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vendredi, 27 novembre 2020

Sorel, au-delà de la raison ?

Si vous passez un jour dans l’Ain, faites un détour par la petite ville de Tenay, à l’est d’Ambérieu en Bugey. Puis faites un détour au cimetière pour rendre hommage à Georges Sorel. Il y est enterré dans le caveau de la famille David où il repose à côté de sa compagne Marie Euphrasie David. Georges Sorel mérite bien qu’on se souvienne de lui, tant son apport reste important, y compris pour décoder le monde actuel. Sociologue et théoricien du syndicalisme révolutionnaire il a beaucoup réfléchi pour défendre le monde ouvrier. Très tôt il prit parti en faveur du peuple, et se mobilisa pour sa défense. Dans le syndicalisme (qu’il voulait révolutionnaire, SR) il vit une école de combat pour plus de justice sociale. L’ouvrier pour sortir de son quotidien et s’émanciper devait redécouvrir le goût de la lutte pour s’élever intellectuellement, et ne pas accepter d’être relégué au seul rang de combattant contre sa misère salariale.

9782825119709_1_75.jpgLa Démocratie n’est que mensonge et tromperie

Dénonçant la société bourgeoise et marchande il luttera contre les valeurs de l’argent, voyant dans le mouvement ouvrier un des seuls contre poids viable contre la corruption du système démocratique, aux ordres de l’oligarchie naissante. Le refus de soumission au pouvoir démocratique était vu aussi comme un moyen de destruction des illusions qu’entretiennent les politiques et les gouvernants, afin de rendre impossible leur domination. Il dénoncera déjà les parasites “profiteurs”, et les directeurs de la pensée : menteurs en tout genre (parlementaires, politiques, intellos, journalistes, …). Tous ceux qui ne produisent pas grand-chose et qui prospèrent malgré tout. Pour lui, reculer devant la lutte à entreprendre contre la démocratie, c’était renoncer à tout espoir de supprimer les mensonges qui empêchent nos contemporains de bien connaitre la valeur des choses. Contre la démocratie trompeuse, il militera pour une stratégie par le bas, fondée sur l’autonomie ouvrière par opposition à la stratégie par le haut, subordonnée à la lutte électorale pour la conquête du pouvoir. Dans la Commune de Paris, il vit le levier de la révolution en tant qu’organisation sociale naturelle, car locale, des producteurs, opposé à l’Etat comme forme artificielle (politique s’en remettant aux partis, suffrage universel et représentation).

La grandeur d’âme plutôt que la médiocrité

Ayant une profonde hantise de la décadence il comprit aussi très rapidement au contact de la société humaine, que les temps d’avilissement ont occupé une grande place dans l’histoire car les hommes accueillent toujours avec plus de facilité la médiocrité que la grandeur. De ces premiers constats réalistes il militera pour le dépassement de soi par des valeurs nobles et la formation des hommes qui veulent rester libres. Il acquit alors une profonde conviction sur la nécessité d’organiser librement la société à partir du bas, et non pas autoritairement à partir du haut. Croyant à l’autonomie il poussera le monde ouvrier à se former pour s’améliorer et à en faire une exigence du quotidien. Luttant contre les penchants naturels de l’homme à s’avilir, il se battra pour réhabiliter la valeur travail ! Pour Sorel il n’y avait que deux “aristocraties” : celle de l’épée, et celle du travail ! Dans son esprit il fallait réhabiliter les valeurs nobles, au sens romain ou grec du terme, pour tirer la tranche la plus courageuse du peuple vers le haut, montrant ainsi l’exemple et redonnant espoir aux autres.

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L’action directe et l’exemple comme moteurs pour engager le combat

Il prônera l’action directe, celle qui permettra aux travailleurs de mettre en œuvre leurs actions, avec leurs propres ressources. La volonté d’action directe à la base de chaque cellule étant vu comme moyen d‘action sur le patronat, et une affirmation de la déclaration de guerre faite au monde bourgeois. Les efforts doivent être entrepris par des minorités conscientes, qui par leur exemple mettent en branle et entrainent les masses. L’exemplarité sera mise en exergue comme moteur réel pour inciter à agir. À travers “l’exemple”, on éloigne les intellectuels de salons, ceux qui ne concrétisent rien, et on se confronte à soi-même, tout en incitant les autres à vous suivre…

Démocratie et parlementarisme comme outils de domination de la bourgeoisie

Opposés aux Marxistes voulant conquérir l’État, Sorel et les Syndicalistes Révolutionnaires voulaient le détruire. Rejetant la suprématie politique, ils rejettent du coup le parlementarisme, car le suffrage universel est vu comme un piège. En participant au jeu démocratique, le peuple finira par adopter le langage/système de pensée de la classe dominante (c’est criant d’actualité). L’Anti-démocratisme provient de la haine du rôle coercitif joué par l’état contre les révoltes ou insurrections populaires. La Démocratie libérale et parlementaire est vue comme une forme de la domination bourgeoise, et la Démocratie est donc rejetée en bloc, car associée au libéralisme, au régime des partis, à l’État ou le politique est un de leurs outils. Et tout ce beau monde en vient à faire l’apologie du tout économique, puisque ce système les fait vivre !

Il faudrait répudier les partis et se tenir à l’écart d’une société gouvernée par les possédants, et une église qui accompagnait parfois, et qui privilégiaient leurs intérêts. Il préconise de mettre en œuvre une démocratie de base, directe et participative : le fédéralisme (y compris ouvrier). Sa haine de la démocratie provient aussi de la nécessité de se séparer du bourbier démocratique qui conduit à tout mêler, à nier les antagonismes et à les faire disparaitre : avant son heure il militera pour le respect de la diversité et des identités ! Même l’idée de liberté à laquelle il est attaché ne saurait réconcilier les classes, car la liberté bourgeoise équivaut à la sujétion des producteurs, et le droit ouvrier est la négation du droit bourgeois !

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La violence pour s’opposer à la force injuste de l’Etat et de ses lois

Déjà à l’époque on voyait poindre l’oscillation de la bourgeoisie qui recherche parfois la protection de l’Etat, et qui parfois veut l’empêcher de légiférer, au nom de la “main libre du marché”. La violence ouvrière, notamment à travers la grève générale, est envisagée comme arme ultime pour s’opposer à la force injuste de l’Etat et de la loi. Cette violence (=combat) est nécessaire pour imposer un nouvel ordre social car la démocratie est aux mains des nantis. Dans la violence Sorel voit la légitimité du désespoir. Quand le peuple est poussé à bout, tel Encélade qui dans la mythologie grecque, pour se plaindre de ses douleurs, est obligé de provoquer des tremblements de terre… Blanqui disait déjà la même chose : « Oui, Messieurs, c'est la guerre entre les riches et les pauvres : les riches l'ont voulu ainsi ; ils sont en effet les agresseurs. Seulement ils considèrent comme une action néfaste le fait que les pauvres opposent une résistance. Ils diraient volontiers, en parlant du peuple : cet animal est si féroce qu'il se défend quand il est attaqué ».

