Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 29 décembre 2023

Le décalogue britannique de la stratégie impériale

40f9587b20a1b3e25567d58703730cbd.jpg

Le décalogue britannique de la stratégie impériale

Par Horacio Ricciardelli (1944-2023), officier militaire de l'armée de l'air argentine

Source: https://jornalpurosangue.net/2023/12/25/o-decalogo-britanico-da-estrategia-imperial/

"Connaissez votre ennemi, connaissez-vous vous-même et vous serez invincible".

-Sun Tzu.

Avons-nous envoyé des anthropologues en Grande-Bretagne pour y étudier les indigènes comme ils le font pour nous ? Soyons humbles, ne tombons pas dans l'arrogance qui renforce l'ennemi. Reconnaissons combien nous avons à apprendre d'eux, de l'avantage qu'ils ont sur nous.

Nous avons dit que l'empire britannique était l'héritier de la puissance navale de Venise. L'oligarchie vénitienne ne s'est pas contentée de la Méditerranée et a réalisé le plus grand mouvement de capitaux de l'histoire, qui a permis la création de la plus grande flotte et, par conséquent, le plus grand investissement en capital à ce jour.

L'Intelligence Service vénitien (Conseil des Dix ou Consiglio dei X) fut le modèle sur lequel Sir James Walsingham fonda le Secret Service, l'actuel MI6, en 1580, tant dans son concept géopolitique que dans sa subversion interne, développée dans les guerres de religion d'Allemagne et en réponse à la Ligue de Cambrai de 1509; à cela s'ajoutent l'utilisation de l'Université de Padoue comme ressource de renseignement, la finance comme finalité économique, la doctrine vénitienne du libre-échange et le malthusianisme comme doctrine anticipée par Gianmaria Ortes.

venedig-konstantinopel-100~_v-gseagaleriexl.jpg

Même la capacité de charge de la planète est restée inchangée à ce jour, ni par le groupe de réflexion du Club de Rome, ni par sa conséquence, le plan de génocide planétaire: le National Security Study Memorandum 200, signé par le secrétaire d'État "Sir" Henry Kissinger, le Parlement sur le modèle du Grand Consiglio ou le rôle symbolique de la monarchie en tant que Doge non élu, tout cela et bien d'autres choses encore.

L'Empire britannique est l'héritier de Venise, à commencer par ses banquiers et son système de renseignement.

Nous sommes ignorants et devons faire face à une oligarchie impériale qui a des siècles d'expérience.

L'Empire britannique a hérité de Venise un "Décalogue d'action" qui est devenu la base et les principes de la stratégie impériale :

1) Diviser pour régner. Ne jamais attaquer sans provoquer au préalable une division interne chez l'ennemi. Régner en encourageant les faux choix et en dirigeant les deux parties du conflit. Créez et dirigez autant de camps que possible dans le conflit: "droite" et "gauche", militaires et "guérilleros" et, s'il y a beaucoup de Juifs, créez des organisations "nazies". Utilisez toutes sortes de cinquièmes colonnes pour toutes les tâches possibles.

2) Les marchés, pas les pays. Ce qui est important, c'est le pouvoir économique et financier. Tout pouvoir économique et financier finit par se transformer en pouvoir politique, culturel et militaire. Il ne faut pas qu'il y ait de nationalisme sur le marché, car sinon celui-ci pourrait être perdu.

3) Incitez à la victoire. Désinformez l'ennemi et, par l'intermédiaire de vos propres agents, incitez-le à attaquer lorsqu'il se trouve dans une situation stratégiquement désavantageuse.

4) La puissance ne se montre pas. A l'intérieur, il agit par l'intermédiaire des "indigènes" qui font le "sale boulot". A l'extérieur, elle agit par l'intermédiaire de "pays tiers" ou de natifs de ces pays. En cas d'échec, c'est l'"agent extérieur" qui est tenu pour responsable.

5) Soutenir l'ennemi faible contre l'ennemi fort. Maintenir une position isolée pendant que les deux s'anéantissent l'un l'autre. Si possible, faire la guerre par l'intermédiaire de tiers.

6) La guerre est la politique ultime. La meilleure politique consiste à affaiblir et à corrompre l'ennemi de l'intérieur. C'est la technique de la "tunique de Nessus". La guerre militaire doit être précédée d'une guerre politique.

7) Il n'y a pas d'amis ou d'ennemis permanents, seulement des intérêts permanents. Les loyautés religieuses ou idéologiques sont laissées au hasard. Le soutien est accordé à celui qui offre le plus de bénéfices. Si l'autre offre quelque chose de mieux, l'alliance est modifiée.

8) Celui qui contrôle la mer contrôle le commerce et celui qui contrôle le commerce contrôle le monde. Le centre du pouvoir ne doit pas rester sur la terre ferme, à l'intérieur du continent. Le pouvoir s'exerce depuis le port jusqu'à l'intérieur du continent.

9) L'important n'est pas de perdre des batailles, mais de gagner des guerres. Dans une stratégie totale, la puissance commerciale, financière, politique, religieuse, raciale et culturelle de l'empire tout entier est impliquée. Une bataille militaire n'est pas une guerre impériale totale.

10) Stratégie sans temps. Il n'y a pas de délais, seulement des objectifs. N'agissez pas tant que vous n'êtes pas certain de la victoire. Le but n'est pas de porter à l'ennemi un coup léger dont il se remettra rapidement, mais un coup sévère dont il ne se remettra jamais, à moins qu'il ne convienne à l'empire qu'il se relève pour l'utiliser contre un autre ennemi qui surgit.

"La guerre est la politique ultime".

- Général von Schlieffen.

Il s'agit d'un autre corollaire de Clausewitz, mais peut-être celui qui se rapproche le plus de Sun Tzu et de la tradition britannique. En fait, il faut le lire comme suit:

"La guerre (militaire) est la dernière des politiques (guerres)".

La guerre ne se réduit plus à un acte de force. Elle est précédée d'une série de politiques perfides qui permettent de connaître l'ennemi, de le désorienter, de le manipuler, de le diviser, de l'affaiblir, de l'isoler de ses amis, de le laisser entouré d'ennemis et, le cas échéant, d'employer le poison de l'agent ou le poignard de l'assassin. Ne voyons pas la "Perfide Albion" comme un noble guerrier du Moyen-Âge, mais comme un courtisan de la Renaissance qui n'hésite pas à utiliser le mensonge, l'intrigue, le poison ou les talons aiguilles. Des éléments qui ont été élevés au rang d'art et qui ont causé la ruine de nombreux royaumes.

20:09 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, géopolitique, stratégie, empire britannique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 23 février 2022

La géopolitique de l'Anglosphère et la balkanisation de la Russie

cb09-140_1899_Jan7_Jud19405.jpg

La géopolitique de l'Anglosphère et la balkanisation de la Russie

José Alsina Calvés

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/36832-2022-02-17-17-34-48

Ces derniers temps, nous assistons à une formidable offensive idéologique et informationnelle, encouragée par les États-Unis et les centres de pouvoir mondialistes, contre la Russie de Poutine. Les médias répètent inlassablement une série de mantras dans lesquels la Russie actuelle est dépeinte comme un enfer dictatorial, où les "dissidents", les homosexuels et les immigrants sont persécutés. Pour les néolibéraux de droite, la Russie est toujours communiste. Pour les néolibéraux de gauche, la Russie de Poutine est une sorte de réincarnation du "fascisme".

Cependant, cette attitude agressive de Biden n'est pas nouvelle. Depuis des temps immémoriaux, bien avant la révolution communiste, l'Anglo-Empire est en désaccord avec la Russie pour des raisons géopolitiques. La Grande-Bretagne d'abord et les États-Unis (son successeur), en tant que puissances thalassocratiques, ont considéré la Russie comme un ennemi à vaincre, quel que soit le régime politique.

Crimean-war-1853-56.png

Carte russe des opérations pendant la guerre de Crimée (1853-1856). On voit les avantages des flottes de guerre française et anglaise (et dans une moindre mesure ottomane), qui ont permis de frapper en Crimée et d'intervenir dans la mer d'Azov. La guerre de Crimée a créé d'importants mythes militaires pour les deux puissances occidentales (prise de Sébastopol par les zouaves français, attaque de Balaklava par la cavalerie anglaise, etc.) Moins connues sont les opérations russes dans l'actuelle Roumanie, qui ont été neutralisées par les troupes ottomanes. La principale raison de la défaite russe est le manque de chemins de fer à cette époque pour transporter rapidement les troupes vers les champs de bataille. La situation a radicalement changé lorsque, au début du XXe siècle, le réseau ferroviaire russe a couvert l'ensemble du territoire impérial : d'où l'émergence de la géopolitique de MacKinder (RS). 

La guerre de Crimée

La guerre de Crimée est un conflit mené entre 1853 et 1856 par l'Empire russe et le Royaume de Grèce contre une ligue formée par l'Empire ottoman, la France, le Royaume-Uni et le Royaume de Sardaigne. Elle a été déclenchée par la politique britannique, déterminée à empêcher toute influence de la Russie en Europe suite à un éventuel effondrement de l'Empire ottoman, et s'est déroulée principalement sur la péninsule de Crimée, autour de la base navale de Sébastopol. Elle a abouti à la défaite de la Russie, qui a été scellée par le traité de Paris de 1856.

Depuis la fin du XVIIe siècle, l'Empire ottoman était en déclin et ses structures militaires, politiques et économiques étaient incapables de se moderniser. À la suite de plusieurs conflits, elle avait perdu les territoires situés au nord de la mer Noire, y compris la péninsule de Crimée, qui avait été reprise par la Russie. La Russie voulait saper l'autorité ottomane et prendre en charge la protection de l'importante minorité des chrétiens orthodoxes dans les provinces européennes ottomanes. La France et le Royaume-Uni craignaient que l'Empire ottoman ne devienne un vassal de la Russie, ce qui aurait bouleversé l'équilibre politique entre les puissances européennes.

Lord_Palmerston_1855.jpg

Le Premier ministre britannique Lord Palmerston (tableau, ci-dessus) a été un acteur décisif dans le développement de cette politique anti-russe, qui allait devenir une caractéristique constante de la politique étrangère britannique, poursuivie plus tard au 20e siècle par Halford John Mackinder, l'un des créateurs de la science géopolitique, l'idéologue du traité de Versailles et du soutien britannique aux Russes blancs.

Le "pays-coeur" ou "Heartland"

Le concept géopolitique de Heartland a été introduit par Mackinder [1], et lié à l'existence géographique de bassins endoréiques, c'est-à-dire de grands bassins fluviaux qui se jettent dans des mers fermées (mer Caspienne, mer Noire). Heartland vient des mots anglais heart et land, "terre nucléaire" ou "région-coeur" étant peut-être les traductions les plus proches de l'anglais. Le Heartland est la somme d'une série de bassins fluviaux contigus dont les eaux se jettent dans des masses d'eau inaccessibles à la navigation océanique. Il s'agit des bassins endoréiques de l'Eurasie centrale plus la partie du bassin de l'océan Arctique gelée dans la Route du Nord avec une couverture de glace de 1,2 à 2 mètres, et donc impraticable pendant une grande partie de l'année - à l'exception des brise-glace à propulsion atomique (que seule la Fédération de Russie possède) et des navires similaires [2]. La règle empirique de Mackinder pourrait être utilisée comme règle empirique pour le Heartland.

TETSTSTETSTET.jpg

La règle d'or de Mackinder pourrait être résumée par la phrase suivante: "Celui qui unit l'Europe à ce cœur de la planète dominera le cœur de la planète et donc la Terre". Le Heartland manque d'un centre nerveux clair et peut être défini comme un corps gigantesque et robuste à la recherche d'un cerveau. Étant donné qu'il n'existe aucune barrière géographique naturelle (chaînes de montagnes, déserts, mers, etc.) entre le Heartland et l'Europe, la tête la plus viable pour le Heartland est clairement l'Europe, suivie de loin par la Chine, l'Iran et l'Inde.

La marche de l'humanité européenne au cœur de l'Asie a culminé lorsque la culture grecque a été introduite en Mongolie même : aujourd'hui, la langue mongole est écrite en caractères cyrilliques, d'héritage gréco-byzantin, ce qui signifie que la chute de Constantinople a en fait projeté l'influence byzantine bien plus à l'est que les empereurs orthodoxes n'auraient jamais pu l'imaginer. La tâche de l'Europe ne s'arrête cependant pas là, car seule l'Europe peut entreprendre l'entreprise de transformer le Heartland en un puissant espace clos prophétisé par Mackinder.

Pour approfondir le sujet, il est nécessaire de se familiariser avec la cosmogonie mackinderienne, qui divisait la planète en plusieurs domaines géopolitiques clairement définis.

- L'île du monde est l'union de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, et ce qui se rapproche le plus, dans les terres émergées, de Panthalassa ou de l'océan universel. Au sein de l'île du monde se trouve l'Eurasie, la somme de l'Europe et de l'Asie, une réalité d'autant plus distincte de l'Afrique depuis l'ouverture du canal de Suez en 1869, qui a permis à la puissance maritime d'envelopper les deux continents.

- Le Heartland n'a plus besoin d'être présenté. La théorie mackinderienne suppose que le Heartland est une réalité géographique au sein de l'Île du Monde, tout comme l'Île du Monde est une réalité géographique au sein de l'Océan Mondial.

- Le Rimland, également appelé Croissant intérieur ou Croissant marginal, est une immense bande de terre entourant le Heartland et constituée des bassins océaniques qui y sont rattachés. La Panthalassie, les Balkans, la Scandinavie, l'Allemagne, la France, l'Espagne et la majeure partie de la Chine et de l'Inde se trouvent dans le Rimland.

11-Figure1-1.png

- Le Croissant extérieur ou insulaire est un ensemble de domaines d'outre-mer périphériques, séparés du Croissant intérieur par des déserts, des mers et des espaces glacés. L'Afrique subsaharienne, les îles britanniques, les Amériques, le Japon, Taiwan, l'Indonésie et l'Australie font partie du Croissant extérieur.

- L'océan Méditerranéen (Midland Ocean) est la Heartsea de la puissance maritime. Mackinder a défini l'océan Méditerranéen comme la moitié nord de l'Atlantique plus toutes les zones maritimes affluentes (Baltique, baie d'Hudson, Méditerranée, Caraïbes et golfe du Mexique). Rappelons que les plus grands bassins fluviaux du monde sont ceux qui se jettent dans l'Atlantique - viennent ensuite ceux de l'Arctique et seulement en troisième position viennent les bassins du Pacifique.

Notez que ces idées géopolitiques ont guidé la politique étrangère et la stratégie britanniques. Lors de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale, la diplomatie britannique a réussi à empêcher une alliance germano-russe qui aurait uni l'Europe au Heartland. En effet, Mackinder, loin d'être un simple intellectuel, était un homme profondément engagé dans la diplomatie et la politique étrangère britanniques. Il était l'un des idéologues du traité de Versailles, qui visait à la neutralisation politique et militaire de l'Allemagne. Il était également l'un des idéologues du soutien britannique aux Russes blancs dans leur lutte contre les bolcheviks. L'objectif était de morceler la Russie en une série de petits États féodaux liés à l'Empire britannique, mais la victoire des bolcheviks a contrecarré ce plan.

La guerre civile russe (1917-1923)

Bien que cette guerre civile soit un conflit interne, la géopolitique et les liens conflictuels avec les puissances étrangères ont joué un rôle considérable [3]. Les Rouges (bolcheviks) ont combattu les Blancs. Le bloc bolchevique avait une identité idéologique, politique et géopolitique claire. Ils étaient marxistes, défendaient la dictature du prolétariat et, géopolitiquement, ils étaient orientés vers l'Allemagne et contre l'Entente (Angleterre, France, USA).

En revanche, le bloc blanc n'était pas uniforme, ni sur le plan idéologique ni sur le plan politique. Il allait des socialistes révolutionnaires aux monarchistes tsaristes, mais géopolitiquement, il avait plutôt tendance à favoriser une alliance avec la France et la Grande-Bretagne. Seuls de petits segments de ce mouvement ont maintenu une orientation pro-allemande, comme ce fut le cas du chef cosaque Krasnov et de l'Armée du Nord.

tumblr_e1a7b4b48e32eb4d7273eb6971af2c76_33bc133a_1280.jpg

Mackinder, le théoricien en chef du soutien britannique aux Blancs, était convaincu que la disparité de ce bloc conduirait, en cas de victoire, à une segmentation de la Russie en petits États, puisque chaque général ou seigneur de guerre s'érigerait finalement en fondateur d'un nouvel État. La stratégie britannique pour le démembrement de la Russie a suivi, étape par étape, celle employée en Amérique latine après l'indépendance gagnée contre l'Espagne. Elle y est parvenue, et ce qui aurait pu être un grand plateau continental a été démembré en d'innombrables petits États en désaccord les uns avec les autres.

Ce ne fut pas le cas en Russie. La victoire des bolcheviks a frustré les prétentions anglaises. Mackinder était bien conscient qu'après cette victoire, l'URSS deviendrait une grande puissance, ce qu'elle a fait.

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont pris le relais de la Grande-Bretagne en tant qu'avant-garde de l'Anglo-Empire. La guerre froide n'était pas seulement (mais aussi) une confrontation entre le capitalisme libéral, représenté par les États-Unis (et ses alliés, l'Angleterre, la France et l'Allemagne), et le socialisme marxiste ou le vrai communisme, représenté par l'URSS. La composante géopolitique était également très importante.

Effondrement de l'URSS

Les changements en URSS ont commencé avec l'ascension de Gorbatchev au poste de secrétaire général du PCUS. La situation qu'il a trouvée en accédant à cette très haute fonction n'était pas bonne. La défaite et l'humiliation en Afghanistan planaient sur la société soviétique. Le train social, économique et idéologique commençait à cafouiller. L'économie souffrait des dépenses militaires et de l'inefficacité de l'État absolu. La vision marxiste du monde avait perdu tout son attrait, et même les partis communistes occidentaux se dissociaient (du moins aux yeux de la galerie) de l'URSS et proclamaient leur "eurocommunisme".

Gorbatchev a dû prendre position sur la stratégie future de l'URSS, ce qu'il a fait en adoptant les théories de la convergence [4] comme base et a commencé à approcher le monde occidental en lui proposant des concessions unilatérales. Cette politique, appelée perestroïka, reposait sur l'hypothèse que l'Occident devait répondre à chaque concession par des mesures similaires en faveur de l'URSS. Ce n'était manifestement pas le cas.

1016675_orig.jpg

La perestroïka était une concaténation d'étapes vers l'adoption de la démocratie parlementaire, du marché, de la glasnost (transparence) et l'expansion des zones de liberté civique. Mais dans les pays du bloc de l'Est et à la périphérie de l'URSS elle-même, ces changements ont été perçus comme des manifestations de faiblesse et des concessions unilatérales à l'Ouest. Des mouvements sécessionnistes ont émergé dans les républiques baltes, en Géorgie et en Arménie.

Après la tentative de coup d'État ratée de 1991, menée par les secteurs les plus conservateurs du PCUS, l'ascension de Boris Eltsine était imparable. Le 8 décembre 1991, il rencontre les présidents de Biélorussie et d'Ukraine dans la forêt de Bialowieza, où un accord est signé sur la création d'une Communauté d'États indépendants, ce qui signifie, de facto, la fin de l'existence de l'URSS. À partir de ce moment, cependant, un processus s'est enclenché qui menaçait non pas l'existence de l'URSS, qui s'était déjà éteinte, mais celle de la Russie elle-même.

Il semblait que le rêve de Mackinder était sur le point d'être mis en pratique. L'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, le Belarus, l'Ukraine, la Moldavie, l'Arménie, la Géorgie, l'Azerbaïdjan, certaines régions du sud de la Russie et le Daghestan ont entamé leur processus d'indépendance. La déclaration d'Eltsine à Ufa le 6 août 1990 est entrée dans l'histoire : "Prenez autant de souveraineté que vous pouvez en avaler". Les nouvelles républiques ont fait appel (bien sûr !) au droit des peuples à l'autodétermination. Ainsi, par exemple, la constitution de la République de Sakha-Yakoutie, adoptée le 27 avril 1992, déclare "Un gouvernement souverain, démocratique et légal, fondé sur le droit du peuple à l'autodétermination".

La politique nationale de la Fédération de Russie elle-même a été établie par Ramzan Abdulatipov [5] et Valery Tishkov [6], qui étaient tous deux de fervents partisans de la transformation de la Fédération en une confédération, avec séparation complète des républiques nationales.

Le conflit en Tchétchénie a eu un impact particulier. Depuis 1990, sous le couvert des tendances autodestructrices à l'œuvre en Russie, divers mouvements nationalistes ont vu le jour, notamment le Congrès national du peuple tchétchène, dirigé par Dzhondar Dudayev, un ancien général de l'armée de l'air soviétique. Le 8 juin 1991, Dudayev a proclamé l'indépendance de la Tchétchénie, déclenchant un long conflit armé, qui a été compliqué par l'intervention du fondamentalisme islamique.

La réaction

Face à tous ces événements, de larges secteurs de l'opinion publique russe ont commencé à réaliser que les politiques d'Eltsine menaient à la destruction de la Russie. À tout cela s'ajoutait un énorme chaos économique, qui avait plongé la majorité de la population dans la misère, tandis que quelques oligarques s'étaient enrichis grâce à des privatisations sauvages. En septembre et octobre 1993, une révolte éclate, avec le Soviet suprême (parlement) lui-même au centre de l'insurrection. Le 4 octobre, des unités militaires fidèles à Eltsine mettent fin à la révolte en bombardant le Soviet suprême.

Les forces politiques qui se sont unies contre Eltsine sont très diverses : communistes, nationalistes et partisans de la monarchie tsariste orthodoxe. Mais ils ont tous un point commun : la défense de la souveraineté de la Russie et de l'eurasisme. C'est cette coalition de forces qui soutiendra l'émergence de Vladimir Poutine et la renaissance de la Russie. Mais ça, c'est une autre affaire.

NOTES

[1] Dans son ouvrage Le pivot géographique de l'histoire publié en 1904.

[2] Alsina Calvés, J. (2015) Aportaciones a la Cuarta Teoría Política. Tarragone, Ediciones Fides, pp. 110-112.

[3] Douguine, A. (2015) La dernière guerre mondiale des îles. La géopolitique de la Russie contemporaine. Tarragone, Ediciones Fides, p. 38.

[4] Théories apparues entre 1950 et 1960 (Sorokin, Gilbert, Aron) selon lesquelles, avec le développement de la technologie, les systèmes capitalistes et socialistes formeraient un groupe de plus en plus proche, c'est-à-dire qu'ils auraient tendance à converger.

[5] Président de la Chambre des nationalités.

