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mardi, 10 août 2021

Tocqueville et la destruction du Nouveau Monde par ses conquérants

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Tocqueville et la destruction du Nouveau Monde par ses conquérants

par Nicolas Bonnal

« A mesure que nous avancions, le but de notre voyage semblait fuir devant nous. »

Tocqueville n’a pas fait que de l’analyse en voyageant en Amérique ; il a aussi fait du tourisme avec son ami Beaumont et son bref journal de voyage est un des plus beaux et plus durs qui soient ; car le style incomparable de notre artiste romantique se heurte au mur de briques du puritain américain qui va détruire le monde. Chercher la nature façon Thomas Cole et Alfred Bierstadt est déjà dur ; en effet :

« Une des choses qui piquaient le plus notre curiosité en venant en Amérique, c’était de parcourir les extrêmes limites de la civilisation européenne, et même, si le temps nous le permettait, de visiter quelques-unes de ces tribus indiennes qui ont mieux aimé fuir dans les solitudes les plus sauvages que de se plier à ce que les blancs appellent les délices de la vie sociale ; mais il est plus difficile qu’on ne croit de rencontrer aujourd’hui le désert. A partir de New-York, et à mesure que nous avancions vers le nord-ouest, le but de notre voyage semblait fuir devant nous. Nous parcourions des lieux célèbres dans l’histoire des Indiens, nous rencontrions des vallées qu’ils ont nommées, nous traversions des fleuves qui portent encore le nom de leurs tribus; mais partout la hutte du sauvage avait fait place à la maison de l’homme civilisé, les bois étaient tombés, la solitude prenait une vie. »

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Les indiens eux-mêmes sont déjà des êtres qui rétrécissent, comme dans le film éponyme de Jack Arnold. Tocqueville ajoute sans concession :

« Les Indiens que je vis ce jour-là avaient une petite stature; leurs membres, autant qu’on en pouvait juger sous leurs vêtements, étaient grêles; leur peau, au lieu de présenter une teinte rouge cuivré, comme on le croit communément, était bronze foncé, de telle sorte qu’au premier abord elle semblait se rapprocher beaucoup de celle des mulâtres. Leurs cheveux noirs et luisants tombaient avec une singulière raideur sur leurs cous et sur leurs épaules. Leurs bouches étaient en général démesurément grandes, l’expression de leur figure ignoble et méchante. Leur physionomie annonçait cette profonde dépravation qu’un long abus des bienfaits de la civilisation peut seul donner. On eût dit des hommes appartenant à la dernière populace de nos grandes villes d’Europe, et cependant c’étaient encore des sauvages. Aux vices qu’ils tenaient de nous se mêlait quelque chose de barbare et d’incivilisé qui les rendait cent fois plus repoussants encore. »

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Le contact avec l’Occident souille. On ne saurait être plus guénonien. Et pourtant on n’a pas affaire à des inconnus :

« Ces êtres faibles et dépravés appartenaient cependant à l’une des tribus les plus renommées de l’ancien monde américain. Nous avions devant nous, et c’est pitié de le dire, les derniers restes de cette célèbre confédération des Iroquois, dont la mâle sagesse n’était pas moins connue que le courage, et qui tinrent longtemps la balance entre les deux plus grandes nations de l’Europe. »

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Iroquois.

L’égoïsme froid de l’Américain frappe Tocqueville (il a bouleversé et révolté Beaumont – voyez nos textes) :

« D’autres avouaient que probablement l’Indien mourrait; mais on lisait sur leurs lèvres cette pensée à moitié exprimée : qu’est-ce que la vie d’un Indien? C’était là le fond du sentiment général. Au milieu de cette société si jalouse de moralité et de philanthropie, on rencontre une insensibilité complète, une sorte d’égoïsme froid et implacable lorsqu’il s’agit des indigènes de l’Amérique. Les habitants des États-Unis ne chassent pas les Indiens à cor et à cri ainsi que faisaient les Espagnols du Mexique; mais c’est le même instinct impitoyable qui anime ici comme partout ailleurs la race européenne. »

On ne peut pas dire qu’il la porte dans son cœur cette race européenne qui a rompu déjà avec ses racines spirituelles et le règne de la qualité.

