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lundi, 16 octobre 2023

Totalitarisme et féminisme : le point par George Orwell

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Totalitarisme et féminisme : le point par George Orwell

par Nicolas Bonnal

On ne va pas rappeler la brutalité du féminisme occidental dans l’épisode que nous vivons ; Todd en avait bien parlé dans Après l’Empire. Chesterton déjà en avait parlé (voyez mes textes) lors de son voyage en Amérique : le citoyen n’aurait pas plus de droits qu’un enfant dans une nursery. J’ai souligné dans un texte sur Gustave de Beaumont, compagnon de route de Tocqueville, le caractère ombrageux, intellectuel, triste et platonique de l’épouse américaine qui selon Beaumont ne peut réussir à s’entendre avec son mari. Par contre elle déclenchera toutes les guerres humanitaires qu’on voudra.

Nous vivons des temps apocalyptiques où le séculaire totalitarisme progressiste occidental jusque-là plus ou moins maintenu explose à la surface du monde et veut exterminer tout ce qui bouge. On relira l’étude de Rothbard sur le fanatisme judéo-protestant qui s’exprime aujourd’hui dans les pays anglo-saxons, protestants, scandinaves, germaniques et judéo-chrétiens comme on dit. La fin prévisible du catholicisme romain permet à cette folie millénariste et progressiste de s’exprimer comme elle le fit en Allemagne et ailleurs au seizième siècle. Le texte de Rothbard sur les anabaptistes de Munster est essentiel.

J’en reviens à Orwell : comme tous les lecteurs superficiels j’en étais resté au sex crime. Mais cela va beaucoup plus loin, et Orwell réglait des comptes avec la modernité, et Orwell est considéré aujourd’hui comme un suprématiste à interdire des bibliothèques british. Car rien ne les arrête.

On va voir pourquoi ; dès le début du livre ce maître martyr et étrange écrit :

« C’était une fille d’aspect hardi, d’environ vingt-sept ans, aux épais cheveux noirs, au visage couvert de taches de rousseur (NDLR : 1984 abonde en rouquines) à l’allure vive et sportive. Une étroite ceinture rouge, emblème de la Ligue Anti-Sexe des Juniors, plusieurs fois enroulée à sa taille, par-dessus sa combinaison, était juste assez serrée pour faire ressortir la forme agile et dure de ses hanches. Winston l’avait détestée dès le premier coup d’œil. Il savait pourquoi. »

C’est ce mot de détester qui me frappe. On n’en a pas fini :

« C’était à cause de l’atmosphère de terrain de hockey, de bains froids, de randonnées en commun, de rigoureuse propreté morale qu’elle s’arrangeait pour transporter avec elle. Il détestait presque toutes les femmes, surtout celles qui étaient jeunes et jolies. C’étaient toujours les femmes, et spécialement les jeunes, qui étaient les bigotes du Parti : avaleuses de slogans, espionnes amateurs, dépisteuses d’hérésies. »

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On retrouve cette idée dans plusieurs épisodes du Prisonnier (la série télé, voyez mes textes) : on a une fille jeune et jolie, crétine et fanatique, bornée et maléfique, cruelle quand il faut. Le modèle écolo-progressiste d’aujourd’hui qui veut zigouiller la planète après y avoir mis bon ordre (elle a du mal avec la Russie, mais on verra…) en vient. Tout montre que le Prisonnier est la seule série télé à garder chez soi ; le reste est divertissement.

La fille est un agent de la police de la pensée (mot remis à la mode par Annie Kriegel qui parla de police juive de la pensée un jour…) :

« Mais cette fille en particulier lui donnait l’impression qu’elle était plus dangereuse que les autres. Une fois, alors qu’ils se croisaient dans le corridor, elle lui avait lancé un rapide regard de côté qui semblait le transpercer et l’avait rempli un moment d’une atroce terreur. L’idée lui avait même traversé l’esprit qu’elle était peut-être un agent de la Police de la Pensée. C’était à vrai dire très improbable. Néanmoins, il continuait à ressentir un malaise particulier, fait de frayeur autant que d’hostilité, chaque fois qu’elle se trouvait près de lui quelque part. »

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Ces créatures (rousses comme on a dit) sont conditionnées. Intervient le fameux épisode Goldstein :

« Comme d’habitude, le visage d’Emmanuel Goldstein, l’Ennemi du Peuple, avait jailli sur l’écran. Il y eut des coups de sifflet çà et là dans l’assistance. La petite femme rousse jeta un cri de frayeur et de dégoût. Goldstein était le renégat et le traître. Il y avait longtemps (combien de temps, personne ne le savait exactement) il avait été l’un des meneurs du Parti presque au même titre que Big Brother lui-même. Il s’était engagé dans une activité contre-révolutionnaire, avait été condamné à mort, s’était mystérieusement échappé et avait disparu. »

Dans ce monde de fonctionnaires froides et sans enfants (futures commissaires de Bruxelles) il ne faut pas bouger le petit doigt :

« Deux doigts de sa main droite étaient tachés d’encre. C’était exactement le genre de détail qui pouvait vous trahir. Au ministère, quelque zélateur au flair subtil (une femme, probablement, la petite femme rousse ou la fille brune du Commissariat aux Romans) pourrait se demander pourquoi il avait écrit à l’heure du déjeuner, pourquoi il s’était servi d’une plume démodée, et surtout ce qu’il avait écrit, puis glisser une insinuation au service compétent. »

La chasse au sexe « hétérosexuel » est devenue une activité mainstream en Occident. Dans le monde d’Orwell on en est déjà là comme on sait :

« Le but du Parti n’était pas simplement d’empêcher les hommes et les femmes de se vouer une fidélité qu’il pourrait être difficile de contrôler. Son but inavoué, mais réel, était d’enlever tout plaisir à l’acte sexuel. Ce n’était pas tellement l’amour, mais l’érotisme qui était l’ennemi, que ce fût dans le mariage ou hors du mariage. »

Les naissances sont raréfiées et contrôlées (revoyez mon texte sur Platon et son livre VIII – de la République) :

« Tous les mariages entre membres du Parti devaient être approuvés par un comité appointé et, bien que le principe n’en eût jamais été clairement établi, la permission était toujours refusée quand les membres du couple en question donnaient l’impression d’être physiquement attirés l’un vers l’autre. La seule fin du mariage qui fût admise était de faire naître des enfants pour le service du Parti. »

Cible importante, l’érotisme supérieur (voyez l’hindouisme ou Daniélou, le culte de l’Amour au Moyen Age) et même le plaisir sexuel :

« La seule fin du mariage qui fût admise était de faire naître des enfants pour le service du Parti. Le commerce sexuel devait être considéré comme une opération sans importance, légèrement dégoûtante, comme de prendre un lavement. Cela non plus n’avait jamais été exprimé franchement mais, d’une manière indirecte, on le rabâchait dès l’enfance à tous les membres du Parti. »

L’on se rapproche d’une séparation totale (Philippe Muray me parlait en 2002 d’un projet de couvre-feu pour les hommes en Suède, c’est dommage, ils ne sont pas encore allés jusque-là). On évoque une insémination artificielle :

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« Il y avait même des organisations, comme celle de la ligue Anti-Sexe des Juniors, qui plaidaient en faveur du célibat pour les deux sexes. Tous les enfants devraient être procréés par insémination artificielle (artsem, en novlangue) et élevés dans des institutions publiques.

Winston savait que ce n’était pas avancé tout à fait sérieusement, mais ce genre de concept s’accordait avec l’idéologie générale du Parti. »

Ensuite on se rapproche de ce qui nous est arrivé. Le porno, la pseudo-libération, le web et l’abjection ont tué le « sexe » (le « faire l’Amour ») chez nous comme elles doivent le tuer dans le monde d’Orwell :

« Le Parti essayait de tuer l’instinct sexuel ou, s’il ne pouvait le tuer, de le dénaturer et de le salir. Winston ne savait pas pourquoi il en était ainsi, mais il semblait naturel qu’il en fût ainsi et, en ce qui concernait les femmes, les efforts du Parti étaient largement couronnés de succès. »

Le prix Nobel péruvien Vargas Llosa de passage dans une librairie universitaire US avait noté la disparition du sexe (il cherchait en amateur éclairé de la littérature érotique) et de toute culture d’ailleurs. La cancel culture a effacé presque tout (même l’orthographe) et elle effacera tout.

Le système orwellien tire ainsi parti des femmes :

« Winston apprit avec étonnement que, sauf le directeur du Commissariat, tous les travailleurs du Pornosec étaient des femmes. On prétendait que l’instinct sexuel des hommes étant moins facile à maîtriser que celui des femmes, ils risquaient beaucoup plus d’être corrompus par les obscénités qu’ils maniaient.

– Ils n’aiment pas avoir là des femmes mariées, ajouta-t-elle. On suppose toujours que les filles sont tellement pures ! En tout cas, il y en a une ici qui ne l’est pas.

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Elle avait eu son premier commerce amoureux à seize ans avec un membre du Parti âgé de soixante ans, qui se suicida plus tard pour éviter d’être arrêté. »

Revenons-en au projet orwellien occidental ; à la fin du livre tout est révélé lumineusement ; on a Macron, sa clique, le prince Charles (pour moi il ne sera jamais Roi), Bill Gates, Harari-Schwab et tout le reste (pour comprendre ces gens lisez les textes de Balazs sur les eunuques) :

« Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout. »

Cela c’est la France actuelle.

Mais continuons : on va briser le sexe, la famille, la culture, et même la science (j’allais dire surtout la science, car la natalité et la mortalité…) ! Orwell donc :

« Nous écrasons déjà les habitudes de pensée qui ont survécu à la Révolution. Nous avons coupé les liens entre l’enfant et les parents, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et la femme. Personne n’ose plus se fier à une femme, un enfant ou un ami. Mais plus tard, il n’y aura ni femme ni ami. Les enfants seront à leur naissance enlevés aux mères, comme on enlève leurs œufs aux poules. L’instinct sexuel sera extirpé. La procréation sera une formalité annuelle, comme le renouvellement de la carte d’alimentation. Nous abolirons l’orgasme. Nos neurologistes y travaillent actuellement. Il n’y aura plus de loyauté qu’envers le Parti, il n’y aura plus d’amour que l’amour éprouvé pour Big Brother. Il n’y aura plus de rire que le rire de triomphe provoqué par la défaite d’un ennemi. Il n’y aura ni art, ni littérature, ni science. »

Dans un monde nu, un monde à poil, il ne restera que l’exercice du pouvoir (merci Jouvenel pour ton livre) : Breton, Leyen, Macron, Biden et leurs remplaçants vont se régaler jusqu’au bout :

« Quand nous serons tout-puissants, nous n’aurons plus besoin de science. Il n’y aura aucune distinction entre la beauté et la laideur. Il n’y aura ni curiosité, ni joie de vivre. Tous les plaisirs de l’émulation seront détruits. Mais il y aura toujours, n’oubliez pas cela, Winston, il y aura l’ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s’affinera de plus en plus. Il y aura toujours, à chaque instant, le frisson de la victoire, la sensation de piétiner un ennemi impuissant. Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain… éternellement. »

Le monde du vaccin, du Grand Reset et des guerres permanentes de l’Océanie est ainsi exposé (je ne donne pas les pages pour que vous les recherchiez et que vous le relisiez ce bouquin) :

« Commencez-vous à voir quelle sorte de monde nous créons ? C’est exactement l’opposé des stupides utopies hédonistes qu’avaient imaginées les anciens réformateurs. Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d’écraseurs et d’écrasés, un monde qui, au fur et à mesure qu’il s’affinera, deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. L’ancienne civilisation prétendait être fondée sur l’amour et la justice. La nôtre est fondée sur la haine. Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout. »

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Et comme on nous disait que Paris se couvre de rats et de punaises sous le règne interminable et minable (mais populaire) d’Anne H. :

– Le rat, dit O’Brien en s’adressant toujours à son invisible auditoire, est un carnivore, bien qu’il soit un rongeur. Vous avez dû entendre parler de ce qui se passe dans les quartiers pauvres de la ville. Dans certaines rues, les femmes n’osent, même pour cinq minutes, laisser seul leur bébé dans la maison. Les rats l’attaqueraient certainement. En très peu de temps, ils l’éplucheraient jusqu’aux os. Ils attaquent aussi les malades et les mourants. Ils savent reconnaître, avec une étonnante intelligence, si un homme est impotent.

Sources :

http://www.bouquineux.com/index.php?telecharger=898&O...

https://lesakerfrancophone.fr/de-platon-a-packard-de-la-g...

https://lesakerfrancophone.fr/bertrand-de-jouvenel-et-la-...

https://lesakerfrancophone.fr/patrick-mcgoohan-le-prisonn...

https://lesakerfrancophone.fr/le-feminisme-us-par-dela-le...

https://lesakerfrancophone.fr/observations-sur-le-devenir...

https://lesakerfrancophone.fr/gustave-de-beaumont-et-la-c...

https://lesakerfrancophone.fr/de-notre-devenir-termite-vi...

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_M%C3%BCnster

mercredi, 12 octobre 2022

Guerre orwellienne et Grand Reset

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Guerre orwellienne et Grand Reset

par Nicolas Bonnal

Certains se demandent ce que font les Russes, d’autres se demandent s’ils perdent. Les plus enflammés crient au génie échiquéen et judoka et traitent d’agents de l’Otan ceux qui ne sont pas d’accord. Parfois il y en a qui réfléchissent.

Le général Delawarde a écrit un texte intéressant où il pose les vraies questions.

"Dès le début de l’opération en Ukraine, j’ai commencé à me poser de nombreuses questions sur ses buts, ses objectifs et son résultat final. Les actions de notre armée et de nos autorités ont clairement indiqué que la Russie ne s’efforçait pas d’achever rapidement l’opération".

Voyez comme c’est étrange :

– Retrait volontaire des troupes près de Kiev ;

– Refus de la prise d’initiative ;

– Arrêt des opérations offensives et passage en défensif ;

– Négociations délibérément dénuées de sens ;

– Étranges échanges de prisonniers ;

– Frappes quasi-exclusivement contre des cibles militaires ;

– Refus catégorique d’endommager les infrastructures stratégiques “civiles”;

– Référendums organisés à la hâte ;

– Refus d’attaquer les QG et centres de décision ennemis. »

Rasoir d’Ockham aidant, la réponse vient vite :

« Évidemment, l’option la plus simple est de considérer que nos autorités (russes) sont des imbéciles. Bien sûr, qu’elles sont capables de mener une guerre normale. Pourquoi ne le font-elles pas ? »

Mais le général fait une juste et audacieuse observation :

« De longues réflexions m’ont amené à la conclusion suivante :

Si l’on considère que l’opération n’est qu’une des étapes de la lutte contre l’Occident, il s’avère que la Russie n’a vraiment pas besoin d’une victoire rapide et décisive en Ukraine. L’armée est inutile trop en avant. Une défaite rapide et complète de l’Ukraine ne changera rien pour nous en termes géopolitiques. Nous aurons de nouveaux territoires et de nouvelles populations, mais l’alignement géopolitique mondial restera le même. »

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On fabriquerait donc à Moscou donc une guerre qui dure :

« L’objectif semble être complètement différent : forcer l’Occident à jeter autant de ressources financières et militaires que possible dans le brasier. Dans la partie d’échecs, une pièce est sacrifiée afin d’attirer un adversaire dans un piège dont il ne pourra plus sortir. Et si nous gardons cet objectif à l’esprit, il devient clair pourquoi les États-Unis ont fait sauter nos gazoducs : sans eux, l’importance des gazoducs ukrainiens augmente considérablement. Il s’agit d’une tentative d’engager davantage les européens dans le conflit. »

La cible de cette guerre est donc l’Occident qui va passer un hiver très dur, y compris en Amérique. On oublie dans la résistance que pour l’empire aucune population n’importe, pas plus l’américaine que l’européenne : une lectrice de retour d’Atlanta me raconte qu’une omelette vaut là-bas quinze euros, idem une bouteille de vin, idem un  paquet de cigarettes. Un petit repas dans un boui-boui vaut 80 euros. En Californie le gallon vaut huit dollars: l’essence est à plus de deux euros le litre dans un état grand comme la France, où tout se fait en bagnole. Biden n’a rien à faire de sa population qui reste de toute manière pour lui et ses marionnettistes de Wall Street trop blanche et trop rebelle.

Mais restons-en à cette idée d’une guerre qui dure et qui affaiblit tout le monde : les Russes ont du gaz mais pas de voitures. Les ventes de voitures ont chuté en moyenne depuis avril de 60 à 80%. L’effondrement du niveau de vie sera qualitatif, si la faible baisse quantitative du PNB le masque.

Pour moi qui suis toujours dans les livres et les films, cette guerre entre Eurasie et Océanie qui dure et qui nous ruine nous le peuple offre de fâcheux relents orwelliens. Car 1984 reste notre Apocalypse sinon notre livre d’Enoch.

On cite le mage sur cette vraie-fausse guerre qui dure (1984, p. 244, je donne le lien en français):

« La guerre donc, si nous la jugeons sur le modèle des guerres antérieures, est une simple imposture. Elle ressemble aux batailles entre certains ruminants dont les cornes sont plantées à un angle tel qu’ils sont incapables de se blesser l’un l’autre ».

La guerre a changé de cible : on tue son camp, pas l’autre. Orwell :

« Mais, bien qu’irréelle, elle n’est pas sans signification. Elle dévore le surplus des produits de consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée. Ainsi qu’on le verra, la guerre est une affaire purement intérieure. Anciennement, les groupes dirigeants de tous les pays, bien qu’il leur fût possible de reconnaître leur intérêt commun et, par conséquent, de limiter les dégâts de la guerre, luttaient réellement les uns contre les autres, et celui qui était victorieux pillait toujours le vaincu. De nos jours, ils ne luttent pas du tout les uns contre les autres. La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets et l’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société ».

C’est la vieille andouille De Closets qui se félicitait du rôle retrouvé de l’Etat avec la crise du Covid. Ce rôle se renforce pour Bruxelles et pour Paris avec la guerre contre la Russie qui permet d’accélérer le Reset et l’autoritarisme. Les deux premières guerres mondiales ont établi le mondialisme, celle-ci va numériser le troupeau et liquider « la vieille race blanche » dont j’ai parlé en 2009 (voir lien) pour établir le Reset voulu par les gnostiques de Davos, lieu de la Montage magique de Thomas Mann. Relisez ce livre étincelant et programmatique et incompris, où tous les personnages sont des malades et des moribonds entourés de médecins inefficaces.

Sur ce sujet on découvrira mon émission sur la Guerre et le Grand Reset. Je me suis désintéressé des opérations dès le début (et comme j’ai eu raison ! Et comme j’ai eu raison !) en soulignant que la guerre amenait le Reset alors que le vaccin ou le virus demeuraient trop dénués de victimes (cf. Léon Bloy à propos de l’incendie du Bazar de la Charité : « le petit nombre des victimes tempérait ma joie »).

https://www.youtube.com/watch?v=mkGsGUOdPJM

Orwell poursuit sur ce mot :

« Le mot « guerre », lui-même, est devenu erroné. Il serait probablement plus exact de dire qu’en devenant continue, la guerre a cessé d’exister. La pression particulière qu’elle a exercée sur les êtres humains entre l’âge néolithique et le début du vingtième siècle a disparu et a été remplacée par quelque chose de tout à fait différent. L’effet aurait été exactement le même si les trois super-États, au lieu de se battre l’un contre l’autre, s’entendaient pour vivre dans une paix perpétuelle, chacun inviolé à l’intérieur de ses frontières. Dans ce cas, en effet, chacun serait encore un univers clos, libéré à jamais de l’influence assoupissante du danger extérieur. Une paix qui serait vraiment permanente serait exactement comme une guerre permanente. Cela, bien que la majorité des membres du Parti ne le comprenne que dans un sens superficiel, est la signification profonde du slogan du Parti : La guerre, c’est la Paix. »

Cette guerre sera perpétuelle. Elle concerne en effet des super-Etats – qu’on ne nommera pas – tous  fascinés par le contrôle numérique du troupeau (les données sur l’Inde sont également terrifiantes) et qui ne sont pas pressés d’en terminer. C’est une guerre que nos dirigeants livrent contre nous, avec la collaboration de la population : le football, la bière et le jeu (1984, p. 87) contrôlent le troupeau. Nietzsche le disait : il faut maltraiter le petit peuple. Sinon l’appétit lui vient en mangeant.

Sources :

https://inventin.lautre.net/livres/Orwell-1984.pdf

https://www.mollat.com/livres/579219/nicolas-bonnal-mal-a...

https://www.zerohedge.com/geopolitical/these-are-worlds-m...

http://www.thule-italia.net/sitofrancese/Libri/Nietzsche....

https://www.ebooksgratuits.com/pdf/mann_la_montagne_magiq...

https://lilianeheldkhawam.com/2022/08/18/la-russie-a-lheu...

 

 

23:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nicolas bonal, grand reset, ukraine, george orwell | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 15 juin 2022

Dwingeland: Orwell dans les polders - Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

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Dwingeland: Orwell dans les polders Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

par Sjors Remmerswaal

Source: https://reactnieuws.net/2022/06/12/boek-dwingeland-orwell-in-de-polder-coen-de-jong/

Dans ce livre, le politologue Coen de Jong se sert des idées de l'écrivain anglais George Orwell pour analyser la situation politico-sociale des Pays-Bas d'aujourd'hui, par exemple pour dénoncer la camisole de force qu'est la "nouvelle normalité" résultant des mesures sanitaires et du phénomène de mode émergeant qu'est l'idéologie woke. Orwell a partagé ses observations politiques et sociales du début et du milieu du siècle dernier, qu'il a relatées dans des essais et des livres tels que La Ferme des animaux et 1984.  De Jong donne des exemples de la société néerlandaise de ces dernières années qui se rattachent parfaitement aux idées d'Orwell, qui défendait la démocratie contre les formes autoritaires de gouvernement.

Nous nous souvenons de George Orwell comme d'un penseur important, précisément parce qu'il a osé aller à l'encontre des dogmes dominants de son époque et a sévèrement critiqué le pouvoir. Orwell reconnaîtrait immédiatement presque tout de notre Nouvelle Normalité.

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La force du livre réside dans le fait que, avec Orwell en main, il critique vivement l'effondrement de la démocratie et la façon dont celui-ci s'accompagne de vagues de propagande en provenance des centres du pouvoir néerlandais. Les exemples abondent, tels que l'érosion des droits fondamentaux, une censure de grande envergure, une surveillance politique, une campagne contre les dissidents, la glorification du leadership et la mise en place de lignes d'assistance. On constate cependant que l'idéologie woke et autoritaire, utilisée par le pouvoir, bien que venant à l'origine de l'extrême gauche, a maintenant été reprise par les entreprises et les gouvernements partout dans le monde. Une fausse révolution pour renforcer l'ordre établi. En remplaçant des personnes à des postes visibles, en changeant les logos et en accrochant des drapeaux, cela suffit à dissiper toute une série d'autres critiques.

Plus grave encore est la vague croissante de censure, avec le marquage de faits et d'opinions indésirables qui équivaut à de la désinformation, puis la désignation et la honte publiques infligées à ces critiques. En partie à cause de cela, les débats publics se déplacent vers l'internet, via des groupes de discussion fermés, où le gouvernement tente frénétiquement d'entrer et, pour y parvenir, va jusqu'à enfreindre les lois néerlandaises. Il est bien connu que le gouvernement désapprouve et aimerait intervenir lorsque les gens mettent n'importe quoi sur Internet, surtout lorsqu'il s'agit de sujets critiques envers la politique gouvernementale. D'où l'appel de plus en plus fort pour dire que le temps de l'internet gratuit doit être terminé. Et puis, bien sûr, il y a la fameuse législation sur la censure, qui rend difficile pour les gens de se former une opinion bien charpentée et de s'exprimer sur certains sujets en bonne connaissance de cause.

Dans son livre 1984, Orwell parle de l'Océanie où il n'y a pas de loi. "Il n'est écrit nulle part ce que les citoyens peuvent ou ne peuvent pas dire et penser. Après tout, un membre du parti ne doit pas seulement avoir les bonnes opinions, mais aussi les bons instincts". Et revenons aux Pays-Bas d'aujourd'hui, où la vérité est ce que Big Tech, les gouvernements, les politiciens et les médias de masse vous disent à tout moment, mais cette vérité peut être différente demain, mutation que vous devriez sentir à l'avance. Ce n'est pas vraiment un réconfort ! Il s'agit d'un livre écrit avec calme et clarté, destiné à un large public intéressé par la politique. Pas d'analyse approfondie de l'œuvre de George Orwell, mais beaucoup de comparaisons frappantes avec l'évolution rapide de la situation politico-sociale aux Pays-Bas. En outre, cela peut encourager les gens à lire d'autres ouvrages d'Orwell que son œuvre principale, 1984.

Pour illustrer la gravité du déclin de l'ancienne démocratie des Pays-Bas, De Jong cite l'ancien médiateur national Alex Brenninkmeijer, qui se préoccupe de la protection des droits fondamentaux des citoyens, ce qui doit leur donner la certitude d'être bien traité par l'État. C'est insuffisant selon Brenninkmeijer : "Et en cela, nous sommes uniques en Europe. Nos lois ne sont même pas testées par rapport à la constitution. Même dans un pays comme la Pologne, ils n'y comprennent plus rien".

Coen de Jong, Dwingeland, Orwell in de Polder, 2021, Éditeur Blauwburgwal, 260 pages en néerlandais, € 20,00

dimanche, 10 avril 2022

"1984" - un classique repaginé avec un peu de retard

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1984 - un classique repaginé avec un peu de retard

Par Josh Del Castillo

Source: https://jornalpurosangue.com/2022/03/13/1984-um-classico-repaginado-e-com-um-pouco-de-atraso/

Je commence ce court essai en "faisant la pluie et le beau temps", en dessinant un scénario de durma concentrique, du plus petit cercle au plus grand.

Pour ce faire, il faut commencer par comprendre que le groupe Globo, et l'ensemble des grands médias brésiliens, est le porte-parole de notre ennemi, je veux dire, de l'ennemi du peuple brésilien. Cet ennemi ne veut pas que notre peuple soit bien nourri, qu'il vive dans la dignité, qu'il ait accès à de bons emplois, à des logements décents, à des informations de qualité, rien de tout cela. Cet "ennemi" veut que nous soyons exactement là où nous sommes: à genoux, quémandant une opportunité d'être exploités par l'une de ces grandes technologies de livraison de snacks, ou par une autre de transport privé, dont le seul coût est de faire fonctionner un programme informatique, et de centraliser les paiements. Le coût opérationnel réel est supporté par les "collaborateurs".

Notre "ennemi", celui qui paie les agendas de nos grands médias, a aujourd'hui déjà le pouvoir de fixer les règles, via des algorithmes, pour notre accès à l'information également en dehors des grands médias. Et elle utilise également son énorme pouvoir économique pour filtrer les informations qui doivent ou ne doivent pas atteindre nos serveurs Internet.

En bref, il existe un nombre infini de possibilités de manipulation de la perception de la réalité qui sont connues aujourd'hui, et qui sont étudiées depuis des décennies. George Orwell nous alertait déjà dans le classique 1984, dans lequel il défendait la thèse qu'un nouveau paradigme linguistique était en train de s'installer dans le monde afin, en subvertissant le sens des mots, de tenir en laisse tous les peuples de la Terre par un pouvoir universel. Peut-être la réalité de 1949 l'a-t-elle poussé à réaliser que ce "pouvoir universel" serait un type de gouvernement mondial absolutiste basé sur le modèle de l'"État-nation" qui a conduit le monde au chaos au début du 20e siècle. Mais ce concept s'est en quelque sorte adapté au cours du 20e siècle et au début du 21e, et se rapproche aujourd'hui du concept décrit par John Perkins : "Corporatocratie" - un immense cartel de sociétés géantes qui contrôlent des gouvernements fantoches dans des pays puissants, de sorte que ceux-ci agissent comme leurs mandataires.

9780452289574.jpgSans tomber dans le piège du marécage des théories conspirationnistes farfelues qui, à dessein, envahissent les réseaux, il y a lieu de se méfier de toute "unanimité" voulue, surtout lorsqu'elle est imposée par ces mêmes dirigeants fantoches d'en haut, ainsi que ces mêmes médias alignés sur ces mêmes intérêts corporatifs du grand cartel.

Mise en lumière pour cette diffusion relativement récente de théories folles qui vont des terraplanistes aux Antivaccins, en passant par la paranoïa de la "domination des êtres non-humains perpétuée dans les castes supérieures de la société mondiale que l'on souhaite faire un Empire mondial de soumission de la vraie race humaine" (désolé, mais c'était le meilleur résumé que je pouvais faire).

On doit également soupçonner que l'incitation souterraine à ce que de telles insanités occupent l'espace dans les réseaux peut aussi être une stratégie pour plâtrer le débat sur tout ce qui a été dit (ou écrit) dans les paragraphes précédents. C'est-à-dire que lorsque quelqu'un, doté d'une capacité d'analyse standard, commence à rassembler les pièces du puzzle et à tisser quelques critiques au schéma de domination que l'on peut observer au bout de l'horizon, cette personne est automatiquement associée à ces théories insensées - tant par les algorithmes que par la "location de plumes" sur les réseaux (et, croyez-moi, aujourd'hui, il est très bon marché de louer des profils sur les réseaux, précisément à cause du scénario de précarité décrit plus haut).

Il est triste et frustrant de devoir assister à la réalisation d'une œuvre dystopique de science-fiction.

Il se peut que certaines des prémisses décrites dans 1984 aient été un peu retardées, précisément parce que ce monde bipolaire de la guerre froide ne permettait pas aux deux camps de laisser l'autre percevoir l'intrigue et de s'en servir pour discréditer l'autre. Mais lorsque l'un des pôles a littéralement fondu, l'autre s'est senti libre de, selon les mots du personnage "Brain" de WB, "dominer le monde".

Mais, comme le disait une de nos vieilles connaissances, une référence dans l'analyse du matérialisme dialectique: pour chaque thèse, il y aura toujours son antithèse. Les Chinois y ont pensé il y a des millénaires: chaque Ying a son Yang. C'est pourquoi je dis que nous vivons aujourd'hui une exposition inconfortable de l'antithèse géopolitique à la thèse établie. Ce n'est peut-être pas l'antithèse que voulaient nos théoriciens sociaux, mais c'est celle que l'Histoire a construite.

Et, au terme de cette longue et fastidieuse explication, il est possible de conclure que: s'il subsiste un doute sur le fait que la Thèse géopolitique actuelle est la raison principale de tous les obstacles au développement de la qualité de vie de notre population, pourquoi tant d'efforts pour nous faire haïr l'Antithèse qui se présente ? En bref: ni la Russie ni la Chine, au cours de leurs millénaires d'histoire, n'ont jamais levé le petit doigt pour nuire à notre mode de vie, elles n'ont jamais fomenté un seul coup d'État ni intervenu dans une région qui n'était pas strictement adjacente à leurs territoires, elles n'ont jamais colonisé, réduit en esclavage ou encouragé le génocide sur les continents africain ou américain. C'est tout le contraire des États-Unis et de leurs alliés en Europe occidentale.

