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mercredi, 08 mars 2023

L'archéofuturisme 20 ans après : ce que Faye nous a permis de comprendre

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L'archéofuturisme 20 ans après: ce que Faye nous a permis de comprendre

Par Adriano Scianca

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/cultura/archeofuturismo-quello-che-faye-ci-ha-aiutato-a-capire-82600/

À l'occasion du quatrième anniversaire de la mort de Guillaume Faye, nous reproduisons pour nos lecteurs cet article de l'éditeur Adriano Scianca, publié dans ce journal le 31 mars 2018 [Il Primato Nazionale].

Rome, 31 mars 2018 - À la fin des années 1990, le nom de Guillaume Faye jouissait d'une aura légendaire auprès de quelques lecteurs cultivés, nostalgiques de l'âge d'or de la Nouvelle Droite, mais il était essentiellement inconnu de la plupart, car trop de temps s'était écoulé depuis la splendeur de son œuvre principale, Le système à tuer les peuples, qui remonte au début des années 1980. Lorsque, il y a exactement 20 ans, L'Archéofuturisme est sorti, les deux catégories de lecteurs - ceux qui n'en connaissaient pas l'existence et ceux qui se demandaient ce qu'il était devenu - ont été choquées. Le texte, en effet, était une véritable bombe atomique: par son style et par son contenu. Controversé, exagéré, provocateur, certes, comme savent l'être tous les grands écrivains. Il faut dire que le nouveau Printemps de Faye n'a pas eu beaucoup de fruits: malgré quelques exceptions (Pourquoi nous combattons ?, par exemple), la formule alchimique du succès de L'Archéofuturisme n'a jamais été répétée et les ouvrages suivants de l'auteur ont vite fini par être répétitifs et généralement sans mordant et sans éclat.

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Faye, alliant la puissance de l'archaïque aux suggestions futuristes

L'œuvre de 1998 a cependant fortement marqué l'imaginaire des deux décennies suivantes et n'a pas perdu substantiellement de son actualité. L'initiative de l'éditeur d'Aga, qui vient d'en éditer la réédition, après celle éditée en 1999 par Seb, ancêtre directe de l'actuelle maison d'édition de Maurizio Murelli, est donc plus que bienvenue. La thèse du livre est bien connue, ne serait-ce que pour avoir été entendue ici ou là : il faut unir Evola et Marinetti, le sacré et la technoscience, la puissance des suggestions archaïques et futuristes. La savoureuse petite nouvelle qui clôturait l'essai en donnait une image plastique, avec un fonctionnaire de l'empire euro-sibérien traversant les steppes dans un train à grande vitesse ultramoderne, profitant par la fenêtre de la course d'une meute de loups.

Mais c'est surtout le discours sur l'islam qui va bouleverser les anciens admirateurs de Faye et susciter le débat dans son vivier naturel. Le vieux chantre de la "cause des peuples" contre le système américano-centré a ressurgi de nulle part pour appeler à la guerre contre les musulmans.

Hérésie, trahison, main de la CIA ou du Mossad ? Sur le sujet, comme d'habitude, le point de vue de Faye tend à pousser les concepts à l'extrême, avec quelques tensions et quelques arguments taillés à la hache. Sur tout ce discours, et en général sur le lien entre la question immigrée et la question islamique, la longue recension, non pas de cet ouvrage, mais du suivant, La colonisation de l'Europe, proposée par l'un des principaux compagnons de Faye en Italie, Stefano Vaj (Per l'autodifesa etnica totale, paru dans la revue L'Uomo libero), dans laquelle les ambiguïtés d'un anti-islamisme primaire ont été bien disséquées, reste inégalée.

Vingt ans plus tard, si ce qui semblait être une obsession à l'époque n'a pas acquis les caractéristiques d'une prophétie, il s'en est fallu de peu. Trois ans après L'Archéofuturisme, Al-Qaïda s'est donné la peine de lancer le plus grand défi terroriste de l'histoire aux États-Unis d'Amérique. Et tout le monde, il faut le dire, a commenté à l'époque, non sans raison, que celui qui sème le vent... L'impression était qu'il s'agissait d'une question spécifique aux Américains, à savoir s'ils voulaient voir en Ben Laden une marionnette américaine, ou en faire l'interprète extrême mais conséquent d'une réaction à leur puissance planétaire. Ce n'est que quelques années plus tard que le terrorisme islamiste a commencé à frapper indistinctement les Européens, avec une fréquence et une férocité telles qu'elles ont découragé tout faux drapeau infatigable. Dans les périphéries multiraciales, une haine sourde et impitoyable de tout ce que nous sommes était apparue, bien au-delà de ce que nous disons ou faisons, bien au-delà de nos distinctions, certes fondées et sacro-saintes, entre l'Europe et l'Occident. Faye avait-il donc raison de nous appeler à la croisade ? Il a certainement eu raison de nous faire réfléchir à une question que nous avons toujours abordée selon des coordonnées culturelles vieilles d'au moins un siècle.

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Peu après le retour sur scène de l'ancien néo-droitiste, une réponse pro-islamique à Faye est parue en France : Les Croisés de l'Oncle Sam, de Tahir de la Nive. Mais le plus intéressant dans cet essai, c'est la préface de Claudio Mutti, qui reprend une à une les références culturelles de Faye, en montrant comment, au fil des années, elles ont manifesté de la sympathie pour l'islam : comment peut-on "unir Evola et Marinetti" contre Mahomet, alors que tous deux ont fait l'éloge de la religion musulmane, tout comme Nietzsche, Heidegger, etc. La réplique a du sens, mais elle repose sur une erreur fondamentale : l'idée d'appliquer à l'islam "chez nous" les mêmes catégories d'interprétation qu'à l'islam "chez eux". Les clés herméneutiques devaient être mises à jour, en tenant compte d'une "minorité" de moins en moins "minoritaire" qui, en Europe, se montre très peu encline à discuter du soufisme et de Guénon, préférant travailler à s'approprier un continent qu'il n'y avait pas de raison de ne pas considérer comme une future terre d'islam. Mais force est de constater que toute réflexion sérieuse sur le sujet fut vite contrariée par les élans d'une droite fallacieuse, occidentaliste, triviale, hostile à la religion et à la tradition musulmanes plus qu'à toute autre chose.

Bref, la question reste à penser. Mais pour cela, il faudrait savoir sortir des slogans adolescents, abstraits et autoréférentiels ("les centres commerciaux sont pires que les mosquées", a-t-on entendu récemment, ce qui ne veut strictement rien dire), tout en gardant la tête froide pour imposer sa propre vision des choses, ni instrumentalisée, ni exploitable, ni louée par les trublions de tous les débats, ni empruntée aux bonimenteurs médiatiques, compréhensible par le grand public mais sans facilités sloganistiques. Le passage, on le comprend bien, est étroit. Mais savoir le repérer, c'est ce qui distingue les révolutionnaires des marionnettes.

Commentaires

La réponse est évidente;

“L’État total, est celui qui assigne l’orientation de toutes les forces individuelles vers la finalité de l’espèce.” Fichte

Écrit par : le sith rouge | vendredi, 10 mars 2023

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