Il ne faut pas lui parler de promenade romantique à notre pionnier :

« Traverser des forêts presque impénétrables, passer des rivières profondes, braver les marais pestilentiels, dormir exposé à l’humidité des bois, voilà des efforts que l’Américain conçoit sans peine s’il s’agit de gagner un dollar, car c’est là le point; mais qu’on fasse de pareilles courses par curiosité, c’est ce qui n’arrive pas jusqu’à son intelligence. Ajoutez qu’habitant d’un désert il ne prise que l’œuvre de l’homme. Il vous enverra volontiers visiter une route, un pont, un beau village; mais qu’on attache du prix à de grands arbres et à une belle solitude, cela est pour lui absolument incompréhensible. Rien donc de plus difficile que de trouver quelqu’un en état de vous comprendre. »

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Après Tocqueville se lance dans de belles descriptions méditatives et presque transcendantales. On pense à Chateaubriand, Senancour, à Maurice de Guérin (merveille méconnue du centaure) :

« Il est difficile de se figurer le charme qui environne ces jolis lieux où l’homme n’a point fixé sa demeure, où règnent encore une paix profonde et un silence non interrompu. J’ai parcouru dans les Alpes des solitudes affreuses où la nature se refuse au travail de l’homme, mais où elle déploie jusque dans ses horreurs mêmes une grandeur qui transporte l’âme et la passionne. Ici la solitude n’est pas moins profonde, mais elle ne fait pas naître les mêmes impressions. Les seuls sentiments qu’on éprouve en parcourant ces déserts fleuris, où, comme dans le Paradis de Milton, tout est préparé pour recevoir l’homme, c’est une admiration tranquille, une émotion douce et mélancolique, un dégoût vague de la vie civilisée, une sorte d’instinct sauvage qui fait penser avec douleur que bientôt cette délicieuse solitude aura cessé d’exister. »

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Mais le blanc va arriver: « déjà, en effet, la race blanche s’avance à travers les bois qui l’entourent, et dans peu d’années l’Européen aura coupé les arbres qui se réfléchissent dans les eaux limpides du lac et forcé les animaux qui peuplent ses rives de se retirer vers de nouveaux déserts. »

Il y a quand même des mavericks chez ces blancs, des artistes, des coureurs des bois comme on disait :

« …ce sont les Européens qui, en dépit des habitudes de leur jeunesse, ont fini par trouver dans la liberté du désert un charme inexprimable. Tenant aux solitudes de l’Amérique par leur goût et leurs passions, à l’Europe par leur religion, leurs principes et leurs idées, ils mêlent l’amour de la vie sauvage à l’orgueil de la civilisation, et préfèrent à leurs compatriotes les Indiens, dans lesquels cependant ils ne reconnaissent pas des égaux. »

Mais il n’y a rien affaire contre le blanc destructeur :

« ce peuple immense qui, comme tous les grands peuples, n’a qu’une pensée, et qui marche à l’acquisition des richesses, unique but de ses travaux, avec une persévérance et un mépris de la vie qu’on pourrait appeler héroïque, si ce nom convenait à autre chose qu’aux efforts de la vertu; peuple nomade que les fleuves et les lacs n’arrêtent point, devant qui les forêts tombent et les prairies se couvrent d’ombrages, et qui, après avoir touché l’Océan-Pacifique, reviendra sur ses pas pour troubler et détruire les sociétés qu’il aura formées derrière lui… »

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Avant de détruire ou de bombarder le reste du monde ! Comme dit Beaumont l’Amérique est le seul pays qui n’ait pas eu d’enfance mystérieuse ! Sa mission était de nous engloutir dans la matrice mafieuse, matérialiste et numérique.

415KXSPMA9L._SX195_.jpgPuis notre voyageur redevient poète et évoque la similitude entre cette forêt et le grand océan. On pense à Melville, à Moby Dick bien sûr et au si bel essai de Jacques Cabau sur la Prairie perdue :

« Il nous est souvent arrivé d’admirer sur l’Océan une de ces soirées calmes et sereines, alors que les voiles, flottant paisiblement le long des mâts, laissent ignorer au matelot de quel côté s’élèvera la brise. Ce repos de la nature entière n’est pas moins imposant dans les solitudes du Nouveau-Monde que sur l’immensité des mers. »

Et plus loin :

Ce n’est pas au reste dans ce seul cas que nous avons remarqué la singulière analogie qui existe entre la vue de l’Océan et l’aspect d’une forêt sauvage. Dans l’un comme dans l’autre spectacle, l’idée de l’immensité vous assiège. La continuité, la monotonie des mêmes scènes étonne et accable l’imagination. »

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On a déjà évoqué nos coureurs des bois (redécouvrez en ce sens la captive aux yeux clairs de Hawks) ; ils reviennent sous la plume de notre indien :