Mais, toute cette structure médiatique assemblée avec toute cette puissance mondiale a pour principale raison de pousser les gens à nourrir de la haine pour ceux qui ne leur ont jamais fait de mal et à idolâtrer comme des héros leurs bourreaux récurrents. Car pour diffuser la vérité, il n'est pas nécessaire de la répéter 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dans tous les médias disponibles. La vérité se suffit à elle-même. C'est le mensonge qui doit être soutenu en permanence, car s'il demeure seul, il tombera fatalement.

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vendredi, 09 juillet 2021

Le futur entre Huxley et Orwell

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Le futur entre Huxley et Orwell

par Carlo Desideri

Source : InStoria & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-futuro-tra-huxley-e-orwell

En 1932, l'écrivain Aldous Huxley a publié l'un de ses plus célèbres romans, Le meilleur des mondes, qui est devenu à terme l'un des textes les plus représentatifs du genre dystopique dans la littérature du XXe siècle. Le monde imaginé par Huxley est un monde régi par un gouvernement mondial, où les principes éthiques et moraux tels que nous les connaissons sont complètement annulés et oubliés au profit d'une société divisée en castes, qui indiquent de véritables classes sociales, dédiée à l'idéologie progressiste et maintenue fermement par un véritable culte religieux appelé "culte de Ford", en l'honneur de l'entrepreneur américain dont la figure est adorée comme une sorte de divinité.

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Le monde est dirigé par un groupe oligarchique appelé "alpha plus", qui jouit de privilèges supérieurs à la moyenne, mais qui doit maintenir un code de conduite blindé, basé sur une socialisation poussée, un temps de solitude réduit au minimum, des relations centrées principalement sur la polygamie, et l'expression constante de louanges et d'appréciation de la société du nouveau monde ; la répudiation de ce système social n'est en aucun cas autorisée ou envisagée.

En fait, dans la deuxième partie du récit, Huxley nous montre comment une forme de l'ancienne société a survécu, dans une réserve contrôlée et gérée par le gouvernement du nouveau monde comme un véritable lieu touristique, où il est possible de rencontrer des sujets, appelés "les sauvages", qui vivent selon des règles totalement opposées au nouveau monde, dans une structure sociale monogame, qui croit fermement aux idéaux du mariage et qui est fortement liée à une croyance religieuse - au point de conduire à un véritable fanatisme - largement basée sur le christianisme, mais avec quelques éléments rituels rappelant le paganisme.

Il est important de noter que les membres du nouveau monde entrent en contact avec les habitants de la réserve en tant que simples touristes, mais ils les considèrent comme fortement inférieurs et n'ont aucunement l'intention de laisser ces individus influencer leur mode de vie. Ce ressentiment est toutefois également ressenti par les sauvages, qui considèrent le nouveau monde comme un fléau et méprisent les idéaux qu'il représente.

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Deux structures sociales, donc, liées par des idéaux extrêmes et opposés, qui ne peuvent en aucun cas envisager une coexistence autre que celle décrite par Huxley qui prévoit le pouvoir et le contrôle de l'une sur l'autre. Dans les deux cas, l'invincibilité de la structure sociale présentée dans le récit est démontrée par l'évolution de l'histoire de ce qui peut être présenté comme les deux protagonistes.

Le premier est Bernard Marx, un représentant de la classe alpha plus qui ne se reconnaît pas du tout dans les impositions sociales, tendant vers l'isolement, des sentiments profonds envers une fille unique qui suggèrent une tendance à la monogamie et cherchant toujours à se rebeller et à agir selon ses propres désirs et non ceux des autres, mais lorsqu'il est menacé d'être transféré dans un endroit isolé, loin de chez lui, précisément à cause de sa conduite négative, perdant ainsi les privilèges que lui confère sa position sociale, il décide d'embrasser complètement le style de vie du nouveau monde, devenant peut-être l'une des principales figures représentatives de l'alpha plus.

Le second est John, un personnage qui vit dans la réserve et qui est reconnu comme appartenant au groupe des sauvages, mais qui est en fait le fils du principal représentant du plus alpha, qui a abandonné une de ses nombreuses compagnes dans la réserve qui, neuf mois plus tard, donnera naissance à John. Le garçon se trouve donc être un enfant de deux mondes; il a grandi dans la réserve, mais sa famille vient du nouveau monde. Cela l'amène à développer un teint de peau différent de celui des sauvages, c'est pourquoi il est traité avec une forte distanciation au sein de la réserve. Malgré cela, il est très conditionné par le mode de vie et les principes des sauvages et, suite à son transfert dans le nouveau monde, il développe un grand sentiment de malaise et de dégoût envers cette société qui lui offre tant, en réalité beaucoup trop pour lui, et d'une manière trop différente et contre toute logique telle qu'il la comprend, un malaise qui le conduira bientôt au suicide, ayant alors réalisé qu'il ne peut pas changer le monde dans lequel il se trouve vivre.

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En 1949, un autre texte dystopique important, symbole du XXe siècle, est publié : 1984 de George Orwell, pour l'élaboration duquel il s'est inspiré du Nouveau Monde de Huxley, dans lequel il s'en prend amèrement à l'idéologie qui sous-tend les systèmes de pouvoir totalitaires, d'une manière en partie liée à l'analyse qu'il a développée dans ses travaux précédents, dont La Ferme des animaux, mais, alors que, dans ce texte, il analysait et critiquait principalement le système stalinien, dans 1984 nous pouvons trouver des éléments qui, en plus de nous ramener au stalinisme toujours fortement présent - comme la figure de Big Brother - peuvent être associés à toute forme de pouvoir totalitaire.

L'univers décrit par Orwell voit un monde divisé en trois macro-continents, constamment en guerre les uns contre les autres, formés à la suite d'une dernière grande guerre. L'histoire se déroule à Londres, qui se trouve sur le continent océanien, contrôlé par un parti totalitaire et oppressif, le Socing, dirigé par le personnage de Big Brother, dont on ne sait même pas s'il existe réellement.

Dans l'État d'Océanie, la vie de tout individu est extrêmement axée sur l'adoration et le respect du parti et de Big Brother et sur la haine des subversifs et des autres États. La société entière vit un quotidien programmé minute par minute et constamment surveillé par une série de caméras et de microphones situés partout, de la rue aux lieux de travail, et même dans les maisons; la vie privée n'est pas envisagée dans le cadre de 1984. Toute forme de subversion, même la plus minime et insignifiante, est sévèrement punie en prenant les sujets subversifs et en les transférant dans le lieu appelé le Ministère de l'Amour, où ils sont interrogés, analysés et finalement torturés jusqu'à ce que leur esprit devienne la proie du conditionnement du parti, les amenant à ressentir de la terreur, mais aussi de l'amour pour Big Brother; la vie de ces sujets, une fois soumise à la torture devient si vide et conditionnée qu'elle perd complètement son importance.

Le protagoniste de l'histoire est Winston, un homme qui travaille au ministère de la Vérité, le lieu où toutes les informations relatives à la situation interne et externe de l'État d'Océanie sont retravaillées puis rediffusées au profit de l'image du Parti, afin que la société puisse le percevoir comme parfait, supérieur à ses ennemis, internes et externes.

Winston n'est pas à l'aise avec les politiques du Parti, il déteste toute la situation qu'il est forcé de vivre, mais, en même temps, il doit faire attention à ne pas extérioriser de telles pensées. Dans l'Etat d'Océanie, en effet, il existe un organisme de surveillance appelé la psychopolice, qui a pour mission de trouver toute personne présentant des signes de pensées subversives à l'égard du parti, afin de la récupérer et de l'amener au ministère de l'amour.

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Winston cultive donc secrètement des pensées et des désirs non conformes aux principes totalitaires du parti et de Big Brother, jusqu'à ce qu'il rencontre Julia, une fille qui partage entièrement les visions de Winston. Winston et Julia entament une histoire d'amour en secret et prennent plaisir à enfreindre les règles imposées par le parti, qui incluent les relations amoureuses qui ne visent pas exclusivement la procréation et l'idolâtrie de Big Brother; toute pratique susceptible de véhiculer un plaisir personnel non lié à la figure du parti, qu'elle soit sexuelle ou ludique, est rigoureusement interdite.

Winston et Julia, dans la deuxième partie du roman, sont découverts et arrêtés. Une fois séparés, ils sont emmenés au ministère de l'Amour, où ils subissent des tortures physiques et psychologiques qui les amènent à s'abandonner totalement à une foi aveugle dans le parti, en le respectant, en le craignant et en l'aimant en même temps, ce qui rendra leur vie insignifiante et soumise au point d'éliminer totalement ce qu'ils étaient auparavant. À la fin, nous ne comprenons même pas complètement si Winston est réellement tué ou non, mais après tout ce qu'il a traversé et qui l'a façonné, cette information perd même de son importance.

L'histoire de Huxley et celle d'Orwell sont deux histoires apparemment aux antipodes l'une de l'autre, avec deux systèmes de contrôle basés sur des principes opposés, mais menant au même résultat. Les deux sociétés décrites sont complètement assujetties, liées par une idéologie unique qui ne permet aucune forme de subversion et qui punit lourdement toute forme de désobéissance.

Dans Le Nouveau Monde, le pouvoir est entre les mains d'un petit groupe d'individus ; dans 1984, au contraire, il est apparemment entre les mains d'un seul homme, mais dans les deux cas, il y a une forme de contrôle de fer, avec des moyens différents, mais menant au même résultat. Le libre arbitre est dans les deux cas complètement éteint et les systèmes décrits par les auteurs sont tous deux invincibles, les protagonistes n'ont finalement qu'une seule option: la soumission totale aux principes et au mode de vie imposés par le système, ce qui peut conduire à plus d'une conclusion, de la mort à la perte totale de la conscience de soi, mais dans tous les cas, toute forme de rébellion, qu'elle soit matériellement visible ou seulement sous forme psychologique ou spirituelle, est inévitablement éradiquée.

En 1958, Huxley publie un essai, d'une importance fondamentale pour ce qui concerne sa pensée politique et philosophique, reprenant son récit Le Nouveau Monde et associant ses éléments à la réalité géopolitique et sociale que vit la société mondiale et aux principaux événements qui, au cours des vingt-cinq dernières années, ont entraîné des crises et des changements.

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Dans son essai, Huxley n'oublie pas de considérer le texte d'Orwell, en le louant d'un point de vue qualitatif et analytique, mais en observant que, si en 1949 l'univers décrit par Orwell pouvait être fortement crédible et refléter une réalité qui, selon toute vraisemblance, pouvait se retrouver au sein d'un système totalitaire comme celui présenté dans 1984, près de dix ans plus tard, les choses semblent avoir changé. En fait, Huxley observe que la société mondiale, qu'elle soit dans un système totalitaire ou démocratique, va lentement mais sûrement dans la direction qu'il a décrite dans Le Nouveau Monde. Même en Union soviétique, explique Huxley, les gens commencent à préférer le conditionnement transmis par un système de privilèges et pas seulement le conditionnement par la peur et la répression, même si, bien sûr, les formes de répression envers les subversifs, ou les sujets considérés comme tels, continuent d'exister.

Huxley explique que certaines formes de centralisation du pouvoir, économique et politique, peuvent se produire à la suite de certaines crises qui, si elles sont mal gérées, peuvent conduire à un point de rupture qui aboutit à la centralisation du pouvoir sur un seul sujet ou un petit groupe d'élite. En effet, dans les récits de Huxley et d'Orwell, ces centralisations du pouvoir se sont produites à la suite d'une sorte de crise mondiale apparemment liée à un contexte de guerre. En particulier, Huxley affirme que l'une des principales causes susceptibles de provoquer une crise qui rendrait inévitable une telle prise de pouvoir est le danger de surpopulation, qui entraînerait un déséquilibre entre la consommation et la disponibilité des ressources.

Toutefois, de nombreux éléments peuvent conduire à un point de rupture, ou point de non-retour, qui entraînerait à son tour les conséquences décrites ci-dessus. Il suffit d'un mauvais choix, d'une confiance mal placée dans un sujet, ou un groupe restreint de sujets, qui se révèlent alors incapables de gérer certaines situations, ou qui profitent de leur position pour instaurer une forme de régime doucement ou durement coercitif.

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De nombreux exemples similaires peuvent être trouvés dans l'histoire politique, mais ils sont aussi fortement présents dans la littérature. On trouve un scénario similaire, par exemple, dans le roman Lord of the Flies de William Golding, publié en 1954. Golding imagine en effet un groupe d'enfants qui, à la suite d'un accident d'avion, se retrouvent à vivre sur une île déserte, sans guide adulte. Dans ce contexte, les enfants sont obligés de chercher un moyen de survivre par eux-mêmes et de former une société organisée.

Ils essaient donc de s'organiser dans une société semi-démocratique, mais, à la fin, la direction passera entièrement sous la responsabilité de l'un d'entre eux, celui qui s'avère être le plus fort et le plus charismatique et donc, apparemment, transmet la sécurité et la sérénité, même s'il était clair que le plus apte en réalité à assumer le rôle de guide était un autre personnage, un garçon prudent, sage et toujours dubitatif, inquiet pour l'avenir du groupe, mais constamment marginalisé et traité violemment par tous à cause de son peu de charisme et de sa piètre forme physique.

Au fur et à mesure que le leadership passe sous la coupe du mauvais sujet, ou des mauvais sujets (puisque vers la fin de l'histoire, il y aura un transfert de pouvoir), les garçons s'embarquent dans un voyage qui les amènera à faire des choix de plus en plus mauvais qui mettront en danger la structure même de la société et sa survie et qui les amèneront progressivement mais sûrement à régresser vers un état animal, abandonnant de plus en plus leur humanité.

Ces narrations romanesques, et bien d'autres encore, ont en commun la représentation d'une société d'un point de vue dystopique qui, à la suite d'une crise provoquée par diverses raisons, a atteint un point de non-retour et s'est enfoncée dans une voie qui mène inexorablement à la perte totale de ce que l'on considère aujourd'hui comme des valeurs et des droits humains. C'est pourquoi il est fondamental de pouvoir éviter d'atteindre ce point de rupture et de réagir judicieusement à certaines crises, sous quelque forme que ce soit, avant de commettre des erreurs dont il est difficile de revenir en arrière.

Carlo Desideri, In Storia.it N° 162 / Juin 2021 (CXCIII)

BIBLIOGRAPHIE

Golding W., Le Seigneur des mouches, Mondadori, Milan 2014.

Huxley A., Il Mondo Nuovo e Ritorno al Mondo Nuovo, Mondadori, Milan 2015.

Orwell G., 1984, Mondadori, Milan 2015.

Orwell G., La Fattoria degli animali, Mondadori, Milan 2014.

jeudi, 08 avril 2021

1984, le chef-d'œuvre de George Orwell maintenant en bande dessinée

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1984, le chef-d'œuvre de George Orwell maintenant en bande dessinée

Par Marco Valle

Ex : https://blog.ilgiornale.it/valle/2021/04/06/

Emilio Cecchi, grand critique littéraire du vingtième siècle, n'avait aucun doute. À sa sortie, il a défini 1984, comme un "livre mémorable". Un livre d'une tristesse désespérée, obsessionnelle, qui place définitivement George Orwell à l'une des toutes premières places de la littérature anglaise d'aujourd'hui. Un jugement clair et fulminant qui a déplu à une grande partie de la scène intellectuelle de l'époque, très attachée au socialisme réel et pas du tout enthousiasmée par ce chef-d'œuvre anti-utopique qui annonçait un monde sombre, plombé, sans espoir. Trop d'analogies avec le "paradis soviétique", trop de similitudes entre l'omniprésent "Big Brother" et l'omniscient camarade Joseph Staline. Ce n'est pas un hasard si Palmiro Togliatti a rejeté le roman d’Orwell comme "une flèche de plus tirée par la bourgeoisie avec son arc déglingué". Au Royaume-Uni, pour les snobs pro-communistes d'Oxford et des cercles similaires - pour la Happy society des années 40 et 50, le marxisme était un partenaire social amusant et parfois un hobby, celui de faire de l'espionnage... - George n'était rien de plus qu'un tory anarchist, un anarchiste conservateur. Une nuisance à éviter. Un écrivain à ne pas lire.

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Heureusement, les exorcismes communistes et les délires des "idiots utiles" de l'Albionique (et pas seulement), ont été vains. Inutiles. Depuis plus de soixante-dix ans, 1984 reste l'un des livres les plus lus (et souvent mal cité...) au monde. Une victoire posthume pour le tuberculeux George, qui meurt le 21 janvier 1950 à seulement quarante-six ans, après une vie mouvementée entre l'Inde (il est né à Motihari en 1903), l'Angleterre, la Birmanie coloniale, la France, l'Espagne et à nouveau la Grande-Bretagne, dernière étape.

Le passage ibérique pendant la guerre civile fut fondamental, où il assista, à Barcelone en 1937, au massacre par les staliniens des anarchistes du POUM, le pittoresque parti anarcho-syndicaliste de Catalogne. Une tragédie dans la tragédie qui lui a fait comprendre comment les prétendus "champions" des opprimés, une fois l'oppresseur chassé, se révélaient être les pires tyrans: au nom de leurs "vertus", tout pouvoir devait être délégué au parti unique, une autorité absolue, inhumaine, qui surveillerait et contrôlerait les choses, les mots, les sentiments. Des vies. D'où Hommage à la Catalogne et, surtout, La Ferme des animaux, allégorie féroce mais sublime du régime soviétique, lieu où "tous les animaux sont libres, mais certains sont plus égaux que d'autres".

Puis ce fut le tour de 1984, l'impossible révolte de Winston et Julia dans le monde dominé par l’ Ingsoc (acronyme de "socialisme anglais"), le parti maître de l'Océanie, le super-État de l'hémisphère occidental. Entrons dans l'histoire. Ici, chaque pensée, chaque parole est scrutée par la psycho-police et par les différents ministères, celui de l'Amour, celui de la Vérité, de l'Abondance, etc.

En Océanie, le passé est continuellement réécrit à travers la "Novlangue", un idiome de base destiné à remplacer l'Oldpseak, la langue des souvenirs. Tout doit être effacé et réécrit comme le souhaite l'autorité. Le doute n'est pas permis. Une discipline inexorable est imposée aux membres du parti : celui qui n'obtempère pas, celui qui hésite, celui qui ne comprend pas, celui qui a une lueur d'intelligence, est vaporisé. Éliminé. Effacé. Les adeptes de l’Ingsoc se voient même refuser une vie affective, et encore moins une vie sexuelle. L'amour est un blasphème. En effet, une offense au chef suprême, le Big Brother qui se tient au-dessus de tout et de tous. Une image qui apparaît à travers les télé-écrans (autre intuition géniale) dans les places, dans les bureaux, dans les maisons. Partout. Le golem qui domine la vie publique et privée de chacun. Le moloch qui voit tout et ne pardonne rien.

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Xavier Coste.

Le cauchemar - ou la vision - d'Orwell est désormais, grâce aux crayons de l'artiste français Xavier Coste, un splendide roman graphique, un conte parfait sur les nuages parlants, absolument fidèle au texte original. Pas une tâche facile après le splendide film de Michael Radford avec Richard Burton (sa dernière et touchante apparition) et John Hurt. Pourtant, l'effet est aussi impressionnant qu'engageant. Coste a reconstitué avec audace et rigueur les décors - un Londres sinistre parsemé d'inquiétants bâtiments ministériels, d'intérieurs claustrophobiques et de petits jardins tristes - donnant vie aux personnages principaux et à leur environnement humain misérable - les deux amants, les bureaucrates, les prolétaires, les flics et les espions - ; un jeu habile que l'artiste a segmenté en quatre gammes de couleurs qui rythment parfaitement le développement de l'intrigue.

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Stefano Zecchi.

L'album, publié en France par Sarbacane, est maintenant également publié en Italie par Ferrogallico editrice (Milan, 2021. 240 pages, € 25.00) avec une préface précieuse de Stefano Zecchi. Dans sa note dense, le professeur prévient: "1984 est une dénonciation atroce non seulement du totalitarisme, de la communication globale et de Big Brother qui nous observe inlassablement d'on ne sait où, écrit Zecchi, mais, en particulier, de la stupidité et de la misère de l'homme. D'un homme incapable de croire en lui-même, d'avoir du courage, de voir grand, d'un homme capable de ne défendre que sa misérable médiocrité (spirituelle), de peur de perdre la santé de son corps, d’un homme vil et traître. Une description lucide et dramatique d'une humanité indifférente et lâche, prête à livrer sa propre personne à n'importe qui afin de se libérer du poids de la responsabilité de choisir et de décider avec sa propre tête. C'est cela, 1984: une accusation effrayante et inapplicable de l'être humain".

Comme d'habitude, le professeur vénitien a raison. Ajoutons, à la lumière de l'actualité décourageante qui nous entoure et nous afflige, une petite note. L'ouvrage, mille huit cent quarante-quatre, est bien plus (comme on le prétend encore) qu'un livre anticommuniste et Orwell n'est pas seulement un critique acerbe, à juste titre impitoyable, du soviétisme, mais il est bien plus encore. Orwell est le héraut de vérités profondes et dérangeantes. Tous sont mal à l'aise à sa lecture. Ennuyeux. Orwell est terriblement d'actualité.

Voix solitaire, il y a déjà sept décennies que l'écrivain a compris comment la technologie au service de l'idéologie (quelle qu'elle soit) donne naissance et forme à un mélange aussi efficace qu'étouffant et inhumain. Extrêmement cruel et anonyme. Dans un écrit peu connu de 1946 - Second thoughts on James Burnham -, George mettait en garde contre le danger qui guette (aussi ou surtout) ces entités étatiques qui (hier comme aujourd'hui) se racontent et se représentent comme des démocraties accomplies, respectueuses des droits, des lois, des constitutions. Du pacte social.

"S'il n'est pas combattu, le totalitarisme peut triompher partout". Un avertissement plus valable que jamais en cette première partie du millénaire, alors que partout en Occident des dérives sont en cours - accélérées, ce n'est pas un hasard, par la pandémie, un fait sanitaire transformé en hystérie médiatique – dérives qui visent de plus en plus à restreindre les libertés individuelles, à modifier les langues et les relations sociales, à imposer de nouveaux régimes de travail et, surtout, à recomposer idéologiquement l'Histoire. L'objectif final, le véritable pari de tout projet totalitaire, car "qui contrôle le passé contrôle le futur: qui contrôle le présent contrôle le passé". Orwell dixit.

samedi, 27 mars 2021

Le rôle de l’Empire britannique dans la création et la mort de George Orwell

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Le rôle de l’Empire britannique dans la création et la mort de George Orwell

par Martin Sieff

Ex: https://reseauinternational.net/

La British Broadcasting Corporation (BBC), heureusement amplifiée par le Public Broadcasting System (PBS) aux États-Unis qui diffuse ses World News, continue de déverser régulièrement ses larmes sur le prétendu chaos économique en Russie et sur l’état misérable imaginaire du peuple russe.

Ce ne sont que des mensonges, bien sûr. Les mises à jour régulières de Patrick Armstrong, qui font autorité, y compris ses rapports sur ce site web, sont un correctif nécessaire à une propagande aussi grossière.

Mais au milieu de tous leurs innombrables fiascos et échecs dans tous les autres domaines (y compris le taux de mortalité par habitant le plus élevé de COVID-19 en Europe, et l’un des plus élevés au monde), les Britanniques restent les leaders mondiaux dans la gestion des fake news. Tant que le ton reste modéré et digne, littéralement toute calomnie sera avalée par le crédule et chaque scandale et honte grossière pourra être dissimulée en toute confiance.

Rien de tout cela n’aurait surpris le grand George Orwell, aujourd’hui décédé. Il est à la mode ces jours-ci de le présenter sans cesse comme un zombie (mort mais prétendument vivant – de sorte qu’il ne peut pas remettre les pendules à l’heure lui-même) critique de la Russie et de tous les autres médias mondiaux échappant au contrôle des ploutocraties de New York et de Londres. Et il est certainement vrai que Orwell, dont la haine et la peur du communisme étaient très réelles, a servi avant sa mort comme informateur au MI-5, la sécurité intérieure britannique.

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Mais ce n’est pas l’Union soviétique, les simulacres de procès de Staline ou ses expériences avec le groupe trotskiste POUM à Barcelone et en Catalogne pendant la guerre civile espagnole qui ont « fait de Orwell Orwell », comme le dit le récit de sagesse conventionnelle anglo-américain. C’est sa haine viscérale de l’Empire britannique – aggravée pendant la Seconde Guerre Mondiale par son travail pour la BBC – qu’il a finalement abandonnée par dégoût.

Et ce sont ses expériences à la BBC qui ont donné à Orwell le modèle de son inoubliable Ministère de la Vérité dans son grand classique « 1984 ».

George Orwell avait travaillé dans l’un des plus grands centres mondiaux de Fake News. Et il le savait.

Plus profondément, le grand secret de la vie de George Orwell se cache à la vue de tous depuis sa mort, il y a 70 ans. Orwell est devenu un tortionnaire sadique au service de l’Empire britannique pendant ses années en Birmanie, le Myanmar moderne. Et en tant qu’homme fondamentalement décent, il était tellement dégoûté par ce qu’il avait fait qu’il a passé le reste de sa vie non seulement à expier, mais aussi à se suicider lentement et délibérément avant de mourir prématurément, le cœur brisé, alors qu’il avait encore la quarantaine.

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La première percée importante dans cette réévaluation fondamentale de Orwell provient de l’un des meilleurs livres sur lui. « Finding George Orwell in Burma » a été publié en 2005 et écrit par « Emma Larkin », pseudonyme d’une journaliste américaine exceptionnelle en Asie dont je soupçonne depuis longtemps l’identité d’être un vieil ami et un collègue profondément respecté, et dont je respecte l’anonymat.

« Larkin » a pris la peine de beaucoup voyager en Birmanie pendant la dictature militaire répressive et ses superbes recherches révèlent des vérités cruciales sur Orwell. D’après ses propres écrits et son roman profondément autobiographique « Burmese Days », Orwell détestait tout son temps en tant que policier colonial britannique en Birmanie, le Myanmar moderne. L’impression qu’il donne systématiquement dans ce roman et dans son essai classique « Shooting an Elephant » est celle d’un homme amèrement solitaire, aliéné, profondément malheureux, méprisé et même détesté par ses collègues colonialistes britanniques dans toute la société et d’un ridicule échec dans son travail.

Ce n’est cependant pas la réalité que « Larkin » a découverte. Tous les témoins survivants s’accordent à dire que Orwell – Eric Blair comme il était alors encore – est resté très estimé pendant ses années de service dans la police coloniale. C’était un officier supérieur et efficace. En effet, c’est précisément sa connaissance du crime, du vice, du meurtre et des dessous de la société humaine pendant son service de police colonial, alors qu’il avait encore la vingtaine, qui lui a donné l’intelligence de la rue, l’expérience et l’autorité morale pour voir à travers tous les innombrables mensonges de la droite et de la gauche, des capitalistes américains et des impérialistes britanniques ainsi que des totalitaires européens pour le reste de sa vie.

La deuxième révélation qui permet de comprendre ce que Orwell a dû faire au cours de ces années provient d’une des scènes les plus célèbres et les plus horribles de « 1984 ». En effet, presque rien, même dans les mémoires des survivants des camps de la mort nazis, ne ressemble à cette scène : C’est la scène où « O’Brien », l’officier de police secrète, torture le « héros » (si on peut l’appeler ainsi) Winston Smith en l’enfermant le visage dans une cage dans laquelle un rat affamé est prêt à bondir et à le dévorer si on l’ouvre.

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Je me souviens avoir pensé, lorsque j’ai été exposé pour la première fois au pouvoir de « 1984 » dans mon excellente école d’Irlande du Nord : « Quel genre d’esprit pourrait inventer quelque chose d’aussi horrible que cela ?) La réponse était si évidente que, comme tout le monde, je l’ai complètement ratée.

Orwell n’a pas « inventé » ou « proposé » cette idée comme un dispositif d’intrigue fictif : Il s’agissait simplement d’une technique d’interrogatoire de routine utilisée par la police coloniale britannique en Birmanie, le Myanmar moderne. Orwell n’a jamais « brillamment » inventé une technique de torture aussi diabolique qu’un dispositif littéraire. Il n’a pas eu besoin de l’imaginer. Il l’utilisait couramment pour lui-même et ses collègues. C’est ainsi et pour cette raison que l’Empire britannique a si bien fonctionné pendant si longtemps. Ils savaient ce qu’ils faisaient. Et ce qu’ils faisaient n’était pas du tout agréable.

Une dernière étape de mon illumination sur Orwell, dont j’ai vénéré les écrits toute ma vie – et je le fais encore – a été fournie par notre fille aînée, d’une brillance alarmante, il y a environ dix ans, lorsqu’elle a elle aussi reçu « 1984 » à lire dans le cadre de son programme scolaire. En discutant avec elle un jour, j’ai fait une remarque évidente et fortuite : Orwell était dans le roman sous le nom de Winston Smith.

Mon adolescente élevée aux États-Unis m’a alors naturellement corrigé. « Non, papa », dit-elle. « Orwell n’est pas Winston, ou il n’est pas seulement Winston. C’est aussi O’Brien. O’Brien aime bien Winston. Il ne veut pas le torturer. Il l’admire même. Mais il le fait parce que c’est son devoir. »

Elle avait raison, bien sûr.

Mais comment Orwell, le grand ennemi de la tyrannie, du mensonge et de la torture, a-t-il pu s’identifier et comprendre aussi bien le tortionnaire ? C’est parce qu’il en avait lui-même été un.

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Le grand livre de »Emma Larkin » fait ressortir que Orwell, en tant que haut fonctionnaire de la police coloniale dans les années 20, a été une figure de proue dans la guerre impitoyable menée par les autorités impériales britanniques contre les cartels criminels de la drogue et du trafic d’êtres humains, tout aussi vicieux et impitoyables que ceux de l’Ukraine, de la Colombie et du Mexique modernes d’aujourd’hui. C’était une « guerre contre le terrorisme » où tout et n’importe quoi était permis pour « faire le travail ».

Le jeune Eric Blair était tellement dégoûté par cette expérience qu’à son retour, il a abandonné le style de vie respectable de la classe moyenne qu’il avait toujours apprécié et est devenu, non seulement un socialiste idéaliste comme beaucoup le faisaient à l’époque, mais aussi un clochard sans le sou et affamé. Il a même abandonné son nom et son identité même. Il a subi un effondrement radical de sa personnalité : Il a tué Eric Blair. Il est devenu George Orwell.

