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samedi, 05 septembre 2020

Observations sur le devenir eunuque de la tyrannie en Occident

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Observations sur le devenir eunuque de la tyrannie en Occident

par Nicolas Bonnal

« Alors les requins arrivèrent et mangèrent les femmes et les enfants d’abord ».

La montée du totalitarisme se précipite en occident.  Ce totalitarisme n’est pas vraiment puritain comme le pense Shamir ; il est obsédé sexuel et il pousse jusqu’à l’abjection sa tendance sadique et perverse. Contrairement à ce que d’autres aussi pensent la cible n’est pas le mâle blanc, mais la possible famille, entité potentiellement naturelle et reproductrice,  qu’il s’agit d’éradiquer, en commençant du reste par les femmes et les enfants. Il s’agit donc de détruire les trois, la femme, l’enfant, l’homme. Comme disait Chesterton la famille est le seul Etat qui crée et aime ses citoyens, elle est donc l’Etat à détruire pour les princes de ce monde et leurs stewards.

ARIANE-BILHERAN.jpgCible enfantine ? La philosophe Ariane Bilheran rappelle à ce sujet :

« L’école n’accomplit plus sa mission, et chaque jour le niveau dégringole dans les égouts, laissant des générations à l’abandon, et des professeurs pieds et poings liés avec le sentiment qu’ils ne parviennent pas à accomplir leur mission, tout simplement parce que, si ces bases fondamentales ne sont pas acquises (au lieu de cela, je rappelle que l’OMS préconise d’enseigner « les relations sexuelles » avec pénétration » à l’âge de 6 ans – mention ajoutée dans la version en espagnol « con penetración », « avec pénétration », je renvoie à mon livre L’imposture des droits sexuels), rien ne pourra s’inscrire ensuite du côté des apprentissages intellectuels. »

L’obsession pédophile est officialisée à l’école, rappelle Ariane :

« Enfin, j’imagine que lorsque l’enfant subira les cours sur les « droits sexuels », avec l’enseignant « partenaire » (dont je rappelle qu’il s’agit d’un « éducateur sexuel » habilité par le ministère de la santé, et non pas d’un professeur de l’éducation nationale normalement constitué, cf. mon livre L’imposture des droits sexuels), le masque sera bien pratique pour le faire taire et le conditionner encore plus à se taire… »

Je vous laisse découvrir les trente pages (gratuites) de ce travail admirable et généreux (l’auteure a été virée de Facebook comme je le suis de…Google, coronavirus oblige). Et j’en viens à mon affirmation : l’affirmation d’un pouvoir de type eunuque au niveau occidental. Les hommes politiques n’ont plus de famille ou d’enfants, et on dirait que c’est pour cela qu’ils ont été choisis, de Merkel à Macron, et du Luxembourg à l’Irlande. La première ministresse finlandaise se vante d’avoir été éduquée par un couple de même sexe (il y a encore des sexes alors?). C’est même pour cela qu’elle a été choisie (car on n’élit plus personne, on maintient au pouvoir).

Enfin établissons une constatation ; ces personnalités sont autoritaires et adorent commander, surveiller, sanctionner. Leur pouvoir s’est étendu avec l’informatique et  le coronavirus leur a permis d’établir leur dictature. Je pense souvent à Hal 9000  et à sa voix asexuée dans 2001, et j’ai établi un lien dans mon livre sur Kubrick entre l’ordinateur et l’hermaphrodite. L’ordinateur désexualise l’humanité, alors on en profite. Chesterton a vu que l’Amérique était déjà une nursery en arrivant aux USA et que le citoyen du futur serait considéré comme un enfant. D’où la rage mondiale et mondialiste quand la Clinton ne fut pas élue…La révolte des « déplorables » fut jugée inqualifiable et la tyrannie virale a permis de le châtier (piquer) comme il se devait.

41VMQS9SW9L._SY291_BO1,204,203,200_QL40_ML2_.jpgCette réalité du pouvoir eunuque m’est  apparue en lisant Michel Maffesoli qui citait le chercheur hongrois Balazs. Pourquoi ? Parce que ces auteurs ont découvert (Balasz) et rappelé (Maffesoli) que les eunuques ont déjà gouverné le monde, avec leur gant de velours et leur main de fer. C’était dans l’empire chinois de la décadence.

Je cite Maffesoli qui va se faire attraper par la police :

« Dans son livre La bureaucratie céleste, l’historien de la Chine antique, Etienne Balazs, souligne la prédominance des eunuques dans l’organisation de l’Empire. Ne pouvant procréer ils élaborent une conception du monde dans laquelle un ordre abstrait et totalement désincarné prédomine. L’élément essentiel étant la surveillance généralisée. »

Puis il applique à notre triste époque :

« En utilisant, d’une manière métaphorique cet exemple historique, on peut souligner que la mascarade en cours est promue par la « bureaucratie céleste » contemporaine dont l’ambition est stricto sensu d’engendrer une société aseptisée dans laquelle tout serait, censément, sous contrôle. Et en reprenant la robuste expression de Joseph de Maistre, c’est toute « la canaille mondaine » qui sans coup férir s’emploie non pas à faire des enfants, mais à infantiliser la société : il faut en effet noter que pas un parti politique n’a osé s’élever contre le port du masque généralisé. »

En surgit un ordre puritain basé sur la technologie, donc éminemment anglo-saxon :

Ce qui montre bien, endogamie oblige, que c’est la classe politique en son ensemble, aidée par des médias aux ordres et soutenue par des « experts » soumis, qui est génératrice d’un spectacle lisse et sans aspérités. Mais l’hystérie hygiéniste, le terrorisme sanitaire, ne sont pas sans danger. Car c’est lorsqu’on ne sait pas affronter le mal que celui-ci se venge en devenant en son sens strict pervers : per via, il prend les voies détournées s’offrant à lui. »

Je ne partage pas la suite du texte qui évoque une réaction soi-disant un peu bestiale ; je suis plus pessimiste que cela. Comme l’a dit Paul Virilio peu avant de mourir, nous vivons dans une société de dissuadés.

md30420192686.jpgJe cite maintenant Etienne Balazs, qui a mieux souligné que Marcel Granet ou René Guénon les périls de cette société chinoise de l’époque baroque, apparemment sage et traditionnelle :

« Cette élite improductive tire sa force de sa fonction socialement nécessaire et indispensable, de coordonner, surveiller, diriger, encadrer le travail productif des autres. »

Et en effet cette élite eunuque s’occupe de tout, se mêle de tout et gère tout, un peu comme l’Etat bonapartiste décrié par Marx dans son fastueux 18 Brumaire.