« Pénétrez sous cette cabane de feuillage; vous y rencontrerez un homme dont l’accueil cordial et la figure ouverte vous annonceront dès l’abord le goût des plaisirs sociaux et l’insouciance de la vie. Dans le premier moment, vous le prendrez peut-être pour un Indien. Soumis à la vie sauvage, il en a volontairement adopté les habits, les usages et presque les mœurs : il porte des mocassins, le bonnet de loutre et le manteau de laine. Il est infatigable chasseur, couche à l’affût, vit de miel sauvage et de chair de bison. »

Or cet homme est un bon Français :

« Cet homme n’en est pas moins resté un Français gai, entreprenant, fier de son origine, amant passionné de la gloire militaire, plus vaniteux qu’intéressé, homme d’instinct, obéissant à son premier mouvement moins qu’à sa raison, préférant le bruit à l’argent. Pour venir au désert, il semble avoir brisé tous les liens qui l’attachaient à la vie. On ne lui voit ni femme ni enfants. »

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Et de le comparer au rude américain enfant de Caïn :

« A quelques pas de cet homme habite un autre européen qui, soumis aux mêmes difficultés, s’est raidi contre elles. Celui-ci est froid, tenace, impitoyable argumentateur. Il s’attache à la terre et arrache à la vie sauvage tout ce qu’il peut lui ôter. Il lutte sans cesse contre elle, il la dépouille chaque jour de quelques-uns de ses attributs. Il transporte, pièce à pièce, dans le désert ses lois, ses habitudes, ses usages, et, s’il se peut, jusqu’aux moindres recherches de sa civilisation avancée. L’émigrant des États-Unis n’estime de la victoire que ses résultats… »

Tocqueville sent le danger du métissage ; et il écrit à ce sujet :

« Ne sachant comment se guider au jour incertain qui l’éclaire, son âme se débat péniblement dans les langes d’un doute universel : il adopte des usages opposés, il prie à deux autels, il croit au rédempteur du monde et aux amulettes du jongleur, et il arrive au bout de sa carrière sans avoir pu débrouiller le problème obscur de son existence. »

Ce qu’il ressent dans son voyage (la région de Détroit et du lac Erié donc) c’est l’effrayant et rapide bouleversement en cours :

« Cinquante lieues séparent encore cette solitude des grands établissements européens, et nous sommes peut-être les derniers voyageurs auxquels il ait été donné de la contempler dans sa primitive splendeur : tant est grande l’impulsion qui entraîne la race blanche vers la conquête entière du Nouveau-Monde! C’est cette idée de destruction, cette arrière-pensée d’un changement prochain et inévitable qui donne, suivant nous, aux solitudes de l’Amérique un caractère si original et une si touchante beauté. »

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On est presque chez Tolkien (chez Fenimore Cooper il règne une aura presque elfique parfois). L’homme a un trop grand pouvoir de destruction. Tocqueville :

« On les voit avec un plaisir mélancolique. On se hâte en quelque sorte de les admirer. L’idée de cette grandeur naturelle et sauvage qui va finir se mêle aux magnifiques images que la marche de la civilisation fait naître. On se sent fier d’être homme, et l’on éprouve en même temps je ne sais quel amer regret du pouvoir que Dieu vous a accordé sur la nature. L’âme est agitée par des idées, des sentiments contraires; mais toutes les impressions qu’elle reçoit sont grandes, et laissent une trace profonde. »

Sources :

Tocqueville : Quinze Jours au Désert souvenirs d’un voyage en Amérique

https://fr.wikisource.org/wiki/Quinze_Jours_au_D%C3%A9sert_souvenirs_d%E2%80%99un_voyage_en_Am%C3%A9rique

https://www.amazon.fr/GRANDS-WESTERNS-AMERICAINS-approche-traditionnelle/dp/198318294X/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=bonnal+westerns&qid=1628501397&sr=8-1

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https://www.les4verites.com/international/gustave-de-beaumont-et-la-critique-radicale-de-la-democratie-americaine

https://www.amazon.fr/prairie-perdue-Cabau-Jacques/dp/2020026074/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=jacques+cabau&qid=1628501842&sr=8-1

 

 

Netflix, Tavistock et "Inception" : quelle est la "matrice" du rêve collectif ?

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Netflix, Tavistock et "Inception": quelle est la "matrice" du rêve collectif?