Dans la mémoire du mouvement ouvrier, les répressions violentes exercées par les différents pouvoirs sont nombreuses. Voir comment Jack London le raconte dans Le Talon de fer. Sorel et les Soréliens estiment que tout se juge selon la lutte des classes, et ne peuvent pas croire que patrons et ouvriers ont des intérêts communs ; ils ne veulent pas résoudre les antagonismes, mais les intensifier. Ils en viennent alors à prôner le “Libérisme”, une sorte de Libéralisme sans limite, afin de forcer le monde ouvrier à réagir et à se mobiliser face aux injustices grandissantes portées par le patronat et appuyées par la démocratie… Ils voulaient réveiller les vertus propres à chaque classe, et sans lesquelles aucune ne peut accomplir sa mission historique.

La force vise à imposer un ordre social dans lequel une minorité gouverne, tandis que la violence sorélienne tend à la destruction de cet ordre. Édouard Berth dira que la force tend à l’appropriation du pouvoir, tandis que la violence au contraire vise à la décomposition du pouvoir et donc à l’émancipation. Face à la force légale, mise au service du pouvoir établi, l’action violente devient légitime. Sorel en revenais à dire que l’action directe (la violence) est seule efficace, et que ce n’était pas uniquement par des écrits qu’on renverse un régime établi ! La violence avait pour elle l’audace de porter une idée libératrice, quitte à en oublier l’aspect sommairement brutal. On l’aura compris la violence du prolétariat est faite pour se libérer de la force injuste de l’État, par opposition à l’exploitation cynique de l’oligarchie, pour décomposer l’ordre social de la minorité qui gouverne. Elle est identifiée à l’héroïsme des révoltes sacrées. Là encore que d’enseignements à tirer pour ceux qui pensent que l’on peut changer les choses avec des pétitions !

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La Charte d’Amiens : contre toutes les influences

Une démocratie déséquilibrée est souvent au service d’une oligarchie de puissants entrepreneurs ligués pour satisfaire leurs intérêts individuels aux dépends des intérêts de la nation. Sorel est fortement opposé à la démocratie car pour lui le jeu des partis et des politiciens confisquent les revendications du mouvement ouvrier. L’État doit être contrebalancé par une société civile “charpentée” et indépendante de toute influence.

Le mouvement ouvrier se structurant en France au sein de la toute première CGT, est fortement imprégné de l’esprit du SR. Il marquera sa volonté absolue de s’affranchir de toute influence extérieure en 1906 : pour que le syndicalisme atteigne son maximum d'effet, l’action économique doit s'exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui en dehors et à côté, peuvent poursuivre, en toute liberté la transformation sociale. Par sectes il faut entendre les organisations anarchistes groupusculaires de l’époque. Ce n’est que plus tard au prix de nombreuses scissions que la CGT se politisera sous l’influence du parti Communiste, et donnera des consignes de vote. Comment ne pas oublier que la CGT actuelle a permis d’élire François Hollande comme président : illustrant ainsi la soumission de certaines confédérations syndicales au “Politique”, trahissant ainsi les intérêts premiers de leurs mandants !

Le SR se voulait mouvement d’émancipation visant à l’autonomie de la classe ouvrière, qui sera obtenue quand la maitrise syndicale devra remplacer la maitrise patronale, permettant ainsi d’arriver à l’autre objectif contenue dans la charte d’Amiens : « La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat… ». Les Ouvriers veulent tirer d’eux-mêmes, de leur force collective, l’âme qui fera tourner l’atelier. Blanqui dira : « Le capital, c’est le travail volé ». Le chemin vers plus de liberté passera immanquablement par la formation pour viser l’autonomie opérative, et arriver à une maturité du peuple. Se développe ici la philosophie de l’action des “producteurs”, opposés aux parasites “profiteurs” qui prennent plus qu’ils ne donnent.

Le refus des compromis et l’esprit Révolutionnaire

Le SR incarne le “parti” du travail, et doit donc se tenir à l’écart de tous les partis, du jeu des partis, et donc de la démocratie représentative. L’Union ouvrière doit construire son émancipation sans attendre de dispositions plus ou moins favorables du gouvernement. La pratique journalière et continue de la lutte mènera à la conflagration dénommée Grève Générale, à la révolution sociale : la force accouchant du droit nouveau, faisant ainsi le droit social… Loin des illusions qu’entretiennent les politiques et les gouvernants, afin de rendre impossible la domination ouvrière. D’où l’hostilité du mouvement ouvrier naissant envers les Guesde, Jaurès et compagnie, toujours prêts à des compromis avec le patronat et le gouvernement ! Il faut ici rappeler qu’il ne s’agit pas que d’une lutte pour le partage du butin, mais aussi et surtout, d’améliorer le sort de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre, en adoucissant le droit mis en place par les “dominants”. Une lutte contre les consommateurs effrénés, égoïstes et ratatinés ; une lutte contre les bourgeois, boutiquiers, négociants, banquiers, assureurs, intermédiaires et intellectuels… Bref contre ceux qui profitent au détriment de ceux qui subissent trop. Il méprisera les intellectuels et tous ceux qui préfèrent raisonner plutôt que de s’engager et d’agir. Même si les abstractions sont des nécessités pour l’esprit, elles sont aussi les causes de nos erreurs, si elles n’ont aucun rapport avec le réel vécu. Il préfèrera les réalités concrètes et incarnées, transformées en actions dans la vie de tous les jours, face à celui qui manie des concepts sans se soucier de leur incarnation dans le réel.

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Le mythe à porter comme expression d’un avenir… en devenir

Sorel est du côté du devenir, son “mythe” renvoie à l’avenir. À un besoin d’avenir différent. Le Mythe permet de mobiliser les énergies autour d’objectifs concrets, et doit avoir un fond identique aux convictions d’un groupe. Jehan Morel nous dirait « saisir le cœur et l’esprit » du peuple (Guérilla et contre-guérilla : théorie et pratique, 2009). Le Mythe doit donc être l’expression d’une volonté d’avenir, il doit être l’expression d’une poésie sociale et populaire ! En cela il faut prendre en compte l’irrationnel, et la fonction de l’irrationnel dans la mobilisation : les Hommes ne feraient rien si tout n’était que raison ! Sorel est ici fortement influencé par Bergson pour qui l’instinct et l’intuition sont des facteurs d’un retour vers l’action qui n’est pas guidé par la seule science.