  1. Taricat, un commentateur de Balazs, écrit sur la stérilisation de la société par cette élite eunuque qui fait tant penser à nos eurocrates :

« Mais c'est surtout par une répression plus subtile que cette classe dominante se reproduisait. Détenant le monopole de l'éducation, elle avait mis en place un régime d’enseignement et d'examens qui sélectionnait le recrutement des fonctionnaires ; cooptation, recommandations, examens permettaient la reproduction d'une élite intellectuelle présentant une uniformité de pensée tout à fait propice à la cohésion de l'appareil administratif. »

Cette classe, comme la mondialiste ou l’énarchie qui nous dirige, hait le petit capitalisme qui survivrait (services, hôtels, restauration, etc.), les petits entrepreneurs, les travailleurs autonomes :

« Outre cette raison, la principale entrave au développement capitaliste fut la mainmise totalitaire de l'Etat qui paralysait toute initiative privée, n'accordant le droit à l'investissement qu'à ses propres fonctionnaires (et uniquement pour l'investissement foncier). Nous voudrions ajouter à cette argumentation que te monopole d'exploitation de la main d'œuvre étant constamment détenu, par l'Etat, il n'y avait pas de travailleurs libres sur le marché, condition impérative, comme l'a montré Marx, du développement capitaliste. »

Elle a donc détruit la Chine et permit son invasion et son pillage par un occident toujours aussi inconscient de ses crimes et de sa bêtise.

Voilà où nous en sommes : et je rappellerai la fin de 2001 quand l’ordinateur extermine l’équipage qu’il juge impropre à mener la mission. On en revient aussi à Matrix et à cet objectif sinistre de liquider ce virus qu’est l’homme.

Sources :

Michel Maffesoli : Macron ventriloque de la farce masquée (le courrier des stratèges)

Étienne Balazs, La bureaucratie céleste : recherches sur l'économie et la société de la Chine traditionnelle, Paris, Gallimard, 1968

Taricat Jean. http://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1969_num_12_1_1221

Le moment paranoïaque (le déferlement totalitaire) face à la dialectique du maître et de l’esclave, Ariane BILHERAN

Bonnal – Kubrick (Dualpha, Amazon)

Les sept raisons pour lesquelles nous obéissons à l’autorité

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Les sept raisons pour lesquelles nous obéissons à l’autorité

 
 
Auteur : Tyler Durden
Ex: http://www.zejournal.mobi

Les rebelles sont une partie très importante de la société, mais ils obtiennent rarement la reconnaissance qu’ils méritent. Ils nous aident à briser les anciennes normes et nous empêchent de tomber dans la pensée de groupe.

Cependant, la nature humaine pousse la plupart d’entre nous à rester dans notre zone de confort, même si cela signifie moins de liberté ou des problèmes plus difficiles à résoudre.

Pourquoi tant de gens ignorent le monde extérieur ou le font passer pour le problème de quelqu’un d’autre jusqu’à ce qu’il atteigne leur propre porte ? Dans une vidéo récente, Brittany Sellner (Brittany Pettibone avant son mariage) décrit les sept raisons pour lesquelles les hommes obéissent à l’autorité, même lorsque c’est contre leur intérêt.

#1 Habitude

Comme chacun le sait, les habitudes sont extrêmement difficiles à rompre et même si nous avons des griefs sur l’état des choses, accepter notre réalité imparfaite nous semble préférable à la perspective décourageante du changement. À l’inverse… l’habitude cesse d’être un motif d’obéissance en temps de crise politique ; un peu comme ce que nous vivons actuellement à la suite du Covid. Bien que beaucoup d’entre nous ne voulaient pas changer leurs habitudes, celles-ci ont été modifiées de force pour nous.

#2 Obligation morale

La deuxième raison d’obéir est l’obligation morale qui est évidemment un motif que l’on trouve très souvent dans la religion, mais politiquement parlant… certains la considèrent comme une obligation morale de « 1) obéir pour le bien de la société », 2) « parce que le dirigeant a des facteurs surhumains tels qu’un être surnaturel ou une divinité », ce qui ne s’applique pas, à mon avis, à un trop grand nombre d’Américains… 3) Les gens considèrent qu’il s’agit d’une obligation morale d’obéir parce qu’ils « perçoivent le commandement comme étant légitime, du fait qu’il émane d’un émetteur ». Par exemple, un maire ou un officier de police [serait considéré comme tel], et 4) Les gens considèrent qu’il s’agit d’une obligation morale d’obéir en raison de la « conformité des ordres aux normes acceptées ». Par exemple, la plupart des gens pensent qu’un ordre tel que celui de ne pas commettre de meurtre est un ordre moral et, par conséquent, ils y obéissent.

#3 L’intérêt personnel

La troisième raison de l’obéissance est l’intérêt personnel et c’est peut-être l’un des motifs les plus courants de nos jours. Par exemple, la plupart des grandes entreprises sont immorales et cherchent à se servir des tendances sociales et politiques actuelles pour gagner de l’argent, un statut et l’approbation. Il suffit de regarder toutes les entreprises qui sont soudainement devenues des « champions de la justice sociale » après la mort de George Floyd ; aucune d’entre elles ne s’est souciée de la brutalité policière et de Black Lives Matter avant qu’il ne devienne dans leur intérêt de s’en préoccuper.

