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Avec Patrick Marcolini à la Bibliothèque nationale de France.
Le concept de "société du spectacle" est le plus souvent mal compris et ne rend pas justice de la puissance de l'analyse développée au sein du mouvement situationniste en général, et par Guy Debord en particulier.
C'est bien l'analyse du spectacle comme modalité de l'aliénation qui est originellement visée, et la dénonciation d'un rapport social où l'identification psychologique des masses s'accorde aux représentations de la vie qui leur sont données à voir.
La conséquence n'étant autre que leur maintient dans un état de passivité quant à leur vie réelle.
Avec Patrick Marcolini, retour sur la genèse de ce concept qui trouve ses racines dans la critique que Bertolt Brecht fait du théâtre.
Écrit en 1930, dans l’élan de la découverte de Pluton, et le souvenir d’un réel voyage dans les zones les plus reculées du sauvage Vermont, un des récits les plus implacables et savamment construits de Lovecraft. Malgré un très vaste héritage, et alors même que le « faux documentaire » (depuis La guerre des mondes de H.G. Wells par Orson Welles diffusée en 1938), fait partie de l’histoire de la radio, Lovecraft reste un défi à l’adaptation cinématographique ou radiophonique. Garder l’omniprésence du narrateur, être fidèle à ces nappes de langue très savamment orchestrées, rester toujours dans la seule suggestion de l’horreur ou de la peur ? En proposant des fictions d’une heure, France Culture en permet l’aventure, et ce qu’elle révèle de l’actualité de Lovecraft pour notre imaginaire au présent Chuchotements dans la nuit : Une inondation vient de ravager les zones les plus reculées du sauvage Vermont. On a aperçu d'étranges choses roses dériver au fil des eaux. Tenant du pur rationalisme, Wilmarth, un jeune professeur de littérature, commence une correspondance avec Akeley, propriétaire d'une ferme isolée, lequel lui fait parvenir d'étranges mais irrécusables photographies, et un enregistrement sur cylindre. Tous les moyens narratifs, lettres, télégramme, téléphone, voyages en train, en voiture, sont convoqués pour une tension qui ne cessera de s'accroître. Jusqu'à cette étrange découverte d'un appareil audio-électrique susceptible de conserver les cerveaux, autorisant d'infinis voyages spatio-temporels. Écrit en 1930, dans l'élan de la découverte de Pluton, et le souvenir d'un réel voyage dans ces vallées reculées, un des récits les plus implacables et savamment construits de Lovecraft.
Avec
- Julian Eggerickx (Albert Wilmarth)
- Fred Ulysse (Henry Akeley)
- Jean-Noël Lefévre ( Noyes)
- Grégoire Monsaingeon ( La Voix synthétique)
- Marc Barbé ( l’employé des chemins de fer)
- Modeste N’zapassara ( Le contrôleur du train)
- Aurélien Osinski (Brown)
Et les voix de Jules Churin, Manon Leroy, Slimane Yefsah, Jean-Marc Layer, Pascal Loison et Othello Vilgard
- Musique originale : François Bonnet
- Prise de son, montage et mixage : Bruno Mourlan et Lidwine Caron
Birmanie: comment l’Empire britannique a "créé" les Rohingyas
par Lauriane Simony
Ex: http://mashable.france24.com
Les Rohingyas ont longtemps été discriminés au Myanmar, marginalisés en partie à cause du rôle qu’ils ont joué sous le joug britannique.
L’exode des musulmans Rohingya, causé par les violences de la terrible Tatmadaw, nom donné à l’armée birmane, ne semble pas ralentir. Des milliers de personnes fuient actuellement le pays à majorité bouddhiste vers le Bangladesh. Un demi-million de Rohingyas ont déjà passé la frontière.
Pourtant, il ne s’agit pas pour le gouvernement birman d’un "nettoyage ethnique", terme employé par Zeid Ra’ad Al Hussein, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme et repris depuis par le Président français Emmanuel Macron, mais d’une campagne de lutte antiterroriste qui vise à neutraliser la menace islamiste dont la Birmanie serait victime. L’attentat du 25 août, commis par l’Arakan Salvation Rohingya Army (ARSA) dans le nord du Rakhine, aurait ainsi justifié une telle campagne et, de fait, déclenché la crise actuelle.
Déni de citoyenneté
Aung San Suu Kyi, ministre des Affaires étrangères de Birmanie et leader de la démocratie sous la junte militaire, maintes fois sollicitée depuis le début de la crise, semble en minimiser l’ampleur. Dans une allocution télévisée à la nation le 19 septembre 2017, elle affirme rechercher les causes de cet exode massif. Elle appelle aussi au rapatriement des réfugiés vers la Birmanie, mais elle précise que les personnes souhaitant regagner leurs villages devront présenter des preuves de leur citoyenneté. Ce qui exclut donc les Rohingyas, apatrides, de toute possibilité de retour au pays.
L’État birman refuse en effet la citoyenneté aux Rohingyas depuis 1982 et ne reconnaît pas ce groupe comme originaire de Birmanie.
"Revenir à la période coloniale britannique pour comprendre les origines de cette haine"
Amnesty International rappelle, dans son rapport sur la situation des Rohingyas en Birmanie, que ces derniers sont victimes depuis plusieurs décennies d’une discrimination systématique. Ainsi, ils ont toujours été considérés comme "étrangers" tant par le pouvoir central que par les autorités locales du Rakhine, et ont peu à peu été privés de tous leurs droits (accès à la propriété de la terre, à l’éducation, à la santé…).
Il faut cependant revenir à la période coloniale britannique pour comprendre les origines de cette haine.
La responsabilité de l’occupant britannique
L’arrivée des Britanniques en Birmanie au XIXe siècle, puis leur prise de contrôle de tout le territoire birman en 1886, bouleverse les relations entre les différents groupes ethniques du pays.
Afin de mieux régner, les Britanniques divisent volontairement les différentes ethnies, et privilégient certaines minorités par rapport à la majorité birmane (dite Bamar) en favorisant notamment l’accès de certaines populations chrétiennes ou provenant du reste de l’Inde britannique à l’administration coloniale. Jusqu’au début du XXe siècle par exemple, les professions d’élite telles que juriste ou médecin sont occupées quasi exclusivement par des Indiens, ce qui attise durablement la jalousie des Bamars : l’idée d’une "supériorité indienne", instaurée par les Britanniques, explique en partie la haine des Birmans envers les populations d’origine indienne telles que les habitants de l’Arakan (autre nom du Rakhine), pourtant très peu représentés dans ces postes prestigieux.
En outre, un régime spécial de gouvernance, officialisé par le Burma Act de 1935, est mis en place pour les minorités ethniques : tandis que la "Birmanie Ministérielle" (Ministerial Burma) est soumise au contrôle direct de la métropole, la "Birmanie des Frontières" (Frontier Areas), qui correspond aux zones géographiques où les minorités ethniques sont plus nombreuses que les Birmans – et dont l’Arakan fait partie – est gouvernée de manière indirecte. Les chefs des différentes ethnies jouent le rôle de relais de l’autorité coloniale sur le terrain et bénéficient donc d’un certain degré d’autonomie au niveau local.
La Seconde Guerre mondiale et l’invasion de la Birmanie par les Japonais en 1942 confirment la donne : soucieuses de ne pas se retrouver soumises au contrôle de la majorité Bamar si le pays obtient son indépendance, plusieurs minorités ethniques restent fidèles aux Britanniques tandis que les autorités nationalistes birmanes s’allient aux Japonais pour chasser l’occupant britannique.
L’État du Rakhine illustre ces divisions au sein de la société birmane : les Rakhines bouddhiste accueillent favorablement l’arrivée des Japonais dans le pays en 1942, tandis que les populations musulmanes, parmi lesquelles les Rohingyas, préfèrent soutenir les Britanniques, qui leur promettent de mettre en place une zone autonome musulmane au lendemain de la guerre. Mais les Japonais prennent le contrôle du pays et, victimes de représailles, les Rohingyas sont contraints de fuir vers l’Inde.
Lorsqu’ils regagnent la Birmanie en 1945, les Rohingyas sont dans une situation délicate. On leur reproche leur "trahison", dans un contexte où la rhétorique nationaliste prône l’union de tous les peuples du pays pour mettre fin au régime colonial, et une indépendance au sein d’une république unique. La tragédie de la partition de l’Inde survenue en 1947 – des millions de personnes sont contraintes de choisir entre l’Inde et le Pakistan nouvellement créé – devient un modèle à éviter à tout prix.