[6] Président du Comité d'État de la Fédération de Russie sur les nationalités.

vendredi, 26 mars 2021

Géopolitique et Empire britannique: l'impérialisme libéral de Halford Mackinder

Portrait_of_Sir_Halford_John_Mackinder.jpg

Géopolitique et Empire britannique: l'impérialisme libéral de Halford J. Mackinder

Ben Richardson

Source : https://katehon.com/en/

Les racines de la discipline que sont devenues les études sur les relations internationales font aujourd’hui l'objet d'une enquête ‘’postcoloniale’’. Une figure intellectuelle qui nécessite un tel examen est Halford John Mackinder, un des pères fondateurs de la géopolitique. Les idées de Mackinder, qui ont maintenant plus d'un siècle, conservent une réelle influence de nos jours. C'est notamment son bref essai de 1904 intitulé The Geographical Pivot of History, qui traite de l'importance stratégique de l'Eurasie, qui a été cité avec insistance par les faucons défendant l'invasion de l'Afghanistan et de l'Irak par les États-Unis. Comme eux, Mackinder avait aussi des ambitions impériales. L'œuvre de sa vie a été consacrée au renouveau de l'Empire britannique, dont il craignait qu'il ne soit dépassé par les puissances continentales rivales. Fidèle à sa foi dans la praxis de la connaissance géographique et dans la maîtrise des territoires par les États, Mackinder a également cherché à faire carrière en politique. Les premiers signes de cette transition apparaissent en 1900, lorsqu'il se présente aux élections générales, c’est en soutien à une faction largement oubliée du parti libéral, celle qui s’autoproclamait ‘’impérialiste libérale’’. L'histoire de ses mésaventures électorales permet d'éclairer le contexte idéologique dans lequel la géopolitique a émergé et les buts qu'elle a poursuivis.

Mackinder a commencé le nouveau siècle comme un homme en pleine ascension. Le 22 janvier 1900, il arrive triomphalement à la Royal Geographical Society pour donner une conférence sur son ascension du mont Kenya. Il fut non seulement le premier Européen à atteindre le sommet de cette montagne africaine, mais aussi le premier à présenter ses résultats à la Société en utilisant la photographie couleur. En combinant le prestige national et l'avancement scientifique, l'expédition a étoffé la réputation de Mackinder en tant que pionnier de la géographie. À ce moment-là, il était surtout connu pour ses contributions scientifiques en tant que directeur du Reading College et que lecteur à l'Oxford School of Geography, deux établissements récemment créés grâce à ses efforts. Au printemps de l’année 1900, il parcourut le pays pour donner des conférences sur le mont Kenya et le 3 octobre - jour du scrutin des élections générales - il devait s'adresser aux nouveaux étudiants à l'hôtel de ville de Reading et recevoir les demandes de bourses pour Oxford. Mais à deux semaines de l'échéance, il met ces projets de côté et décide de se présenter lui-même aux élections dans la circonscription de Warwick et Leamington, dans les Midlands.

71gXNDUgASL.jpg

Cette décision soudaine est curieuse. Mackinder n'avait aucun sponsor politique à cette époque et aucun lien avec la circonscription où il se présentait, si ce n'est qu’il avait donné quelques cours complémentaires du programme de l'université à l'hôtel de ville de Leamington, une décennie auparavant. Il est possible qu'il ait été recommandé à l'association libérale locale par J. Saxon Mills, un ancien maître du Leamington College et devint ainsi le premier choix de ce caucus politique comme candidat. Mills aurait connu Mackinder par le biais du mouvement pour l’extension de l'université et aurait eu des opinions similaires aux siennes sur les questions relatives à l’Empire. Mais pourquoi entrer dans la course électorale si tard dans la campagne? Peut-être Mackinder cherchait-il à se distraire. Alors qu'il recevait l'adulation du public pour ses exploits en Afrique de l'Est, dans sa vie privée, il traversait une séparation douloureuse avec sa femme. Tout ce que nous savons avec certitude, c'est que le jour où il reçut l'offre de l'association libérale de Leamington, il a immédiatement télégraphié en retour et est parti les rencontrer le soir même.

L'élection générale de 1900 fut une élection ‘’kaki’’, ainsi nommée parce qu'elle fut dominée par des questions militaires relatives à l'annexion britannique des États indépendants des Boers. Mackinder est sans équivoque sur cette question. Il soutient la guerre des Boers et pense que tout sentiment pacifiste ou anti-impérial doit être mis de côté afin que la Grande-Bretagne puisse demeurer dans le monde ‘’une force pour la liberté’’. Désireux de faire comprendre sa position à l'Association libérale, Mackinder lui dit : « Si nous tenons à nos libertés britanniques, nous devons être prêts à défendre ces libertés lorsque l'occasion se présente, non seulement contre de petites puissances, mais contre de grandes puissances mondiales, presque aussi grandes que nous. Par conséquent... il est impossible à notre époque, quels que soient nos souhaits, de rester des ‘’petits Anglais’’ ». Mackinder était donc un impérialiste libéral, mais ne croyait pas pour autant que toutes les guerres étaient bonnes, car la guerre est toujours un désastre - (‘’écoutez, écoutez’’) – mais, ajoutait-il, ‘’il ne serait pas partie prenante pour omettre quoi que ce soit qui rendrait moins facile pour eux d'apprécier leurs libertés britanniques ou de conserver le pouvoir d'étendre ces libertés’’.

C'est un message qu'il répète tout au long de sa campagne, insistant sur la nécessité pour la Grande-Bretagne de se protéger contre les puissances en développement rapide qu’étaient à l’époque l'Allemagne et les États-Unis ; cette protection devrait s’articuler, pendait-il, par la mise en place d’une fédération impériale avec l'Australie (blanche), le Canada et l'Afrique du Sud: "une ligue de démocraties, défendue par une marine unie et une armée efficace". Sa position optimiste et son éloquence renommée inquiètent manifestement l'opposition, à tel point que le gros bonnet unioniste Joseph Chamberlain se rend à Warwick et Leamington à la veille des élections pour parler en faveur du candidat sortant. Après des remarques introductives dans lesquelles Mackinder était qualifié de "bâtard" en raison de son appartenance politique indéfinissable, Chamberlain ridiculisa ensuite son allégeance mal placée, déclarant : ‘’la seule faute que je trouve à M. Mackinder, c'est qu'il n'est pas membre de notre parti... J'espère qu'après cette élection, il jugera bon de rejoindre les Liberal Unionists’’.

En fait, les arguments de Mackinder en faveur de l'impérialisme libéral n'ont pas convaincu l'électorat. Bien qu'il ait manqué toute l'élection parce qu’il s’occupait d’affaires gouvernementales en Afrique du Sud, son adversaire Alfred Lyttelton a consolidé sa majorité et a gagné avec 59 % des voix. De manière quelque peu vaniteuse, Mackinder attribue cette défaite à la mauvaise organisation de l'association libérale locale, en leur rappelant que "les élections ne sont pas gagnées par des réunions publiques": « Les élections ne se sont pas jouées dans les réunions publiques, aussi enthousiastes aient-elles été, sinon nous les aurions gagnées ». Malgré cette défaite et ces reproches, l'association l’a dûment remercié et l'a acclamé avec le célèbre refrain de He's a jolly good fellow.

Alfred_Lyttelton.jpg

Sir Alfred Lyttelton.

Mais Mackinder n'en avait pas encore fini avec la politique politicienne. Trois ans plus tard, une élection partielle fut convoquée, car Lyttelton avait été promu au poste de secrétaire aux Colonies et  un candidat devait se représenter dans sa circonscription. Cette promotion de Lyttelton fait suite à la démission de Joseph Chamberlain, qui dut quitter le cabinet suite à une controverse ; il se mit alors à faire campagne en faveur d'une réforme tarifaire. Mackinder est en plein accord avec le désir de Chamberlain de faire de l'Empire britannique un bloc commercial protégé. Il rejoint la Tariff Reform League et, répondant à l'espoir de Chamberlain, passe effectivement dans le camp des Unionistes. Il propose même de se rendre à Leamington pour parler en faveur de son ancien adversaire, ce qui est, selon ses propres termes, "le seul comportement viril que je puisse adopter". La réaction du Liberal Club de la ville a été de décrocher la photo de Mackinder du mur, de la lacérer et de brûler ce qui en restait. On a conseillé à Mackinder de ne pas se rendre dans la ville.

Au moins, Lyttelton a apprécié l'offre. L'année suivante, en tant que secrétaire aux Colonies, il a présidé à la conférence de Mackinder sur l'Empire britannique, soutenue par de nombreuses illustrations. La teneur de cette conférence  -et les illustrations qui l’accompagnaient-  devaient être utilisées dans les écoles pour édifier des émules patriotiques, prêtes à servir l’Empire. Le projet se concrétisera dans les manuels préparés pour le Visual Instruction Committee du Colonial Office, que Lyttelton encourage les gouverneurs coloniaux à adopter. La relation entre les deux hommes se cimenta lors des élections générales de 1906, lorsque Mackinder proposa à nouveau de parler pour Lyttelton, ainsi que pour Arthur Steel-Maitland, un autre réformateur du tarif douanier, qui faisait campagne dans la circonscription voisine de Rugby. Cette fois-ci, l'offre fut acceptée, mais une fois encore, elle tourna mal. Comme le rapporta le London Daily News, lorsque Mackinder se lèva pour prendre la parole lors d'une réunion publique dans une école de Leamington: ‘’ce fut le signal d'une scène de tumulte assourdissant, au-dessus duquel s'élevaient des cris de Mongrel. Il est resté debout pendant cinq minutes en souriant d'un air quelque peu sardonique, puis, demandant un tableau noir, il a écrit à la craie Be fair, as Englishman. De nouveau, prenant place sur l'estrade, M. Mackinder attend patiemment l'occasion, qui ne se présentera jamais, de s'adresser aux électeurs’’.

Sans se décourager, les deux hommes poursuivent leur programme commun et le lendemain, Mackinder prononça un long discours en faveur de la position unioniste sur la réforme tarifaire, qu'il décrivit comme "une question de vie ou de mort pour le pays". Il s'efforça en particulier de discréditer l'affirmation du Parti libéral selon laquelle les tarifs protectionnistes entraîneraient une hausse des prix des denrées alimentaires, ce que Mackinder pensait pouvoir éviter en exploitant "les vastes champs du Canada" comme fournisseur garanti de céréales bon marché. Les électeurs ne sont toujours pas d'accord et Lyttelton perd son siège lors du raz-de-marée libéral qui balaie l'alliance des conservateurs et des unionistes.

Mackinder entre finalement au Parlement en 1910 en tant que député conservateur et unioniste pour la circonscription de Camlachie à Glasgow, mais au début des années 1920, il abandonne complètement la politique partisane pour un rôle technocratique à la présidence de l'Imperial Shipping Committee. Il s'était méfié de la menace que représentait la démocratie représentative pour les experts et l'ordre social ; une réponse directe à ce qu'il considérait comme l'endoctrinement socialiste des travailleurs par le parti travailliste, mais peut-être aussi une amertume persistante à l'égard de ses premières expériences, qui avaient meurtri son ego à Warwick et Leamington. Il avait également le sentiment qu'au Parlement, il n'avait rendu justice ni à son talent ni à sa cause, n'ayant jamais été introduit dans le cercle restreint du gouvernement. À la fin de sa vie, il regrettera de "ne pas s'en être tenu à la géographie seule". Peut-être les choses se seraient-elles passées différemment s'il ne s'était pas précipité dans la politique, surtout pour un parti auquel il allait plus tard tourner le dos. Mais bon, qui a entendu parler d'un impérialiste prudent ?

samedi, 30 mai 2020

Lawrence of Arabia (T. E. Lawrence) And His Legacy

hith_lawrenceofarabia_getty164080686-2.jpg

Lawrence of Arabia (T. E. Lawrence) And His Legacy

This video is combination of two episodes of a Documentary called "The Legacy of Lawrence of Arabia"
Episode 1 : 00:00 - 58:20
Episode 2 : 58:21 - 01:56:35
 
Colonel Thomas Edward Lawrence, (16 August 1888 – 19 May 1935) was a British archaeologist, military officer, diplomat, and writer. He was renowned for his liaison role during the Sinai and Palestine Campaign and the Arab Revolt against the Ottoman Empire during the First World War. The breadth and variety of his activities and associations, and his ability to describe them vividly in writing, earned him international fame as Lawrence of Arabia—a title used for the 1962 film based on his wartime activities.
 

mercredi, 09 octobre 2019

As Went the British, So Will Go America’s Empire

74172434-map-of-the-world-1920-british-empire-illustrated-in-gray-and-red-colors.jpg

As Went the British, So Will Go America’s Empire

From far-flung foreign obsessions to failing industry, the parallels are striking.

Ex: https://www.americanconservative.com

In 1919, the British military was instructed to proceed on the assumption that it would not fight a major war for the next 10 years. The army, discredited in the eyes of the public by four years of seemingly futile bloodshed on the continent, returned to its prewar role as a colonial police force. The naval budget was slashed from £188 million in 1919 to just £52 million in 1923. Postwar ship-building programs were shelved in favor of international arms control, embodied by Britain’s unprecedented acquiescence to naval limitations at the 1921 Washington Conference. 

Despite this precipitous reduction in defense spending, it seemed as if Great Britain had resumed her historic role as an imperial power free of European entanglements. With the acquisition of new territories in Africa and the Middle East, the British Empire appeared more formidable than ever. In truth, the shortsightedness of Britain’s leadership during this period ensured that she was ill-equipped for the turbulent 1930s.

The parallels between Britain’s interwar myopia and today’s American foreign policy establishment, which is relentlessly fixated on Russia and the Middle East even as a rising China presents profound new security challenges, should be obvious. 

For at least a few years after the First World War, it seemed as if Britain had successfully turned back the clock. The country’s large conscript army was hastily replaced by a much smaller force of long-serving professionals. Before World War I, the British navy’s fighting strength had been ruthlessly consolidated in the North Sea to meet the rising German threat. Foreign squadrons were recalled and obsolete older warships retired. Arrangements were made, first with the Japanese and later with the French and Italians, for naval burden-sharing in the Far East and the Mediterranean.

flags-of-british-empire.jpg

In the 1920s, however, the navy resumed its Victorian posture. Squadrons were once again dispatched to the West Indies, North America, South America, the Cape of Good Hope, the East Indies, and China. These warships showed the flag and intimidated local potentates, missions that could be safely accommodated by the budgetary and political constraints of the era. Behind the scenes, however, the alliances that had buttressed Great Britain’s position during World War I were eroding, as Japan and Italy drifted from her political orbit. The continental system that had contained Germany was also faltering: France would not risk another war, Russia had effectively withdrawn from European affairs, and the new states of Central and Eastern Europe could not hope to contain a resurgent Germany. 

This is a familiar story to many Americans; the gathering storm of the 1930s is one of the few historical periods drilled into our collective memory. Yet the specter of appeasement, which is ritually invoked every time the United States declines to bomb a third-rate power or failed state, has distorted our understanding of the interwar era. It is easier to sympathize with Neville Chamberlain’s political instincts when you consider the strategic legacy of his predecessors, who assumed that Britain could seamlessly resume its late Victorian role. Today, the United States’ fixation on the Middle East and other peripheral concerns is best understood as a 21st-century version of Great Britain’s interwar myopia. 

The persistence of this strategic short-sightedness across different administrations is quietly astonishing. Obama spoke of a “pivot to Asia,” but his foreign policy will be remembered for the Libya intervention, the inauguration of a campaign against the Islamic State in Iraq and Syria, and continued counter-terror operations throughout the Middle East and Central Asia. Trump’s confused trade policy towards China lacks strategic direction and has been eclipsed by his own military adventurism in the Middle East, which may yet lead to conflict with Iran. Joe Biden, the 2020 Democratic frontrunner, blithely assures us that China is “not competition.” American politics has been consumed by a scandal connected to the provision of foreign aid to Ukraine, a country that is almost totally irrelevant to our vital national interests. 

The parallels between the American and British experiences are ominous. Just as Great Britain relied on a small force of long-serving professionals to police its overseas territories, small special forces detachments have come to exemplify American military reach and expertise. Counter-insurgency campaigns in the Middle East and Central Asia, where the United States is assured of naval and air supremacy, recall British gunboat diplomacy in the 1920s. Far from being symbols of American military power, drones, AC-130 gunships, and helicopters are in danger of becoming latter-day versions of the obsolete British warships that once patrolled the Yangtze River. 

American involvement in the Middle East has also obscured far-reaching changes in military technology. During the interwar period, British admirals ignored naval aviation and submarine warfare in favor of maintaining a fleet of battleships. American naval and air supremacy has been a fact of life for the past 30 years, but China’s military investments, including so-called anti-access area-denial technologies, are likely to change that calculus, just as Japanese airpower and German U-Boats brutally exposed the Royal Navy’s shortcomings. 

Military technology is intimately connected to industrial know-how, and once again, the British experience is instructive. Before 1914, Great Britain could construct warships faster and more efficiently than any other power. The erosion of British shipbuilding in the 1920s and ’30s parallels the decline of America’s manufacturing base, which has been undercut by offshoring and overseas competition. The gradual disappearance of America’s skilled industrial workforce recalls the plight of British shipbuilders in the 1930s, who were forced to purchase Czechoslovak steel to equip newly ordered warships. Indeed, we seem to have done the British one better—several components for the new F-35 fighter were procured from Chinese companies

british-empire-is-still-being-whitewashed-by-the-school-curriculum-historian-on-why-this-must-change-1.jpg

The steady erosion of America’s international alliances is yet another worrying parallel. Just as Japan and Italy drifted away from Britain during the interwar period, many American allies seem to be moving toward, if not outright hostility, at least neutrality in the event of a serious confrontation with China. Guy Verhofstadt, the outspoken former Belgian prime minister, has defended European integration on the grounds that Europe must compete with China and the United States on an equal footing. Despite being victimized by aggressive Chinese hacking, Australia is understandably reluctant to alienate the most significant power in East Asia. Taiwan is more interested in acquiring prestige weapons systems for domestic political consumption than actually preparing for war with the mainland. Japan must grapple with an unfolding demographic crisis and a conflict-averse political culture. 

All historical analogies are imperfect, and it would be silly to compare China’s current trajectory to the rise of Nazi Germany. And in some ways, the United States’ position is more favorable than Britain’s was: our economy is comparatively stronger, our emerging rival is not aggressively revisionist, and there is nothing like the First World War hanging over our collective national consciousness. Yet it is impossible to look at the United States’ current foreign policy and conclude that our priorities are in order. Our preoccupation with the Middle East, a relative geopolitical backwater, recalls Great Britain’s interwar obsession with the security of India. Meanwhile, our fixation on Russia is a hangover from another era, a 21st-century version of interwar Britain’s misguided attempt to return to its Victorian strategic posture.

China and the United States are not destined for war. Nevertheless, the rise of a new global power inevitably invites friction and even conflict if relations are not carefully managed. It is easy to imagine the United States stumbling into a confrontation with China through a lack of strategic focus and an outdated understanding of American military reach. The interwar period is usually invoked to push the United States into foolish commitments to strategically unimportant countries. The more relevant lesson is that a changing world demands a changing grand strategy.

Will Collins is an English teacher who lives and works in Eger, Hungary.

dimanche, 01 octobre 2017

Birmanie : comment l’Empire britannique a "créé" les Rohingyas

bangladesh-myanmar.jpg

Birmanie: comment l’Empire britannique a "créé" les Rohingyas

par Lauriane Simony

Ex: http://mashable.france24.com

Les Rohingyas ont longtemps été discriminés au Myanmar, marginalisés en partie à cause du rôle qu’ils ont joué sous le joug britannique.

L’exode des musulmans Rohingya, causé par les violences de la terrible Tatmadaw, nom donné à l’armée birmane, ne semble pas ralentir. Des milliers de personnes fuient actuellement le pays à majorité bouddhiste vers le Bangladesh. Un demi-million de Rohingyas ont déjà passé la frontière.

VOIR AUSSI : En un mois, près de 90 000 Rohingyas ont fui la Birmanie pour le Bangladesh

Pourtant, il ne s’agit pas pour le gouvernement birman d’un "nettoyage ethnique", terme employé par Zeid Ra’ad Al Hussein, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme et repris depuis par le Président français Emmanuel Macron, mais d’une campagne de lutte antiterroriste qui vise à neutraliser la menace islamiste dont la Birmanie serait victime. L’attentat du 25 août, commis par l’Arakan Salvation Rohingya Army (ARSA) dans le nord du Rakhine, aurait ainsi justifié une telle campagne et, de fait, déclenché la crise actuelle.

Déni de citoyenneté

Aung San Suu Kyi, ministre des Affaires étrangères de Birmanie et leader de la démocratie sous la junte militaire, maintes fois sollicitée depuis le début de la crise, semble en minimiser l’ampleur. Dans une allocution télévisée à la nation le 19 septembre 2017, elle affirme rechercher les causes de cet exode massif. Elle appelle aussi au rapatriement des réfugiés vers la Birmanie, mais elle précise que les personnes souhaitant regagner leurs villages devront présenter des preuves de leur citoyenneté. Ce qui exclut donc les Rohingyas, apatrides, de toute possibilité de retour au pays.

L’État birman refuse en effet la citoyenneté aux Rohingyas depuis 1982 et ne reconnaît pas ce groupe comme originaire de Birmanie.

"Revenir à la période coloniale britannique pour comprendre les origines de cette haine"

Amnesty International rappelle, dans son rapport sur la situation des Rohingyas en Birmanie, que ces derniers sont victimes depuis plusieurs décennies d’une discrimination systématique. Ainsi, ils ont toujours été considérés comme "étrangers" tant par le pouvoir central que par les autorités locales du Rakhine, et ont peu à peu été privés de tous leurs droits (accès à la propriété de la terre, à l’éducation, à la santé…).

Il faut cependant revenir à la période coloniale britannique pour comprendre les origines de cette haine.

La responsabilité de l’occupant britannique

L’arrivée des Britanniques en Birmanie au XIXe siècle, puis leur prise de contrôle de tout le territoire birman en 1886, bouleverse les relations entre les différents groupes ethniques du pays.

Afin de mieux régner, les Britanniques divisent volontairement les différentes ethnies, et privilégient certaines minorités par rapport à la majorité birmane (dite Bamar) en favorisant notamment l’accès de certaines populations chrétiennes ou provenant du reste de l’Inde britannique à l’administration coloniale. Jusqu’au début du XXe siècle par exemple, les professions d’élite telles que juriste ou médecin sont occupées quasi exclusivement par des Indiens, ce qui attise durablement la jalousie des Bamars : l’idée d’une "supériorité indienne", instaurée par les Britanniques, explique en partie la haine des Birmans envers les populations d’origine indienne telles que les habitants de l’Arakan (autre nom du Rakhine), pourtant très peu représentés dans ces postes prestigieux.

En outre, un régime spécial de gouvernance, officialisé par le Burma Act de 1935, est mis en place pour les minorités ethniques : tandis que la "Birmanie Ministérielle" (Ministerial Burma) est soumise au contrôle direct de la métropole, la "Birmanie des Frontières" (Frontier Areas), qui correspond aux zones géographiques où les minorités ethniques sont plus nombreuses que les Birmans – et dont l’Arakan fait partie – est gouvernée de manière indirecte. Les chefs des différentes ethnies jouent le rôle de relais de l’autorité coloniale sur le terrain et bénéficient donc d’un certain degré d’autonomie au niveau local.

birmanieOffbrit.jpg

Un officier britannique et ses aides indiens, sur la route de Meiktila, le 29 mars 1945, Birmanie (Myanmar).
Imperial War Museum/Wikimedia

La Seconde Guerre mondiale et l’invasion de la Birmanie par les Japonais en 1942 confirment la donne : soucieuses de ne pas se retrouver soumises au contrôle de la majorité Bamar si le pays obtient son indépendance, plusieurs minorités ethniques restent fidèles aux Britanniques tandis que les autorités nationalistes birmanes s’allient aux Japonais pour chasser l’occupant britannique.

L’État du Rakhine illustre ces divisions au sein de la société birmane : les Rakhines bouddhiste accueillent favorablement l’arrivée des Japonais dans le pays en 1942, tandis que les populations musulmanes, parmi lesquelles les Rohingyas, préfèrent soutenir les Britanniques, qui leur promettent de mettre en place une zone autonome musulmane au lendemain de la guerre. Mais les Japonais prennent le contrôle du pays et, victimes de représailles, les Rohingyas sont contraints de fuir vers l’Inde.

Lorsqu’ils regagnent la Birmanie en 1945, les Rohingyas sont dans une situation délicate. On leur reproche leur "trahison", dans un contexte où la rhétorique nationaliste prône l’union de tous les peuples du pays pour mettre fin au régime colonial, et une indépendance au sein d’une république unique. La tragédie de la partition de l’Inde survenue en 1947 – des millions de personnes sont contraintes de choisir entre l’Inde et le Pakistan nouvellement créé – devient un modèle à éviter à tout prix.

Accédant à l’indépendance en janvier 1948, l’"Union de Birmanie", nom donné à la jeune nation, cache cependant de profondes divisions entre les différentes ethnies qui constituent le pays.

Un processus de "birmanisation" de la société

Dès le début des années 1950, plusieurs minorités entrent en guerre contre le pouvoir central. Si les Rohingyas ne sont pas officiellement exclus de la citoyenneté birmane par la Constitution de la nouvelle République indépendante, ils sont considérés comme des "Indiens" et restent donc marginalisés au sein de la société.

Le Général Ne Win, qui prend le contrôle du pays en 1962 et instaure un régime militaire, lance une campagne de "birmanisation" de la société afin d’atténuer les spécificités des différentes ethnies : c’est l’identité bamar, incarnée notamment par la langue birmane et la religion bouddhiste, qui devient de plus en plus associée à l’identité nationale.

"Les années 1970 marquent l’apogée des discriminations envers les Rohingyas"

Les minorités ethniques sont discriminées dans l’accès à la propriété par exemple, mais ce sont les populations d’origine indienne telles que les Rohingyas qui sont les plus touchées, leur origine rappelant aux Birmans les faveurs qu’elles avaient obtenues à la période coloniale.

Les années 1970 marquent l’apogée des discriminations envers les Rohingyas : le Général Ne Win intensifie sa campagne de "birmanisation" en faisant de la lutte contre les étrangersune priorité de l’État. En parallèle, l’indépendance du Bangladesh en 1971 et les violences qui l’accompagnent incitent de nombreux Bangladais à se réfugier en Arakan. Les Rohingyas sont alors plus que jamais amalgamés avec les Bangladais et, considérés comme des étrangers, ils deviennent la cible première de la campagne de Ne Win.

La loi sur la citoyenneté de 1982 confirme ainsi une situation déjà bien en place : elle fixe un chiffre officiel de minorités ethniques (135) et exclut durablement les Rohingyas du monde birman. Cette loi instaure également un certificat d’enregistrement pour les étrangers ("Foreigner Registration Certificate") qui octroie une forme de statut officiel aux non-citoyens de Birmanie, tout en les excluant des affaires du pays. Les Rohingyas sont ainsi privés du droit de vote. Or, les autorités birmanes rechignent à délivrer ces certificats aux Rohingyas qui, au fil des générations, se retrouvent dépourvus de papiers prouvant leur identité et leur lieu de résidence.

Une solution qui tarde à venir

Aujourd’hui, bien que les recherches menées par l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) aient montrées qu’une grande partie des familles Rohingya sont présentes sur le sol birman depuis au moins deux générations, la minorité musulmane est plus que jamais perçue comme "étrangère" à la Birmanie.

La société birmane reste majoritairement bouddhiste (entre 85 et 90 % de la population totale) et connaît depuis quelques années l’influence d’un mouvement bouddhiste nationaliste, incarné par la figure du moine extrémiste U Wirathu, qui répand la peur d’une menace islamique parmi la population birmane et cristallise les sentiments de haine envers les Rohingyas.

 
 

À l’intérieur de cet état fragile, sous gouvernement civil depuis 2011 seulement, les Rohingya semblent servir de boucs émissaires : selon la rhétorique du gouvernement, la population birmane doit s’unir face à un ennemi commun, le "terrorisme musulman", incarné sur leur sol par les Rohingyas.

Pour les autres minorités ethniques, pourtant loin de jouir des mêmes droits que la majorité birmane, il paraît essentiel de prouver son appartenance à la Birmanie en marquant son opposition à cet ennemi intérieur. Ainsi, les Rakhines, habitants de l’État Rakhine majoritairement bouddhistes, sont parmi les premiers à exprimer leur désir d’expulser les Rohingyas de Birmanie. Ils qualifient les Rohingyas de "Bengalis" pour les associer au Bangladesh voisin et donc les exclure du champ national.

"Il aura fallu attendre l’exode de 2017 pour que les pays occidentaux commencent à s’inquiéter"

Malgré plusieurs crises au cours de ces dernières décennies (la précédente date d’octobre 2016), il aura fallu attendre l’exode de 2017, d’une ampleur extraordinaire, pour que les pays occidentaux commencent à s’inquiéter réellement du sort des Rohingyas. Avant fin 2010, date à laquelle la Birmanie passe sous gouvernement civil, la fermeture du pays et l’absence de presse d’opposition participent à la méconnaissance de cette minorité persécutée.

Encore aujourd’hui, la mission indépendante de l’ONU, chargée d’enquêter sur les abus de l’armée birmane dans le Rakhine, peine à accéder aux zones touchées et se heurte à l’absence de coopération des dirigeants birmans, qui se montrent très méfiants vis-à-vis de toute intervention extérieure.

Aung San Suu Kyi elle-même a montré sa réticence à nommer clairement les "Rohingyas", laissant à penser que les dirigeants birmans continueront malgré tout à exclure ces populations des réalités de leur pays.

Article de , chargée de cours en civilisation britannique à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, initialement publié sur le site The Conversation.

jeudi, 15 mai 2014

La Teoría del Corazón Continental de Mackinder y la contención de Rusia

por Niall Bradley*

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

“Lo que ha ocurrido en Crimea es una respuesta al modo en que colapsó la democracia en Ucrania. Y hay una única razón para esto: la política antirrusa de EE.UU. y algunos países europeos. Ellos buscan cercar a Rusia para debilitarlo y eventualmente destruirlo… Existe una cierta élite transnacional que durante 300 años ha anhelado este sueño.”

Lo que ha estado ocurriendo recientemente en Ucrania tiene muy poco sentido si no se ve en un amplio contexto histórico y geopolítico; así que en la búsqueda de un firme entendimiento de los eventos que se están desarrollando, he estado consultando libros de historia. En primer lugar es necesario decir que Ucrania ha sido históricamente parte de Rusia. Se constituyó como “una nación independiente” sólo en nombre a partir de 1991, pero ha sido completamente dependiente de la ayuda externa desde entonces. Y la mayoría de esta “ayuda” no ha sido, al menos, en su mejor interés.

La respuesta corta a por qué EE.UU. ha puesto en acción su descabellado plan para derrocar a Yanukoych recientemente en noviembre, es que el verdadero objetivo es Rusia, quien se interpone constantemente en los planes de dominación mundial de la élite bancaria, cuyo imperio se centra en los EE.UU. La respuesta larga es algo más compleja, pero en el proceso de trabajar sobre ella hemos descubierto sorprendentes precedentes históricos para todo lo que está ocurriendo en la actualidad, y hasta en los mismos fundamentos políticos se vislumbra una respuesta de por qué hacen lo que hacen.

Desde la desastrosa invasión de Napoleón a Rusia en 1812 (y quizá desde antes, si alguien pudiera resolverlo porque el Presidente de Venezuela, Nicolás Maduro, se refirió a “300 años”), han existido esfuerzos sostenidos por parte de los poderes Occidentales por “contener a Rusia”. ¿De dónde proviene este deseo? Bien, en la actual narrativa Occidental en relación a la “agresiva incorporación de Crimea” por parte de Rusia, proviene de la necesidad de “contener el intento de Putin de recrear el Imperio Soviético”, y “evitar que la Rusia de Putin actúe como la Alemania Nazi”.

En el centro de esta narrativa está toda la retórica sobre que la Unión Soviética fue un “Imperio Malvado” del cual Ucrania y otras Repúblicas ex-soviéticas, Asia Central y ex-estados miembros del Pacto de Varsovia en Europa del Este, como Polonia, se liberaron para unirse al Libre Mercado Mundial alrededor de 1990, cuando “el Imperio Soviético colapsó”. Y todo esto, por supuesto, está basado en la narrativa Occidental de que el Comunismo Soviético fue “la raíz de todos los males”, y que tenía que ser erradicado de donde fuera que él se instalara o propagara (o se sospechara que se propagaba) tras la Segunda Guerra Mundial.

De hecho, podemos ir más lejos, pero antes de hacerlo, vamos a considerar en primer lugar la participación del FMI durante el último cuarto de siglo en Europa del Este. El FMI no está apareciendo en escena sólo recientemente con la “muy necesitada inyección de dinero” a la economía ucraniana. Los economistas occidentales, los académicos, banqueros e industriales, han estado, efectivamente, operando desde el terreno en las economías de Europa del Este desde que ellas “recuperaron su libertad al independizarse de Rusia”. Lea este reporte del parlamento ucraniano para hacerse una idea del daño que sufrió Ucrania durante los 90 – su población se redujo en un número mayor a los muertos durante la Segunda Guerra Mundial.

Los préstamos del FMI, generalmente, no están destinados a incrementar las arcas de los países que se suscriben a su “asistencia”; más bien están orientados al pago de los intereses devengados por las deudas de las naciones. A cambio, los suscriptores a estos préstamos mortales reciben “consejos” que deben seguir si quieren el dinero – entregado a cuentagotas – para seguir adelante con respecto a sus deudores y así evitar que sus deudas crezcan aún más. Dichos consejos – “condicionamientos estructurales” en términos técnicos – esencialmente se reducen a: “Vender absolutamente todo… a nosotros”.

Así que no fue el “espontáneo caos del momento” lo que provocó las extendidas calamidades económicas en Europa del Este en los 90. El desastre resultante fue consecuencia directa de la política monetaria y económica impuesta por Occidente sobre la región. Así se pudo observar la miseria extrema de millones de polacos repentinamente impedidos para comprar alimentos que estaban siendo exportados con el único fin de pagar las deudas contraídas – deudas que implicaban indefectiblemente un intercambio por las verdaderas riquezas de esos países, en especial sus recursos naturales y las industrias nacionales.

Rusia también obtuvo su parte de esta “terapia de shock”. Échele un vistazo al capítulo 11 de La Doctrina del Shock de Naomi Klein para ver la auténtica historia de horror de lo que pasó allí (“La Hoguera de una Democracia Joven: Rusia elige la opción Pinochet”). El Pueblo ruso sin embargo no sucumbió al genocidio económico. Para el año 1993, se dieron cuenta de que la única “libertad y democracia” que iban a obtener era, de hecho, una forma extrema de “terapia de shock económica” de la derecha. Ocuparon edificios gubernamentales en Moscú en un esfuerzo por detener el saqueo de su país y restaurar el orden. En medio de un tenso punto muerto, he aquí que “francotiradores desconocidos” aparecieron de la nada y comenzaron a disparar a la gente a la cabeza. Yetsin pensó que las balas estaban viniendo de una facción del ejército atrincherada en la Casa Blanca de Moscú y ordenó a fuerzas leales a él atacar el edificio. Cientos de personas resultaron muertas y, junto con ellas, murió la primera (y última) incursión rusa en la Democracia Liberal Occidental ®.

Así es como la “Mafia de Estado” de la oligarquía “cercana a Yeltsin” apareció. Fueron enteramente criaturas nacidas de los Intereses Financieros de Occidente. No había billonarios en Rusia antes de 1991. Y a través de todo esto, los medios de comunicación occidentales cantaron alabanzas a Rusia puesto que había implementado las “difíciles pero necesarias reformas” que redujo el Estado del bienestar, la base industrial y la población en general. Rusia entonces fue “libre y liberal” y todo fue maravilloso. ¡Ay de nosotros ahora que Putin ha dado la vuelta a la tortilla y Rusia está en posición nuevamente de frustrar la propagación de la Libertad y la Democracia ®! Rusia es una vez más “autoritaria y antidemocrática”, es decir, lisa y llanamente “pura maldad”.

Cuanto buscamos en retrospectiva a través de la historia, encontramos una serie de abruptos desplazamientos de la actitud de Occidente en relación a Rusia, donde esta nación pasa de ser “amiga” a “enemiga” casi de la noche a la mañana. Lo vemos claramente al final de la Segunda Guerra Mundial cuando la Unión Soviética de Stalin pasó de ser “nuestro increíble aliado” a el “nuevo Hitler”, incluso cuando la esfera de influencia de Europa del Este y el Oeste fue discutida a fondo y acordada por las potencias aliadas mientras que duró la guerra (ver La Controversia de Zion de Douglas Reed).

Previo a la Primera Guerra Mundial, Rusia fue “nuestro aliado” a partir de la coalición del “Triple Entente” conformada junto a Gran Bretaña y Francia; para el final de la guerra, se transformó en la “amenaza bolchevique”. Y comprensiblemente Rusia ahora es vehementemente antiimperialista y anticapitalista. Pero menos conocido es el hecho de que los bolcheviques también fueron enteramente criaturas nacidas de los Intereses Financieros Occidentales (ver Wall Street y la Revolución Bolchevique de Anthony Sutton).

A lo largo de la historia del siglo XX, todas o casi todas las acciones de Rusia fueron defensivas en naturaleza. Ahora bien, no pretendo subestimar ninguno de los delitos de sus líderes – de los cuales hay varios, a los países vecinos y a los propios – sino que, en términos de “imperialismo comparado” por decirlo de algún modo, no recuerdo a las milicias rusas a 13.000 Km. de distancia causando “conmoción y terror” y aniquilando en el proceso a millones de personas de otras naciones – personas que, por cierto, no tenían ninguna conexión con el pueblo ruso.

Mackinder y la Teoría del Corazón Continental

Antes del Imperio Norteamericano existió el Imperio Británico, y antes de Zbigniew Brzezinski existió Halford Mackinder. Este gurú académico de Oxford devenido en político fue ostensiblemente un “geógrafo”, aunque también el poseedor de una cierta “diligencia” que lo llevó a ser un hacedor de reyes de Gran Bretaña, en nombre de los Estados de Europa del Este y en detrimento de los imperios caídos de Europa después de la Primera Guerra Mundial. En 1904 Mackinder envió un artículo a la Sociedad Geográfica Real titulado “El pivote geográfico de la historia”, en el cual formulaba la “Teoría del Corazón Continental”, que él mismo, tiempo después, reduciría a esto:

“Quien domine Europa del Este controlará el Corazón Continental; quien domine el Corazón Continental controlará la Isla Mundial; quien domine la Isla Mundial controlará el mundo”. Mackinder, Ideales democráticos y realidad, p.194.

Podrías estar preguntándote ¿qué diablos significan esos términos arcaicos? “Europa del Este” es suficientemente obvio: los Balcanes, Ucrania, Belarús, Polonia, la Rusia “Europea” y los estados Bálticos. El “Corazón Continental” se extiende desde el río Volga hasta el Yangtze y desde el Himalaya hasta el Océano Ártico. La “Isla Mundial”… se lo imagina… es toda la masa de tierra contigua de Europa, Asia, Oriente Medio y África – así que, básicamente, todo el mundo salvo América y Australia. Échele una mirada a su mapa mundial.

mackinder-heartland.jpg

Etiquetando a América como la “Isla de la periferia”, y a las islas británicas como las “Islas Exteriores”, Mackinder estaba remarcando el hecho de que eran periféricos al “centro”, la “zona de pivote”, que sencillamente pasa a ser Rusia. Aquí es donde la contribución como geógrafo de Mackinder finaliza, y su contribución como sirviente del imperio comienza. Él entendió hace 100 años que era (y es) una quimera para los administradores de imperios como los actuales de EE.UU. y la Unión Europea (la Alianza del Atlántico) obtener completa dominación sobre la “Isla Mundial” a través de los medios convencionales, simplemente porque las poblaciones y los recursos combinados de la vasta, interconectada y mutuamente dependiente masa de territorios opacarían sus “Islas Periféricas” como Gran Bretaña y EE.UU. Así que ¿qué hacer?

Mientras su propaganda constantemente proyecta “el permanente peligro de Rusia” (y a la vez de otros poderes de Eurasia, pero mayormente de Rusia) como una amenaza global que está presta a romper la contención ceñida sobre ella y tomar el control de la “Isla Mundial” y luego de las “Islas de la periferias”, el verdadero propósito de su “Gran Juego” es “contrarrestar esos factores físicos y tecnológicos que favorecieron la formación de grandes imperios continentales en la masa terrestre de Eurasia” [1].

En otras palabras, dándose cuenta de que fueron naturalmente excluidos del centro de la acción por su posición marginal en las “Islas de la periferia”, ellos se figuraban que la única esperanza de poder establecer un imperio global era organizar periódicamente “escaramuzas destructivas”, manipulando a los países del Corazón Continental poniéndolos unos contra otros, de modo tal que antes de que cualquiera de éstos pueda recuperarse del shock y volverse lo suficientemente fuerte económica y militarmente, se apresurarán a volver a cero la relación entre los pueblos, intentando de este modo que la situación sea favorable para mantener y avanzar en la hegemonía Anglo-Americana.

A propósito, Mackinder estuvo directamente involucrado en el nuevo trazado del mapa de Europa del Este como lo conocemos hoy en día. Participando en la Conferencia de Paz de París al final de la Primera Guerra Mundial a favor de la Oficina de Relaciones Exteriores Británica, directamente supervisó la disolución de cuatro imperios eurasiáticos (el alemán, el austro-húngaro, el otomano y el ruso) en arbitrarios pequeños estados “con el fin de cerrar las puertas de las tierras centrales de Eurasia a los enemigos de Gran Bretaña y mantener un status quo internacional favorable a los intereses de la nación Anglosajona” [2]. Esta es exactamente la misma “lógica” que se sigue en la actualidad.

The Eurasian Landmass (M.D. Nazemroaya).JPG

Por supuesto, esta “lógica” precede a la Teoría del Corazón Continental de Mackinder y nuevas formulaciones han sido “inventadas” desde entonces, pero la mente en la cual surgen tales ideas sigue siendo tan estéril y ajena a la percepción humana normal como siempre. William Engdahl sugiere en La Guerra del Siglo: La política Anglo-Americana del petróleo y el Nuevo Orden Mundial que la teoría del Corazón Continental fue simplemente la más clara explicación del concepto de “balance de poder” que fue “venerado” por la élite británica en el siglo XIX:

La diplomacia británica cultivó [la] doctrina cínica [de balance de poder], la cual dictaba que Gran Bretaña nunca debería mantener relaciones sentimentales o morales con otras naciones como respetables socios soberanos, sino más bien debería obrar únicamente en favor de sus propios “intereses”. Las alianzas estratégicas británicas fueron dictadas estrictamente por lo que ellos determinaron en un período dado que podría servir mejor a sus propios “intereses”.

Esta forma paramoralista y psicopática de ver el mundo nos muestra a las claras el lenguaje dominante de la “diplomacia” y las relaciones internacionales – “el Gran Juego”, “el Gran Tablero de Ajedrez”, “el balance de poder”, “los intereses especiales”, etc… Esto no significa que todos los países y todas las alianzas mundiales perciben el mundo en estos términos. Ellos ciertamente tienen que responder a veces como si estuvieran envueltos en un juego de ajedrez geopolítico, pero esto suele deberse a que “el Juego”, como tal, es impuesto a ellos por la dominación de Occidente. Tome nota, por ejemplo, de Putin menospreciando la jerga diplomática y describiendo su asombro en relación a los juegos mentales de occidente en una conferencia de prensa tras el golpe de Estado armado en Kiev en febrero:

“La lengua de los diplomáticos, como sabemos, está allí para ocultar sus pensamientos. [...] A veces siento que en algún lugar cruzando el charco, en Norteamérica, hay gente sentada en un laboratorio conduciendo experimentos, como con ratas, sin en realidad entender las consecuencias de lo que ellos están haciendo. ¿Por qué necesitan hacer esto? ¿Quién puede explicarlo? No hay ninguna explicación en absoluto para esto”.

Lo que nos permite ver la “Teoría del Corazón Continental” – y similares formulaciones como la “Teoría del Juego” – ideada por la mente psicopática, es un sentido del complejo insular eterno de las élites de Occidente. Esto puede verse claramente cuando acusan a Eurasia o a otros de todas las cosas que ellos mismos hacen, y de poseer “el mal” que ellos mismos padecen: ese insaciable impulso por dominar absolutamente todo. El hecho mismo de que existan ciertas personas en este planeta quienes ven el mundo de este modo megalomaníaco, es lo que da lugar a este “Gran Juego” y el metódico esfuerzo por dominar y controlar el planeta entero. Sí, es psicopático, y es conducido por la codicia ciega y por sea cual sea la forma en que sople el viento en ese momento, pero también hay un método para su locura. Si pudieran, colonizarían otros mundos también.

Pero no hace falta que me crea a mí…

El mundo esta dividido casi en su totalidad, y lo que queda está siendo dividido, conquistado y colonizado. Pienso en esas estrellas que vemos sobre nuestras cabezas cada noche, esos vastos mundos a los que nunca podremos llegar. Anexaría los planetas si pudiera, con frecuencia pienso en ello. Siento tristeza al verlos tan claros y aún tan lejos. Cecil Rhodes

Mientras tanto, quizá el lector quiera escuchar nuestra entrevista a Eric Wallberg en el <SOTT Talk Radio del último domingo. Autor de Imperialismo posmoderno: Geopolítica y el Gran Juego, pienso que Wallberg ha hecho un buen trabajo dándole sentido a la “geopolítica” y sobre cómo este imperio mundial tomó forma en los últimos 150 años más o menos.

Notas

1. “Geopolítica, Federalismo, y Defensa Imperial: Halford Mackinder y Europa del Este, 1919-20″, artículo presentado en “Europa Central y del Este en la política mundial después de Versalles: Hacia una Nueva Historia Internacional”, Universidad de Oxford, Facultad de Historia, 4-5 de Octubre del 2013

2. Ibid.

* Niall Bradley es editor de Sott.net desde 2009.

Fuente: El Espía Digital

mercredi, 04 septembre 2013

Au royaume de Kipling

kip.jpg

Au royaume de Kipling

Par

Mickaël Fonton

 

 

Ex: http://www.valeursactuelles.com

 

1894. Publiée cette année-là, la Légion perdue évoque dans un même mouvement la frontière afghane, le souvenir d'une colonie britannique massacrée en se retirant de Kaboul et la récolte des Cipayes. L'écrivain reporter conserve de l'afghanistan l'image d'un pays fascinant et redouté. 

Kipling nous avait prévenus : cette guerre ne pas être gagnée! De même que l’échec – re - latif – de l’invasion soviétique des années 1980, les difficultés rencontrées par les Britanniques en Afghanistan un siècle plus tôt servent de caution historique à ceux qui, aujourd’hui, jugent perdu d’avance le conflit mené par la coalition occidentale contre les talibans. Il est in contestable que Kipling a connu l’Afghanistan de la fin du XIXe siècle, expérience qui a influencé et nourri son oeuvre littéraire ; il est tout aussi vrai de dire que celle-ci n’a constitué qu’un épisode parmi d’autres d’une vie passée à parcourir de long en large l’Empire britannique, de l’Inde au Canada en passant par l’Afrique australe et l’Australie. Une biographie fouillée de Charles Zorgbibe, déjà auteur de travaux sur Herzl, Mirabeau ou Metternich, permet de mieux cerner le regard que l’auteur du Livre de la jungle portait sur le “pays rebelle”.

jung.jpgJoseph Rudyard Kipling est né le 30 décembre 1865, à Bombay, où ses parents sont arrivés huit mois plus tôt. Enfant, Kipling parle l’hindoustani aussi bien que l’anglais et, s’échappant du bungalow familial en compagnie de sa nounou (ayah), il découvre les foules indiennes aux turbans multicolores, les illusionnistes montreurs de serpents, les sons et les odeurs du bazar de Borah.

Toute sa vie Kipling gardera la trace de cette dualité de culture, ce « scandale intime » qu’on retrouvera aussi chez un autre écrivain, français cette fois, Albert Camus. À 6 ans, il est envoyé en Angleterre pour y suivre sa scolarité. Si ses premières années en famille d’accueil à Southsea sont douloureuses (il parlera plus tard de la « maison de la désolation »), ses années de collège à Westward Ho ! constituèrent en revanche une époque plus heureuse, à laquelle l’écrivain devra une part certaine de ses ressources littéraires – notamment l’humour et une imagination débridée.

Au sortir du collège, la vie de Kipling prend un tournant décisif : grâce aux relations de son père et du principal de Westward Ho !, il est engagé par la Civil and Military Gazette, le grand quotidien de Lahore, où il arrive le 18 décembre 1882, à l’âge de 17 ans. Après deux années d’apprentissage de son métier, durant lesquelles il découvre le microcosme de la société angloindienne, le jeune Kipling accompagne le nouveau vice-roi des Indes, lord Dufferin, sur la frontière afghane. Quarante ans plus tôt, à l’hiver 1842, seize mille soldats britanniques ont été massacrés dans la retraite de Kaboul et, si les Anglais ont pu ensuite y acheter un semblant de paix, la situation devait à nouveau se détériorer. À Rawalpindi, tout près de la frontière afghane, Kipling observe, prend des notes, recueille les confidences d’un proche d’Abdur Rahman, l’émir de Kaboul, alors en visite officielle. Il s’agit, pour lui, non seulement d’exercer son métier de journaliste mais aussi et surtout de nourrir des réflexions personnelles qu’il exprimera plus tard dans ses nouvelles. En particulier dans l’Homélie de l’émir, dont Charles Zorgbibe dit qu’elle constitue un « portrait extraordinairement percutant de l’émir et de son royaume ».

On y lit notamment que, pour Kipling, les Afghans constituent tout simplement « la race la plus turbulente qui existe ici-bas » ; il les voit comme des guerriers indépendants, éternels insoumis, rétifs à toute autorité interne ou étrangère. «Pour l’Afghan, écrit-il, ni la vie, ni la propriété, ni la loi, ni la royauté ne sont sacrées lorsque ses appétits le poussent à la révolte. L’instinct l’érige en voleur, l’hérédité et l’éducation le transforment en meurtrier, les trois réunis le rendent bestialement immoral. Il a, certes, une certaine conception de l’honneur, tortueuse et très personnelle, et son caractère est passionnant à observer. »

Ces réflexions – dont on comprend qu’elles aient pu contribuer à forger le mythe d’un Kipling “raciste” – traduisent chez le journaliste de 20 ans une vision qui porte davantage sur les hommes qui font un pays que sur des considérations militaires. D’ailleurs, si, à l’occasion de son séjour à Simla, la résidence d’été du vice-roi, Kipling est longuement interrogé par le général Roberts, commandant en chef des armées, c’est parce que celui-ci souhaite recueillir des impressions de journaliste sur l’état d’esprit des officiers ou le moral des troupes. Immergé dans le milieu militaire, Kipling met à profit son « extraordinaire faculté d’assimilation des moeurs et de la couleur locales » selon l’avis de son rédacteur en chef Kay Robinson ; il double son activité journalistique d’une production littéraire qui lui offre d’être plus offensif, plus critique, d’adopter un regard plus perçant sur le monde qui l’entoure. Sa nouvelle réputation de journaliste et le succès croissant de ses nouvelles (notamment les Simples Contes des collines) le conduisent bientôt à quitter Lahore pour Allahabad et la rédaction du Pioneer, puis à rejoindre l’Angleterre via la Chine, le Japon et les États-Unis. Il rencontre Mark Twain, Henry James ou Jerome K. Jerome, l’auteur de Trois hommes dans un bateau, avec qui il partage le goût d’un humour très britannique. Tout ce qu’il voit constitue pour lui une matière à écrire, qu’il s’agisse d’articles ou de nouvelles.

Il n’en demeure pas moins attaché à l’Inde, qui continue d’occuper son imaginaire ou nourrir ses réflexions politiques. Naturellement prisonnier d’une vision très “anglo-indienne”, il accueille avec beaucoup de scepticisme la naissance du Parti du Congrès et estime que, « sans les Britanniques, l’Inde s’effondrerait dans le chaos ». En Afghanistan, un accord entre les Afghans et les Anglais a donné naissance en 1893 à la ligne Mortimer-Durand (actuelle frontière avec le Pakistan, dans les monts Sulayman, au coeur du pays pachtoun). S’il ne s’exprime pas directement sur la politique menée par les Anglais, Kipling va donner à voir ses sentiments à travers plusieurs nouvelles aux genres très différents.

La Légion perdue, publiée en 1894, évoque dans un même mouvement la frontière afghane, le souvenir de la colonne massacrée lors de la retraite de Kaboul, plaie toujours à vif dans l’imaginaire britannique, et la révolte des Cipayes, qui secoua l’Inde huit ans avant la naissance de Kipling. Il brouille ici les cartes de la loyauté et de la rébellion entre les Britanniques, les Hindoustanis et les Afghans, dans le cadre d’une expédition visant à capturer « l’éternel trublion, le dissident islamique immuablement dressé contre la présence étrangère, le mollah Gulla Kutta ».

Dans Chéri des dames, publié un an plus tôt, une nouvelle sur le thème de l’amour fou, le régiment du héros rentre décimé d’une campagne en Afghanistan, preuve que, pour Kipling, comme pour ses lecteurs, la région conserve une résonance tragique.

Entre Lahore et la contrée mystérieuse au nord…

L’Afghanistan servait déjà de décor à la nouvelle l’Homme qui voulut être roi – publiée en décembre 1888, c’est-à- dire toujours dans la période indienne de Kipling. « Deux aventuriers ont conçu le projet fou de se tailler un royaume en Asie centrale, au-delà de la passe de Khyber – au “Kafiristan”, habité par des tribus aryennes. » Sensibles à l’équilibre géo stratégique de la région, ils sont en effet « soucieux d’établir un “glacis” sur la frontière nord de l’Inde, qui s’appuierait sur des populations plus assimilables que les tribus afghanes ». Où l’on voit qu’au-delà de la trame romanesque (doublée ici d’une ré - flexion sur la franc-maçonnerie), l’Afghanistan apparaît déjà aux yeux de Kipling, qui y a passé deux mois, comme une terre indomptable.

Kim.jpgEnfin il y a Kim, cette grande fresque publiée en 1901, roman picaresque, envoûtant, colonialiste et généreux, « l’oeuvre de la vie de Kipling ». Bien que le personnage principal en soit l’Inde, une Inde totale, éternelle, l’Inde de la grande route de liaison, l’un des personnages principaux est afghan. Celui-ci, Mahbub Ali, est marchand de chevaux ; il passe sa vie sur les pistes, entre Lahore et « la contrée mystérieuse au-delà des passes du Nord ». Agent des Britanniques, il surveille depuis Peshawar les principautés des montagnes. Selon Zorgbibe, Mahbub Ali incarne aux yeux de Kipling « à la fois l’Afghanistan hostile, incontrôlable et redouté, et l’espoir d’une alliance avec une fraction des Afghans » – ce qui est probablement le lien le plus pertinent qui puisse être établi avec les enjeux du conflit actuel.

Si Kipling n’est pas l’inventeur de la notion de “Grand Jeu” – cet affrontement entre les empires russe et britannique sur le terrain afghan –, il l’a rendu populaire par l’intermédiaire de ses nombreux récits. On peut y voir la raison pour laquelle l’écrivain est invoqué encore aujourd’hui quand il est question de l’Afghanistan, alors que l’importance réelle de ce pays fut, dans la vie de Kipling, inférieure à celle de l’Inde, de l’Empire britannique dans son ensemble, des États-Unis, de l’Angleterre, voire même de l’Afrique au trale, où Kipling joua un rôle important à l’époque de la guerre des Boers.

Car Rudyard Kipling ne saurait être réduit à ses récits les plus fameux, Kim, le Livre de la jungle ou son poème If («ce texte au souffle de forge volontariste »), encore moins à ses caricatures : écrivain colonialiste, héraut de la « plus-Grande Bretagne », voix officielle de l’Empire britannique.

Ce fut un homme à la pensée nuancée et complexe, célèbre à 20 ans, Prix No bel de littérature, qui influença aussi bien Baden-Powell que George Orwell, ami de Théodore Roosevelt ou de Clemenceau. Un Anglais amoureux de la France. Un homme qui perdit une fille en bas âge puis un fils à la guerre. Un écrivain convaincu que les écoles devaient « forger des hommes afin de créer et de conserver des empires », mais persuadé en même temps que « le fardeau de l’homme blanc » est finalement trop lourd à porter. Un homme d’action enfin, devenu mystique, partagé entre saint Paul et Kismet, le petit dieu malin de la mythologie indienne. 

Mickael Fonton

Kipling, de Charles Zorgbibe, Editions de Fallois, 490 pages, 24€

mercredi, 23 novembre 2011

1930, strategie Usa contro l’Inghilterra

article-2039453-0DFF7FE400000578-681_636x357.jpg

1930, strategie Usa contro l’Inghilterra

“Piano Rosso” era un nome in codice per una guerra apocalittica con la Gran Bretagna e tutte le sue colonie, con bombardamenti aerei ed armi chimiche

di David Gerrie*

Ex: http://rinascita.eu/

I dettagli riguardanti un sorprendente piano militare americano per spazzare via gran parte dell’esercito britannico vengono oggi rivelati per la prima volta.
Nel 1930, ben 9 anni prima dello scoppio della Seconda Guerra Mondiale, l’America allestì dei piani miranti specificatamente ad eliminare tutte le truppe di terra britanniche in Canada e nel Nord Atlantico, distruggendo così la forza commerciale inglese e mettere in ginocchio il paese.
Movimenti di truppe senza precedenti furono messe in campo per i preparativi di un invasione del Canada, il che prevedeva massicce incursioni aeree su obiettivi industriali primari e l’uso di armi chimiche, quest’ultimo avallato al più alto livello nientemeno che dal leggendario generale Douglas MacArthur.
I piani, rivelati in un documentario di Channel 5, erano soltanto alcuni di un numero di possibili piani militari preparati contro un numero di potenziali nemici, incluse le isole caraibiche e la Cina. Ce ne era uno addirittura previsto per combattere un sollevamento interno nel territorio statunitense.
Alla fine non ci fu alcuna approvazione da parte del presidente Franklin Delano Roosevelt per ciò che era conosciuto come Piano di Guerra Rosso. Anzi, i due paesi divennero gli alleati più uniti durante il secondo conflitto, un alleanza occasionalmente difficile che continua ancora oggi.
Tuttavia è interessante che ci fossero persone all’interno dell’apparato politico e militare americano che pensavano che una tale guerra fosse fattibile.
Mentre all’esterno dell’America sia Churchill che Hitler pensavano che fosse una possibilità durante gli anni 30, un periodo di profonda incertezza politica ed economica.
I documenti con classificazione di alta segretezza rivelano che si dovevano fare grossi sforzi nei Caraibi e nella Costa Occidentale per bloccare qualsiasi controffensiva britannica dall’Europa, India o Australia.
Nel 1931, il governo americano autorizzò perfino l’eroe del volo transatlantico conquistatore di record e noto simpatizzante nazista Charles A. Lindbergh ad essere inviato sotto copertura come spia sulla sponda occidentale della Baia di Hudson per valutare la possibilità di usare aerei idrovolanti e individuare punti di bassa resistenza come potenziali teste di ponte. Quattro anni dopo, il Congresso Americano autorizzò la spesa di 57 milioni di dollari per la costruzione di tre piste di volo segrete nella parte americana del confine canadese, ricoprendo le piste di strisce erbose per nascondere il loro intento.
Tutti i governi ipotizzano piani prevedendo la “peggiore delle ipotesi” che vengono tenuti nascosti al pubblico.
Questi documenti sono stati scoperti nel profondo dell’American National Archives di Washington, D.C., una documentazione top-secret considerata un tempo la più delicata del mondo.
Era nel 1930 che l’America preparò un piano di guerra con “L’Impero Rosso”, quello più pericoloso. Ma l’avversario americano in questa guerra non era la Russia o il Giappone e nemmeno la Germania Nazista che stava per germogliare.
Piano Rosso era un nome in codice per una guerra apocalittica con la Gran Bretagna e tutte le sue colonie. Dopo l’Armistizio del 1918 e per tutti gli anni 20, lo storico sentimento anti-britannico americano, ereditato dal XIX secolo, stava pericolosamente aumentando a causa del 9 milioni di sterline che l’Inghilterra doveva agli Stati Uniti per il loro intervento nella Grande Guerra.
Il sentimento britannico verso l’America era reciproco.
Agli inizi degli anni ‘30 l’America vide con inquietudine l’aumentare dei simpatizzanti nei confronti del Nazismo che marciavano, inneggiando a Hitler, a New York da Park Avenue al Madison Square Garden.
Oltre l’Atlantico la Gran Bretagna aveva il più grande impero al mondo, per non parlare della più potente forza navale.
Con questa panoramica, alcuni americani vedevano il loro paese emergere come una potenza mondiale di spicco e sapevano fin troppo bene come l’Inghilterra aveva spento in passato tali velleità: con la guerra e schiacciandole. In questo scenario l’America si vedeva perdente.
Nel 1935 l’America allestì le sue più grandi manovre mai effettuate prima, movimentando truppe e installando depositi di munizioni a Fort Drum, a mezzora di strada dal confine orientale canadese.
Da qui sarebbe stato lanciato il primo attacco su cittadini britannici, con la città di Halifax in Nuova Scozia come primo obiettivo.
“Questo avrebbe significato sei milioni di soldati che combattevano sul confine marittimo orientale americano”, dice Peter Carlson, editore della rivista American History.
 
Piano di guerra rosso, verde, viola…

Durante gli anni 20 e 30 gli Stati Uniti usarono vari codici di colore per identificare i piani bellici con i potenziali avversari.
Molti di questi giochi di guerra furono sottoposti alla Divisione informativa dell’esercito da ufficiali di stanza all’epoca.
Molte di queste erano esercitazioni ipotetiche e fornirono soltanto ampi profili strategici. Comunque il progetto era considerato dall’esercito un buon addestramento per il personale.
“Sarebbe stato come a Verdun” alludendo al feroce conflitto fra le truppe tedesche e quelle francesi nel 1916 che lasciò sul campo 306.000 morti.
Mentre la gente considerava una guerra con gli Stati Uniti inconcepibile, perfino Winston Churchill pensava che non lo fosse.
“L’America si sentiva come se l’Inghilterra l’avesse spinta sotto l’autobus per poter rimanere la protagonista principale” dice il prof. Mike Vlahos della scuola navale di guerra statunitense.
“Gli Stati Uniti furono costretti a prendere in considerazione ogni misura per tenere a bada la Gran Bretagna”.
Perfino Hitler riteneva che una tale guerra fosse inevitabile ma sorprendentemente voleva che a vincere fosse l’Inghilterra, credendo che questo sarebbe stato il miglior risultato per la Germania poiché la Gran Bretagna avrebbe potuto allearsi con lui per attaccare gli Stati Uniti.
Usando modelli disponibili per questa guerra, i moderni esperti navali e dell’esercito oggi ritengono che la conseguenza più probabile di un simile conflitto sarebbe stata una massiccia battaglia navale nel Nord Atlantico, con poche reali vittime ma con l’esito che la Gran Bretagna avrebbe ceduto il Canada agli Stati Uniti in modo da conservare le proprie vitali rotte commerciali.
Comunque, il 15 giugno 1939, lo stesso anno dell’invasione tedesca della Polonia, una comunicazione di servizio interna americana ritiene che questi piani di invasione siano “totalmente inapplicabili”, ma che tuttavia “devono essere tenuti in considerazione” per il futuro. Questo viene ora visto come l’inizio e la ragione principale che stanno dietro alle “speciali relazioni” fra i due paesi.
 
Isolazionismo, prosperità e declino: l’America dopo la Prima Guerra Mondiale

Come succede a varie nazioni strettamente alleate, la Gran Bretagna e l’America hanno a lungo condiviso un “rapporto speciale”.
Iniziando da Churchill e Roosevelt, si passò poi alla Thatcher e Reagan, Clinton e Blair, la Regina e Obama.
Ora sappiamo che Roosevelt alla fine bocciò il piano di invasione dell’Inghilterra come “totalmente inapplicabile”. Ma quanto era speciale quel rapporto nel decennio precedente alla Seconda Guerra Mondiale?
All’inizio degli anni 20 l’economia americana attraversava il suo boom. I “Ruggenti Anni Venti” furono un periodo di una sempre maggior spesa al consumo e produzione di massa; ma dopo la Prima Guerra Mondiale, l’opinione pubblica americana diventava sempre più isolazionista. Ciò venne evidenziato col suo rifiuto di far parte della Lega delle Nazioni, la cui missione principale era quella di mantenere la pace mondiale.
La politica estera americana continuava a tagliarsi fuori dal resto del mondo durante quel periodo imponendo dazi sulle importazioni per proteggere i produttori nazionali.
Milioni di persone, per lo più dall’Europa, in precedenza furono le benvenute in America alla ricerca di una vita migliore. Ma nel 1921 furono introdotte le quote e nel 1929 soltanto 150.000 immigrati all’anno potevano entrare negli Usa.
Dopo un decennio di prosperità ed ottimismo, l’America cadde nella disperazione quando la Borsa affondò nell’ottobre del 1929, dando inizio così alla Grande Depressione.
Le conseguenti durezze economiche e la disoccupazione di massa segnarono il destino nella rielezione del presidente Herbert Hoover e così Franklin Delano Roosevelt conquistò la vittoria elettorale nel Marzo del 1933.
Di fronte a lui c’era un’economia sull’orlo del collasso: erano state chiuse banche in 32 stati e circa 17 milioni di persone erano state licenziate, quasi un terzo della forza lavorativa.
Mentre le tensioni in Europa salivano per la presa del potere dei Nazionalsocialisti, il Congresso introdusse una serie di Atti di Neutralità per impedire all’America di venire coinvolta in conflitti esterni.
Nonostante Roosevelt non fosse d’accordo con questa politica, l’accettò perché aveva ancora bisogno dell’appoggio del Congresso per i suoi programmi del New Deal, progettati per trascinare il paese fuori dalla Depressione.
Nel 1937 la situazione in Europa peggiorava ed iniziò in Asia la seconda guerra fra Cina e Giappone.
Un leggero cambiamento nell’opinione pubblica permise limitati aiuti americani agli Alleati.
L’attacco giapponese a Pearl Harbor nel dicembre del 1941 cambio però tutto.
 
 
Traduzione dal Daily Mail a cura di: Gian Franco Spotti
 


20 Ottobre 2011 12:00:00 - http://rinascita.eu/index.php?action=news&id=11022

dimanche, 17 juillet 2011

J. P. Arteault / F. Sainz: les racines anglo-saxonnes du mondialisme

J. P. Arteault / F. Sainz: Les racines anglo-saxonnes du mondialisme

1.


2.


3.



mardi, 08 février 2011

Churchill: More Myth than Legend

churchill.jpeg

Churchill: More Myth than Legend

by Patrick Foy

Ex: http://takimag.com/

Last week a country-club Republican friend in Palm Beach gave me a copy of The Weekly Standard and urged me to read “A World in Crisis: What the thirties tell us about today” by opinion editor Matthew Continetti. The article would have the reader believe that the universe’s fate hinged upon a little-known 1931 Manhattan traffic accident involving Winston Churchill.

Churchill was crossing Fifth Avenue at 76th Street in the late evening of December 13th, 1931 on his way to Bernard Baruch’s apartment for a powwow when he looked the wrong way, crossed against the light, and was sideswiped by a car going 30MPH. The hapless statesman spent over a week in Lenox Hill Hospital recovering from a sprained shoulder, facial lacerations, and a mild concussion, all of which required a doctor’s prescription for “alcoholic spirits especially at meal times.” Continetti mentions “the granularity of history,” whatever that means: “If the car had been traveling just a little bit faster, the history of the twentieth century would have been irrevocably altered.” True enough, but for the better or the worse?

Continetti would argue that this chance mishap worked out for the best. His premise is that the 1930s were dangerous times much like our own, and it took the astute Winston Churchill to come to humanity’s rescue and make things right: “A few people in December 1931 recognized the growing danger. The patient at Lenox Hill Hospital was one.” Oh, dear. What bilge.

The Weekly Standard, as well as National Review Online and Commentary Magazine, all belong to the same faux-conservative neocon fraternity which hijacked Washington starting with H. W. Bush in the Cold War’s aftermath and has demolished any hope of a “peace dividend” ever since.

Fighting fire with gasoline is not generally a good idea, and Islamic extremism is a logical byproduct of the Tel Aviv-Washington alliance. Hence, the slow-motion downfall of the world’s “indispensable nation” is now upon us. It reminds me of the sad state of Little England in WWII’s aftermath, all thanks to Sir Winston’s myopic leadership.

Neocon opportunists have grabbed Churchill as one of their own. He is always linked to the presumed “good war” and has been glorified to the skies as a result. But what if that car had been traveling faster down Fifth Avenue in 1931 and knocked the British bulldog into the next world? Could the Second World War have been avoided altogether?

“Neocon opportunists have grabbed Churchill as one of their own.”

The “good war” resulted in approximately fifty million fatalities worldwide, left Europe a starved and blasted continent, destroyed the far-flung British and French empires, brought the Soviets into Europe’s heart for more than forty years, and handed China over to Mao Tse-tung.

Churchill actively participated in making World War II a global conflict. He promoted war’s outbreak in Europe in the summer of 1939, utilizing the Versailles Treaty’s last unresolved issue: Danzig and the Polish Corridor. Prime Minister Chamberlain gave Poland a blanket guarantee of the status quo, terminating a negotiated settlement and making war between Berlin and Warsaw inevitable.

In 1941, Churchill withheld vital information from the Hawaiian commanders about an imminent outbreak of hostilities. London’s Far East code-breakers had cracked the Japanese naval code, JN-25, and Churchill had access to it. The “surprise” attack on Pearl Harbor turned the European conflict into a truly global war. It was Pearl Harbor that saved Churchill’s backside and rescued the Roosevelt presidency.

Churchill had some surprisingly positive things to say about Hitler prior to the invasion of Poland. In Francis Neilson’s The Churchill Legend Neilson quotes what Churchill wrote about the German leader in a letter to himself dated September 17th, 1937 and included in Step by Step, published in 1939:

“One may dislike Hitler’s system and yet admire his patriotic achievement. If our country were defeated, I hope we would find a champion as indomitable to restore our courage and lead us back to our place among the nations.”

Along the same lines, Neilson cites the 1937 book Great Contemporaries, in which Churchill states that Hitler’s life’s story “cannot be read without admiration for the courage, the perseverance, and the vital force which enabled him to challenge, defy, conciliate, or overcome, all the authorities or resistances which barred his path.”

I’m now wondering about pre-1931. If the twentieth century could have been “irrevocably altered” by Churchill’s brush with death in a traffic accident between the World Wars, what if Churchill had never been engaged in politics in the first place? For the answer, one has only to get a copy of The Churchill Legend and read it. Francis Neilson, who was a member of Parliament at the outbreak of the Great War, claimed to have known Churchill longer than anyone alive.

The list of disasters Churchill presided over prior to the Second World War includes the fiasco at Gallipoli, the Lusitania’s sinking (when Churchill was First Lord of the Admiralty), and the issuance of the Balfour Declaration in 1917 by the British War Cabinet, which opened a Pandora’s box from which has sprung endless injustice and bloodshed in the Middle East. Not that Churchill deserves the sole credit for these disasters, but his fingerprints are there. He was certainly involved at the highest level. Both the sinking of the Lusitania and the Balfour Declaration were the byproducts of a desperate strategy to drag America into the Great War.

One gets the impression from reading Neilson that Churchill’s entire public career—grounded in both World Wars—shows indisputable evidence of incompetence, opportunism, ruthlessness, mendacity, and bad judgment. Yes, history is repeating itself.

dimanche, 21 février 2010

Lawrence of Arabia - the conflicted colonialist

Lawrence of Arabia - the conflicted colonialist

by Simon KORNER - http://21stcenturysocialism/

lawrence_of_arabia.jpgT.E. Lawrence’s book Seven Pillars of Wisdom is on the syllabus at the elite US army training college at Fort Leavenworth, Kansas. Seen as the man who “cracked fighting in the Middle East”, Lawrence is a “kind of poster boy” of how to do colonial rule, according to writer-presenter Rory Stewart, in The Legacy of Lawrence of Arabia (BBC2, Jan 16 and 23 2010).

No wonder Lawrence is regarded with suspicion by the contemporary Arab world.

Lawrence was born in 1888 and went to Oxford.  His boyish enthusiasm for medieval knights led him to walk across Syria and the Middle East in 1909, studying crusader castles for his university thesis, the fortresses that formed a chain of foreign, Christian domination over the local population.

Lawrence’s first job was as an archaeologist in a remote area of Syria, managing a huge native workforce for the Palestine Exploration Fund, an archaeological society whose survey of the region served as cover for British intelligence-gathering during the build-up to war with the Ottoman empire and Germany.  Lawrence, with his excellent Arabic and local knowledge, drew up an ethnic map that detailed the many different tribal and religious areas.

During the First World War the Ottomans called for a jihad against the British.  In response, Lawrence promised the Emir of Mecca, leader of the 1916 anti-Ottoman Arab revolt, support for a pan-Arab empire after the war if he launched a counter jihad against the Turks.  It was this ability to “walk into the crowd” and harness Arab nationalism that marked him out as a first rate colonial soldier, according to leading British Arabist and former MI6 officer Sir Mark Allen.

Understanding the Ottomans’ difficulties in effectively patrolling the vast expanse of their desert territories, Lawrence used highly mobile Bedouin troops to ambush the enemy in a new form of guerilla warfare, targeting the Damascus-Medina railway, the sole supply line to the Ottoman garrison of Medina in Arabia.  Using locals to do the bulk of the fighting, he went on to capture the strategically important Red Sea port of Aqaba, an exploit that shot him to fame and set the template for future special forces operations.

When British general Allenby marched as a modern crusader into Jerusalem in 1917, with Lawrence by his side as a Major, it was through the symbolically important Jaffa Gate, the ‘Conquerors’ Gate, and on foot rather than horseback because Christ had walked not ridden.  This was for Lawrence “the supreme moment of his career.”

Yet when he learned of the secret British and French deal to divide the Arabian kingdom into two imperial possessions after the war, Lawrence wrote to his commanding officer:  “We’ve asked them to fight on a lie, and I can’t stand it.”

Lawrence rushed his Arab fighters, who were loyal to the Emir and his son Faisal Hussein, to Damascus with the aim of taking it from the Ottomans before the British army arrived, gambling that once Faisal was established as king in this capital of the Arab world, it would be hard for Britain to topple him.

On October 1st 1918, wearing Arab clothes and riding in a Rolls Royce, Lawrence was cheered by a Damascus crowd of up to 150,000 people, having “inspired and ignited” their revolutionary fervour, according to Syrian historian Sami Moubayed.  Faisal Hussein, a hero of the Arab revolt, followed two days later.  But Lawrence had underestimated his own imperialism.

Under the infamous Sykes-Picot agreement the Middle East was divided “from the E of Acre to the last K of Kirkuk” in a straight, diagonal line across the map.  France got Syria, Britain oil-rich Mosul and Palestine.  It was a moment that “still rankles in the Arab psyche”, says Jordan’s foreign minister, a moment when “the western countries succeeded in … demolishing the hopes of the Arabs.”  Bin Laden’s description of the deal as one which “dissected the Islamic world into fragments” underlines its contemporary resonance.

The Damascus meeting in 1918, at which Faisal was read out the Foreign Office telegram outlining the betrayal by France and Britain, marked “the start of the next 90 years of antagonism between the West and the Arab world.  Lawrence left Damascus immediately, a failure, having delivered the Arabs to his British masters,”  says Stewart.

Lawrence tried to break the Sykes-Picot agreement at Versailles in 1919, acting as Faisal’s adviser, but he merely became an embarrassment to the establishment.  Defeated, he returned to England, where over a million people went to see a show at Covent Garden featuring ‘Lawrence of Arabia’.

When the British occupied Iraq, dropping bombs and gas to quell the insurgency, Lawrence wrote to the Times in 1920: “The people of England have been led into a trap in Iraq… it’s a disgrace to our imperial record”.  Then in 1921, with the occupation failing, he was called on to advise Churchill, the Colonial Secretary, and Faisal was installed as a puppet ‘king’.  The “last relic of Lawrence’s vision” lives on today in the shape of the pro-British kingdom of Jordan, still ruled by Faisal’s family.

What should we make of Lawrence today?  Sami Moubayed describes him as “a British officer serving his nation’s interests.  He was one of the many foreigners… who definitely does not deserve the homage you see nowadays.”

Stewart takes a different view, seeing Lawrence as a prophetic figure for our times.  Stewart himself was deputy governor of two Iraqi provinces in 2003, where he initially “thought we could do some good”.  He tried to “bring some semblance of order and prepare the country for independence,”  but in the face of the insurgency he came to share Lawrence’s disillusionment with colonial rule.

Similarly disillusioned is Carne Ross, Britain’s former key negotiator at the UN, who resigned over the WMD issue.  He tells Stewart:  “I found it a deeply embittering experience… I think I was naïve about it…Ultimately my conclusion is one of deep skepticism of the state system and indeed of this place [the UN].”

These men’s disappointment is revealing.  Stewart believes that “if generals and politicians now could see what Lawrence saw we would not be in the mess today”.  He condemns the American misuse of Lawrence – troops shown David Lean’s swashbuckling film and made to read Lawrence’s 27-point guide to “try to… enter the Arab mindset”.  He exposes the hollowness of General Patraeus’ new counter-insurgency manual enjoining troops “to work with local forces” by walking round Baghdad in the company of a US officer who speaks no Arabic and is ignorant of local politics.

Stewart, like Lawrence, rejects foreign occupation of the Middle East as unsustainable.  “However much you do to overcome these cultural divides, in the end you don’t have the consent of the people; it’s not your country,”  he says, echoing Lawrence, who called for “every single British soldier” to leave, creating “our first brown dominion, not our last brown colony.”

But unlike the hero of Avatar, (see
Going traitor: Avatar versus imperialism) Lawrence never fully broke with his own imperialist masters.  Caught between the demands of colonial rule and his admiration for the ‘natives’, he could never resolve the contradiction and died a broken man.

Stewart, following in Lawrence’s footsteps, walked across Asia as a young man and found in the dignity of the locals “a great deal about how to live a meaningful life.”  But though admiring the people and recognizing the failings of colonial rule, he remains wedded to the power of which he is part.  A prospective Tory candidate, ex-Etonian, diplomat’s son, he has set up a school in Kabul to teach Afghan craftsmen skills to restore old buildings, a pet project of Hamid Karzai’s.  Though he calls for troops out of Iraq and Afghanistan, he implicitly believes imperialism capable of arranging the world in gentlemanly fashion, if only it would take on board Lawrence’s “political vision”.  Lawrence didn’t question imperialism itself, and Stewart’s Orientalist vision suffers from the same limited horizon.

mercredi, 17 février 2010

Islamfundamentalismus, öl und angelsächsische Weltmächte

islafuddddd.jpg

 

Robert STEUCKERS:

 

Islamfundamentalismus, Öl und angelsächsische Weltmächte

 

Auszug aus einer Rede - Gehalten in Bayreuth für die Gesellschaft für Freie Publizistik (April 2006)

 

Eine erste Idee, um das Thema „Sturm auf Europa“ hier einzuleiten: Dem Rest der Welt gegenüber, sagen einige falschen Propheten Europas, sollte man die Strategie des Igels wählen. Das könnte zwar eine gute Idee sein, um seine Kräfte zu versammeln, ohne messianisch wie die VSA, anderen Völkern unsere Prinzipien oder politischen Modellen aufpropfen zu wollen und dabei unsere Grenzen zu verriegeln, um eine gefürchtete „Umvolkung“ zu vermeiden. Aber gezwungen sind wir alle doch, festzustellen, dass es dem Igel an Bewegungskraft fehlt. Genauso wie Admiral Tirpitz und der Geopolitiker Ratzel einst sagten, brauchen die Kontinentalmächte schwimmen zu können, also sich der Weite der Weltozeanen zu öffnen. Jetzt brauchen sie auch fliegen zu können, d. h. ihre Luftwaffekapazitäten zu entwickeln, und eben auch sehr hoch zu fliegen, bis zu den stratosphärischen Ebenen, da Gesamteuropa strategische Trabanten ziviler und militärischer Nützlichkeit braucht, um in der künftigen Welt konkurrenzfähig zu werden.

 

Eine zweite Idee, um das heutige Thema nochmals einzuleiten: Die Notwendigkeit, die Sachlage kühl, sachlich, ohne Floskelngefühle jeder Art zu analysieren. Die Hauptfrage zu beantworten kann wirklich ohne Panik oder Schadenfreude passieren. Es genügt zu fragen: Wie funktioniert dieser „Sturm“? Die Antwort sollte aus Sachen, Fakten und ohne fromme Wünsche bestehen.  Hier ein Paar Beispiele:

-          Die Immigration aus afrikanischen bzw. arabisch-islamischen Ländern ist zwar ein Problem ungeheueren Umfangs, sie bleibt trotzdem ein Problem zweiten Ranges, da sie nicht als ein Phänomen an sich betrachtet werden sollte, sondern als das effizientste Instrument des Hauptfeindes. Darf man also wie Samuel Huntington von einem Gegeneinanderprallen von Kulturen sprechen? Meine Antwort ist : Jein! Gegen diejenigen, die Huntington banalisieren oder vulgarisieren, sage ich, dass ein solches Gegeneinanderprallen der Kulturen immer schon da war, und hat, was Europa und den Islam betrifft, fast ein Jahrtausend gedauert. Nur diejenigen, die kein historisches Gedächtnis mehr haben, werden der „Clash“ Huntingtonscher Prägung, als eine Neuheit empfinden. Gegen diejenigen, die Huntingtons Hauptthese total im Namen des politisch-korrekten Universalismus ablehnen und als „neo-Spenglerisch“ oder als „neokonservativer Parafaschismus“ bestempeln, sage ich, dass es eben Amerika ist, die diesen „Clash“ heute inszeniert, um Europa und Russland der islamischen Welt gegenüber zu schwächen. Ich will hier einen Mittelweg suggerieren: Der Begriff des „Clash of Civilizations“ zwischen Europa oder Russland einerseits und der islamischen Welt andererseits, ist zwar eine nicht zu leugnende Wirklichkeit, aber der Ursprung dieses Konfliktes heute befindet sich nicht im Islam selbst sondern wird von Pentagon-Strategen ferngesteuert. Der Islam ist ein Feind Europas und Russlands heute geworden, aber nur indem er ein Bundgenosse des Hauptfeindes Amerika ist.

 

-          Hauptfeind bleibt noch immer Amerika, als Seemacht, als neues Karthago, wie Carl Schmitt so treffend analysiert hat. Warum? Weil Amerika noch stets Territorien oder Seeräume in Europa besetzt. Weil Amerika Satelliten im Weltall schickt, um unsere militärische und zivile Tätigkeiten zu beobachten und zu spionieren.  Weil Strategien der Charakterwäsche noch immer in Deutschland wie überall in Europa angewendet werden, wie damals Caspar von Schrenck-Notzing sie meisterhaft entlarvt hatte. Die weltweite Medienmanipulation macht es unmöglich, einen unabhängigen Blick auf die Weltereignisse zu werfen. Die Mediendominanz Amerikas, mit CNN und andere mächtige Presseagenturen, erlaubt die einzig gebliebene Supermacht, Greuelpropaganda zu verbreiten, damit spontan die Ziele Washingtons als das Gute schlechthin angenommen werden. Beispiele gibt es in Hülle und Fülle: Die Massaker von Timisoara/Temeschburg zur Zeit des Ceaucescu-Sturzes, wo die gezeigten Leichen aus den Kühlschränken des Uni-Krankenhauses oder aus frischen Gräbern kamen; die Flüchtlinge, die im Kosovo ständig vorbeipassierten und die eigentlich immer die gleichen Bilder und Menschen waren, die aus anderen Winkeln technisch-filmisch aufgenommen wurden; die von serbischen Schergen angeblich gegrabenen Massengräber, die kein medischer UNO-Ausschuss je gefunden hat; die Säuglinge, die die Soldaten Saddam Husseins in Kuweit angeblich massakriert hätten, indem sie die elektrischen Stecker der Brutinstrumente ausgerissen hatten. Die Liste ist selbstverständlich hier weit unvollständig. Solange solche Manipulationen inszeniert werden oder bloss möglich bleiben, um die Interessen Europas oder Russlands zu torpedieren, bleiben unsere Völker unfrei, ihr weiteres Schicksal zu gestalten. Die europäischen Staaten sind unfähig, ihre eigene Ziele und Interessen ihren eigenen Bürgern in einer eigenen Mediensprache deutlich zu machen. Deshalb, und solange eine solche Sachlage herrscht, kann man kühl und sachlich feststellen, dass ihr Status den Status von Marionnetten-Staaten ist. Wir sind die Hampelmännchen und -frauen von Marionnetten-Staaten und keine Bürger von normal funktionierenden Staatswesen.

 

-          Die Energiepolitik der Vereinigten Staaten zielte immer darauf, eine Maximisierung des Öl-Konsums zu erreichen. Man kann es die „Politik des Nur-Öls“ nennen. Diese Option hat als Ursprung das blosse Fakt, dass das konsumierte Öl in der Welt bis 1945 hauptsächlich aus den Vereinigten Staaten kam. Die VSA waren also die Hauptlieferanten dieses Rohstoffes in der Welt und verstanden daraus, dass dieser Rohstoff ihr besseres Instrument werden könnte, um allerlei strategische Vorteile zu gewinnen. Lange Zeit haben die Vereinigten Staaten ihr eigenes Öl als Reserve bewahrt, um strategische Trümpfe im Falle von Weltkriegen zu halten. Ziel der Propagandafeldzüge jeder Schattierung wurde stets, es zu vermeiden, dass andere Mächte solche Reserven oder Reserven anderer Art aufstapelten. Die „Nur-Öl-Politik“ Washingtons war gegen jede energetische Diversifikation gerichtet. Wenn Völker ihre Energie-Quellen vervielfachen, schaffen sie die Bedingungen einer Unabhängigkeit, die die Vereinigten Staaten nicht tolerieren können, da sie für immer Hauptlieferanten auf dieser Erde bleiben wollten. Jetzt stellt sich die Frage über die reale oder angebliche Ölknappheit in der heutigen Welt. Werden wir bald einen „pick“ erleben, nachdem die Reserven sich allmählich ausschöpfen werden? Gibt es Reserven etwa in Mittelafrika oder in Alaska, die die Wichtigkeit der saudischen Reserven bald relativieren wurden? Die Frage bleibt selbstverständlich offen. Sicher ist aber das die Amerikaner so viele Ölfelder in den Händen ihrer eigenen Ölgesellschaften sehen wollen, um Meister dieser Rohstoffsquellen so lang wie möglich zu bleiben und die Wirtschaftslage der trabantisierten Völker zu kontrollieren und, wenn nötig, zu erdrosseln. Würden diese Völker energetisch durch Diversifikation unabhängig und frei, wäre eine solche Erdrosselung nicht möglich.

 

-          Sehr früh, sofort es sicher war, dass die Ölreserven der arabischen Halbinsel die umfangreichsten der Welt waren, hat die amerikanischen Führung unter Franklin Delano Roosevelt ein Bündnis mit dem saudischen König Ibn Saud geschmiedet. Der US-Präsident und der arabische König trafen sich am Bord des US-Kriegsschiffes USS Quincy im Roten Meer. Dort wurde schon vor der deutschen Niederlage eben dieses Bündnis mit einem fundamentalistisch-wahhabitischen Königreich Wirklichkeit. Die geistige Lage in diesem Königreich war ganz anders als im mehr oder weniger islamisierten oder schiitischen Persien oder als im Ottomanischen Reich. Beide Reiche waren alte staatliche Strukturen, die religiös bunt waren und die auch Elemente aus anderen Quellen als aus denjenigen arabisch-islamischer Herkunft eingebürgert oder Formen des Islams wie der Sufismus oder die Mystik entwickelt und gefördert hatten. Für die wahhabitischen Saudi-Araber waren alle diese Beimischungen zoroastrisch-persischer, byzantinisch-griechischer oder schamanisch-zentralasiatisch-türkischer Herkunft ketzerisch oder unrein. Diese kulturtragenden Beimischungen wurden durch den Wahhabismus abgelehnt, zur Gelegenheit zerstört oder systematisch als Ketzerei abgetan. Nach Roosevelt und Nachfolger, sei dabei doch ironisch erwähnt, hätten alle Völker der Erde die Menschenrechte volens nolens übernehmen sollen (besonders in ihre spätere San-Francisco-Verfassung des Jahres 1948), nicht als tatkräftige eingewurzelte Rechte historischen Ursprungs sondern als auflösende Keime gegen jede geschichtlich gewachsene nicht amerikanisierte Institution (dieser letzte Terminus benutze ich hier im Sinne Arnold Gehlens); diese Menschenrechte sollten in einer zweiten Stufe dazu dienen, in aller Ecken der Welt eine amerikanisierte nicht heimatliche Pseudo-Demokratie zu stützen, und diese sollte überall gelten, nur nicht in Saudi-Arabien. Der Fall zeugt von einer evidenten Doppelmoral: Die amerikanische Führung glaubt nicht an den Menschenrechte als ob diese eine Art ziviler Ersatzreligion wären, sondern benutzen diese Ideologie, um feindliche oder konkurrierende Staaten zu schwächen, und tolerieren die grobsten Kränkungen dieser Menschenrechte, wenn ihre Interessen damit gedient werden.

 

-          Die Allianz zwischen den Vereinigten Staaten und dem Saudi-Islamismus basiert sich auf einer „Insurgency-Strategie“. Mit saudischen Geldern werden Erhebungen islamitischer Ideologie veranstaltet sowie im Afghanistan gegen das Regime, das die Sowjets damals unterstützten, oder in Bosnien und Kosovo, zur Zeit Clintons und Albrights, um Unruheherde in Europa permanent zu schaffen, oder in Tschetschenien, um Russland im Gebiet des Nordkaukasus auszuschalten. Jedesmal gab es saudische Gelder, um die afghanischen Mudschahiddin oder Talibane, die bosnischen Verbände oder die UCK-Milizionäre oder die tschetschenischen Terroristen zu finanzieren. Auf jedem Kampfgebiete fanden Beobachter saudische Kriegsherren oder Freiwilligen. Die Ziele dieser Insurgency-Kämpfe entsprachen immer die geopolitischen Stossrichtungen die Washington sich wünschte. Die islamfundamentalistische Gefahr entspricht also schlicht ein Instrument des US-Imperialismus. Ohne amerikanische Deckung des saudischen-wahhabitischen Systems, hätten diese Erhebungen nie stattgefunden. Afghanistan wäre ein Trabant der Sowjetunion bzw. Russland geblieben. Serben und Kroaten hätten sich Bosnien geteilt. Der Kosovo-Krieg hätte nie stattgefunden. Tschetschenien und Daghestan wären ruhig geblieben. Bin Laden war letztes Endes  ein Söldner Amerikas; deshalb vielleicht konnte er so einfach verschwinden, derweil sein Mitkämpfer der Mullah Omar mit einem Motorrad entwischen konnte, ohne dass die Satteliten der amerikanischen Streitkräfte oder der allwissenden NSA-Agentur, die uns hier alle sehen können, dieses verdammte Motorrad mit dem bösen Mullah drauf entdecken konnten! Vielleicht eine unerwartete Panne, eben am diesen Tag!

 

Bin Laden, der Mullah Omar, der Bassajew in Tschetschenien und die vielen anderen treiben also was man im militärischen Jargon seit Lawrence of Arabia eine „Insurgency“ auf abseitigen Gebieten um den Hauptfeind zu destabilisieren. Die Immigration innerhalb der europäischen Staaten heute dient dazu, und nur dazu, einen künftigen Insurgency-Krieg im Herzen unseres Kontinents zu leiten. Die breiten Massen entwurzelten junge Muslims, die hier ohne Arbeit herumlaufen, machen es möglich, dass eine solche „Insurgency“-Strategie hier künftig inszeniert werden könnte. Die These wird ganz au sérieux in Frankreich genommen und der Hauptreferent in dieser Sache ist der französische Politikwissenschaftler algerischer Herkunft Ali Laïdi. Dieser stellt ganz sachlich fest, dass die aufgehetzten Köpfe in den Randstädten rund Paris, Lyon oder Marseille, systematisch von Geistlichen fanatisiert werden, die irgendwie von saudisch-finanzierten Gremien abhängen. Solche Geistlichen predigen überhaupt nicht die Integration, sondern einen rückwärtsorientierten Islam, wobei weite Teile dieser arabisch-mahomedanischen Bevölkerungsgruppe der Leitkultur völlig entfremdet und, schlimmer noch, ihr tiefer und tiefer befeindet werden, sowie die fanatischen wahhabitischen Krieger der arabischen Halbinsel die kulturreiche Islam-Synthese Persiens oder des Ottomanischen Reiches entfremdet wurden. In dieser verschwächten Bevölkerungsgruppe herrscht von jetzt ab ein Misstrauen, wobei alles was man als Europäer sagt, stillschweigend oder vehement abgelehnt wird. Intoleranz taucht inmitten eines langweiligen Toleranz-Diskurses.

 

 

Geschichte des Islamfundamentalismus

 

◊ 1. Erklärung der Begriffe

 

Der sogenannte Islamfundamentalismus hat seine Wurzeln in verschiedenen Denkschulen, die im Laufe der Geschichte in islamischen Ländern entstanden sind. Die heutigen Strömungen des Islamfundamentalismus finden ihre Quellen eben in diesen Denkschulen. Es scheint mir deshalb wichtig, diese fundamentalistischen Richtungen und ihre Folgen zu kennen. 

 

-          Die erste Denkschule ist der Hanbalismus. Gründer dieser Schule sind Achmad Ibn Hanbal (780-855) und später, in einer zweiten Stufe der Entwicklung dieser Schule, Taqi Ad-Dinn Ibn Taymijah (1263-1328). Die vier Hauptgrundrichtungen dieses Denkens sind : 1) Eine Reaktion gegen die Verwendung philosophischer Begriffe griechischer oder persischer Prägung im Raum des Islams.  Die Reaktion ist also anti-europäisch; 2) Eine buchstäbliche Interpretation des Korans, wobei keine Innovationen toleriert werden; 3) Der Muslim darf keine persönliche Urteilskraf und keine theologische Spekulationen entwickeln. Opfer dieser strengen Restriktion wurde der Mystiker Ibn Arabi, einer der gründlichsten Denker unseres Mittelalters (wobei der Begriff ‘Mittelalter” für den Islam überhaupt nicht passt); 4) Die Feindschaft gegen den Sufismus, d. h. gegen breitdenkenden Schulen, die ihre Ursprung im iranischen Raum fanden.

 

-          Der zweite Denkschule ist der bekanntste Wahhabismus, von Muhammad Ibn Abd Al-Wahhab gegründet. Al-Wahhab wurde ungefähr 1703 in Naschd-Provinz in der Arabischen Halbinsel geboren. Die Merkmale seines rigoristischen Systems sind: 1) Er ist unmittelbar ein Anhänger der hanbalistischen Tradition; er will deren Strengheid im späteren saudischen Raum wieder erwecken; 2) Al-Wahhab behauptet, der Kultus sei unrein geworden, weil zuviele Devotionalien den reinen Geist des Islams besuddeln; er will jeden Rückkehr zu vorislamischen Riten bekämpfen, da diese Riten im arabischen Halbinsel wieder üblich geworden waren, weil das Land weit von den Zentren des islamischen Hauptkultur entfernt war; 3) Al-Wahhab rechtfertigt die systematische Anwendung von Terror gegen Andersdenkenden, wie, zum Beispiel, Schiiten oder andere “Abweichler”. Terror wird Mittel zum Zweck; 4) Al-Wahhab behauptet auch, daß das Besuchen von heiligen Stätte ketzerisch sei; Objekte wie Rosenkränze, das Rauchen, die Musik, das Tanzen werden also verboten; Männer sollten immer auch Bart tragen.

 

-          Die dritte Denkschule ist die Ichwan-Bewegung. Nach eine langen Zeit des Wirrens, erobert der Neschd-König Ibn Saud die arabische Halbinsel. Seine Truppen —die Ichwan-Verbände—  werden von den Wahhabiten fanatisiert. Ibn Saud, ein schlauer König, weiss aber, daß das Nomadentum die Araber der Halbinsel schwächt. Er will sie seßhaft machen und militarisieren. Deshalb gründet er eine Bewegung von Soldaten-Kolonisten, die streng wahhabitisch erzogen werden. Diese Militarisierung durch Religion ist eine Grundtendenz des heutigen Fundamentalismus und hat, u.  a. Bin Laden inspiriert. Die Geschichte der Ichwan-Bawegung, d. h. die Bewegung der Bruderschaft, zwingt uns, die Geschichte Saudi-Arabiens besser zu kennen und zu verstehen.

 

-          Die vierte Denkschule ist die Bewegung der Islam-Bruderschaft oder Muslim-Bruderschaft in Ägypten. Gründer der Bewegung war Hassan Al-Banna, der sie Ende der 40er Jahre ankurbelte. Hauptidee war, daß die arabisch-muslimischen Völker den Westen nicht knechtisch nachahmen sollten. Er plädierte für eine allgemeine Reislamisierung und gründete deshalb auch eine paramilitärische Organisation, die Kata’ib (die Phalange).  Al-Banna wurde 1949 in offener Strasse von ägyptischen Polizisten erschossen, nachdem Demonstranten englische Soldaten gelyncht hatten. Es ist merkwürdig zu notieren, dass am Anfang seiner Laufbahn Al-Banna ein liberaler verwestlicher Intellektuelle war. Er hatte in den Vereinigten Staaten studiert. Nach seiner Rückkehr nach Ägypten, lehnte er die westlichen Ideen ab und wurde streng islamitisch. In der ersten Phase der Bewegung, unterstützte Al-Banna die “Freien Offiziere” Nassers, aber danach, entstand eine totale Opposition gegen Nasser mit Hilfe der Kommunisten. Die Tätigkeiten der Islam-Bruderschaft hat systematisch das Nasser-Regime geschwächt. Insofern har die Bewegung die Amerikaner und Israelis geholfen, Ägypten als auftauchende Macht innerhalb der arabischen Welt auszuschalten, besonders nach der Niederlage von Juni 1967. In 1955, wurde die Bewegung für das erste Mal von den ägyptischen Behörden aufgelöst und verboten. Die ersten Hinrichtungen von Bruderschaftsaktivisten finden statt. Sayyib Qutb (1906-1966) wurde dann der Nachfolger Al-Bannas. Er entwickelte die Bewegung weiter und gab sie eine islamistisch-sozialistische Orientierung, wiederholte und rekapitulierte die hanbalistische Dimension seiner Islamsvision; die eigentliche Neuheit war, dass er den Dschihad, den heiligen Krieg, gegen ungenügende, zu tolerante oder ketzerische muslimische Regierungen. Zwischen 1954 und 1964, flog er manchmals ins Gefängnis. 1966 wird er endlich hingerichtet.

 

Die geschichtlichen Kenntnisse sollten auch mit geographischen Kenntnissen erweitert werden. Die Bühne, wo alles entstanden ist, ist selbstverständlich das heutige Territorium Saudi-Arabiens. Mohammed in seiner Zeit war ein kluger Geopolitiker: Er hat die Halbinsel geeinigt und der Netz der Karawanen-Straßen gegen alle Einflüsse von ausserhalb der arabischen Halbinsel sichergestellt. Nichts läßt vermuten, daß er weitere  Länder erobern wollte. Aber einige Jahre nach seinem Tod, war der Kontext völlig anders. Mohammed wurde im Jahre 570 geboren, also im sogenannten Huluban-Jahr oder Elefanten-Jahr, wenn abyssinische Truppen im Dienst des byzantinischen Reiches Arabien vom jemenitischen Süden erobert hatten, um die Perser von den Ufern des Roten Meeres fernzuhalten. Mohammed wollte es nicht, dass die Halbinsel und die Karawanen-Straßen Bühne eines Krieges zwischen raumfremden Mächten wurde. Nach seinem Tode, kämpften Perser und Byzantiner weiter, mit als Verbündeten die semitisch-aramäiche Stämme des heutigen Jordaniens und Iraks. Die Nachfolger des Propheten zerschlugen unerwartet byzantinische Verbände im Raum Südjordaniens und Palästinas. Später werden auch persische Truppen zerrüttet. Die semitisch-aramäischen Völker, die von diesem ständigen Krieg müde waren, bekehren sich zum Islam. Die Zeit war gekommen, um ein riesengrosses Islam-geprägtes Reich zu gestalten.

 

saoudarab.gif

Die arabische Halbinsel bestand und besteht noch heute aus hauptsächlich vier Hauptgebieten : Das Hedschas-Gebiet, das Neschd, das Assir und die Hassa-Provinz.

 

Das Hedschas-Gebiet wird von nicht-wahhabitischen Sunniten beherrscht und ist der Ort der heiligen Stätte des Islams, wo die Pilger sich begeben. Im 1916-17, organisiert der britische Offizier Lawrence die Hedschas-Stämme rund dem Häuptling Hussein, der damals ein Feind Sauds war. Die Hedschas-Stämme sind Bundgenossen der Briten, die Stämme unter der Führung Sauds aber den Briten gegenüber sehr misstrauisch und spâter Amerika-hörig.

 

Das Neschd-Gebiet ist das zentralgelegene Gebiet der Halbinsel, aus dem die Anhänger des Wahhabismus und später die verbündeten Stämme des Sauds ihre Eroberungszüge anfangen werden. Im berühmten Buch des ehemaligen Vichy-Minister und Historiker des deutschen Militärwesen Benoist-Méchin, wird das Neschd-Gebiet sehr genau beschrieben. Die eigentliche Urheimat der semitischen Völker befindet sich im heutigen Jemen und Assir-Gebiet, die bis spät ein eher reiches und furchtbares Land mit sesshaften Stämmen, die eine effiziente Landwirtschaft entwickelt hatten. Die Römer sprachen von „Arabia felix“, d.h. „Glückliches Arabien“. Es ist also falsch zu behaupten, dass die semitischen Völker alle ursprünglich Nomaden waren. Wenn das fruchtbare Land Jemens zu viele Kinder erzeugte, mussten die notgezwungen nordwärts auswandern, und eine kriegerische nomadische Kultur im Neschd-Gebiet zu schaffen. Im dürren Norden entstanden also nach einem langen Voklswerdungsprozess eben diese Krieger-Stämme, die den Islam und viel später den Wahhabismus ihre ersten Impulse gaben. Wir finden deshalb im Kern der arabischen Halbinsel die übliche Dialektik Zentrum-Peripherie, wobei das dürre unfruchtbare Zentrum nicht das zeitlich erste Element des dialektischen Prozesses ist, sondern das Produkt einer reichen Peripherie, die später nach einer mehr oder weniger langen Reifungsprozess das Entstehungsgebiet einer eigenartigen geistigen Revolution geworden ist. Dieses Modell ist nicht einzig in der Geschichte des Islams: Auch das dürre steppische Zentralasien als Urheimat oder als Sprungbrett der Türkvölker in Richtung der bunten Reichsgebiete des sogenannten „Rimländer“ (Persien, Byzanz und das indische Gupta-Reich) kann als eine Zentrum zweiter dialektischen Hand betrachtet werden.

 

Das dritte Gebiet der Halbinsel ist das Assir, das von Jemeniten bewohnt wird, die stark schiitisch geprägt sind. Assir ist ein Bergland mit feuchterem Klimat. Die Stämme im Assir haben sich immer gegen diejenigen des Neschds gewehrt.

 

Das vierte Gebiet ist die Hassa-Provinz, die sich der Ostküste der Halbinsel entlang befindet, wo die Ölfelder liegen. Die arabisch-semitische Urbevölkerung war dort ursprünglich schiitisch und pflegte enge Bände mit den Schiiten Iraks.

 

Die Geschichte des Wahhabismus

 

Im 18. Jahrhundert, nachdem das Ottomanische Reich und sein Verbündeter der französischen „Sonnen-König“ endgültig durch den Prinzen Eugen im Schach gehalten wurden, war der Islam weltmächtig auf dem Ruckzug. Das türkisch-ottomanische Hegemon konnte sich Europa gegenüber nicht mehr behaupten. In diesem Kontext entwickelte der Geistliche Al-Wahhab in einem abgelegenen Ort im Neschd seine rigoristische Lehre, um den Islam wieder kampffähig zu machen und das türkische Hegemon durch ein neues arabisches zu ersetzen. Um dieses Ziel zu erreichen, schmiedet er 1744 ein Bündnis mit dem Stammeskönig Mohammed Ibn Saud, Gründer der noch heute herrschenden Dynastie. Die Allianz zwischen dem Geistlichen und dem Krieger erlaubte in einer ersten Phase die komplette Eroberung des Neschd, wo alle Feinde ausgeschaltet bzw. ausgerottet wurden. Während dieser langen Auseinandersetzungen wurde die schiitische Pilgerstadt Kerbala im heutigen Irak erobert und völlig zerstört, weil die Wahhabiten die Reliquien der Martyrer und die Volksfrömmigkeit rund diesen religiösen Überlieferungen als ketzerisch und Götzenanbetung betrachteten. Hier liegt die Wurzel der Erzfeindschaft zwischen Schiiten und Saudi-Wahhabiten, die heute durch die Ereignisse im Irak wieder angekurbelt wird, wobei die amerikanischen Geheimstrategien des „divide ut impera“ (Teile und Herrsche“) eine erhebliche Rolle spielen. Die Kriegszüge Al-Wahhabs und Mohammed Ibn Sauds führten damals auch westwärts mit schweren Angriffen gegen die Hauptkultstätte von Mekka und Medina, wo auch Schreine und Kultortschaften in Namen des religiöse Rigorismus der Wahhab-Lehre zerstört wurden. Hier liegen dann die Keime der späteren Feindschaft zwischen Neschd-Stämmen und Hedschas-Stämme.

 

Am Anfang des 19. Jahrhunderts im Kontext der Napoleontischen Kriege, wurden de facto die wahhabitischen Stämme in ihrer Feindschaft der Ottomanen gegenüber die Bundgenossen Frankreichs, weil einfach weil die Machtkonstellation damals die folgende war: Das Ottomanische Reich sowie Persien waren die Verbündeten Englands. Wenn aber Napoleon in Russland 1812 besiegt wird, verminderte das Interesse Englands an diesen fernen exotischen Bundgenossen. Die Ottomanen und die Ägypter, unter der Leitung des Albaners Mehmet Alis und dessen Sohn Ibrahim Pascha, versammelten ihre Kräfte, um die Wahhabiten auszuschalten. Das Neschd-Königreich wurde unerbärmlich zerstört, eben die Quellen in diesem Wüstengebiet wurden trocken gelegt, um jede Logistik und jede Bewegung weiten Umfangs zu verhindern. Nach den Racheoperationen Mehmet Alis und Ibrahims, herrschte in der Halbinsel eine Zeit der Wirren, wo sich Stämme gegen Stämme einander bekriegten. Der zweite Ibn Saud (1880-1953) beginnt erneut die Eroberung des Neschd-Zentralgebietes, diesmal mit der anfänglichen Unterstützung Englands. Die Operationen entwickelten sich mit der extremsten Gewalt. Grausame Ereignisse und Ströme Blutes erschütterten Arabien. Wenn der Erste Weltkrieg in Europa ausbricht, versuchen die Briten sofort Verbündeten in der Halbinsel, um die Ottomanen auf ihrer südlichen Flanke einzukreisen. Das Kairo Büro mit Lawrence suggerierte ein Bündnis mit Hussein und Feisal im Hedschas-Gebiet, aber das Bombay Büro mit Shakespear wählte eher Ibn Saud als Verbündeter. Lawrence bekommt die Kredite, ganz einfach weil er schneller die Hedschas-Stämme in Akaba bringen könnte, um eine Küstenstreife frei für eine britische Landung am Endpunkt der Damas-Jerusalem-Akaba-Eisenbahn sicherzustellen,  und auch komischerweise weil er akzeptierte, einen arabischen Kopftuch statt einer Offizier-Mütze europäischer Art zu tragen, was Shakespear immer hartnäckig und schneidig abgelehnt hatte. In seinen Notizen über seine arabischen Feldzüge, spricht Lawrence ausführlich darüber, dass Araber tief davon schockiert und gekränkt werden, wenn Europäer in ihrer Anwesenheit Hüte oder Mützen tragen.

 

In den 20er Jahren, als die Sprösse der Hedschas-Häuptlinge über Jordanien und den Irak mit britischer Unterstützung herrschen, wiederholte der zweite Ibn Saud seine frühere Feldzüge bis er endlich wieder die ganze Halbinsel kontrollierte. Um dieses Ziel zu erreichen, bediente er sich dem Instrument der Ichwan-Bewegung, die er dann, sofort er gesiegt hatte, auflösen liess. Mit der Macht fest in den Händen und nachdem Ölfelder auf seinem Hoheitsgebiet entdeckt wurden, konnte Ibn Saud II. 1945 mit Roosevelt verhandeln und seine britische Feinde im Kampf um das Öl ausschalten. 1953 stirbt der Beduinen-Herrscher nachdem die Bedingungen des Bündnisses mit Amerika fest und endgültig festgelegt wurden. Hier beginnt wirklich die Geschichte der engen Zusammenarbeit zwischen Washington und Riad.

 

(weitere Auszüge später).

 

vendredi, 15 janvier 2010

15 janvier 1821: les Anglais au Yémen

voyage-yemen-1.jpg15 janvier 1821 : Depuis l’expédition de Bonaparte en Egypte et ses tentatives de prendre pied en Palestine et en Syrie en 1798-99, l’Angleterre s’est faite la protectrice de l’Empire ottoman; elle réitérera cette protection contre l’Egypte de Mehmet Ali en 1839 et contre la Russie, lors de la guerre de Crimée et lors de l’offensive russe vers la Bulgarie et la Thrace en 1877-78, où les armées orthodoxes ont campé aux portes de Constantinople. L’Empire ottoman se situait sur la route des Indes, était bien présent en Méditerranée orientale, d’où la Sainte Ligue n’avait pu le déloger après la bataille de Lépante (1571) ni libérer Chypre; au 17ème siècle, les Ottomans, malgré leur ressac, avaient même pu conquérir la Crète, dernier bastion vénitien. Aucune puissance, aux yeux de l’Angleterre ne peut donc subjuguer cet Empire ottoman en pleine déliquescence ni acquérir des zones stratégiques lui appartenant. Si ces zones demeurent ottomanes, elles sont en quelque sorte neutralisées et ne servent pas de têtes de pont à une puissance européenne capable de rompre les communications entre la Grande-Bretagne et les Indes. Seule l’Angleterre, bien entendu, qui donne sa garantie à la Sublime Porte, mais tente de grignoter les côtes de son empire moribond ou d’occuper les points stratégiques éloignés de Constantinople, difficilement contrôlables et gérés par des potentats locaux, dont la fidélité est assez aléatoire. En 1821, avant que ne se consolide le pouvoir de Mehmet Ali en Egypte et avant que ne se déclenche la révolte grecque que soutiendront finalement, après bien des hésitations, Anglais, Français et Russes, la Royal Navy bombarde le port de Mokka au Yémen du 4 au 20 décembre 1820, afin de faire fléchir l’Imam local. Le 15 janvier 1821, celui-ci accepte les “capitulations” qui lui sont imposées: il doit respecter les “droits du résident anglais” et reconnaître la juridiction britannique sur tous les sujets de Sa Majesté vivant ou circulant au Yémen. En outre, il doit limiter les droits d’entrée de toutes les marchandises anglaises qui arrivent sur son territoire: c’est une application claire et nette des principes de l’ “impérialisme libre-échangiste”, pratiqué par l’Angleterre au 19ème siècle qui vise à lui assurer des débouchés, à briser les résistances locales et les barrières douanières et à garder les monopoles qu’elle a acquis en tant que première puissance industrielle. Quelques mois plus tard, les Anglais placent sous la protection de leur flotte l’Emir de Bahrein. La thalassocratie britannique est dorénavant présente à l’entrée de la Mer Rouge et dans le Golfe; elle en verrouille les accès. Petit à petit, elle se rend maîtresse de l’Océan Indien, océan du milieu, garant, pour qui le contrôle, de la maîtrise du globe. La logique de cet impérialisme, et les pratiques destinées à en assurer la longue durée, seront théorisées tout au début du 20ème siècle par deux géopolitologues: Halford John Mackinder et Homer Lea. Mutatis mutandis, ces règles servent encore pour étayer la stratégie américaine au Moyen Orient, en Afghanistan et au Pakistan, cette fois, sans la maîtrise directe de l’Inde, mais avec la maîtrise d’une île minuscule, celle de Diego Garcia, où se concentrent un arsenal moderne de bombardiers lourds à long rayon d’action et une flotte, épaulée par des porte-avions, véritables îles mobiles capables de frapper l’intérieur des terres sans donner prise à un ennemi dépourvu d’armes de ce genre.

 

 

lundi, 19 octobre 2009

The Anglo-US Drive into Eurasia and the Demonization of Russia

264515072_small2.jpgThe Anglo-US Drive into Eurasia and the Demonization of Russia
Reframing the History of World War II


Global Research, October 2, 2009

As tensions mount between the U.S. and the North Atlantic Treaty Organization (NATO) on one side and Moscow and its allies on another, the history of the Second World War is being re-framed to demonize Russia, the legal successor state and largest former constituent republic (pars pro toto) of the Union of Soviet Socialist Republics (U.S.S.R.). In 2009, the U.S.S.R. and the Nazi government of Germany started being portrayed as the two forces that ignited the Second World War.

The historicity behind such a narrative is incorrect and nothing can be further from the truth in regards to Moscow. The security of the European core of the Soviet Union was the main objective of the Kremlin as well as the recovery of lost territory. The Soviet government was also aware of war plans against the Soviet Union. Adolph Hitler thought Britain would join Germany in war against the Soviets, even until the latter part of the Second World War.

This discourse in itself is part of a broader roadmap to control Eurasia through the encirclement of any rival powers, such as Russia and China. To understand the geo-politics and strategic nature of the encirclement of Russia and China by the U.S. and NATO, as well as the Eurasian alliance being formed by Moscow and Beijing as a counter-measure, one must look at the historic Anglo-American drive to cripple and contain any power in Eurasia.

Geography is the basis of the social evolution of traditional power, whether in feudal societies or in industrial societies. For example the property ownership of the landed class, which originally was the nobility, gave rise to the factory system. The rise of financial power is somewhat different, but yet it is also tied to geography.

The United States, India and Brazil are all “natural great powers” — a term coined herein. Natural great powers are states that are bound, with time, to develop or evolve into major hubs of human production because of their geographic configuration or nature’s blessings. In the Eurasian landmass, above all others, there are three states that we can call natural great powers; these states are Russia, China, and India. They have large territories and vast resources and, due to the two former factors, possess great human capacity that can lead to major productivity.

Without human capacity, however, geography and resources are meaningless, and therefore any impairment of population growth or social development through war, civil strife, famine, political instability and/or economic instability can obstruct the emergence of a natural great power. This is exactly what has been happening in the Russian Federation and its earlier predecessors, the U.S.S.R. and the Russian Empire, for the last two hundred years - from the numerous episodes of civil war, the First World War, and the Second World War, to the Yeltsin era and the problems in Caucasia. This is also why the declining population of Russia is a major worry for the Kremlin. If left undisturbed, such nation-states like China and Russia, would dominate the global economy and, by extension, international politics.

This is exactly what Anglo-American foreign policy has been trying to prevent for almost three centuries, first strictly under British clout and then later through combined British and American cooperation. In Europe, the containment policy was first applied to France for centuries and later, after German unification under Prince Otto von Bismarck, to Germany. Later the policy was expanded in scope to all Eurasia (the proper geographic extension of Europe or the “Continent”, as the British called it).

Part of this policy included the prevention of Russian access to the shores of the Mediterranean Sea or the Persian Gulf, which would threaten British trade and eventually maritime supremacy. This is one of the main reasons that the British and French played Czarist Russia and Ottoman Turkey against one another and militarily supported the Ottoman Empire in the Crimean War, when the possibility of Russia, under Catherine II, gaining Ottoman territory on the Mediterranean Sea seemed real.

Why did the Soviets and Chinese Bear the Brunt of the Burden in the Second World War?

The U.S.S.R. and China suffered the greatest material, demographic and overall losses in the Second World War. A quantitative comparative overview and cross-examination of the casualty figures of Britain, the United States, the Soviet Union and China will show the staggering differences between the so-called “Western Allies” and the so-called “Eastern Allies.”

Britain suffered 400,000 casualties and the U.S. suffered just over 260,000 casualties. U.S. civilian casualties were virtually non-existent and no U.S. factories were even touched. On the other hand, the U.S.S.R. had about 10 million military casualties and 12 to 14 million civilian casualties, while China had about 4 to 5 million military casualties and civilian casualties that have been estimated in the range of 8 to 20 million deaths.

Suffering can not be qualified or quantified, but much is overlooked in regards to the Soviet Union and China. Without question the Soviet Union and China lost the greatest ratio of their populations amongst the major Allies. In many cases the casualties of the series of civil wars in the Soviet Union (which saw foreign involvement and even intervention) and the casualties of the Japanese invasion of China (30 million people, starting before 1939) are not counted as Second World War casualties by many historians in Western Europe and the Anglosphere

Most the fighting in the Second World War also took place in the territories of China and Russia. Both Eurasian giants also faced the greatest destruction of infrastructure and material loss, which set their development back by decades. The agricultural and industrial capacity of China alone was cut in half. The Axis, specifically Germany and Japan (two economic rivals of the U.S. and Britain), also were crippled. In contrast, the U.S. was virtually untouched, while Britain as a state was totally depended on U.S. patronage. [1]

U.S. Economic Expansion: Global Wars and the Growth of U.S. Industrial and Economic Might

Both the First World War and the Second World War managed to eliminate any economic rivalry or challenge to U.S. corporations. While Europe and Asia were ravaged by war, the U.S. inversely grew economically. U.S. industrial might grew by leaps and bounds, while the industrial capacities of Europe and Asia were destroyed by both Allied and Axis sides in the Second World War and by the Allies and the Central Powers in the First World War.

By the end of the the Second World War, the U.S. literally owned half the global economy through loans, American foreign investment and war debts. U.S. economic expansion and the American export boom were unprecedented in the scale that took place during the period from 1910-1950, all of which was tied to the Eurasian warscape. Also, it was also only the U.S. that had the economic resources to rebuild the economies and industrial capacities of Europe and Asia, which it did with strings attached. These strings involved favourable treatment of U.S. corporations, preferential trade with the U.S., and the setting up of U.S. branch plants.

1945 was the beginning of Pax Americana. Even much of the foreign aid provided by the U.S. government (with the approval of Congress), to facilitate the reconstruction of European states, flowed back into the private bank accounts of the owners of U.S. corporations, because American firms were awarded many reconstruction-related contracts. War had directly fuelled the industrial might of the United States, while eliminating other rivals such as the Japanese who were a major economic threat to U.S. markets in Asia and the Pacific.

Just to show the extent of the American objectives to handicap their economic rivals one should look at the handling of Japan from 1945 till about October 1, 1949. After the surrender of Tokyo to the U.S. on the U.S.S. Missouri and the start of the American occupation and administration of Japan, the Japanese economy began to rapidly decline because of the calculated neglect of the U.S. through the office of the Supreme Commander of the Allied Powers (SCAP). In economic terms, the Japanese case was initially very similar to that of Anglo-American occupied Iraq.
 
In late-1949 all this began to change. Almost overnight, there was literally a complete change, or a flip-flop, in U.S. policy on Japan. It was only after October 1, 1949 when the People’s Republic of China was declared by Mao Zedong and the Communist Party of China that the U.S. began to allow Japan to recover economically, so as to use it as a counter-weight to China. As a side note, in a case of irony, the quick change in American policy regarding Japan allowed the U.S. to overlook the Japanese policy of not allowing foreign investment, which is one of the reasons for the economic success of Japan and one of the reasons why the financial elites of Japan form part of the trilateral pillar of the global economy along with the elites of the U.S. and Western Europe.

The “Open Doors” Policy of the Anglo-American Establishment

Anglo-American elites also made it clear that they wanted a global policy of “open doors” through the 1941 Atlantic Charter, which was a joint British and American declaration about what post-war international relations would be like. It is very important to note that the Atlantic Charter was made before the U.S. even entered the Second World War. The events and description above was the second clear phase behind the start of modern neo-liberal globalization; the first phase was the start of the First World War. In both wars the financial and corporate elite of the U.S., before the entry of the U.S. as a combatant, had funded both sides through loans and American investment, while they destroyed one another. This included the use of middlemen and companies in other countries, such as Canada.

The creation of the U.S. Federal Reserve in 1913, before the First World War and the U.S. domestic (not foreign, because of the regulations of other states) de-coupling of the gold standard from the U.S. dollar in 1933, before the Second World War, were required beforehand for the U.S. domination of other economies. Both were steps that removed the limits and restrains on the number of U.S. dollars being printed, which allowed the U.S. to invest and loan money to the warring states of Europe and Asia.

Norman Dodd, a former Wall Street banker and investigator for the U.S. Congress, who examined  U.S. tax-exempt foundations, revealed in a 1982 interview that the First World War was anticipated by U.S. elites in order to further manage the global economy. [2] War or any form of large-scale traumatic occurences are the perfect events to use for restructuring societies, all in the name of the war effort and the common good. Civil liberties and labour laws can be suspended, while the press is fully censored and opposition figures arrested or demonized, while corporations and governments merge in close coordination and under the justification of the war effort. This was true of virtually all sides in the First World War and the Second World War, from Canada to Germany under Adolph Hitler.
 
In contrast to the views of its own citizens, the American government was never really neutral during both the First World War and the Second World War. The U.S. was funding and arming the British at the start of the Second World War. Also before the American entry in the Second World War, the U.S., Canada, and Britain started the process of joint war planning and military integration. Before the Japanese attacked Pearl Harbour on December 7, 1941 the U.S. and Canada, which was fighting Germany, on  August 17, 1940 signed the Ogdensburg Agreement, which was an agreement that spelled out joint defence through the Permanent Joint Board of Defence and joint war planning against Germany and the Axis. In 1941, the Hyde Park Agreement formally united the Canadian and American war economies and informally united the U.S., Canadian, and British economies. The U.S. and British military command would also be integrated. In part, the monetary arrangement that was made through these war transactions between the U.S., Canada, and Britain would become the basis for the Bretton Woods formula.
 
Also, the empires of Britain, France, and other Western European states were not dismantled just due to the fact that they were all degraded because of the Second World War, but because of Anglo-American economic interests. The imperialist policies of these European states made it mandatory for their colonies to have preferential trade with them, which went against the “open doors” policy that would allow U.S. corporations to penetrate into other national economies, especially ones that were ravaged by war and thus perfect for U.S. corporate entrance.
 

The Reasons for the German-Soviet Non-Aggression Pact
 
Britain and the U.S. also deliberately delayed their invasion of Western Europe, calculating that it would weaken the Soviets who did most the fighting in Europe’s Eastern Front. This is why the U.S. and Britain originally invaded North Africa instead of Europe. They wanted the Third Reich and the Soviet Union to neutralize one another.

The German-Soviet Non-Aggression Pact or the Ribeentrop-Molotov Pact caused shock waves in Europe and North America when it was signed. The German and Soviet governments were at odds with one another. This was more than just because of ideology; Germany and the Soviet Union were being played against one another in the events leading up to the Second World War, just as how previously Germany, the Russian Empire, and the Ottoman Empire were played against one another in Eastern Europe [3]

This is why Britain and France only declared war on Berlin, in 1939, when both the U.S.S.R. and Germany had invaded Poland. If the intentions were to protect Poland, then why only declare war against Germany when in reality both the Germans and the Soviets had invaded? There is something much deeper to be said about all this.

If Moscow and Berlin had not signed a non-aggression agreement there would have been no declaration of war against Germany. In fact Appeasement was a deliberate policy crafted in the hope of allowing Germany to militarize and then allowing the Nazi government the means, through military might, to create a common German-Soviet border, which would be the prerequisite to an anticipated German-Soviet war that would neutralize the two strongest land powers in Europe and Eurasia. [4]

British policy and the rationale for the non-aggression pact between the Soviets and Germans is described best by Carroll Quigley. Quigley, a top ranking U.S. professor of history, on the basis of the diplomatic agreements in Europe and insider information as an professor of the elites explains the strategic aims of British policy from 1920 to 1938 as:

[T]o maintain the balance of power in Europe by building up Germany against France and [the Soviet Union]; to increase Britain’s weight in that balance by aligning with her the Dominions [e.g., Australia and Canada] and the United States; to refuse any commitments (especially any commitments through the League of Nations, and above all any commitments to aid France) beyond those existing in 1919; to keep British freedom of action; to drive Germany eastward against [the Soviet Union] if either or both of these two powers became a threat to the peace [probably meaning economic strength] of Western Europe [and most probably implying British interests]. [5]

In order to carry out this plan of allowing Germany to drive eastward against [the Soviet Union], it was necessary to do three things: (1) to liquidate all the countries standing between Germany and [the Soviet Union]; (2) to prevent France from [honouring] her alliances with these countries [i.e., Czechoslovakia and Poland]; and (3) to hoodwink the [British] people into accepting this as a necessary, indeed, the only solution to the international problem. The Chamberlain group were so successful in all three of these things that they came within an ace of succeeding, and failed only because of the obstinacy of the Poles, the unseemly haste of Hitler, and the fact that at the eleventh hour the Milner Group realized the [geo-strategic] implications of their policy [which to their fear united the Soviets and Germans] and tried to reverse it. [6]

It is because of this aim of nurturing Germany into a position of attacking the Soviets that British, Canadian, and American leaders had good rapports (which seem unexplained in standard history textbooks) with Adolph Hitler and the Nazis until the eve of the Second World War.

In regards to appeasement under Prime Minister Neville Chamberlain and its beginning under the re-militarization of the industrial lands of the Rhineland, Quigley explains:

This event of March 1936, by which Hitler remilitarized the Rhineland, was the most crucial event in the whole history of appeasement. So long as the territory west of the Rhine and a strip fifty kilometers wide on the east bank of the river were demilitarized, as provided in the Treaty of Versailles and the Locarno Pacts, Hitler would never have dared to move against Austria, Czechoslovakia, and Poland. He would not have dared because, with western Germany unfortified and denuded of German soldiers, France could have easily driven into the Ruhr industrial area and crippled Germany so that it would be impossible to go eastward. And by this date [1936], certain members of the Milner Group and of the British Conservative government had reached the fantastic idea that they could kill two birds with one stone by setting Germany and [the Soviet Union] against one another in Eastern Europe. In this way they felt that two enemies would stalemate one another, or that Germany would become satisfied with the oil of Rumania and the wheat of the Ukraine. It never occurred to anyone in a responsible position that Germany and [the Soviet Union] might make common cause, even temporarily, against the West. Even less did it occur to them that [the Soviet Union] might beat Germany and thus open all Central Europe to Bolshevism. [7]

The liquidation of the countries between Germany and [the Soviet Union] could proceed as soon as the Rhineland was fortified, without fear on Germany’s part that France would be able to attack her in the west while she was occupied in the east. [8]

In regards to eventually creating a common German-Soviet, the French-led military alliance had to first be neutralized. The Locarno Pacts were fashioned by British foreign policy mandarins to prevent France from being able to militarily support Czechoslovakia and Poland in Eastern Europe and thus to intimidate Germany from halting any attempts at annexing both Eastern European states. Quigley writes:

[T]he Locarno agreements guaranteed the frontier of Germany with France and Belgium with the powers of these three states plus Britain and Italy. In reality the agreements gave France nothing, while they gave Britain a veto over French fulfillment of her alliances with Poland and the Little Entente. The French accepted these deceptive documents for reason of internal politics (...) This trap [as Quigley calls the Locarno agreements] consisted of several interlocking factors. In the first place, the agreements did not guarantee the German frontier and the demilitarized condition of the Rhineland against German actions, but against the actions of either Germany or France. This, at one stroke, gave Britain the right to oppose any French action against Germany in support of her allies to the east of Germany. This meant that if Germany moved east against Czechoslovakia, Poland, and eventually [the Soviet Union], and if France attacked Germany’s western frontier in support of Czechoslovakia or Poland, as her alliances bound her to do, Great Britain, Belgium, and Italy might be bound by the Locarno Pacts to come to the aid of Germany. [9]

The Anglo-German Naval Agreement of 1935 was also deliberately signed by Britain to prevent the Soviets from joining the neutralized military alliance between France, Czechoslovakia, and Poland. Quigley writes:

Four days later, Hitler announced Germany’s rearmament, and ten days after that, Britain condoned the act by sending Sir John Simon on a state visit to Berlin. When France tried to counterbalance Germany’s rearmament by bringing the Soviet Union into her eastern alliance system in May 1935, the British counteracted this by making the Anglo-German Naval Agreement of 18 June 1935. This agreement, concluded by Simon, allowed Germany to build up to 35 percent of the size of the British Navy (and up to 100 percent in submarines). This was a deadly stab in the back of France, for it gave Germany a navy considerably larger than the French in the important categories of ships (capital ships and aircraft carriers), because France was bound by treaty to only 33 percent of Britain’s; and France in addition, had a worldwide empire to protect and the unfriendly Italian Navy off her Mediterranean coast. This agreement put the French Atlantic coast so completely at the mercy of the German Navy that France became completely dependent on the British fleet for protection in this area. [10]

The Hoare-Laval Plan was also used to stir Germany eastward instead of southward towards the Eastern Mediterranean, which the British saw as the critical linchpin holding their empire together and connecting them through the Egyptian Suez Canal to India. Quigley explains:

The countries marked for liquidation included Austria, Czechoslovakia, and Poland, but did not include Greece and Turkey, since the [Milner] Group had no intention of allowing Germany to get down onto the Mediterranean ‘lifeline.’ Indeed, the purpose of the Hoare-Laval Plan of 1935, which wrecked the collective-security system by seeking to give most Ethiopia to Italy, was intended to bring an appeased Italy in position alongside [Britain], in order to block any movement of Germany southward rather than eastward [towards the Soviet Union]. [11]

Both the Soviet Union, under Joseph Stalin, and Germany, under Adolph Hitler, ultimately became aware of the designs for the planning of a German-Soviet war and because of this both Moscow and Berlin signed a non-aggression pact prior to the Second World War. The German-Soviet arrangement was largely a response to the Anglo-American stance. In the end it was because of Soviet and German distrust for one another that the Soviet-German alliance collapsed and the anticipated German-Soviet war came to fruition as the largest and deadliest war theatre in the Second World War, the Eastern Front.

The Origins of the Russian Urge to Protect Eurasia

With this understanding of the Anglo-American strategic mentality of weakening Eurasia the ground can be paved for understanding the Russian mentality and mind frame for protecting themselves through protecting their European core and uniting  Eurasia through such organizations as the Warsaw Pact, the Collective Security Treaty Organization (CSTO), and the Shanghai Cooperation Organization (SCO), and such Russian policies as the Primakov Doctrine and allying Moscow with Iran and Syria.

As spheres of influence were carved in Europe, it was understood that Greece would fall into the Anglo-American orbit, while Poland, Bulgaria, Romania, Albania, Yugoslavia, and Czechoslovakia would fall within the Soviet orbit. Due to this understanding the Red Army of the Soviet Union watched as the Greek Communists were butchered and the British militarily intervened in the Greek Civil War. The reason for these agreements involving spheres of influence in Europe was that the Soviets wanted a buffer zone to protect themselves from any further invasions from Western Europe, which had been plaguing the U.S.S.R. and Czarist Russia.

In reality, the Cold War did not start because of Soviet aggression, but because of a long-standing historic impulse by Anglo-American elites to encircle and control Eurasia. The Soviet Union honoured its agreement with Britain and the U.S. not to intervene in Greece, which even came at the expense of Yugoslav-Soviet relations as Marshal Tito broke with Stalin over the issue. This, however, did not stop the U.S. and Britain from falsely accusing the Soviets of supporting the Greek Communists and declaring war on the Soviets through the Truman Doctrine. This move was a part of the Anglo-American  bid to encircle the Soviet Union and to control Eurasia. Today this policy, which existed before the First World War and helped spark the Second World War, has not changed and Anglo-American elites, such as Zbigniew Brzezinski, still talk about partitioning Russia, the successor state of the Soviet Union.

Mahdi Darius Nazemroaya is a Research Associate of the Centre for Research on Globalization (CRG) specializing in geopolitics and strategic issues.

NOTES

[1] British elites, however, had managed to incorporate themselves into the economic livelihood of the U.S., forming an Anglo-American elite and effectively separating themselves from the interests of the majority of British citizens.

[2] Mahdi Darius Nazemroaya, Plans for Redrawing the Middle East: The Project for a “New Middle East”, Centre for Research on Globalization (CRG),
November 18, 2006.

[3] Mahdi Darius Nazemroaya, The “Great Game”: Eurasia and the History of War, Centre for Research on Globalization (CRG),
December 3, 2007.


[4] China at this time was already being limited by Japan and before that by combined Japanese, Russian, and Western European policies. This would leave Germany and the U.S.S.R. as the two main threats to Anglo-American interests.

[5] Carroll Quigley, The Anglo-American Establishment: From Rhodes to Cliveden (San Pedro, California: GSG & Associates Publishers, 1981), p.240.

[6] Ibid., p.266.

[7] Ibid., p.265.

[8] Ibid., p.272.

[9] Ibid., p.264.

[10] Ibid., pp.269-270.

[11] Ibid., p.273.



mardi, 21 avril 2009

Conférence sur l'Eurasisme

Annonce de la prochaine conférence de Robert Steuckers sur l'"Eurasisme"

L'eurasisme? Nouvelle mouture du soviétisme ou innovation fondamentale qui reprend les règles du "Grand Jeu" qui avait opposé, au temps de Rudyard Kipling, la Russie des Tsars à l'Angleterre de la Reine Victoria, Impératrice des Indes?

Pour comprendre la dynamique pluriséculaire de la masse continentale eurasienne et de son centre géographique, fait de steppes semi-désertiques, entre l'Altai et la Volga, il faut remonter à la proto-histoire, quand les peuples cavaliers proto-iraniens se sont rendus maîtres de cet espace pour le céder, au fil de l'histoire, à leurs homologues huns, turcs et mongols, avant que les cosaques d'Ivan le Terrible et ses successeurs ne reprennent l'offensive.

Le géopolitologue britannique Halford John Mackinder disait: "Qui détient la Terre du Milieu (sibérienne), tient l'Ile du Monde et est donc maître de la planète". Or le pouvoir hégémonique des Britanniques hier et des Américains aujourd'hui ne vient pas de la maîtrise de ce vaste espace continental mais de celle de l'Océan Indien, Océan du Milieu, comme vient de l'expliquer dans les colonnes de "Foreign Affairs" l'essayiste américain Robert Kaplan.

L'histoire du monde serait-elle déterminée par la dialectique entre "Terre du Milieu" et de l'"Océan du Milieu"? N'est-ce pas la l'enjeu majeur des prochaines décennies du 21ème siècle? le nouveau "Grand Jeu" comme n'hésite pas à l'appeler Kaplan?

lundi, 23 juin 2008

Afghanistan: une guerre de 210 ans (2ième partie)

Afghanistan: une guerre de 210 ans (2ième partie)

par Robert Steuckers

La question du Danube

◊ La politique commune d'une Europe rendue à elle-même, à ses racines et ses traditions historiques, doit évidemment travailler à rendre la circulation libre sur le Danube, depuis le point où ce fleuve devient navigable en Bavière jusqu'à son embouchure dans la Mer Noire. Le problème de la navigation sur le Danube est fort ancien et n'a jamais pu être réglé, à cause de la rivalité austro-russe au 19ième siè­cle, des retombées des deux guerres mondiales dont la ri­va­lité hungaro-roumaine pendant l'entre-deux-guerres, et de la présence du Rideau de Fer pendant quatre décennies. Le dégel et la fin de la guerre froide auraient dû remettre à l'ordre du jour cette question cruciale d'aménagement territorial sur notre continent, dès 1989, dès la chute de Ceau­cescu. L'impéritie de nos gouvernants a permis aux A­méricains et aux Turcs de prendre les devants et de gêner les flux sur l'artère danubienne ou dans l'espace du bassin danubien. Une logique qu'il faut impérativement inverser.

Le corridor Belgrade/Salonique

◊ L'Europe doit avoir pour objectif de réaliser une liaison optimale entre Belgrade et Salonique, par un triple ré­seau de communications terrestres, c'est-à-dire autorou­tier, ferroviaire, fluvial (avec l'aménagement de deux rivières balkaniques, la Morava et le Vardar, selon des plans déjà prévus avant la tourmente de 1940, auxquels Anton Zischka fait référence dans C'est aussi l'Europe, Laffont, 1960). Le trajet Belgrade Salonique est effectivement le plus court entre la Mitteleuropa danubienne et l'Egée, soit le bassin oriental de la Méditerranée.  

◊ L'Europe doit impérativement se projeter, selon ce que nous appelons l'Axe Dorien, vers le bassin oriental de la Mé­diterranée, ce qui implique notamment une maîtrise stra­tégique de Chypre, donc la nécessité de forcer la Turquie à l'évacuer. L'adhésion prochaine de Chypre à l'UE devrait aussi impliquer le stationnement de troupes européennes (en souvenir des expéditions médiévales et de Don Juan d'Au­triche) dans les bases militaires qui sont aujourd'hui exclusivement britanniques. La maîtrise de Chypre permet­tra une projection pacifique de puissance économique en direction du Liban, de la Syrie, de l'Egypte et du complexe volatile Israël-Palestine (dont une pacification positive doit être le vœu de tous).   Libérer l'Arménie de l'étau turco-azéri  

◊ Dans le Caucase, la politique européenne, plus exacte­ment euro-russe, doit consister à appuyer inconditionnel­lement l'Arménie et à la libérer de l'étau turco-azéri. Face à la Turquie, l'Europe et la Russie doivent se montrer très fermes dans la question arménienne. Comme à Chypre, il con­vient de protéger ce pays par le stationnement de trou­pes et par une pression diplomatique et économique con­tinue sur la Turquie et l'Azerbaïdjan. Prévoir de sévères me­sures de rétorsion dès le moindre incident: si la Turquie possède un atout majeur dans sa démographie galopante, l'Europe doit savoir aussi que ces masses sont difficilement gérables économiquement, et qu'elles constituent dès lors un point faible, dans la mesure où elles constituent un bal­last et réduisent la marge de manœuvre du pays. Par con­sé­quent, des mesures de rétorsions économiques, plon­geant de larges strates de la population turque dans la pré­carité, risquent d'avoir des conséquences sur l'ordre public dans le pays, de le plonger dans les désordres civils et, par suite, de l'empêcher de jour le rôle d'"allié principal" des Etats-Unis et de constituer un danger permanent pour son environnement immédiat, arménien ou arabe. De même, le renvoi de larges contingents issus de la diaspora turque en Europe, mais uniquement au cas où il s'avèrerait que ces in­dividus sont liés à des réseaux mafieux, déséquilibrerait ai­sément le pays, au grand soulagement des Arméniens, des Cypriotes grecs, des Orthodoxes araméens de l'intérieur et des pays arabes limitrophes. Le taux d'inflation catastro­phi­que de la Turquie et sa faiblesse industrielle devrait, en tou­te bonne logique économique, nous interdire, de toute façon, d'avoir des rapports commerciaux rationnels avec Ankara. La Turquie n'est pas un pays solvable, à cause ju­ste­ment de sa politique d'agression à l'égard de ses voisins. Enfin, une pression à exercer sur les agences de voyage et sur les assureurs, qui garantissent la sécurité de ces voya­ges, limiterait le flux de touristes en Turquie et, par voie de conséquence, l'afflux de devises fortes dans ce pays vir­tuellement en faillite, afflux qui lui permet de se maintenir vaille que vaille et de poursuivre sa politique anti-hellé­ni­que, anti-arménienne et anti-arabe.  

◊ Dans la mesure du possible, l'Europe et la Russie doivent jouer la carte kurde, si bien qu'à terme, l'alliance amé­ricano-turco-azérie dans la région devra affronter et des mouvements séditieux kurdes, bien appuyés, et l'alliance entre l'Europe, la Russie, l'Iran, l'Irak et l'Inde, amplifi­ca­tion d'un axe Athènes-Erivan-Téhéran, dont l'embryon avait été vaguement élaboré en 1999, en pleine crise serbe.  

◊ En Asie centrale, l'Europe, de concert avec la Russie, doit apporter son soutien à l'Inde dans la querelle qui l'oppose au Pakistan à propos des hauteurs himalayennes du Ca­che­mire. L'objectif est d'obtenir une liaison terrestre inin­ter­rompue Europe-Russie-Inde. La réalisation de ce projet grandiose en Eurasie implique de travailler deux nouvelles petites puissances d'Asie centrale, le Tadjikistan persano­pho­ne et le Kirghizistan, point nodal dans le futur réseau de communication euro-indien. De même, le tandem euro-russe et l'Inde devront apporter leur soutien à la Chine dans sa lutte contre l'agitation islamo-terroriste dans le Sinkiang, selon les critères déjà élaborés lors de l'accord sino-russe de Changhaï (2001).  

Une politique arabe intelligente  

◊ L'Europe doit mener une politique arabe intelligente. Pour y parvenir, elle devrait, normalement, disposer de deux pièces maîtresses, la Syrie et l'Irak, qu'elle doit proté­ger de la Turquie, qui assèche ces deux pays en régulant le cours des fleuves Tigre et Euphrate par l'intermédiaire de barrages pharaoniques. Autre pièce potentielle, mais d'im­portance moindre, dans le jeu de l'Europe: la Libye, enne­mie d'Oussama Ben Laden, ancien agent de la CIA (cf. : Das­quié/Brisard, op. cit.). En Egypte, allié des Etats-Unis, l'Europe doit jouer la minorité copte et exiger une pro­tec­tion absolue de ces communautés en butte à de cruels at­tentats extrémistes islamistes. La protection des Coptes en Egypte doit être l'équivalent de la protection à accorder aux Orthodoxes araméens de Turquie et aux Kurdes.  

◊ L'Europe doit spéculer sur la future guerre de l'eau. L'al­lié secondaire des Etats-Unis au Proche-Orient, Israël, est dépendant de l'eau turque, récoltée dans les bassins artifi­ciels d'Anatolie, créés par les barrages construits sous Özal. L'Europe doit inscrire dans les principes de sa politique ara­be l'idée mobilisatrice de sauver le Croissant Fertile de l'assèchement (bassin des deux fleuves, Tigre et Euphrate, et du Jourdain). Ce projet permettra d'unir tous les hom­mes de bonne volonté, que ceux-ci soient de confession is­lamique, chrétienne ou israélite. La politique turque d'éri­ger des barrages sur le Tigre et l'Euphrate est contraire à ce grand projet pour la sauvegarde du Croissant Fertile. Par ailleurs, l'Egypte, autre allié des Etats-Unis, est fragilisée parce qu'elle ne couvre que 97% de ses besoins en eau, en dé­pit des barrages sur le Nil, construits du temps de Nas­ser. Toute augmentation importante de la population égyp­tien­ne accentue cette dépendance de manière dramatique. C'est un des points faibles de l'Egypte, permettant aux E­tats-Unis de tuer dans l'œuf toute résurgence d'un indé­pendantisme nassérien. Enfin, la raréfaction des réserves d'eau potable redonne au centre de l'Afrique, dont le Congo plongé depuis 1997 dans de graves turbulences, une impor­tance stratégique capitale et explique les politiques anglo-saxonnes, notamment celle de Blair, visant à prendre pied dans certains pays d'Afrique francophone, au grand dam de Pa­ris et de Bruxelles.   

Les risques qu'encourt l'Europe :

Perdante sur tous les fronts que nous venons d'énumérer, fragilisée par la vétusté de son matériel militaire, handi­ca­pée par son ressac démographique, aveugle parce qu'elle ne dispose pas de satellites, l'Europe court deux risques sup­plémentaires, incarnés par les agissements des réseaux trotskistes et par les dangers potentiels des zones de non-droit qui ceinturent ses grandes villes ou qui occupent le centre même de la capitale (comme à Bruxelles).

Deux exem­ples : les réseaux trotskistes, présents dans les syndi­cats français, et obéissant en ultime instance aux injonc­tions des Etats-Unis, ont montré toute leur puissance en dé­cembre 1995 quand Chirac a testé de nouveaux arme­ments nucléaires à Mururoa dans le Pacifique, ce qui dé­plaisait aux Etats-Unis. Des grèves sauvages ont bloqué la France pendant des semaines, contraignant le Président à lâcher du lest (Louis-Marie Enoch & Xavier Cheneseau, Les taupes rouges - Les trotskistes de Lambert au cœur de la Ré­publique, Manitoba, 2002; Jean Parvulesco, «Dé­cembre 1995 en France : "La leçon des ténèbres"», Ca­hier n°3 de la Société Philosophique Jean Parvulesco, 2°tri­mestre 1996 - Paru en encart dans Nouvelles de Sy­nergies Européennes, n°18, février-mars 1996).

Quant aux zo­nes de non-droit, el­les peuvent constituer de dangereux abcès de fi­xation, pa­ra­lyser les services de police et une par­tie des effectifs mi­litaires, créer une psychose de ter­reur et fo­men­ter des at­tentats terroristes. Les ouvrages de Guillau­me Faye, dans l'es­pace militant des droites fran­çaises, et surtout l'ouvrage de Xavier Raufer et Alain Bauer, pour le grand public avec re­lais médiatiques, démontrent claire­ment que les risques de guerre civile et de désordres de grande ampleur sont dé­sormais parfaitement envisageables à court terme. Une gran­de puissance extérieure est capa­ble de manipuler des "ré­seaux" terroristes au sein même de nos métropoles et de dé­stabiliser ainsi l'Europe pendant longtemps.   Notre situation n'est donc pas rose. Sur les plans historique et géopolitique, notre situation équivaut à celle que nous avions à la fin du 15ième siècle, où nous étions coincés entre l'Atlantique, res nullius, mais ouvert sur sa frange orientale par les Portugais en quête d'une route vers les Indes en con­­tournant l'Afrique, et l'Arctique, étendue maritime gla­ciaire an-écouménique, sans accès direct à des richesses com­me la soie ou les épices.

En 1941, les Etats-Unis éten­dent leurs eaux territoriales à plus de la moitié de la sur­fa­ce maritime de l'Atlantique Nord, confisquent à l'Europe son poumon océanique, si bien qu'il n'est plus possible de ma­nœuvrer sur l'Atlantique, d'une façon ou d'une autre, pour rééditer l'exploit des Portugais du 15ième siècle.   Les conditions du développement européen   En résumé, l'Europe a le vent en poupe, est un continent via­ble, capable de se développer, si:

◊ si elle a un accès direct à l'Egypte, comme l'avait très bien vu Bonaparte en 1798-99;

◊ si elle a un accès direct à la Mésopotamie, ou du moins au Croissant Fertile, comme l'avait très bien vu Urbain II, quand il prêchait les Croisades en bon géopolitologue avant la lettre; les tractations entre Frédéric II de Hohenstaufen et Saladin visent un modus vivendi, sans fermeture aux voies de communications passant par la Mésopotamie (Ca­lifat de Bagdad); la Question d'Orient, à l'aube du 20ième sièc­le, illustre très clairement cette nécessité (géo)­po­liti­que et la Guerre du Golfe de janvier-février 1991 constitue une action américaine, visant à neutraliser l'espace du Crois­sant Fertile et surtout à le soustraire à toute influence européenne et russe.

◊ si la route vers les Indes (terrestre et maritime) reste li­bre; tant qu'il y aura occupation pakistanaise du Jammu et me­naces islamistes dans le Cachemire, la route terrestre vers l'Inde n'existera pas).   L'épopée des Proto-Iraniens   Rappelons ici que la majeure partie des poussées européen­nes durant la proto-histoire, l'antiquité et le moyen âge se sont faites en direction de l'Asie centrale et des Indes, dès 1600 av. J. C., avec l'avancée des tribus proto-iraniennes dans la zone au Nord de la ligne Caspienne - Mer d'Aral - Lac Balkhach, puis, par un mouvement tournant, en direc­tion des hauts plateaux iraniens, pour arriver en lisière de la Mésopotamie et contourner le Caucase par le Sud. La Per­­se avestique et post-avestique est une puissance euro­péen­ne, on a trop tendance à l'oublier, à cause d'un mani­chéisme sans fondement, opposant un "Occident" grec-athé­nien (thalassocratique et politicien) à un "Orient" perse (chevaleresque et impérial), auquel on prête des tares fan­tasmagoriques.  

Quoi qu'il en soit, l'œuvre d'Alexandre le Grand, macé­do­nien et impérial plutôt que grec au sens athénien du terme, vise à unir le centre de l'Europe (via la partie macédo­nien­ne des Balkans) au bassin de l'Indus, dans une logique qu'on peut qualifier d'héritière de la geste proto-historique des Pro­to-Iraniens. L'opposition entre Rome et la Perse est une lutte entre deux impérialités européennes, où, à la char­niè­re de leurs territoires respectifs, dont les frontières sont mouvantes, se situait un royaume fascinant, l'Arménie. Ce ro­yaume a toujours été capable de résister farouchement, tantôt aux Romains, tantôt aux Perses, plus tard aux Arabes et aux Seldjoukides, grâce à un système d'organisation po­litique basé sur une chevalerie bien entraînée, mue par des principes spirituels forts. Cette notion de chevalerie spiri­tuel­le vient du zoroastrisme, a inspiré les cataphractaires sar­mates, les cavaliers alains et probablement les Wisi­goths, a été islamisée en Perse (la fotowwah), christianisée en Arménie, et léguée par les chevaliers arméniens aux che­­valiers européens. L'ordre ottoman des Janissaires en a été une imitation et doit donc aussi nous servir de modèle (cf. ce qu'en disait Ogier Ghiselin de Busbecq, l'ambas­sa­deur de Charles-Quint auprès du Sultan à Constantinople; le texte figure dans Gérard Chaliand, Anthologie…, op. cit.).  

Des Croisades à Eugène de Savoie et à Souvorov   Dans cette optique d'une histoire lue à l'aune des constats de la géopolitique, les Croisades prennent tout naturelle­ment le relais de la campagne d'Othon I contre les Magyars, vaincus en 955, qui se soumettent à la notion romaine-ger­manique de l'Empire.

Ces campagnes de l'Empereur salien, de souche saxonne, sont les premières péripéties de l'affir­ma­tion européenne. Après les Croisades et la chute de By­zan­ce, la reconquista européenne se déroule en trois actes: en Espagne, les troupes d'Aragon et de Castille libèrent l'Andalousie en 1492; une cinquantaine d'années plus tard, les troupes russes s'ébranlent pour reprendre le cours en­tier de la Volga, pour débouler sur les rives septentrionales de la Caspienne et mater les Tatars; il faudra encore plus d'un siècle et demi pour que le véritable sauveur de l'Euro­pe, le Prince Eugène de Savoie-Carignan, accumule les vic­toires militaires, pour empêcher définitivement les Otto­mans de revenir encore en Hongrie, en Transylvanie et en Au­triche. Quelques décennies plus tard, les troupes de Ca­therine II, de Potemkine et de Souvorov libèrent la Crimée. Cet appel de l'histoire doit nous remémorer les grands axes d'action qu'il convient de ne pas oublier aujourd'hui. Ils sont restés les mêmes. Tous ceux qui ont agi ou agiront dans ce sens sont des Européens dignes de ce nom. Tous ceux qui ont agi dans un sens inverse de ces axes sont d'abjects traî­tres. Voilà qui doit être clair. Limpide. Voilà des principes qui ne peuvent être contredits.  

Regards nouveaux sur la deuxième guerre mondiale  

Pour terminer, nous ramènerons ces principes historiques et géopolitiques à une réalité encore fort proche de la nô­tre, soit les événements de la seconde guerre mondiale, pré­ludes à la division de l'Europe en deux blocs pendant la guerre froide. Généralement, le cinéma et l'historiogra­phie, le discours médiatique, évoquent des batailles spec­ta­culaires, comme Stalingrad, la Normandie, les Ardennes, Monte Cassino, ou en montent de moins importantes en épingle, sans jamais évoquer les fronts périphériques où tout s'est véritablement joué. Or ces fronts périphériques se situaient tous dans les zones de turbulences actuelles, Afghanistan excepté. Soit sur la ligne Caspienne - Iran (che­mins de fer) - Caspienne, dans le Caucase ou sur la Volga (qui se jette dans la Caspienne) (cf. George Gretton, «L'ai­de alliée à la Russie», in Historia Magazine, n°38, 1968).  

Les Britanniques et leurs alliés américains ont gagné la se­conde guerre mondiale entre mai et septembre 1941. Défi­nitivement. Sans aucune autre issue possible. En mai 1941, les troupes britanniques venues d'Inde et de Palestine (cf. : H. Stafford Northcote, «Révolte de Rachid Ali - La route du pé­­trole passait par Bagdad», in Historia Magazine, n°20, 1968; Luis de la Torre, «1941: les opérations militaires au Pro­che-Orient», in : Vouloir, n°73/75, printemps 1991;  Mar­zio Pi­sa­ni, «Irak 1941: la révolte de Rachid Ali contre les Britan­ni­ques», in : Partisan, n°16, novembre 1990) en­va­hissent l'I­rak de Rachid Ali (cf. : Prof. Franz W. Seidler, Die Kolla­bo­ration 1939-1945, Herbig, München, 1995), qui sou­haitait se rapprocher de l'Axe. Les Britanniques dispo­sent alors d'une base opérationnelle importante, bien à l'ar­rière du front et à l'abri des forces aériennes allemandes et ita­­lien­nes, pour alimenter leurs troupes d'Egypte et de Li­bye. En juin et juillet 1941, les opérations contre les trou­pes de la France de Vichy au Liban et en Syrie parachèvent la maî­trise du Proche-Orient (cf.: Général Saint-Hillier, «La cam­pagne de Syrie», in: Historia Magazine, n°20, 1968; Jac­ques Mordal, «les opérations aéronavales en Syrie», i­bid.). Au cours des mois d'août et de sep­tem­bre 1941, l'Iran est occupé conjointement par des trou­pes anglaises et so­vié­tiques, tandis que des équipes d'ingé­nieurs américains ré­or­ganisent les chemins de fer iraniens du Golfe à la Ca­spienne, ce qui a permis de fournir, au dé­part des Indes, du ma­tériel militaire américain à Staline, en remontant, à par­tir de la Caspienne, le cours de la Volga (notons que les So­vié­tiques, en vertu des règles codifiées par Lea en 1912 —cf. supra—  n'ont pas été autorisés à de­meurer à Téhéran, mais ont dû se replier sur Kasvin).  

L'Axe n'a pas pu prendre pied à Chypre et la Turquie a con­servé sa neutralité "égoïste" comme le disait le ministre Me­ne­mencioglu (Prof. Franz W. Seidler, Die Kollaboration 1939-1945, Herbig, München, 1995); par conséquent, cet es­pace proche-oriental, au Sud-Est de l'Europe, a permis une reconquista des territoires européens conquis par l'Axe, en prenant les anciens territoires assyrien et perse comme base, en encerclant l'Europe selon des axes de pénétration imités des nomades de la steppe (de la Volga à travers l'U­kraine) et des cavaliers arabes (de l'Egypte à la Tunisie con­tre Rommel). Les opérations soviétiques dans le Caucase, grâ­ce au matériel américain transitant par l'Iran, ont pu dès l'au­tomne 1942, sceller le sort des troupes allemandes ar­ri­vées à Stalingrad et prêtes à couper l'artère qu'est la Volga. Les résidus des troupes soviétiques acculées aux contreforts septentrionaux du Caucase peuvent résister grâce au cor­don ombilical iranien. De même, les troupes allemandes ne peuvent atteindre Touapse et la côte de la Mer Noire au Sud de Novorossisk et sont repoussées en janvier 1943, juste avant la chute de Stalingrad (cf. : Barrie and Frances Pitt, The Month-By-Month Atlas of World War II, Summit Books, New York/London, 1989). Le sort de l'Europe tout en­tière, au 20ième siècle, s'est joué là, et se joue là, en­co­re aujourd'hui. Une vérité historique qu'il ne faut pas oublier, même si les médias sont très discrets sur ces é­pisodes cruciaux de la seconde guerre mondiale.  

De l'aveuglement historique  

L'"oubli" des opérations au Proche-Orient en 1941 et dans le Caucase en automne 1942 et en janvier 1943 profite d'une certaine forme d'occidentalisme, de désintérêt pour l'his­toi­re de tout ce qui se trouve à l'Est du Rhin, à fortiori à l'Est de la Mer Noire. Cet occidentalisme est une tare ré­dhi­bi­toire pour toutes les puissances, trop dépendantes d'une opinion publique mal informée, qui se situent à l'Ouest du Rhin. L'atlantisme n'est pas seulement un engouement im­bécile pour tout ce qui est américain, il est aussi et surtout un aveuglément historique, dont nous subissons de plein fouet les conséquences désastreuses aujourd'hui.  

En effet, l'Europe actuelle a perdu la guerre, bien plus cruel­lement que le Reich hitlérien en 1945. Jugeons-en: ◊ L'Atlantique est verrouillé (ce qui réduit à néant les ef­forts de Louis XVI, dont la flotte, commandée par La Pérou­se, avait ouvert cet océan au binôme franco-impérial).

◊ La Méditerranée orientale est verrouillée.

◊ La Mer Noire est également verrouillée.

◊ La voie continentale vers l'Inde est verrouillée.

◊ La "Route de la Soie" est verrouillée.

◊ Nous vivons dans le risque permanent de la guerre civile et du terrorisme.   La renaissance européenne, que nous appelons tous de nos vœux, passe par une prise de conscience des enjeux réels de la planète, par une connaissance approfondie des manœuvres systématiquement répétées des ennemis de notre Europe. C'est ce que j'ai tenté d'expliquer dans cet exposé. Il faut savoir que nos ennemis ont la mémoi­re longue, que c'est leur atout majeur. Il faut leur oppo­ser notre propre "longue mémoire" dans la guerre cogni­ti­ve future. Autre principe méthodologique : l'histoire n'est pas une succession de séquences, coupées les unes des autres, mais un tout global, dans lequel il est impos­sible d'opérer des coupures.  

Robert STEUCKERS, Dernière version : février 2002.   

Note:

/1/ A cette époque, l'Angleterre était alliée à la France pour dé­truire les Provinces-Unies des Pays-Bas, alliées au Brandebourg (la fu­­ture Prusse), à l'Espagne (pourtant son ennemie héréditaire), au Saint Empire et à la Lorraine. Les troupes d'invasion françaises, blo­quées par l'ouverture des digues, sont chassées des Provinces-Unies en 1673. Avec l'alliance suédoise, les Français retournent toutefois la situation à leur avantage entre 1674 et 1678, ce qui débouche sur le Traité de Nimègue, qui arrache au Saint Empire de nombreux ter­ritoires en Flandre et dans le Hainaut. Cet épisode est à retenir car les puissances anti-européennes, la France, l'Angleterre, la Suède et l'Em­pire ottoman se sont retrouvés face à une coalition impériale, re­­groupant puissances protestantes et catholiques. Les unes et les au­­tres acceptaient, enfin, de sauter au-dessus du faux clivage reli­gieux, responsable du désastre de la guerre de Trente Ans (comme l'a­vait très bien vu Wallenstein, avant de finir assassiné, sous les coups d'un zélote catholique). Cette alliance néfaste, d'abord diri­gée contre la Hollande, a empêché l'éclosion de l'Europe et explique les menées anti-européennes plus récentes de ces mêmes puissan­ces, Suède exceptée.