Cet intérêt personnel peut bien sûr s’étendre aux individus. Les personnes célèbres et non célèbres ont beaucoup à gagner en s’alignant, ou… il y a aussi un intérêt personnel négatif dans lequel la personne n’obéit pas simplement parce qu’elle va gagner quelque chose mais pour qu’elle ne perde pas tout : sa réputation, son emploi, son statut social et ses perspectives de carrière.

#4 Identification psychologique avec le dirigeant

La quatrième raison de l’obéissance est l’identification psychologique avec le dirigeant, ce qui signifie que les gens ont un lien émotionnel étroit avec le dirigeant, le régime ou le système. J’imagine que vous auriez rencontré beaucoup de ces situations dans la Russie communiste ou l’Allemagne nazie, par exemple.

#5 Zones d’indifférence

Le cinquième motif d’obéissance est extrêmement courant aujourd’hui : il s’agit des « zones d’indifférence », ce qui signifie que même si les gens ne sont pas pleinement satisfaits de l’état des choses, ils ont une marge d’indifférence ou de tolérance pour les aspects négatifs de leur société et de leur gouvernement.

#6 La peur des sanctions

La sixième raison de l’obéissance est la plus évidente… et c’est la « peur des sanctions », qui implique généralement la menace ou l’utilisation d’une forme de violence physique contre le sujet désobéissant et incite à l’obéissance par un pouvoir simplement coercitif, un pouvoir qui agit réellement sur les gens simplement par leurs craintes.

#7 Absence de confiance en soi

Enfin, la septième et dernière raison de l’obéissance est l’absence de confiance en soi chez les sujets, ce qui signifie que beaucoup de personnes n’ont tout simplement pas suffisamment confiance en elles, en leur jugement et en leurs capacités pour se rendre capables de désobéir et de résister.

Grâce à Internet, j’observe ce motif assez souvent. Des milliers de personnes décrient quotidiennement qu’elles sont malheureuses de l’état des choses et pourtant elles ne font rien parce qu’elles n’ont pas confiance en leur capacité personnelle à diriger, à organiser une manifestation pacifique, à lancer un mouvement, etc.

Bien que l’autorité puisse être légitime et significative, la résistance à des actes de violence inutiles ou à l’injustice draconienne du gouvernement est souvent meilleure pour l’individu et la société et montre plus de caractère que l’inaction.

Bien que cette liste ne soit certainement pas exhaustive, elle vous aidera peut-être à mieux comprendre votre propre rôle dans la vie et dans la société.

Regardez l’analyse de Brittany Sellner (VO anglais) :

Lire aussi : Le COVID-19 est-il le déclencheur d’un « nouvel ordre mondial » de stagnation économique et de destruction sociale ?

01:01 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : obéissance, actualité, autorité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Carlos X. Blanco: «La vida es un camino muy largo hacia el bosque»

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Carlos X. Blanco: «La vida es un camino muy largo hacia el bosque»

G.L. 

Ex: https://adaraga.com

Afortunadamente, no encontrarás La caballería espiritual en las estanterías de los más vendidos de Casa del Libro o de la FNAC. Y digo afortunadamente porque este libro de Carlos X. Blanco no ha sido escrito para ser deglutido por esa turba de consumidores compulsivos teledirigidos por los dominicales de El Mundo o El País sino para su degustación por paladares y mentes selectas. A caballo, nunca mejor dicho, entre la filosofía y la psicología (un espacio que nunca debió haberse perdido y que Carlos reivindica), esta obra sencilla pero de extraorinaria profundidad nos ayuda a elegir nuestro camino correcto para adentrarnos en la emboscadura.

G.L: La caballería espiritual comienza con una preciosa alusión al cuento infantil de Pulgarcito como estrategia vital y describes que «la vida es un camino muy largo hacia el bosque». ¿Qué nos aguarda en el bosque?

Carlos X. Blanco: El bosque es un lugar originario del que todos procedemos y hacia el que todos podemos volver, implica  una región densa y oscura;  entrar en el bosque significa «perdernos» en él; perderse en todos los sentidos de la palabra. Perderse o ser incapaces de retomar el hilo de nuestra existencia, no recordar quiénes somos, no hallar una salida. El bosque envuelve la libertad de las múltiples sendas, la región que esconde toda posible senda, pero también la ansiedad de no saber qué pasos dar, qué orientación seguir. El bosque libera de una vida trazada, pero también es angustia por la falta de diferenciación personal y por no saber resolver nuestros conflictos. El bosque está lleno de lobos y de ocasiones para perderse.

Otros filósofos, y en concreto me viene a la mente Ernst Junger, también se han referido al bosque. ¿Por qué el bosque es uno de los principales mitos europeos?

El bosque representa la realidad material primigenia, indiferenciada. La palabra griega hyle (materia) lo expresa muy bien. Significa materia y significa también el bosque,  la madera, esto es, la materia prima que sirve de base o que se considera receptora de las formas. Materia y madera son palabras relacionadas. Europa fue una selva que hubo de ser talada parcialmente en pro de la civilización. Sin embargo, esa selva europea perdida y añorada prosigue su existencia en el fondo del alma humana, al menos en la europea, y es el elemento base y el fondo primitivo al cual, no obstante, deseamos reintegrarnos. La cabaña, el templo, la empalizada, el poblado, eran aún de madera ya trabajada por el hombre en unos primeros momentos de la historia. La primera europeidad cultural era una secreción del bosque. El Levante, Egipto, el resto de Asia, en cambio, fueron tierras de grandes ríos, civilizaciones de la piedra o adobe, antes que de madera, fueron universos áridos reconquistados por  la ciudad, fueron regadíos y mercados esclavistas. En el mundo mediterráneo, como en Oriente, hay ya un alejamiento muy temprano de ese hogar boscoso, pues la cuenca de este mar se «civilizó» pronto, esto es, se secó, se taló, se superpobló desde hace miles de años. Desde la polis, desde la urbs, el hombre vio ya con temor y distancia esa primera patria de la que procede.