Le célèbre livre de Orwell « Dans la dèche à Paris et à Londres » témoigne de la façon dont il s’est littéralement torturé et humilié au cours de ces premières années de son retour de Birmanie. Et pour le reste de sa vie.

Il mangeait misérablement mal, était maigre et ravagé par la tuberculose et d’autres problèmes de santé, fumait beaucoup et se privait de tout soin médical décent. Son apparence a toujours été abominable. Son ami, l’écrivain Malcolm Muggeridge, spéculait sur le fait que Orwell voulait devenir lui-même la caricature d’un clochard.

La vérité est clairement que Orwell ne s’est jamais pardonné ce qu’il a fait en tant que jeune agent de l’empire en Birmanie. Même sa décision littéralement suicidaire d’aller dans le coin le plus primitif, froid, humide et pauvre de la création dans une île isolée au large de l’Écosse pour finir « 1984 » en isolement avant de mourir était conforme aux punitions impitoyables qu’il s’était infligé toute sa vie depuis qu’il avait quitté la Birmanie.

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La conclusion est claire : malgré l’intensité des expériences de George Orwell en Espagne, sa passion pour la vérité et l’intégrité, sa haine de l’abus de pouvoir n’a pas trouvé son origine dans ses expériences de la guerre civile espagnole. Elles découlaient toutes directement de ses propres actions en tant qu’agent de l’Empire britannique en Birmanie dans les années 1920 : Tout comme sa création du ministère de la vérité découle directement de son expérience de travail dans le ventre de la bête de la BBC au début des années 1940.

George Orwell a passé plus de 20 ans à se suicider lentement à cause des terribles crimes qu’il a commis en tant que tortionnaire pour l’Empire britannique en Birmanie. Nous ne pouvons donc avoir aucun doute sur l’horreur et le dégoût qu’il éprouverait face à ce que la CIA a fait sous le président George W. Bush dans sa « guerre mondiale contre la terreur ». De plus, Orwell identifierait immédiatement et sans hésitation les vraies fausses nouvelles qui circulent aujourd’hui à New York, Atlanta, Washington et Londres, tout comme il l’a fait dans les années 1930 et 1940.

Récupérons donc et embrassons le vrai George Orwell : La cause des combats visant à empêcher une troisième guerre mondiale en dépend.

source : https://www.strategic-culture.org

traduction Aube Digitale

via https://www.aubedigitale.com

jeudi, 21 janvier 2021

1984 d’Orwell : La Bible des complotistes

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1984 d’Orwell : La Bible des complotistes

Avec le temps, une fiction littéraire audacieuse comme 1984 d’Orwell est devenue le ‘’livre rouge’’ des complotistes, qui n'ont cependant pas compris sa signification profonde

Nicolò Bindi

Ex : https://www.lintellettualedissidente.it

1984 est le roman le plus célèbre de l'écrivain et militant politique Eric Arthur Blair, alias George Orwell. Publié pour la première fois en 1949, il raconte un avenir dystopique dans lequel la domination mondiale est disputée par trois superpuissances en guerre perpétuelle les unes contre les autres : l'Eurasie, l'Eastasia et l'Océanie. En Océanie, c'est l’Ingsoc, ou Parti socialiste anglais, qui tient les rênes du pouvoir.

La société est divisée de manière rigide en classes : il y a le "prolet", c'est-à-dire les prolétaires sans le sou, qui ne sont même pas considérés comme des êtres humains au sens strict du terme, ils représentent environ 85% de la population, ils jouissent d'une liberté totale mais sont laissés programmatiquement dans la misère la plus noire ; puis il y a le Parti, qui est cependant aussi divisé entre "Parti extérieur" et "Parti intérieur". Les membres du premier groupe exécutent les ordres qui viennent d'en haut, ils ont un style de vie légèrement meilleur que celui du prolétariat mais ils sont constamment sous observation, par le biais d'espions et d'appareils technologiques présents, de par la loi, dans chaque maison, pour vérifier si chaque membre suit scrupuleusement l'orthodoxie d’Ingsoc dans tous les aspects de sa vie, à chaque moment de sa journée. Il suffit d'une expression frustrée, d'un regard énigmatique pour alerter le corps spécial de psychopoliciers, chargé de sauvegarder la "santé mentale" des membres du Parti. En revanche, l'élite gouvernementale de l’Ingsoc est installée au sein du Parti intérieur et jouit d'un niveau de vie très élevé ; elle est elle aussi soumise à un contrôle, mais avec des règles un peu moins strictes que les membres du Parti extérieur. Au sommet de la pyramide sociale, cependant, se trouve la figure énigmatique de Big Brother, un être presque messianique, dépeint par la propagande comme l'initiateur des principes de l’Ingsoc et considéré comme le protecteur de son orthodoxie face aux ennemis extérieurs et intérieurs.

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Aujourd'hui, la notoriété de 1984 ne s'arrête pas au cercle des lettrés ou des initiés. Il est légitime de dire que c'est l'un des romans les plus célèbres du XXe siècle. Le titre a également pris des valeurs presque proverbiales, dans des phrases telles que : "on se sent comme en 1984". Il est évident que des expressions comme celles-ci, destinées à évoquer la société décrite dans le roman, sont souvent utilisées dans la sphère politique, avec des connotations négatives évidentes.

Les théoriciens du complot mondial, les "complotistes", semblent être particulièrement attirés par ce chef-d'œuvre. Ce qui stimule particulièrement leur imagination, c'est le mystérieux et éthéré Big Brother. Tout au long du roman, tout ce que nous savons de lui, c'est son visage, présent sur les célèbres affiches avec les mots "Le Grand Frère vous regarde". En fait, nous ne savons même pas s'il existe vraiment ou s'il n'est qu'un personnage fictif. Malgré cela, il est une présence constante dans le livre ; en fait, il est LA présence : il est celui qui, derrière les écrans, espionne constamment les membres du Parti lorsqu'ils sont chez eux, il est le voisin ou l'enfant qui dénonce l'hétérodoxie de certains malheureux, il est le psycho-policier qui arrête et torture les prisonniers. C'est ici que Big Brother devient l'essence même du contrôle, la figure de derrière qui tire les ficelles du Monde et écrase quiconque semble même vaguement opposé. Mais en plus de cela, Big Brother devient aussi l'essence même du progrès technologique ; pour pouvoir affiner de plus en plus son contrôle sur les êtres humains, il faut des outils de plus en plus sophistiqués, une recherche scientifique toujours active. En 1984, il existe des téléscripteurs, qui émettent et reçoivent en même temps. Les conspirateurs ont tendance à identifier leurs homologues dans la vie réelle : les webcams sur les téléphones ou les ordinateurs portables, les dispositifs de géolocalisation, les réseaux sociaux sont considérés avec une extrême méfiance, dans les cas les plus extrêmes, ils sont même rejetés complètement. Et qui peut avoir un intérêt dans le développement de technologies telles que celles énumérées, sinon les membres de cette élite étroite qui fait référence à Big Brother ? Ce n'est pas un hasard, en fait, si parmi les cibles les plus visées par les théoriciens du complot se trouvent des personnalités comme Bill Gates ou Elon Musk, qui incarnent la quintessence du développement technologique dans l'imaginaire collectif.

Il est donc clair que de nombreux complotistes ont le sentiment de vivre dans une société qui n’est pas trop différente de celle décrite par Orwell, mais comment cela est-il possible ? Au-delà de l'avènement de certaines technologies, qui nous ont effectivement obligés à revoir notre conception de la vie privée, les différences entre la société dans laquelle nous vivons et celle de 1984 sont si évidentes que les énumérer serait un exercice vain. On pourrait rejeter tout cela sous le nom de "folie", comme on le fait souvent avec les théoriciens du complot, mais nous constatons que certaines tendances commencent à s'installer même chez les gens ordinaires, sains et éduqués.

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L'insistance à proposer une telle comparaison négative pourrait découler d'un malaise ressenti par une certaine partie de la population, un sentiment générique d'emprisonnement qui, cependant, ne peut comprendre ce dont il découle.

Comme cela s'est toujours produit dans l'histoire de l'humanité, un groupe isolé d'individus a créé un récit (ou plusieurs récits) de nature fantastique et presque légendaire, en s'inspirant fortement de produits littéraires, cinématographiques ou comiques qui ont pour thème commun la lutte de l'individu contre le pouvoir (outre 1984, voir aussi les titres qui doivent beaucoup au chef-d'œuvre d'Orwell, comme la trilogie Matrix et V pour Vendetta). Ce type de récit n'est pas si éloigné des autres histoires créées par l'imagination populaire au cours des siècles : pensez par exemple à la légende du royaume du prêtre Jean, né dans les années des Croisades et qui tisse en son sein des motifs et des intrigues tirés des romans de chevalerie. Il est évident que le sens et les besoins cachés dans ces légendes changent en fonction du contexte social dans lequel elles naissent, tout comme les œuvres qui servent de modèles sont significatives. Dans ce cas, 1984 est le texte fondamental, la Bible des complotistes, mais pas seulement : le roman parvient à ébranler les certitudes démocratiques et libérales de quiconque le lit. Il s'agit, en pratique, d'une éducation à la suspicion. Mais cela ne serait pas possible s'il n'y avait pas de convergences avec la réalité dans laquelle nous vivons. Mais il ne faut pas chercher les parallèles dans l'espionnage, dans la société divisée en classes, dans la pauvreté, dans la figure du Big Brother qui voit tout et commande tout. L'intérêt réside dans le principe sous-jacent qui réunit tous ces aspects : la déshumanisation du monde.

Voici enfin le véritable point commun entre la société orwellienne et la société contemporaine : une élite culturelle qui élabore et tente de mettre en œuvre des théories dans lesquelles l'être humain est considéré comme un problème à corriger dans un système plus vaste et plus mécanique. Ce à quoi l’Ingsoc soumet tous les membres du parti n'est rien d'autre qu'un exercice pérenne de pédagogie visant à éliminer tous ces côtés et instincts humains jugés nuisibles. Vers la fin du roman, un des membres du Parti Intérieur dit au protagoniste, arrêté par le psychopolicier : "S'il est vrai que tu es un homme, Winston, tu es le dernier homme. Votre espèce est éteinte et nous en sommes les héritiers. Ne comprenez-vous pas que vous êtes seul ? Vous êtes en dehors de l'histoire, vous n'existez pas".

Ainsi, sans violence, la plupart des produits culturels et populaires de notre temps sont destinés au même effort pédagogique, qui veut "corriger" certaines inclinations et faiblesses humaines aujourd'hui considérées comme inacceptables. C'est ainsi qu'au niveau des médias, un certain code de conduite s'est formé, un lexique et une morale auxquels tous les personnages, publics et privés, doivent toujours se soumettre. Non seulement, c'est toujours au nom de l'éducation constante de l'individu que, dans certains milieux pédagogiques, on trouve juste de déformer le contenu de certaines disciplines comme l'histoire ou la littérature afin de faciliter l'acquisition de certains concepts et la condamnation d'autres, exactement comme cela se passe, de manière plus systématique et plus énergique, dans le 1984 d’Orwell.

L'homme, être faillible, doit cesser d'échouer, doit changer de nature, devenir "autre", se déshumanisant ainsi. Le processus peut cependant générer un malaise, un mécontentement. Au niveau populaire, elle génère, chez certains individus, un vague sentiment de scepticisme, qui investit indistinctement tous les objets et les modes de vie qui n'étaient pas présents dans l'"ancien temps" indistinct maintes fois évoqué (et ressenti comme plus humain). Dans d'autres encore, un processus plus large et systématique est stimulé, connu sous le nom de "conspiration mondiale", qui n'a cependant qu'un seul objectif efficace : opposer à la vérité artificielle des médias une vérité encore plus artificielle.

Nicolò Bindi

vendredi, 08 janvier 2021

Orwell, l’homme du XXIe siècle

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Orwell, l’homme du XXIe siècle

https://lesmoutonsenrages.fr

Que l’on soit d’accord ou pas avec les thèses orwelliennes, force est de constater que le monde dans lequel nous vivons donne raison au penseur Anglais. Il a développé ses théories dans deux principaux ouvrages, le fameux 1984 et le non moins important La ferme des animaux. La pensée unique et les totalitarismes ont été mis à l’index et critiqués avec justesse. Surtout, le contrôle des hommes et des sociétés a été analysé avec intelligence.

Inspiré des textes orwelliens et développée par des lectures similaires[1], la petite liste qui suit montre la manière dont le contrôle sur la société est exercé par la classe dirigeante.

  1. La technique du plaisir

Élément principal du contrôle social, la technique du divertissement consiste à détourner l’attention du public des grands problèmes et changements décidés par les élites politiques et économiques, avec un flot ininterrompu de détails amusants et insignifiants, détournant l’attention du public des vrais problèmes sociaux.

  1. Créez des problèmes et ensuite donnez la solution

La technique de la création des problèmes, puis l’offre des solutions consiste en la création d’un problème, d’un « état d’urgence », qui, vous le prévoyez, déclenchera une réaction. Par exemple : créer une crise financière pour faire accepter par le public, comme chose nécessaire, la détérioration des droits sociaux et la dégradation des services publics. Les gens vont non seulement vous soutenir dans vos mesures, mais, en plus, ils vont vous en demander eux-mêmes.

  1. La technique de la « graduation »

Pour rendre une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement. De cette façon, des conditions socio-économiques radicalement antipopulaires (néolibéralisme) ont été imposées dans les années 80 et 90, notamment en Europe, mais pas seulement. De la même manière, une autre façon de rendre acceptable une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », trompant le consentement du public par sa mise en œuvre dans un futur un peu lointain. Il est toujours plus facile de reporter vers les générations futures un sacrifice, plutôt que de le faire accepter avec effet immédiat. En plus, une telle technique laisse au public un certain temps pour s’habituer à l’idée de changement et l’accepter comme une fatalité.

  1. Adressez-vous au sentiment plutôt qu’à la raison

La dépendance émotionnelle est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc la perception critique des individus. De plus, l’utilisation de l’éventail des émotions vous permet d’ouvrir la porte de l’inconscient pour implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions ou des comportements … La publicité utilise énormément cette technique, souvent en même temps que la technique de l’infantilisation du public.

  1. Maintenir le public dans l’incapacité de réfléchir

Il s’agit de rendre le public incapable de comprendre les technologies et les méthodologies que vous utilisez pour les asservir. C’est dans cette optique que doit être placé la crise dans laquelle les différents gouvernements ont conduit l’enseignement. Je parle ici de la situation en Europe occidentale, où l’enseignement est devenu soit trop chère et par conséquent accessible à une certaine élite uniquement, soit tellement dégradé qu’il ne joue plus son rôle d’ascenseur social. Aldous Huxley, un des inspirateurs de George Orwell écrivait dans Le meilleur des mondes : « le secret du bonheur et de la vertu, aimer ce qu’on est obligé de faire. Tel est le but du conditionnement. Faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper. » Dans le même domaine, encourager le public à aimer la médiocrité avec, par exemple des émissions de téléréalité qui sont légion actuellement sur nos écrans, rentre dans le même processus.

  1. La technique du remplacement de l’insurrection par la culpabilité

Il s’agit de faire croire à une personne qu’elle est seule responsable de sa misère, du fait de son insuffisance intellectuelle, de l’insuffisance de ses capacités et de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système financier, il se dévalorise et se laisse aller. Cette condition maintient l’individu dans un état dépressif quasi permanent, freinant toute action de sa part.

  1. Éloge du « mérite »

Jouant sur les mêmes ressorts, l’éloge du mérite justifie les énormes écarts de revenus qui se creusent de plus en plus dans nos sociétés occidentales néolibérales ou basées sur l’ordolibéralisme allemand. Faites rêver les jeunes avec la possibilité (bien éloignée dans les faits) de devenir footballeur professionnel ou star de la téléréalité ou encore influenceur et vous maintenez l’ordre établi qui permet à ceux qui contrôlent le capital et les outils de ce contrôle de continuer à s’enrichir sans problème, « puisque tout le monde peut y arriver, il suffit de le mériter d’une manière ou d’une autre ». Et ceux qui contrôlent l’économie, contrôlent le pouvoir et font rétrécir la démocratie…

  1. Mieux connaître les gens qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

Au cours des dernières décennies, les progrès de la science ont ouvert un fossé de plus en plus profond entre les connaissances du grand public et les connaissances détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiologiquement et psychologiquement. Le « système » a appris à connaître la personne moyenne mieux qu’elle ne se connaît elle-même. Cela signifie que dans la plupart des cas, le « système » exerce un contrôle beaucoup plus important et impose un pouvoir plus important aux individus que les individus sur eux-mêmes.

 Nota bene : Il est évident que toute ressemblance avec les situations prévalant en ce début 2021, est totalement fortuite et dénouée de fondement ! Ne sont visés : aucun discours (politique, sanitaire, économique, scientifique, etc), aucun pays, groupe de pays, entité, manière de faire…; il s’agit simplement des réflexions in abstracto.

Note:

[1] Réflexions librement inspirées par la lecture du texte intitulé Dix techniques pour contrôler l’opinion publique, sur le site www.enallaktikos.gr. Ce dernier a repris un texte écrit par Sylvain Timsit, en 2002, publié sur le site sytinet.

 

mercredi, 29 juillet 2020

La Ferme des Animaux (1954): Pouvoir, Révolution et Cochons - PVR

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La Ferme des Animaux (1954): Pouvoir, Révolution et Cochons - PVR

 
 
Oyez à tous ! et bienvenue dans cette nouvelle présentation, aujourd'hui je vous ai choisi un bon film (oui c'est enfin arrivé) 'La Ferme des Animaux' ou 'Animal Farm' de son titre original, un dessin animé de 1954 qui a la particularité d'être à la fois le premier grand film d'animation réservé aux adultes et d'être une puissante critique envers les pouvoirs centralisés pour ne pas dire un mot que l'algorithme de youtube adore et de la révolution Russe ! Bon alors comme vous allez vite le constater le film en lui-même n'est pas des plus joyeux ça sera donc un peu moins rigolo que d'habitude mais je l'ai quand même trouvé intéressant et j'avais envie de vous le partager, donc voilà ça sera une présentation plus 'basique' qui résumera entièrement le film en un peu moins de 15 minutes suivi de quelques explications sur celui-ci, en tout cas j'espère que ça vous plaira et je vous souhaite un bon visionnage !
 

mercredi, 27 mai 2020

Armer manipulierter Orwell

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Armer manipulierter Orwell

von Viktor Timtschenko

Ex: https://www.compact-online.de

George Orwell hat ein Buch über Nationalismus geschrieben, verstand ihn aber in  unorthodoxer Weise. Dennoch versuchen politisch-korrekte Intellektuelle ihn für linksgrünen Globalismus zu vereinnahmen. Viktor Timtschenko hat ebenfalls ein Buch über Nationalismus geschrieben, und verteidigt den berühmten Kollegen gegen seine Fehldeuter.

Gottbegnadete Menschen dürfen das. Sie dürfen einen Vogel „Tisch“ nennen und schreiben: „Ein Tisch sitzt auf dem Baum“. Und sie dürfen ein Vogel-Buch „Über Tische“ nennen. So ist es mit dem erstmals auf Deutsch erschienenen Buch von George Orwell „Über Nationalismus“.

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Nationalismus ist nicht gleich Nationalismus

Zugegeben: Von Anfang an klärt der berühmte englische Autor („Farm der Tiere“, „1984“) den Leser über die „Vogel-Tisch-Problematik“ auf: Er hat sich „für die Bezeichnung ‚Nationalismus‘ entschieden, aber wir werden gleich sehen, dass ich dieses Wort nicht im üblichen Sinne verwende“. Allerdings! Was ist unter dem Nationalismus in diesem 1945 geschriebenen Artikel gemeint? Orwell hüllt sich nicht in Metaphysik: „Der Nationalismus im erweiterten Sinne, wie ich ihn verwende, umfasst Bewegungen und Neigungen, wie (jetzt aufpassen! – V. T.) den Kommunismus, den politischen Katholizismus, den Zionismus, den Antisemitismus, den Trotzkismus und den Pazifismus.“ Was hat das mit dem „konventionellen Nationalismus“ zu tun?

Da Orwell nicht ohne Grund vermutet, dass der Leser etwas irritiert sein könnte, nennt er „auf der Hand liegende Beispiele“ des von ihm neu definierten Nationalismus: „Das Judentum, der Islam, das Christentum, das Proletariat und die weiße Rasse sind allesamt Gegenstand leidenschaftlicher nationalistischer Empfindungen.“ Und fügt hinzu: „Ein Nationalist ist jemand, der einzig und allein – oder überwiegend – in Kategorien konkurrierenden Prestiges denkt.“ Und die Nationalisten eifern nicht um die Belange einer Nation, sondern einer „eigenen Machteinheit“ – Sekte, Organisation, Gruppe von Gleichgesinnten oder beispielsweise der Partei der „Sozialisten, deren Nationalismus die Form des Klassenhasses annimmt“.

Also hat ein Nationalist, wie Orwell ihn definiert, nicht unbedingt etwas mit Nation und Rasse am Hut. Das ist einfach ein engstirniger indoktrinierter Mensch, der blind(wütig) seine „Sache“ verteidigt, keine Argumente wahrnimmt und in schwarz-weiß-Kategorien denkt – und diese Doktrinen können religiöser, politischer, aber auch ethnischer Natur sein. Das Pamphlet „Über Nationalismus“ ist eine Invektive gegen Sturheit und Besessenheit, gegen Obsession und Rechthaberei. Das ist ein Text nicht über die Politik, sondern über die „Geisteshaltung“, über die „Emotion“, wie Orwell selbst erklärt oder „eine Mentalität, eine zum Habitus gewordene Ideologie“, wie Gustav Seibt in der Süddeutschen schreibt.

Durchaus aktuell. Aber wie!

An dieser Stelle darf nicht vergessen werden, dass Orwell den Essay eigentlich über die damalige Geisteshaltung der britischen Intelligenzija schreibt – und manche Kunstschaffende (exemplarisch Gilbert Keith Chesterton – der mit den Krimis um Pater Brown – , sowie Evelyn Waugh und T. S. Eliot) kriegen ihr Fett weg: „Die bei der Intelligenzija vorherrschende Form von Nationalismus (wir erinnern uns, wie breit er den Begriff gefasst hat – V. T.) ist selbstverständlich der Kommunismus“, den Orwell nicht auf die Mitglieder der Kommunistischen Partei begrenzt, sondern alle „Russlandfreunde“, was zu diesem Zeitpunkt Stalinfreunde bedeutete, einbezieht.

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Schonungslos deckt Orwell die Fälschungen auf, die diese, von ihren Ideen besessenen, Propagandisten produzieren. Fakten werden von ihnen unterdrückt, „Zitate aus dem Kontext gerissen und so bearbeitet, dass sich ihr Inhalt verändert. Ereignisse, die, so das Gefühl, nie hätten stattfinden sollen, bleiben unerwähnt und werden letztlich geleugnet.“ Ein Beispiel: „1917 ließ Tschiang Kai Schek Hunderte Kommunisten bei lebendigem Leib verbrühen, und doch wurde er innerhalb von zehn Jahren zu einem Heroen der Linken. Die Neuordnung der Weltpolitik hatte ihn ins antifaschistische Lager befördert, und so hatte man das Gefühl, das Verbrühen der Kommunisten ‚zähle nicht‘ oder sei vielleicht nie geschehen“, berichtet der Literat.

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Eric Blair_(George Orwell) from his Metropolitan Police file.
Foto: The National Archives UK / No restrictions. Wikimedia, CC0

Also, „so das Gefühl“: „Lückenpresse“ und Haltungsjournalismus gab es schon damals auf der britischen Insel! Es gibt auch andere recht aktuelle Bezüge in dem vor 75 Jahren geschriebenen Text. Als einer der Formen des Nationalismus beschreibt Orwell die Anglophobie der englischen „Intellektuellen“: „Innerhalb der Intelligenzija ist eine spöttische und dezent feindselige Haltung gegenüber Großbritannien mehr oder weniger Pflicht.“ Etwas später schwappt diese Haltung auch nach Deutschland über, es erklingt nun „dezent“ „Deutschland verrecke!“ und „Bomber Harris“, der – unter anderem – 1945 Dresden in Schutt und Asche legte, wird mit Applaudissement bedacht.

Was ist das für ein perverses Phänomen, dass die Menschen ihr eigenes Land hassen, welche Geistesverfassung besitzen sie? Orwell aus dem Jahr 1945: „Natürlich wollten englische Linksintellektuelle nicht wirklich, dass die Deutschen oder die Japaner den Krieg gewannen, aber viele von ihnen zogen einfach einen Kick daraus, wenn sie sahen, wie ihr eigenes Land gedemütigt wurde.“ Der Unterschied zu Deutschland ist schon gut sichtbar: Die von Orwell beschriebenen Hasser saßen damals nicht in der britischen Regierung. Deutlich beschreibt der Schriftsteller und Zeitzeuge die Wendehälsigkeit, „Bigotterie“ solcher linken „Nationalisten“: „Auf dem europäischen Kontinent rekrutieren sich faschistische Bewegungen überwiegend aus Kommunisten – in den nächsten Jahren läuft die Sache möglicherweise in die entgegengesetzte Richtung.“  Meinte er, dass aus Faschisten „Anti-Faschisten“ werden? Läuft!

Die Ikone wird instrumentalisiert

Warum publiziert Mainstream den alten Orwell’schen Essay gerade jetzt? Die Frage ist leicht beantwortet: Weil der Nationalismus auf dem Vormarsch ist. Politische Parteien, die die Interessen ihrer eigenen Völker und nicht die Interessen der anderen Völker und globaler Konzerne in den Vordergrund stellen (exemplarisch „Amerika zuerst!“), gewinnen an Zuspruch. Die AfD in Deutschland, Lega in Italien, Viktor Orban in Ungarn, der Nationalisten in Belgien, Dänemark, Estland, Finnland, Schweden, Frankreich, Polen, Slowakei verbuchen Erfolge. Großbritannien ist aus dem EU-Imperium raus. In den USA, in Russland, China, Pakistan, Indonesien, Kambodscha, Indien, Südkorea, Japan, in der Türkei sind Nationalisten an der Macht.

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Daher bekommt der linksgrüne Mainstream kalte Füße. Woher die Stärkung des Nationalismus kommt, möchten sie nicht ehrlich beantworten oder vermögen es nicht. Einziger Ausweg: man sucht (auch in historischen Mottenkisten) nach Prominenz, die sagt (oder sagen sollte): Nationalismus ist eine ga-a-a-nz böse Sache.

So kommen sie auf Orwell, einen der bedeutendsten Schriftsteller der Weltliteratur. Da sich die Herausgeber der Antiquiertheit des Textes bewusst sind, versehen sie die nicht einmal 40 Buchseiten des originalen Orwell mit einem opulenten Nachwort des Soziologen Armin Nassehi. Mit vielen Verrenkungen macht er dabei eine gute Figur und, wie der NDR-Rezensent Alexander Solloch bemerkt, schafft es immerhin „in einem leicht aktualisierungsneurotischen Abschnitt, den Nationalismus, von dem Orwell einst sprach, mit den heutigen ‚Klimaprotesten‘ (und mit Brexit! – V. T.) in Verbindung zu bringen.“
Das ist der Publikationsgrund Nummer zwei.

Der Mainstream, sowohl der politische als auch der mediale (samt Armin Nassehi), schwört auf die „sozialistischen Ansichten“ Orwells. Das stimmt nur so weit: Orwell war Sozialromantiker, ein Sozialträumer, der an irgendeinen „Sozialismus“ glaubte, der in der Realität gar nicht existierte (und nicht existiert). Was gab es da? Es gab den von Orwell rigoros abgelehnten Sozialismus Stalin’scher Prägung in der Sowjetunion, wo Millionen (politische) Häftlinge den Belomor-Kanal und Eisenbahnlinien in Sibirien bauten, es gab in Palästina sozialistische Kibbuzim, die unter Verzicht auf das Nötigste das Paradies auf Erden zu erschuften suchten. Beide „Projekte“ sind bitterböse gescheitert. Aber was Orwell nicht erleben konnte, war der Pol-Pot-Sozialismus der Roten Khmer in Kambodscha – mit Millionen Toten, der Sozialismus in China mit Freiheiten à la Platz des Himmlischen Friedens, der Sozialismus der Entbehrungen in ganz Osteuropa, in Nordkorea und auf Kuba. (Fortsetzung des Artikels unter dem Werbebanner)

Aber geniale Autoren, wie Orwell einer war, sind auch deshalb genial, weil sie in ihren Werken nicht ideologisch geblendet sind. Die Logik der Erzählung an sich, die erschaffenen Charaktere führen den Autor oft zu literarischen Erkenntnissen, die seinen eigenen Überzeugungen diametral gegenüberstehen. Einen ähnlichen „permanenten Kampf des Autors mit dem Helden“ bemerkt Literaturwissenschaftler Jakow Sundelowitsch auch bei Fjodor Dostojewskij. Der Autor Orwell glaubt an seinen romantisierten „Sozialismus“, die Gestalten, die aus seiner Feder kommen, entlarven aber das unmenschliche Wesen dieser politischen Ideologie. Deshalb heißt totalitäre Herrschaft in „1984“ – „Engsoz“, englischer Sozialismus.

Ein Beispiel von dem „ersehnten Sozialismus“ gibt Orwell in der „Grammatik des (sozialistischen – V. T.) Neusprechs“: „Das Wort frei gab es zwar im Neusprech noch, aber es konnte nur in Sätzen wie ‚Dieser Hund ist frei von Flöhen‘, oder ‚Dieses Feld ist frei von Unkraut‘ angewandt werden. In seinem alten Sinn von ‚politisch frei‘ oder ‚geistig frei‘ konnte es nicht gebraucht werden, da es diese politische oder geistige Freiheit nicht einmal mehr als Begriff gab und infolgedessen auch keine Bezeichnung dafür vorhanden war.“

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Orwell als Apologet des Sozialismus? Keineswegs! Eher entschiedener Gegner des Überwachungsstaates, der Meinungsmanipulationen, political correctness und der gendersensiblen Sprache. Die beabsichtigte Schmähung des Nationalismus durch einen überzeugten „Sozialisten“ ist mit der Veröffentlichung des Buches „Über Nationalismus“ also weit daneben gegangen. Daraus wurde ein Schuss ins eigene linke Bein. Die Versuche vieler Rezensenten, Orwell umzuinterpretieren (indem man das Orwell’sche Verständnis für „seinen“ Nationalismus einfach weglässt) und aus dem Text einen Strick für den modernen Nationalismus zu drehen, sind kläglich gescheitert. Der Text ist aktuell, der Text ist brisant, und zwar nicht, weil er die Liebe zur Nation anprangert, sondern weil er den heutigen verlogenen politischen Eliten einen Spiegel vor ihre Fratzen hält.