Accédant à l’indépendance en janvier 1948, l’"Union de Birmanie", nom donné à la jeune nation, cache cependant de profondes divisions entre les différentes ethnies qui constituent le pays.
Un processus de "birmanisation" de la société
Dès le début des années 1950, plusieurs minorités entrent en guerre contre le pouvoir central. Si les Rohingyas ne sont pas officiellement exclus de la citoyenneté birmane par la Constitution de la nouvelle République indépendante, ils sont considérés comme des "Indiens" et restent donc marginalisés au sein de la société.
Le Général Ne Win, qui prend le contrôle du pays en 1962 et instaure un régime militaire, lance une campagne de "birmanisation" de la société afin d’atténuer les spécificités des différentes ethnies : c’est l’identité bamar, incarnée notamment par la langue birmane et la religion bouddhiste, qui devient de plus en plus associée à l’identité nationale.
"Les années 1970 marquent l’apogée des discriminations envers les Rohingyas"
Les minorités ethniques sont discriminées dans l’accès à la propriété par exemple, mais ce sont les populations d’origine indienne telles que les Rohingyas qui sont les plus touchées, leur origine rappelant aux Birmans les faveurs qu’elles avaient obtenues à la période coloniale.
Les années 1970 marquent l’apogée des discriminations envers les Rohingyas : le Général Ne Win intensifie sa campagne de "birmanisation" en faisant de la lutte contre les étrangersune priorité de l’État. En parallèle, l’indépendance du Bangladesh en 1971 et les violences qui l’accompagnent incitent de nombreux Bangladais à se réfugier en Arakan. Les Rohingyas sont alors plus que jamais amalgamés avec les Bangladais et, considérés comme des étrangers, ils deviennent la cible première de la campagne de Ne Win.
La loi sur la citoyenneté de 1982 confirme ainsi une situation déjà bien en place : elle fixe un chiffre officiel de minorités ethniques (135) et exclut durablement les Rohingyas du monde birman. Cette loi instaure également un certificat d’enregistrement pour les étrangers ("Foreigner Registration Certificate") qui octroie une forme de statut officiel aux non-citoyens de Birmanie, tout en les excluant des affaires du pays. Les Rohingyas sont ainsi privés du droit de vote. Or, les autorités birmanes rechignent à délivrer ces certificats aux Rohingyas qui, au fil des générations, se retrouvent dépourvus de papiers prouvant leur identité et leur lieu de résidence.
Une solution qui tarde à venir
Aujourd’hui, bien que les recherches menées par l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) aient montrées qu’une grande partie des familles Rohingya sont présentes sur le sol birman depuis au moins deux générations, la minorité musulmane est plus que jamais perçue comme "étrangère" à la Birmanie.
La société birmane reste majoritairement bouddhiste (entre 85 et 90 % de la population totale) et connaît depuis quelques années l’influence d’un mouvement bouddhiste nationaliste, incarné par la figure du moine extrémisteU Wirathu, qui répand la peur d’une menace islamique parmi la population birmane et cristallise les sentiments de haine envers les Rohingyas.
À l’intérieur de cet état fragile, sous gouvernement civil depuis 2011 seulement, les Rohingya semblent servir de boucs émissaires : selon la rhétorique du gouvernement, la population birmane doit s’unir face à un ennemi commun, le "terrorisme musulman", incarné sur leur sol par les Rohingyas.
Pour les autres minorités ethniques, pourtant loin de jouir des mêmes droits que la majorité birmane, il paraît essentiel de prouver son appartenance à la Birmanie en marquant son opposition à cet ennemi intérieur. Ainsi, les Rakhines, habitants de l’État Rakhine majoritairement bouddhistes, sont parmi les premiers à exprimer leur désir d’expulser les Rohingyas de Birmanie. Ils qualifient les Rohingyas de "Bengalis" pour les associer au Bangladesh voisin et donc les exclure du champ national.
"Il aura fallu attendre l’exode de 2017 pour que les pays occidentaux commencent à s’inquiéter"
Malgré plusieurs crises au cours de ces dernières décennies (la précédente date d’octobre 2016), il aura fallu attendre l’exode de 2017, d’une ampleur extraordinaire, pour que les pays occidentaux commencent à s’inquiéter réellement du sort des Rohingyas. Avant fin 2010, date à laquelle la Birmanie passe sous gouvernement civil, la fermeture du pays et l’absence de presse d’opposition participent à la méconnaissance de cette minorité persécutée.
Encore aujourd’hui, la mission indépendante de l’ONU, chargée d’enquêter sur les abus de l’armée birmane dans le Rakhine, peine à accéder aux zones touchées et se heurte à l’absence de coopération des dirigeants birmans, qui se montrent très méfiants vis-à-vis de toute intervention extérieure.
Aung San Suu Kyi elle-même a montré sa réticence à nommer clairement les "Rohingyas", laissant à penser que les dirigeants birmans continueront malgré tout à exclure ces populations des réalités de leur pays.
– Article de Lauriane Simony, chargée de cours en civilisation britannique à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, initialement publié sur le site The Conversation.
Les Noirs américains vont-ils tous devenir islamistes?
par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Ce n'est plus une découverte, même pas une redécouverte. Ce qu'il faut bien nommer le racisme anti-Noirs aux Etats-Unis n'a cessé de sévir. Même si la population noire est en train de devenir majoritaire face aux Blancs, elle n'est pas près de changer le rapport de force entre ces derniers, qui détiennent tous les postes qui comptent, et les Noirs, encore largement contraints aux petits emplois ou au chômage.
Cependant les Blancs craignent de plus en plus de se voir à terme détrônés par les Noirs. Il s'agit plus d'un fantasme que d'une perspective sérieuse, sauf peut-être dans les villes ouvrières de la rust belt, où les Noirs s'en sortent mieux que les Blancs car s'adaptant mieux à la crise et bénéficiant de plus d'appuis que les Blancs de la part des communautés Noires. C'est d'ailleurs comme on le sait parmi ces « Pauvres Blancs » que Trump avait trouvé beaucoup de ses électeurs.
Jusqu'à présent, les conflits raciaux entre Blancs et Noirs aux Etats-Unis ne s'étaient pas accompagnés de conflits religieux, les uns et les autres pratiquant les mêmes religions dominantes, protestantisme ou catholicisme évangélique notamment Les choses pourraient rapidement changer si les Noirs, comme certains ont commencé à le faire, se convertissaient à l'islam. Ce ne serait pas principalement par une découverte spontanée du Coran. Ce serait parce qu'ils seraient travaillés, principalement via l'Internet, par des recruteurs arabo-islamistes ayant récemment pris conscience de ce que représenterait pour eux une conversion massive au djihad dans un pays, les Etats-Unis, où le Président avait publiquement déclaré vouloir interdire l'immigration musulmane.
Mais pour que ces conversions massives, sinon encore au djihad, du moins à l'islamisme, se fassent rapidement, il faut que des leaders d'opinions au sein des Noirs américains se convertissent publiquement à l'islam et en affichent les signes distinctifs.
Colin Kaepernik
C'est ce qui en train de se faire avec le joueur de football américain métis Colin Kaepernik. Celui-ci est depuis quelques mois au coeur d'une affaire ayant pris une grande ampleur. Il avait refusé d'écouter debout l'hymne américain à la fin d'un match, pour protester contre les violences commises par la police à l'égard des Noirs. Déjà célébré pour ce fait chez les afro-américains, il l'est plus encore aujourd'hui du fait que Trump avait dans un tweet fait allusion à ses semblables en termes de « son of a bitch » dans lequel Kaepernick avait affirmé s'être reconnu 1).
L' « affaire Kaepernik » prend actuellement une grande importance chez des millions de Noirs, pour qui celui-ci est devenu un symbole de leur résistance nécessaire au « supremacisme blanc ». Mais le point important pour nous ici est que Kaepernick avait partout annoncé s'être converti à l'islam et arbore depuis une magnifique barbe noire, signe distinctif du mâle dominant et du guerrier en terre d'Islam.
Si la polémique continue, il y a gros à parier que sous peu l'islamisme se sera répandu parmi les noirs américains souffrant de la ségrégation ambiante. Ces nouveaux convertis ne se transformeront pas nécessairement tous en combattants de la foi, mais il suffira que quelques milliers d'entre eux le fassent pour que, dans une société où les armes à feu s'achètent sur étagère, les Etats-Unis deviennent rapidement un nouveau terrain de guerre où l'Etat Islamique ou ses homologues poursuivront sur une vaste échelle leur lutte à mort contre l'Occident.