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En España nos ha sucedido lo mismo…

Sí, tenemos esa dialéctica entre el bosque atlántico-cantábrico, por un lado, y la llanura y costa sureña-levantina, por el otro. Los conceptos de civilidad y ruralidad difieren mucho en las distintas regiones del país. También ocurre algo muy importante en relación con la técnica. La caballería espiritual europea no puede divinizar la técnica: la pone al servicio de metas espirituales más altas.

Algunos conceptos capitales de Carl Gustav Jung son una constante a lo largo de esta obra como, por ejemplo, el inconsciente colectivo. En un mundo deshumanizado y cibernético como el actual, ¿todavía podemos hallarlo?

Si no lo encontramos, el propio inconsciente colectivo saldrá a nuestro encuentro. Lo hace en nuestros sueños, mueve las manos del artista o del escritor, modela creencias del hombre corriente y concentra altas dosis de energía para hacer las cosas de la vida. El inconsciente colectivo es un océano lleno de energía, repleto de vida, corrientes y mareas. Todo él es fuerza, empuje. El hombre domesticado y mecanizado de hoy, si no sabe manejarlo, sucumbirá. El mundo moderno es el mayor pecado contra la naturaleza. Seas o no creyente, has de saber que muchas de las propiedades esenciales que la psicología jungiana atribuye al inconsciente colectivo son co-extensivas con las que las religiones más poderosas espiritualmente hablando (verbigracia, el cristianismo) atribuyen a Dios. Ir contra esta fuerza es ir contra la naturaleza, y es la mayor de las herejías. No puedes enfrentarte a tal océano de energía. Religiosamente eso es pecado. Psicológicamente eso es enfermedad. Metafísicamente es ir contra el ser, significa despojarse de la manera más absoluta.

¿Podemos encontrar a Dios?

Se puede hallar. Amando a tus hijos y a tu pareja. Arraigándote en una patria y a una comunidad. Haciendo de tu familia y de los tuyos un remanso y una fortaleza, construyendo una pequeña patria invencible con ellos. Buscando ratos de soledad y de contacto con la naturaleza, leyendo signos de divinidad en tu interior y en tu derredor.

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«La vida psíquica es compensación». ¿Somos realmente libres o el censor que llevamos dentro nos lo impide?

La homeostasis, la búsqueda del equilibrio, la restauración de valores estables, forma parte de la vida orgánica y en la vida orgánica se verifican las mismas leyes que en la espiritual. En nuestro crecimiento y en nuestro combate contra la enfermedad, el pecado, el conflicto (en el fondo es todo lo mismo) contamos con un aliado, que es el propio proceso auto-curativo. El bien se hace camino, a cada paso se abren sendas para hallarlo. La verdadera espiritualidad (y dentro de ella, la religión) consiste en leer esos signos que hacen que no te pierdas, en aceptar esos dones y en no ser «rebelde» (diabólico) ante ellos. Mi ensayo La Caballería Espiritual es una pequeña brújula para orientarnos en ese crecimiento, para ser caballeros en el sentido medieval de una vida de servicio que acepta los dones pero también los sacrificios que la propia vida nos pide si queremos existir ennoblecidos, si deseamos ser dignos y no volver al lodo. El ser humano es, él mismo, un quicio. Somos, como dicen varios filósofos (Eugenio Trías, Manuel Fernández Lorenzo), seres fronterizos. Eso supone una gran dignidad pero también un gran riesgo, y antes que Jung o los pensadores citados, nos ha sido descrito muy bien por Santo Tomás de Aquino: semejantes a Dios, cercanos a los más ínfimos de los ángeles, pero muy por encima de las bestias. Así somos los hombres. Podemos bestializarnos o podemos deificarnos. De hecho nos deificamos un poco a diario cada vez que amamos, somos responsables o volcamos esfuerzo y espíritu de servicio.

«En mí está Todo». Una reflexión breve pero muy profunda. ¿Está capacitado el hombre del siglo XXI para saber quién es realmente?

Cada vez menos, pues nos vemos inmersos en un proceso brutal y satánico que consiste en la abolición de lo humano. El gran capital ha descubierto que la persona sobra, que le estorba ese animal racional que, incluso de manera inconsciente y confusa, busca deificarse. El gran capital ha descubierto que no solamente los bienes de la naturaleza o el fruto del trabajo pueden ser mercancías, sino que la propia mercancía humana es la más interesante para acumular beneficios, producir plusvalía. Y estamos en la transición horrenda de pasar de la esclavitud «enteriza» del individuo humano (cada cuerpo humano es tratado como una mercancía, ignorando su alma), a una esclavitud mucho más completa e interior, una especie de infección que afecta al compuesto humano mismo, a su alma y a las relaciones de su alma con cada una de las potencias del hombre.

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¿De qué forma estamos siendo esclavizados?

Somos un pequeño cosmos, y la colonización y esclavización de cada parte de ese universo humano que es cada persona, va siendo un proceso imparable. Introducir la tecnología en todas nuestras funciones más vitales, no ya simplemente para aliviar el dolor o la fatiga en el trabajo, paliar el hambre o mejorar la cosecha, sino para poder, simple y llanamente, vivir… es un gran pecado. Debemos armar una fuerza de caballería para rescatar esos santos lugares que son el alma de cada individuo. El mundo va mal porque yo voy mal. Qué simple es el pensamiento jungiano. Le acusan de gnóstico, pero en muchos puntos expresa el Evangelio al modo más católico.

¿Puede el hombre de hoy escapar de alguna manera de este mundo no ya alejado de sino enfrentado abiertamente a Dios?

Sí, sin dudarlo. Hay que crear refugios en la familia. Educar a los niños al margen, y a veces, en contra, de las directrices autoritarias del Estado, de la partitocracia, de la UNESCO, etc. Hay que hacer «asamblea», verdadero sentido de la palabra Iglesia (ecclesía) con aquellos que también buscan a Dios. También hay que formar comunidades equivalentes a los monasterios medievales, refugios de la cultura, de la espiritualidad, del humanismo clásico, en medio de un mundo bárbaro. Europa se está barbarizando a marchas forzadas, y la creación de una red de comunidades de personas que buscan, que anhelan el crecimiento y la sanación, que se resisten al proceso nivelador, que no desean la «muerte» de su radical singularidad, es de todo punto esencial.

Un concepto muy interesante que desarrollas en tu obra es el de «el hombre planta».

Tenemos raíces. Necesitamos suelo nutricio. No somos fácilmente trasplantables. El hombre-nómada no es un modelo para nuestra especie. Muy pocas personas pueden vivir sanas dentro del nomadismo moderno.  Debemos volver al terruño. Como creo que decía Sam Gamyi, el inolvidable personaje de El Señor de los Anillos, debemos cavar en nuestro huerto, cavar hondo. La lealtad a su señor Frodo se prolonga con la lealtad a su huerto, a su granja cargada de hijos, fruto del amor a su esposa. Sam echó raíces, pero ya las tenía desde el principio. Era leal a Frodo.

Ese concepto, el del «hombre planta», imbrica muy bien con el todo, como parte de una totalidad. ¿Qué es ese todo?

Somos un sistema, una totalidad ordenada y, como católico, te diré que formamos parte de un sistema o totalidad perfectamente jerárquica. Si sabemos no cortar raíces, respetarnos, ser leales, estamos contribuyendo al bien en que consiste ese todo. La caballería en la que debemos militar no es rebelde ante otra cosa que ante el mal. Nuestra bandera debe ser el bien. Cuando plantas un roble chiquitito y, al cabo de muchos años ves un árbol que te supera en altura, estás viendo una imagen del bien. Ese roble te dará sombra, te ofrecerá sus bellotas y permitirá que tus niños se encaramen a sus ramas. Debería ser obligatorio plantar árboles: ellos te recuerdan que somos parte del todo, ellos nos lanzan el mensaje de ser colaboradores y amigos tuyos. Si al todo lo llamas, según tus creencias, el bien o Dios, entonces estás siendo un co-laborador de lo más alto. Co-laborador: trabajar con, vives  como aliado, cooperador.

¿Cómo es ese todo?

No es un todo estático en el que te pierdes como la gota de agua en el mar, o la vaca negra en medio de una noche. Es el todo jerárquico donde la persona se halla feliz por ser importante en la escala que le corresponda. A todo niño deberíamos enseñarle a ser humilde por ser importante, único, imprescindible. Nadie sobra. No dejar traer al niño al mundo, impedir el sano desarrollo del feto es un crimen en el terreno metafísico, no sólo civil: esa persona, con todo su proyecto importante, con su puesto en la creación debidamente asignado, ha sido «abortado». El todo se revuelve con cada «interrupción voluntaria» de su dinámica única e intransferible. Es un crimen contra el Todo.

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Volviendo a Jung, a mi juicio, aciertas en señalar sus paralelismos con Hegel y aludes a una dialéctica común.

Ambos son grandes pensadores dialécticos. Hay en el alma, como en la realidad misma, un dinamismo inagotable. El mundo es lucha, oposición, síntesis, pero también la Psique humana es eso mismo. No tengo dudas: los mundos físicos, históricos, culturales, etc. , al igual que la psique humana, que es parte y a la vez espejo de esos otros mundos, son sistemas que buscan una diferenciación cada vez mayor. Y lo buscan por naturaleza, a pesar de esa corriente niveladora que nació con la modernidad. No podemos ser iguales, nunca lo seremos: la jerarquía del mundo implica una tendencia a la perfección. Un guijarro o un grano de arena ya son suficientemente perfectos en la playa donde reposan y se parecen demasiado a sus vecinos. Contienen toda la perfección que el mundo o el creador esperaban para ellos. El esfuerzo nos corresponde a nosotros, los hombres, que no somos guijarros uniformes arrojados en la playa. Siendo siempre imperfectos, debemos seguir las orientaciones y adentrarnos en el bosque, correr peligro y matar dragones. A mayor perfección de entrada, nunca absoluta, mayor esfuerzo de perfección para alcanzar el destino: nobleza obliga. La nobleza de que está investido el hombre, impone obligaciones y responsabilidades.

Perteneció a la escuela de Sigmund Freud pero rompió con su maestro. ¿Qué nos enseña Jung frente a Freud?

Que el ser humano no es una cloaca. Que nosotros somos espíritu. La verdadera psicología no es una para-física, un remedo de las ciencias naturales. Además de sexo, el ser humano es amor y crecimiento. No somos simplemente máquinas homeostáticas, sino líneas dinámicas que se orientan a un todo que, en el mundo mecanicista de hoy, nos lo quieren ocultar. Somos seres con vocación de servicio, somos caballería, orden monástica, asamblea de seres libres y capaces de caridad, y no, en modo alguno, una piara de cerdos.

Te muestras muy crítico con la psicología convencional, particularmente con la clínica, y reivindicas aquella «más amplia en intereses, valentía y profunidad». ¿Es el cientifismo el nuevo enemigo a batir?

Desde luego. Poseo formación en psicología experimental y neurociencias, y conocí demasiado bien a los «ratólogos», esos expertos en torturar roedores de laboratorio sin ton ni son, y conocí a pedantes conductistas, fieles seguidores de Skinner, que explicaban la mística de Santa Teresa, por ejemplo, en términos behavioristas o de drogadicción. Los freudianos reducirían la mística a la frustración sexual, etc. La psicología clínica actual, la de las más diversas sectas y escuelas que quiere ayudar a los pacientes basándose en experimentos con ratas o perros, o en abstracciones y modas americanas (la «inteligencia emocional», etc.) no es la sino terapia mecanicista acorde con un mundo-máquina, es un «servicio» que en realidad no cura nada y se limita a dar nombres raros a problemas existenciales de la persona, para los que no ofrece verdaderas salidas, sólo «modelos» para dar de comer a unos miles de titulados, cuando lo que ofrecen en venta no son, en gran medida, sino humo bien empaquetado, fraudes, cuando no simples placebos.

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Vivimos en una sociedad obsesionada con la medición, la productividad y la eficacia. ¿Todavía queda espacio para aquello que, afortunadamente, no es medible ni es necesario que lo sea?

Sí, pero para ello habría que ir sustituyendo las ciencias «modernas» (economía, psicología, sociología…) por la metafísica. A fin de cuentas, no son ciencias: son metafísica barata, remedos. No hay salvación para el mundo si no volvemos a la metafísica y a la sacra doctrina. Habría que replantearse lo que fue la «Revolución Científica». Se quiso presentar como una ruptura con la sabiduría medieval. Triunfó la perspectiva de la cantidad, que es sólo una de las categorías del ser. Hoy en día todo se quiere medir o cuantificar, pero a veces no tenemos ni la más remota idea de lo que estamos midiendo (véase el ejemplo de la Inteligencia: ¿Qué es la inteligencia?, pues lo que miden los tests de inteligencia). Por encima de todas las ciencias, está la sabiduría. La propia fe no se enfrenta a las ciencias. La verdadera fe es una sabiduría superior al conjunto de las ciencias particulares. No es irracional, como empezó a pensarse después de Occam y tras la reforma de los protestantes. Es, por el contrario, suprarracional. Esto significa que la propia razón y la medida, sin despreciarlas ni mucho menos, deben subordinarse a la meta más alta.

«Gran parte de lo que hoy se llama ciencia no es conocimiento, es basura».

La pandemia del coronavirus lo demuestra. Se nos llenaba la boca con la «ciencia» moderna, en realidad con la tecnología al servicio de trasnacionales depredadoras y poderes militares, pero no podemos con este virus. Un niño posee un móvil con microprocesadores y minicámaras de última generación, pero no llega el agua potable a muchas aldeas y poblados en el mundo. Una «ciencia», así, permíteme, es una porquería. O buscamos un conocimiento cierto fundando en la búsqueda de causas verdaderas, con unas conclusiones necesarias que se derivan de principios de evidencia firme, o no tenemos ciencia. Manipular variables, construir juguetitos o publicar artículos «salami» en «revistas de impacto» no es ciencia… es añadir más porquería del mundo moderno. Un mundo que no hace otra cosa: producir la más espesa y olorosa de las porquerías.

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Carlos X. Blanco: La caballería espiritual. Editorial EAS (Noviembre de 2018)

Imagen: Nadine Doerlé: Armadura de caballero

Novlangue, langue de coton et autres langues de censure

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Novlangue, langue de coton et autres langues de censure

par François-Bernard Huyghe

Ex: https://www.cairn.info

Contrôler la langue c’est pouvoir contrôler et orienter les populations. Des jargons professionnels à l’écriture inclusive, tout un arsenal s’étend pour faire de la nécessaire mise en ordre des mots et des propos une mise au pas des idées. Censure officielle et autocensure individuelle peuvent se conjuguer au service d’un totalitarisme verbal, régnant en faveur d’un supposé bien.

La plupart des lecteurs conviendront que la langue (système de signes a priori fait pour cela) sert à communiquer. Mais elle fait aussi intérioriser un pouvoir : utiliser certains mots, d’une certaine façon, interdit de penser certaines idées.

Jargon, novlangue et langue de coton

Parmi les langues de pouvoir, nous distinguerons trois familles (ou trois logiques principales) : la famille jargon, la famille novlangue et la famille langue de coton. Étant entendu qu’il y a énormément de mariages et cousinages entre les trois branches.

Les jargons sont des langues spécifiques à des catégories sociales ou professionnelles. Ils permettent de se comprendre à l’intérieur d’un cercle et d’exclure les non-initiés (comme les argots dans les groupes marginaux). Globalement, un jargon sert à s’identifier à une communauté (« je maîtrise les codes »), et à faire sentir aux autres qu’ils n’en sont pas (« ils ne comprennent pas »). Il en résulte souvent, grâce à des termes ésotériques, techniques ou savants, un effet de persuasion (« puisque je ne comprends pas, ce doit être vrai »). La sidération fonde l’autorité. Et le mystère, la soumission.

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La novlangue a une origine bien précise : le génial roman d’Orwell 1984 décrit comment le pouvoir de Big Brother développe scientifiquement un néovocabulaire et une néosyntaxe. Le but est de remplacer l’ancienne langue naturelle par le newspeak. La fonction est d’empêcher la formulation de toute critique afin de produire une soumission idéologique. Pour cela, des bureaucrates suppriment une partie du vocabulaire et réassignent un sens nouveau à d’autres (le fameux « la guerre, c’est la paix, la vérité, c’est le mensonge »). L’usage révisé devient obligatoire et, dans les mots forgés par le parti, s’exprime l’adhésion à la doctrine. Toute représentation de l’histoire et de la réalité est parallèlement modifiée par les médias et les archives sont réécrites suivant la ligne politique. Le système repose sur le couple interdiction plus automaticité. Les phrases, purifiées des mots inutiles, s’enchaînent pour mener aux conclusions souhaitées. Parallèlement, la « doublepensée » permet d’assumer des contradictions évidentes. Essentiellement idéologique, la novlangue suppose un ennemi, coupable du mal par excellence : la « crimepensée », c’est-à-dire le seul fait de concevoir (et nommer) le monde autrement que Big Brother.

« Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement limité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées… La Révolution sera complète quand le langage sera parfait. »
George Orwell, 1984.

Certes la novlangue n’a jamais été parlée que dans le roman, mais elle se réfère à la « sovietlangue », ou langue de bois soviétique, outil historique d’une logocratie : une parole officielle formalisée et dont la répétition obligatoire s’impose à tous. Elle sert à occulter la réalité (les échecs du régime ou les contradictions de la doctrine). Elle contraint chacun à feindre de croire en un monde imaginaire où ladite doctrine fonctionnerait parfaitement. Mentionnons aussi une LTI (« lingua terti imperi », langue du Troisième Reich) nazie que s’imposaient les membres du parti. Totalitarisme et contrôle du langage entretiennent un lien évident. La recherche de la prévisibilité maximale : conformité de toute parole, même dans des échanges privés. Donc contrôle maximal des esprits qui ne maîtriseront plus de codes pour penser autrement.

huyghe_1991_coton_couv-1-649x1024.jpgLa troisième catégorie de notre typologie ne fonctionne pas par les conventions d’une minorité ou par la contrainte des autorités : elle est si consensuelle, si peu discriminante, si floue qu’il n’est plus possible de dire le contraire. Cette « langue de coton » a particulièrement fleuri à la fin des années 1980, dans les discours médiatique, politique et technocratique. Irréfutable parce que l’on ne peut pas énoncer la thèse opposée, elle dit des choses tellement imprécises ou moralement évidentes qu’il est impossible de savoir à quelle condition son message pourrait être reconnu faux tant il offre d’interprétations. On reconnaît la langue de coton à ce que ses concepts sont interchangeables. Les mêmes mots peuvent servir à parler de n’importe quoi d’autre.

« Cela dit, dès que l’on échappe au physicalisme des rapports de force pour réintroduire les rapports symboliques de connaissance, la logique des alternatives obligées fait que l’on a toutes les chances de tomber dans la tradition de la philosophie du sujet, de la conscience, et de penser ces actes de reconnaissance comme des actes libres de soumission et de complicité. »
Interview non parodique de Pierre Bourdieu parue dans Libération en 1982.

En résumé, les jargons jouent sur le ressort de l’incompréhension (sens ésotérique), les novlangues et sovietlangues sur l’interdiction et la prescription (sens obligatoire) et la langue de coton par exclusion de la critique (vidée de sens).

Politiquement correct et écriture inclusive

Cela posé, à quoi ressemblent les langues idéologiques d’aujourd’hui ? Le lecteur se doute que nous allons répondre : un peu des trois. Mais d’autres facteurs plus récents s’ajoutent.

Le premier est le « politiquement correct ». Dans la décennie 1980, on commence à employer l’expression aux États-Unis (vite abrégée en PC pour political correctness). Ce sont des formules et vocables qui se réclament d’une vision ouverte et moderne du monde. Elle impose de reformuler les façons anciennes de nommer certaines catégories de gens ou certaines notions. Non seulement le PC multiplie les interdits et les expressions figées (avec périphrases ridicules), mais il le fait au nom d’un impératif : ne pas offenser telle catégorie – minorités ethniques, femmes – telle forme de sexualité, tel handicap, tel mode de vie, telle conviction. Le tout pour ne pas discriminer. Des phrases sont bannies non parce qu’elles seraient fausses (rappelons que nommer, c’est discriminer, pour bien distinguer ce dont on parle de tout le reste), mais parce qu’elles provoqueraient une souffrance ou une humiliation. Elles révéleraient une domination. Le parler ancien serait plein de stéréotypes, globalement imposés par les hommes blancs hétérosexuels prospères et conservateurs. Lexique et grammaire (prédominance du masculin en français) refléteraient un rapport de pouvoir à déconstruire. Pour le remplacer par un langage convenu (par qui, au fait ?) et de nouveaux rapports de respect et de tolérance.

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Ce raisonnement repose sur trois présupposés. D’abord que ceux qui ont produit la langue jusqu’à présent (le peuple et les écrivains) ignoraient la nature oppressive de la langue et, partant, étaient complices des dominants. Seconde idée : une minorité éclairée est, elle, en mesure de déconstruire le complot séculaire et de fixer les bonnes dénominations source des bonnes pensées. Troisième postulat : imposer la pensée correcte par les mots rectifiés, c’est supprimer la source du mal, dans la tête. Cela permet de criminaliser toute critique : par les mots mêmes que vous employez, ou votre refus du PC, vous êtes du côté des oppresseurs et des abrutis. Donc vous ne pensez pas vraiment : votre tête est pleine de stéréotypes dont nous allons vous guérir.

À un degré plus avancé, se développe l’écriture inclusive, qui, au mépris de la grammaire, impose des contorsions destinées à établir l’égalité entre masculin et féminin. Le but est que personne ne puisse se sentir mal représenté ou lésé par l’orthographe. Double bénéfice : ceux qui l’adoptent se forment au dogme et ceux qui la maîtrisent manifestent leur supériorité morale. On gagne à tous les coups : qui ne parle pas comme moi (par exemple, qui doute de la « théorie du genre ») ne pense littéralement pas, il a des fantasmes et des haines. Et comme la langue est performative (elle a des effets dans la vie réelle), il est comme responsable de quelques crimes relevant du sexisme, du patriarcat, du colonialisme.

« Quand il·elle·s sont tout neuf·ve·s,
Qu’il·elle·s sortent de l’oeuf,
Du cocon, Tou·te·s les jeunes morveux·euse·s
Prennent les vieux·vieilles mecs·nanas
Pour des con·ne·s.
Quand il·elle·s sont d’venu·e·s
Des têtes chenues,
Des grison·ne·s,
Tous les vieux fourneaux
Prennent les jeunot·te·s
Pour des con·ne·s. »
Chanson de Georges Brassens traduite en écriture inclusive.

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Amusant paradoxe : si la novlangue de Big Brother s’assume comme langue d’autorité, le politiquement correct se pare des prestiges de la critique. S’il s’impose c’est, disent ses partisans, pour nous libérer et parce que nous étions aliénés. Ce qui lui permet, en toute bonne conscience, de transformer des opinions adverses en délits. Le jour où nous parlerons comme des robots, nous serons totalement libres.

Marqueurs progressistes et marqueurs conservateurs

Bien entendu, la plupart des éditorialistes ou des hommes politiques ne parlent pas comme des décoloniaux intersectionnels queers. Leur discours, surtout à l’heure du « en même temps », fonctionne plus banalement avec un stock de mots éprouvés et rassurants : compétitivité, ouverture, société civile, transition écologiste, parité, décentralisation, attentes sociétales, participation citoyenne, dimension européenne, dialogue. La tendance à la standardisation se renforce avec des tics verbaux comme « être en capacité de » ou « dans une logique de dialogue ». De ce point de vue, le discours macronien n’est pas fondamentalement différent de la rhétorique progressiste libérale-libertaire typique des classes dominantes européennes. Mélangeant parler techno-libéral et inévitable appel aux valeurs, il opte pour le sens le moins discriminant possible et les affirmations les plus tautologiques et morales. Le tout sous le chapeau du « progressisme », dont on croit comprendre qu’il consisterait à accorder plus de droits et de libertés à chacun dans un cadre de prospérité et de sécurité. Difficile d’être férocement contre.

« Les valeurs qui avaient guidé la construction des démocraties libérales sont remises en cause, les clivages politiques traditionnels disqualifiés, les débats encombrés d’idées bradées en une poignée de signes, d’opinions brandies comme des vérités, et débitées dans une accélération frénétique… Contre les vents contraires de l’Histoire, la pression des idées reçues et les idéologies avançant sous le masque d’un prétendu pragmatisme […]. Réconcilier le savant, le politique et le citoyen, faire le pari de la raison et de l’intelligence collective pour retrouver le chemin d’un progrès devenu si difficile à définir. »
Texte non parodique de présentation de la collection « Raison de plus », chez Fayard.

Le problème de cette néo-langue de coton est qu’elle suscite deux fortes oppositions, celle du réel et celle de couches sociales rétives au parler d’en haut.

Une grande partie du discours des élites consiste, sinon à dire que tout va bien et qu’il n’y a pas d’alternative, du moins à faire oublier les réalités déplaisantes. D’où un code du déni. Le citoyen moyen a une idée de ce que cachent des euphémismes comme : mineurs non accompagnés, dommages collatéraux, drague qui a mal tourné, individu déséquilibré muni d’un couteau, islamiste modéré, échauffourées dans un quartier sensible, faire société, croissance négative ou restructuration de l’entreprise.

L’autre menace pour la langue dominante serait que les dominés ne la pratiquent guère. Quiconque a fréquenté un rassemblement de Gilets jaunes a compris que l’on n’employait pas les mêmes périphrases que sur les plateaux de télévision et dans les beaux quartiers. Mais il y a plus : quand une domination idéologique recule, cela se traduit aussi par une lutte du vocabulaire. En sens inverse : de repentance à bobos, de mondialisme à immigrationnisme, d’oligarchie à extra-européen, d’islamo-gauchisme à dictature de la bien-pensance, certains termes sont devenus des marqueurs conservateurs. Autant de termes mauvais à dire et de thèmes mauvais à penser pour les tenants d’une hégémonie qui se réclame du progrès et de l’ouverture.

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Sans parler des lois contre les fake news, de la lutte contre le discours de haine, les bons esprits veulent démasquer et endiguer le discours réac paré d’un charme sulfureux anti-establishment et subversif. D’autant qu’il dénonce la censure conformiste et le totalitarisme latent des bien-pensants en un singulier retournement. Du coup, on s’inquiète de la montée intellectuelle du « national-populisme ». Comme si un certain héritage – Lumières, Mai 68, multiculturalisme – était menacé par une « révolte contre la révolte » des réactionnaires. Et comme si leur reconquête intellectuelle passait aussi par les mots.

Certains termes agissent comme des déclencheurs. Ainsi, même en période de coronavirus et tandis que de nombreux pays ferment les leurs, le seul emploi du mot « frontière » suscite un rire méprisant et un soupçon politique (« relents identitaires » ?). Peuple, nation, dictature médiatique, élites, étranger, oligarchie, islamiste, culture, identité, sont des marqueurs dont l’emploi sur un plateau de télévision ne peut que déclencher en riposte un « mais qu’entendez- vous par là ? » ironique. La question est en réalité une mise en cause destinée à bien marquer la différence entre, d’une part, un langage totem démocratique apaisé d’ouverture qui va de soi, et, d’autre part, des termes tabous qui pourraient bien dissimuler des stéréotypes archaïsants, des arrière-pensées suspectes et le début d’un langage totalisant.

On répète souvent la phrase de Confucius, « pour rétablir l’ordre dans l’empire il faut commencer par rectifier les dénominations », ou celle de Camus, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Et c’est vrai. Mais encore faut-il se rappeler que le désordre et la confusion des mots servent les détenteurs d’un pouvoir : celui de nommer ou d’occulter.

Mis en ligne sur Cairn.info le 08/07/2020