Le Mythe mobilisateur sorélien ne renvoie pas au passé mais à l’avenir ! Il renvoie à une vision de l’avenir qui reste à construire, qui parle à de nombreux hommes, et qui doit donc les entrainer ensembles. Le Mythe est mobilisateur, socialement agissant. Pour mobiliser les énergies autour d’un projet concret, il faut saisir et comprendre, puis développer des d’images capables d’évoquer instinctivement tous les sentiments qui correspondent aux diverses manifestations de la guerre engagée. Sorel évoquait la théorie des cycles (corsi et ricorsi, Vico), dans laquelle l’histoire est un recommencement, toujours ouverte (comme nous l’a aussi rappelé Dominique Venner). Les ricorsi ont lieu quand l’âme populaire revient à des états primitifs, que tout est instinctif, créateur, et poétique dans la société. La Libération par le retour à l’instinct, à la poésie, à la foi, à la force, au sublime ! Il se trouve toujours des forces neuves, restées barbares, des forces restées vierges et frustes (peuples, races, classes plus ou moins… survivantes à l’effort de civilisation voulu par le système !).

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L’intuition et l’instinct au-delà de la raison

“Au-delà de la raison”, le mythe se veut projet de société tourné vers un autre avenir, il doit inciter à l’action, ne pas trop faire appel à l’intellect facteur d’hésitation, mais plutôt aux sentiments car l’irrationnel peut faire naitre l’héroïsme désintéressé. Suivant les travaux de Bergson, Sorel oppose l’intellect à l’intuition. Il sera contre l’homme théorique qui veut à tout prix faire entrer le réel dans des schémas abstraits. Il pense que tout dans la vie ne peut pas être “raisonné” et que l’instinct est tourné vers la vie, en faisant appel aux sources non rationnelles des motivations humaines. Comme rappelé ci-dessus, l’histoire reste le règne de l’imprévu, et il ne faut donc jamais désespérer, ni se fier aux lois naturelles ou à la raison, et encore moins s’en remettre à la fatalité ou au déterminisme. Pour Sorel il faut savoir utiliser les passions, comme des forces, et les faire servir à la production d’un ordre supérieur, d’un mythe ! Le tout devant être orienté vers l’action créatrice, afin de faire naitre un ordre “nouveau”. Mussolini dira quelque chose qui s’en rapproche — “celui qui s’arrête est mort” — rappelant la nécessité de créer des dynamiques… Nietzsche et d’autres rappelèrent encore que “le génie réside dans l'instinct” et qu’il faut suivre ces impulsions créatrices, et les faire vivre à force de volonté, et donc de détermination et de travail !

Des hommes d’action, pleins de valeurs

Bien que Sorel n’ai pas été lui-même un homme d’action il a pensé en référence à l’action, afin de permettre aux hommes de se dépasser, d’aller au-delà d’eux-mêmes. Ils les voulaient combatifs, héroïques. Il s’agit pour lui de créer un monde nouveau, basé sur un homme nouveau, pénétré d’esprit guerrier : une vision d’une culture héroïque du combat ! Par la mise à l’honneur des valeurs guerrières doit naitre la noblesse de l’avenir. Il voulait voir dans le syndicaliste révolutionnaire, dans l’ouvrier syndiqué, un révolté, un soldat opposé à la jouissance et au trop grand confort (bassesse bourgeoise asservissante dans la durée), mais capable au prix d’un maximum de conscience, de souffrance et de travail de faire naitre un nouveau type d’homme. Hostile à l’intérêt particulier, aux préoccupations personnelles, à l’égoïsme individuel, à l’intérêt privé, aux petites lâchetés secrètes qui doivent disparaitre. Hostile au mercantilisme, à la marchandise, à tout ce qui est “utile” car bourgeois. Pour instaurer le groupement égalitaire, la nécessaire organisation implique d’aller contre nos penchants naturels. La Révolution morale doit être sévère, austère : les vices doivent être combattus, tout en prenant garde à l’invasion des idées et des mœurs de la classe ennemie. Ethique de l’honneur, héroïsme, frugalité, effort, discipline…

Notre avenir est dans notre mémoire

Sorel et les SR feront le triste constat que le peuple a du mal à se battre pour ses propres intérêts, et à s’élever autant qu’il le faudrait. La grève générale, ils ne la virent pas venir, et finirent par ne plus vraiment y croire : ce qui fera évoluer leurs positions sur ce sujet. La mobilité des idées sera une constante de la vie de Sorel, ce qui le fera qualifier par Lénine, qui l’admirait pourtant, de “brouillon”. Nous retiendrons de notre côté que les idées figées sont mortelles, et qu’il faut suivre le réel, sans cesse. Nietzsche dira que “les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereuses que les mensonges” ou encore “les convictions sont des prisons”. Bref les idées doivent cheminer, être mouvantes car confrontées au principe de réalité, afin de s’y adapter et de trouver de nouveaux équilibres ! Toujours en liaison avec ce que vit le peuple, et les intérêts du mouvement ouvrier.  En se méfiant comme jamais de la démocratie et du politique. Mais Sorel annonçait aussi dans son rejet absolu envers toute forme de centralisation, la méfiance qu’il faudrait avoir envers les centrales syndicales, centralisatrices, qui auront toujours quelque chose à négocier avec le pouvoir politique ou les patrons… Finalement, à travers Sorel, on peut disposer d’une grille de lecture très actuelle…

 
 
 

Raymond Abellio, le roman du huitième jour

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Luc-Olivier d’Algange

Raymond Abellio, le roman du huitième jour

         « Je n'étais qu'une ombre parmi les ombres, mais je sentais bouger en moi ce monde ultime où la pensée devient acte et purifie le monde, sans geste ni parole, toute seule, par la seule vertu de sa rigueur, de sa claire magie. » 

                                                                                              Raymond Abellio

         Le roman « idéologique » de Raymond Abellio outrepasse l'idéologie au sens restreint d'une partialité humaine, liée à des appartenances ou des circonstances historiques. C'est un roman engagé dans le désengagement, décrivant les conditions de l'advenue de l'Inconditionné. En allant aux confins de la psychologie, il importe à l'auteur de passer de l'autre côté, là où toute psychologie devient métaphysique, toute politique, gnose. Le roman d'Abellio s'achemine vers la « conversion du regard », ou, mieux encore, il est le cheminement de la conversion du regard à travers les apparences d'un monde transfiguré, impassible et lumineux, où les ténèbres mêmes sont devenues les ressources profondes du jour. Qu'importe un récit qui n'a pas pour ambition ultime de dire le huitième jour ? Qu'importe un personnage dont l'auteur n'ôte point le masque humain ? Qu'importe une histoire qui n'est point le signe visible d'une hiéro-histoire ? Qu'importe le visible s'il n'est point l'empreinte de l'invisible ? Qu'importe l'instant qui ne tient pas au cœur de l'éternité ?