Orwell, George: Über Nationalismus, dtv Verlagsgesellschaft mbH, München, 2020.

dimanche, 24 mai 2020

How the British Empire Created and Killed George Orwell

 
Martin Sieff
Ex: https://www.strategic-culture.org
 

The British Broadcasting Corporation (BBC), happily amplified by the Public Broadcasting System (PBS) in the United States which carries its World News, continues to pump out its regular dreck about the alleged economic chaos in Russia and the imagined miserable state of the Russian people.

It is all lies of course. Patrick Armstrong‘s authoritative regular updates including his reports on this website are a necessary corrective to such crude propaganda.

9789352662197_p0_v1_s550x406.jpgBut amid all their countless fiascoes and failures in every other field (including the highest per capita death rate from COVID-19 in Europe, and one of the highest in the world) the British remain world leaders at managing global Fake News. As long as the tone remains restrained and dignified, literally any slander will be swallowed by the credulous and every foul scandal and shame can be confidently covered up.

None of this would have surprised the late, great George Orwell. It is fashionable these days to endlessly trot him out as a zombie (dead but alleged to be living – so that he cannot set the record straight himself) critic of Russia and all the other global news outlets outside the control of the New York and London plutocracies. And it is certainly true, that Orwell, whose hatred and fear of communism was very real, served before his death as an informer to MI-5, British domestic security.

But it was not the Soviet Union, Stalin’s show trials or his experiences with the Trotskyite POUM group in Barcelona and Catalonia during the Spanish Civil War that “made Orwell Orwell” as the Anglo-America Conventional Wisdom Narrative has it. It was his visceral loathing of the British Empire – compounded during World War II by his work for the BBC which he eventually gave up in disgust.

And it was his BBC experiences that gave Orwell the model for his unforgettable Ministry of Truth in his great classic “1984.”

George Orwell had worked in one of the greatest of all world centers of Fake News. And he knew it.

More profoundly, the great secret of George Orwell’s life has been hiding in plain sight for 70 years since he died. Orwell became a sadistic torturer in the service of the British Empire during his years in Burma, modern Myanmar. And as a fundamentally decent man, he was so disgusted by what he had done that he spent the rest of his life not just atoning but slowly and willfully committing suicide before his heartbreakingly premature death while still in his 40s.

81+J0d0FB8L.jpgThe first important breakthrough in this fundamental reassessment of Orwell comes from one of the best books on him. “Finding George Orwell in Burma” was published in 2005 and written by “Emma Larkin”, a pseudonym for an outstanding American journalist in Asia whose identity I have long suspected to be an old friend and deeply respected colleague, and whose continued anonymity I respect.

“Larkin” took the trouble to travel widely in Burma during its repressive military dictatorship and her superb research reveals crucial truths about Orwell. According to his own writings and his deeply autobiographical novel “Burmese Days” Orwell loathed all his time as a British colonial policeman in Burma, modern Myanmar. The impression he systematically gives in that novel and in his classic essay “Shooting an Elephant” is of a bitterly lonely, alienated, deeply unhappy man, despised and even loathed by his fellow British colonialists throughout society and a ludicrous failure at his job.

This was not, however, the reality that “Larkin” uncovered. All surviving witnesses agreed that Orwell – Eric Blair as he then still was – remained held in high regard during his years in the colonial police service. He was a senior and efficient officer. Indeed it was precisely his knowledge of crime, vice, murder and the general underside of human society during his police colonial service while still in his 20s that gave him the street smarts, experience, and moral authority to see through all the countless lies of right and left, of American capitalists and British imperialists as well as European totalitarians for the rest of his life.

The second revelation to throw light on what Orwell had to do in those years comes from one of the most famous and horrifying scenes in “1984.” Indeed, almost nothing even in the memoirs of Nazi death camp survivors has anything like it: That is the scene where “O’Brien”, the secret police officer tortures the “hero” (if he can be called that) Winston Smith by locking his face to a cage in which a starving rat is ready to pounce and devour him if it is opened.

I remember thinking, when I was first exposed to the power of “1984” at my outstanding Northern Irish school, “What kind of mind could invent something as horrific as that?”) The answer was so obvious that I like everyone else missed it entirely.

Orwell did not “invent” or “come up” with the idea as a fictional plot device: It was just a routine interrogation technique used by the British colonial police in Burma, modern Myanmar. Orwell never “brilliantly” invented such a diabolical technique of torture as a literary device. He did not have to imagine it. It was routinely employed by himself and his colleagues. That was how and why the British Empire worked so well for so long. They knew what they were doing. And what they did was not nice at all.

A final step in my enlightenment about Orwell, whose writings I have revered all my life – and still do – was provided by our alarmingly brilliant elder daughter about a decade ago when she too was given “1984” to read as part of her school curriculum. Discussing it with her one day, I made some casual obvious remark that Orwell was in the novel as Winston Smith.

My American-raised teenager then naturally corrected me. “No, Dad, ” she said. “Orwell isn’t Winston, or he’s not just Winston. He’s O’Brien too. O’Brien actually likes Winston. He doesn’t want to torture him. He even admires him. But he does it because it’s his duty.”

She was right, of course.

But how could Orwell the great enemy of tyranny, lies and torture so identify with and understand so well the torturer? It was because he himself had been one.

“Emma Larkin’s” great book brings out that Orwell as a senior colonial police officer in the 1920s was a leading figure in a ruthless war waged by the British imperial authorities against drug and human trafficking crime cartels every bit as vicious and ruthless as those in modern Ukraine, Columbia and Mexico today. It was a “war on terror” where anything and everything was permitted to “get the job done.”

51pSghEsMsL._SX305_BO1,204,203,200_.jpgThe young Eric Blair was so disgusted by the experience that when he returned home he abandoned the respectable middle class life style he had always enjoyed and became, not just an idealistic socialist as many in those days did, but a penniless, starving tramp. He even abandoned his name and very identity. He suffered a radical personality collapse: He killed Eric Blair. He became George Orwell.

Orwell’s early famous book “Down and Out in London and Paris” is a testament to how much he literally tortured and humiliated himself in those first years back from Burma. And for the rest of his life.

He ate miserably badly, was skinny and ravaged by tuberculosis and other health problems, smoked heavily and denied himself any decent medical care. His appearance was always abominable. His friend, the writer Malcolm Muggeridge speculated that Orwell wanted to remake himself as a caricature of a tramp.

The truth clearly was that Orwell never forgave himself for what he did as a young agent of empire in Burma. Even his literally suicidal decision to go to the most primitive, cold, wet and poverty-stricken corner of creation in a remote island off Scotland to finish “1984” in isolation before he died was consistent with the merciless punishments he had inflicted on himself all his life since leaving Burma.

The conclusion is clear: For all the intensity of George Orwell’s experiences in Spain, his passion for truth and integrity, his hatred of the abuse of power did not originate from his experiences in the Spanish Civil War. They all flowed directly from his own actions as an agent of the British Empire in Burma in the 1920s: Just as his creation of the Ministry of Truth flowed directly from his experience of working in the Belly of the Beast of the BBC in the early 1940s.

George Orwell spent more than 20 years slowly committing suicide because of the terrible crimes he committed as a torturer for the British Empire in Burma. We can therefore have no doubt what his horror and disgust would be at what the CIA did under President George W. Bush in its “Global War on Terror.” Also, Orwell would identify at once and without hesitation the real fake news flowing out of New York, Atlanta, Washington and London today, just as he did in the 1930s and 1940s.

Let us therefore reclaim and embrace The Real George Orwell: The cause of fighting to prevent a Third World War depends on it.

lundi, 02 mars 2020

Le contrôle des mots dans 1984 d’Orwell

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Le contrôle des mots dans 1984 d’Orwell

par Quraishiyah Durbarry

Ex: https://echyelledejacob.blogspot.com 

“Les frontières de mon langage sont les frontières de mon monde” (Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus)

“On ne commande pas aux âmes comme aux langues”, affirme Spinoza. C’est le langage qui définit une société et crée la cohésion au sein d’un peuple. Contrôler le langage est l’apanage de l’État, que ce soit un État créé dans un but utopique, démocratique ou totalitaire car le langage permet d’avoir accès au logos du peuple, et ainsi commander leurs « âmes ». Dans les Histoires florentines, Machiavel relève comment pour conditionner l’homme, toute politique doit nécessairement passer par la logique, en se tissant par le biais du langage. Continuant la même idée, Hobbes affirme que l’humain peut facilement être assujetti par un système langagier qui amalgame la peur et l’orgueil. Ainsi si l’État créé une situation de frayeur et de fierté simultanées, il créé en même temps un peuple obéissant qui de lui-même serait prêt à renoncer à ses droits pourvu qu’il ait l’impression, fausse certes, d’être en train de faire ou encore de dire ce qu’il faut.
 
Le langage comme outil de contrôle politique
Le contrôle utopique du discours


On peut penser que « contrôle utopique » est un genre d’oxymore qui met en parallèle deux idées contraires. Or, en nous basant sur le Kallipolis de Platon, nous voyons que tel n’est pas le cas. Comme dans un état dystopique, l’État utopique doit contrôler le langage pour contrôler le savoir du peuple. Dans La République, l’État est géré par un groupe de philosophes qui choisissent ce qui est bien pour la population en se donnant pour but le bien-être du peuple, au lieu du contrôle absolu qu’est le but avoué de Big Brother, mais la similitude entre les deux états est plus que dérangeante.

Par exemple pour créer les « guerriers » de l’État, Socrate établit les lois du discours qui doivent nécessairement être basées sur la vérité selon lui. Mais pour Socrate sa vérité est la seule qu’on puisse concevoir pour ne pas corrompre les jeunes esprits par le mensonge et la fiction. Il décide donc que pour la bonne gouvernance il faudrait bannir tout simplement certaines fables, et même les idées qui relèveraient du mensonge :

« … jamais dans un État qui doit avoir de bonnes lois, ni vieux ni jeunes ne doivent tenir ou entendre de pareils discours sous le voile de la fiction, soit en vers soit en prose, parce qu’ils sont impies, dangereux et absurdes. »

Dans les deux cas, utopie ou dystopie, c’est l’État qui détient le pouvoir de discerner entre le bien et le mal et dans les deux cas le libre arbitre individuel est sacrifié. Dans L’Orange mécanique d’Anthony Burgess nous voyons comment l’État en voulant réprimer ce qu’il considère mal, réprime le libre arbitre et de ce fait réprime l’homme aussi. 

novlangue.jpgLa Novlangue

Le novlangue est la langue inventée par le Parti pour remplacer l’ancilangue à Océania. Le novlangue n’est pas traité uniquement dans la trame du roman, mais Orwell consacre également une partie importante au développement de cette langue dans son appendice. En 1984, le Novlangue est encore en mode décollage, même si le dictionnaire novlangue est à sa onzième édition et ce n’est qu’en 2050 qu’il effacera complètement l’ancilangue. Se rapprochant de l’hypothèse Sapir-Whorf, selon lequel c’est le langage qui détermine notre perception du monde et que chaque société, différente de par leur système linguistique, développe des pensées et des réflexions distinctes, Orwell dépeint un monde inconscient, manipulé par un système de langage élaboré. Dans son essai Politics and the English Language publié en 1945, Orwell émet déjà l’idée de la corrélation qui existe entre la langue et l’esprit. Le novlangue, pour le but du Parti, se développe donc en s’appauvrissant. Dans un premier temps, toute connotation associée aux mots est éliminée, puis on procède par éliminer les synonymes et les antonymes. La langue devient rigide, ne permettant aucune souplesse d’esprit, aucune émotion d’y traverser. La grammaire subit le même traitement. Tout était simplifié de telle façon à ce que la personne réfléchit le moins possible, ou ne réfléchit pas du tout.

Le novlangue a comme fin de sectionner la pensée en découpant la langue afin qu’il ne reste que des mots domestiques pour les robots de l’angsoc. De ce fait, il est planifié et instauré de manière à éliminer systématiquement, et plus efficacement que la torture, le crime par la pensée, et toute autre forme d’hérésie. 

Le langage comme contrôle de la pensée

Pour Orwell, la situation politique reflète le langage et si l’un est corrompu, il s’ensuit que l’autre doit l’être aussi. S’appuyant sur les constructions de la langue anglaise, il démontre comment le langage est utilisé dans la politique pour créer une fausse impression de sécurité, pour rassurer le peuple à obéir sans réfléchir. L’Océania est continuellement en guerre. Cette guerre a deux buts. Premièrement de garder le peuple dans un État de frayeur et deuxièmement de faire de sorte que le peuple soit satisfait et même fier de cette guerre. De ce fait, au lieu de mettre l’emphase sur tous les manques, l’État utilise un langage hautement positif. L’emphase est mise sur les victoires, sur la capture des ennemis, sur des augmentations imaginaires et aucune mention n’est faite des bombardements continuels, sur la qualité de vie misérable ou sur la diminution permanente des ressources.

Dans Le Cru et le Cuit, Claude Lévi-Strauss démontre comment dans une région où la cuisson de la nourriture est inconnue, le peuple n’a pas de mot pour signifier le concept « cuit » et comme dans « la langue il n’y a que des différences», il ne possède pas de signifié pour désigner le concept « cru ». De la même façon, le novlangue éliminait toute idée de révolte en supprimant d’abord les mots et ensuite les concepts mêmes qui sont associés à ces mots :

« On remarqua qu’en abrégeant ainsi un mot, on restreignait et changeait subtilement sa signification, car on lui enlevait les associations qui, autrement, y étaient attachées. »

C’est le concept hégélien qui stipule qu’on ne peut penser ce qu’on ne peut dire. De même selon Boileau « ce qui se conçoit clairement s’exprime clairement et les mots pour le dire viennent aisément. » Ainsi donc, il faudrait retenir la conception anti-platonicienne et anti-idéaliste qui voudrait que les choses n’existent pas en dehors des mots qui servent à les designer.

Orwell relève aussi comment l’orthodoxie commande une certaine forme de répétition, tant et si bien que le langage ad absurdum résulte en un reductio ad absurdum de la logique. Dans 1984, les orateurs du Parti inculquent le même genre d’orthodoxie par leur jargon à la fois répétitif et inflammatoire. Dans ce système de répétition, les mots deviennent que des sons, du bruit qu’on émet à la gloire du Parti et ne véhiculant aucun sens à part bien-sûr la célébration du Parti. Ainsi les chansons accomplissent ce but à la perfection car elles permettent à la fois l’apprentissage par cœur sans réflexion et la scansion du Parti. 

Inversion de la logique
« Le gros mensonge »

C’est par une manipulation psychologique élaborée que le Parti arrive à ses fins dans 1984, s’infiltrant subtilement dans le cerveau tant et si bien que la personne même ne se rencontre pas qu’elle a été lobotomisée. Inverser la logique de l’individu c’est changer sa perception de telle façon qu’il devient impossible à cette personne d’avoir un quelconque raisonnement approprié :

« Par manque de compréhension, ils restaient sains. Ils avalaient simplement tout, et ce qu’ils avalaient ne leur faisait aucun mal, car cela ne laissait en eux aucun résidu, exactement comme un grain de blé, qui passe dans le corps d’un oiseau sans être digéré. »

Dans Mein Kampf, Adolf Hitler utilise le terme « Le Gros Mensonge ». Le gros mensonge est l’utilisation d’un mensonge, si grand, que personne ne croirait que quelqu’un puisse avoir eu l’audace d’avoir inventé une telle chose. Le public se laisse facilement manipuler par une voix autoritaire et au lieu de remettre en question la rhétorique étatique, ils préfèreront croire à n’importe quelle ineptie. « Big Brother », les termes ne sont pas anodins, représente ce parent qui veille sur eux, et crée dans leur esprit l’image de cette personne primordiale à leur sauvegarde. Les citoyens sont donc psychologiquement amputés de toute forme de rébellion. 1984, jouant sur les mots et la parole, crée un climat langagier envahissant où l’individu est amené à croire à tout ce que le parti proclame, même s’il détient des informations contraires. Par exemple, après avoir proclamé une diminution dans la ration de chocolat, le Parti annonce qu’il y a en effet une augmentation de ration et le peuple l’acclame sans se poser des questions.

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Le peuple utilisant différents niveaux de compréhension, de fanatisme ou même d’intelligence va boire les paroles de l’état qu’ils ont été amenés à croire infaillible, allant même jusqu’à mettre en doute leur propre conception de l’histoire. Par exemple, durant le rassemblement pour la semaine de la Haine, le parti change d’allégeance politique de sorte que son ennemi devient son allié et son ancien allié devient son ennemi et le peuple, par une prouesse d’imagination, accepte cela en rejetant la faute sur Goldstein, l’adversaire choisi de Big Brother, qui a dû changer leurs bannières. 

La double pensée

Selon Philippe Breton, la manipulation consiste à construire une image du réel de telle façon qu’il a l’air d’être réel. Océania est un état délabré où les gens croient quand même à la richesse, où le peuple est courbé et malade mais croit quand même à la vigueur, où c’est la pénurie qui règne et les gens croient à l’abondance.

La double-pensée est un mot novlangue signifiant « contrôle de la réalité. » C’est le fait d’accepter deux idées opposées, simultanément et absolument. Elle est utilisée comme arme de manipulation psychologique de sorte que la personne soit incapable de penser par soi ou même de voir la contradiction dans leurs idées et accepter plus facilement les « gros mensonges ». Ce sont les mots qui permettent la contradiction, mais utilisées à perpétuité les contradictions deviennent admissibles, voire même analogues. Ainsi les slogans du Parti sont eux-mêmes construits sur les propos antinomiques :

« La guerre c’est la paix. La liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force. »

De même, toutes les choses dégoûtantes sont décrites par des mots élogieux pour faire avaler la pilule à la population, par exemple la cigarette de la Victoire et le Gin de la victoire. Tout comme les noms des ministères : le ministère de la Paix s’emploie à faire la guerre, le ministère de la Vérité s’occupe des mensonges, le ministère de l’Amour se consacre à la torture, et le ministère de l’Abondance s’attèle à créer la famine. Le terme « canelangue » de même est insultant quand il est utilisé contre un opposant mais élogieux pour décrire un partisan. Et le mot « noirblanc », qui peut résumer le but machiavélique du parti et son système de double pensée, veut dire : faire croire à quelqu’un que le noir est blanc s’il est appliqué à un opposant mais signifie une croyance absolue dans le parti et ne pas seulement dire mais croire que le noir est blanc quand c’est voulu par ce dernier.
2+2=5

En 1939, Orwell écrit déjà qu’il est « possible qu’on arrive à une ère où deux et deux font cinq quand le dirigeant le voudra. » 1984 est essentiellement axé sur le contrôle psychologique de la personne. Même si la torture physique est présente, c’est le contrôle mental qui est la priorité du Parti. La manipulation mentale, qui passe principalement par le langage, est si subtilement distillée dans l’inconscient que la population ne se rend même pas compte de son endoctrinement. Même Julia qui se révolte contre le Parti ne pouvait avoir d’autre mémoire que celle du Parti.

« Dire de ce qui est que cela est, et dire de ce qui n’est pas que cela n’est pas, c’est dire la vérité » selon Aristote dans sa Métaphysique. De là découle l’idée que ce qui est vrai est réel. Or, la réalité de quelqu’un peut ne pas être partagée par un autre car l’imaginaire de chacun est différent. Mais dans 1984, le Parti travaille à ce que l’imaginaire soit le même pour tout le monde, la même réalité doit être partagée par tous et ainsi la même vérité sera détenue par tous.

Le Parti ne peut admettre que les gens puissent réfléchir par eux et procède donc à détruire toute logique chez la personne. Au début du roman, Winston écrit :

« La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit»

En détruisant même cette simple logique mathématique, le Parti détruit toute forme de réflexion et d’indépendance mentale. De sorte qu’il n’y a plus de réalité objective mais seulement la réalité à laquelle le Parti veut faire croire. Se basant sur le système de la double pensée, le Parti habitue la personne à accepter toute sorte d’incohérences. Pour soumettre la personne, il ne suffit pas de lui faire croire à une notion fallacieuse, mais de croire à ce que le Parti veut lui faire croire, et d’y croire seulement parce que le Parti lui demande de croire. C’est pour cela que 2+2 peut faire 3 si le Parti le veut. Cette croyance établie, même les personnes intelligentes comme Syme n’arrivent pas à voir hors la logique du Parti. Une fois guéri, Winston peut lui aussi accepter les dichotomies sans se questionner et finalement trace 2+2=5. 

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Effacement de la mémoire
La propagande


Comme système totalitaire, Océania a recours à une propagande minutieuse pour endoctriner sa population. Elle passe par le bourrage de crâne, à instaurer la crainte, à modifier et contrôler les comportements de tout un chacun et surtout à changer et à recréer la connaissance.

Les enfants sont lobotomisés, comme dans La République de Platon où l’éducation de l’enfant est prise en charge pour ne pas le laisser corrompre par d’autres idées. Selon Bertrand Russell, une éducation autoritaire aide à créer des esclaves aussi bien que des despotes car la personne accepte l’idée que la seule relation possible entre deux personnes est une relation où l’un ordonne et l’autre obéi. L’association des Espions et de la Ligue de la jeunesse, à l’instar d’un certain Hitlerjugend, travaille à soumettre les enfants et les femmes, qui sont parmi les plus fervents adorateurs du parti. Tout comme le contrôle de l’acte sexuel, qui devient important pour un état totalitaire où la frustration sexuelle est dirigée vers le fanatisme. Dans les deux textes, les femmes sont instruites à avoir une répugnance pour le sexe qu’elles ne devaient accomplir que dans le but de la procréation.

Les phrases, les mots, et les images ne laissent aucun répit, aucune liberté. Par exemple les mots « facecrime » et « crime de la pensée » qui décrivent des crimes qu’on commet par ses expressions ou par sa pensée, c’est-à-dire si la personne n’a pas montré l’expression ou la pensée attendue de lui. En plus, la présence de la Police de la Pensée qui surveille les moindres gestes renforce cet état de terreur. Winston craint même qu’il puisse se trahir de dos ou dans son sommeil.

Il y a un vrai culte de la personnalité, emprunté au régime mussolinien, autour de Big Brother. À commencer par le terme affectueux « grand frère », les membres du parti ne doivent pas seulement vénérer mais aimer Big Brother. Ainsi les défilés dans les rues sont récurrents et chaque jour les membres sont soumis aux « Deux Minutes de la Haine ». La propagande pour être effectif joue sur l’affect de la personne. La figure de Goldstein créer par le Parti pour représenter l’ennemi est efficace car elle pousse la haine des membres à son paroxysme même Winston ne peut que se laisser emporter, et parallèlement accentue l’amour pour Big Brother.

La propagande est si réussie que Winston depuis le début ressent de l’amour envers O’Brien et même à la fin, quand ce dernier est en train de le torturer, il ne peut s’empêcher de l’admirer. Le but de la propagande de l’Océania est d’arriver justement à un amour inconditionnel à l’égard de Big Brother. Le Parti vise à posséder l’esprit de tout un chacun, l’endoctrinement absolu. Winston ne peut mourir tant que ses sentiments ne changent pas et de façon lugubre, pour montrer la victoire totale de Big Brother, le roman se termine par cette phrase en majuscule :

« Il AIMAIT BIG BROTHER » 
 
Mutabilité de l’Histoire

Poussant à l’extrême la notion que ce sont les gagnants qui écrivent l’histoire, le Parti utilise ce concept pour ratifier l’Histoire de sorte à effacer la mémoire des personnes. Le Parti commence par détruire le passé, tout ce qui a trait aux souvenirs est irrémédiablement abattu et toute chose véhiculant un morceau d’Histoire est impérativement modifiée. Sans informations du passé, ou encore sans les moyens de comprendre ses informations, il ne serait même plus nécessaire de censurer l’Histoire hétérodoxe. La manipulation de la langue est utile dans ce qu’il n’affecte pas que le présent, mais a de l’emprise sur le passé aussi bien que le futur.

Winston Smith travaille au Ministère de la Vérité, dont le but est de propager le mensonge. Son travail consiste à changer l’histoire au fur et à mesure que les évènements changent. Le passé est rectifié, remanié et changé tant de fois que le passé même n’existe plus. Il est intéressant de noter que le tube dans lequel les informations désuètes sont jetées pour être oubliées s’appelle « trou de mémoire ». L’écriture-même qui est un acte de transcendance perd de sa fonction. Winston se demande pour qui et pourquoi il écrit un journal quand son seul sort est l’oubli.

Comme l’Histoire passe par le langage, il devient impératif de falsifier ou d’effacer les écrits pour changer le cours de l’histoire. Sans la mise en parole, la mémoire s’atrophie et s’efface. Et c’est à force d’altérer la mémoire que le Parti peut faire tout croire aux personnes car l’individu n’a plus d’ancrage dans le passé. Comme le Parti ne peut être infaillible, alors c’est la mémoire qui doit l’être. Winston se demande continuellement s’il n’est pas fou car « aujourd’hui, la folie était de croire que le passé était immuable.»

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La mutabilité de l’Histoire permet donc la recréation de l’Histoire. Par exemple, quand Winston inventa le personnage d’Ogilvy, ce membre exemplaire du Parti, participant ainsi consciemment à la propagande et pensant avec une certaine fierté que c’est sa rédaction qui allait être acceptée. Éventuellement, Ogilvy a plus d’existence que Winston lui-même, et a l’instar du roman de Mary Shelley, la créature éclipse le créateur.

Le langage, seul vestige de la mémoire antérieure, doit être effacé et recréé à son tour. Après son premier acte de révolte, l’écriture, les souvenirs de Winston remontent à la surface par ses rêves et il se réveille en prononçant le mot « Shakespeare ». La littérature, surtout la littérature classique, fait partie de l’imaginaire collectif et ne peut que réveiller chez la personne idéologie et révolte. Pour établir et maintenir l’oligarchie, il faut être sûr que toute la littérature antique serait ensevelie et il ne suffira pas de les détruire tout simplement car les idées peuvent renaître. L’instauration du novlangue ferait le reste du travail et terminerait la destruction physique par la destruction mentale de ces œuvres car même s’ils ont échappé au pillage, ils n’auront plus de signification. 

Réalité et constructivisme

Le contrôle de la vérité, ou sur ce qu’il veut établir comme vérité, permet au Parti de construire une réalité voulue. Se basant sur les données qu’il possède, qu’il pressent comme véridiques, puisque c’est prouvé par les documents, l’individu est amené à recréer sa réalité ou plutôt à accepter la réalité du Parti. Même Winston est amené à questionner la réalité à chaque fois et a des doutes sur sa réalité en l’opposant à la réalité que le Parti veut lui faire croire.

En psychologie, le terme dissonance cognitive renvoie à l’inconfort que ressent un humain quand il se trouve confronté à des idées contraires aux informations qu’il détient comme réalité. Un des buts du Parti est alors d’enlever cet inconfort de l’esprit des personnes pour qu’elles ne doutent plus. Et pour ce faire, il commence donc par effacer les données déjà établies dans leur esprit, et même jusqu’à dans leur imaginaire pour arriver à l’orthodoxie ultime.

L’un des plusieurs slogans du Parti stipule « Qui commande le passé commande l’avenir ; qui commande le présent commande le passé. » Se basant sur la théorie du constructivisme opposée à la réalité, le Parti met en avant l’idée que la connaissance des faits découle d’une construction exécutée par la personne. Selon Arthur Schopenhauer, tout ce qui est n’a de valeur que pour le sujet. Le Parti alors ne conserve que ce qui a de la valeur pour lui. Le reste est oublié et doit être oublié par tout le monde. La réalité est détruite et reconstruite selon les besoins du Parti. Par exemple O’Brien tente de convaincre Winston que sa réalité est fausse en lui montrant une copie de la photo que Winston avait jetée dans le trou de mémoire tout en lui demandant de croire que la photo n’existe pas.

Pour construire la réalité de tout un peuple, le Parti procède en détruisant la mémoire de tout un chacun et d’y mettre les souvenirs qu’il veut. Le cas de Winston semble alors très improbable dans ce système. Winston se demande à plusieurs reprises s’il est la seule personne à avoir une mémoire. O’Brien lui-même à un moment lui accorde qu’il est le dernier homme à s’en souvenir. Le livre d’horreur qu’est 1984, nous pousse à nous demander si même la révolte de Winston n’est pas manigancée du début à la fin. Le journal qui lui permet son premier pas vers l’anarchie a été acheté chez M. Charrington qui travaille pour la Police de la Pensée. C’est lui qui lui chante le premier morceau d’une chanson ancienne qui réveille ses souvenirs et c’est chez lui-même qu’il achète le bloc de corail qui agissant à un certain degré comme la madeleine de Proust, réveillant son inconscient. O’Brien lui avoue qu’il le surveille depuis sept ans. Winston Smith n’est alors qu’un rat dans un labyrinthe et la mémoire elle-même devient malléable dans la main du Parti qui la recréé et l’efface selon sa volonté. 
 
84livGO.jpgConclusion

1984 est classé premier dans les meilleures ventes sur Amazon et est actuellement le livre le plus vendu au monde. Sean Spicer, Directeur de la communication de la Maison-Blanche, pour l’inauguration présidentielle de Donald Trump annonça qu’il y avait pour cet évènement « le plus grand public jusque-là ». Défiée par les statistiques, Kellyanne Conway, porte-parole du nouveau Président américain, a dit que Sean Spicer se référait en fait à des « faits alternatifs », ayant ainsi recours aux mêmes procédés que l’État de l’Océania dans 1984. Le pouvoir sur les mots est souvent utilisé par les gouvernements pour maintenir la population dans un état inférieur, leur faisant croire ce qu’ils veulent. La falsification, l’exagération, la dramatisation sont autant de méthodes auxquelles l’État a recours pour manœuvrer la personne. Utilisés comme outil de manipulation et de propagande, les mots peuvent diriger toute la pensée d’un peuple. Que ce soit dans les États utopiques ou dystopiques, pour contrôler le peuple, un travail minutieux sur le langage est élaboré, car c’est à travers le langage qu’ils atteignent la pensée et peuvent diriger le peuple dans la direction qu’ils souhaitent. Ainsi ce n’est peut-être plus vers une utopie que nous devons nous tendre. Huxley dans son épigraphe pour le Meilleur des mondes cite Nicolas Berdiaeff : « … Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels de la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non-utopique, moins ‘parfaite’ et plus libre ».

Annexe : Présentation de 1984

1984 dépeint un monde d’après-guerre où seulement trois États dominent le monde : l’Eurasia, l’Estasia et l’Océania. Ces trois pouvoirs totalitaires contrôlent un monde dépourvu de toute liberté, et chacun de ces États ont leur propre philosophie : le Néo-Bolchévisme en l’Eurasia, le Culte de la Mort ou l’Oblitération du Moi en Estasia et l’Angsoc en Océania (socialisme anglais en novlangue). Il y a une guerre continuelle entre ces trois États qui sert leurs intérêts communs pour maintenir la dictature.

