposing new sanctions against Russia in a coordinated move with the US.» En fait, non, pas du tout les gars, la coordination avec les USA n’est pas terrible terrible... Il est manifeste que Washington, par l’intermédiaire de BHO, attendait fermement de nouvelles sanctions de l’UE, en même temps que les siennes, – lesquelles ont été effectivement annoncées hier après-midi. L’UE a décidé de ne pas décider immédiatement en même temps que Washington décidait et annonçait sa décision. Cela fait un peu désordre, tout ça, au sein du bloc BAO, comme ne manque pas de le noter Russia TodayUS widens sanctions on Russia, EU takes time to think over»), le 17 juillet 2004 :

«The Obama administration has widened the list of sanctions unilaterally targeting individuals as well as financial institutions and defense companies which the US believes are involved in destabilizing the situation in Ukraine. The US has moved to impose tougher sanctions against Russia over the tense situation in Ukraine. The widened set of restrictions have been placed on the country's largest oil producer Rosneft and major bank Vnesheconombank among others.

»Wednesday's announcement came only moments after a meeting concluded in Brussels between EU delegates, who soon after announced their own plan to wage penalties against Russia. Efforts to immediately impose broad, sectorial sanctions favored by hard-liners were rejected, however, in lieu of establishing a timetable that may allow for the EU to penalize Russia after the end of the month.»

«Fuck the EU», comme nous confiait délicatement Victoria Nuland ? C’est un peu ça, si l’on considère l’extrême mauvaise humeur de BHO & compagnie devant le manque d’enthousiasme de l’UE pour imposer de nouvelles sanctions contre la Russie. La nomination éventuelle de l’Italienne Mogherini pour succéder à Ashton est également un sujet de grande préoccupation pour Washington & BHO. Jeune (41 ans), grand prix de beauté lorsqu’on la compare à Ashton donc déjà bien vue du système de la communication, bien accueillie par les Russes avec lesquels elle s’est entendue lors d’une visite au début du mois (premier déplacement en tant que ministre des affaires étrangères d’une Italie inaugurant sa présidence de l’UE), Mogherini apparaît déjà, potentiellement, comme une redoutable dissidente du type antiSystème aux yeux du Système. Une fracture s’est donc opérée au sein de l’UE à propos de sa nomination, comme à propos des sanctions, qui délimite parfaitement les effets de l’influence et des pressions US sur l’Europe dans la crise ukrainienne et les relations avec la Russie. Les médias russes relaient en l’identifiant cette division entre un bloc de huit pays très favorables à une politique de conciliation avec la Russie (l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la France, la Grèce, l’Italie, le Luxembourg et la Slovénie), un bloc beaucoup plus réduit d’adversaires de la Russie (la Pologne, les trois pays baltes notamment), et entre ces deux blocs un “marais” flottant avec certains pays (Hongrie, Belgique, Tchéquie, etc...) très proches de la ligne Allemagne-France-Italie.

Voici un commentaire de La Voix de La Russie du 17 juillet 2014, à propos de l’éventuelle nomination de Mogherini et des sanctions, en y mêlant un argument à propos de l’accord de libre-échange du grand marché transatlantique en cours de négociation.

«Les Américains mettent l’Europe sous pression pour la forcer à accentuer la confrontation avec la Russie. Pourtant, neuf pays de l’UE [...] sont disposés à bloquer les tentatives d’introduire des sanctions économiques antirusses. Vladimir Kozine, conseiller de l’Institut russe d’études stratégiques : “Les hommes d’État et politiques de l’UE commencent à s’interroger sur les raisons des sanctions antirusses. En fait, personne à Washington ne leur a pas expliqué d’une façon intelligible pourquoi les sanctions en question s’imposent. Seraient-elles dictées par des intérêts sordides toujours préconisés par Washington ?”

»En ce qui concerne les Européens de l’Est, ils ne font que relayer la voix de leur maître, estime Marzin Domogala, expert du Centre européen d’analyse géopolitique : “Le groupe des pays d’Europe de l’Est dont surtout la Pologne, est loin de se déterminer sur ses propres intérêts. Ces pays suivent la politique des États-Unis qui s’opposent à ce que la politique extérieure de l’UE soit dans une plus grande mesure déterminée par l’Italie. En effet, malgré la crise autour de l’Ukraine, ce pays resserre activement les contacts avec la Russie.”

»Les Américains cherchent à renforcer leurs positions commerciales au sein de l’UE avec laquelle ils sont en négociations sur l’accord de libre-échange. Si les sanctions antirusses sont un jour décrétées, les Européens seront obligés d’élargir les relations commerciales avec les États-Unis même dans les domaines où ils sont perdants. De nombreux leaders européens s’en rendent compte et ne veulent pas sacrifier la souveraineté de leurs pays au nom d’objectifs douteux.»

Dans son livre de 1992 Seize the Moment, l’ancien président Nixon affirmait, sans très grande originalité, que la démocratisation et l’intégration de l’Europe de l’Est dans le bloc BAO devaient être une priorité de la politique des USA, alias politique-Système. L’un de ses arguments, lui aussi peu original mais rarement exprimé aussi crûment, était que l’Europe de l’Est intégrée dans l’Europe institutionnelle (future UE) serait un cheval de Troie des USA au sein de cette UE. Cela s’est révélé parfaitement exact, mais la manœuvre n'est vraiment efficace que lorsqu'elle se réalise et s'opérationnalise avec une certaine délicatesse, – ce qui n’est pas vraiment le point fort des USA, la délicatesse. Le problème, aujourd’hui, avec la crise ukrainienne, est effectivement que ce jeu-là apparaît vraiment à visage découvert, avec toutes les cartes sur la table, et que les exigences américanistes sont de plus difficiles à supporter pour ceux qui en sont l’objet. On en est même à entendre certains hommes politiques de l’Est se plaindre de l’insupportabilité de cette gigantesque pression US, ou disons pression-Système... (Et pas des moindres, pour l’homme politique qu’on citera ici, puisqu’il s’agit du ministre polonaise des affaires étrangères Sikorski, très en verve pour l’occasion, – voir le 24 juin 2014 : «Sikorski said that Warsaw’s alliance with Washington is worthless and even damaging as it “creates a false sense of security in Poland,” [...] “We will get a conflict with both Russians and Germans, and we’re going to think that everything is great, because we gave the Americans a blowjob...”»)

De l’autre côté, les huit pays qui affichent leur intention de ne pas rompre avec Moscou, suivis d’une cohorte d’autres, un peu plus prudents mais tout de même sur une ligne proche, forment un bloc d’une puissance considérable. Au centre se trouve notre entité Allemagne-France (voir le 16 juillet 2014), qui devrait être poussée de plus en plus au radicalisme de sa position à mesure que le bloc-Est de l’UE relaie sur son mode strident les consignes de Washington. En effet, sur ce point des relations avec la Russie, ni l’Allemagne, ni la France (ni l’Italie, qui joue un rôle très important, et plus encore si Mogherini succède à Ashton) ne sont prêtes à céder, et cette résolution ne cesse de se renforcer à mesure que la crise ukrainienne se développe et que la Russie continue à montrer une grande modération. Cette évolution permet d’augurer une sorte de perfect storm, comme disent les commentateurs américanistes, avec fracture aggravée d’une vilaine querelle publique, sinon rupturielle, entre le cœur et le moteur du bloc européen, et son appendice oriental relayant les consignes américanistes.

Jusque là, on ne peut faire le moindre reproche à la politique poutinienne, reprenant la vieille rengaine du temps de l’URSS de la division de l’axe transatlantique entre son Ouest et son Est. Il faut dire qu’il (Poutine) est bien aidé par la maturation des choses et, peut-être, par quelque confidence de tel ou tel interlocuteur européen sur la façon dont il doit procéder par rapport aux diverses forces au sein de l’Europe. Il devient maintenant possible que la crise ukrainienne et la crise entre Russie et le bloc BAO s’étendent, se transmuent, changent d’orientation et de déséquilibre ou plutôt rajoutent à elles-mêmes de nouvelles orientations et d’autres déséquilibres, en se doublant d’une crise intra-européenne, reflétant puis déclenchant elle-même une crise transatlantique. On notera à ce propos, pour laisser ouvertes d’autres pespectives, que la remarque de La Voix de La Russie sur les négociations du traité TAFTA vient à son heure, alors que le nouveau président de la Commission européenne Juncker a déclaré devant le Parlement Européen qu’il fallait suivre ces négociations avec une extrême attention et abandonner l’obsession du secret, pour au contraire exposer au regard des citoyens européens la réelle signification de ce vaste chantier. Cela représente la promesse d’une rupture sérieuse de la politique de communication suivie jusqu’ici par la Commission Barroso ; Juncker, qui a une “image” politique, européenne et démocratique à soigner au contraire de l’inexistant Barroso, peut effectivement peser sur les circonstances des négociations TAFTA dans un sens intéressant.

... Pour conclure, on rappellera, sur ce sujet dont l’extension montre les possibilités sans fin de la crise interne au bloc BAO qui est en train de se développer, que le traité TAFTA est contesté très violemment aux USA même, et notamment au Congrès, où la Fast-Track Authority dont il dépend pour sa ratification devant le Sénat n’a aucune chance d’être votée. (Voir le 1er février 2014 et sur le site Public Citizen/Eye On Trade, le 19 février 2014 : «U.S. Trade Representative Michael Froman tried in a speech yesterday to defend the Obama administration’s beleaguered trade policy agenda: the controversial Trans-Pacific Partnership (TPP) and Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA) pacts and an unpopular push to Fast Track those sweeping deals through Congress. The list of those publicly opposing the Fast Track push includes most House Democrats, a sizeable bloc of House Republicans, House Minority Leader Nancy Pelosi, Senate Majority Leader Harry Reid, and 62% of the U.S. voting public.»)