José Negrón Valera

Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/34736-2021-07-21-10-03-04

"Vous êtes invité à une série de sessions en ligne de "Social Dreaming" qui se dérouleront chez Zoom de 12 à 13h15 (GMT / BST) tous les jeudis du 18 mars au 24 juin 2021, y compris un bilan post-matrice."

"Les participants partagent leurs rêves de la nuit et s'associent librement aux rêves proposés dans la matrice pour trouver des liens, établir des connexions et révéler un nouveau sens et une nouvelle compréhension du contexte social et de l'environnement sociopolitique actuels, en particulier, la pandémie de COVID-19, un an après."

Il y a quelques mois, un de mes amis chercheurs, très au fait du fonctionnement des mécanismes de contrôle du pouvoir sur le monde, m'avait parlé des derniers développements et des bizarreries de la recherche dans laquelle était plongé le célèbre Institut Tavistock pour les relations humaines. "Il faut que tu voies ça", m'a-t-il prévenu. Mais je ne me suis pas immédiatement lancé. Je l'ai laissé reposer jusqu'à un moment qui me paraissait plus opportun.

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La visite du directeur de la CIA en Colombie a déclenché une série d'événements qui, avec l'opération médiatique coûteuse et bien planifiée contre Cuba, ont déclenché une série de messages sur les médias sociaux qui m'ont ramené à Tavistock.

"J'ai fait un rêve, et ce rêve, hier 11 juillet 2021, a commencé à se réaliser. J'ai rêvé d'un Cuba libéré de la dictature, libéré de la répression, libre de s'exprimer et sans conditions. Ensemble nous pouvons, frères, luttons pour notre rêve de voir Cuba libre #SOSCuba #CubaLibre".

Le message du bot a déclenché quelque chose dans mon esprit. L'éternelle question du fonctionnement de ces mécanismes qui permettent à des millions d'êtres humains de laisser de grandes inégalités et des injustices sociales passer inaperçues. Ce n'est pas du cynisme ou de la naïveté, c'est un grand rêve collectif auquel nous avons été conduits.

Un mécanisme artificiel où la science et la technologie convergent pour mettre un filtre sur les faits du monde, un code qui introduit (input) la réalité et produit des émotions et des actions (outputs) à l'image et à la ressemblance de ceux qui ont suffisamment de pouvoir pour tisser l'enchevêtrement de messages, de contenus et d'idées qui voyagent à travers l'immensité des réseaux sociaux numériques et qui atteignent nos esprits à travers des dispositifs de consommation dont l'interface reconnaissable est un écran.

L'état de semi-conscience collective

Au Tavistock, ils ont une préoccupation en ce moment. Quels types de rêves partagés ont été générés dans le contexte de la pandémie. Comme l'explique Mannie Sher, l'un de leurs consultants et principaux chercheurs :

"Le but du rêve social est d'explorer les couches profondes de la signification des phénomènes sociaux et culturels par le biais des rêves et des associations de rêves. Le rêve social est une méthode de recherche visant à identifier les connaissances sociales et culturelles par l'application d'une analyse scientifique des rêves", affirme-t-il.

Les événements qui ont un impact sur la population constituent un contexte idéal à cet effet. Du 11 septembre 2001 à la conjoncture imposée par le coronavirus, en passant par les incidents de protestation sociale à Tel Aviv en 2011 et le mouvement Occupy London, le Tavistock Institute s'apprête à s'attaquer à l'inconscient collectif (ou, dans le jargon scientifique, à surveiller les groupes de contrôle et les groupes expérimentaux) afin d'obtenir une image claire de la manière dont se construit le sens collectif de ces temps.

Ce n'est pas une mince affaire. Tavistock fournit des études et des recherches qui sont utilisées par un nombre important d'entreprises et de groupes de réflexion dans le monde entier. Les clients dont les analyses décident des armes et/ou des politiques financières. En bref, ils servent à redessiner ou à ajuster les engrenages de la planète.

A ce stade, il convient de se demander où se situe ce projet de matrice de rêves sociaux et les événements qui explosent dans la région. Eh bien, voici l'hypothèse de travail.

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La pandémie de COVID-19 et les mesures de restriction de la mobilité humaine ont transformé le monde en une grande scène. Assis sur leur canapé, des millions d'êtres humains ont soudain constaté que l'accès à la réalité était conditionné par des plates-formes technologiques de diffusion de contenus audiovisuels offrant bien plus qu'un simple divertissement.

Ce n'est pas sans précédent. Melinda Davies a prévenu, il y a quelque temps, que l'espèce humaine était confrontée à un "exode massif de l'univers physique", et que la réalité commençait à devenir entièrement mentale.

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L'exposition à l'écran offrait aux humains non plus un univers alternatif, mais l'univers lui-même. Le fait est, comme le propose Davies, que "les valeurs, les images, les processus et les modèles de l'écran primaire façonnent même ce qui se passe en dehors de celui-ci. L'écran primaire est la nouvelle vie réelle, le macro-cadre dans lequel nous vivons".

Quelle coïncidence que moins d'un mois après le début des manifestations à Cuba, Netflix nous offre un baptême du feu avec la série Comment ils sont devenus des tyrans, avec une sélection de tyrannies taillées tout droit dans la planche à dessin de l'OTAN. Vous voyez généralement Saddam Hussein, Staline, les Kims et Mouammar Kadhafi. Bien sûr, il n'y a toujours rien dans votre programme sur Pinochet, Stroessner ou Franco. Peut-être pour la deuxième saison ?

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Dans un monde où, comme le démontre Manuel Castells, les intérêts financiers, politiques et militaires finissent par converger vers les mêmes nœuds de contrôle qui gèrent ce que nous voyons, comment nous le voyons et quand nous le faisons, l'augmentation de l'exposition aux écrans et aux contenus pilotés par les algorithmes des sociétés de production technologique et audiovisuelle a plongé la planète entière dans un état de semi-conscience collective qui produit les mêmes effets que le cinéma ou la télévision.

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Christian Metz (photo), critique et spécialiste français du cinéma, a expliqué que l'effet de l'expérience cinématographique s'apparentait à une "hallucination". Le cinéma implique en quelque sorte la réduction des "défenses du moi".

" Pour que cela se produise, il faut une " instance voyante " (qui constitue le film lui-même comme un discours, comme une instance qui expose l'histoire et la fait voir). En outre, l'état de submotricité renvoie à l'état de passivité des spectateurs qui absorbent tout par les yeux, rien par le corps", a expliqué M. Metz.

Lorsque nous constatons, non plus depuis la toile des bots, mais à travers des êtres humains en chair et en os, que la balance de l'indignation ne bouge que dans les cadres imposés par les images, les idées, les concepts que leur dictent les algorithmes des plateformes de streaming et des applications numériques, nous reconnaissons que nous sommes absolument dépassés par une guerre imaginative franchement asymétrique. Ce n'est pas qu'ils omettent délibérément les outrages commis contre les Palestiniens ou contre la ligne de front des citoyens colombiens, ou contre les centaines d'êtres humains plongés dans l'obscurité par les carabiniers chiliens. Ils ne peuvent tout simplement pas les voir.

Comme l'explique l'anthropologue Marc Augé (photo), la bataille clé de notre époque est celle de "l'abstraction du regard", ou plus directement du détournement de notre attention.

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Un regard qui est en soi le seul qui nous appartient et où entre en jeu ce que nous sommes. Il ne s'agit pas du kidnapping de nos yeux dix heures par jour à travers un écran. Il s'agit de la monopolisation de nos référents, symboles, attentes, souvenirs et utopies.

Pour tous ceux qui ont pu apprécier le film Inception, dont l'intrigue tourne autour de la possibilité d'installer une idée dans le subconscient, il est beaucoup plus facile de relier les processus et les acteurs qui servent à faire bouger et à maintenir les rouages du contrôle social.

"Le processus d'initiation fonctionne, nous dit-on, en plaçant la forme la plus simple d'une idée au plus profond du subconscient d'un personnage pendant qu'il rêve, par le biais d'une série de suggestions qui amènent effectivement le personnage à se donner l'idée (selon les mots du maître faussaire de Tom Hardy, Eames). Et le subconscient, nous dit-on, est motivé par l'émotion, pas par la raison, et qu'une émotion positive l'emporte sur une émotion négative. Le niveau le plus profond du subconscient est représenté par un coffre-fort ou une chambre forte, à l'intérieur duquel l'esprit stocke ses pensées et/ou ses souvenirs les plus privés".

Alors, quel est le fond de l'idée qu'ils essaient de planter ? C'est simple. Que tout projet politique et social différent de l'ordre hégémonique est un échec et n'est pas viable. Un éternel retour à la fin de l'histoire, déguisé par des algorithmes et des interfaces graphiques prétentieux.

Il ne s'agit pas seulement de défendre des intérêts économiques, il ne s'agit pas seulement des produits pharmaceutiques, ou des banques et de leur avancée contre les crypto-monnaies, il s'agit de maintenir intouchables les piliers idéologiques et spirituels qui soutiennent l'ordre lui-même.

Le vaccin Spoutnik V, sans parler de l'Abdala, a déclenché des signaux d'alarme dans la matrice. Le système est terrifié par les capsules rouges.

Il ne peut y avoir de contre-exemples réussis, surtout s'ils parviennent à sauver la vie de millions d'êtres humains. C'est pourquoi toute expérience alternative est boycottée par des sanctions, des coups d'état, des blocus, des séditions internes, l'assassinat des leaders émergents. Si ceux qui tissent les fils du pouvoir mondial permettent l'insertion dans le système de messages qui contredisent leur récit symbolique par des faits, il y a un risque d'effondrement. Un réveil collectif, comme ils l'appellent.

 

Le discours de Xi Jinping : normalité et exceptionnalisme

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Le discours de Xi Jinping: normalité et exceptionnalisme

Ex: https://piccolenote.ilgiornale.it/52154/il-discorso-di-xi-jinping-la-normalita-e-leccezionalismo

Le discours de Xi Jinping à l'occasion du 100e anniversaire du Parti communiste chinois a été analysé dans le monde entier, et il ne pouvait en être autrement compte tenu du rôle désormais mondial de Pékin.

Le choix de Xi de jouer Mao Zedong a été noté. Un choix, en effet, et non une obligation, qui doit être considéré comme tel dans sa référence à la révolution chinoise, qui a ensuite été détournée avec la révolution culturelle de la "bande des quatre", causant du tort à l'Empire du Milieu.

Une telle référence n'est pas le fruit du hasard, étant donné que Xi Jinping a combattu les continuateurs de ce moment sombre de la Chine et a été élu président précisément après avoir battu ceux qui, au sein du parti communiste, dirigé par Bo Xilai, rêvaient d'un retour à ces gloires.

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La "bande des quatre" lors de son procès.

Bo Xilai écoutant le verdict qui le condamne à la perpétuité.

Le discours de Xi était évidemment un péan aux "fortunes et progressions magnifiques" de son pays, et il ne pouvait en être autrement. On a voulu voir dans ses propos un défi au monde, notamment au moment où il a souligné que ceux qui tentent de s'opposer à la Chine "finiront la tête cassée et en sang".

En fait, le clin d'œil du président chinois était autre chose : non pas une menace pour le monde, mais une mise en garde contre une éventuelle agression. "Nous n'avons jamais maltraité, opprimé ou assujetti le peuple d'aucun autre pays", a-t-il déclaré, "et nous ne le ferons jamais", comme l'histoire le confirme.

Mais il a prévenu: "Le peuple chinois ne permettra jamais à des forces étrangères de nous dominer, de nous opprimer ou de nous asservir. Quiconque se fait des illusions à cet égard se cassera la tête et versera du sang sur la Grande Muraille d'acier faite de la chair et du sang de 1,4 milliard de Chinois.

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Et à propos de la campagne anti-chinoise, il a ajouté: "Nous n'accepterons pas les prédications hypocrites de ceux qui se sentent autorisés à nous faire la morale", une référence pas du tout voilée aux États-Unis et à la Grande-Bretagne.

Il ne pouvait pas non plus manquer de mentionner Taïwan: "Résoudre la question de Taïwan et réaliser la réunification complète de la Chine est une mission historique et un engagement inébranlable du Parti communiste chinois".

"Nous tous, compatriotes des deux côtés du détroit de Taïwan, devons nous unir et avancer à l'unisson. Nous devons prendre des mesures résolues pour faire échec à toute tentative d'indépendance de Taïwan."

D'autre part, l'idée de l'indépendance de Taïwan est très récente et va de pair avec la recherche d'un ébranlement du géant asiatique, brisant la doctrine de la Chine unique, pivot de la géopolitique asiatique globale.

En fin de compte, ce fut un discours tissé d'évidences factuelles, rehaussé simplement par l'habit de type maoïste que portait Xi et accentué par l'agitation géopolitique du jour. Bien sûr, l'attitude décisive du président chinois peut être frappante, mais elle découle de la politique intérieure, qui est moins monolithique qu'il n'y paraît.

Et cela découle d'une initiative rapportée par l'influent magazine américain Politico au début du mois de juin: "Dans un discours prononcé lors d'une session d'étude du Politburo cette semaine, Xi a stupéfié les observateurs les plus chevronnés par certains commentaires qui semblaient signaler un adoucissement spectaculaire de la rhétorique dure que Pékin tenait ces dernières années en référence aux États-Unis, à l'Europe et à d'autres nations".

En fait, il a demandé aux dirigeants du pays de se concentrer sur la diffusion d'une image "fiable, aimable et respectable" de la Chine. Et Xinhua, le média officiel de Pékin, a même suggéré que le pays pourrait adopter une approche "humble" dans ses relations avec le monde extérieur".

Il est probable que, comme dans d'autres circonstances, Xi Jinping a été accusé d'être trop mou par la faction nationaliste, d'où la nécessité pour lui de s'affirmer dans son discours du centenaire.

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Policiers et manifestants à Hong Kong.

Ce n'est pas une nouvelle controverse au sein de la Chine: également sur la question de Hong Kong, lors du soulèvement indépendantiste, Xi avait fait preuve de patience, s'opposant aux siens qui auraient voulu une intervention à somme nulle, avec un compromis ultérieur (fin des libertés dont jouit la ville, mais pas de bain de sang).

Il n'est pas non plus concevable que la Chine renonce à Taïwan, dont la déclaration d'indépendance sonnerait comme une déclaration de guerre, un peu comme le Texas se séparant des États-Unis (un thème qui a d'ailleurs retrouvé une actualité floue).

Bien sûr, Xi n'a pas épargné le monde des avertissements, mais le sujet n'est pas la troisième guerre mondiale, ni une poussée de Pékin pour conquérir le monde, mais pour accroître son influence mondiale.

Cela ne conduirait pas à la domination chinoise du globe, puisque, comme Pékin le reconnaît lui-même, la primauté américaine est destinée à durer, mais cela donnerait naissance à ce multilatéralisme que les partisans de l'unilatéralisme américain considèrent comme une menace existentielle.

Il est dommage que ces tétragones de la reductio ad unum soient associés à divers cercles qui, tout en rejetant cette vision obscure, sont incapables de renoncer à l'idée de l'exceptionnalisme américain, qui, au-delà des nobles intentions de ceux qui l'idéalisent, est une "pensée magique" - comme le définit Ishaan Tharoor dans le Washington Post - qui apporte de l'eau à cet obscurantisme.

Le discours de Xi devrait donc être réduit à la chronique géopolitique du moment, n'ajoutant rien et ne retirant rien à la situation critique actuelle. Des critiques qui sont malheureusement vouées à durer, alors qu'il serait urgent de parvenir à une convergence, que la propagande adverse rend impossible.

L'OTAN, l'alliance militaire qui est devenue religion

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L'OTAN, l'alliance militaire qui est devenue religion

Ex: https://piccolenote.ilgiornale.it/51872/la-nato-lalleanza-militare-che-si-e-fatta-religione

Un article intéressant de Jon Schwarz dans The Intercept retrace l'histoire de l'OTAN et réfléchit à sa pertinence aujourd'hui. Il rappelle que l'OTAN est née dans l'urgence après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, à une époque où l'Europe était détruite et où "la puissance des États-Unis était si prépondérante qu'elle pouvait simplement dicter leur conduite à ses alliés".

Les interlocuteurs de Washington étaient si impuissants que l'Alliance a été discutée "en secret pendant quinze jours au Pentagone". D'où le rôle prépondérant des États-Unis, auxquels les alliés sont de facto attelés.

Bien sûr, il y avait un risque que l'Union soviétique et le communisme s'étendent au Vieux Continent, notamment en raison de la force des partis communistes occidentaux. Mais Schwarz rappelle que les victimes russes de la guerre étaient au nombre de 27 millions, soit un Russe sur six. Un tribut de sang pour lequel "même Staline aurait eu du mal à motiver son propre pays à se lancer immédiatement dans une autre aventure similaire".

L'OTAN, le Pacte de Varsovie et la guerre froide

De plus, les partisans de l'OTAN considèrent l'Alliance comme une réponse indispensable à la guerre froide imposée par les Russes. Mais l'histoire nous dit le contraire, puisque le Pacte de Varsovie est né six ans plus tard. Ainsi, "une lecture plus fidèle de l'histoire suggère que la formation de l'OTAN a contribué à intensifier et à institutionnaliser la guerre froide" plutôt qu'à l'endiguer.

Le Pacte de Varsovie reflète le modèle antagoniste de l'OTAN, ne différant que par le numéro de l'article engageant les pays membres à la défense mutuelle : non pas l'article 5, mais l'article 4.

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L'objectif déclaré de l'OTAN était de se défendre contre la menace de l'Union soviétique et du communisme en général, y compris les partis communistes de l'Ouest, que l'organisme militaire devait empêcher d'accéder au pouvoir, en prodiguant "confiance et énergie" aux forces démocratiques, avec des déclinaisons encore à découvrir dans les méandres obscurs de l'histoire de l'Italie (stratégie de la tension, etc.) et de celles des autres pays.

Mais l'objectif implicite de l'OTAN, et du Pacte, était de faire des pays adhérents des satellites de leurs dominateurs respectifs, les États-Unis et l'Union soviétique. D'autre part, depuis l'époque de la Ligue Delio-Atlantique, "accorder une protection est le moyen essentiel par lequel les pays puissants lient à eux les pays moins puissants". En d'autres termes, il s'agissait de structurer et de garantir l'irrévocabilité de la "sphère d'influence" des deux puissances.

L'OTAN ne s'arrête pas, elle se transforme

Une fois l'Union soviétique dissoute, l'ennemi qui rendait l'OTAN nécessaire a disparu et elle aurait dès lors dû se dissoudre. Au contraire, ses objectifs ont changé, la rendant indispensable pour faire face aux nouvelles menaces, qui auraient certainement pu être traitées par des moyens différents qui, tout en préservant la convergence du plus grand nombre, auraient été moins contraignants pour les États subordonnés.

"Le temps a donné raison aux critiques les plus virulents de l'OTAN, qui affirmaient qu'elle était surtout un instrument agressif de la puissance américaine". La nouvelle doctrine a en effet permis à l'OTAN de s'engager dans des guerres d'une nature différente de celle envisagée par ses premiers impulseurs : il ne s'agit plus de la défense d'un État membre, mais de guerres agressives, légitimées de diverses manières sous l'égide de l'ONU, comme la guerre en ex-Yougoslavie et en Libye.

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La subordination de l'OTAN à la doctrine des guerres sans fin a donc généré de nouvelles critiques dans le monde, tandis que d'autres ont été produites par des événements moins conflictuels, mais non moins déstabilisants, comme l'élargissement de l'alliance militaire en Europe de l'Est.

L'élargissement en Europe de l'Est

Une expansion qui a d'ailleurs rompu le pacte passé avec l'ancien ennemi, comme le note The Intercept, rappelant la promesse solennelle faite par James Baker, le secrétaire d'État de George H. W. Bush, à Gorbatchev, qui lui avait fait une promesse de paix. Bush, en effet, avait émis cette promesse à Gorbatchev, qui avait demandé d'éviter l'élargissement de l'OTAN dans l'ancien espace soviétique, que Moscou aurait perçu comme une menace existentielle.

James Baker a rassuré son interlocuteur "non pas une mais trois fois que cela ne se produirait pas". Pas un pouce de la juridiction militaire actuelle de l'OTAN ne s'étendra en direction de l'Est", avait-t-il promis. Depuis lors, la quasi-totalité de l'Europe de l'Est a été absorbée par l'Alliance.

"La Russie, note The Intercept, a accueilli de tels événements avec le même enthousiasme que celui qu'auraient les États-Unis si le Mexique, le Canada et un Texas nouvellement indépendant se joignaient à une alliance militaire dirigée par la Russie.....

Aujourd'hui, "l'OTAN regarde plus loin, son horizon est la planète entière", à tel point qu'elle a mis la Chine, qui se trouve sur les rives du Pacifique, dans sa ligne de mire. Et comme par le passé, elle poussera d'autres pays à la rejoindre en les convainquant de diverses manières. Et "tout comme l'OTAN a contribué à créer la guerre froide à l'époque, elle est en train d'en créer une autre aujourd'hui".

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La religion otaniste

La remarque finale de Schwarz est très pertinente: "Tragiquement, il n'y a pas de débat à ce sujet, ni aux États-Unis ni en Europe. Comme l'a dit Biden, le petit nombre d'élites impliquées dans ces débats considère l'OTAN comme une instance 'sacrée'."

"De même, lorsqu'il a préconisé la création de l'OTAN, le ministre britannique des Affaires étrangères de l'époque, Ernest Bevin, a déclaré qu'elle était nécessaire pour 'le salut de l'Occident'."

"Aussi étrange que cela puisse paraître aux gens normaux, pour les élites occidentales, l'Otan est devenue une institution de nature religieuse et ne peut donc être remise en question, pas plus que le pape n'est ouvert au débat sur la Sainte Trinité. Et nous savons tous comment les religions peuvent mener à la guerre".