L’histoire est racontée par Winston Smith, un homme de 39 ans qui travaille au Ministère de la Vérité. Son travail consiste à ratifier les informations antérieures pour qu’elles soient à jour avec les communications actuelles du Parti. Il décrit le monde dans lequel il vit. Un monde détruit, géré par la propagande, la manipulation et la peur. La figure de Big Brother, leur leader, avec la phrase « Big Brother vous regarde », se trouve partout. En plus, les citoyens sont surveillés tout le temps grâce à des « télécrans » qu’ils n’ont pas le droit d’éteindre et par la Police de la Pensée qui surveille leurs moindres faits et gestes. Le peuple vit dans un état de fatigue et de manque qui le rend plus docile et facile à manipuler. Il n’y a plus de vie privée et les relations elles-mêmes sont factices car les enfants sont encouragés à dénoncer leurs parents et la sexualité devient taboue, pour gommer tout désir chez l’humain. 

Winston, la seule personne qui est assez consciente pour se rendre compte de ce qui se passe, se révolte en commençant à écrire un journal pour noter ses pensées, qui vont à l’encontre de l’État. Il est hanté par le passé, par ses souvenirs et n’arrive pas à faire abstraction du passé, contrairement aux autres. En même temps il rêve de faire partie d’un groupe révolutionnaire, La Fraternité, mené par Goldstein, l’ennemi du Parti. Il veut s’associer à O’Brien, un membre du Parti qu’il pense faire partie de La Fraternité. Révolté par l’asexualité chez la femme, il s’éprend d’une femme Julia qui elle aussi se rebelle contre le Parti. Leur promiscuité devient un acte politique et voulant aller plus loin dans leur révolte même s’ils savent qu’ils risquent la torture et la mort, ils se joignent à O’Brien qui confirme l’idée de Winston, qu’en effet il est membre de la Fraternité.

Pour se voir aussi souvent qu’ils le veulent, Winston loua une chambre chez M. Charrington, un vieil antiquaire qui recèle encore quelques objets du passé, notamment le journal que Winston avait acheté, un presse-papier incrusté d’un corail qui deviendra un fétiche pour Winston et un tableau qu’il essaie de lui vendre. Entretemps O’Brien lui fait parvenir le livre de La Fraternité écrit par Goldstein lui-même après que Winston et Julia se sont dits prêts à tout, que ce soit le suicide ou le meurtre, pour servir le groupe.

Alors qu’ils sont dans la chambre de M. Charrington, Winston et Julia sont arrêtés et torturés. M. Charrington, membre actif de la Police de Pensée surveillait Winston pendant tout ce temps et le télécran caché à l’arrière du tableau avait tout enregistré. Winston découvre qu’O’Brien est loin d’être révolutionnaire et que le livre de Goldstein est écrit par le Parti lui-même pour chasser les criminels par la Pensée et vérifier l’orthodoxie du peuple.

On apprend que Julia s’est facilement rendue après la torture mais Winston prend plus de temps à être guéri croyant en une réalité objective. Peu à peu, avec l’accroissement dans la torture, Winston devient aussi lobotomisé que les autres et commence à croire que la réalité est seulement dans la tête. Mais le dernier faisceau de révolte est éteint quand Winston est forcé à renier son amour pour Julia, et ainsi la trahir. Ultime torture, réservée au détenus de la chambre 101, qui consiste à mettre l’humain en face de ses phobies et ainsi le forcer à se rendre complètement – une cage de rats sur son visage qui s’ouvrira sur l’ordre d’O’Brien pour lui dévorer le visage. La victoire est complète. Un Winston vaincu promène les routes en attendant la balle qui va le tuer, avec dans son cœur l’amour d’une seule personne : Big Brother.

Quraishiyah Durbarry 

Sur l’auteur

Enseignante de formation, Quraishiyah Durbarry a publié plusieurs nouvelles et poèmes en français et en anglais dans diverses revues (Point Barre, Vents Alizés, Contemporary Poets…).

A été co-lauréate du « Prix Livre d’or – Romans 2011 », organisé par la Mairie de Quatre-Bornes (Ile Maurice) et présidé par Ananda Devi.

A publié un recueil de poèmes : Entre Désir et Mort (ISBN : 9782332471154) et un roman : Féminin Pluriel (Harmattan, ISBN : 978-2-336-00843-1)
Co-lauréate du prix d’écriture du festival Passe Portes et de l’Union européenne à Maurice en 2015 (pour la pièce L’Attrape-bête, mise en scène en 2016 pour le même festival et ayant recu le prix coup de coeur de Daniel Mesguish.)

Lauréate du prix d’écriture du festival Passe Portes et de l’Union européenne à Maurice en 2016 (pour la pièce Le Minotaure.), présidé par Bernard Faivre d’Arcier.

En cours de publication, Sandor Marai, Mémoire et Vérité

Bibliographie 

Besnier Jean-Michel, Les Théories de la Connaissance, PUF, collection « Que sais-je ? », Paris, 2005.
Breton Philippe, Convaincre sans manipuler, La Découverte, 2015
Hobbes, Leviathan, Chapitre XIV Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 1921.
Festinger Leon, Une théorie de la dissonance cognitive, Enrick B. Editions, 2017.
George Orwell, 1984, Éditions Gallimard, (format Kindle), 2013.
Georges Orwell, Politics and the English Language, first published 1945, the Estate of the late Sonia Brownell Orwell, 1984 (format Kindle).
Lévi-Strauss Claude, Mythologiques 1 : Le cru et le cuit, Plon, Amazon Media EU S.à r.l. (format Kindle), 2014.
Platon, La République, traduction de Victor Cousin, Amazon Media EU S.à r.l. (format Kindle)
Russell Bertrand, Power: A New Social Analysis, Routledge, 2004.
Saussure Ferdinand, Cours de linguistique générale, Ed. Payot, 1964.
Spinoza, Traité théologico-politique, Chapitre XX.
Whorf Benjamin Lee, Language, thought, and Reality – Selected Writings of Benjamin Lee Whorf, MIT Press, 2nd Revised edition, 2012.
Sitographie

George Orwell, Review of Russell’sPower: A new social analysis, 1939
Observatoire B2V des Mémoires, Mémoire et émotion, Le rôle des émotions dans le fonctionnement de la mémoire, B2V 2013.
http://www.observatoireb2vdesmemoires.fr/les-memoires/la-... (consulté le 27.01.17).
Filmographie
Kellyanne Conway: Press Secretary Sean Spicer Gave ‘Alternative Facts’, 2017.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=VSrEE...
Two minutes of hate 1984, 2015

https://www.youtube.com/watch?v=0KeX5OZr0A4
 

jeudi, 09 janvier 2020

Orwell on Screen

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Orwell on Screen

David Ryan
George Orwell on Screen
Jefferson, N.C.: McFarland & Company, 2018

This book took me down a rabbit hole when I discovered it last June. For several days I didn’t want to do anything but watch old television dramatizations and documentaries about George Orwell’s works and life. There have been a surprising number of them, and most of the key ones can be found online or in other digital media. A few, alas, have vanished into the ether, and we have to make do with David Ryan’s script synopses.

OOS-1.jpgTo his credit, Ryan does not spend much ink on critical analyses of the various presentations. That would make for a very fat and dreary book. In nearly every instance he’d have to tell us that the production was uneven and woefully miscast. I wondered if he was going to carp about the misconceived film adaptation of Keep the Aspidistra Flying (1997; American title: A Merry War). Not a bit of it; he leaves it to us to do the carping and ridicule. What he does provide is a rich concordance of Orwell presentations over the years, with often amazing production notes, technical details, and contemporary press notices. And if you don’t care to get that far into weeds, George Orwell on Screen is still an indispensable guidebook, pointing you to all sorts of bio-documentaries and dramatizations you might never discover on your own. This is particularly true of the many (mostly) BBC docos produced forty or fifty years ago, where you find such delights as Malcolm Muggeridge and Cyril Connolly lying down in tall grass and trading tales about their late, great friend.

TV and film versions of Orwell’s last novel (published as Nineteen Eighty-Four in England, 1984 in America) weigh very heavily in the text, and also take up a lot of viewing time when you try to sit through them all. Among the first entries were live teleplays, one broadcast by NBC in 1953 (for the Studio One series), the other staged and broadcast twice by the BBC the following year.  There was no videotape in those days, but we do have adequate if fuzzy kinescopes, recorded with a 16mm film camera aimed at a studio monitor. There were also radio adaptations in that era, including two riotous parodies by Spike Milligan and his Goon Show gang. And then, in 1956, came a big-budget feature film that was made in England but distributed under the American title 1984.

It raises some questions, this obsession with Orwell’s novel in the first half-decade or so after his death in January 1950. Was there a political motive at work, early in the Cold War? Was the book so rich in drama and human interest that everyone wanted to do it, the way all actors want to be Hamlet? I think the answer is much simpler. Live TV drama was a gaping maw that needed to be fed, and the hunger for scripts was intense, because radio drama was still very much a thing, too. (The first radio version was an American one soon after the book’s publication in 1949. It stars, incredibly enough, David Niven as a very suave-sounding Winston Smith.) Another reason for the abundance of 1984 productions might be that Orwell’s novel was that rare thing, a work of fiction that almost immediately entered common parlance, even among the many millions who never read the book. You’d have to go back to early Dickens or maybe Uncle Tom’s Cabin to find a novel with that kind of widespread impact. By 1950 anybody literate enough to read a newspaper knew who or what Big Brother was, and maybe could even appreciate jokes about “thoughtcrime” and “Room 101.”

Those two early teleplays, from NBC and the BBC, were melded together in a 1956 feature film, with Edmond O’Brien, Jan Sterling, Michael Redgrave, and Donald Pleasance (partly reprising his role from the BBC version). This version surpasses other screen adaptations in one respect: its exterior shots. It was made on location in London, and made use of recognizable landmarks and wartime bomb damage, giving us the dismal look and feel of the city in the novel. When there’s a celebration in Victory Square we don’t need to have it explained to us that this is really Trafalgar Square.

Balanced against this virtue are the movie’s oddities, and they are legion. Edmond O’Brien as Winston looks wasted and beaten-down, as Winston should, but here’s it’s as a paunchy and cirrhotic figure, rather than the gaunt and pallid nicotine addict in the book. Michael Redgrave wears a spaceship-commander uniform as the Inner Party bigwig O’Brien. Only in this movie they change his character’s name to O’Connor, because two O’Briens in the same film was thought to be too confusing for the audience.

And then there’s the problem of the finale. The novel’s finish was thought too downbeat, with Winston a broken man, drunk on clove-scented gin and separated from Julia, waiting for a bullet in the back of the head. So the director shot two different endings, one in which Julia and Winston get back together again, briefly, after which Winston finds redemption by cheering for Big Brother; and a second one in which Julia and Winston shout “Down with Big Brother” and start ripping down Big Brother posters. This “Down with Big Brother” ending is said to have been distributed in the British (and presumably European) market. I saw it on television someplace a long time ago and it was a real surprise: had I completely misremembered the ending?

*   *   *

Viewing the two teleplays and their mashup in the 1956 movie, one notices that, production values aside, the American “take” on the Orwell story was very different from the British one. American tastemakers conceived of 1984 as futuristic science-fiction. You see this in the lurid cover of the original Signet paperback, and in the posters for the 1956 film. The stark sets and random costumes in the 1953 Studio One production will put one in mind of something by Edward D. Wood, Jr. The designers were aiming for something like German Expressionism, but the effect is more like a cardboard dollhouse. While Big Brother posters are everywhere, “BB” is nothing like the mustachioed Stalin avatar that Orwell had in mind. Instead, “Big Brother Is Watching You” appears over a “hairless, freakishly distorted cartoon face [that] looks like something Mad magazine has commissioned from Picasso” (as author David Ryan puts it).

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Speaking of Ed Wood: Lorne Greene plays a very fey O’Brien, rather like Bunny Breckinridge’s “Ruler” character in Plan Nine from Outer Space. He wears an ornate suitcoat, sort of early-Roxy-usher, to indicate his high status in the Inner Party. When he slips Winston Smith (Eddie Albert) his address and suggests they get together that evening, it looks to all the world like a homosexual assignation. And some of the costume choices suggest that the crew didn’t understand the book at all. Orwell put most of his Party members in “overalls”: meaning, the kind of onesie garment that flight mechanics would wear; like Winston Churchill’s “siren suit.” But the costume people at Studio One saw “overalls” and thought of farmers’ bib overalls. So Eddie Albert as Winston was going to go around attired in necktie and farmer overalls, foreshadowing his 1960s sitcom role in Green Acres. But it appears somebody caught the mistake at the last minute, and came up with a few grease-monkey outfits, so at least Winston and the male ensemble don’t look entirely foolish.

What I found most baffling and annoying about this 1953 NBC production is that it entirely ignores the significance of Emmanuel Goldstein in the Two Minutes’ Hate. There is no Goldstein; instead the giant telescreen shows us a beefy talking-head known as Cassandra. Perhaps the Studio One producers were chary of Goldstein’s Jewishness. Or perhaps they didn’t want to complicate things by alluding to the whole Trotsky-vs.-Stalin saga, or suggest that Orwell’s novel (author’s disclaimers notwithstanding) really truly was about Soviet Communism.

This coyness carried over into the 1956 feature film, scripted by the same scenarist, William Templeton. Once again, no Emmanuel Goldstein, no explicit suggestion of Communism per se. But this time they couldn’t call the telescreen traitor Cassandra, because in mid-1950s England “Cassandra” had a very special meaning: not the doomsayer of Ilium, but a popular, snarky columnist in the Daily Mirror. It would be like calling the Goldstein figure “Liberace.” So when the morning scrum at the Ministry of Truth gathers for their Two Minutes’ Hate, their wrath focuses upon a talking head called “the archenemy Kalador.” Kalador? Just a sci-fi-sounding name the writer or someone pulled out of the air. Inexcusable.

No such issues in the 1954 BBC teleplay. The costumers knew what “overalls” were, and the producers weren’t touchy about using the name Emmanuel Goldstein or alluding to Leon Trotsky. Here the Goldstein on the telescreen is even made up to look like Trotsky. This production is twice as long as the American one, and has sufficient time to develop minor characters and subplots. Winston Smith is played by Peter Cushing, which gives the drama something of a Hammer Horror aspect (after all, Nineteen Eighty-Four is indeed a horror tale). The real diamond in the cast, though, is young Donald Pleasance as Syme, the nerdy lexicographer who can’t stop talking about the wonders of Newspeak. In fact, I’m pretty sure he has more lines in this teleplay than he does in the book.

The BBC dramatization is also much more inventive when it comes to Room 101. NBC’s Studio One version briefly locks Eddie Albert in a cubicle with (unseen) rats. Eddie screams. Blackout. So much for the horrors of Room 101. But the BBC crew really went to town. They built a whole kludgy apparatus for the rats, involving a cage, a face mask, and a kind of plastic ventilation coil running between them (something like a supersized version of the Habitrail ducts that hamsters scamper around in). Unfortunately the rats weren’t at all fearsome or hungry when they shot this scene, so we end up with insert shots of peaceful lab rats sniffing around their cage. But you have to give the set techs an E for Effort.

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The crucial difference between the 1953 American teleplay and the 1954 British one is how they approach the material. Once again, the American team thought they were doing science fiction. The British team dealt with it all as naturalistic kitchen-sink drama. This seems to me to be the only correct way to deal with Orwell. Those bedraggled Party members, sullenly putting in time at the Ministry of Truth; downing their disgusting grey stew at the canteen; maintaining themselves in a mild stupor with regular shots of cheap gin—this is pretty much wartime London as Orwell knew it and as the BBC crew remembered it. There’s very little here that’s futuristic.

Tellingly, when The Goon Show did their parody, “Nineteen Eighty-Five,” it was mainly a series of jokes about the food at Big Brother Corporation’s office canteen.

ANNOUNCER:
(over public address system) BBC workers. The canteen is now open. Lunch is ready. Doctors are standing by.

FX:
SOUND OF CANTEEN HUBBUB, CUPS & SAUCERS CLINKING

WINSTON:
As I sat at my table eating my boiled water I began to hate Big Brother Corporation.

The “naturalistic” BBC television script had a long afterlife. After being presented twice in 1954 and parodied by the Goons in 1955, it was re-produced in 1965, for a series called The World of George Orwell. And when Michael Radford made his visually stunning feature with John Hurt and Richard Burton (filmed and released in A.D. 1984), the film’s mise-en-scène recalled the fetid atmosphere of the BBC teleplays rather than the confused, big-budget 1956 movie. What’s missing in the Radford version is a clear backstory, as reflected in the novel’s atmosphere of wartime privation and squalor. This was something easy to get across in the 1954 BBC teleplay, but it doesn’t really register in the Radford version, which seems to take place in an alternative reality that exists somewhere outside our own chronological scheme.

*   *   *

Finding the right tone for dramatizing Orwell seems to be more of an obstacle for scriptwriters than it ought to be. Nearly everything he wrote was a depresso-gram, highly resistant to playful optimism. Earlier I mentioned Keep the Aspidistra Flying, a woeful black comedy that is set in the 1930s but follows a similar plot arc to Nineteen Eighty-Four. Somebody made a BBC teleplay of Aspidistra in the 1960s, and that seems to have been pretty faithful to the book. I.e., it was a downer. It didn’t get revived or rebroadcast, and eventually the BBC lost or erased the tapes. When the property came up again thirty years later as a feature production, the decision was made to turn it into a frothy period piece about a carefree young couple (Richard E. Grant and Helena Bonham-Carter), and that’s pretty much what we got. The idea seemed to be that the only acceptable treatment of the 1930s was something out of Masterpiece Theatre.

Two of Orwell’s best and most adaptable novels, Burmese Days and Coming Up for Air, have never gotten anywhere near feature production. The first seems to be permanently trapped in development hell, while the second was made into a BBC teleplay way back in 1965 and hasn’t been heard from since.

And then there’s Animal Farm, filmed twice but very unsatisfactorily, once in cel animation (1954) and once in live-action-plus-CGI (1999). In both instances the directors/animators missed the essential point: that this is a talking-animal tale (“A Fairy Story,” Orwell subtitled it), and the talking animals need to have distinct, developed personalities. Those personalities get lost in these films. Because in the first production the animals don’t really get to talk, the whole drama being explained in voice-over narration. The 1999 production went to the other extreme, giving us an Uncanny Valley of “real” talking barnyard animals. Instead of Orwell’s fairy-tale anthropomorphized critters, we get grotesque close-ups of drooling dogs and snot-nosed hogs. The effect is horrifying. Any sympathy we might bring to Orwell’s delightful creations doesn’t stand a chance.

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jeudi, 20 juin 2019

Your Nineteen Eighty-Four Sources in Full

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Your Nineteen Eighty-Four Sources in Full

Connolly, Burnham, Orwell, & “Corner Table”

“In the torture scenes, he is merely melodramatic: he introduces those rather grotesque machines which used to appear in terror stories for boys.”
—V. S. Pritchett, The New Statesman [2], June 18, 1949

The torture section in Nineteen Eighty-Four[1] [3] was planned from the beginning, and intended to be the story’s core and culmination. The key influence here was James Burnham’s The Struggle for the World (discussed below), which George Orwell reviewed in March 1947, shortly before starting the first full longhand draft of the new novel. In Struggle, Burnham emphasized the likelihood of another World War within another few years, and probably even a war using the “atomic bomb.”

This found its way into Nineteen Eighty-Four, as did Burnham’s analysis of Communism (though Orwell didn’t call it that). Terror, torture, disinformation, humiliation: these are not unfortunate byproducts of Communist revolution, said Burnham, they are the system itself.

The original model for Nineteen Eighty-Four wasn’t as grim as that. It was frivolous, really, and written years and years before the Cold War was dreamt of. It was a little black comedy that used torture strictly for laughs. Titled “Year Nine,” Cyril Connolly dashed it off at the end of 1937.[2] [4] It appeared in The New Statesman in January 1938.

It’s a brief farce, less than two thousand words, yet in there are prefigured Big Brother, the Thought Police, Newspeak, and the Ministry of Love. To tell a brief story briefly: After happening upon a basement art exhibit, the narrator – an assembly-line envelope-flap-licker – is accused of thoughtcrime (approximately). He is arrested, severely tortured, and sentenced to excruciating execution.

Orwell was much impressed with it, and so were John Betjeman and others.[3] [5] Up to this point, Connolly was known mainly as an idler and failed novelist. Very soon, though, he published a memoir, Enemies of Promise, founded Horizon (“A Review of Literature & Art”), became editor of The Observer‘s book section (where he farmed out reviews to Orwell and Evelyn Waugh and Arthur Koestler), and was generally London’s number-one all-’round critic and litterateur.

From “Year Nine”:

As the hot breath of the tongs approached, many of us confessed involuntarily to grave peccadilloes. A man on my left screamed that he had stayed too long in the lavatory.

 * * *

Our justice is swift: our trials are fair: hardly was the preliminary bone-breaking over than my case came up. I was tried by the secret censor’s tribunal in a pitchdark circular room. My silly old legs were no use to me now and I was allowed the privilege of wheeling myself in on a kind of invalid’s chair. In the darkness I could just see the aperture high up in the wall from whence I should be cross-examined . . .

Our narrator (not a Winston Smith type, more of a garrulous Connolly/O’Brien) is sentenced to be “cut open by a qualified surgeon in the presence of the State Augur.”

“You will be able to observe the operation, and if the Augur decides the entrails are favourable they will be put back. If not, not . . . For on this augury an important decision on foreign policy will be taken. Annexation or Annihilation? . . .

Yes, I have been treated with great kindness.[4] [6]

There is a cultural time-stamp on “Year Nine,” clearly visible. The Moscow Purge Trials were underway and widely known about, but Connolly pins the Stalinist outrages in his tale – torture, forced confessions, anonymous denunciations – upon a cartoonish pseudo-Nazi regime, complete with Stroop Traumas, Youngleaderboys, and a population in thrall to Our Leader. (Connolly hadn’t a political bone in his body, but he posed as a Fellow Traveler, that being comme il faut.)

Conversely, when Nineteen Eighty-Four came out in 1949, it too drew on the Moscow Trials, and no one questioned (least of all Pravda) that Orwell was depicting a Soviet-style police-state. This happened even though Orwell slyly denied that it was about Communism. You can see this in the novel’s own disclaimers, and in external press releases that author and publisher sent out.

A curious legacy of “Year Nine” is that its Punch-and-Judy brilliance shines through the surface narrative of Nineteen Eighty-Four, giving the torture scenes a lurid “vaudeville” feel. Orwell probably didn’t intend the scenes in the Ministry of Love (Miniluv) to be black comedy, but that’s what he got, from O’Brien’s jabberwocky speeches, all the way to the rats in the cage-mask. (“‘It was a common punishment in Imperial China,” said O’Brien as didactically as ever.’”)

Lord of Chaos

Connolly/O’Brien is your emcee and Lord of Chaos in the Miniluv torture clinic. This is far from the standarGO1.jpgd crib-note interpretation of O’Brien (“zealous Party leader . . . brutally ugly”), but pray consider: a) Connolly was Orwell’s only acquaintance of note who came close to the novel’s description of O’Brien, physically and socially; b) if you bother to read O’Brien’s monologues in the torture clinic, you see he’s doing a kind of Doc Rockwell routine: lots of fast-talking nonsense about power and punishment, signifying nothing.

This is one reason why O’Brien fails as a villain. Villains must be monolithic. Here we have an Inner Party exemplar-cum-old Etonian who still boasts of his “antinomian tendencies” – a humorist and parodist, author of The Theory and Practice of Oligarchical Collectivism as well as “Where Engels Fears to Tread”;[5] [8] in short, a louche Fellow-Traveler-of-convenience, renowned for self-indulgence and amorality. And thus he fits right in with what O’Brien tells us about the Inner Party ethos (do read the monologues): someone who’s amoral, capricious, and power-hungry (and a potential sociopath, if O’Brien’s description of the Party’s lust for power is anything to go by).

* * *

If Orwell wanted to put Connolly out of his mind while working on Nineteen Eighty-Four, he couldn’t, because he was forever revising an essay-memoir about the school they went to together between 8 and 14. It was the most miserable time of life for young Eric Blair (for such he was). He had probably started this memoir in the early 1940s, and still had the unpublished typescript with him in London when he was playing with notes and abortive chapters for his projected novel in 1945 and 1946. And then he brought it with him to the Isle of Jura, Inner Hebrides, in the spring of 1947, where he finally began to handwrite the first draft of The Last Man in Europe (as he was then calling the Winston Smith novel). He also revised the memoir, sending a carbon to his publisher in late May. Then, in 1948, when he was laid up with TB in a hospital near Glasgow and struggling to rewrite the novel with his writing arm in a cast, he revised the memoir yet again. It wouldn’t be published in Great Britain until 1967.

The memoir was Cyril Connolly’s idea. Connolly had put his fond-but-unnerving school memories into Enemies of Promise (which made him famous), and suggested his old schoolmate Blair might do the same: a companion piece or “pendant” to Connolly’s sardonic memoir. So Blair/Orwell decided to do a Dickens about his time as an upper-middle-class poor boy at St. Cyprian’s, enduring six years of oppression, humiliation, and petty tortures. He attended the school on reduced fees (as the Headmaster’s wife reminded him loudly and often) because he was expected to win a scholarship to Eton, and so bring glory and honor to St. Cyprian’s. From age 11 onward, Young Blair was “crammed with learning as cynically as a goose is crammed for Christmas” (as he wrote), mainly Latin and Greek.

This is the nearest thing to an autobiography we ever got out of Orwell, and the disgusted, sulky, sharp-eyed loner we see in his essays and Winston Smith is thoroughly recognizable as the boy at St. Cyprian’s. To make himself seem even lonelier and more miserable – or perhaps for some other motive – he cut Cyril Connolly entirely out of story.

At one point in the memoir, Orwell pulls back and says he doesn’t mean to suggest his school was a kind of Dotheboys Hall. Then he marches off again and tells us about the filthy lavatories and disgusting food, and how he once saw a human turd floating on the surface of the local baths in Eastbourne. On finally leaving St. Cyprian’s – off to Eton, but first a term at Wellington – he looked to the future with despair. “[T]he future was dark. Failure, failure, failure – failure behind me, failure ahead of me . . .”

Orwell’s publisher and friends thought the memoir was just too embarrassing and self-pitying to publish. It would be bad for Orwell’s reputation, they said, and probably libelous. So the perennial work-in-progress didn’t see the light of day until Orwell was safely dead and Partisan Review in New York ran a slightly altered version in their September-October 1952 issue. It ran for 41 pages, called St. Cyprian’s “Crossgates,” and used Orwell’s title: “Such, Such Were the Joys.”[6] [9]

* * *

You sometimes hear that Orwell plagiarized from another dystopian story, usually one set many centuries in the future, with little or no resemblance to Orwell’s. In 2009, on Nineteen Eighty-Four‘s sixtieth anniversary of publication, Paul Owen in The Guardian tried to make the case that Orwell “pinched the plot” from Yevgeny (or Eugene) Zamyatin’s early-1920s novel, We.[7] [10] As evidence, Owen says that Orwell read Zamyatin’s book three years before Nineteen Eighty-Four was published (1949). This is a lie by misdirection. Orwell had been making notes and outlines since at least 1944, and finished his first draft in 1947. He first heard of Zamyatin’s book in 1943, failed to find a copy of the 1920s English translation published in New York,[8] [11] and finally settled for a French one, his review appearing in early 1946.[9] [12] Owen’s biggest claim is completely wrong: “that Orwell lifted that powerful ending – Winston’s complete, willing capitulation to the forces and ideals of the state – from Zamyatin.” The ending of Nineteen Eighty-Four is in fact a retread of a novel ending that Orwell wrote in 1935.

GO4.jpgA good deal of Nineteen Eighty-Four, in fact, is a twisted retelling of Keep the Aspidistra Flying.[10] [13] Orwell wrote Aspidistra in 1935 during his Hampstead bookshop-assistant days, and was ever after ashamed of it. Never mind, it’s a beautiful piece of pathetic self-mockery, giving us a 1930s-model Winston Smith. Instead of surrendering to Big Brother at the end, the Winston-figure, Gordon, finally sells out to the “Money God” – and goes back to his job as an advertising copywriter. A happy ending, strangely enough.

In place of glowering Big Brother posters, Gordon is surrounded by vast images of “Corner Table,” a “spectacled rat-faced clerk with patent-leather hair,” grinning over a mug of Bovex. (Presumably Bovril + Oxo.) “Corner Table enjoys his meal with Bovex,” shouts the poster all over town. Everywhere Gordon is stared down by the Money God, in the guise of advertisements on all the hoardings. “Silkyseam – the smooth gliding bathroom tissue.” “Kiddies clamour for their Breakfast Crisps.”

Like Winston, Gordon is under constant surveillance at home (from his landlady) and takes his girlfriend out to the countryside, where they have sex on the wet ground. When he gets in trouble with the law, he wakes up in a jail with walls of “white porcelain bricks,” like the lockup at Miniluv. His O’Brien-analogue, an upper-class literary friend and little-magazine publisher named Ravelston, shows up and rescues him from the clink. Instead of taking him to a torture chamber, he puts Gordon up in his flat and gently badgers him to straighten out his life, which Gordon does eventually, but not just yet. Torture was different in the Thirties.

* * *

Connolly’s “Year Nine” provided an amusing, pocket-sized framework for building a terror-regime satire, while Keep the Aspidistra Flying gave the naturalistic “human” elements to be restyled for Nineteen Eighty-Four. The new novel also needed serious geopolitical underpinnings, and here Orwell leaned heavily on James Burnham. It’s long been known that Orwell took the “three super-states” idea from Burnham’s The Managerial Revolution (1941).[11] [14] Orwell and his publisher cited Burnham and that book when they wrote a press release in June 1949, explaining what Nineteen Eighty-Four was “about.” (Press interest was intense, and the hat-tip to Burnham looks suspiciously like a red herring.)

Burnham’s “three super-states” schema was the inspiration not only for Oceania-Eurasia-Eastasia, but most probably the entire novel; it was like a piece of grit in the oyster, waiting for the pearl to form around it. It became Orwell’s pet geopolitical concept, and from 1944 onward we find him continually dropping mentions of “three super-states” in his reviews, articles, and columns.

 [15]Nevertheless, it was a later book by Burnham, The Struggle for the World (1947)[12] [16] that really gave Nineteen Eighty-Four its horror and worldview. Here, Burnham argued that another World War was likely soon (say, 1950), and something nuclear would probably be in play. This provided the backstory to Oceania’s murky history of war and revolution, along with some early memories for Winston Smith. An “atomic bomb” – as we called them then – was dropped near London in Colchester. Burnham argued that a preventive war might well be necessary before the Soviets get the A-bomb. The rush of events soon outran that warning, needless to say.

But the really vital input from Struggle came from Burnham’s analysis of Communism. International Communism really, truly, does seek mastery of the globe, he maintained. He had made the argument a couple of years earlier, when he was with the OSS, but in 1947 it became the freshest insight in US foreign policy. Furthermore, he focused on a matter that most pundits feared to address, lest they look like unhinged extremists: the integrality of terror to the Communist apparatus. This was obvious to many people in those post-war years, but it was Burnham who took the logical leap and articulated the idea in a book: If your main activity is terror, then terror is your business.

GO84penguin.jpgTo repeat the obvious, Burnham was describing Communism, not some theoretical “totalitarianism,” as in some press blurbs for Nineteen Eighty-Four. As noted, Orwell explicitly disavowed any connection between his fictional “Party” and the Communist one. Nevertheless, the political program that O’Brien boasts about to Winston Smith is the Communist program à la James Burnham. It’s exaggerated and comically histrionic, but strikes the proper febrile tone.

First, some O’Brien:

Power is in inflicting pain and humiliation. Power is in tearing human minds to pieces and putting them together again in new shapes of your own choosing. Do you begin to see, then, what kind of world we are creating? It is the exact opposite of the stupid hedonistic Utopias that the old reformers imagined. A world of fear and treachery is torment, a world of trampling and being trampled upon, a world which will grow not less but more merciless as it refines itself. Progress in our world will be progress towards more pain. . . .

The espionage, the betrayals, the arrests, the tortures, the executions, the disappearances will never cease. It will be a world of terror as much as a world of triumph. The more the Party is powerful, the less it will be tolerant: the weaker the opposition, the tighter the despotism.[13] [17]

Now bits of Burnham:

The terror is everywhere, never ceasing, the all-encompassing atmosphere of communism. Every act of life, and of the lives of parents, relatives and friends, from the trivial incidents of childhood to major political decisions, finds its way into the secret and complete files. . . . The forms of the terror cover the full range: from the slightest psychological temptings, to economic pressure . . . to the most extreme physical torture . . .

* * *

It should not be supposed that the terror . . . is a transient phenomenon . . . Terror has always been an essential part of communism, from the pre-revolutionary days . . . into every stage of the development of the communist regime in power. Terror is proved by historical experience to be integral to communism, to be, in fact, the main instrument by which its power is increased and sustained.[14] [18]

Burnham and Orwell were of very different mentalities, the first always gushing theories with the fecundity of a copywriter dashing off taglines; while the second was constitutionally averse to abstractions and hypotheticals, much preferring near-at-hand things, such as the common toad. It’s striking that Orwell could not only find something useful and intriguing in Burnham, he honored him with a few of the most insightful and appreciative critiques.

JB-SW.jpgIn March 1947, while getting ready to go to Jura and ride the Winston Smith book to the finish even if it killed him (which it did), Orwell wrote his long, penetrating review of The Struggle for the World. He paid some compliments, but also noted some subtle flaws in Burnham’s reasoning. Here he’s talking about Burnham’s willingness to contemplate a preventive war against the USSR:

[Burnham sees that] appeasement is an unreal policy . . . It is not fashionable to say such things nowadays, and Burnham deserves credit for saying them.

But suppose he is wrong. Suppose the ship is not sinking, only leaking. Suppose that Communism is not yet strong enough to swallow the world and that the danger of war can be staved off for twenty years or more: then we don’t have to accept Burnham’s remedy – or, at least, we don’t have to accept it immediately and without question.[15] [19]

Orwell was just using moderation and common sense here, but what he’s suggesting is what in fact began to happen that year (1947). Instead of the predicted war of destruction; policies of “containment,” “rollback,” “interventions”; defense treaties (NATO); and targeted economic aid (Marshall Plan) might work at least as effectively against the Soviets, as well as being far pleasanter and more manageable.

Ironically, Orwell did not pay much attention to what was going on in the outside world that year or next; he had bigger things to worry about. But as the world moved on, it diverged more and more from the fundamental premises of Nineteen Eighty-Four. There wouldn’t be an “atomic war” in 1950 (war, yes; not atomic) and Soviet-style terror regimes weren’t going to swallow all of Europe, however likely that looked in the spring of 1947.

Notes

[1] [20] The actual title of the book on publication date was Nineteen Eighty-Four in London (Secker & Warburg) on June 8, 1949; and 1984 on June 13, 1949 in New York (Harcourt Brace). Orwell and his publisher slightly preferred the numerals, but chose to go with the words for the London edition. Orwell used both styles interchangeably – obviously one is more convenient to type. (George Orwell: A Life in Letters, Ed. Peter Davison [London: W.W. Norton], 2010.)

[2] [21] Cyril Connolly, “Year Nine,” collected in The Condemned Playground (London: Routledge, 1945), originally published in The New Statesman, January 1938. Connolly was inspired by a visit to the “Degenerate Art” exhibition in Munich, where he got the uneasy sense he was expected to leer with a disapproving expression.

[3] [22] Clive Fisher, Cyril Connolly (New York: St. Martin’s Press, 1995).

[4] [23] Connolly, The Condemned Playground.

[5] [24] Connolly, The Condemned Playground.

[6] [25] George Orwell, “Such, Such Were the Joys,” Partisan Review, Vol. 19, No. 5 (New York), Sept.-Oct. 1952.

[7] [26] Paul Owen, “1984 thoughtcrime? Does it matter that George Orwell pinched the plot? [27]”, The Guardian, 8 June 2009.

[8] [28] E. (or Y.) Zamyatin, We, tr. Gregory Zilboorg (New York: E. P. Dutton), 1924. This English-language edition was actually the first publication of We.

[9] [29] George Orwell, review of WeTribune (London), January 4, 1946.

[10] [30] George Orwell, Keep the Aspidistra Flying, many editions. Originally: London: Victor Gollancz Ltd., 1936.

[11] [31] James Burnham, The Managerial Revolution (New York: John Day, 1941).

[12] [32] James Burnham, The Struggle for the World (New York: John Day, 1947).

[13] [33] Nineteen Eighty-Four, Part III, iii.

[14] [34] James Burnham, The Struggle for the World (New York: John Day, 1947).

[15] [35] George Orwell, “James Burnham’s view of the contemporary world struggle,” New Leader (New York), March 29, 1947.

 

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[2] The New Statesman: https://www.newstatesman.com/books/2013/03/fitzgerald-woolf-and-j-g-ballard-five-classic-book-reviews-ns-archive

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[27] 1984 thoughtcrime? Does it matter that George Orwell pinched the plot?: https://www.theguardian.com/books/booksblog/2009/jun/08/george-orwell-1984-zamyatin-we

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Orwell, Molotov, & the “Crisis of Capitalism”

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Orwell, Molotov, & the “Crisis of Capitalism”

Did the international crises of 1947 and 1948 leave their mark on the writing of Nineteen Eighty-Four? I’ve spent a lot of time on this question, and so far as I can tell, the answer is – yes; but only obliquely. And George Orwell may not even have been conscious of the fact.

A couple of months into writing the first draft of the novel, he paused to do an article for the Partisan Review. This was one of an ongoing series by several authors called “The Future of Socialism.” Orwell’s contribution for the July-August 1947 issue was titled “Toward European Unity,” and it includes some recognizable themes that were finding their way into Nineteen Eighty-Four.

Actually, the piece itself doesn’t have much to say about socialism. (One of Orwell’s last essays was on Oscar Wilde’s notion of “socialism.” Like Wilde, Orwell thought it all sounded like a nice idea, but he was one of those socialists who never read Marx.) As for “European unity,” Orwell saw only dim prospects. He was much more interested in rather whimsical speculation about how the world could survive after the Third World War started and the “atomic bombs” dropped. His least favorite outcome happened to be the background to the world of Nineteen Eighty-Four. (I’ll excerpt these at the end.)

But there’s a throwaway line in “Toward European Unity” that might be an eye-opener for people today, though it was a reasonably sound, matter-of-fact assessment of the political scene in mid-1947:

. . . American pressure is an important factor because it can be exerted most easily on Britain, the one country in Europe which is outside the Russian orbit.[1] [2]

The hard fact here is that most of western Europe was slipping into the Soviet grip. Communist parties in France and Italy were getting ready to seize power, with the Communists already the largest party in the French assembly. The USSR was maneuvering to take control of the 1945 rump of Germany, by first uniting the four zones – British, American, French, Soviet – under a Sovietized “neutral” government. Meanwhile, Europe’s post-war economic recovery had stalled and backslid, largely because of the destruction of German mines and industry, and punitive reparations and deindustrialization under the still-operative Morgenthau Plan.[2] [3] France and Britain were effectively bankrupt, living on loans and remittances from the US.[3] [4]

The stage, then, was set for the wave of revolutions, wars, and brutal regimes that form the backstory to Nineteen Eighty-Four. More memorably, these conditions are the background to the American foreign policy initiatives remembered as the Truman Doctrine and the Marshall Plan. For most people, these things are mainly recalled as chapter subheadings in high school texts, or even as examples of insuperably dull, indecipherable topics best treated as punchlines to jokes. (The writer Tobias Wolff once wrote a cruelly humorous short story in which the running gag was about a job-seeking professor forced to give a lecture with someone else’s dreary paper on the Marshall Plan.)[4] [5]

What is generally forgotten these days – or more likely, unknown – is the worldwide campaign of agitprop and civil unrest that the Soviet Union mounted in 1947-48 in retaliation for the Marshall Plan. You really need to go back to the newspapers of the era to see how far and wide was the campaign’s reach. Throughout western Europe, there were riots, work stoppages, mine floodings, and anti-Marshall Plan posters, films, flyers, and newspapers. Factories and wharves were shut down throughout France for much of late 1947; in Italy, the Communists held a sit-down strike in the Parliament. Dockworkers on the Continent, in Britain, and even in Australia, New Zealand, and North America refused to unload ships.

In America, the most memorable efflorescence of the anti-Marshall Plan drive (though seldom remembered as such) was the strange presidential campaign of ex-Vice President Henry Wallace. Wallace and other “Progressives” (for such he called his party) aimed to punish President Truman and pro-Marshall Plan Democrats by splitting their vote in 1948. They did not succeed, as it rapidly became clear that these efforts were directed by the Soviet Central Committee and the Communist Party of the USA, operating through labor unions, particularly the CIO. In 1947 and 1948, Dwight Macdonald (Orwell’s friend and political soulmate) devoted many pages of his magazine, Politics, to exposés of the Stalinist machinations behind the Wallace campaign.[5] [6]

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In that same paragraph from the Partisan Review piece by Orwell that I quoted above, there’s a curious and most un-Orwellian comment about U.S. trade:

If the United States remains capitalist, and especially if it needs markets for exports, it cannot regard a Socialist Europe with a friendly eye.[6] [7]

 

Dwight Macdonald

What exactly is he saying here? In all his writings, Orwell seldom, if ever, affects interest in such peripheral economic matters as trade policy. Yet here he is, professing to suspect that the “capitalist” US has a great need to expand its overseas (specifically European) markets. Now, in the late 1940s American exports worldwide comprised about five percent of its GNP.[7] [8] That is, most of the GNP was from domestic consumption, and need for exports would have been negligible.

Knowing when Orwell wrote this, in about June 1947, gives us a clue as to where he got this funny notion. Apparently he’d just read something in the papers pertaining to the newly-proposed Marshall Plan. I doubt Orwell knew where the story originated, or detected its ring of Marxian economics; but that is essentially what it was. Right about this time, the Soviet Foreign Minister, Vyacheslav Molotov, was putting out a tale that the European Recovery Plan, aka the Marshall Plan, had an ulterior motive: to forestall an inevitable and approaching depression due to American war debts and its unsold “surplus goods.”

Shortly after Secretary of State George Marshall gave his so-called “Marshall Plan Speech” (at Harvard’s commencement on June 5, 1947), Molotov had asked the top Soviet economist, Yevgeny “Jeno” Varga,[8] [9] to provide a report on the American economy. Specifically, he wanted Varga to “assess motives” behind this proposed aid plan. Varga came back with a suitably dire forecast: the US was facing a depression nearly the size of the Great Depression of the 1930s, with ten million unemployed and a twenty percent drop in GNP.

Per Varga, the apparent rationale for the Marshall Plan was that by lending billions in credits to Europe, the US could get rid of its “surplus goods” (as it was suffering from a “crisis of overproduction”). It could thereby avoid the forthcoming economic collapse – temporarily, at least – even though the countries to which it was “lending” credits were themselves bankrupt. Varga most likely did not believe what he wrote here. In 1946, he had written an in-depth economic study putting forth the thesis that because of changes in the American economy and government, it was no longer subject to the classic boom-and-bust “Crisis of Capitalism.” But now he was simply telling Molotov what Molotov wanted to hear.[9] [10]

molotov.jpgAnd so, when Molotov went to Paris to meet the British and French foreign ministers at a preliminary conference on the Marshall Plan (this is still June 1947), he told them he believed the proposed Plan was really conceived in America’s own interest, “to enlarge their foreign markets, especially in view of the approaching crisis.” To no one’s great surprise, Molotov soon announced that neither the USSR nor any of the Communist satellite states would be participating in the European Recovery Plan.

With the passing months, Soviet propaganda evolved somewhat. In September, Molotov’s deputy and eventual successor, Andrei Vyshinsky, told the UN General Assembly that “[t]he United States . . . counted on making . . . countries directly dependent on the interests of American monopolies, which are striving to avert the approaching depression by an accelerated export of commodities and capital to Europe.”[10] [11] This soon turned into a more pointed accusation, that the US was setting up a “Western Bloc” as an economic and political beachhead. Soviet spymaster Pavel Sudoplatov explained that “the goal of the Marshall Plan was to ensure American economic domination of Europe.”[11] [12]

What were these “surplus goods” that the US supposedly wanted to offload onto Europe via the Marshall Plan? Mostly, they were the same goods that America had been providing all along: grain and fuel, primarily coal. (While western Europe had endless reserves of coal, the mines in Germany had been so damaged that Europe suffered from severe coal shortages for the first few years after the war.) When European countries bought these with Marshall credits beginning in 1948, it freed up their own capital for “recovery” uses. And, pace Varga and Molotov, America was not disposing of these goods in order to forestall an economic crisis. There wasn’t even a recession in 1947 or 1948; just a mild downturn that came in 1949.

But the notion of “surplus goods” and its Marxian companion, the “crisis of overproduction,” found their way into an obscure corner of Nineteen Eighty-Four. They provide the stated (though rather illogical and unnecessary) rationale for eternal war, as set forth in The Theory and Practice of Oligarchical Collectivism:

The primary aim of modern warfare (in accordance with the principles of doublethink, this aim is simultaneously recognized and not recognized by the directing brains of the Inner Party) is to use up the products of the machine without raising the general standard of living. Ever since the end of the nineteenth century, the problem of what to do with the surplus of consumption goods has been latent in industrial society. . . . The war, therefore, if we judge it by the standards of previous wars, is merely an imposture. It is like the battles between certain ruminant animals whose horns are set at such an angle that they are incapable of hurting one another. But though it is unreal it is not meaningless. It eats up the surplus of consumable goods, and it helps to preserve the special mental atmosphere that a hierarchical society needs.[12] [13]

It’s all a joke, of course: Oligarchical Collectivism is not a serious treatise even within its fictive realm. It’s something that O’Brien and his colleagues concocted (or so O’Brien tells us) as a plausible excuse for a revolutionary tract that the non-existent Goldstein might write. It puts forth “the problem of what to do with the surplus of consumption goods” as though that were a real conundrum, one that can only be solved by constant pseudo-warfare.

It would have been quite enough just to say fake wars provide “the special mental atmosphere that a hierarchical society needs.” But Orwell apparently had export markets and “surplus goods” on his mind, so he threw those in as well.

 *  *  *

partisanreview.jpgThis tortured, unnecessary explanation ties up nicely with the alternative predictions Orwell offers in his Partisan Review article. As I said, he doesn’t really say much about socialism, and he doubts European unity, but he puts an awful lot of (overly) complex thought into how it’s all going to end. He’s writing this while he’s mainly focused on Nineteen Eighty-Four, so we end up with three James Burnham-esque scenarios of what may face us when the bombs start a-flying:

As far as I can see, there are three possibilities ahead of us:

    1. That the Americans will decide to use the atomic bomb while they have it and the Russians haven’t. This would solve nothing. It would do away with the particular danger that is now presented by the U.S.S.R., but would lead to the rise of new empires, fresh rivalries, more wars, more atomic bombs, etc. In any case this is, I think, the least likely outcome of the three . . .
    2. That the present ‘cold war’ will continue until the U.S.S.R., and several other countries, have atomic bombs as well. Then there will only be a short breathing-space before whizz! go the rockets, wallop! go the bombs, and the industrial centres of the world are wiped out, probably beyond repair . . . Conceivably this is a desirable outcome, but obviously it has nothing to do with Socialism.
    3. That the fear inspired by the atomic bomb and other weapons yet to come will be so great that everyone will refrain from using them. This seems to me the worst possibility of all. It would mean the division of the world among two or three vast super-states, unable to conquer one another and unable to be overthrown by any internal rebellion. In all probability their structure would be hierarchic, with a semi-divine caste at the top and outright slavery at the bottom, and the crushing out of liberty would exceed anything that the world has yet seen . . .[13] [14]

Notes

[1] [15] George Orwell, “Toward European Unity,” Partisan Review (New York), July-August 1947, Vol. 14, No. 4.

[2] [16] One sometimes hears that the Morgenthau Plan for the starvation and pastoralization of Germany was floated as an idea but sternly rejected. Actually, as Joint Chiefs of Staff directive No. 1067 [17], it was the basis of American occupation policy, effective from April 1945 until July 1947. Both the US and the Soviet Union dismantled German industrial plants in this period.

[3] [18] There are countless sources for this subject, but Benn Steil’s 2018 book, The Marshall Plan (New York: Simon & Schuster, 2018), gives a detailed overview of the economic crisis.

[4] [19] Tobias Wolff, “In the Garden of the North American Martyrs,” originally published in Antaeus (New York), Spring 1980.

[5] [20] Macdonald’s most thorough examination of Wallace and company was in the Summer 1948 issue of Politics.

[6] [21] Orwell, “Toward European Unity.”

[7] [22] See chart, The Hamilton Project [23].

[8] [24] Jeno Varga was a Hungarian Jew (his real name was Eugen Weisz) who had been in the Hungarian Communist Party since the Béla Kun days in 1919. After this, he fled to the USSR and became Stalin’s longtime economic adviser. Like Molotov in the late 1940s, Varga was about to fall out of favor.

[9] [25] Scott D. Parrish & Mikhail M. Narinsky, “New Evidence on the Soviet Rejection of the Marshall Plan, 1947 [26]” (Washington, DC: Wilson Center), 1994.

[10] [27] Andrei Vyshkinsky’s speech [28] at the United Nations, September 1947.

[11] [29] Steil, The Marshall Plan.

[12] [30] George Orwell, Nineteen Eighty-Four, 1949, Part II.

[13] [31] Orwell, “Toward European Unity.”

 

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[17] Joint Chiefs of Staff directive No. 1067: https://en.wikisource.org/wiki/JCS_1067

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[23] The Hamilton Project: http://www.hamiltonproject.org/charts/u.s._imports_and_exports_1947_2016

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[26] New Evidence on the Soviet Rejection of the Marshall Plan, 1947: https://www.wilsoncenter.org/sites/default/files/ACFB73.pdf

[27] [10]: #_ftnref10

[28] speech: https://astro.temple.edu/~rimmerma/vyshinsky_speech_to_un.htm

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jeudi, 02 mai 2019

Misreading Animal Farm

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Misreading Animal Farm

If you’re seeing a lot of Nineteen Eighty-Four editions showing up in bookstores these days, it’s because 2019 marks the seventieth anniversary of the novel’s publication. And I suppose next year we’ll see even more Orwelliana, because we have the seventieth anniversary of George Orwell’s death in January, followed by the seventy-fifth anniversary of Animal Farm.

Of all the popular literature of the past century, those two books are among the ones that people in the English-speaking world are most likely to have read – or at least imagine they’ve read. (Notice I say the English-speaking world, thereby neatly skating around the juvenile fodder that pimply adolescents in America get assigned year after year – the Mockingbird one and the Gatsby one, and those books about prep-school boys in the 1940s.)

The Orwell storylines are starkly simple, easily put into one-line elevator pitches that anyone would recognize:

In a totalitarian hell, doomed lovers dream of rebelling, but get tortured and killed.

Animals take over a farm, but their cruel pig bosses make their lives harder than ever.

As with so many stories that are too easily simplified, Nineteen Eighty-Four and Animal Farm are grossly misperceived in popular understanding and CliffsNotes-level criticism. Winston and Julia’s slave-state dystopia often got dismissed as a nightmarish vision of the future, or else an unsubtle condemnation of Stalinism. But really, it’s mainly a book about political propaganda: the slogans, the posters, the slant on the news (forever being rewritten to serve the party line of the day) – all inspired by Orwell’s own experience writing broadcasts at the Ministry of Truth (BBC Broadcasting House). And, of course, those inescapable telescreens continually shouting at you, like the hectoring CNN flatscreens that now disfigure every airport concourse and waiting area. Large chunks of the book are given over to discussions of how to enforce politically correct speech (herein called Newspeak), as well as a letter-perfect lampoon of a Marxist political tract called The Theory and Practice of Oligarchical Collectivism.

One could spend pages upon pages dissecting all the pastiches, black-comedy turns, and inside jokes that Orwell put into his Big Brother book, and no doubt I shall very soon. Today, though, I want to focus on the shorter, earlier book, the one with the talking animals. It covers many of the same themes that are expanded upon later, and like Nineteen Eighty-Four is stuffed with parody (Orwell actually writes two different “patriotic” songs for the animals to sing), and is itself an extended spoof of jolly children’s books about Life on the Farm with the Friendly Cow. There are long snatches of the narrative that are positively irenic: Boxer and Clover, the drayhorses, and Benjamin the donkey, all cheerfully working in the sunshine.

You can see why, in the original CIA-funded animated film of Animal Farm (1954), there was an irresistible push to tack on a happy ending, in which the animals mount another rebellion and throw out their pig masters. Presumably, this was a hopeful nod of encouragement directed at the new slave satrapies behind the Iron Curtain.

Animal-Farm-Poster.jpgWhen Orwell finished Animal Farm in 1945, it was a very bad time to promote anti-Communist books with talking animals. This one was too clearly an allegory about the Bolshevik Revolution and the Stalinist aftermath, as subtle as a cow-pie (one barnyard feature that does not appear in the book). Over two dozen publishers rejected it promptly; Churchill’s coalition government had been touting a pro-Soviet line since 1941. Against this background, Animal Farm was about as welcome as a sympathetic book review of Mein Kampf (which Orwell did in fact once publish, during the Phony War period).

Though he liked to describe himself as a Man of the Left, that was mainly window-dressing to maintain his literary viability. He was a socialist, but one with a very deep nationalist streak (as anyone reading “England, Your England” or “In Defence of P.G. Wodehouse” grasps immediately). He thought the Reds were gunning for him, figuratively and literally – and maybe they were.

Around the time he finished Animal Farm, he met Ernest Hemingway at the Ritz in Paris and asked to borrow a pistol, because the Russians had tried to kill him in Spain and still wanted him dead. Hemingway thought the old boy was overwrought, but found him a Colt .32. (This is recounted in Hemingway’s posthumous True at First Light.)

And yet, Animal Farm isn’t really a straightforward allegory about the Soviet Union. What it really is, is subtle propaganda that pretends to share the prejudices and idioms of a Parlor Pink or Fellow Traveler of the 1935-45 period. Orwell’s trick is what is known today in Internet culture as concern-trolling. Concern-trolling is when you insert yourself into an ongoing discussion or dispute, and feign sympathy with the participants’ viewpoint. Then, gradually and unctuously, you raise mild objections to the consensus belief. These quibbles confuse your interlocutors, sending the discussion off into a new direction. You might not get your new friends to reverse their opinions, but you’ve certainly planted some doubts.

The Leftist verities that Orwell pretends to endorse can be really preposterous. Yet even today, many people accept them unquestioningly as dogma. Some of the more egregious examples:

  1. The (Bolshevik) Revolution was a Good Thing.
  2. But it was betrayed and ruined by Napoleon the Pig (Stalin).
  3. The animals (Soviet people) were much happier and more prosperous after the Revolution than before.
  4. Religion (i.e., Christianity) is an unnecessary, false, wasteful distraction.
  5. After the Revolution, Animal Farm (Russia) was more enlightened than its rivals, which were cruel and corrupt, and oppressed their workers.

In order for Animal Farm to work as political propaganda, you pretty much have to accept most of these premises. You have to suspend disbelief and make yourself a wide-eyed fool willing to believe such obnoxious pap as, “Communism can build Heaven on Earth, but it’s never really been tried!”

Orwell completely avoids some matters that would have made his fairy tale unpublishable. There is the Jewish Question. Most of the leading Bolsheviks were Jews, and that is a very difficult fact to finesse. (Stalin, of course, was not; but his wife and best friend were.) Certainly, it must have been on Orwell’s mind throughout the writing. Perhaps this is why he made the lead animals pigs; for pork is most unkosher. Yes, the author is saying, the pigs are the Bolsheviks, so I’m not saying the Bolsheviks were Jews. (I am reminded that when Art Spiegelman drew his Maus graphic novel in the 1980s, he portrayed the Poles as pigs, thus emphasizing that they were very, very un-Jewish.)

AF-pig.jpgBut the use of pigs raises all sorts of other complications. All the male pigs but Napoleon, we are told, have been castrated. This fact is introduced late in the book, and rather obliquely: “Napoleon was the only boar on the farm.” But hold on: Napoleon has sired many porkers, presumably male often as not. Surely they’re still intact – some of them, anyway. Is Orwell just being forgetful, or does he fear certain distasteful matters will slow down the story?

The pigs bothered a lot of publishers’ readers when Orwell sent the typescript around. Jonathan Cape wanted to publish the book, but only if the pigs were swapped out for something else. “It would be less offensive if the predominant caste in the fable were not pigs.”

Over at Faber & Faber, T. S. Eliot liked it, too, but turned it down with a perversely hilarious rejection letter, wondering why the pigs had to be villains:

[A]fter all, your pigs are far more intellectual than the other animals, and therefore the best qualified to run the farm – in fact, there couldn’t have been an Animal Farm at all without them: so that what was needed (someone might argue), was not more communism but more public spirited pigs.[1] [2]

The Animal Farm/USSR analogy really goes off the rails with the depiction of the two rival neighboring farmers, Frederick and Pilkington. These stand in for Britain and France, on the one hand, and Germany on the other, in the years leading up to the Second World War. Like Oceania in Nineteen Eighty-Four, which is always at war with either Eastasia or Eurasia, the pigs at Animal Farm are forever making alliances with Frederick or Pilkington. Frederick and Pilkington, moreover, are forever scheming to overpower or swindle Animal Farm. And they often succeed, because the pigs are greedy and shortsighted.

But this is the reverse of what actually happened with the USSR and its geopolitical rivals and allies. From the 1920s onward, the Soviets were always trying to penetrate Western intelligence services and political parties. Conversely, there was little or no attempt on the part of Britain or France, or even Germany, to set up espionage networks in the USSR. So far from being a duped victim, perpetually gulled and taken advantage of, the USSR was always the sly aggressor. In every wartime conference where he showed up – Tehran, Yalta, Potsdam – Stalin was always the one who stacked the deck and came out with a winning hand.

At the end of Animal Farm, we see the farmers and pigs at table together, all looking very much alike. The suggestion is that the Revolution has failed because the neighboring farmers knew how to lead the pigs astray.

What Orwell is doing here, again, is inverting reality in a bid for sympathy, cozening us into believing that Britain and France – and Germany – were the bad guys all along. Of course, he didn’t believe this, but he needed a finish to the story, so he drove home the moral that the Revolution had been betrayed. Pigs are bad and humans are bad, but the doltish animals at Animal Farm are still idealistic and good.

It’s a weak, confused ending, and thoroughly dishonest. Orwell doesn’t believe it for a moment. He knows the Soviets are evil, murderous shits, and even now they’re out to kill him.

On the other hand, Animal Farm was written as a didactic fable. When you write talking-animal propaganda, you can’t be expected to tell the truth.

Note

[1] [3] These quotations are taken from Jeffrey Meyers, Orwell: Wintry Conscience of a Generation (New York: W. W. Norton, 2001).

 

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dimanche, 22 avril 2018

«Orwell reprochait à la gauche petite bourgeoise son mépris implicite des classes populaires»

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«Orwell reprochait à la gauche petite bourgeoise son mépris implicite des classes populaires»

Entretien avec Kévin Boucaud-Victoire, auteur d'un ouvrage sur George Orwell

Propos recueillis par 

Ex: http://www.lefigaro.fr

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Kévin Boucaud-Victoire présente dans un essai passionnant les multiples facettes de l'oeuvre de George Orwell.

Kévin Boucaud-Victoire est journaliste et essayiste. Il vient de publier Orwell, écrivain des gens ordinaires (Première Partie, 2018).

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FIGAROVOX.- Vous consacrez un petit essai à George Orwell. Celui-ci est souvent résumé à ses deux classiques: La Ferme des animaux (1945) et 1984 (1949). Est-ce réducteur? Pour vous, Orwell est le plus grand écrivain politique du XXe siècle. Pourquoi?

Kévin BOUCAUD-VICTOIRE.- George Orwell reste prisonnier de ses deux derniers grands romans. Il faut dire qu'avant La Ferme des animaux, l'écrivain a connu échec sur échec depuis 1933 et la sortie de Dans la dèche à Paris et à Londres. Il y a plusieurs raisons à cela. Déjà, Orwell tâtonne pour trouver son style, et bien qu'intéressants, ses premiers écrits sont parfois un peu brouillons. Ensuite ses deux premiers grands essais politiques, Le quai de Wigan (1937) et Hommage à la Catalogne (1938) sont très subversifs. La seconde partie du premier est une critique impitoyable de son camp politique. Il reproche à la gauche petite bourgeoise son mépris implicite des classes populaires, son intellectualisme et son idolâtrie du progrès. Au point que son éditeur Victor Gollancz ne voulait au départ pas publier le livre d'Orwell avec cette partie, qu'il ne lui avait pas commandée. Hommage à la Catalogne dénonce le rôle des communistes espagnols durant la révolution de 1936. Il est alors victime d'une intense campagne pour le discréditer et doit changer d'éditeur pour le publier. À sa mort en 1950, les 1 500 ouvrages imprimés ne sont pas écoulés. Il a d'ailleurs aussi beaucoup de mal à faire publier La Ferme des animaux au départ. Ces deux ouvrages essentiels sont encore trop mal connus aujourd'hui. Je ne parle même pas de ses nombreux articles ou petits essais qui précisent sa pensée ou Un peu d'air frais, mon roman préféré d'Orwell, publié en 1939.

Sinon, l'Anglais a voulu faire de l'écriture politique une nouvelle forme d'art, à la fois esthétique, simple et compréhensible de tous. Aucun roman selon moi n'a eu au XXe siècle l'impact politique de 1984 et La Ferme des animaux. C'est ce qui explique qu'il a été ensuite, et très tôt après sa mort, récupéré par tout le monde, même ceux qu'il considérait comme ses adversaires politiques.

Vous jugez que l'utilisation qui est faite d'Orwell est une récupération politique?

Tout le monde est orwellien !

«Tout ce que j'ai écrit de sérieux depuis 1936, chaque mot, chaque ligne, a été écrit, directement ou indirectement, contre le totalitarisme et pour le socialisme démocratique tel que je le conçois», écrit en 1946 Orwell dans un court essai intitulé Pourquoi j'écris? Mais il a surtout été connu pour ses deux romans qui attaquent frontalement le totalitarisme. À partir de là, libéraux et conservateurs avaient un boulevard pour le récupérer. Ainsi, en pleine guerre froide, la CIA a produit une bande-dessinée et un dessin-animé de La Ferme des animaux, parfois en déformant légèrement son propos, diffusés un peu partout dans le monde. L'objectif était alors de stopper l'avancée du communisme dans le monde.

Depuis quelques années, «Orwell est invité à toutes les tables», comme l'explique le journaliste Robin Verner dans un excellent article pour Slate.fr. De l'essayiste Laurent Obertone à l'ENA, tout le monde est orwellien! Les récupérations ne sont pas que l'œuvre de la droite. Ainsi, depuis deux ou trois ans, Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, s'est fait le héraut de la réhabilitation d'un Orwell de gauche. Pourtant, il a tout du prototype de la gauche petite bourgeoise sur laquelle a vomi l'écrivain dans Le Quai de Wigan, particulièrement dans les chapitres X à XIII.

Mais si Orwell est aussi récupérable c'est parce que la vérité était pour lui prioritaire, plus que l'esprit de camp politique. «L'argument selon lequel il ne faudrait pas dire certaines vérités, car cela “ferait le jeu de” telle ou telle force sinistre est malhonnête, en ce sens que les gens n'y ont recours que lorsque cela leur convient personnellement», écrit-il. «La liberté, c'est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit», pouvons-nous lire aussi dans 1984. Après, je ne fais pas parler les morts, mais je doute qu'Orwell se serait insurgé contre le fait d'être cité par des adversaires politiques, lui qui avait des amis conservateurs ou libéraux.

Orwell n'est donc ni conservateur, ni socialiste?

On peut déjà relever qu'à partir de 1936, il s'est réclamé du socialisme démocratique plus d'une fois dans ses écrits. Malgré des penchants parfois conservateurs, il a aussi récusé appartenir à ce camp. Il écrit dans Le lion et la licorne, son deuxième plus grand essai politique, que son patriotisme «n'a rien à voir avec le conservatisme. Bien au contraire, il s'y oppose, puisqu'il est essentiellement une fidélité à une réalité sans cesse changeante et que l'on sent pourtant mystiquement identique à elle-même».

Orwell est un socialiste qui apprécie les traditions, se veut patriote, anti-progressiste et très démocrate !

Effectivement, Orwell est très complexe et un peu inclassable. «Trop égalitariste et révolutionnaire pour être social-démocrate ou travailliste, mais trop démocrate et antitotalitaire pour être communiste ; trop lucide sur la réalité des rapports de force entre les hommes et entre les États pour être anarchiste, mais trop confiant dans la droiture et dans le refus de l'injustice parmi les gens ordinaires pour basculer comme tant d'autres dans le pessimisme conservateur», écrit Jean-Jacques Rosat, un des grands connaisseurs actuels de l'écrivain. Mais pour lui, «le véritable socialiste est celui qui souhaite - activement, et non à titre de simple vœu pieux - le renversement de la tyrannie» (Le Quai de Wigan) et c'est comme cela qu'il se définit. Mais c'est un socialiste qui apprécie les traditions, se veut patriote, anti-progressiste et très démocrate!

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Le philosophe Jean-Claude Michéa voit en lui un anarchiste conservateur. Partagez-vous cette définition?

En fait Orwell a utilisé cette formule, volontairement provocante, pour parler de lui jeune, quand il n'était pas encore politisé. Mais ensuite il ne s'est plus déclaré que socialiste. En fait, si Michéa a popularisé cette expression, il l'a reprise de Simon Leys, sinologue belge, deuxième biographe le plus important de l'Anglais, décédé en 2014. Leys explique dans Orwell ou l'horreur de la politique que si Orwell est socialiste, «anarchiste conservateur» est «certainement la meilleure définition de son tempérament politique». Ça peut sûrement sembler compliqué à première vue.

Dans Le Complexe d'Orphée, Michéa explique qu'il faut distinguer une pensée construite d'un tempérament politique, sorte d'inclination naturelle. Ainsi, il explique que le tempérament d'Orwell combine un «sentiment légitime qu'il existe, dans l'héritage plurimillénaire des sociétés humaines, un certain nombre d'acquis essentiels à préserver», avec «un sens aigu de l'autonomie individuelle (ou collective) et avec une méfiance a priori envers toutes les relations de pouvoir (à commencer, si possible, par celles que l'on serait tenté d'exercer soi-même).» Je pense qu'il est difficile de mieux décrire Orwell. J'ajouterais que l'un des intérêts de l'expression «anarchiste conservateur» se trouve dans son potentiel polémique: accoler l'adjectif «conservateur» à un intellectuel de gauche, rien de tel pour heurter les belles âmes.

Le professeur de philosophie Jean-Jacques Rosat conteste cette définition. Pourquoi?

Il y a en effet une petite querelle chez les orwelliens à ce sujet. En effet, d'un côté, il y a l'école Leys, Michéa, ou encore François Bordes qui qualifie Orwell de socialiste et d'anarchiste conservateur ou «anarchiste tory» en V.O. De l'autre il y a celle de Rosat et plus largement Agone, qui récuse le dernier terme. En 2006, dans sa préface à la traduction française de La politique selon Orwell de John Newsinger, Rosat accuse Leys et Michéa de fausser la compréhension d'Orwell. En 2011, il publie dans une revue d'Agone dédiée à l'écrivain anglais un article intitulé «Ni anarchiste ni tory: Orwell et “la révolte intellectuelle”».

Dans cet article très intéressant, il explique qu'à partir de 1936, Orwell n'utilise le terme que pour qualifier Jonathan Swift, écrivain qu'il admire, mais dont il s'oppose aux idées. Rosat rappelle qu'Orwell reproche à Swift d'être «un anarchiste tory, qui méprise l'autorité sans croire à la liberté, et qui défend une conception aristocratique tout en voyant bien que l'aristocratie de son époque est dégénérée et méprisable.» Le philosophe français rappelle que l'Anglais est bel et bien un socialiste. Pour lui, le définir comme anarchiste conservateur a deux conséquences néfastes. Cela le condamne «à être un penseur irrémédiablement incohérent, un penseur qui cache derrière une façade socialiste une attitude politique profondément différente.» Enfin, «si Orwell est fondamentalement un conservateur, tant comme homme que comme penseur, alors la gauche et l'extrême gauche ont eu raison d'avoir de forts soupçons à son égard dans le passé».

Il y a une compatibilité entre Orwell, farouche athée, et un christianisme radical c'est-à-dire qui va à la racine.

Alors que faut-il en penser? Déjà rappelons que Michéa écrit dans Le Complexe d'Orphée que Rosat a raison, si on reste sur le plan strictement politique. Il faut donc revenir à la distinction entre pensée construite et tempérament politique que j'évoquais plus haut. Pour trancher, je dirais que si Orwell est bel et bien un socialiste, le qualificatif d'anarchiste conservateur présente un intérêt essentiel pour comprendre ses positions qui peuvent surprendre dans son camp.

Vous n'hésitez pas à rapprocher Orwell de penseurs chrétiens comme Simone Weil, Bernanos ou Pasolini. Quels sont ses points communs avec ces derniers?

Pasolini n'était pas vraiment chrétien, puisque s'il appréciait l'Église catholique, il lui manquait la foi. Il y a aussi Chesterton, Orwell ayant été surnommé à ses débuts «le Chesterton de gauche». Mais effectivement, il y a une compatibilité entre Orwell, farouche athée, et un christianisme radical - c'est-à-dire qui va à la racine. Ces penseurs vont au bout de la logique des évangiles ou de l'épître de Jacques, en refusant la puissance de l'argent et la quête du pouvoir - la troisième tentation du Christ laisse entendre que le pouvoir terrestre appartient actuellement à Satan. D'ailleurs, cela me fait penser à Guy Debord, père du situationniste et athée militant, qui écrit dans une lettre: «Les catholiques extrémistes sont les seuls qui me paraissent sympathiques, Léon Bloy notamment.».

Pour être un peu plus précis, on retrouve chez eux ce tempérament anarchiste conservateur, que j'ai évoqué tout à l'heure. Il y a une remise en question radicale du capitalisme et du progrès. Ils sont aussi des précurseurs de l'écologie politique. Ce n'est pas pour rien qu'on retrouve Orwell, Weil et Pasolini dans Radicalité: 20 penseurs vraiment critiques (L'échappée, 2013), ainsi que dans Aux origines de la décroissance: 50 penseurs (L'échappée, Le Pas de côté et Ecosociété, 2017), en compagnie cette fois de Bernnaos et Chesterton. Enfin, ce sont des esprits libres, lucides sur les erreurs de leur camp. Orwell a critiqué le rôle des communistes durant la guerre d'Espagne, Weil certaines violences de ses camarades anarchistes et écrit une lettre à Bernanos, appartenant au camp d'en face, pour lui témoigner sa «très vive admiration». Bernanos a publié Les grands cimetières sous la Lune, un énorme pamphlet contre Franco, ses soutiens catholiques, et plus largement la droite. Pour finir, Pasolini n'a pas eu de mots assez durs pour les petits-bourgeois de gauche italiens, notamment en Mai 68. Autant de liberté intellectuelle et politique est assez rare aujourd'hui.

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Vous voyez en lui un promoteur du «socialisme du vécu» et du «socialisme populaire». Quelles sont les spécificités de ces deux formes de socialisme?

Je rapproche le socialisme d'Orwell et celui de Simone Weil sur ce plan. En fait, je montre que ce ne sont pas les livres et la théorie qui ont converti Orwell au socialisme, mais ce qu'il a pu vivre, en Birmanie, dans les bas-fonds parisiens et londoniens qu'il a fréquentés, à Wigan, où il a côtoyé les ouvriers, et en Espagne. Il explique d'ailleurs qu'en Catalogne il a constaté que non seulement le socialisme était désirable, mais qu'il était en plus possible.

Orwell, comme Simone Weil, plaide pour que les socialistes partent du vécu des classes populaires.

Sinon, dans Le quai de Wigan, il affirme que «le mouvement socialiste a autre chose à faire que de se transformer en une association de matérialistes dialectiques ; ce qu'il doit être, c'est une ligue des opprimés contre les oppresseurs.» Pour lui, il doit accueillir «tous ceux qui courbent l'échine devant un patron ou frissonnent à l'idée du prochain loyer à payer». C'est en cela qu'il est vraiment populaire, alors qu'il constate que les socialistes appartiennent surtout à la classe moyenne éduquée. En fait, Orwell, comme Weil, plaide pour que les socialistes partent du vécu des classes populaires, qui ne se limitent pas qu'aux ouvriers, mais qui comprennent aussi les classes moyennes inférieures - des petits boutiquiers aux fonctionnaires -, en passant par les paysans.

Alors qu'en Europe la social-démocratie est en train de mourir pour cause de faillite idéologique, la pensée d'Orwell peut-elle inspirer une nouvelle gauche?

Je l'espère en tout cas. Sa critique du progrès par exemple me paraît essentielle. Il apparaît aujourd'hui évident que le progrès technique a «fait faillite», comme le disait Orwell, et n'a pas tenu ses promesses. Il a renforcé à la fois l'aliénation capitaliste et l'exploitation des classes populaires. «Si un homme ne peut prendre plaisir au retour du printemps, pourquoi devrait-il être heureux dans une Utopie qui circonscrit le travail? Que fera-t-il du temps de loisir que lui accordera la machine?», se demande Orwell dans «Quelques réflexions avec le crapaud ordinaire».

Son équilibre entre patriotisme et internationalisme me paraît aussi vital, quand la gauche s'est aujourd'hui parfois trop perdue dans un internationalisme abstrait, croyant que la nation renvoyait toujours aux heures les plus sombres. Ainsi, l'Anglais rappelle que «la théorie selon laquelle “les prolétaires n'ont pas de patrie” […] finit toujours par être absurde dans la pratique». La nation est le seul bien de ceux qui sont privés de tout et c'est aujourd'hui le seul cadre démocratique existant aujourd'hui. Enfin Orwell représente un socialisme qui reste radical, qui refuse à la fois de se compromettre dans l'autoritarisme, mais aussi avec le mode de production capitaliste, comme le PS depuis au moins 1983.

Comment expliquez-vous le succès de mouvement dits populistes auprès des «gens ordinaires»?

Le clivage gauche-droite ne fait plus recette.

C'est simple, le clivage gauche-droite ne fait plus recette. En France, comme à l'étranger, la gauche de gouvernement a oublié les classes populaires pour se concentrer sur les classes diplômées, plus progressistes et ouvertes, et les «minorités» - qui certes appartiennent souvent aux classes populaires, mais qui ne sont pas défendues comme telles mais comme des clients ou des consommateurs. La droite de son côté a souvent fait mine de défendre les classes populaires pour les trahir au pouvoir. Pourquoi les pauvres votent à droite et Pourquoi les riches votent à gauche, du journaliste Thomas Frank, donnent des clés très intéressantes pour comprendre.

À côté, la mondialisation néolibérale ne fonctionne plus. Les élites intellectuelles, politiques et économiques sont totalement déconnectées du peuple. Christopher Lasch, grand lecteur de George Orwell, le percevait déjà dans son livre-testament, La révolte des élites et la trahison des élites. Il expliquait que «les personnes qui se situent dans les 20 % supérieurs en termes de revenus», qui «contrôlent les flux internationaux d'argent et d'informations», «se définissent moins par leur idéologie que par leur mode de vie, qui les distingue, d'une manière de moins en moins équivoque, du reste de la population». Selon lui, ils n'acceptent plus «aucune des obligations que la citoyenneté dans une forme de cité sous-entend normalement», se sont «retirés de la vie commune et ne veulent plus payer pour ce qu'ils ont cessé d'utiliser».

Cette déconnexion est de plus en plus visible. En 2005, alors que presque tous les médias et les grands partis de gouvernement militent pour le «oui» au TCE, le «non» l'emporte. On a pu voir une vraie fracture sur les revenus et l'éducation dans le résultat du vote. La séquence qui suit est très intéressante, puisque le gouvernement de Nicolas Sarkozy et le parlement se sont ensuite assis sur cette décision démocratique en 2007. Les «mouvements populistes» capitalisent sur cette fracture et ce rejet des élites.

Ces derniers ne font-ils pas tout simplement preuve de davantage de «common decency» que les partis traditionnels?

Je n'en suis pas certain. Mais ils s'en servent en tout cas mieux. La droite dite «populiste» vante les valeurs populaires, souvent pour mieux les trahir. «Votez pour interdire l'avortement et vous aurez une bonne réduction de l'impôt sur le capital (…). Votez pour faire la nique à ces universitaires politiquement corrects et vous aurez la déréglementation de l'électricité (…). Votez pour résister au terrorisme et vous aurez la privatisation de la sécurité» écrit Thomas Frank dans Pourquoi les pauvres votent à droite? La victoire de Trump illustre parfaitement cette trahison constante. Le danger avec le populisme est qu'il utilise surtout le ressentiment - contre les immigrés ou les élites - que la «common decency», justement.

La droite dite « populiste » vante les valeurs populaires, souvent pour mieux les trahir.

Pourtant, je plaide bien pour un populisme, qui substituerait le clivage gauche/droite à un clivage peuple/élites ou classes populaires/oligarchie. Mais pour qu'il ait une chance de ne pas être juste un mouvement qui flatte les bas instincts populaires, il doit s'appuyer sur l'amour des classes populaires et l'empathie vis-à-vis de ce qu'elles vivent.

Orwell n'était-il pas avant tout un littéraire dont la particularité était justement de refuser toute forme d'idéologie et de pensée en système?

Tout à fait. Il se voulait d'abord écrivain. «Il me serait impossible d'écrire un livre, voire un article de revue de quelque importance, si cela ne représentait pas aussi pour moi une expérience esthétique», explique-t-il dans Pourquoi j'écris? Il se réfère bien plus à Swift, Dickens, London ou Wells qu'à Marx - qu'il n'a probablement jamais lu de première main - Engels ou Rosa Luxemburg. Cependant, il possédait une vraie pensée politique, non systémique, mais construite.

dimanche, 11 février 2018

Editorial EAS: Colección Pensamientos & Perspectivas

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Editorial EAS: Colección Pensamientos & Perspectivas

Un golpe de efecto en el mundo cultural actual, una llama que pretender avivar el fuego del interés por el conocimiento, un respiro de aire fresco en el saber de Occidente… Nuevas plumas salen al descubierto para enfrentarse al ensayo y a la literatura cotidiana; pensadores y literatos, trovadores y ensayistas que pretenden despertar nuevas mentes y redescubrir la esencia de lo que es pervertido por los mass media, eso es Pensamientos & Perspectivas, la esencia del simbolismo del ‘Árbol’ transmitida por plumas disidentes del siglo XXI y plasmada en aquellos autores que despiertan mentes inquietas.

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JÜNGER: Tras la guerra y la paz

Autores: Fernando Sánchez Dragó, Dr. Javier Nicolás, Troy Southgate, Alain de Benoist, Alexander Dugin, Luca L. Rimbotti, Gianfranco de Turris, Robert Steuckers, Julius Evola†, Ernst Jünger†, Eduard Alcántara, Andrea Berná, José Luis Ontiveros†, Santiago de Andrés, Carlos X. Blanco, Juan Pablo Vitali y Fernando Trujillo.

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Jünger y el Nacionalsocialismo por Javier Nicolás

14.50€

Incluye ensayos inéditos en castellano de Ernst Jünger

Descripción

Distancia y emboscadura habrían sido desde siempre los signos de una personalidad que observa, que medita, que percibe, que se implica en la lucha física de la vía del guerrero como un modo de vivir la acción desde la lejanía. Porque un espíritu libre, aristocrático, no podría soportar el mal olor y el peso de la gravedad de sus contemporáneos –«es preferible escribir un verso que representar a sesenta mil imbéciles en el parlamento», llegará a afirmar– por mucho que sus reflexiones le llevasen por los telúricos senderos del arraigo y de la nación y se sintiese en perfecta sintonía con un nacional-bolchevique como Niekisch. Pero su antinazismo tenía que ser, se quiere angustiosamente que fuese, algo consustancial. Su antinazismo habría precedido, se quiere angustiosamente que precediese, a la existencia del propio nacionalsocialismo.

Lo que narra el libro es el relato del diálogo directo de un soldado, de un pensador, de un escritor, de un nacionalista alemán con el fenómeno político e ideológico crucial del siglo XX, que, para bien o para mal determinó su vida, al igual que lo ha hecho con todas las nuestras.

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ORWELL: Viviendo el futuro y recordando el pasado por VV.AA.

17.50€

¿Qué historia conoces sobre la vida y obra de George Orwell? 
¿El modelo de “sociedad orwelliana” se está llevando a la práctica?
¿Existe una manipulación del lenguaje en base a una neo-lengua implantada?

¿Denuncia Orwell el Nuevo Orden Mundial, o se atrevió a revelar los planes de las Sociedades Secretas sabiendo ya que nadie podría evitarlos?

“La libertad es el derecho de decir a la gente lo que no quiere oír” George Orwell

Descripción

A voz de pronto y haciendo uso del (sin)sentido común, cualquier ciudadano apuesta por la seguridad a costa de la privacidad, prefiere dormir tranquilo, saber que todo está bajo el control de una entelequia que todo lo observa y vela por el “Bienestar” de todos. “Nadie tiene nada que temer si no hace nada malo”, la cuestión que nadie se plantea es ¿qué es lo “malo” y qué es lo “bueno”?.

Lo “bueno” y lo “malo” está supeditado a los designios de la política electoralista, de la alta finanza y el Gran Capital, de aquellos poderes que están por encima del ciudadano, esas entidades que no nos consultan sobre lo que deseamos, que aplican sus políticas restrictivas cada vez con mayor dureza y sin importarles lo que le han prometido al electorado, sus planes, los planes de los electos en cada legislatura cada vez se distancian más de los programas electorales que diseñan, la mentira es claramente más visible y descarada.

El Orden natural ha sido revertido por el orden material y ello lleva a que el ego impere por doquier. No importa lo social, lo común… el espíritu de comunidad popular ha sido colapsado por el “yoísmo”. Los medios de masas trabajan constantemente en plasmar en la mente de las personas el mensaje que les interesa a los que siniestramente dirigen el destino de los pueblos, y esto nos lleva a lo que decía Alphonse Bertillon: “se puede ver sólo lo que se observa y se observa sólo lo que está en la mente”.

Manuel Quesada

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MISHIMA: El último samurái

Autores: Dr. Kerry Bolton, Troy Southgate, John Howells, Wulf, Dimitris Michalopoulus, Christopher Pankhurst, Koichi Toyama, Douglas P., Vijay Prozak.

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mercredi, 12 juillet 2017

Animal Farm: Beware of the Language of Equality

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Animal Farm: Beware of the Language of Equality

by Charles Johnson
Ex: http://www.eurocanadian.ca

The impulse for writing this brief essay comes from teaching the book for several years abroad. In my simple observations about the work, I've employed a medical analogy, whereby, Old Major is a social physician; his patient is the ailing, but equally oblivious, population of farm animals, and the illness is the daily life on that farm, owned by Mr. Jones. This analysis of Animal Farm follows a therapeutic progression: from a diagnosis, to a prescribed therapy, and ending finally in a description of a state of health that should result if the treatment is followed. In contrast to the usual interpretation of Animal Farm which highlights Orwell's famous quote that "all animals are equal, but some animals are more equal than others," the message of this medical analogy is that those who control language control politics and power.

In this respect, I'm aware of how Orwell uses Old Major to dramatize Karl Marx's critique of the struggle between owners and workers. But Orwell goes further, with important insights for the Alt Right. Aware that "Convictions are more dangerous enemies of truth than lies," Orwell puts aside whatever his sympathies with the workers might be; he challenges the idea that "All animals are equal." First, he shows the failure of this idea by focusing on who controls language, and then he presents reasons why equality among all the animals might not be all that desirable. In doing this, Orwell went against the egalitarian impulses of his day, displaying an intellectual originality that is rightly admired but perhaps all too seldom imitated.

I. Diagnosis—Medical Analogy


What Old Major offers the other animals is a diagnosis of the exploitation and unfairness that infects daily life on the farm. He states:
We are born, we are given just so much food as will keep the breath in our bodies, and those of us who are capable of it are forced to work to the last atom of our strength; and the very instant that our usefulness has come to an end we are slaughtered with hideous cruelty.
Old Major educates the farm animals, making them aware that this is unhealthy. The animals "are forced to work," doing the most burdensome work to exhaustion, and in return, they only receive "just so much food as will keep the breath" in them — so that they can continue to work. As Old Major understands life on the farm, work is a major measure of value for most animals, and "the very instant that our usefulness has come to an end we are slaughtered." Even at the end of a life-time of loyal labour on Manor Farm, animals don't get to enjoy retirement. Instead, they are mercilessly eliminated. Old Major assures Boxer that no animal is immune to this outcome: "the very day those great muscles of yours lose their power, Jones [...] will cut your throat and boil you down for the foxhounds." As with any good doctor, Old Major knows that it isn't enough to diagnose correctly the patient. The treatment must cure the illness.

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II. Treatment


To treat the pandemic injustices of Manor Farm, Old Major prescribes the therapy of rebellion. Speaking to the animals gathered in the barn, Old Major says:
[W]ork night and day, body and soul, for the over throw of the human race! That is my message to you, comrades: Rebellion!
A reader might ask: Why do the ills of Manor Farm have to be treated by the harsh remedy of rebellion? Any increase in animal rights is a decrease in Jones' control. Any further sharing out of resources diminishes profit for Jones. Moreover, not yet unified with the other animals by hunger, the individual animal poses no threat to Jones. The lone animal can't stand against the immediate punishment of a beating or starvation. Divided, the animals don't have power. Without power, negotiation is impossible. Jones doesn't need to compromise, so why would he? People in power rarely like to share it. The only recourse the animals have, therefore, is to take and redistribute power through violent revolution. Old Major believes that this forceful redistribution of power on the farm will be the end of inequality and making of a society based on harmonious relations without exploitation.

III. State of Health


But having always experienced inequality, the animals don't know what equality is, so Old Major has to show them. He does so in two ways: he addresses all the animals by the revolutionary sobriquet of "Comrade." All the animals are "comrades." Therefore, according to Old Major, "all animals are equal." Old Major further shows this to be true with the power of the vote. Each animal has a vote. The donkey's vote is no less a vote than the horse's vote. A pig's vote is no more a vote than a sheep's vote. Simply put, a vote is a vote is a vote. All votes are equal; consequently, all animals are equal. Yet readers must acknowledge this animal egalitarianism is only Old Major's hope for the future and not quite the reality, especially under the rule of the pigs.

IV. Language as a Measure of Power—Breakdown of Egalitarianism


Language is a measure of power on the Animal Farm. The pigs give the sheep their slogans "Four legs good, two legs bad," and "Four legs good, two legs better." The sheep are incapable of coming up with their own slogans. They're illiterate and under the control of the pigs. The sheep mindlessly memorize and repeat slogans at the pigs' behest. If Wittgenstein is right when he claims, "The limits of my language are the limits of my world," then clearly the sheep have a small world. But even more revealing might be the application of Wittgenstein's idea to describe the relationships of power on the Animal Farm: the limits of language are the limits of power. It is, therefore, no accident that the sheep have the least language and the least amount of power while the pigs have the most language, and the most power. The pigs, after all, write and revise the rules that govern life on the farm for all the animals. However, language alone doesn't separate the pigs from the others.

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V. Leisure


Snowball is able to become the hero of the Battle of the Cowshed not only because of language but because of leisure. Orwell describes an ordinary day on the farm shortly after the rebellion:
The pigs did not actually work, but directed and supervised the others. With their superior knowledge it was natural that they should assume the leadership.
The pigs do have language ability to a high degree above the other animals. This "superior knowledge" of language is what makes it "natural that they should assume the leadership." Of course, later Snowball clearly makes use of this "superior knowledge" of language by reading about the campaigns of Julius Caesar. Snowball 's learning allows him to organize and direct the animals to defend themselves against the attacking humans; however, without leisure, even the most useful books remain unread. Therefore, it is not insignificant that the "pigs did not actually work;" un-tired at night, the pigs are holed up in the harness-room, studying "from books." There's an undeniably intimate connection between leisure and learning that enables Snowball to be heroic. Even the modern story-tellers of Hollywood can't ignore this fact. That is why the bat-suited hero of Gotham is the leisured Bruce Wayne during the day. Moreover, the iron-clad Tony Stark is equally free from draining daily work when he's not putting in a shift as Iron Man. In understanding Animal Farm, we shouldn't overlook the importance of leisure. Orwell and Hollywood might agree at least on this point: leisure doesn't make a person heroic, but it is awfully difficult to be heroic without leisure. But leisure isn't the only resource where the animals are found to be unequal.

VI. Food


Food not only is the product of the farm, but it is also proof that the egalitarian revolution of Animalism has failed. When the animals returned from a long day's work in the fields, they realized that "the milk had disappeared." If life on Animal Farm were truly egalitarian, wouldn't each animal get a portion of milk? Of course they would. But that doesn't happen. As Napoleon said, "Never mind the milk, comrades!" This inequality with food resources continues throughout the novel. Though the "animals had assumed" that the windfall apples "would be shared out equally," they soon learned that "all the windfalls were [...] for the use of the pigs." And even as the farm faces the winter hardship of food shortages, not all animals make equal sacrifices: "[A]ll rations were reduced, except those of the pigs and dogs." There are many examples of inequality on the Animal Farm that result from power, greed and the pigs' preference for pigs over other animals on the farm. But the most formidable and unyielding source of inequality might be Nature itself.

VII. Nature Isn't Egalitarian


Maybe we would like to believe that the failure of animal egalitarianism wasn't inevitable. But the truth, however, might be that it truly was never possible. The pigs have a natural advantage the other farm animals lack. Orwell writes that the pigs "had taught themselves to read and write." This auto-didactic aptitude for reading and writing reveals more than a few not insignificant natural abilities that the pigs have. The pigs have a passion for learning, for teaching themselves new abilities without being prompted to do so by others; moreover, what the pigs teach themselves is equally important because "to read and write" is to have power over others on the farm. The other farm animals are aware that the pigs are "manifestly cleverer" and therefore, "should decide the questions of farm policy." Nature has made the pigs different. And as Freud observes:
[N]ature, by endowing individuals with extremely unequal [...] mental capacities, has introduced injustices against which there is no remedy.
Nature isn't egalitarian, and clearly the pigs have benefited in part from the lottery of chance. Their leadership is the reward for being "superior" to the other animals. Nature and the effort of the pigs have made the animals unequal. Nonetheless, the "remedy" of enforced equality under Napoleon's dictatorship may be far worse than the disease of Nature's "injustices."

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VIII. Undesired Outcomes of Egalitarianism


The dream of Old Major's egalitarianism turns into a nightmare under Napoleon's rule, and disagreement is outlawed through violence. One of Boxer's favorite slogans is "Napoleon is always right." He speaks more truth than he understands. Napoleon is always right. If he isn't, he exiles you or kills you. All animals are equal under Napoleon because they're all unable to dissent. Conformity is the unwritten law of Animal Farm. And its immediate consequences can't be ignored: countless deaths and tyranny; however, its unseen insidious effects are more dangerous. Maybe the windmill really fell because Benjamin refused to speak up. Since he "could read as well as any pig," who is to say that he didn't recognize the windmill's flaw of thin walls. If he realized the flaw, could it be that he chose to remain silent out of self-preservation? The silence of conformity comes at a cost: progress. As William Blake writes, "Without contraries is no progression." Doubtless, dissent is essential for progress and a healthy society. Silence puts an end to progress, and the tyranny of Napoleon turns even language into a weapon against the unsuspecting animals.