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La vaste orchestration abellienne, dont l'ambition romanesque n'est pas sans analogie avec celle de Balzac, semble n'avoir d'autre dessein que ce basculement à la fois final et inaugural dans l'éternel. Mais pour abolir le Temps, pourquoi écrire romans et mémoires qui semblent être, au contraire, des modes d'accomplissement de la temporalité ? Pour quelles raisons Abellio, qui visait à une sorte de monadologie leibnizienne appliquée à l'épistémologie contemporaine, ne s'est-il point limité à l'exposé didactique de la structure absolue ? « Ma plus haute ambition écrit Raymond Abellio, c'est en effet d'écrire le roman de cette structure absolue, à travers les bouleversements qu'entraîna pour moi cette découverte, et d'écrire à ce sujet non pas un essai philosophique romancé, ou un roman bâtard, mais un vrai roman, celui de ma propre vie, replacée dans cette genèse, et, à cet égard, toute vie sachant reconnaître les signes est selon moi un sujet d'une valeur romanesque sans égale, le seul sujet. »

unnamedrastrabs.jpgLa structure absolue de Raymond Abellio se distingue d'abord du structuralisme universitaire en ce qu'elle est une structure mobile.  La structure absolue n'est pas un schéma mais un tournoiement de relations qui s'impliquent les unes dans les autres, jusqu'à ce vertige que Raymond Abellio nomme « le vertige de l'abîme du Jour ». Or, qu'est-ce qu'un roman lorsqu'il se délivre du positivisme sommaire de la psychologie et de la sociologie, sinon la victoire de « l'abîme du jour » sur « l'abîme de la nuit » ? Les forces obscures, destructrices, qui hantent les personnages d'Abellio (et ne sont pas sans analogie, à cet égard, avec ceux de Dostoïevski) sont la « matière première » au sens alchimique, du Grand-Œuvre qui portera le roman idéologique jusqu'à l'incandescence du roman prophétique. Le paroxysme de l'événement est effacement de l'événement.

Drameille, dans La Fosse de Babel, précise que l'on ne peut décrire un effacement. En revanche, il est possible, à l'écrivain de l'extrême, de décrire un paroxysme, « cette floraison d'un Dieu si plein de lui-même que martyrs et criminels s'y confondent. » Avant la grande libération solaire, impériale, il faut passer par l'ascèse nocturne de l'action. «  Les hommes, écrit encore Abellio, ne retrouveront le sens du sacré qu'après avoir traversé tout le champ du tragique. » La passion encore invisible du « dernier Occident » s'accomplira dans « la montée nocturne du roman où s'efface sans cesse et se renouvelle le pouvoir des mots. »

L'œuvre de Raymond Abellio rejoint ainsi l'ambition continue de la philosophie grecque, des présocratiques jusqu'aux néoplatoniciens, qui est de changer l'Eris malfaisante en Eris bienfaisante: « Les hommes les plus torturés par l'impossible peuvent passer pour des êtres en repos, mais leur passivité met en action, dans l'invisible, les forces les plus puissantes ». Le parcours de Raymond Abellio, de la politique à la gnose, relate ce passage de l'Eris néfaste à l'Eris faste. L'ascèse personnelle de Raymond Abellio consistera pour une grande part à juguler en lui la violence tragique et dostoïevskienne de l'ultime Occident et à dépasser, par le haut, le nihilisme des idéologies antagonistes: « Il fallait alors regrouper secrètement, au-delà de toutes les idéologies, la minorité européenne déjà consciente de sa future prêtrise. ». Le premier chapitre du roman significativement intitulé Heureux les Pacifiques débute précisément par un meurtre inaccompli. L'ennemi véritable n'est pas celui que paraissent désigner, au demeurant de façon toujours obscure ou aléatoire, les circonstances historiques. L'Ennemi véritable est le Moi. Pour atteindre le Soi, il faut tuer le Moi. Les romans d'Abellio décrivent l'élévation transfigurante, avec ses dangers, ses écueils et ses échecs, de la « petite guerre sainte » à la « grande guerre sainte ».

CVT_Heureux-les-pacifiques_2955.jpegL'œuvre de Raymond Abellio est de celles pour qui le monde existe. Là où le romancier du singulier ratiocine en exacerbant son recours à l'analyse psychologique ou en se perdant en volutes formalistes, le romancier de l'extrême vit son œuvre comme « la triple passion de l'éthique, de l'esthétique et de la métaphysique. »Le singulier enferme l'individu en lui-même. L'extrême le conduit à ses propres limites qui non seulement le révèlent à lui-même mais changent le miroir du Moi en une vitre murmurante, voire en un vitrail dont les couleurs sont clairement délimitées mais dont les accords sont infiniment variés par le mouvement de la lumière. Les rosaces des cathédrales sont les figures versicolores de la Structure Absolue. A la fois dans le temps et en dehors du temps, révélant l'éternité par la mobilité de ses dialectiques entrecroisées, la structure absolue circonscrit  « l'abîme du jour » de la conscience dans sa rotation solaire, dans son ensoleillement génésique. Tout pour le romancier, comme pour le gnostique (et la phénoménologie husserlienne dont se revendiquera Abellio se définit elle-même comme une « communauté gnostique ») se joue dans la conscience, qui est « le plus haut produit de l'être ».

Le roman digne de ce nom, qui entretient encore quelque rapport avec une spiritualité romane, sera donc le roman d'une ou de plusieurs « consciences en action ». A  la ressemblance des romans de Stevenson, de Conrad ou de John Buchan, les romans d'Abellio inventent des personnages qui se mesurent aux évidences et aux ténèbres du monde. Ces personnages « lucifériens » ne croient point  abuser de leurs forces en allant « au cœur des ténèbres », voire au cœur du « typhon ». Leur quête de l'immobilité centrale passe par l'expérimentation des tumultes et des tourbillons les plus périlleux. N'est-il point dit dans les récits du Graal que le château périlleux « tourne sur lui-même »? Pour n'être point rejeté dans les ténèbres extérieures, il importe de saisir au vif de l'instant l'opportunité excellente. C'est bien cette prémisse qui donne à la gnose abellienne le pouvoir de subjuguer le récit et de susciter un romancier qui, en toute conscience, domine son genre, sans nuire à l'impondérable vivacité: « Chaque fois j'ai vécu d'abord, réfléchi ensuite, écrit enfin. J'ai même parfois revécu assez vite pour être obligé de détruire ce que j'avais écrit. Mais qui me comprendra ? Un seul roman dans toute ma vie, ce devrait être assez, quand la vie est finie en tant que récit et qu'en tant que réalité, elle commence. »