 

ORWELL'S QUAD AND THE NEW WORLD DISORDER

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ORWELL'S QUAD AND THE NEW WORLD DISORDER


George Orwell, in 1984, described a chaotic world of perpetual warfare: a large part of the planet was forever fought over and constantly changing hands, with the lives of the inhabitants assigned minimal value.
“Between the frontiers of the super-states, and not permanently in the possession of any of them, there lies a rough quadrilateral with its corners at Tangier, Brazzaville, Darwin, and Hong Kong, containing within it about a fifth of the population of the earth. It is for the possession of these thickly-populated regions, and of the northern ice-cap, that the three powers are constantly struggling. In practice no one power ever controls the whole of the disputed area. Portions of it are constantly changing hands, and it is the chance of seizing this or that fragment by a sudden stroke of treachery that dictates the endless changes of alignment.” 1984, Chapter 9
Due to the decline of both moral and pragmatic qualities caused by the West's dominant ideology of Universal Liberalism, our "geopolitical organs" are now creating a similar zone of chaos and anarchy to the one envisioned by Orwell. This has been dramatically driven home by the recent rise to prominence of the Islamic State of Iraq and Syria (ISIS) across a large and geographically ill-defined sector of the Middle East, at a time when many other parts of Orwell's quad – Gaza, Somalia, Sudan, Libya, Mali, and Yemen – are also deep in chaos.

 
Another stop on the road paved with Liberal intentions.
 
The great flaw of Washington and its allies in recent years has been a tendency to start things without finishing them. This is a tendency that has accelerated in recent years and is driven by the following factors:

  • Increasing geopolitical ignorance caused by a growing misunderstanding of how the world actually works
  • A drastic decline in political pragmatism because it is viewed as inconsistent with a new Western morality  infused with narratives of feminism, gay rights, and anti-racism  
  • A steep decline in the West's original moral qualities of courage, honour, loyalty, masculinity, moral fiber, and commitment

The West feels 'morally' driven to destabilize or depose the natural power elites of various Third World states, often with an unacknowledged economic back story, but it now lacks the qualities that enabled it to succeed in the past.

Liberal elites, unlike the old Conservatives or the 'rednecks’ and 'flyovers' they so detest, are unable to fulfill the duties their actions assume. For the liberal ruling class, it is enough to make the moral gesture, get the buzz, and then sidle away from the mess they have created and look for the next humanitarian interventionist thrill.

Rather than imposing "totalitarian humanism," as some fear, this irresponsible attitude has instead created a toxic brew of "hegemonic anarchy," characterized by chaos, civil war, massacres, mutilations, religious insanity, and growing contempt for the West. Boko Haram, the group in Nigeria that hit the headlines earlier this year when it kidnapped over 200 schoolgirls, expresses this contempt in its name, which literally means "Western education is sin." Iraq and Afghanistan, the scenes of the West's greatest commitments and sacrifices, are clearly being lost to any semblance of order; while the hashtag offensive "Bring our Girls Back" that was supposed to bring Boko Haram to its knees is struggling even to make an impact on social media.

Against this background, some countries in the danger zone, like Algeria, Egypt, and Thailand, have found temporary reprieve by reverting to old-style military dictatorships with a bit of PR – the promise of "free elections," a high-profile female appointment, etc. – to keep the liberal commentariat from becoming too interested in their affairs.

 
The secular strongman – the optimum
solution for the fractious Third World state?
Iraq is a classic example of the kind of country that either requires pragmatic or principled treatment, but which in Western interventionist hands just turns to mush. Like most Third World countries, it has badly-drawn borders that do not correspond to organic cultures and nations, but instead throw together diverse and antagonistic thedes.

Thanks to the former predominance of the Turks in the region, the natural ruling elite has been rooted in the Sunni Arab part of the population. This group also occupies a relatively central position, with the numerically superior Shiite Arabs to the south and the non-Arabic Kurds to the northeast.

Despite its inherent flaws and weakness, Iraq, with the right kind of strong and pragmatic leader, could be relatively stable. Although Saddam Hussein was clearly deeply flawed, he may well have been an optimum solution for the country in a way that the present underpowered 'strongman,' Prime Minister Nouri al-Maliki, clearly isn't.

A well-managed partition of the country into three separate sections, corresponding to the three main groups in the population, may have been another option at one time, but that moment has clearly passed. Whatever new borders arise will now have to be drawn in blood, while any strongmen that arise to keep the country united are likely to get on the wrong side of Western Liberals at some point and meet the same end as Saddam or Gaddafi.

The truth is that "humanitarian" Western liberals prefer anarchy to a convenient tyrant: anarchy says "we tried" rather than "we connived," and, as the somewhat Orwellian phrase "humanitarian intervention" hints, it helps them to feel better about themselves. But rather than orderly humanism, what the Liberal West is pioneering is a form of hegemonic anarchy.

Orwell's quad: wreaking havoc in the 21st century.


A version of this article was previously published at Theden.

Nantes: Samourai

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00:05 Publié dans Evénement, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, nantes, samourai, japon, traditions | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook