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samedi, 07 juillet 2007

Pour une écologie authentique et traditionnelle

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Pour une écologie authentique et traditionnelle

Afin de se trouver parmi l'illimité

L'être isolé voudra fuir dans l'inexistence

Là ou s'évanouit toute satiété;

Ce n'est point toi, désir, ni toi, lourde

exigence mais vous, profond Vouloir,

Dure Nécessité qui donnez notre joie

à notre obéissance.


Ame du monde, viens! Tu nous pénétreras!

Alors, contre toi-même engager le combat

C'est le suprême appel que notre force

Entend. De bons esprits compatissants,

Maîtres très-hauts, gouverneurs indulgents

Conduisent à celui qui crée et créa.


Et pour créer la créature, afin

Qu'elle ne s'arme point pour

L'engourdissement, l'Acte éternel agit, vivant!

Et ce qui n'était pas, veut être, veut enfin

Au soleil, à la terre, aux couleurs se mêler;

Nulle chose jamais ne se peut reposer.


L'Un et le Tout

(Goethe)

Il serait vain et trop exaustif de dresser la liste des menaces et des dégradations que subit la nature dans son ensemble sur notre planète: pollution, disparition d'espèces végétales et animales, dégradation de la couche d'ozone, nuisances de toutes sortes, etc. Il est pour nous d'une importance fondamentale de préserver en Croatie, dont les variétés de paysages, de faunes végétales et animale sont d'une extrême richesse, notre patrimoine naturel, forestier et végétal, animal et marin, comme un élément indispensable à la survie du vaste éco-système terrestre. Mais nous entendons dépasser le stade purement défensif et “réactionnel” de l'écologie contemporaine, qui en tant que simple mouvement d'action défensive sert trop souvent de support idéologique à des programmes politiques et qui considère la nature comme un simple cadre de vie et d'environnement constituant l'accessoire agréable et utile à notre civilisation du béton et à notre confort quotidien.

Or nous pensons qu'il convient pour adopter une attitude authentiquement écologiste, purement désintéressée, de restituer à la nature la fonction traditionnelle sacrale et spirituelle qu'il lui revient, en réconciliant le monde de la matière et de la nature avec l'élément divin qui s'exprime à travers l'idée de dieu, en les intégrant tous deux dans une totalité organique. Déjà dans l'antiquité gréco-romaine, les écoles atomistes et stoïciennes s'efforçaient d'élaborer une conception cosmologique définissant le rôle de la nature, les premiers en considérant l'univers comme un ensemble d'atomes infinis en nombre et les seconds affirmant le dualisme de deux principes, la matiere et Dieu, ce dernier résidant dans la première.

Plus tard les diverses formes de panthéisme et d'immanentisme de type stoïcien tendaient à identifier Dieu et la nature tel le panthéisme spinozien qui reconnaissait l'unité organique de dieu et du monde, et proclamait l'unité foncière de tout ce qui existe. Le polythéisme et le paganisme vénéraient les dieux symbolisant les attributs multiples de la divinité, lesquels attributs constituaient chacun des génies intermédiaires faisant l'objet de différents cultes mystiques: Mithra, Isis, Cybèle, Coré, Dionysos et les ménades. Le paganisme avait ce mérite de nous enseigner le respect des infinis éléments intermédiaires de la nature dont chaque partie aussi infine soit elle et chaque espèce avait sa place spécifique et contribuait à l'harmonie du concert général. La compréhension et l'individualisation de ces éléments intermédiaires aboutissait à les considérer comme des présences intermédiaires avec lesquelles nous sommes tous invités à communiquer afin de comprendre et de discerner l'identité de nos essences respectives.

La pensée chrétienne, en séparant Dieu du monde et de la nature par le principe de la transcendance divine et la doctrine de la création, a replacé Dieu au-dessus de la nature. La pensée et la conception augustinienne considérait le destin et le développement de l'univers comme tributaire de la volonté divine. Mais même après l'évangélisation des différents peuples païens et notamment dans les campagnes et pays celtiques, les croyances anciennes, d'essence païennes, restent profondément ancrées dans les mémoires collectives. Nous considérons que notre époque qui constitue bien peu de chose au regard de l'histoire de l'humanité à dominante technologique et de civilisation citadine, est bien plus inférieure quant à la vénération, la compréhension et le respect de la nature que les anciennes civilisations du dolmen et des mégalithes, des polythéismes gréco-romains, celtiques, shivaïstes et dionysiaques.

Les théories évolutionnistes de la fin du 18ième siècle, considérant les éléments naturels intermédiaires comme occupant une place inférieure à la nôtre, Buffon, Erasme Darwin, Charles Darwin, Lamarck, Huxley, le rationalisme et le scientisme du siècle des Lumières, la civilisation technologique et post-industrielle d'aujourd'hui ont considérablement contribués à la dégradation, à la désacralisation et au déperissement inéluctable de la nature. C'est pourquoi ce n'est

- qu'en restituant à la nature sa dimension sacrale, sa fonction spirituelle et symbolique,

- en conciliant les anciennes croyances d'inspiration païennes avec le christianisme tout au moins dans son inspiration assisienne (St. François d'Assise), lequel avait bien compris le langage et l'enseignement de la nature comme la necessité d'une communion et d'une fraternité entre tous les êtres vivants,

que l'on réussira à préserver la nature des catastrophes à venir.

Dans cette perspective, un nécessaire retour et une réintégration des origines s'impose ainsi qu'une véritable rupture et purification ontologique avec nous-mêmes, afin de reconsidérer la Terre comme notre mère commune et féconde dans son ancienne signification cultuelle des rites de Démeter et de Coré. Il nous faut nous libérer de notre étroite conception statique et matérialiste de la nature qui n'y voit qu'un conglomérat de matières et de couches minérales superposées ou la considère, comme Hegel, comme le tombeau de Dieu, de même qu'il nous faut rejeter le sentimentalisme béat qui n'y voit qu'un pastiche de couleurs et de paysages figés et inertes, pour y reconnaître et discerner le mouvement dynamique et circulaire d'une force en perpétuel devenir indomptable et impondérable, dont les geysers jaillissants et les magmas volcaniques en ébullition ne sont que les manifestations visibles et externes. La nature dans sa régulation et sa succesion cyclique des saisons nous apprend à restituer et à reconnaître en nous-mêmes nos propres limites et potentialités qui résident au tréfond de l'âme de notre être lequel reste inexorablement soumis comme l'ensemble des autres êtres vivants sur terre aux phases de naissance, de croissance, de maturation, de vieillesse, de déclin, de mort et de renaissance.

Et comme l'éternel retour des saisons, du foisonnement des bougeons et des multicolores floraisons du printemps, du rayonnement du soleil invaincu au zénith d'été, du pourpre multiforme des forêts dénudées d'automne, aux aurores boréales et glacées au-dessus des cîmes aux neiges immaculées, nous possédons en nous-mêmes des états multiples qu'il convient de sublimer, lesquels restent irrémédiablement soumis aux lois d'airain de naissance, de maturation, de déclin, de mort et de renaissance, et nous portent à entrer en relation intime avec les mêmes éléments multiples de la nature, pour parfaire et nourrir ce sentiment ineffable de communion mystique avec le Tout.

Une attitude écologique authentiquement traditionnelle ne saurait se soustraire à une forme de disposition contemplative qui nous permet de dépasser la simple surface de nous-mêmes et de reconnaître dans le monde naturel ambiant les signes du divin. C'est ainsi que chaque élément de la terre est l'objet d'une quête vers l'absolu et l'inaccessible, d'une initiation, d'une potentialité et le support rituel d'une vision comme dans le chamanisme indien, la symbolique et l'incarnation d'une force spirituelle comme dans les civilisations antiques traditionnelles: les civilisations précolombiennes et aryennes de culte et de mythologie solaire, le symbolisme du mont Mérû dans la mythologie perse, la vénération du mont Kaïlash dans le boudhisme tibétain, le culte choraïchite de la pierre sacrée, la Kaaba dans l'Islam primitif pré-mahométan, le chêne Yggdrasil dans la mythologie nordique tout comme la représentation cosmologique de l'Univers par le Mandala hindou etc. Une authentique écologie traditionnelle s'est toujours fixée pour but de réconcilier l'univers-matière avec l'homme et de réaliser une union mystique avec l'élément divin.

Dans ce sens, la pensée métaphysique, la philosophie et la dialectique de la nature, la cosmologie pan-christique, la mystique et la conception énérgétique et théologique du Père Teilhard de Chardin se rattache à une tradition vivante et vénérable, se perpétuant depuis les vieux philosophes ioniens qui rêvaient de physique idéale et de cosmogonies totales, la dialectique ascensionnelle de la beauté et de l'amour de l'idéalisme platonicien, la métaphysique pythagoricienne, et l'enseignement de l'école de Milet avec Thalès, recherchant le principe premier qui anime l'univers et régit son processus de développement, jusqu'aux philosophes de la renaissance, de Ravaisson, Schelling, à l'idéalisme d'un Goethe et d'un Hölderlin dans ses hymnes, odes et élégies.

La pensée de Teilhard de Chardin a consisté à expliquer et à exalter le développement unitaire du monde naturel et tangible sous l'influx de la puissance christique, ainsi que la montée des effets de l'Incarnation dans l'univers où le Christ s'est inséré et continue d'agir eucharistiquement. Plongé dans le monde moderne, Teilhard de Chardin a réussi à le resacraliser, il a refait de l'univers un temple. En proposant des axes d'orientation, de recherches, de méditation et d'action, il expliquait lui-même la Weltanschauung qu'il proposait comme ne représentant nullement un système fixé et fermé, mais seulement un faisceau d'axes de progression comme il en existe et s'en découvre peu à peu dans tout système en évolution. La cosmogenèse ascensionnelle de Teilhard, en tant qu'univers conçu comme un système animé d'un mouvement orienté et convergent, expliquait l'humanité comme convergeant inéluctablement vers le centre Oméga qui est le point de convergence absolu et naturel de l'humanité et du cosmos entier, une sorte d'interuptum coïncidenciae, dans la conception de Nicolas Berdaïev, cet absolu et ce bien pour toujours dont Nietzsche disait que “la joie veut l'éternité de toutes choses, elle veut la profonde, profonde éternité”.

Rejetant les différentes formes

- de panthéisme, de confusion (où Dieu étant un Tout, le personnel et le moi tendent à s'identifier en se dépersonnalisant avec le tout, conçu comme l'élémentaire), comme le panthéisme humanitaire (religion sans dieu apparent d'après laquelle l'intérêt suprême de l'existence consiste à se vouer corps et âme au progrès universel et du développement de l'humanité), et le panthéisme matérialiste (de type marxiste expliquant l'évolution du monde par le pouvoir d'autocréation de la matière, dialectique de la nature), il proposait un panthéisme de convergence, selon lequel Dieu est un tout en tous, et où chaque moi personnel cherche à rejoindre le centre où tout s'achève par une attitude de pan-communion ou chaque être humain participe à la vie divine du Christ par les forces passées et présentes de l'univers, par les personnes, les évènements et tout ce qui constitue l'ambiance de notre univers. cette attitude de communion et d'action aboutissait à un panchristisme qui constitue l'universalisation du Christ permettant de lui conserver ses attributs essentiels dans une perspective en cosmogenèse et plaçant l'union au terme d'une différenciation organique et laborieuse.

C'est dans cet même esprit de communion avec la nature et d'union mystique avec le cosmos entier, que Goethe élabora le concept de “nature vivante” et qu'Oswald Spengler identifiait avec l'Univers-Histoire. En tant qu'artiste, philosophe, écrivain et physicien qui ne cessait de créer la vie et de nouvelles formes, il opposait l'univers organique à l'univers mécanique, la nature vivante à la nature morte, la forme à la formule. Par opposition à la méthode de la recherche et la méthode scientifique et matérialiste qui soumet les phénomènes naturels aux lois de causalité et d'effet, il proposait, pour cerner et comprendre le mystère du phénomène de la nature en mouvement, de le revivre par le sentiment, l'intuition, la comparaison, la certitude intérieure immédiate, l'imagination exacte et sensible.

C'est précisément dans le cadre de cette expression goethéenne intimement empiriste et sensible, qu'une véritable écologie traditionnelle devrait s'inscrire pour comprendre et expliquer le destin de la nature et non sa causalité en étudiant et en vivant son langage formel et sensible, sa structure périodique, sa logique organique et en partant de l'abondance des faits particuliers qui tombent sous nos sens, pour aboutir à la conclusion que tous les phénomènes et organismes sensibles et naturels, aussi infimes soient-ils, appartiennent à une unité supérieure. La perception sensible de l'univers et du monde de la nature comme un devenir éternel, nous fait découvrir l'abondance incoercible de ses transformations. Goethe écrivait à ce propos dans une œuvre posthume: “que la forme est un dynamisme qui devient, qui passe. Métamorphose est doctrine du changement. La théorie des métamorphoses est doctrine du changement. La théorie des métamorphoses est la clé qui montre les signes de la nature”.

L'esprit citadin contemporain et la conception rationaliste et scientifique moderne élève et organise une nature stricte et utilitaire et accessoire autour de l'individu avec une pression et une obstination tyrannique et systématique, sans comprendre et être en mesure de s'expliquer que la nature originelle des premiers temps, l'univers ambiant obscur de la première humanité dont témoignent aujourd'hui les rites religieux et la survivance des mythes dans ce que nous appelons “les sociétés et peuples primitifs”, univers entièrement organique plein de démons hostiles et de puissances bienfaitrices et capricieuses est un tout absolument vivant, incoercible et incommensurable. L'une des constantes néfastes de l'esprit moderne et de la conception mécaniste et rationaliste de la nature a été de rompre avec ce passé originel, avec la chaîne mythique des générations, des unités et organismes vivants ancestraux infiniment reliés entre eux, pour faire du monde de la nature un pôle indépendant, décentré, unique champ d'expérimentation et d'exploitation, domestiqué et mesurable.

C'est ainsi que la nature dans un sens étriqué, exact et scientifique, restreinte aux hommes des grandes villes mondiales cosmopolites qu'Oswald Spengler a si bien décrites, qui n'est qu'objet de possession et d'analyse scientifique, s'oppose à la conception proprement naturelle, la forme naïve et juvénile plus inconsciente qui demeure latente dans les tréfonds de l'âme de chaque homme. A ce propos, Oswald Spengler écrivit: “C'est du moins ainsi que la nature mathématique, a-mystérieuse, décomposée et décomposable d'Aristote et de Kant, des sophistes et des darwiniens, de la physique et de la chimie moderne s'oppose à cette nature vécue, illimitée, sentie chez Homère et les Eddas, le Dorien et l'homme Gothique. L'oublier, c'est méconnaître l'essence de toute recherche historique. Elle est proprement la conception naturelle, opposée à la nature exacte et mécaniquement organisée qui est la conception artificielle de l'âme par rapport à son univers”.

Nous considérons à juste titre que l'essence d'une véritable écologie traditionnelle est indissociable d'une conception organique et naturelle du monde et de l'univers, qui recherche la compréhension et l'expression dans sa pureté, le langage formel de l'image cosmique, en vivant à chaque instant la nature de manière illimitée et sensuelle comme Goethe et Platon nous l'ont si bien enseigné. Il est d'autre part d'une necessité impérative pour cette même écologie traditionnelle de dénoncer la conception artificielle, matérialiste, scientifique et l'image mécanique du monde naturel ambiant pour affirmer l'incoercibilité, l'incommensurabilité et l'éternité d'une nature-mère qu'il convient de resacraliser dans tous ses éléments constitutifs. Seule cette attitude écologique et cette disposition intérieure purement spirituelle et de conception organique est à même de servir de solide fondement à toutes les formes extérieures de défense et d'action de sauvegarde de notre environnement naturel. C'est pourquoi toute forme d'écologie contestataire défensive et revendicative, détachée d'un centre spirituel de connaissance et de perception supérieure de la nature, sera vouée à l'échec et limitée à des actions ponctuelles et des effets ephémères facilement récupérables.

Jure VUJIC.

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Chevaliers teutoniques

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Buschinger Danielle, Olivier Mathieu

Les chevaliers teutoniques

Biographies Historiques

978-2-7298-3354-1,  BUSCHI

16 x 24 cm, 560 pages, 28,00 €

Parution : 2007        statut : Disponible

 

Né à la fin du xiie siècle en Palestine, « l’Ordre de l’hôpital Sainte-Marie-des-Allemands de Jérusalem » est le petit frère des Hospitaliers et des Templiers. À l’instar de ces ordres militaires, c’est une institution semi-monastique, où des frères chevaliers mènent une vie commune qui se partage entre activités militaires et obligations de nature religieuse. Dès le Moyen Âge, ces frères sont appelés chevaliers « allemands » ou « de l’Ordre allemand ». La tradition en France a retenu l’appellation de « chevaliers teutoniques ».
Cette synthèse se propose d’éclairer une histoire pluriséculaire, éclatée en de multiples lieux, du Levant jusqu’au rivage de la Baltique, de la Sicile à la Bourgogne, en privilégiant les pans oubliés de l’histoire des Chevaliers : en particulier l’histoire de l’Ordre teutonique après la période médiévale et les développements du mythe teutonique. Ébranlé par la Réforme, annihilé par Napoléon, persécuté par Hitler, l’Ordre a plusieurs fois frôlé l’anéantissement complet?; à chaque fois il a su tant bien que mal renaître de ses cendres.
Aujourd’hui encore, devenu un ordre de prêtres et de religieuses, il mène une existence discrète en Europe centrale, se consacrant à des missions d’ordre humanitaire, un peu à la manière de l’ordre de Malte.
L’ouvrage est bâti autour d’une histoire politique et militaire : le récit des combats en Palestine, puis en Prusse et en Livonie, la place politique de l’Ordre dans la chrétienté médiévale, enfin sa progressive rétraction à l’époque moderne. Mais le lecteur y trouvera également des aperçus économiques, sociaux et religieux sur une institution et un État qui lui est consubstantiellement lié, la Prusse médiévale.
Ni tentative de réhabilitation, ni variation sur le mode de la légende noire, cet ouvrage s’offre tout simplement de retracer le destin singulier d’un avatar de l’esprit des croisades, qui domina jadis un territoire partagé entre cinq États actuels de l’Est européen, avant de se replier en terre d’Allemagne.

Danielle Buschinger est professeur de langue et civilisation allemande à l’université de Picardie. Spécialiste de langue et littérature allemande du Moyen Âge, elle est responsable du Centre d’études médiévales de cette université. Elle est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages critiques et de traductions françaises d’œuvres médiévales allemandes.

Mathieu Olivier, ancien élève de l’École normale supérieure d’Ulm et agrégé d’histoire, termine une thèse sur les chroniques de l’Ordre teutonique et leurs usages à la fin du Moyen Âge. Il enseigne actuellement l’histoire médiévale à l’université de Paris XII.

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vendredi, 06 juillet 2007

Saint-Loup: la peau de l'aurochs

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Saint-Loup: la peau de l'aurochs

L'association "les Amis de Saint-Loup" vient de rééditer très opportunément un des premiers livres de cet auteur. Ce roman paru en 1954 chez Plon, à la lumière des évènements actuels apparait a beau­coup d'égard comme prophétique. En effet comme le souligne Robert Dun dans sa contribution "Réflexions sur une tenace espérance" dans le recueil paru en 1991 intitulé Rencontre avec Saint-Loup: «Peu savent que son livre Peau de l'aurochs fut terminé en 1945. Y regardant de près, on ne peut manquer de découvrir dans cet ouvrage une vision de toutes les lignes de force majeures qui se sont concrétisées en situations historiques depuis 1945: la toute-puissance des technocrates qui traque les derniers authentiques humains jusqu'aux plus inhospitaliers culs-de-sac des hautes vallées alpestres, la montée de la Chine qui entreprend la conquête du monde tout en véhiculant le matérialisme le plus agressif, la régénération du Juif errant par le retour à la nature et à la terre. Or l'Etat d'Israël et les kib­boutz, le communisme chinois, la marée technocratique et la réaction écologique qu'elle a suscitée ne se sont manifestés qu'entre cinq et vingt ans après la fin de la rédaction de ce livre prophétique qui évoque aussi le mystérieux effacement des technocrates agresseurs et la terre libérée pour ceux qui ont eu le courage des ultimes résistances. Et quelle fut la force qui a donné la victoire aux "entêtés" de la nature? Une idéologie? Non! la "peau de l'aurochs", le bon sens paysan, la perception ancestrale des forces cachées, du "serpent des eaux noires" dispensateur de fertilité, du "Grand Bonzeu", du bouque­tin arpenteur des rocailles et des neiges qui incarne le choix de ceux en qui la poésie sans phrases face à la montagne est plus forte que les sirènes du confort technologique.

Le thème a été repris dans La Republique du Mont-Blanc, qui ajoute au livre précédent l'invasion musulmane et l'entreprise consciente de destruction génétique des peuples européens».

A ces thèmes j'en ajouterai d'autres (histoire de les énoncer clairement) qui se sont aussi vérifiés: la désertification rurale, le génocide paysan, la panmixie désorientante, la destruction de l'environne­ment, la citique du primat de la raison technicienne, le conflit christianisme/paganisme, l'enracinement, le dépassement de soi et l'hypothétique avènement d'un surhumanisme nietszchéen. Tout cela il y a 50 ans, bien avant Jean Raspail, Philippe Gauthier et bien d'autres! Tous ces thèmes sont évoqués dans ce grand roman ou cette "République Valdotaine" qu'il a si bien connu, va renaître puis survivre et se ré­générer grâce à la ténacité de quelques âmes fortes. Cette communauté va donc se replier dans les montagnes et entreprendre de se développer. Mais la civilisation mondiale installée dans la vallée va un jour vouloir édifier un barrage qui noira les villages. La communauté doit alors faire face aux forces d'attraction-dissolution qu'exerce cette culture-monde sur l'ethnie valdotaine. Cependant un dernier carré va tenter de survivre. Cette intrigue à la fois simple et bien menée permet d'évoquer clairement et avec une grande plausibilité tous ces thèmes au fil du récit de ce livre, ce qui constitue en soit un tour de force. Citons simplement, à titre d'illustration, cette description du monde politique qui n'est pas sans nous faire penser irrépressiblement au nôtre: «Les politiciens exprimait les opinions les plus di­verses mais se ralliaient tous, fort curieusement à quelques idées monolithiques, exactement comme les prétoriens de César! Ils défendaient tous la liberté, prêchaient une égalité aussi fraternelle que burlesque entre les hommes, encourageaient la confusion des races. Ils promettaient tous un bonheur illimité sur cette terre, la démocratie chrétienne seule accordant un supplément de bonheur dans le ciel».

Pascal GARNIER.

Saint-Loup, La peau de l'aurochs, Les Amis de Saint-Loup,150 FF. Disponible auprès de l'association.

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jeudi, 05 juillet 2007

Géopolitique des migrations

Tandonnet Maxime

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Géopolitique des migrations. La crise des frontières

Mondes réels

978-2-7298-3260-5,  TANDON

14,5 x 21 cm, 144 pages, 16,00 €

Parution : 2007        statut : Disponible

 

Conséquence directe de la globalisation, l’augmentation fulgurante et multiforme des flux migratoires dans le monde se traduit par l’essor des sociétés multiculturelles. Dans le contexte idéologique issu du 11 septembre 2001, dominé par l’idée de « choc des civilisations », comment gérer au mieux cette diversité croissante, à laquelle n’échappe aucun pays, tout en évitant le risque de la tribalisation et du repli identitaire ?
Alors que l’ONU recommande la libéralisation croissante des mouvements de populations et un glissement résolu vers le communautarisme, il est bien au contraire essentiel et urgent de réaffirmer d’une part la pleine souveraineté des États sur les flux migratoires, notamment leur volume, d’autre part la légitimité du contrôle des frontières face à l’immigration illégale et le devoir d’intégration, voire d’assimilation, des populations migrantes.

Maxime Tandonnet, haut fonctionnaire, est un spécialiste reconnu des questions d’immigration et d’intégration. Il a publié de nombreux ouvrages sur ces sujets, dont Immigration, sortir du chaos aux éditions Flammarion.

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G. Faye: economia no es el destino

Guillaume FAYE:

LA ECONOMÍA NO ES EL DESTINO

La presente conferencia fue pronunciada por Guillaume Faye durante el XIII congreso federal del GRECE. A pesar de las referencias a las realidades históricas del momento, hemos creído de máximo interés su publicación, las ideas expresadas son de plena vigencia y necesaria lectura.

«Las únicas realidades que cuentan para nuestro futuro son de orden económico», declaraba durante un debate un ministro, que es también, al parecer, el mejor economista de Francia. «Estoy totalmente de acuerdo con usted», le replicaba el adversario político al que se oponía, pero usted es un gestor muy malo y somos más fuertes que usted en economía.

Diálogo revelador.

Como Nietzsche, sepamos descubrir a los falsos sabios bajo la máxima de «especialistas», destrocemos los ídolos, pues la falsa ciencia –la metafísica también– de nuestra época, y la primera de sus ídolos, es la economía.

«Vivimos en sociedades, anota Louis Pauwels, para las cuales la economía es el único destino. Limitamos nuestros intereses a la historia inmediata, y limitamos ésta a los hechos económicos». Nuestra civilización, por supuesto –que no es más una «cultura»– está fundada sobre una concepción del mundo exclusivamente económica. Las ideologías liberales, socialistas o marxistas, se unen en su interpretación «economista» del hombre y de la sociedad. Postulan todas que el ideal humano es la abundancia económica individual; aunque se diferencian por los medios de cómo llegar a ese estado, admiten unánimemente que un pueblo no es más que una «sociedad», reducen su destino a la exclusiva consecución del bienestar económico, explican su historia y elaboran su política sólo a través de la economía.

Es lo que en el GRECE negamos. Rechazamos esta reducción de lo humano a lo económico, esta única dimensión de la Historia. Para nosotros, los pueblos deben primero asegurar su destino: es decir su duración histórica y política y su especificidad. La historia no está determinada, y menos con relaciones y mecanismos económicos. La voluntad humana hace la historia. No la economía.

La economía para nosotros no debería ser ni una contradicción ni una teoría, sino una estrategia, indispensable, pero subordinada a lo político. Administrar los recursos de una comunidad según criterios primero políticos, ese es el sitio de la economía.

Entonces, entre las opciones liberales o socialistas y nosotros, no hay entente posible. Anti-reduccionistas, no creemos que la «felicidad» merezca ser un ideal social exclusivo. Al igual que los etólogos modernos, pensamos que las comunidades humanas sólo sobreviven físicamente si tienen un destino espiritual y cultural.

Podemos incluso demostrar que privilegiando la economía y la búsqueda del bienestar personal, llegamos a sistemas tiranos, a la desculturización de los pueblos, y a corto plazo, a una mala gestión económica. Ya que la economía funciona mejor cuando no ocupa el primer lugar, cuando no usurpa la función política.

Por lo tanto hay que asumir un cambió intelectual en economía, como en otros campos. Otra visión de la economía, según los desafíos contemporáneos, y ya no fundada sobre axiomas de burgueses del siglo XIX, será posiblemente la Economía Orgánica, objeto de nuestras investigaciones actuales.

La revuelta «en el sentido que Julius Evola da a este término» se impone contra esta dictadura de la economía, fruto de una dominación de los ideales burgueses y de una hipertrofia de una función social. Para nosotros europeos del oeste, es una revuelta contra el liberalismo.

«Nuestra época –escribía ya Nietzsche en Aurora– que tanto habla de economía es muy derrochadora; derrocha el espíritu». Fue profeta: hoy, un Presidente de la República se atreve a declarar: «El problema mayor de nuestra época, es el consumo». El mismo, a estos «ciudadanos» reducidos a simples consumidores, afirmar que desea el «nacimiento de una inmensa clase media, unificada por el nivel de vida». También el mismo se ha felicitado de la sumisión de la cultura a la economía mercante: «La difusión masiva –esta palabra que tanto le gusta– del audiovisual lleva a la población a compartir los mismos bienes culturales. Buenos o malos, es otra cuestión (sic) pero en todo caso por primera vez los mismos».

Clara apología, del jefe de fila de los liberales, del rebajamiento de la cultura al tráfico. Así, lo político desciende hasta el nivel de la gestión, fenómeno bien descrito por el politólogo Carl Schmitt. El dominio obsesivo de las preocupaciones económicas no corresponde, sin embargo, al antiguo psiquismo de los pueblos europeos. En efecto, las tres funciones sociales milenarias de los indoeuropeos, funciones de soberanía política y religiosa, de guerra, y en tercer lugar de fecundidad y de producción, supondrían un dominio de los valores de las dos primeras funciones, hechos puestos a la luz por G. Dumézil y E. Benveniste. Pero, no sólo la función de producción se encuentra hoy dominada por una de sus sub-funciones, la economía, sino que ésta, a su vez, está dominada por la sub-función «mercante». Por consiguiente el organismo social está, patológicamente, sumiso a los valores que produce la función mercante.

Según los conceptos del sociólogo F. Tonnies, este mundo al revés pierde su carácter «orgánico» y vivo y se convierte en «sociedad mecánica». Tenemos que reinventar una «comunidad orgánica». Así el liberalismo económico y su colaborador político adquieren su significado histórico: esta ideología ha sido la coartada teórica de una clase económica y social para «librarse» de toda tutela de la función soberana y política, e imponer sus valores –sus intereses materiales– en vez y en lugar del «interés general» de la Comunidad entera.

Solamente la función soberana y sus valores propios pueden asegurar el interés general. La única revolución ha sido la del liberalismo, que ha usurpado la soberanía en interés de la función económica, revindicando primero la «igualdad» con los otros valores, pretexto para marginarlos después.

Según un proceso cercano al marxismo, el liberalismo ha construido un reduccionismo económico. Los hombres sólo son significativos para él como participantes abstractos en el mercado: clientes, consumidores, unidades de mano de obra; las especificidades culturales, étnicas, políticas, constituyen tantos obstáculos, de «anomalías provisionales» hacia la Utopía a realizar: el mercado mundial, sin fronteras, sin razas, sin singularidades; esta utopía es más peligrosa que la del igualitarismo «comunista» ya que es más extremista todavía, y más pragmática. El liberalismo americano y su sueño de fin de la Historia en el mismo way of life comercial planetario, constituye la principal amenaza.

Así señalamos claramente a nuestro enemigo. Tenemos costumbre de designar como «sociedad de mercado» a la realizada según la ideología liberal; podemos señalar que el marxismo y el socialismo nunca han conseguido, ellos, a realizar su proyecto igualitario, la «sociedad comunista», y aparecen así menos revolucionarios que el liberalismo, menos «reales».

Esta «sociedad de mercado» se nos aparece pues como el objeto actual y concreto de crítica y de destrucción. Nuestra sociedad es «de mercado», pero no especialmente mercantil. La república de Venecia, las ciudades hanseáticas vivían de un sistema económico mercantil pero no constituían sociedades «de mercado». Pues el término «mercado» no designa estructuras socioeconómicas sino una mentalidad colectiva, un sistema de valores que caracteriza no sólo la economía pero todas las instituciones.

Los valores del mercado, indispensables a su único nivel, determinan el comportamiento de todas las esferas sociales y de Estado, e incluso la función puramente productiva de la economía.

Se juzga –y al Estado en primer lugar– desde un punto de vista totalmente mercantil. Esto no quiere decir que dominación mercante signifique «dominación por el dinero», no planteamos una condena moral del dinero no del beneficio del empresario. Hay que admitir el comportamiento mercantil o provechoso si acepta subordinarse a otros valores. No hay que ver pues en nuestra posición un «odio de la economía» o un nuevo reduccionismo opuesto a la ganancia y a la función mercantil como tales. No somos moralizadores cristianos. Sociedad de mercando significa pues sociedad donde los valores sólo son mercantiles. Podemos clasificarles en tres figuras «mayores»: la mentalidad determinista, el espíritu de cálculo y la dictadura del bienestar económico individual.

La mentalidad determinista, útil sólo para la única actividad mercantil, tiende a eliminar los riesgos y a minimizar los vaivenes. Pero, adoptada por el conjunto de una sociedad y en particular por los decididotes políticos y económicos, la mentalidad determinista se convierte en coartada intelectual para no actuar ni arriesgar. Sólo el mercante (comerciante) puede por derecho, para maximizar sus ganancias, subordinar sus actos a determinismos: leyes del mercado, coyunturas, curvas de precios, etc… Pero el poder político, no más que la economía nacional no deberían, como un comerciante, someterse o «dejarse llevar» por una racionalidad excesiva que dispensa de todo «juego de riesgo». La sociedad mercante se «administra» a corto plazo, bajo la hegemonía de las «previsiones económicas» pseudos científicas (la industrialización «ineludible» del Tercer Mundo, la mundialización de la competencia internacional, la tasa de crecimiento de las rentas y del PNB, etc.), pero paradójicamente no tiene en cuenta las más elementales de las evoluciones políticas a medio plazo: por ejemplo el oligopolio de los poseedores del petróleo.

Por lo tanto, nada menos «independiente» que las naciones mercantes. Los gestores liberales van en el sentido de lo que creen mecánicamente determinado (por estar racionalmente formulado) haciendo la economía de la imaginación y de la voluntad.

En el siglo de la perspectiva, de la previsión estadística e informática, nos dejamos llevar por el corto plazo y se prevé menos que los soberanos de los siglos pasados. Todo pasa como si las evoluciones sociales demográficas, geopolíticas no existieran y no fuesen a tener efectos mayores. Lo igual en todos los sitos – según la fórmula estúpida de los economistas liberales- solamente son tomadas en cuenta por los que deciden las restricciones o pseudos previsiones económicas a corto plazo. (original francés Toutes choses égales par allieurs –selon la formule stupide des économistes libéraux- seules son prises en compte par les décideurs, les contraintes ou pseudo-prévisions économiques à court terme)

La sociedad mercante es pues ciega. Sometida a las evoluciones y a las voluntades exteriores, porque cree en el determinismo histórico, trata a los pueblos europeos como objetos de la historia.

Segundo rasgo de la mentalidad mercante: el espíritu de cálculo. Adaptado al comerciante, este espíritu no conviene a los comportamientos colectivos. Hegemonía de lo cuantificable sobre lo cualificable, es decir, sobre los valores, dominio de lo mecánico sobre lo orgánico, el espíritu de cálculo aplica a todo la tabla única del valor económico. No pensamos que el «dinero» se haya convertido en la norma general: sino que todo lo que no se puede medir «ya no cuenta».

Se pretende calcularlo todo, incluso lo no-económico: se «programan» los momentos de jubilación, las horas de trabajo, los tiempos de ocio, los salarios, en el mismo nivel –pero mucho antes– los niños que van a tener. Existe incluso un «coste de la vida humana» tomado en cuenta para ciertas inversiones. Pero todo lo que escapa al cálculo de los costes, es decir precisamente lo que más importa, es rechazado, los aspectos incontables económicamente de los hechos socio-culturales (como los costes sociales de la pérdida de raíces resultante de la inmigración) llegan a ser indescifrables e insignificantes para los «tecnomercantes».

Incluso en economía, el exceso de cálculo perjudica: ¿cuántas inversiones útiles a largo plazo, pero que un cálculo de previsión declara no rentables a corto plazo, son abandonadas?

El individuo, seguro, «calcula» su existencia, pero ya no piensa en su herencia, en su descendencia. Los Estados obsesionados por la gestión a corto plazo, sólo toman en consideración los aspectos «calculables» y cifrables de su acción. Estos «hombres de negocios» demagogos sólo actúan ahí donde se pueden «rendir cuentas» y sobre todo en lo inmediato, incluso si es necesario falsificando algunas cifras.

¿Una región muere de anemia cultural? ¿Qué importa si por el turismo de masas, su tasa de crecimiento es positiva? Y, entre adversarios políticos, el argumento político se reduce a batallas de porcentajes.

Esta superficialidad de la «gestión tecnocrática» (ersatz[1] mercante de la función soberana) puede incluso desembocar en el «marketing político», reducción de la política al «negocio» comercial. Hoy, Francia o Alemania, son más o menos asimiladas por sus gobiernos a sociedades anónimas por acciones. La Casa Francia con sus ciudadanos asalariados. Ni que decir que, también, la política exterior e incluso la política de defensa, están determinadas por intereses de salidas comerciales inmediatas. Incluso para la economía no es lo mejor ya que este mercantilismo a corto plazo resulta ser aleatorio y no sustituye una política económica. Cuando los Jefes de Estado en visita se convierten en V.R.P., como verdaderos VRP, se rinden bajo la dependencia de sus clientes. (original francés pone V. R. P. ¿qué es eso)

La sociedad de mercando puede describirse como una «dictadura del bienestar individual» según los términos de Arnold Huelen; dictadura porque el individuo, obligado a entrar en el sistema providencialista del Estado, ve desintegrarse su personalidad en el ambiente consumista. Paradójicamente, el Estado-providencia liberal castiga la iniciativa productiva (cargas sociales excesivas) y desanima indirectamente la iniciativa individual. Asegurados sociales, asalariados, parados remunerados: ya no dominan su destino. Inmenso desprecio de su pueblo por el Estado-providencia, el «monstruo frío» de Nietzsche. Tiranía suave.

¿Cómo extrañarse entonces que se desprecie un soberano transformado en dispensador de entretenimientos? El Politólogo Julián Freund habla justamente del fallecimiento político del Estado.

El liberalismo produce un doble reduccionismo: por una parte el Estado y la sociedad sólo deben responder a las necesidades económicas de los pueblos; y, por otra, estas necesidades son reducidas al «nivel de vida» individual. En el liberalismo mercante se prohíbe, en parte por interés, juzgar si estas necesidades son deseables o no: sólo cuentan los medios técnicos a poner en marcha para conseguirlas.

De ahí el predominio político del nivel de vida y por necesidad igualitaria: sueño burgués – y americano– de pueblos nivelados e igualados por el mismo nivel de vida.

Los pueblos y los hombres siendo todos semejantes para un liberal, la única desigualdad subsistente es la del poder adquisitivo: para obtener la igualdad, es pues suficiente difundir a través del mundo el modo de vida mercante. Así, ahí están reconciliadas milagrosamente (la mano invisible de Adam Smith) el humanismo universalista y los «negocios», la justicia y los intereses, como confesaba puerilmente Jimmy Carter; Bible and Business.

Los particularismos culturales, étnicos, lingüísticos, las «personalidades», son obstáculos para la sociedad mercantil. Lo que explica que la ideología moralizadora de los liberalismos políticos lleva al universalismo, a la mezcla de los pueblos y de las culturas, y a las diversas formas de centralismo.

La sociedad mercantil y el modelo americano amenazan a todas las culturas de la Tierra. En Europa o en Japón la cultura ha sido reducida a un «modo de vida» («way of life») que es justo lo inverso a un estilo de vida.

El hombre es así clasificado, es decir reducido a las cosas económicas que compra, produce o recibe, según el mismo proceso (pero más intensamente aún) que en los sistemas comunistas. Su personalidad se acaba en los bienes económicos que solos estructuran su individualidad. Cambiamos de personaje cuando cambiamos de moda. Ya no estamos caracterizados por nuestros orígenes (reducidas al «folclore») ni por nuestras obras, sino por nuestros consumos, nuestro «standing». En el sistema mercantil, los modelos cívicos dominantes son el consumidor, el asegurado, el asistido; y no el productor, el inversor, el empresario. No hablemos de los tipos no-económicos: el jurista, el médico, el soldado, que se han convertido en tipos sociales secundarios.

La sociedad mercantil difunde un tipo de valores cotidianos perjudiciales respecto al trabajo como tal: vender y consumir el capital parece más importante que construirlo. Y no hay nada más igualitario que la función de consumo. Los productores, los empresarios, se diferencian por sus actos; ponen en juego capacidades desiguales. Pero consumir, es el no-acto al que todo el mundo, sean sus capacidades las que sean, o su origen, puede acceder. Una economía de consumo se mete en una vía inhumana en la medida en que el hombre es etológicamente un ser de acción y de construcción. Así, paradójicamente la alta productividad de las industrias europeas subsiste a pesar de la sociedad liberal mercantil y no a causa de ella. ¿Por cuánto tiempo? Hay que precisar que nuestra crítica de la sociedad mercantil no es un rechazo, muy al contrario, de la industrialización o de la tecnología. La noción de comunidad orgánica, que oponemos a la sociedad mercantil, no tiene nada que ver con la «sociedad de convivencia original francés: conviviale» de los neo-rousseanistas (Illich, etc…)

La técnica es para nosotros una adquisición cultural europea, pero debe ser considerada como una herramienta de poder y de dominio del medio y ya no como una droga al servicio del bienestar. Entonces no compartimos las críticas izquierdistas con resonancia bíblica, sobre la «maldición del dinero» y sobre la «voluntad de poder» de la sociedad contemporánea. La sociedad mercantil no afirma ninguna voluntad, ni en el nivel del destino global, ni siquiera en el de una estrategia económica.

Las consecuencias de esta civilización de la economía son graves para el destino de nuestra especie, y al mismo tiempo, para nuestro futuro político y económico. Honrad Lorenz ve en la «unidad de los factores de selección», todos de naturaleza económica, una amenaza de empobrecimiento humano. «Una contra-selección está en marcha –revela Lorenz en Nouvelle Ecole– que reduce las diversidades de la humanidad y le impone pensar exclusivamente en términos de rentabilidad económica a corto plazo. Las ideologías economistas, que son tecnomórficas, hacen del hombre una máquina manipulable. Los hombres, unidades económicas, son cada vez más iguales, como máquinas precisamente».

Para Lorenz, la subordinación de los valores no económicos es una catástrofe, no sólo cultural sino biológica. El consumir constituye una amenaza psicológica para los pueblos. Lorenz, como médico, habla de patología colectiva. Morimos de arteriosclerosis. La civilización del bienestar económico nos lleva lentamente, según Lorenz, hacia la muerte templada. Escribe: «hipersensibles al no placer, nuestras capacidades de gozar se debilitan».

La neofilia, este gusto siempre insatisfecho de nuevos consumos, tiene, para los antropólogos, efectos biológicos nefastos y desconocidos. Pero, ¿qué es la supervivencia de la especie al lado de la subida del precio de los croissants de mantequilla? En fin, si nadie piensa en estos problemas, nosotros sí.

Muerte templada, pero también declive demográfico. La dictadura de la economía ha hecho de nosotros europeos unos pueblos corto-vivientes según el análisis de Raymond Ruyer. Atacados a nuestras preocupaciones económicas inmediatas, nos hemos convertido en objetos y en victimas de la historia biológica.

Nuestros economistas son sensibles al declive demográfico solamente porque comprometerá la financiación de la jubilación. «Nuestra civilización economista –escribe Raymond Ruyer– es por esencia anti-natalista y suicida porque es, por esencia, anti-vital, anti-instintiva».

Pero el consumo de masas ha convertido a la cultura en «primitiva». Los mercaderes de bienes de consumo poseen un poder cultural, que se ejerce en el sentido de un desarraigo, y de una masificación igualitaria. No son los consumidores quienes eligen su estilo de vida –mito democrático querido por los liberales– sino son firmas mercantes quienes crean comportamientos de masa destruyendo las tradiciones específicas de los pueblos. Mediante el «marketing», mucho más que por la propaganda política, se impone casi científicamente un nuevo comportamiento, jugando sobre el mimetismo de las masas desculturizadas. Una sub-cultura mundial está naciendo, proyección del modelo americano. Se orientaliza o se americaniza a voluntad. Desde el final de la primera guerra mundial, del «new look» a la moda «disco», un proceso coherente de condicionamiento sub-cultural está en marcha. El rasgo común: el mimetismo de los comportamientos lanzados por los mercantes americanos. Así, la economía se ha convertido en uno de los fundamentos cualitativos de la nueva cultura, sobrepasando ampliamente su función de satisfacción de las necesidades materiales.

Incluso en el plano estrictamente económico, que no es, según nuestro punto de vista, capital, el fracaso del sistema mercantil dado hace algunos años es patente. No hablemos ya del paro y de la inflación, sería muy fácil. Jean Fourastié anota: «la indigencia de las ciencias económicas actuales, liberal o marxista» y las acusa de usurpación científica. «Asistimos – dice– sobre todo desde 1973, a la carencia de los economistas y al inmenso naufragio de su ciencia». Añade: «los economistas liberales o socialistas han pensado siempre que sólo lo racional permitía conocer lo real. Sus modelos matemáticos se han construido sobre la ignorancia o el odio de las realidades elementales. Ahora bien, en cualquier ciencia, lo elemental es lo más difícil. Se llega a ser despreciarlo porque no se presta a los ejercicios clásicos sobre los que los economistas universitarios se otorgan sus diplomas. Fourastié concluye: «Nuestro pueblo, nuestros economistas, nuestros dirigentes viven sobre las ideas del siglo XIX. Los impasses de la racionalidad empiezan a ser visibles. El hombre vive al final de las ilusiones de la inteligencia».

Un reciente premio Nobel de economía, Herbert Simon, acaba de demostrar que en sus comportamientos económicos u otros, el hombre, a pesar del ordenador, no podría optimizar sus elecciones y comportarse racionalmente. Así, la «Teoría de los Juegos y del Comportamiento Económico» de Von Neumann y Morgenstern, una de las bases del liberalismo, se revela falsa. La elección razonada y óptima no existe. Herbert Simon ha demostrado que las elecciones económicas eran primer término, al azar, arriesgadas, voluntaristas.

Estas ilusiones de la inteligencia han causado a los liberales graves fracasos; cojamos algunos al azar: El sistema liberal mercante despilfarra la innovación y utiliza mal la acción técnica. Esto es, como lo había visto Wagemann, porque la contabilidad en términos de provecho financiero a corto plazo (y no en términos de «excedente» global) frena cualquier inversión y cualquier innovación no vendible y no rentable a corto plazo.

Otro fracaso, con consecuencias incalculables: la llamada a la inmigración extranjera masiva. Los provechos inmediatos, estrictamente financieros, resultado de una mano de obra explotable y maleable es los que ha contado frente a los «costes sociales» a largo plazo de la inmigración, que nunca han sido considerados por el Estado y por la patronal. La codicia inmediata de los importadores de mano de obra no ha hecho pensar en lo «que no se gana» en términos de «no modernización» provocado por esa elección económica absurda.

El responsable de una gran empresa me decía recientemente con un tono despectivo que su ciudad estaba «rellena de inmigrantes» y que esto le molestaba personalmente. Pero después de algunos minutos de conversación, me confesaba con muy buena conciencia que diez años antes, había «sondeado» en el extranjero para «importar» mano de obra que fuese barata. Tal inconsciencia se asemeja a una nueva esclavitud. Es impresionante constatar que incluso la ideología marxista, a pesar de su desprecio a las diversidades culturales y étnicas, no se ha atrevido, como el liberalismo, a utilizar para su provecho el desenrazamiento masivo de las poblaciones rurales de los países en vías de desarrollo.

Gobiernos irresponsables y una patronal ignorando las realidades económicas, y desprovistos del menor sentido cívico y ético, han garantizado una práctica neo-esclavista cuyas consecuencias políticas, culturales, históricas –e incluso económicas– son incalculables (precisamente) para los países de acogida y sobre todo para los países que proporcionan la mano de obra.

Más preocupados de los «negocios» y del «bienestar», los liberales no se han enfrentado a los desafíos más elementales: crisis de la energía, crisis del patrón dólar, subida de los costes europeos y competencia catastrófica de los países del Este y de Extremo-Oriente.

¿Quién se preocupa de ello? ¿Quién propone una nueva estrategia industrial? ¿Quién piensa en que el final de la prosperidad ya ha empezado? La respuesta a los desafíos gigantes del final del siglo sólo es posible en contra de las prácticas liberales. Solamente una óptica económica fundada en las elecciones de un espacio económico europeo semi-autárquico, de una planificación de una nueva política de sustitución energética a medio plazo, y de una retirada del sistema monetario internacional, se adaptaría a las realidades actuales.

Los dogmas liberales o «libertarios» del libre intercambio, de la división internacional del trabajo, y del equilibrio monetario se revelan no solamente económicamente utópicos (y estamos dispuestos a demostrarlo técnicamente) sino también incompatibles sobre todo con la elección política de un destino autónomo para Europa.

Como para los nuevos filósofos que se contentaban en reactualizar a Rousseau, hay que tomar conciencia de la impostura de la operación publicitaria de los «nuevos economistas».

No se trata ni más ni menos que de una vuelta a las tesis bien conocidas de Adam Smith. Pero los nuevos economistas franceses (Jenny, Rosa, Fourcans, Lepage) no son nada por ellos mismos y sólo vulgarizan las tesis americanas. Miremos del lado de sus maestros.

Partiendo de una crítica pertinente, es verdad, del «Welfare State» (el Estado providencia burocrático aunque neoliberal), la escuela de Chicago, monetarista y conservadora, con Friedmann, Feldstein, Moore, etc., predica un retorno a la ley micro-económica del mercado, rechaza cualquier obligación del Estado hacia grandes empresas, reencontrando así la despreocupación de los liberales del siglo XIX hacia el paro y las cuestiones sociales. Y la escuela de Virginia, con Rothbard, David Friedman, Tullock, etc… quiere ser «anarco-capitalista», partidaria del estallido del Estado y de la reducción total de la vida social y política a la competencia y a la única búsqueda del provecho mercantil.

Se puede criticar estas tesis, conocidas y «recalentadas» desde el punto de vista económico. Pero que sea suficiente decir que, para nosotros europeos, incluso realizable y «próspero», un programa tal significa la muerte definitiva como pueblos históricos. Los «friedmanianos» y los «libertarios» nos proponen la sumisión al sistema del mercado mundial dominado por leyes que favorecen a la sociedad americana pero que son incompatibles con la elección que debemos tomar, de permanecer como naciones políticas y pueblos evolucionando en sus historias específicas.

La economía orgánica no quiere ser una Teoría. Sino una estrategia, que se corresponde únicamente con la elección, en la Europa del siglo XX, de sociedades donde el destino político y la identidad cultural se sitúan antes que la prosperidad de la economía. Subsidiariamente, la función económica es además mejor dominada.

Reflexionamos, en el GRECE, sobre esta nueva visión de la economía, a partir de los trabajos de Tomar Spann y de Ernst Wagemann en Alemania, Johan Akerman en Suecia y François Perroux en Francia. Wagemann compara la economía liberal a un cuerpo sin cerebro, y la economía marxista a un cerebro subido en zancos. La economía orgánica, modelo práctico que no pretendemos exportar, quiere adaptarse a la tradición trifuncional orgánica de los europeos. Según los trabajos de Bertalanffy sobre los sistemas, la función económica se consideraba como un organismo parcial del organismo general de la comunidad. Según los sectores y las coyunturas, la función económica puede estar planificada o actuar según las leyes del mercado. Adaptable y flexible, admite el marcado y el beneficio, pero los subordina a la política nacional. El Estado deja a las empresas, en el marco nacional, actuar según las restricciones del mercado pero puede, si las circunstancias lo exigen, imponer con medios no económicos la política de interés nacional.

Las nociones irreales de «macro y micro economía» dejan paso a la realidad de la «economía nacional», también las nociones de sector público y privado pierden sentido, ya que todo es a la vez «privado» en el nivel de la gestión y «público» en el sentido de la orientación política.

Los bienes colectivos duraderos son preferibles, y no la producción de bienes individuales obsoletos y energéticamente costosos. Los mecanismos y manipulaciones económicos son considerados como poco eficaces para regular la economía con respecto a la búsqueda psicológica del consenso de los productores.

La noción contable de excedente y de coste social sustituye los conceptos criticables de «rentabilidad» y de «provecho». Por su elección de centros económicos autoritariamente descentralizados, y de un espacio europeo de gran escala y semi-autárquico (caso de los EE. UU. de 1900 a 1975) la economía orgánica puede pretender una potencia de inversión y de innovación técnica superior a lo que autoriza el sistema liberal, frenado por las fluctuaciones monetarias y la competencia internacional total (dogma reduccionista del libre intercambio según el cual la competencia exterior sería siempre estimulante).

En última instancia, la economía orgánica prefiere el empresario al financiero, el trabajador al asistido, el político al burócrata, los mercados públicos y las inversiones colectivas, al difícil mercado de los consumidores individuales. Más que las manipulaciones monetarias, la energía del trabajo nacional de un pueblo específico nos parece como lo único capaz de asegurar a largo plazo el dinamismo económico.

La economía orgánica no es en sí misma la finalidad de su propio éxito. Pero quiere ser uno de los medios de asegurar a los pueblos europeos el destino, entre otros posibles (lit: parmi d´autres posibles), de pueblos con larga vida.

Para concluir, habría que citar la conclusión que el economista Sombart ha dado en su tratado El Burgués, pero sólo mencionaremos el pasaje más profético: «En un sistema fundado en la organización burocrática, donde el espíritu de empresa habrá desaparecido, el gigante convertido en ciego estará condenado a arrastrar el carro de la civilización democrática. A lo mejor asistiremos entonces al crepúsculo de los dioses y el Oro será devuelto a las aguas del Rin».

François Perroux ha escrito también que deseaba el fin del culto de Mamón que «brilla hoy con una prodigiosa luz».

Hemos elegido contribuir al fin de este culto (francés: Nous avons choisi de contribuir à la fin de ce culte), asegurar el relevo del último hombre, el de la civilización de la economía, de la que el Zaratustra de Nietzsche decía:

«¿Amor, creación, deseo, estrella?

¿Qué es eso?

Así pregunta el último hombre y guiña el ojo.

La tierra se hará más exigua y sobre ella saltará el último hombre, este que reduce todo.

Hemos inventado la Felicidad, dicen los últimos hombres.

Y guiñan el ojo».

Guillaume Faye.

[1] En alemán en el original. Falsificación (N. del T).

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Entretien avec Aurel Cioran

Entretien avec Aurel Cioran

Q.: Dans la nouvelle nomenclature des rues de Bucarest, on trouve aujourd'hui le nom de Mircea Eliade, mais à Sibiu, il n'y a pas encore de rue portant le nom d'Emil Cioran. Que représente Cioran pour ses concitoyens de Sibiu à l'heure actuelle?

AC: Donner un nom à une rue ou à une place dépend des autorités municipales. Normalement, il faut qu'un peu de temps passe après la mort d'une personnalité pour que son nom entre dans la toponymie. Quant à ce qui concerne les habitants de Sibiu et en particulier les intellectuels locaux, ils ne seront pas en mesure de donner une réponse précise à votre question.

Q.: Je vais vous la formuler autrement. Dans une ville où il y a une faculté de théologie, comment est accueilli un penseur aussi négativiste (du moins en apparence...) que votre frère?

AC: Vous avez bien fait d'ajouter “en apparence”. Dans un passage où il parle de lui-même à la troisième personne et qui a été publié pour la première fois dans les “œuvres complètes” de Gallimard, mon frère parle très exactement du “paradoxe d'une pensée en apparence négative”. Il écrit: «Nous sommes en présence d'une œuvre à la fois religieuse et antireligieuse où s'exprime une sensibilité mystique». En effet, je considère qu'il est totu-à-fait absurde de coller l'étiquette d'“athée” sur le dos de mon frère, comme on l'a fait depuis tant d'années. Mon frère parle de Dieu sur chacune des pages qu'il a écrites, avec les accents d'un véritable mystique original. C'est justement sur ce thème que je suis intervenu lors d'un symposium qui a eu lieu ici à Sibiu. Je vais vous citer un autre passage qui remonte à 1990 et qui a été publié en roumain dans la revue Agorà: «Personnellement, je crois que la religion va beaucoup plus en profondeur que toute autre forme de réflexion émanant de l'esprit humain et que la vraie vision de la vie est la vision religieuse. L'homme qui n'est pas passé par le filtre de la religion et qui n'a jamais connu la tentation religieuse est un homme vide. Pour moi, l'histoire universelle équivaut au déploiement du péché originel et c'est de ce côté-là que je me sens le plus proche de la religion».

Q.: Parlons un peu des rapports entre Emil Cioran et les lieux de son enfance et de sa jeunesse. Vous demandait-il de lui parler de Rasinari et de Sibiu?

AC: Il se souvenait de choses que moi j'avais complètement oubliées. Un jour, il m'a dit au téléphone: «Je vois chaque pierre des rues de Rasinari». Pendant toute sa vie, il a conservé en son fors intérieur les images avec lesquelles il a quitté la Roumanie.

Q.: Il n'a jamais manifesté le désir de revenir?

AC: Quand nous nous sommes séparés en 1937, il m'a dit, en avalant sa salive, dans le train: «Qui sait quand nous nous reverrons». Et nous ne nous sommes revus que quarante ans plus tard, mais pas dans notre pays. Il a toujours désiré revenir. En 1991, il a été sur le point de s'embarquer pour la Roumanie. C'est alors que la maladie l'a frappé, qu'il a dû rentrer à l'hôpital. Dans ces derniers moments, il a été contraint d'utiliser une chaise roulante. Il craignait forcément de voir une réalité toute autre, s'il était revenu. Et effectivement il y a eu beaucoup de changements; à Rasinari, la composition sociale a complètement changé: quasi la moitié des habitants du village travaillent à la ville, ce qui conduit forcément à un changement de mentalité. Tout est bien différent du temps où nous étions adolescents. A Rasinari, nous étions des gamins de rue, nous allions en vadrouille toute la journée à travers champs, forêts et rivières...

Q.: ... et à Coasta Boacii.

AC: Oui, en effet, il évoquait sans cesse, avec énormément de regrets, ce paradis qu'était Coasta Boacii. «A quoi bon avoir quitté Coasta Boacii?», disait-il. Ensuite, il y avait ce pacage, près de Paltinis, où nous nous rendions tous les étés. Nous y restions un mois, dans une baraque tellement primitive, située dans une clairière où régnait une atmosphère extraordinaire.

Q.: Vous avez été très proche de votre frère non seulement dans les années d'enfance mais aussi pendant votre adolescence et votre jeunesse. Parlez-moi de vos expériences communes...

AC: Nous assistions aux cours de Nae Ionescu à l'Université. Ce professeur était une figure extraordinaire! Beaucoup de gens venaient l'écouter et pas seulement des étudiants. Mon frère y retournait même après avoir quitté l'université, pour rendre visite au professeur. Un jour, dès que la leçon fut terminée, Nae Ionescu a demandé: «De quelles choses devrais-je encore parler?». Et mon frère, spontanément lui a répondu: «De l'ennui». Alors Nae Ionescu a prononcé deux leçons sur l'ennui. Par la suite, ses adversaires ne sachant plus quelles armes utiliser pour l'attaquer, parce qu'il était le maître à penser de toute la jeune génération d'intellectuels qui soutenaient le “Mouvement Légionnaire”, ils l'ont accusé d'être... un plagiaire! Ce genre d'attaques est une manifestation infernale... L'œuvre d'une mafia de criminels, qui a commencé par s'attaquer à Heidegger, puis à chercher à faire le procès d'Eliade...

Q.: ... et même de Dumézil!

AC: Toujours sous prétexte d'antisémitisme. En Roumanie, à l'époque, il y avait bien sûr de l'antisémitisme, en réaction à l'arrivée massive d'un million de juifs venus de Galicie. En ce temps-là, c'était un véritable problème. Mais j'ai l'impression que cette manœuvre visant à criminaliser Eliade, Noica et les autres intellectuels de la “jeune génération” produira des effets contraires à ceux désirés.

Q.: Vous avez milité dans le Mouvement Légionnaire. Avez-vous connu Corneliu Codreanu?

AC: C'était un homme exceptionnel à tous points de vue. Il avait du charisme. J'ai souvent dit qu'il était un trop grand homme pour le peuple roumain, trop sérieux, trop grave. Il voulait une réforme radicale, basée sur la religion. Il était un esprit très intensément religieux. Il y a encore une chose qui m'impressionne profondément aujourd'hui: la manière dont le Mouvement Légionnaire abordait les problèmes économiques. Le Mouvement avait ouvert des restaurants, des réfectoires, où l'on vous servait un très bon repas, avec du vin en quantité limitée. L'idée qui me paraissait extraordinaire, c'est que les prix n'étaient pas fixés. Chacun payait selon ses propres moyens ou selon son bon plaisir.

Q.: Où avez-vous connu le Capitaine?

AC: A Bucarest, parce que j'y étudiait la jurisprudence. Mais je l'ai rencontré deux ou trois fois dans un camp de travail légionnaire. C'était un homme exceptionnel à tous points de vue.

(propos recueillis à Sibiu le 3 août 1995 par Claudio Mutti et parus dans la revue Origini, n°13/février 1996).

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mercredi, 04 juillet 2007

D. Kalajic: valeur géopolitique de la Yougoslavie

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La valeur géopolitique de la Yougoslavie

Quel sens doit-on accorder à la déclaration publique et officielle (répétée depuis par Bill Clinton) du Président américain George Bush, justifiant la mobilisation totale des forces américaines sur l’échiquier balkanique : « La Serbie est le péril majeur pour la sécurité et les intérêts économiques et politiques des Etats-Unis » !

Quelle fin ultime poursuit-on en voulant diviser encore davantage le territoire de l’actuelle Yougoslavie, partition annoncée lors d’un entretien accordé par le Secrétaire d’Etat James Baker au New York Times le 18 avril 1992 ? Le Secrétaire d’Etat de cette époque considérait que la Serbie et le Monténégro devaient être réduits à un territoire plus petit que celui de la Serbie avant les guerres balkaniques (de 1912 et 1913). Pourquoi ? La géopolitique nous donne la réponse, car elle démontre l’énorme valeur du territoire yougoslave dans la stratégie anti-européenne des Etats-Unis et de leur petit cheval de Troie dans l’UE, la Grande-Bretagne. L’espace géopolitique en question recèle les voies de communication uniques, actuelles et virtuelles, terrestres et fluviales, qui relient directement l’Europe occidentale, centrale et septentrionale au Sud-est européen et, partant, au Moyen-Orient et à la Mer Caspienne. Tout contrôle hégémonique sur ce nœud de communications terrestres et fluviales, y compris les oléoducs qui restent à construire, donne à toute force déterminée à exercer pareille hégémonie, le pouvoir de conditionner ou de séparer toutes les parties du continent qui en sont riveraines et, bien sûr, avant toute chose, l’Europe. Déjà, au siècle passé, la géopolitique allemande avait mis en exergue la valeur stratégique de cette zone du Sud-Est européen. Les Allemands avaient projeté la construction d’un réseau ferroviaire devant relier Hambourg à Bagdad, la Mer du Nord au Golfe Persique, ce qui aurait constitué un axe de coprospérité pour tous les peuples vivant autour de cet axe. Bien sûr, ce projet visait essentiellement à contester l’hégémonie britannique au Moyen-Orient, reposant sur le monopole anglais sur le pétrole et les voies maritimes. Pour cette raison, la politique coloniale britannique a empêché son éclosion, y compris par des actions militaires.

Le commandant en chef de l’armée austro-hongroise, le Général Beck, dans un rapport rédigé en décembre 1895, souligne clairement l’importance géopolitique du Kosovo et de la Metohija, décrivant cette région comme la clef stratégique permettant le contrôle des Balkans. La puissance qui parvient à contrôler cette zone a automatiquement la possibilité de contrôler l’espace balkanique dans son ensemble, avec toutes ses voies de communication. Le Général Beck révélait là une preuve d’ordre historique : l’Empire ottoman n’a pas conquis les Balkans après la chute de Constantinople mais après sa victoire sur le Champ des Merles, c’est-à-dire au Kosovo. A Versailles, les artisans occidentaux qui ont fabriqué la Yougoslavie avaient les mêmes visées géopolitiques. Pour les alliés atlantistes, la Yougoslavie devait servir de barrière anti-allemande et anti-européenne. La résolution sur la Yougoslavie, émise par la loge du Grand Orient de Paris en mars 1917, salue cet Etat à venir comme « un môle de civilisation contre l’expansion de la culture pangermanique ». L’Allemagne actuelle, guidant de fait la Communauté européenne en se donnant le rôle de médiateur (se révélant toutefois partial et intéressé) entre les diverses républiques yougoslaves au moment de la crise séparatiste, a finalement réussi à détruire ce « môle », en favorisant, appuyant et légitimant les sécessions slovène et croate.

Puis, en 1992, les Etats-Unis sont entrés dans le jeu, avec la ferme intention de construire une alternative offensive (et non plus seulement défensive) au « môle » anti-allemand et anti-européen. Cette alternative au rôle qu’avaient dû jouer les première et seconde Yougoslavies s’appelle « la transversale islamique », chez les nouveaux géopolitologues serbes actuels, ou le « Troisième empire américain », dans le langage de leurs homologues de Washington.

Le « Troisième Empire américain »

La description la plus synthétique du « Troisième Empire américain » nous a été donnée par deux rédacteurs de l’école stratégique de Washington, Michael Lind et Jacob Haillbrun ; cette synthèse est parue dans les pages de l’International Herald Tribune du 4 janvier 1996, sous un titre qui résume en lui-même tout un programme géopolitique : « Le Troisième Empire américain avec les Balkans comme frontière ».

Selon les deux auteurs de cet essai, par « Premier Empire américain », il faut entendre l’ensemble des Amériques. Il a été suivi chronologiquement par le « Second Empire », conquis après la victoire de la seconde guerre mondiale : il comprend l’Europe occidentale et le Pacifique. Le dernier de ces empires, le Troisième, les Etats-Unis sont en train de le forger.

« Au lieu de considérer la Bosnie comme une frontière orientale de l’OTAN, il faut considérer les Balkans comme une frontière occidentale de l’expansion de la sphère d’influence américaine en direction du Moyen-Orient. Il faut également se rappeler, que jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, les Balkans étaient considérés comme une partie du Proche-Orient et non de l’Europe (sic ! !). Le fait que les Etats-Unis soient beaucoup plus proches de l’Etat constitué par les Musulmans bosniaques, que leurs alliés européens, reflète, entre autres choses, le rôle nouveau que doivent se donner les Etats-Unis : guider une coalition informelle des nations musulmanes du Golfe [du Golfe Persique, DK] aux Balkans. La zone qui jadis était sous la domination de l’Empire ottoman deviendra ainsi le cœur du Troisième Empire américain ». Donc le « Troisième Empire » américain ou la « Transversale islamique » est constitué d’une chaîne de pays musulmans ou à forte minorité musulmane, partant de la Turquie, traversant la Bulgarie, la Macédoine et l’Albanie, pour aboutir à la Bosnie-Herzégovine. Pour consolider l’intégrité territoriale de cette chaîne, il manquait l’anneau principal : le Kosovo-Metohija.

Le « Troisième Empire américain » hérite évidemment des vieilles fonctions statiques du « môle » dressé contre l’expansion allemande et européenne en direction du Moyen-Orient et contre l’avance des Russes en direction de la Méditerranée, mais, en plus, il acquiert de nouvelles fonctions dynamiques. L’intention première des stratèges de Washington est de ramener l’hégémonie turque dans les Balkans. Ils présentent dès lors cette hégémonie comme un « facteur incontournable de stabilité », mais ils souhaitent finalement ouvrir de force les portes de l’UE à la Turquie, qui deviendrait membre à part entière. Depuis de nombreuses années déjà, Washington insiste pour que l’UE ouvre ses portes à la Turquie, ce qui aurait pour résultat de déstabiliser et finalement de désintégrer le monde européen.

Pour comprendre les intentions turques et le potentiel explosif de la Turquie, il suffit de lire les textes de géopolitologues turcs, qui expriment sans détours leurs aspirations à reconquérir les Balkans et, dans la foulée, toute l’Europe, avec l’aide des Etats-Unis et de leur démographie galopante. Pour l’homme doté de bon sens, citons l’exemple du politologue turc influent, Nazmi Arifi, qui, dans les pages de la revue Preporod (organe officiel des Musulmans bosniaques), en date du 15 août 1991, décrivait très clairement, avec une joie carrément sadique, les conséquences d’une entrée de la Turquie dans l’UE : « L’Europe a conscience du potentiel turc. Elle est consciente de la masse démographique turque. L’Europe regarde la Turquie comme un pays dont la population potentielle est de 200 millions d’habitants [note de DK : Arifi compte les Turcophones d’Asie centrale auxquels le gouvernement d’Ankara offre directement la nationalité turque]. Il est donc logique que l’Europe ne s’opposera pas à la Turquie. En l’espace de dix années [note de DK : après l’entrée de la Turquie dans l’UE], la moitié de la population européenne sera musulmane pour les raisons suivantes : les peuples musulmans ont une natalité plus élevée, les migrations économiques en provenance du monde islamique s’installeront en Europe, la chute libre de la natalité des peuples européens de souche, les conversions à l’Islam… Ce sont là des faits que l’Europe, bon gré mal gré, devra accepter ».

Les opinions pareilles à celle que nous venons de citer sont amplement confirmées par les positions officielles et dans la rhétorique des hommes politiques turcs, depuis feu Türgüt Özal jusqu’à l’actuel Président Demirel. Tous ces hommes politiques ont promis aux Turcs et aux Turcophones que le « 21ième siècle sera turc » et que la Turquie s’étendra « de la Muraille de Chine à l’Adriatique ». Et quelques-uns ajoutent : « Aussi jusqu’à l’Atlantique ! ».

Le « Troisième Empire américain » ou la « Transversale islamique » offrira la plus grande voie terrestre imaginable aux migrations massives en provenance du monde islamique ou du Tiers-Monde vers l’Europe, ce qui modifiera de fond en comble son visage démographique et culturel. Sans le bouclier serbe, l’Europe aurait été depuis longtemps, depuis plusieurs siècles, islamisée. Aujourd’hui, cette Europe remercie la Serbie-bouclier en lui envoyant bombes et missiles. Du point de vue serbe, cette Europe, du moins cette Europe légale, fait montre d’une servilité inacceptable face aux Etats-Unis, occupants atlantistes, ou cultive un esprit masochiste et suicidaire.

De plus, l’occupation du territoire yougoslave vise à transformer celui-ci en une gigantesque base pour l’OTAN, qui servira, si besoin s’en faut, à attaquer la Russie, lors d’une future et probable entreprise guerrière. Il sera facile de mettre en scène un nouveau « casus belli », où il faudra répéter une « intervention humanitaire » : il se trouvera bien quelque part une nouvelle Tchétchénie ou une ethnie musulmane rebelle dans la Fédération de Russie pour servir de prétexte. On pourra aussi très facilement justifier une agression contre la Russie en prétextant que le potentiel nucléaire pourrait tomber entre les mains des revenchistes —qualifiés pour les besoins de la propagande de « fascistes » ou, pire, de « nationaux-communistes ». Le scénario a déjà été imaginé, notamment par Zbigniew Brzezinski, dans sa dernière esquisse de géopolitique anticipative, Le Grand Echiquier, où il évoque la possibilité de diviser la Russie en trois Etat « pour mieux la moderniser ». Il suffit de consulter quelques bons atlas géographiques pour se rendre compte que cette stratégie colonialiste rencontre les intérêts mondialistes et globalistes qui lorgnent vers les immenses richesses du pays.

L’occupation de la Yougoslavie, que ce soit sous une forme hard ou soft (avec l’instauration d’un gouvernement fantoche), vise à contrôler, dominer et monopoliser toutes les communications terrestres et fluviales entre l’Europe et le Moyen-Orient, entre l’Europe et la zone caucasienne ou la Mer Caspienne. De fait, la destruction des ponts sur le Danube, suite à des bombardements répétés, a déjà bloqué le trafic fluvial et interrompu l’acheminement des marchandises vers l’Europe en provenance de la région pontique (Mer Noire). L’occupation de la Yougoslavie vise aussi à fermer définitivement l’unique passage libre et virtuel vers la Méditerranée pour l’économie russe. La Russie n’a plus qu’à passer par le Bosphore, qui reste sous la souveraineté de la Turquie, fidèle vassal traditionnel des puissances anglo-saxonnes, par haine de la tradition et de l’Europe.

Si l’OTAN, avec la complicité servile et masochiste des gouvernements européens, parvient à détruire le bouclier serbe, la possibilité de sceller une grande alliance entre l’Europe occidentale et la Russie sera définitivement enterrée, alors que cette alliance à été le grand rêve de nos maîtres, de Nietzsche à Dostoïevski. Dans une perspective aussi lugubre, l’Europe ne sera plus qu’une province américaine marginale, puis deviendra l’un des désert du Tiers-Monde.

Il faut non seulement espérer mais agir et combattre pour faire en sorte que ce « rêve américain » ne devienne pas réalité.

Dragos KALAJIC.

Grand mufti et nationalisme palestinien

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LE GRAND MUFTI ET LE NATIONALISME PALESTINIEN
Hajj Amin al-Hussayni, la France et la Grande-Bretagne face à la révolte arabe de 1936-1939
Louis Denisty
Préface de Daniel Rivet

En avril 1936 éclate la première grande révolte des Arabes de Palestine, qui revendiquent la constitution d'un Etat et l'arrêt de l'immigration sioniste. A la tête de ce mouvement s'impose Hajj Amin al-Hussayni, grand mufti de Jérusalem. Banni par les Britanniques, il trouve refuge au Liban où les Français le laissent faire entendre la voix du peuple palestinien. La Palestine s'enfonce dans des années tragiques et ensanglantées. Cet ouvrage met en lumière cette période cruciale en questionnant les archives diplomatiques françaises et britanniques.

ISBN : 2-296-01837-8 • décembre 2006 • 220 pages
version numérique (pdf image-texte)
Prix éditeur : 19,5 €

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Sur Jules Monnerot

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Jules Monnerot.....         

Trouvé sur: http://perso.orange.fr/aa.duriot/incoherisme/monnerot.htm

Peut-être vous souvenez-vous quelque peu de Jules Monnerot qui collabora notamment à Acéphale et fut l’un des fondateurs, avec Roger Caillois et Georges Bataille du Collège de Sociologie. André Breton voulut le rencontrer comme bien d’autres car ce penseur, qui reste malheureusement insuffisamment connu et étudié, a laissé une œuvre puissante, souvent pillée, marginalisée par les divers ordres établis.

La publication aux Editions Pardès d’une excellent Monnerot, qui suis-je ? fruit du travail rigoureux de Georges Laffly, est l’occasion de revenir sur une personnalité et une œuvre exceptionnelles.

Jules Monnerot (1908-1995) sera pourtant célèbre en 1945 pour deux livres qui posent déjà les fondements de sa pensée, La Poésie moderne et le Sacré qui démontre l’impossibilité d’écarter le sacré de l’expérience humaine et de la compréhension de celle-ci, Les faits sociaux ne sont pas des choses, ouvrage qui s’oppose avec justesse à Durkheim et prépare, il faut le souhaiter, la sociologie de demain.

Jules Monnerot est intéressant de bien des manières. Le plus frappant est peut-être sa lucidité. Lui qui avait saisi très tôt que nous sommes « les humains les plus conditionnés de l’histoire » n’a eu de cesse de défendre une posture permettant de prendre en compte ce conditionnement, cette « pensée antérieure » qui constitue le cadre invisible de nos décisions et raisonnements prétendus conscients. Il aura aussi développé une approche non-aristotélicienne du langage dont il veut prévenir les effets dévastateurs : omission, généralisation, distorsion.

Georges Laffly identifie les « maîtres » de Jules Monnerot, maîtres qu’il a su dépasser avec respect. Il y a d’abord Georges Sorel qui a pensé les mythes autrement que comme cadavres pour historiens. Les mythes sont vivants, naissent, meurent et renaissent, se transforment et ont une fonction dynamique considérable dans notre civilisation. Jules Monnerot aura une lecture très intelligente de Freud, prenant de la distance, tout comme Deleuze d’ailleurs, avec cet inconscient psychanalytique qui ressemble tant au conscient mais n’hésitant pas à utiliser les notions qui lui semblent efficaces, transfert, symbolisation, commutativité, censure… Celui dont il fut le plus proche reste Vilfredo Pareto, victime tout comme lui et pour des raisons semblables d’une mise à l’écart. Il trouve chez Pareto la preuve d’une continuité entre psychologie et sociologie (ce qui l’oppose à Durkheim), la même prise en compte du caractère elliptique du langage et une liberté de pensée nécessaire mais par trop dérangeante pour les pensées convenues. Enfin, Karl Marx constitue son adversaire privilégié. Jules Monnerot rédigera l’une des critiques les plus pertinentes qui soient du communisme. Elle sera publiée en 1949 sous le titre Sociologie du communisme.

Parmi les concepts essentiels dans la pensée de Jules Monnerot, concepts toujours nés et accompagnés chez lui de praxis, deux doivent être ici présentés. Le premier est celui d’hétérotélie qu’il développe en 1977 et 1978 dans Intelligence de la politique. Georges Laffly insiste sur ce concept clé chez Monnerot : « … hérétotélie : fait constant, l’action accomplie n’est jamais conforme à ce qui était projeté. Telos, c’est le résultat, le terme, l’accomplissement. On visait un point, on en atteint un autre, ou le but visé se montre différent de ce qu’on croyait, ou les moyens employés ont altéré la fin. On ne le sait pas tout de suite, le plus souvent, on met même longtemps à s’en apercevoir. C’est la postérité qui sait ce qu’en fait nous avons accompli. (…)

Il [« l’homme » ndlr] ne connaît pas l’état du monde où il agit (les actions des autres, leurs forces, etc) et il ne connaît pas non plus ses motivations réelles, et inconscientes : « partialité de la connaissance et puissance de l’affectivité » concourent à le tromper. Françoise Huet, une de ses disciples, écrivait de Monnerot qu’il est le « philosophe de l’hétérotélie ». A juste titre, car c’est de celle-ci que découle sa vision tragique de la condition humaine. Toute l’Histoire est hérétotélique. Mais une censure s’exerce. On n’aime pas reconnaître l’impuissance des calculs humains. »

Pour combattre les effets toxiques de l’hérétotélie et de la confusion du langage, Jules Monnerot propose la doxanalyse dont il attribue la paternité à Pareto.

Georges Laffly précise : « Doxanalyse vient du grec doxa, opinion, qui s’oppose à la connaissance vraie, épistémé. A doxa correspondent les dérivations, à épistémé la connaissance logico-expérimentale. Le rôle de la doxanalyse est de démêler la part affective et la part rationnelle de toute pensée. On pourrait comparer l’effet de la pensée antérieure qui modifie notre appréciation sur un fait ou une idée à la réfraction qui déforme à nos yeux un bâton plongé dans l’eau.(…)

La doxanalyse, c’est l’esprit critique armé. Tout homme averti la pratique plus ou moins. Elle est la seule barrière contre les conditionnements qui aujourd’hui disposent d’une force redoutable. »

Troisième axe de cette pensée, la reconnaissance de la fonction du sacré, indissociable de la fonction poétique. Pour Jules Monnerot, la fonction déificatrice est tout simplement vitale : « De même que la santé mentale dépend du libre accès aux sources de l’énergie, de la communication entre le conscient et ce qu’on appelle l’inconscient, de même la santé sociale ne se trouve pas dans un refoulement aveugle de notre force mythisante et déificatrice. Cette force, c’est nous-mêmes, sans elle nous sommes amputés d’une dimension. »

Il y a dans la pensée de Jules Monnerot une forme de sagesse froide qui émerge progressivement de sa lucidité. Son œuvre pourrait nous être nécessaire pour appréhender les temps qui approchent.

Editions Pardès, 44 rue Wilson, 77880 Grez-sur-Loing.

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Shinto: inheemse godsdienst van Japan

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Shinto: inheemse godsdienst van Japan:

http://www.kendo.nl/shinto/shinto.html

 

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mardi, 03 juillet 2007

E. Ravello : sur l'identité européenne

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Enrique RAVELLO

Sur l’identité européenne

L’identité européenne n’est pas née en Grèce. Il ne faut pas entendre, par “identité européenne”, la fusion finale d’élements divers et hétérogènes qui ont pris forme tout au long du processus historique. L’identité européenne n’est pas la somme du passé greco-latin, d’une part, et du passé celto-germanique, d’autre part, auxquels se serait ajouté le christianisme de l’Europe médiévale, que nous pourrions appeler “euro-catholique”... L’identité européenne est bien plus ancienne, elle préexistait à toutes ces réalités que nous venons d’énumérer. Elle est ce qui a donné forme successivement au monde gréco-latin, au passé celte, germanique et slave —qui, tous, sont de simples adaptations historiques de l’esprit européen, sur un espace géographique concret et dans des conditions déterminées. Elle est aussi la force qui a transformé le judéo-christianisme en une forme religieuse élevée : le christianisme médiéval, mélange d’éléments chrétiens et païens qui, pendant de nombreux siècles, a été la référence spirituelle des Européens. Aujourd’hui, hélas, nous devons constater que les institutions des différentes confessions chrétiennes en Europe ont la ferme intention d’éliminer les éléments proprement européens de cette synthèse et de transformer le christianisme en une religion égalitaire et universaliste, qui ne conserverait de fidélité qu’à la seule mentalité religieuse des peuples du désert, dont le christianisme est issu au départ.

L’identité européenne n’est pas en train de se “former”, aujourd’hui, dans les soubresauts de l’actualité et des palabres eurocratiques. Elle est née, il y a des millénaires, aux aurores de la préhistoire, quasiment en même temps qu’est apparu sur notre planète l’homme tel que nous le connaissons aujourd’hui. Les Européens sont reconnaissables, comme “différenciés” par rapport à d’autres populations, depuis de nombreux millénaires. Les cultures nord-européennes d’Ertebølle et d’Ellerberck indiquent la naissance de ce que les historiens appelleront le “monde indo-européen”, un monde indo-européen que l’on reconnaît à une langue commune, à un type humain commun. L’existence d’un habitat primordial clairement circonscrit est désormais attestée et, surtout aussi, l’existence, dès les premiers temps, d’un système de valeurs déterminé, assorti d’une vision du monde précise : cette langue, ce peuple et cette “cosmovision” se sont étendus à toute l’Europe, donnant forme et origine à tout ce que nous englobons aujourd’hui dans le concept d’Europe.

« Outre l’importance primordiale que revêtent les migrations successives des peuples indo-européens, l’identité européenne, dans les périodes proto-historiques, se renforce sans cesse parce qu’elle est portée par une nouvelle race, fécondée par un peuple doué de grandes qualités physiques et spirituelles, qui se profileront de manière optimale dans les empires et les cultures de la haute antiquité ; ces empires atteindront leur développement maximal dans les civilisations grecque, romaine et mèdo-perse » (1).

La cosmovision de nos ancêtres indo-européens englobe tous les aspects de la réalité et de la vie : de la vie sociale à la métaphysique, de l’organisation politique à la philosophie, cette cosmovision détermine tout ce que cet “homo europeus” inscrit dans le réel par la médiation de ses actes, tout au long de son aventure historique. Tous nos systèmes de pensée découlent de cette cosmovision, dans le sens où l’entendait Carl Gustav Jung, quand il évoquait les grands archétypes collectifs.

Pour les Indo-Européens, ceux du passé comme ceux d’aujourd’hui, la cellule de base de la société est la famille patrilinéaire, perçue dans le sens de l’ascendance comme dans celui de la descendance. Dans la haute antiquité, la famille patrilinéaire se concevait comme “gentilice” ou “clanique”; c’est-à-dire comme une “gens” ou un “clan” au sens vieux-romain ou celtique du terme [ndt : les Germains nommaient “Sippe” ce type de famille élargie]. L’appartenance à une “gens” indiquait un passé commun, dont on maintenait le souvenir. Le système de gouvernement des sociétés gentilices repose sur les assemblées de guerriers, disposant du pouvoir de décision. Ce système est fort éloigné des modes tyranniques ou despotiques de gouvernement, propre à l’Orient. Les exemples historiques de ce système sont nombreux : songeons simplement au Sénat romain ou aux “cortes” de l’Espagne médiévale.

Sur le plan religieux, nos ancêtres indo-européens développent un sens du sacré qui se situe aux antipodes des conceptions universalistes et égalitaires. Ils prenaient acte des différences entre les hommes et ne considéraient pas qu’il s’agissait d’un simple accident conjoncturel, mais admettaient, plus justement, que ces différences reflétaient des différences présentes dans l’ordre cosmique. Par conséquent, ils divisaient la société en trois catégories, et y rangeaient les individus selon leur nature personnelle. Ce schème social et religieux s’est répété pendant toute la période païenne, mais a également survécu dans notre moyen âge catholique, qui a maintenu la division sociale entre “oratores”, “bellatores” (ou “pugnatores”) et “laboratores”.

La femme, bien qu’inscrite dans une société de type patriarcal, était tenue en haute considération, contrairement au statut de la femme et à la condition féminine dans les civilisations issues de la spiritualité du désert, où elle est assimilée au statut d’objet sexuel et considérée comme la source du péché, où elle est obligée de se prostituer au moins une fois dans sa vie, où on l’oblige aussi à se couvrir le corps d’un voile ou d’une bure de méchant tissu. L’antiquité indo-européenne ne connaît pas cette dévalorisation de la femme qui, au contraire, est tenue en haute considération et honorée. Si le père, dans la société gentilice indo-européenne, exerce des fonctions civiques et militaires, la femme, elle, a pour tâche l’administration économique du domaine ou de l’abbaye [apanage des nobles dames franques ; ce fut le cas, notamment, de l’abbaye de Forest, à quatre kilomètres du centre historique de Bruxelles, pendant près de mille ans / ndt]. Les femmes avaient pour tâche la gestion économique de la société. La conséquence actuelle de cette position de la femme, perceptible dès les systèmes sociaux gentilices de la proto-histoire de nos peuples, est justement la place privilégiée qu’elle occupe dans nos sociétés européennes, par rapport à d’autres sociétés dans le monde.

Sur le plan personnel, la cosmovision indo-européenne accorde une valeur cardinale à l’esprit d’héroïsme et à la fidélité à la parole librement donnée ; dans les mondes latin et médiéval, cette attitude a généré le concept de “fides”. En général, ce concept est sous-tendu par une propension à aimer la sobriété, à vouloir des rapports clairs, francs et directs, à considérer le devoir comme le complément nécessaire de cette conception activiste de la vie, qui postule de se réaliser soi-même, d’actualiser dans le monde les forces que l’on possède en soi. Cette volonté d’auto-réalisation de soi se retrouve comme caractéristique majeure dans tout le monde indo-européen. “Rien de trop”, “Connais-toi toi-même”, “Deviens ce que tu es” : voilà les maximes annoncées aux frontons des temples grecs ; si on les médite, si on accède ainsi à leur signification la plus profonde, on constate qu’elle contiennent, malgré leur apparente simplicité, une conception du monde sublime. Cette conception a été, est et restera la nôtre.

Cette origine commune et l’identité ainsi que la cosmovision, qui en découlent, ne doivent pas devenir pour nous, contemporains, de simples objets de spéculation intellectuelle, des objets de musée, certes vénérables mais passés, ni une matière pour érudits isolés et esseulés, ni un éventail de connaissances à mi-chemin entre l’académisme et le romantisme. Au contraire, nous devons faire de ces valeurs et de cette cosmovision, les piliers de base et le mythe mobilisateur dans le processus de construction de la grande Europe qui adviendra bientôt,dans notre avenir immédiat. Le 21ième siècle sera le siècle du grand combat identitaire, où l’on dépassera la phase de l’Etat-Nation et l’ère des blocs idéologiques nés de la seconde guerre mondiale. Nous voyons d’ores et déjà que la planète est en train de s’organiser autour de grands espaces déterminés par les communautés d’identité. Le destin place aujourd’hui les Européens devant une alternative : ou bien nous nous montrerons capables d’interpréter le sens de notre histoire pluri-millénaire et, par voie de conséquence, de créer une Europe qui, d’une part, déploiera les capacités prométhéennes de notre civilisation, et qui, d’autre part, sera capable de puiser des forces dans sa longue mémoire pour se construire, non pas sur des abstractions administratives ou quantitativistes, mais sur l’héritage pluri-millénaire de ses peuples. Ou bien, la prochaine génération d’Européens sera la dernière d’une longue histoire, une dernière génération qui aura été préalablement phagocytée par les deux ennemis qui menacent la liberté de notre continent-nation : le mondialisme uniformisateur et égalitariste, dont la capitale est New York, et l’islamisme qui agira envers notre passé comme il agit lui-même à l’égard de ses femmes : il le couvrira d’un voile ou d’une bourka d’intolérance et d’obscurantisme, deux attitudes foncièrement étrangères à l’âme européenne. LA DéCISION EST ENTRE NOS MAINS.

Enrique RAVELLO.

Note :

(1) Historia de España,vol. II, Colonizadores y formación de los pueblos preromanos 1200-218 a. C., Ed. Gredos, Madrid, 1989.

lundi, 02 juillet 2007

P. Lensch, théoricien socialiste de la Nation

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Le socialiste marxiste Paul Lensch, théoricien de la Nation comme sujet actif du progrès historique

Drei Jahre Weltrevolution [Trois ans de Révolution mondiale] : tel était le titre d’une publication due à la plume d’un député social-démocrate (SPD) du Reichstag, Paul Lensch, parue lors de la troisième année de la Grande Guerre. Cette publication constituait le troisième volet d’une trilogie, dont la première partie était sortie de presse en 1915, sous le titre de Die deutsche Sozialdemokratie und der Weltkrieg [La social-démocratie allemande et la Guerre mondiale], et dont la seconde partie, intitulée Die Sozialdemokratie, ihr Ende und ihr Glück [La social-démocratie, sa fin et sa chance], avait été publiée en 1916. Cette trilogie a été suivie, à la fin du conflit, par une autre brochure, dont le titre était Am Ausgang der deutschen Sozialdemokratie [Quand vient la fin de la social-démocratie allemande]. La lecture de cette trilogie et de cette brochure est fascinante, indépendamment du fait qu’il faille toujours étudier en toute autonomie les sources directes, sans passer sous les fourches caudines de la tutelle que veulent exercer les professionnels orwelliens de la correction systématique du passé. L’œuvre de Lensch nous montre comment un marxiste internationaliste devient un socialiste national, tout en conservant son mode d’argumentation de mouture marxiste. Si bien qu’il est possible de le considérer comme un précurseur du mouvement qui s’appelera —ce n’est évidemment pas un hasard— “national-socialiste”.

Paul Lensch appartenait à l’aile gauche de la SPD, c’est-à-dire à une minorité de la fraction social-démocrate du Reichstag, qui avait pour intention première de refuser de voter les crédits de guerre, qui voulait donner à la gestion allemande de la belligérance une légitimité démocratique. Dans ce contexte toutefois, Lensch va rapidement opérer un changement, comme on pouvait le prévoir pour tout le courant révisionniste de gauche au sein du parti, courant que le politologue Abraham Ascher nommera les “radical imperialists” au sein de la SPD.

L’argumentation des “révisionnistes de gauche”, dont Lensch, repose sur la théorie de l’impérialisme de Lénine. En réfléchissant à la substance des écrits de Lénine sur l’impérialisme, ce courant de gauche au sein de la SPD allemande en est venu à constater que l’Empire allemand, grâce à l’action politique des socialistes au cours des décennies qui ont précédé 1914, est un Etat progressiste, à la pointe du progrès social. Dans ce contexte, l’Allemagne de Guillaume II a une mission historique, estiment-ils : celle de mener à bien la révolution socialiste contre l’impérialisme mondialiste britannique. Lensch et ses camarades constatent, en partant de leur point de vue léniniste, que le service militaire généralisé, l’obligation de scolarité et les institutions démocratiques allemandes, sanctionnées par le suffrage universel qui permet à tous d’élire les députés du Reichstag, ont émancipé la classe ouvrière allemande bien plus que ses homologues dans le reste du monde. Le progrès a donc, à leurs yeux, été réalisé de manière bien plus complète en Allemagne qu’ailleurs.

L’émancipation ouvrière, amorcée sous le Reich de Bismarck, amènera la fin de la lutte des classes, comme l’annonce clairement l’émergence de facto d’une communauté populaire de combat, ainsi que l’attestent les événements vécus d’août 1914, où l’on a vu s’opérer la fusion du nationalisme et du socialisme. Ces événements ont nettement prouvé que la social-démocratisation de la vie politique allemande avant 1914 a induit une nationalisation de la classe ouvrière allemande.

La guerre mondiale, dans cette perspective, correspond bien à ce qu’avait prophétisé Marx, qui voyait en la guerre la sage-femme qui allait accoucher de la révolution, et même de la révolution mondiale. Se souvenant des écrits de Marx dans les années 1840-1850, Lensch et ses amis constate aussi que la guerre mondiale en cours va unir définitivement l’Allemagne et l’Autriche, même si les questions constitutionnelles n’étaient pas encore envisagées ; la guerre allait accoucher d’un Empire grand-allemand et réalisé de la sorte le rêve des révolutionnaires démocratiques de 1848. En outre, toujours selon la même logique tirée des écrits de Marx, la guerre mondiale en cours est la suite normale de la guerre d’unification de 1871.

Dans la mesure où l’Allemagne de 1914 affronte la Russie tsariste, le rêve de Karl Marx se réalise : une guerre révolutionnaire contre la Russie réactionnaire a enfin commencé! Celle-ci n’avait pas pu encore être détruite, pensent Lensch et ses camarades socialistes de gauche, parce que la situation de l’Allemagne était telle qu’elle devait tenir compte des intérêts russes. La victoire sur la Russie tsariste, pense Lensch, permettra aux socialistes allemands de vaincre l’“Angleterre intérieure”, représentée, à ses yeux, par les Junker prussiens (on s’étonne de constater que la liberté d’expression était largement accordée dans l’Empire allemand, même en pleine guerre!). Les Junker, en effet, veulent conserver un suffrage censitaire en Prusse, ce qui empêche la constitution d’une communauté populaire véritablement démocratique, donc national(ist)e. Vu les fortes positions de la social-démocratie en Allemagne, une victoire allemande dans la guerre en cours signifierait une victoire de la théorie marxiste, surtout vis-à-vis des partis socialites étrangers, dont les orientations politiques et sociales étaient nettement moins déterminées par l’œuvre de Marx. Pour Lensch, l’enjeu historique primordial de la guerre mondiale en cours était la lutte entre une Allemagne socialiste et le libéralisme britannique. Si celui-ci gagne la partie, le capitalisme organisé règnera sur le monde. C’est pourquoi le socialisme qui dépasse la lutte des classes est une forme d’organisation sociale supérieure qui conduira à l’émergence d’une véritable communauté populaire, qui devra rendre impossible le règne du capitalisme total à l’anglaise.

Au cœur de tous ses écrits, Lensch critique les positions pro-britanniques que prennent bon nombre de sociaux-démocrates. En ce sens, ses textes restent intéressants pour comprendre la critique récurrente de la politique anglaise. Ils méritent d’être encore lus et relus sous cet angle. En avançant ses arguments, Lensch applique avec pertinence à la politique étrangère les catégories conceptuelles forgées par Karl Marx et Friedrich Engels sur la lutte des classes, où l’Angleterre apparaît comme la puissance exploitrice et réactionnaire par excellence,dont l’immense empire doit être conduit à l’effondrement par la guerre mondiale qui, de fait, est une révolution mondiale.

Quand l’Allemagne perd finalement la partie, Lensch retombe sur les pattes, à sa manière. Il revient à l’anglophilie social-démocrate, qu’il avait pourtant critiquée. Sous la pression de la guerre mondiale, l’Angleterre avait changé, pensait-il. En politique intérieure, elle avait adopté les principes allemands du capitalisme organisé ; elle avait décrété le service militaire obligatoire, qui est d’essence démocratique ; elle était ainsi, à son tour, devenue une puissance progressiste. Malgré ces concessions positives, Lensch développe toutefois, dans son argumentation théorique d’après 1918, un point négatif, sur le plan de sa théorie générale du progrès : la victoire anglaise a certes porté la SPD au pouvoir sans partage, ce qui permettait d’ouvrir sans obstacle la voix au socialisme, mais elle avait simultanément détruit en Allemagne les éléments concrets qui en faisaient un pays totalement progressiste, dans une perspective marxiste. Pour réaliser un véritable socialisme, expliquait Lensch après 1918, il aurait fallu conserver l’armée prussienne-allemande et le gouvernement des fonctionnaires non partisans pour enrayer les tendances ploutocratiques du parlementarisme.

Les conditions dictées par le Traité de Versailles sanctionnent la victoire du capitalisme réactionnaire, ce qui, pour Lensch, implique, à l’évidence, qu’il faut dorénavant transposer les catégories marxistes de la lutte des classes dans la sphère de la politique internationale, de manière à penser la situation globale de manière féconde. Malgré les résultats contradictoires de la guerre mondiale, Lensch continuait à penser que l’Allemagne conservait son rôle de puissance sociale-révolutionnaire, dont l’importance était capitale, était d’une importance cruciale pour l’histoire future du monde. Elle pouvait d’autant mieux le jouer que la social-démocratie était victorieuse sur le plan intérieur et que la réaction avait été mise hors jeu. La “mascarade monarchique” avait disparu, ce qui rendait plus visible encore la disparition du facteur “réaction”. Pour pouvoir mener à bien cette lutte des classes au niveau international, il fallait d’abord, pensait Lensch, poursuivre la lutte des classes à l’intérieur, c’est-à-dire maintenir à flot cette idée concrète de communauté populaire, comme en août 1914.

Au fil des arguments avancés par Lensch, on constate, chez lui comme chez d’autres révisionnistes de gauche de l’époque, tel l’Italien Benito Mussolini, que la nation active, finalement, prend la place de la classe ouvrière en tant que sujet agissant du progrès historique. Il convient dès lors de mener une lutte internationale de libération contre le nouvel ordre imposé à Versailles, ce qui revient à poursuivre la guerre qui fut une révolution mondiale et à préparer une deuxième guerre, dès que la lutte des classes sur le front intérieur aura été parachevée sous l’égide d’un socialisme porté par un chef charismatique.

Paul Lensch fut pendant la “révolution de Novembre”, c’est-à-dire pendant les troubles qui ont immédiatement suivi l’armistice du 11 novembre 1918, l’intermédiaire entre les députés du peuple et l’état-major général des armées. Plus tard, il ne trouva pas de majortié au sein de la SPD pour appuyer ses projets révolutionnaires. En 1922, parce qu’il a coopéré à la neutralisation de la révolte spartakiste, il est exclu de la SPD. Son destin nous oblige toutefois à poser un question importante, dans le contexte du sort que l’on fait subir à la vérité historique en RFA aujourd’hui : n’était-ce qu’une foucade polémique de Crispien, porte-paroles de l’USPD pré-communiste et dissidente de la SPD jugée trop fade, d’avoir utilisé le vocable de “national-scoaliste” pour désigner cette SPD majoritaire, après l’élimination du spartakisme? La paternité du vocable ne revient pas à ce Crispien ; le terme a été utilisé pour la première fois en 1897 par les dissidents de la social-démocratie austro-hongroise dans l’espace tchèque (Bohème et Moravie) qui ont nommé leur parti Ceskoslovenska strana narodnescosocialisticka, soit “Parti national-socialiste tchécoslovaque”. En 1903, en réaction à la création de cette formation nationale-socialiste tchécoslovaque, les socialistes allemands de la région des Sudètes fondent un Deutsche Arbeiterpartei , soit un “Parti ouvrier allemand”, qui sera débaptisé en 1918 pour se nommer “Deutsche National-sozialistische Arbeiterpartei” [Parti ouvrier national-socialiste allemand], qui anticipera directement la NSDAP hitlérienne.

L’itinéraire personnel de Paul Lensch, député socialiste du Reichstag, explique pourquoi les figures de proue du socialisme allemand d’après 1945, tels Kurt Schumacher, qui fut Président de la SPD, ou Johann Plenge, n’ont jamais cessé de dire que l’émergence du national-socialisme n’a été possible qu’à cause de l’existence préalable du socialisme. Il existe donc bel et bien une évolution logique qui partirait du socialisme marxiste pour aboutir au national-socialisme. Cette évolution n’est pas purement dialectique, mais organique. Elle a été rendue possible en Allemagne après 1918, à cause des conditions trop contraingnantes du Traité de Versailles, qui ont obligé l’Allemagne vaincue à suivre une voie propre, particulière, que l’on ne peut comparer à celles des pays voisins.

Analyser les écrits de Paul Lensch, examiner le développement successif de sa vision politique, nous permet de mieux comprendre aujourd’hui quel a été le contexte idéologique et intellectuel purement socialiste —et marxiste-léniniste— dans lequel a émergé le national-socialisme allemand.

Josef SCHÜSSLBURNER.

(article tiré de Junge Freiheit, n°5/1998).

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Lily Braun

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02 juillet 1865: Naissance à Halberstadt de Lily Braun, féministe, sociale-démocrate nietzschéenne et philo­so­phe allemande. Née Lily von Kretschman, elle épouse en secondes noces Heinrich Braun en 1896, alors qu’elle est devenue militante socialiste enthousiaste. Elle publiera deux revues de combat, l’une purement socialiste, Die neue Gesellschaft, et l’autre, socialiste et féministe, Die Frauenbewegung. Cette dernière revue prenait le relais d’un ouvrage théorique, rédigé en 1901 et intitulé Die Frauenfrage où elle développe l’argumentaire suivant : le capitalisme contraint les femmes à travailler dans l’industrie et détruit, ipso facto, la famille, ce qui implique de corriger le tir et de construire un socialisme capable de réparer les dégâts. Sur le plan phi­loso­phi­que, Lily Braun est une théoricienne de la négation, mais la négation ne doit pas servir à détruire les fon­de­ments anthropologiques de la société, mais à critiquer en permanence les superstructures pétrifiées. Elle plai­dait en faveur d’une juvénilisation permanente de la société et du socialisme. Elle s’opposait au moralisme, souvent d’inspiration kantienne, par qu’il avait des effets démobilisateurs. En 1914, elle forge un patriotisme socialiste, opposé à la bourgeoisie française, au capitalisme anglais et au despotisme russe.

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Revoluçao Conservadora & Ordo Romanus

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Revoluçao Conservadora, forma catolica e "ordo aeternus" romano

A Revolução Conservadora não é somente uma continuação da «Deutsche Ideologie» romântica ou uma reactualização das tomadas de posição anti-cristãs e helenistas de Hegel (anos 1790-99) ou uma extensão do prussianismo laico e militar, mas tem também o seu lado católico romano. Nos círculos católicos, num Carl Schmitt por exemplo, como nos seus discípulos flamengos, liderados pela personalidade de Victor Leemans, uma variante da Revolução Conservadora incrusta-se no pensamento católico, como sublinha justamente um católico de esquerda, original e verdadeiramente inconformista, o Prof. Richard Faber de Berlim. Para Faber, as variantes católicas da RC renovam não com um Hegel helenista ou um prussianismo militar, mas com o ideal de Novalis, exprimido em Europa oder die Christenheit: este ideal é aquele do organon medieval, onde, pensam os católicos, se estabeleceu uma verdadeira ecúmena europeia, formando uma comunidade orgânica, solidificada pela religião.

Depois do retrocesso e da desaparição progressiva deste organon vivemos um apocalipse, que se vai acelerando, depois da Reforma, a Revolução francesa e a catástrofe europeia de 1914. Desde a revolução bolchevique de 1917, a Europa, dizem estes católicos conservadores alemães, austríacos e flamengos, vive uma Dauerkatastrophe. A vitória francesa é uma vitória da franco-maçonaria, repetem. 1917 significa a destruição do último reduto conservador eslavo, no qual haviam apostado todos os conservadores europeus desde Donoso Cortés( que era por vezes muito pessimista, sobretudo quando lia Bakunine). Os prussianos haviam sempre confiado na aliança russa. Os católicos alemães e austríacos também, mas com a esperança de converter os russos à fé romana. Enfim, o abatimento definitivo dos “estados” sociais, inspirados na época medieval e na idade barroca (instalados ou reinstalados pela Contra-Reforma) mergulha os conservadores católicos no desespero. Helena von Nostitz, amiga de Hugo von Hoffmannstahl, escreve «Wir sind am Ende, Österreich ist tot. Der Glanz, die Macht ist dahin» [« Estamos no fim, a Áustria está morta. O Esplendor e o Poder desapareceram»].

Num tal contexto, o fascismo italiano, contudo saído da extrema-esquerda intervencionista italiana, dos meios socialistas hostis à Áustria conservadora e católica, figura como uma reacção musculada da romanidade católica contra o desafio que lança o comunismo a leste. O fascismo de Mussolini, sobretudo depois dos acordos de Latran, recapitula, aos olhos destes católicos austríacos, os valores latinos, virgilianos, católicos e romanos, mas adaptando-os aos imperativos da modernidade.

É aqui que as referências católicas ao discurso de Donoso Cortés aparecem em toda a sua ambiguidade: para o polemista espanhol a Rússia arriscava converter-se ao socialismo para varrer pela violência o liberalismo decadente, como teria conseguido se tivesse mantido a sua opção conservadora. Esta evocação da socialização da Rússia por Donoso Cortés permite a certos conservadores prussianos, como Moeller van den Bruck, simpatizar com o exército vermelho, para parar a Oeste os exércitos ao serviço do liberalismo maçónico ou da finança anglo-saxónica, ainda mais porque depois do tratado de Rapallo(1922), a Reichswehr e o novo exército vermelho cooperam. O reduto russo permanece intacto, mesmo se mudou de etiqueta ideológica.

Hugo von Hoffmannstahl, em Das Schriftum als geistiger Raum der Nation [As cartas como espaço espiritual da Nação] utiliza pela primeira vez na Alemanha o termo “Revolução Conservadora”, tomando assim o legado dos russos que o haviam precedido, Dostoievski e Yuri Samarine. Para ele a RC é um contra-movimento que se opõe a todas as convulsões espirituais desde o século XVI. Para Othmar Spann, a RC é uma Contra-Renascença. Quanto a Eugen Rosenstock( que é protestante), escreve: «Um vorwärts zu leben, müssen wir hinter die Glaubensspaltung zurückgreifen» [Para continuar a viver, seguindo em frente, devemos recorrer ao que havia antes da ruptura religiosa]. Para Leopold Ziegler (igualmente protestante) e Edgard Julius Jung (protestante), era preciso uma restitutio in integrum, um regresso à integralidade ecuménica europeia, Julius Evola teria dito: à Tradição. Eles queriam dizer por aquilo que os Estados não deviam mais opor-se uns aos outros mas ser reconduzidos num “conjunto potencializador”.

Se Moeller van den Bruck e Eugen Rosenstock actuam em clubes, como o Juni-Klub, o Herren-Klub ou em círculos que gravitam em torno da revista de sociologia, economia e politologia Die Tat, os que desejam manter uma ética católica e cuja fé religiosa subjuga todo o comportamento, reagrupam-se em “círculos” mais meditativos ou em ordens de conotação monástica. Richard Feber calcula que estas criações católicas, neo-católicas ou para-católicas, de “ordens”, se efectuaram a 4 níveis:

1)No círculo literário e poético agrupado em torno da personalidade de Stefan George, aspirando a um “novo Reich”, isto é, um “novo reino” ou um “novo éon”, mais do que a uma estrutura política comparável ao império dos Habsbourg ou ao dos Hohenzollern.

2)No “Eranos-Kreis”( Círculo Eranos) do filósofo místico Derleth, cujo pensamento se inscreve na tradição de Virgílio ou Hölderlin, colocando-se sob a insígnia de uma “Ordem do Christus- Imperator”.

3)Nos círculos de reflexão instalados em Maria Laach, na Renânia-Palatinado, onde se elaborava uma espécie de neo-catolicismo alemão sob a direcção do teólogo Peter Wust, comparável, em muitos aspectos, ao “Renouveau Catholique” de Maritain na França (que foi próximo, a dado momento, da Acção Francesa) e onde a fé se transmitia aos aprendizes particularmente por uma poesia derivada dos cânones e das temáticas estabelecidas pelo “Circulo” de Stefan George em Munique-Schwabing desde os anos 20.

4)Nos movimentos de juventude, mais ou menos confessionais ou religiosos, particularmente nas suas variantes “Bündisch”, bom número de responsáveis desejavam introduzir, por via das suas ligas ou das suas tropas, uma “teologia dos mistérios”.

As variantes católicas ou catolizantes, ou pós-católicas, preconizaram então um regresso à metafísica política, no sentido em que queriam uma restauração do “Ordo romanus”, “Ordem romana”, definida por Virgílio como “Ordo aeternus”, “ordem eterna”. Este catolicismo apelava à renovação com esse “Ordo aeternus” romano que, na sua essência, não era cristão mas a expressão duma paganização do catolicismo, explica-nos o cristão católico de esquerda Richard Faber, no sentido em que, neste apelo à restauração do “Ordo romanus/aeternus”, a continuidade católica não é já fundamentalmente uma continuidade cristã mas uma continuidade arcaica. Assim, a “forma católica” veicula, cristianizando-a (na superfície?), a forma imperial antiga de Roma, como assinalou igualmente Carl Schmitt em Römischer Katholizismus und politische Form (1923). Nessa obra, o politólogo e jurista alemão lança de alguma maneira um duplo apelo: à forma (que é essencialmente, na Europa, romana e católica, ou seja, universal enquanto imperial e não imediatamente enquanto cristã) e à Terra (esteio incontornável de toda a acção política), contra o economicismo volúvel e hiper-móvel, contra a ideologia sem esteio que é o bolchevismo, aliado objectivo do economicismo anglo-saxónico.

Para os proponentes deste catolicismo mais romano que cristão, para um jurista e constitucionalista como Schmitt, o anti-catolicismo saído da filosofia das Luzes e do positivismo cienticista( referências do liberalismo) rejeita de facto esta matriz imperial e romana, este primitivismo antigo e fecundo, e não o eudemonismo implícito do cristianismo. O objectivo desta romanidade e desta “imperialidade” virgiliana consiste no fundo, queixa-se Faber, que é um anti-fascista por vezes demasiado militante, em meter o catolicismo cristão entre parênteses para mergulhar directamente, sem mais nenhum derivativo, sem mais nenhuma pseudo-morfose (para utilizar um vocábulo spengleriano), no “Ordo aeternus”.

Na nossa óptica este discurso acaba ambíguo, porque há confusão permanente entre Europa e Ocidente. Com efeito, depois de 1945, o Ocidente, vasto receptáculo territorial oceânico-centrado, onde é sensato recompor o “Ordo romanus” para estes pensadores conservadores e católicos, torna-se a Euroamérica, o Atlantis: paradoxo difícil de resolver, porque como ligar os princípios “térreos” (Schmitt) e os da fluidez liberal, hiper-moderna e economicista da civilização “estado-unidense”?

Para outros, entre o Oriente bolchevizado e pós-ortodoxo e o Hiper-Ocidente fluido e ultra-materialista, deve erguer-se uma potência “térrea”, justamente instalada sobre o território matricial da “imperialidade” virgiliana e carolíngia, e esta potência é a Europa em gestação. Mas com a Alemanha vencida, impedida de exercer as suas funções imperiais pós-romanas uma translatio imperii (translação do império) deve operar-se em beneficio da França de De Gaulle, uma translação imperii ad Gallos, temática em voga no momento da reaproximação entre De Gaulle e Adenauer e mais pertinente ainda no momento em que Charles De Gaulle tenta, no curso dos anos 60, posicionar a França “contra os impérios”, ou seja, contra os “imperialismos”, veículos da fluidez mórbida da modernidade anti-política e antídotos para toda a forma de fixação estabilizante (NdT. Daqui presume-se uma distinção entre imperialismo e imperialidade, daí o uso dos dois conceitos).

Se Eric Voegelin tinha teorizado um conservantismo em que a ideologia derivava da noção de “Ordo romanus”, ele colocava o seu discurso filosófico-político ao serviço da NATO, esperando deste modo uma fusão entre os princípios “fluidos” e “térreos” (NdT. naturalmente esta dicotomia que o autor usa recorrentemente no texto é uma referência à tradicional oposição entre ordenamentos marítimos e terrestres) , o que é uma impossibilidade metafísica e prática. Se o tandem De Gaulle-Adenauer se referia também, sem dúvida, no topo, a um projecto derivado da noção de “Ordo aeternus”, colocava o seu discurso e as suas práticas, num primeiro momento (antes da viagem de De gaulle a Moscovo, à América Latina e antes da venda dos Mirage à Índia e do famosos discursos de Pnom-Penh e do Quebeque), ao serviço de uma Europa mutilada, hemiplégica, reduzida a um “rimland” atlântico vagamente alargado e sem profundidade estratégica. Com os últimos escritos de Thomas Molnar e de Franco Cardini, com a reconstituição geopolítica da Europa, este discurso sobre o “Ordo romanus et aeternus” pode por fim ser posto ao serviço de um grande espaço europeu, viável, capaz de se impor sob a cena internacional. E com as proposições de um russo como Vladimir Wiedemann-Guzman, que percepciona a reorganização do conjunto euro-asiático numa “imperialidade” bicéfala, germânica e russa, a expansão grande-continental está em curso, pelo menos no plano teórico. E para terminar, parafraseando De Gaulle: A estrutura administrativa acompanhá-la-á?

Robert Steuckers

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Nietzsche et l'Europe

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NIETZSCHE ET L'EUROPE
"Nous autres, bons Européens"
Gerald Alvoet
Préface de Michel Fabréguet
 

Qui se cache derrière le "bon Européen" de Friedrich Nietzsche ? Le philosophe développe cette idée lorsqu'il commence à envisager la culture dans une perspective dépassant les nationalismes menaçants de la fin du XIX° siècle. L'analyse généalogique qu'il en propose lui permet de souligner la maladie de la culture européenne, le nihilisme, et de rappeler les Européens à leurs responsabilités devant l'avenir de leur continent, question toujours d'actualité.

ISBN : 2-296-01928-5 • janvier 2007 • 110 pages

Prix éditeur : 11,5 €
 

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dimanche, 01 juillet 2007

Idéologie liberticide de la Maison Blanche

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Daniele Petraroli

L’idéologie liberticide de la Maison Blanche

La théorie paranoïaque du “New American Century".

Les quatre composantes fondamentalistes de la Maison Blanche.

Une stratégie brutale mais claire : “la guerre préventive au monde entier”.

L’Europe est le premier ennemi de l’impérialisme WASP.

Si on se laisse vivre au jour le jour, il n’est guère facile de comprendre que des changements fondamentaux sont en train de s’opérer aujoiurd’hui plus que jamais dans l’histoire, et, personnellement, j’ai vraiment la sensation d’être le témoin d’événements qui, par la force des choses, sont voués à avoir des conséquences très lourdes sur les destinées politiques du globe. En fin de journée, le mardi 11 septembre 2001, bon nombre de commentateurs s’affairaient à expliquer que le monde était entré dans une époque d’”insécurité globale”, due au terrorisme, aux “Etats-voyous” (pour utiliser la terminologie de l’administration américaine) et, en ultime instance, à la pauvreté et à l’instabilité définitive des pays du tiers et du quart-monde. Aujourd’hui, un an et demi après la pulvérisation des Twin Towers, nous pouvons dire que le 21ième siècle, qui devait être une époque de paix et de bien-être, a commencé sous le signe de la peur et du chaos international.

Nous devons cependant bien dire que cette situation n’est pas due à Al Qaeda, comme on le craignait au lendemain du 11 septembre 2001, ni à un détournement d’avion, ni à des kamikazes obligés de se faire sauter, bourrés d’explosifs, au milieu des foules en Europe ou en Amérique, mais à un nouveau dessein politique, théorisé plusieurs années avant l’attentat et réalisés, après celui-ci, par l’administration Bush, au cours de ces derniers mois : il s’agit du dessein néo-impérial.

La guerre préventive

De puis l’effondrement de l’Union Soviétique, les Etats-Unis sont devenus l’unique superpuissance encore existante et, forts de cette unipolarité acquise dès 1991, ils ont aligné ouvertement les théoriciens de la droite néo-conservatrice, qui sont rapidement devenus les conseillers les plus écoutés du Président Bush. Ils sont nombreux : nous avons Kagan, Ledeen, Podhoretz, pour ne citer que quelques noms. Ces idéologues ne sont pas sortis subitement, comme du chapeau d’un magicien, au lendemain de l’effondrement des deux tours. Bien au contraire : ils ont préparé le scénario qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux depuis au moins dix ans. En fait,la première théorie de la “guerre préventive” se manifeste en 1992, c’est la “Defence Policy Guidance” de Dick Cheney, aujourd’hui vice-président des Etats-Unis, de Paul Wolfowitz et, accessoirement, de Rumsfeld. Les deux premiers ont théorisé l’utilisation de tous les atouts américains contre tout pays en mesure de devenir une “menace”. A l’époque, les temps n’étaient pas encore mûrs et Bush-le-père a mis un terme au projet. Il faudra donc attendre dix longues années et la tragédie providentielle du World Trade Center pour que les divers groupes de pression issus de la droite du parti républicain, après des parcours divers, s’unissent dans le fameux “Project for the New American Century” (PNAC), dont l’idéologue est Wolfowitz lui-même. Il réussira à déterminer en tout et pour tout la politique extérieure du Président.

La bande des quatre

Il nous paraît utile de faire un peu de clarté sur les origines de cette “nouvelle droite” américaine. A l’intérieur de l’ensemble qu’elles forment, nous pouvons distinguer quatre grands filons. Le premier, qui est le plus important car il est aussi le plus visible, est celui des “faucons”, partisans de la manière forte en politique étrangère. On inclut généralement, à ce courant des “faucons” les penseurs et intellectuels du néo-conservatisme : Richard Perle, conseille de Rumsfeld en matières de stratégie, Elliott Abrams ainsi que Norman Podhoretz et Robert Kagan, que nous venons de citer. Ils s’appuient sur les journaux suivants: le “Weekly Standard”, de Murdoch, et le “Wall Street Journal”. C’est William Kristol leur éminence grise et le fondateur en 1997 du PNAC.

Le second filon est constitué d’hommes de gauche très marqués, qui ont piloté le démantèlement du Welfare State dans les années 80, sous l’administration Reagan; parmi eux, il faut compter Rumsfeld et Cheney. Ensuite, nous avons les fondamentalistes catholiques, connus pour leur actions anti-avortement, qui sont dirigés par le Ministre de la justice, John Ashcroft; et, enfin, l’ ”American Enterprise Institute”, étroitement lié à la droite israélienne, dont le représentant de pointe est Ledeen. Ces “extrémistes marginaux”, comme on les appelait encore en 1998, sont arrivés au pouvoir en 2000, avec Bush-le-fils, en profitant par la suite du refrain “nous sommes tous des Américains”, qui a uni derrière son antienne l’immense majorité des Occidentaux, immédiatement après l’effondrement des tours jumelles. Cette prise du pouvoir discrète, puis les événements de New York, ont permis de lancer un scénario conçu quelques années auparavant mais que l’on n’imaginait pas pouvoir se concrétiser de sitôt.

Aujourd’hui, grâce à cette conjecture, les Etats-Unis peuvent envisager, tout simplement, d’exercer très bientôt un contrôle total sur le globe, sans plus avoir l’obligation de dissimuler leurs intentions réelles. Les néo-conservateurs partent d’un principe différent de celui de l’isolationnisme traditionnel de la droite américaine. Ils parlent ouvertement d’un “empire américain” et des “intérêts stratégiques vitaux” qu’il faut à tout prix défendre. Le masque est tombé. Plus personne ne croit encore aux historiettes moralisantes sur les droits de l’homme et la démocratie “qu’il fallait exporter”. Par conséquent, forts de leur triple suprématie économique, technologique et militaire, les théoriciens, qui se profilent derrière l’administration Bush, ne raisonnent plus qu’en termes de pouvoir, aujourd’hui plus que jamais. Unique concession à l’Amérique “patrie des libertés” : la conviction que l’hégémonie américaine est la meilleure des alternatives possibles pour les pays du tiers et du quart-monde, même s’ils doivent, pour cela, revenir au statut de “colonie”, soit à un état de semi-souveraineté.

Une obsession : Rome

La référence idéale de ces idéologues est Rome, mais il faudrait plutôt dire que l’empire forgé par l’Urbs est leur obsession. Les néo-conservateurs s’inspirent en effet del a grandeur de l’Empire Romain pour justifier leur propre politique et leurs propres idées. La guerre en Irak est gagnée, malgré les pronostics de quelques commentateurs qui prévoient un nouveau Vietnam; cette victoire a été rapide et facile, mais elle n’est que la deuxième étape, après l’Afghanistan, d’un projet qui vise à pacifier par la force des armes, l’ensemble du Moyen Orient, et non pas le dernier épisode. Après viendra le tour de la Syrie, de l’Iran et, plus tard, de la Corée et du Soudan.

Désormais, l’Amérique n’attend plus de solutions diplomatiques dans les situations potentiellement à risque; les Etats-Unis veulent désarmer tous leurs ennemis potentiels. Au vu de tout ce que nous venons d’écrire, il convient de se pencher une nouvelle fois sur les motivations qui ont poussé à l’intervention contre le régime de Saddam Hussein. Certes, le pétrole est important, mais ne constitue qu’un motif insuffisant. L’objectif réel de l’administration Bush est plus clairement d’ordre géopolitique et géostratégique : il s’agit de contrôlerune zone de grande effervescence sur la planète, pour en faire le premier tremplin qui conduira à l’hégémonie définitive des Etats-Unis sur le globe tout entier.

L’Europe est l’ennemi principal

Dans toute cette agitation, le véritable ennemi des Etats-Unis, dans un futur proche, n’est autre que l’Europe, comme le laissent deviner les nombreux articles de Kagan. C’est l’évidence : en défendant toujours leurs seuls intérêts, les Etats-Unis finissent par fouler aux pieds les intérêts des autres puissances. Pourtant, malgré l’exposition explicite du projet impérial américain, très peu de voix isolées se sont élevées sur le vieux continent pour mettre les esprits en garde contre l’hyperpuissance à la bannière étoilée. Seuls quelques intellectuels venus d’horizons très divers comme Cardini, Hobsbawn et Massimo Fini ont formulé des analyses justes. Mais, parmi ces voix discordantes, il n’y a pas un seul homme politique, car, finalement, ni Chirac ni Schroeder n’ont pris de positions claires, qui soient diamétralement opposées aux vues de l’Amérique. En Europe, il manque un intellectuel de la trempe de Kagan, prêt à défendre nos propres intérêts avec la même rigueur, la même vigueur et la même verve.

Daniele PETRAROLI.

Article extrait d’Orion, n°224, mai 2003.


Liste des articles déjà publiés sur la même thématique :

Catherine OWERMAN : Les mouvements américains pour la paix, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°40, décembre 2002.

Catherine OWERMAN : Bellicisme et pacifisme chez les conservateurs américains, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°41, janvier 2003.

Helmut MÜLLER : Les éminences grises de Bush, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°42, février 2003.

Prof. Paul GOTTFRIED : Les deux écoles de la politique extérieure américaine : “Straussiens” et “Réalistes”, in Au fil de l’épée/Arcana Imperii, Recueil n°48, août 2003.

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Türkisches Roulette

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Türkisches Roulette

Die neuen Kräfte am Bosporus

1. Auflage 2007, 256 Seiten mit 30 Fotos und Karte im Vor/Nachsatz
ISBN13: 978-3-7766-2527-1
19,90 EUR D / 20,50 EUR A / 34,90 CHF
Herbig
Dieter Sauter zeichnet ein differenziertes Bild der Türkei und erklärt Vor- und Nachteile eines EU-Beitritts.

Die Türkei ist ein Land der Widersprüche, das mit einem negativen Image kämpft: »Ehrenmorde«, Korruption, tote Journalisten und fliehende Schriftsteller beherrschen die Schlagzeilen. Der langjährige ARD-Korrespondent Dieter Sauter sprach mit Mafiosi, Militärs, Polizisten, Frauenrechtlerinnen und Menschenrechtsaktivisten. Er erklärt, wie dieses Land im Wandel, an der Grenze zum Nahen Osten mit seinen Krisengebieten und Energiequellen, funktioniert und was wir wissen müssen, um seine Menschen und seine Politik wirklich zu verstehen.

Wohin steuert die Türkei? Am Bosporus überstürzen sich die Ereignisse: Bei der Präsidentenwahl mischt sich das Militär ein und droht mit Putsch. Demonstrationen, Verfassungsänderungen, vorgezogene Neuwahlen bestimmen den politischen Alltag – und wo bleibt das Projekt EU-Mitgliedschaft? Was wird aus der Europäischen Union?, fragt man sich unterdessen in Europa. Dort ist ein EU-Mitglied Türkei nur schwer zu vermitteln. Zwar ist Ankara von einem riesigen Krisengebiet umgeben, das vom Hindukusch über den Persischen Golf bis zum Kaspischen Meer reicht, und es ist Energiekorridor zwischen Ost und West. Damit ist zwar seine geostrategische Bedeutung umrissen – aber gibt es nicht auch eine Vielzahl von Problemen und Risiken am Bosporus, die eine Mitgliedschaft der Türkei zum »Ernstfall« für die EU werden ließen?

Auf der Suche nach Antworten hat Dieter Sauter, der seit 1992 für die ARD aus Istanbul berichtete, mit Mafiosi, Militärs, Polizisten, Frauenrechtlerinnen und Menschenrechtsaktivisten gesprochen, um die Türkei auf ihrem Weg in die Moderne zu porträtieren. Er zeigt ein Land im Umbruch: wie sich trotz Behördenwillkür, Mafia, islamistischem Politikerfilz und traditionellem Stammesleben auch Bürgerinitiativen und modernes urbanes Leben entwickelten. Dabei ist es ihm gelungen, ein lebendiges und vielschichtiges Bild zu zeichnen, das dieses Land und seine Zukunft, die auch unsere ist, für uns verständlich macht.
Beachten Sie bitte auch folgenden Link: www.dieter-sauter.com