104595451.jpgAlors que Les Chemins de la liberté de Sartre ou les Déracinés de Barrès s'alourdissent de l'insistance avec laquelle leurs auteurs défendent leur thèse, la trilogie abellienne (ou la tétralogie, selon que l'on y intègre ou non son premier roman Heureux les Pacifiques) fait jouer la Structure Absolue dans tous les sens et se refuse aux vues édifiantes, laissant au lecteur la possibilité d'une lecture périlleuse, où la conscience  ne peut compter que sur ses propres pouvoirs pour discerner le Bien et le Mal, autrement dit, la Grâce et la pesanteur. Si Abellio est bien le contraire d'un donneur de leçon, il est fort loin de se complaire dans un immoralisme qui ne serait que la floraison parasitaire de la morale qu'il condamne. Il peut ainsi fonder une éthique, directement reliée à l'esthétique et à la métaphysique. La morale abellienne est cette fine pointe où la pensée de Nietzsche rejoint la théologie de Maître Eckhart.

Dans leurs fidélités et dans leurs transgressions, c'est bien à la recherche d'une morale que s'en vont les personnages de Raymond Abellio et à travers eux, Raymond Abellio lui-même. Mais cette morale n'est pas une morale utilitaire, une morale de la récompense ou du marchandage, mais une morale héroïque et sacerdotale. Pour Raymond Abellio, le péché, c'est l'erreur. A ce titre, le péché ne doit point conduire à la culpabilité mais à un repentir, au sens artistique. Le penseur est un archer: il doit apprendre à ajuster son tir. Pécher, c'est rater le cible. La méditation du repentir favorise une plus grande exactitude. Le moralisateur se trouve en état de péché continuel, lui qui à force de s'occuper des archets d'autrui, ne cesse de manquer, dans sa propre relation au monde, la cible du Bien, du Beau et du Vrai.  A cet égard, l'œuvre de Raymond Abellio relève bien d'une ascèse pascalienne.

La_fosse_de_Babel.jpgLes romans de Raymond Abellio sont pascaliens par leur dramaturgie qui décrit la rencontre, à travers les personnages, de l'esprit de finesse, qui saisit les nuances du moment, et de l'esprit de géométrie, qui entrevoit les vastes configurations où s'inscrivent les destinées humaines, collectives ou individuelles. L'œuvre de Raymond Abellio n'est pas moins novatrice lorsqu'elle délivre le sens du destin, le fatum des tragédies et des romans de Balzac, du déterminisme purement naturaliste où l'entraînent les intelligences rudimentaires. Dans La Fosse de Babel ou Visages immobiles, le destin individuel n'a pas une moindre signification que le destin collectif. L'individuel et le collectif s'entretissent si bien qu'il n'est aucune complexité, ni aucune puissance, qui ne dussent être saisies et dominées par l'entendement. Loin de soumettre l'individu, de lui ôter son libre-arbitre, l'interdépendance universelle, qui est l'apriori théorique de la Structure Absolue,  restitue la personne à sa souveraineté bafouée par l'individualisme de masse des sociétés occidentales modernes. Si les mouvements majestueux des astres influent sur nos destinées, Abellio ne manquera pas de rappeler qu'un homme qui étend ses bras change l'ordre des constellations, fût-ce de manière infime. Mais qui est juge de l'importance de l'infime ou du grandiose ? Lorsque l'esprit de finesse coïncide avec l'esprit de géométrie, l'infime et le grandiose s'impliquent l'un dans l'autre dans un ordre de grandeur où la qualité entre en concordance avec la quantité sans plus être écrasée par elle, comme par sa base, la pointe d'une pyramide inversée. Tout auteur, qui n'entend pas être réduit au rôle de pourvoyeur de distractions ou d'homélies à conforter la bonne conscience du médiocre, ne peut témoigner en faveur de son art sans avoir entrepris, au préalable, une critique radicale des morales, des valeurs et des savoirs qui prétendent au gouvernement absolu des hommes par l'exclusion de toute métaphysique et de toute transcendance. Conjoignant la finesse du romancier et la géométrie du métaphysicien, s'inscrivant ainsi dans la voie royale de la haute-littérature (qui, de la Délie de  Scève  jusqu'aux Nouvelles Révélations de l'Etre d'Antonin Artaud, n'a jamais cessé de relever le défi que le prophétisme adresse à la raison non pour détruire la raison mais pour en exaucer le vœu secret dans les arcanes du Logos-Roi) l'œuvre de Raymond Abellio définit l'espace nécessaire aux nouvelles advenues de l'Intellect.

Ces advenues seront transdisciplinaires, impériales, européennes, tiers-incluantes et gnostiques. « Si aujourd'hui, en Europe, écrit Raymond Abellio, la politique n'est plus qu'affairisme ou futilité, une supra-politique est train de naître, qui n'est encore que pressentiment et reste au stade de la non-politique. Le grand drame intérieur de Kierkegaard, Dostoïevski, Nietzsche, Kafka et Husserl, qui s'est dilué chez les épigones en scolastiques de minuties incapables de rapprocher les signes, devient le drame même de l'histoire. Sur la sous-humanité, par une juste compensation, une surhumanité tente de naître. Dans un monde où toute relation véritable est rompue, elle seule vit, dans sa solitude, la triple et unique passion de l'éthique de l'esthétique et du religieux, d'où sortira un comble de relation: une religion nouvelle. »

Est-il même nécessaire de préciser que  cette « surhumanité » n'a rien de darwinien, qu'elle ne se rapporte nullement à quelque évolution biologique mais demeure, tout comme la « religion nouvelle » essentiellement christique, comme une éternelle possibilité de la Sophia perennis ?

Luc-Olivier d'Algange.

Préparez-vous au chaos, peu importe qui finira à la Maison Blanche

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Préparez-vous au chaos, peu importe qui finira à la Maison Blanche

Par Brandon Smith

Source Alt-Market

En juillet de cette année, dans mon article « Élection 2020 », j’ai fait des prévisions sur les élections de 2020 dans cet autre article : « Élection 2020 : Le pire scénario est le plus probable« , après avoir décrit les facteurs étranges entourant Biden et Trump, j’ai déclaré que

Ces facteurs et d’autres encore me poussent à prédire que l’élection 2020 sera une élection contestée qui se terminera par le maintien de Trump au pouvoir, mais qui sera accusé d’usurper le processus démocratique. Ce résultat est le pire résultat possible et aussi le plus avantageux pour l’establishment globaliste.