IX. Language as a Tool of Control


If you can say it, you can think it; you can do it. For this very reason, Napoleon bans "Beasts of England." Having witnessed the execution of their comrades by Napoleon's dogs, the farm animals retreat to the knoll and sing the song as an act of solace. Shortly afterwards, Squealer arrives. Orwell writes:
He announced that, by a special decree of Comrade Napoleon, 'Beasts of England' had been abolished. From now onwards it was forbidden to sing it.
The root of resistance is language; rebellion can't flower without it. "Beasts of England" is a song of rebellion, but now that Napoleon is in control, he doesn't want rebellion. The language of rebellion makes rebellion possible. Language comes first; the idea exists in language and only then is action possible. However, Squealer assures the animals that rebellion is "No longer needed" because, of course, Napoleon doesn't want it. To kill the flower, Napoleon tears out the root. It's not that "the Rebellion is now completed," as Squealer states, but rather that Napoleon has simply made rebellion impossible by eliminating its language. When the language of freedom disappears, slavery will be inescapable.

Orwell's work is rare in the world of books, and we do him the honor he deserves by reading it and reading it again. In Animal Farm, while sympathizing with the exploited and the urge for equality, he warned against the manipulation of those in control of the language of egalitarianism, the naive denial of the inescapable reality that animals and humans are not naturally equal, and that we must be wary of those who will manipulate us with words to believe we can be equal while not allowing open discussion about nature's inequalities.

mardi, 21 mars 2017

L’antirussisme à la lumière de George Orwell

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L’antirussisme à la lumière de George Orwell

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Le général de Gaulle disait à Alain Peyrefitte sur cette rivalité russo-américaine qui l’énervait quelque peu : « les deux super-grands s’entendent comme larrons en foire. »

C’est l’historien Charles Beard qui a parlé au moment de la lugubre présidence Truman d’une guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle. La guerre perpétuelle est celle que mène à tout moment l’Amérique dans telle ou telle partie du monde. Les Etats-Unis ont mené dans le monde 200 conflits comme l’a montré Oliver Stone dans son angoissant documentaire. Sept conflits ont été menés sous le prix Nobel de la paix Obama qui cherche à retourner au pouvoir ; son successeur intérimaire Donald Trump fait déjà la guerre au Yémen et menace l’Iran. Ensuite on verra. Pour prouver qu’il n’est pas un agent russe, Trump déclarera la guerre à la Russie !

La paix perpétuelle consiste à faire de ce monde libre un monde sûr pour la démocratie - dixit Woodrow Wilson qui laissa bolchévisme et fascisme s’installer en Europe ; ses héritiers ont imposé l’islamisme aux musulmans.

Revenons en 2017, cent ans après l’entrée en guerre des USA le 2 avril 1917.

Le pentagone a eu ses 84 milliards de rallonge et c’est très bien comme ça. On aura peut-être les guerres que désire l’Etat profond US, quoique George Orwell soit d’un autre avis. Car un autre historien, Harry Elmer Barnes, a établi en 1953 un lien entre la politique US (l’Amérique a la rage disait alors Sartre, aujourd’hui tout le monde la célèbre) et 1984.
Le livre de George Orwell redevient un bestseller, il y a de quoi. Souvenez-vous des déclarations hystériques du général Mad Dog Mathis au sénat sur la menace existentielle que font peser la Chine et la Russie sur l’Océanie orwellienne, pardon sur l’Amérique et son chenil européen peu éclairé en ces temps derniers.

Orwell a basé son Océanie sur l’Oceana de John Harrington un écrivain contemporain de Cromwell (il y a Orwell dans Cromwell) et inspiré par le modèle du sanhédrin et de l’oligarchie vénitienne. Orwell voit l’Océanie se heurter à Eurasia (la Russie) et à Estasie, une Asie unifiée par la Chine. Cela donne :

« … à ce moment, on annonça qu’après tout l’Océania n’était pas en guerre contre l’Eurasia. L’Océania était en guerre contre l’Estasia. L’Eurasia était un allié.  Il n’y eut naturellement aucune déclaration d’un changement quelconque. On apprit simplement, partout à la fois, avec une extrême soudaineté, que l’ennemi c’était l’Estasia et non l’Eurasia. »

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Puis Orwell explique qu’on est toujours en guerre, ou en guéguerre (la Chine et la Russie sont pour l’Océanie US ou la France socialiste de plus gros morceaux à avaler que la Libye) contre des rivaux diabolisés par la bureaucratie de la haine.

« Groupés d’une façon ou d’une autre, ces trois super-États sont en guerre d’une façon permanente depuis vingt-cinq ans. La guerre, cependant, n’est plus la lutte désespérée jusqu’à l’anéantissement qu’elle était dans les premières décennies du vingtième siècle. C’est une lutte dont les buts sont limités, entre combattants incapables de se détruire l’un l’autre, qui n’ont pas de raison matérielle de se battre et ne sont divisés par aucune différence idéologique véritable.»

Cette interminable mais parfois léthale phony war sert à maintenir quiète la masse russe ou américaine plutôt pauvre. Voyez ce qui en résulte avec 93 millions d’adultes sans emploi et 50% de la population active à moins de trente mille dollars par an, une misère avec l’exorbitant coût de la vie US.

« Le but primordial de la guerre moderne, ajoute George Orwell dans son long chapitre IX de la deuxième partie, est de consommer entièrement les produits de la machine sans élever le niveau général de la vie. Le problème était de faire tourner les roues de l’industrie sans accroître la richesse réelle du monde. Des marchandises devaient être produites, mais non distribuées. En pratique, le seul moyen d’y arriver était de faire continuellement la guerre (…). L’acte essentiel de la guerre est la destruction, pas nécessairement de vies humaines, mais des produits du travail humain. »

La guerre aussi permet à l’oligarchie de s’enrichir (Silicon Valley, Lockheed, Booz Allen, Boeing, CIA, NSA, Goldman Sachs, Fed, Hollywood, Marvel). Orwell encore :

« En même temps, la conscience d’être en guerre, et par conséquent en danger, fait que la possession de tout le pouvoir par une petite caste semble être la condition naturelle et inévitable de survie. »

La guerre permet surtout de contrôler la population ; voyez Henry IV de Shakespeare et ces querelles à l’étranger (foreign quarrels) pour occuper les esprits agités (to keep busy giddy minds).

Comme vu chez Thucydide, le public se soumet au pouvoir en se soumettant à la guerre :

« Fanatique, crédule, ignorant… En d’autres mots, il est nécessaire qu’il ait la mentalité appropriée à l’état de guerre. Peu importe que la guerre soit réellement déclarée et, puisque aucune victoire décisive n’est possible, peu importe qu’elle soit victorieuse ou non. Tout ce qui est nécessaire, c’est que l’état de guerre existe. »

La folie de Mad Dog Mathis est aussi expliquée par Orwell. On sait dans le Deep State que ni la Russie ni la Chine ne sont dangereuses. On n’en est donc que plus hystérique. Orwell:

« C’est précisément dans le Parti intérieur que l’hystérie de guerre et la haine de l’ennemi sont les plus fortes. Il est souvent nécessaire à un membre du Parti intérieur de savoir qu’un paragraphe ou un autre des nouvelles de la guerre est faux et il lui arrive souvent de savoir que la guerre entière est apocryphe, soit qu’elle n’existe pas, soit que les motifs pour lesquels elle est déclarée soient tout à fait différents de ceux que l’on fait connaître. Mais une telle connaissance est neutralisée par la technique de la doublepensée. »

Mathis doit en rajouter.

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Orwell établit :

« Aucun des trois super-États ne tente jamais un mouvement qui impliquerait le risque d’une défaite sérieuse. Quand une opération d’envergure est entreprise, c’est généralement une attaque par surprise contre un allié. »

Orwell rassure sur ces tontons flingueurs. On ne défouraille plus. La guerre ne serait plus dangereuse.

« Tant que les guerres pouvaient se gagner ou se perdre, aucune classe dirigeante ne pouvait être entièrement irresponsable. Mais quand la guerre devient continuelle, elle cesse aussi d’être dangereuse. Il n’y a plus de nécessité militaire quand la guerre est permanente. Le progrès peut s’arrêter et les faits les plus patents peuvent être niés ou négligés. »

Et on jouerait à la guéguerre avec 666 milliards par an alors ? Ces bases militaires sont des parcs d’attraction ? Et Philippe Grasset qui nous parle d’incapacité opérationnelle US systémique !

Par contre Orwell évoque la police de la pensée ; un coup de Decodex ici, un impeachment pour le candidat sibérien là, une omniprésence des bandeaux info dictés par la CIA partout.

« L’efficience, même l’efficience militaire, n’est plus nécessaire. En Océanie, sauf la Police de la Pensée, rien n’est efficient. »

L’inefficacité militaire US fut évoquée ici : on ne voit pas les USA et la valetaille croisée défier de vraies puissances. Orwell :

« La guerre donc, si nous la jugeons sur le modèle des guerres antérieures, est une simple imposture. Elle ressemble aux batailles entre certains ruminants dont les cornes sont plantées à un angle tel qu’ils sont incapables de se blesser l’un l’autre. Mais, bien qu’irréelle, elle n’est pas sans signification. Elle dévore le surplus des produits de consommation et elle aide à préserver l’atmosphère mentale spéciale dont a besoin une société hiérarchisée. »

L’antirussisme a un seul but clair : le renforcement de cette oligarchie et de son emprise sur son monde.

Sources

Guerre du Péloponnèse, I

1984, deuxième partie, chapitre IX

Perpetual war for perpetual peace; the costs of war (Mises.org)

Harrington, Oceana (Gutenberg.org)

Peyrefitte – c’était de Gaulle

Shakespeare, Henry IV, part 2, act 4, sc. 5

Therefore, my Harry,

Be it thy course to busy giddy minds

With foreign quarrels, that action, hence borne out,

May waste the memory of the former days

mercredi, 22 février 2017

George Orwell: l’intégrité de la pensée

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George Orwell: l’intégrité de la pensée

Orwell fait partie de ces écrivains qui avec une acuité rare sut ne pas tomber dans les pièges qui bernèrent les plus grands et causèrent des montagnes de morts sacrifiés sur l’autel de l’idéologie. Il eut l’instinct de ne pas s’enliser dans les couloirs de l’utopie et le courage de dénoncer les travers des grands courants de pensée de son époque ; à l’heure où tant d’intellectuels, par complaisance ou par lâcheté, se font les serviteurs d’un système mystificateur, il est de bon ton de rappeler l’intégrité de cet homme pour qui l’engagement rimait avec honnêteté. Bien que disparu depuis plus d’un demi-siècle, il a toujours des choses à nous dire…

George Orwell de son vrai nom Eric Arthur Blair nait le 25 juin 1903   à Motihari dans les Indes britanniques, son père est fonctionnaire colonial chargé de la régie de l’opium, à l’époque monopole d’Etat. Il est issu de la petite bourgeoisie, sa famille bien que désargentée jouissant du prestige de l’Empire colonial. Orwell est intrinsèquement britannique, même clochard il conservait en toutes circonstances sa prestance british. Bien « qu’en bas de la bourgeoisie » son statut familial lui permettra de rentrer au collège d’Elton (il écrira sur ces années dans Le Ventre de la baleine), en contact avec l’élite anglaise de l’époque il est victime de brimades et se sent à l’écart car déclassé par rapport à ses camarades faisant partie du sérail. Durant ses études il se plonge dans Shakespeare, Lord Byron et surtout Dickens. Sa personnalité se fondera par la suite, il se cherche…Ses études étant un fiasco, ses parents n’ayant pas les moyens de l’envoyer à Cambridge, il va alors choisir de servir dans la gendarmerie nationale en Birmanie. Bien que très critique envers son pays, il est patriote et le sera durant toute sa vie. Il commence à écrire des poèmes, quelques récits mais ce ne sont encore que ses balbutiements…

Désillusionné, il se morfond en Birmanie, et est heurté par l’injustice du système colonial ; il a une fonction de répression et de maintien de l’ordre sans pour autant donner dans le manichéisme. Il a la dent dure tant pour les birmans que pour les colonisateurs, il critique l’avilissement subi par les birmans et les anglais installés qu’il juge déliquescents. Un sentiment de culpabilité voire d’expiation suscitant l’ordalie nait alors chez lui, celui d’être issu d’une famille ayant exploité les indigènes. Il y restera cinq années puis revient en 1927 en Grande-Bretagne, il découvre alors la plèbe et son sous-prolétariat qui le révulse et lui inspire de la compassion. Face à cette réalité qui écorne le mythe de son pays, ses valeurs se sont effondrées ; conscient qu’il participe à un système fondé sur les classes sociales.  Il éprouve alors le besoin de parcourir le monde pour se trouver et se ressourcer.

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Il choisit alors Paris, passage obligé pour tout intellectuel ou artiste de l’époque, et se même au milieu populaire de la capitale. Il survit grâce à de petits boulots (plonge, cours d’anglais) et écrit dans quelques journaux… C’est la débrouille et une période de clochardisation difficile. Il fréquente un temps les milieux espérantistes, les milieux littéraires mais surtout cherche sa voie en écriture quand son ventre n’est pas vide. Cette expérience parisienne commence à le forger politiquement et devient socialiste ; il en profite pour choisir son nom de plume. Il est étranger aux avant-gardes de son époque bien qu’il croise quelques futures grandes personnalités littéraires de son époque. Son premier roman (largement autobiographique) est alors édité, bien que Dans la dèche à Paris et à Londres ne rencontre pas un succès commercial il suscite l’intérêt des mouvements de gauche pour qui il écrira quelques papiers. On lui colle alors l’étiquette d’écrivain de gauche bien que les nuances de sa pensée le mettent en marge. Son second roman Une histoire birmane est une critique acerbe du colonialisme qu’il a bien connu.

A la demande de son éditeur il est envoyé dans le nord de l’Angleterre où il côtoie les gens du peuple, au bas de l’échelle sociale, laminés par le chômage. Sa conscience politique s’affine avec Le Quai de Wigan où il traite de l’exploitation des bassins miniers par le milieu ouvrier pour qui il se prend d’amour, touché par sa grandeur malgré l’adversité. Durant toute sa vie, il y aura chez lui une fascination pour les corps suppliciés, des prolétaires ou celui des exclus. Composée de deux parties, la première sous forme journalistique et la seconde sous forme de pamphlet, il a la dent dure envers les institutions politiques œuvrant pour socialisme, créant une ligne de démarcation entre les intellectuels déversant leur idéologie et le milieu ouvrier en prise avec le réel. Son éditeur se désolidarise alors de lui, Orwell se dit socialiste, réceptif à l’anarchisme et se détache déjà très clairement des cerveaux staliniens ou trotskistes. Orwell partage la notion « d’Etat providence » ayant pour mission de subvenir aux besoins de ses citoyens, en termes de santé, d’éducation et d’emploi.

Il gagne alors l’Espagne en pleine guerre grâce à ses réseaux et  s’engage dans le POUM (parti ouvrier d’extrême gauche) récusé par les communistes aux ordres de l’Union Soviétique. Plusieurs camps s’affrontant en effet au sein des opposants à Franco, il est témoin des luttes intestines menées par les communistes. Hommage à la Catalogne racontera cette période de sa vie avec amertume… Il découvre alors le pouvoir de la propagande et les manipulations de la presse. Cela aura une incidence sur la création de 1984. Blessé sur le front, assistant aux basses besognes des milices communistes pour exterminer les anarchistes sous l’ordre de Staline, il regagne l’Angleterre une fois la victoire de Franco. Il prend alors conscience que la guerre n’est pas noble même si ceux qui sont sur le champ de bataille combattent souvent pour un idéal. Il est le premier à dénoncer les exactions et les trahisons des staliniens préférant détruire les groupes dissidents de gauche plutôt que de les triompher des franquistes. Il découvre la pureté tout autant que les salissures des idéologues. Lui qui nomme par « esprit de cristal » le meilleur de l’homme, découvre la noirceur de l’âme humaine bien que continuant à croire en l’homme en tant qu’individualité.

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Un peu d’air frais sort en 1937 décrit avec nostalgie l’Angleterre des débuts de XXème siècle et de la nocivité du progrès tel que conçu par les idéologues. Une certaine forme de refus de la modernité nait alors chez lui car il pressent la naissance des totalitarismes et de l’aliénation des masses. Pacifiste, patriote et révolutionnaire à la fois, anarchiste dans sa méfiance envers les élites, conservateur car hostile à ce qui est présenté à tort comme le progrès, Orwell se singularise des mouvements intellectuels de sa génération. Orwell se débat avec ses contradictions, aime les femmes tout en étant misogyne, aime l’Humanité mais est habité par un  brin d’antisémitisme et de nationalisme.

Durant la seconde guerre mondiale, il officie pour la BBC. Souvent censuré pour ses opinions et ses critiques envers l’Union Soviétique alors alliée de la Grande-Bretagne, il démissionne fin 1943 pour rejoindre le journal travailliste de gauche The Tribune. Après la guerre, sachant que la tuberculeuse ne lui laisse que quelques années à vivre, c’est une course contre la montre pour parachever son œuvre politico-littéraire. Il écrit les deux ouvrages qui le consacreront : La Ferme des animaux publiée en pleine guerre froide, critique du stalinisme mais aussi d’une analyse peu flatteuse envers le capitalisme, et bien sûr le prophétique 1984 où il déploie sa haine du totalitarisme au nom du socialisme, dénonçant la manipulation des masses par le langage via sa simplification afin de réduire la capacité d’analyse (la fameuse novlangue). Pour rappel, Orwell était polyglotte, parlant couramment le français, à la recherche de la pureté et du mot juste dans ses écrits. Les mots n’ayant pas qu’une vocation fonctionnelle mais la mission de véhiculer la pensée sans distorsion. Il nous décrit dans 1984 un homme réduit à sa fonction où sévit une surveillance technologique liberticide des citoyens. Il décèdera à seulement 47 ans le 21 janvier 1950, seul dans son lit sans personne pour lui prendre la main, sa seconde femme fanfaronnant avec un de ses amants alors qu’il agonise.

Sa pensée heuristique restant d’actualité, un grand nombre d’écrivains ou intellectuels revendiquent son influence. En France, son plus grand représentant est sans nul doute le philosophie Jean-Claude Michéa. Messianique malgré lui, Orwell est toujours un grain de sable dans l’engrenage des puissants. Pour preuve, une campagne de presse diffamante relayée par nombre de grands quotidiens sur un Orwell qui en fin de vie aurait donné au Foreign Office les noms de compagnons de route potentiellement espions de l’Union Soviétique. Il n’en est rien, alors en fin de vie une amie et belle-sœur de son ami Arthur Koestler vint lui rendre visite au sanatorium où il était soigné afin de lui demander des noms d’intellectuels ou journalistes susceptibles d’écrire sur les exactions du régime soviétique à la demande d’un service gouvernemental anglais. Il lui donnera effectivement des noms… Parmi ces noms, il nommera des personnalités inutiles de contacter car peu enclins à saper le régime stalinien du fait de leur obédience politique. De là à en faire un délateur, il y a un monde ! On chercha donc à salir l’image de cet homme…Comme quoi il dérange toujours, son rayonnement étant une épine dans le pied des totalitarismes contemporains. Totalitarismes insidieusement cachés dans notre société dont nous portons les bacilles, qui ont su se travestir et sont toujours à l’ouvrage.

L’homme et l’écriture ne faisant qu’un, son œuvre puisa dans les expériences qui jalonnèrent sa vie. Eclairant le présent et le futur à la lumière du passé, méfiant vis-à-vis des idéologies d’où qu’elles viennent.  Orwell, témoin engagé de son Temps, ne tomba pas dans les pièges de son époque comme Céline, Drieu La rochelle, Sartre ou encore Aragon. Il sut ne pas se laisser berner par les endoctrinements et des luttes de salon, son intégrité l’amena à se faire des ennemis de son vivant mais le plus bel ami une fois quitté ce monde… Le jugement de l’Histoire.

Romain d’Ignazio.

jeudi, 01 décembre 2016

Henry Williamson, George Orwell, & the Pigs

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Henry Williamson, George Orwell, & the Pigs

Henry_Williamson_by_Charles_Tunnicliffe (1).jpgToday is the birthday of Henry Williamson (Dec. 1, 1895 – Aug. 13, 1977)—ruralist author, war historian, journalist, farmer, and visionary of British fascism.

Two rather incongruous points of Williamson’s life stand out. One is that he achieved fame with what is usually regarded as a children’s book, Tarka the Otter (originally published 1927, with a movie version in 1979).

The other is that he was a friend of Lawrence of Arabia; and that it was on his way back from posting a letter to Williamson that T. E. Lawrence was mysteriously killed in a motorcycle accident. This was 1935. The matter under discussion in the correspondence was a request by Williamson that Lawrence join Sir Oswald Mosley in a campaign for European peace. Reportedly, Lawrence agreed.

Williamson was a prolific, compulsive writer (over 50 books, including posthumous volumes). Sometimes he is described as an author whose fame was consigned to “the memory hole” on account of his fascist associations and enthusiasm for National Socialism.

But this is very misleading. Even as an old man in the 1960s, Williamson was called upon by one of his old papers, the Evening Standard, to revisit and recount the 1914-18 battlefields of the Western Front [2], and ten years later he was engaged to draft a scenario for a long-delayed film version of Tarka. When he died in 1977 he merited a 1700-word obit in The Times [3] that described his great output and scarcely mentioned his “Fascist sympathies.”

Henry Williamson.jpgBlackshirt sympathies are really a side-note with Williamson, as they are with Yeats, Belloc, and Wyndham Lewis. If he is largely forgotten today, this is not because he went to Nuremberg rallies (nobody forgets the Mitfords, after all), but rather because of the peculiar nature of his output. Apart from his war memoirs, most of his writing consists of highly detailed close observation, with little direct commentary on the world at large. (The newspaper column at the end of this article is a good example of Williamson’s work. Taken in large doses, such detail tends to become tedious.)

A good contrast with Williamson is the case of George Orwell, whose pose as “a man of the Left” was purely for literary viability in the 1930s. From his social attitudes and military bearing, to his patriotic pronouncements (England, Your England) and anti-Stalinism—even his funny mustache—Orwell was a most unlikely “man of the Left.” Yet that is how he styled himself. Orwell even shared with Williamson a fondness for nature-writing, though their differences in approach are striking, as I will come back to.

First, though, I want to say a few words about Williamson’s ruralist books and journalism. He wrote in a time when nature-writing was a popular genre, and a mainstay of daily newspapers, particularly in England, much as wine columns seem to be today. I guess these “countryman” columns in London papers functioned as “breathers,” giving tram and Underground riders a break from the usual Fleet Street headlines and Oxo adverts. And maybe editors and press-lords believed thought that throwing in a bit of farming, foxes and foliage would raise the overall tone of their newspapers.

The most famous example of these “countryman” columns is the one Evelyn Waugh made up for his satirical novel, Scoop (1938). In Scoop, a newspaper tycoon wants to hire a fashionable young novelist named Boot to cover a civil war in Africa. By mistake he gets the wrong Boot. Not society star John Courtney Boot, but his impoverished hick cousin, William.

Shy, befuddled William Boot lives in deepest Devon where he writes a column called “Lush Places,” for the vulgar London newspaper The Daily Beast. (The title has since been repurposed for an even more vulgar webzine).

We get only one snippet of this impenetrably rhapsodic column, “Lush Places,” but that leaves us gasping for no more: “Feather-footed through the plashy fen passes the questing vole.”

Henry Williamson, you might say, was the real “Boot of The Beast” in Scoop. He was unworldly. He wrote “countryman” columns. He described, close-up, the behavior of the salmon and the otter, the “feather-footed vole” in the “plashy fen.” He lived out in Devon, later in north Norfolk, worked a countryman writer and farmer.

What a contrast with Orwell, who was not only a sort of war correspondent in the Spanish Civil War (for the Tribune, and in his memoir Homage to Catalonia) but made a special point of joining an eccentric faction, the POUM, that opposed Stalin but supported the Spanish Loyalists.

But Orwell’s mindset was not that far off from Williamson’s. They were near-contemporaries (Williamson: 1895-1977, Orwell: 1903-1950), and Orwell too often wrote about nature and farming.

One of Orwell’s best known essays, “Some Thoughts on the Common Toad,” is a mystical-whimsical contemplation on toad-spawning as an annual rite of spring:

Frequently one comes upon shapeless masses of ten or twenty toads rolling over and over in the water, one clinging to another without distinction of sex. By degrees, however, they sort themselves out into couples, with the male duly sitting on the female’s back. You can now distinguish males from females, because the male is smaller, darker and sits on top, with his arms tightly clasped round the female’s neck. After a day or two the spawn is laid in long strings which wind themselves in and out of the reeds and soon become invisible. A few more weeks, and the water is alive with masses of tiny tadpoles which rapidly grow larger, sprout hind-legs, then forelegs, then shed their tails: and finally, about the middle of the summer, the new generation of toads, smaller than one’s thumb-nail but perfect in every particular, crawl out of the water to begin the game anew.

I mention the spawning of the toads because it is one of the phenomena of spring which most deeply appeal to me, and because the toad, unlike the skylark and the primrose, has never had much of a boost from poets. [2]

Orwell constantly fantasized about living in the countryside, and even talked of becoming a farmer someday. Around 1936 he got as far as living in North Hertfordshire country store beside an estate called Manor Farm—a name he borrowed some years later when he penned a fantasy about a farm where all the animals, led by smart pigs, take control and rename the place Animal Farm.

roman-1984,M113634.jpgThe romance of the country permeates his other fiction. In one novel after another, Orwell’s human characters rouse themselves, suddenly and unaccountably, to go tramping through meadows and hedgerows. In A Clergyman’s Daughter the title character gets amnesia and finds herself hop-picking in Kent. The superficially different stories in Nineteen Eighty-Four and Keep the Aspidistra Flying both have romantic episodes in which a couple go for long hikes through idyllic woods and fields, where they marvel and fornicate amongst the wonders of Mother Nature. The middle-aged narrator of Coming for Air spends much of the novel dreaming of fishing in the country ponds of his youth, but when he finally takes his rod and seeks down his old haunts, he finds that exurbia has encroached and his fishing-place is now being used as a latrine and rubbish-tip by a local encampment of beatnik nature-lovers.

For Orwell, fauna and flora are never just interesting specimens by themselves. They are always somehow political and anthropomorphized, tied up with human associations. Toads having sex are like tiny people performing The Rite of Spring. The wild is a place where you can escape to make love safely, far away from the eyes and ears of your landlady or The Party (although Winston Smith does worry that there may be microphones hidden in the trees!). Despoiling your fishing hole is a Bad Thing not because of pollution or dead fish but because it insults your inner picture of the world.

In his abbreviated career, Orwell remained very much the urbanized literary man, never the countryman. He saw natural phenomena as things that had to be justified and rationalized in a utilitarian way, so they could fit into his world view. Or at least have some literary usefulness.

For Williamson, literary usefulness was pretty much beside the point. He received commissions and royalties from his columns and books, but basically he earned his living from the soil. For him, toads were toads and pigs were pigs. This was reality, and the important thing about his little piggies was that they were starving and needed to be fed, or else they would die.

Here, then, is a Henry Williamson column from the Evening Standard, early 1940. He is describing a scene on his north Norfolk farm. The column is followed by its then-worldly (but now extremely obscure) adjoining headline. Williamson’s agony over his hungry piglets describes a situation that could very well have occurred a millennium before.

Cold Comfort

Come with me into the open air this afternoon, and help me saw up logs for the hearths in the farmhouse below. It’s frosty, the pipes in the cow-house are frozen. 

Take this Norwegian saw, with its razor-thin serrated band, which will cut through a two-inch green bough in four strokes – or would, before someone used it for four-hundred-year-old oak posts. 

It’s pretty hard work, you say, using it now? Well, carry on, it will get you warm, anyway! 

Half an hour later, we are warm and glowing, although when we touch the blade of either saw with a finger, it sticks to the steel. That will tell how keen the frost is. 

It’s as cold as it was in the High Pyrenees, years ago with old Kit, when we climbed up all day stripped to the waist, and skied down at night, when the stars were flashing and the frosty snow-flakes glinted in the flashes of Sirius. 

Down there, before a typewriter, one shivers, although a rug is round the knees; out here, it’s grand, and the pile of logs grows higher. Forgotten for the moment are the problems of farming: the delay in delivery of the deep-digger plough; the pigs below which are being fed on sugar-beet tops and crushed oats, because there is no proper food available. 

Twenty-four little pigs – and for weeks I have not been able to buy any proper food for them. I can’t send them to market, either, for the market is closed to ‘stores’, owing to swine fever in the district. 

The food-merchants tell me they get supplies only with the greatest difficulty, and then in small quantities. 

Meanwhile my little pigs are half-starved, and I only hope that the R.S.P.C.A. won’t prosecute me for cruelty. 

However, let’s forget it for a while and saw some more wood. And when the arm is tired we’ll enjoy the view. Isn’t everything quiet? The gold of the sunshine seems frozen, immingled with the frosty air; hardly a sound. 

Even the sea is silent on the distant sands, where the geese wait until twilight to come in and feed on the clover in the fields. Let’s hope they leave some for hay next summer. Shoot them? You’ll be lucky to get within two hundred yards of them. They have sentinels out, watching with raised heads. 

Twilight comes suddenly, with purple-red afterglow of the sun hiding coldly behind the frosty fog creeping up the valley with still layers of cottage chimney smoke. The nip comes back to ear and finger-tips. The old car slithers over the rimed grass, drawing the trailer. And suddenly five airplanes roar overhead, low, from their vigil across the North Sea. One lags behind, the engines spluttering. It lurches through the air, so low that we can see one of the crew be- hind the crystal dome. 

Are they very cold in there? They fly on, and we go down to the farm to look at the little pigs. This is the age of endurance – for a better future, we hope.  

Wednesday, 17 January 1940  

Notes

1.  http://www.henrywilliamson.co.uk/hw-and-the-first-world-war [2]

2. Originally published in Tribune and The New Republic, 1946. Collected in In Front of Your Nose: The Collected Essays, Journalism and Letters of George Orwell, Vol. 4.New York, San Diego, London: Harcourt Brace Jovanovich,  1968.

 

 

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/01/HenryWilliamsonPainting.jpg

[2] recount the 1914-18 battlefields of the Western Front: http://www.henrywilliamson.co.uk/hw-and-the-first-world-war

[3] The Times: https://groups.google.com/forum/#!topic/alt.obituaries/fGODnHy747M

vendredi, 18 novembre 2016

George Orwell: A Life in Pictures Full Documentary

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George Orwell: A Life in Pictures Full Documentary 

George Orwell: A Life in Pictures is a 2003 BBC Television docudrama telling the life story of the British author George Orwell. Chris Langham plays the part of Orwell. No surviving sound recordings or video of the real George Orwell have been found.



Awards:
International Emmy 2004 for Best Arts Programme
Grierson Award 2004 for Best Documentary on the Arts

mardi, 25 octobre 2016

Deconstructing George Orwell and explaining why Animal Farm and 1984 are not anti-socialist works

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Deconstructing George Orwell and explaining why Animal Farm and 1984 are not anti-socialist works

I explain Orwell's background and deconstruct 1984 and Animal Farm and explain why capitalists who use his work tovsupport his aims are wrong to do so.