J’ai également noté la campagne de programmation prédictive menée par les médias et les membres du Council on Foreign Relations, comme Max Boot, pour acclimater le public à l’idée d’une élection contestée tout en « planifiant » ce résultat exact. J’ai déclaré :

…Boot est de retour, cette fois-ci en écrivant comment il pense que Donald Trump va tenter de « détourner » la présidence en 2020.

Dans un article pour le Washington post intitulé « What If Trump Loses But Insists He Won« , Boot décrit un scénario de « jeu de guerre » par un groupe appelé le Transition Integrity Project. Le groupe a mis en place un scénario dans lequel Joe Biden remporte une victoire à peine croyable, suivie d’actions de Trump pour garder le contrôle de la présidence par le biais de mensonges et de querelles juridiques. Le groupe a également prédit des troubles civils conduisant à une potentielle « guerre civile » à mesure que la lutte pour la Maison Blanche s’intensifie.

Cet article est, je crois, une tentative de programmation prédictive par l’establishment. Ils nous disent exactement ce qui est sur le point de se passer. Une élection contestée, une guerre civile, la loi martiale, l’effondrement économique et les États-Unis seront détruits de l’intérieur.

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Jusqu’à présent, il semble que ma prédiction était correcte. Au moment où j’écris ces lignes, l’administration Trump intente une action en justice en Pennsylvanie pour des actes de vote suspects, notamment pour empêcher les observateurs républicains de surveiller le décompte des voix. Le fait que la Pennsylvanie autorise le décompte des votes par correspondance même s’ils ont été postés bien après la date limite sera également remis en question. Des preuves de fraude électorale apparaissent dans de nombreux États clés ; il semble que M. Trump pourrait rester au pouvoir après tout.

Si l’un des rapports de fraude est vérifié par les tribunaux, la situation électorale change complètement. Des millions d’Américains perdront confiance dans le processus et l’élection elle-même sera invalidée. Même s’il n’est pas prouvé que la fraude découverte a effectivement fait basculer le vote en faveur de Biden, aucun conservateur n’acceptera Biden comme président, et l’administration Trump aura une parfaite justification pour refuser de concéder la Maison Blanche.

De nombreux Américains ne semblent pas comprendre la dynamique en jeu ici. Ils pensent que « gagner » le décompte des votes signifie une présidence automatique de Biden, mais ce n’est pas le cas. Trump est déjà en possession de la Maison Blanche – S’il ne veut pas partir à cause d’une éventuelle falsification des élections, alors qui va le démettre de ses fonctions ? Peut-être l’une des agences à 3 lettres, mais sur ordre ou sous l’autorité de qui? Les militaires ne le feront pas partir car la majorité d’entre eux sont conservateurs, et certainement pas les Démocrates car ils n’ont pas la capacité de se projeter au pouvoir. Trump peut rester en place parce que les seules personnes qui pourraient éventuellement le pousser à partir (les conservateurs) ne le feront probablement pas.

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Un autre scénario pourrait impliquer des électeurs « activistes » de l’État. Les électeurs du collège électoral ne doivent pas nécessairement voter en fonction du vote populaire dans leurs États respectifs. Certains États ont des lois qui lient les électeurs, mais beaucoup n’en ont pas, notamment la Pennsylvanie, la Géorgie, l’Arizona et le Minnesota. Les États qui ont des lois ont peu de moyens de les faire appliquer, et les électeurs militants ne peuvent être sanctionnés que pour un délit. Fondamentalement, personne ne peut empêcher le collège électoral de voter pour Trump au lieu de Biden.

Si les électeurs des États clés se réunissent en décembre pour voter et décident de voter pour Trump au lieu de Biden parce qu’ils soupçonnent une fraude électorale, ce serait parfaitement légal et, là encore, Trump restera au pouvoir.

Ensuite, il y a la question du Congrès qui doit finaliser les résultats des élections. Aucun des deux partis ne détient actuellement une majorité de 218 sièges au Congrès, et si la moitié des représentants refuse de valider l’élection, les résultats seront contestés. Une fois de plus, un problème de légitimité se poserait pour Joe Biden.

Je me rends compte que ces facteurs et bien d’autres encore donnent aux conservateurs l’espoir permanent de remporter une « victoire » électorale. Cependant, je voudrais que les lecteurs mettent de côté le concept de « victoire » pendant un moment et qu’ils considèrent la situation dans son ensemble.

J’ai pu prédire le résultat de l’élection de 2020 (jusqu’à présent) parce que j’ai basé mon analyse sur ce qui serait le résultat le plus avantageux pour l’establishment globaliste. Autrement dit, même si Trump reste dans le bureau ovale, les globalistes ont beaucoup à gagner.

Tout d’abord, ne soyons pas naïfs sur la situation – le cabinet de Trump est chargé de globalistes du Council on Foreign Relations ainsi que de nombreuses élites bancaires. S’ils veulent orienter la réponse électorale du côté de Trump, ils peuvent facilement le faire. Trump se présente aux élections parce qu’on lui a conseillé de le faire.

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Deuxièmement, les grands médias et la campagne de Biden déclarent déjà Biden vainqueur à titre préventif. Cela prépare le terrain pour une dynamique dangereuse ; imaginez ce qui se passerait si les gauchistes arrivaient en décembre/janvier persuadés qu’ils ont la présidence dans la poche, mais que soudain tout leur soit arraché ? Ce récit créerait un scénario de rage ultime pour la gauche politique ; elle considérerait Trump comme un usurpateur de la présidence et, à partir de ce moment, elle rationaliserait toute violence collective. Ces troubles civils seront entièrement imputés à Trump et aux conservateurs.

Troisièmement, un événement de troubles de masse peut déclencher une demande de maintien de l’ordre. Il y a deux façons d’y parvenir : Une voie constitutionnelle et une voie anticonstitutionnelle. Les élites du cabinet de M. Trump feront pression pour obtenir une réponse anticonstitutionnelle, ce qui signifie qu’elles feront pression pour obtenir la loi martiale. La loi martiale entraînera inévitablement de nombreuses violations de la Déclaration des droits, qui sont INACCEPTABLES en TOUTES circonstances.

Non seulement cela, mais que se passerait-il si les conservateurs, normalement de fervents défenseurs des droits individuels, décidaient soudainement qu’il est acceptable de piétiner ces droits au nom de la « défaite de la gauche politique » ? Nous devenons les plus grands hypocrites de l’époque, nous perdons la supériorité morale à long terme et personne ne nous écoutera plus quand nous plaiderons pour la liberté à l’avenir. Les plus grands défenseurs de la liberté deviendraient les plus grands destructeurs de la liberté. Là encore, les globalistes en sortiraient vainqueurs.

Quiconque vous dit que la loi martiale est « le moindre mal » et que nous n’avons pas d’autre choix, n’est pas honnête.

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Quatrièmement, alors que M. Trump est toujours en fonction, le programme de « Grand Reset » de l’establishment continuera à utiliser les conservateurs comme boucs émissaires de l’effondrement économique qu’ils ont créé. Au-delà de cela, l’élection contestée peut être utilisée comme une excuse supplémentaire pour l’instabilité économique. Les banques centrales qui ont utilisé des mesures de relance sans fin pour gonfler l’énorme « bulle de tout » depuis 2008 doivent détourner les responsabilités de l’implosion éventuelle de la bulle, et elles disposent maintenant de nombreuses distractions qui leur permettront de le faire.

Cinquièmement, même si des millions d’Américains considèrent les actions de Trump comme justifiées et les résultats des élections comme truqués, une grande partie du reste du monde traitera Trump et les conservateurs comme des parias. La situation devient bien pire si les conservateurs soutiennent la loi martiale. On dira que l’Amérique est sous un régime illégitime et tyrannique, et qu’une intervention internationale pourrait être nécessaire. Au minimum, il y aura des pénalités économiques mondiales, y compris la perte du statut de réserve mondiale du dollar qui entraînera un flot de dollars revenant aux États-Unis depuis l’étranger et une hyperinflation des prix.

Ne vous méprenez pas, une présidence Biden aura également des répercussions immédiates et violentes, mais les conservateurs doivent se rendre compte qu’une présidence Trump n’est pas une réponse à leurs problèmes ou à leurs craintes. C’est une situation sans issue.

Sous la présidence de M. Biden, il faut s’attendre à ce que le krach économique s’accélère considérablement. Biden lancera des mesures de confinement de niveau 4 dans tout le pays dans les semaines qui suivront son élection à la présidence, ce qui entraînera la destruction du secteur des petites entreprises, qui s’accroche déjà à peine à la vie. Les globalistes devront faire chuter l’économie plus rapidement sous Biden afin de pouvoir prétendre que le krach est un effet résiduel de l’administration Trump. S’ils attendent trop longtemps, la faute en reviendra à Biden et, par extension, aux globalistes.

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Le confinement de niveau 4 contribuerait également à empêcher les conservateurs de se délocaliser dans des États et régions plus amicaux. Et ils empêcheraient les conservateurs de se rassembler en grands groupes et d’organiser la résistance aux politiques de gauche.

La censure des voix et des plate-formes conservatrices devra également s’accélérer sous Biden, car plus les conservateurs seront capables de partager des informations en temps réel, plus ils seront galvanisés et plus ils seront confiants en refusant de se soumettre aux restrictions liées à la pandémie (entre autres). Je pense que les fournisseurs de services web vont commencer à censurer directement les sites web conservateurs qui utilisent leurs serveurs. Des sites comme le mien seront entièrement retirés du web, ou filtrés complètement par des algorithmes de recherche.

Enfin, sous Biden, il y aura un appel immédiat à des mesures draconiennes de contrôle des armes à feu et peut-être même à la confiscation des armes. Cela se fera par décret, et il est probable que les lois Red Flag seront utilisées. Un programme de gauche ou globaliste ne peut pas progresser tant que les conservateurs sont armés. C’est impossible. Personne n’acceptera les restrictions en cas de pandémie dans les États à tendance conservatrice. Personne n’acceptera les contrôles autour de la production de carbone. Personne n’adoptera de nouvelles lois insensées sur les discours de haine conçus par des fous de la justice sociale.

Une présidence Biden galvaniserait et unifierait les groupes conservateurs plus que tout autre chose dans l’histoire récente. A terme, les conservateurs se révolteront (y compris de nombreux militaires et policiers) et la gauche et les globalistes ne pourront rien y faire. Le désarmement devra se faire rapidement.

C’est pourquoi je pense que le fait que Trump reste au pouvoir est un meilleur modèle pour les globalistes. Il est préférable de piéger les conservateurs pour qu’ils soutiennent avec jubilation les mesures de la loi martiale et introduisent la tyrannie sous leur propre bannière que de créer une confrontation directe entre les conservateurs et les globalistes par le biais du confinement de Biden.

Comme mentionné ci-dessus, il existe cependant une solution. Accueillir une présidence Trump si une fraude est découverte, mais refuser de soutenir la loi martiale. Au lieu de cela, les conservateurs peuvent protéger leurs propres villes et comtés en organisant eux-mêmes la sécurité de la communauté. Il n’est pas nécessaire que l’armée prenne en charge les questions de sécurité intérieure. Les conservateurs doivent plutôt réagir comme beaucoup l’ont fait dans l’Idaho lors des émeutes des BLM.

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Lorsque le BLM et les Antifa ont essayé de faire venir par bus des centaines de manifestants dans les zones rurales du Nord-Ouest, les groupes conservateurs ont envoyé des centaines de membres armés de la communauté pour maintenir la sécurité. Les militants BLM et les Antifa sont restés relativement pacifiques et silencieux, il n’y a eu aucun pillage et personne n’a été blessé (contrairement à de nombreuses autres villes). C’était le meilleur résultat possible.

Ce modèle doit être appliqué dans tout le pays, et les Américains doivent prendre leur sécurité en main. Je suggère même que nous recommencions à utiliser le « mot M » : Milice.

Les États et les comtés conservateurs devraient commencer à envisager sérieusement la formation de milices communautaires, car on ne peut pas faire confiance au gouvernement pour rester bienveillant ou juste quand on lui donne le pouvoir ultime de la loi martiale. Dans l’éventualité d’une présidence Biden, les milices seront également nécessaires pour dissuader un renforcement totalitaire des mesures fédérales de confinement du fait des pandémies. Si les gauchistes veulent détruire leurs propres économies locales par des mesures de confinement inutiles, qu’ils le fassent. Les conservateurs n’ont pas besoin de suivre les lemmings vers cette falaise.

Constitutionnellement, les milices sont censées être contrôlées par les gouvernements des États. Cela pourrait ne pas être possible. Si ce n’est pas le cas, les communautés devraient quand même former des milices ; mais n’appelez pas cela une milice officielle ou « organisée ». Si les gouvernements des États tentent de saboter ces mesures, elles doivent être contournées et ignorées. Nous n’avons pas besoin d’elles pour assurer notre sécurité.

Si cette solution n’est pas prise au sérieux et que les conservateurs ne prennent pas les choses en main, je prévois une catastrophe. Soit nous serons amenés à donner foi à la liberté en refusant la loi martiale, soit nous serons à la merci de la tyrannie médicale de Biden. L’avenir dépend de nous…

Brandon Smith

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

00:17 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Un autre regard sur l’équipe de politique étrangère de Joe Biden

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Un autre regard sur l’équipe de politique étrangère de Joe Biden

Par Moon of Alabama

Les choix que le nouveau président Joe Biden a faits jusqu’à présent ne sont pas du tout formidables. Les personnes qu’il a choisies pour l’instant sont des interventionnistes convaincus qui voudront continuer les guerres qu’ils ont commencées lors de leurs précédent mandats.

Tony Blinken deviendra secrétaire d’État. On a probablement pensé qu’il était trop difficile d’obtenir la confirmation du Sénat pour la tout aussi nullissime Susan Rice. En 2013, le Washington Post a décrit son pedigree de haut vol :

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Blinken est le conseiller adjoint à la sécurité nationale du président 
Obama, qui a également invoqué l’Holocauste alors que son administration
se débat, souvent douloureusement, pour savoir comment réagir à
l’utilisation présumée d’armes chimiques par le président syrien
Bashar al-Assad. L’un des acteurs clés du gouvernement dans l’élaboration
de la politique syrienne, Blinken, 51 ans, a des références de l’administration
Clinton et des liens étroits avec le vice-président Biden et l’establishment de
la politique étrangère et de la sécurité nationale à Washington. Il a attiré
l'attention sur lui dans des photos de la salle de situation de crises, y
compris celle emblématique lors du raid de mai 2011 dans la résidence
d'Oussama ben Laden, pour ses cheveux sel et poivre élégamment ondulés. Mais ce qui le distingue des autres puissances intellectuelles du sanctuaire
du cercle intérieur, c'est une biographie qui se lit comme un scénario sur la
haute société juive, que l'ancien producteur de films en herbe avait peut-être
déjà rêvé d'écrire. Il y a son père, un géant du capital-risque ; sa mère, une
patronne des arts ; et son beau-père, qui a survécu à l'Holocauste pour
devenir l'un des avocats les plus influents sur la scène mondiale. C'est un
roman-photo pour le jeune Blinken - jouant dans un groupe de jazz parisien,
débattant de politique avec des hommes d'État - avec un casting de
personnages autour de lui, entre autres, Leonard Bernstein, John Lennon,
Mark Rothko, Valéry Giscard d'Estaing, Abel Ferrara et Christo.

Cet homme est un psychopathe belliciste :

Blinken en a surpris certains dans la salle des situations de crise en 
s'opposant à Biden pour soutenir une action militaire en Libye, ont
déclaré des responsables de l'administration, et il a plaidé pour une
action américaine en Syrie après la réélection d'Obama. Ces sources
ont déclaré que Blinken était moins enthousiaste que Biden à propos
de la décision d'Obama de demander l'approbation du Congrès pour
une frappe en Syrie, mais qu'il est maintenant à bord - peut-être par
nécessité - et partisan de négociations diplomatiques avec la Russie.
Bien que moins idéologue que Samantha Power, l'ambassadrice des
États-Unis aux Nations Unies - un poste pour lequel il était considéré
- il n'est pas surprenant qu'il partage sa conviction que les puissances
mondiales telles que les États-Unis ont la «responsabilité de protéger»
contre les atrocités.

Il n’a depuis montré aucun remords à propos de ces échecs de politique étrangère :

Blinken soutient que l'échec de la politique américaine en Syrie est que 
notre gouvernement n'a pas employé assez de forces. Il soutient le faux
argument selon lequel le vote de Biden pour autoriser l'invasion de l'Irak
était un «vote pour une diplomatie dure». Il aurait été en faveur de
l'intervention libyenne, à laquelle Biden s'est opposé, et il était initialement
un défenseur du soutien américain à la guerre de la coalition saoudienne
contre le Yémen. En bref, Blinken a accepté certaines des plus grandes
erreurs de politique étrangère que Biden et Obama ont commises, et il a
eu tendance à être plus interventionniste que les deux.

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Jake Sullivan deviendra conseiller à la sécurité nationale. Il est une réplique d’Hillary Clinton :

Si vous ne pouvez pas tout à fait placer Jake Sullivan, il a été un assistant 
de longue date d'Hillary Clinton, à commencer par sa compétition de 2008
contre Barack Obama, puis en tant que chef de cabinet adjoint et directeur
du Bureau de la planification politique du département d'État lorsque Clinton
était secrétaire d'État d'Obama. (...) En 2016, lors de l'échec de sa campagne
présidentielle, Sullivan a de nouveau fait équipe avec Clinton, et il était
largement attendu qu'il soit nommé pour servir de conseiller à la sécurité
nationale ou même de secrétaire d'État si elle avait gagné. Depuis 2016, et depuis la création de la NSA, Sullivan est apparu comme
une sorte de réprimandeur de la politique étrangère, critiquant doucement
- et parfois pas si doucement que ça - ceux qui s'opposent par réflexe à
l'intervention américaine à l'étranger et qui dénigrent l'idée de
«l'exceptionnalisme» américain. En effet, dans un article du numéro
de janvier-février de The Atlantic, «What Donald Trump et Dick Cheney
Got Wrong About America»
, Sullivan dit explicitement qu'il a l'intention
de «sauver l'idée de l'exceptionnalisme américain» et présente des
arguments pour un "nouvel exceptionnalisme américaine".

Sullivan a envoyé des documents classifiés au serveur de messagerie privé d’Hillary Clinton. Il lui a écrit qu’Al Qaida est «de notre côté en Syrie». Il a également lancé de fausses allégations de collusion entre Trump et la Russie.

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On ne sait pas encore qui deviendra secrétaire à la Défense. Michèle Flournoy

est l’option la plus nommée mais il y a une certaine opposition à sa nomination :

Les soutiens  de Michèle Flournoy, son choix probable pour le poste de 
secrétaire à la défense, tentent de contenir une initiative de dernière minute
menée par certains Démocrates de gauche essayant de faire dérailler sa
sélection, car de nombreux progressistes voient sa nomination comme
une continuation de ce que les critiques appellent les “guerres éternelles
de l'Amérique.”

Je m’attends à ce que les progressistes perdent le combat et que Flournoy ou une autre figure belliciste obtienne cette position de lobbyiste des fabricants d’armes.

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Les progressistes ont également perdu le poste pour le Trésor. Biden a nommé Janet Yellen qui est connue pour être un faucon inflationniste.

Il est peu probable qu’elle soutienne des dépenses importantes pour les priorités des progressistes.

Comme d’habitude avec une victoire électorale du parti Démocrate, les gens qui ont apporté les votes et l’engagement décisifs, c’est à dire ceux qui plaident pour des politiques plus socialistes et pacifiques, n’auront aucun accès aux leviers du pouvoir.

Dans trois ans, ils seront à nouveau appelés à se mobiliser pour un autre miroir aux alouettes.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone