lundi, 07 février 2011
Conférence de Michel Drac au Carré: texte et questions
Conférence de Michel Drac au Carré : le texte et les questions
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La conférence était donnée par Michel Drac au Carré Parisien, 1 rue du général Beuret, à Paris, le 24 janvier 2011, à l’invitation du Cercle Aristote. Le thème en était : « le choc des civilisations ».
La salle étant trop petite, une partie du public ayant dû rester debout, la conférence ayant débuté légèrement en retard, le conférencier a sauté quelques passages du texte prévu, pour raccourcir son intervention. Cependant, le texte complet est donné ici. Les questions et réponses se trouvent à la fin.
Introduction
Bonsoir mesdames et messieurs. Je suis invité ce soir par le cercle Aristote. Ce qui me vaut cet honneur, c’est un livre coécrit l’an dernier avec deux anonymes : « Choc et Simulacre ».
La thèse générale de ce livre peut être résumée ainsi : « Il y a un choc des civilisations. L’Histoire a été ponctuée par d’innombrables chocs de civilisations. Le concept n’est donc nullement absurde, même s’il faut le relativiser. Cependant, la réalité du choc des civilisations est très éloignée de sa représentation propagandiste par ceux qui veulent l’utiliser pour les meilleurs intérêts de l’impérialisme US/Grande-Bretagne/Israël. »
« Choc et simulacre » faisait, à partir de là, un balayage des stratégies contemporaines de ce que l’on appelle parfois la « guerre de l’information », et qu’on devrait plutôt appeler la « guerre cognitive ». Le livre établissait en particulier la mise en contexte de cette notion de « guerre cognitive » dans le cadre plus général de la « guerre de quatrième génération » théorisée à West Point dès la fin des années 80, et illustrait cette mise en contexte en zoomant sur une problématique précise : l’instrumentalisation du « choc » entre Islam et « Occident » par les réseaux US/Grande-Bretagne/Israël.
Si nous avons choisi cet axe de présentation, ce n’est pas que nous estimions par hypothèse que l’Empire US/Grande-Bretagne/Israël est le seul à recourir aux stratégies de la guerre cognitive : il est évident qu’il n’est pas le seul. Et, à vrai dire, si nous avions écrit non depuis l’Europe, mais depuis, disons, la péninsule indochinoise, nous aurions probablement zoomé sur le concept chinois de « guerre hors limite », équivalant pékinois du « fourth generation warfare » américain.
Le choix de cet axe de présentation n’implique pas davantage qu’à nos yeux, le heurt « Islam » / « Occident » soit le seul « choc de civilisation » susceptible de donner lieu à une instrumentalisation par l’Empire US/Grande-Bretagne/Israël. Si, par exemple, nous avions écrit depuis la Pologne, et non depuis la France, nous nous serions probablement intéressé à d’autres aspects de la cartographie civilisationnelle élaborée en 1993 par Samuel Huntington, et particulièrement à la question de savoir si le Dniepr, qui sépare catholiques romains et orthodoxes slaves, est vraiment plus large que l’Atlantique, qui sépare les protestants non-conformistes anglo-saxons de la vieille Europe majoritairement catholique.
Nous avons choisi cet axe de présentation parce qu’à nos yeux, au sein de la problématique générale soulevée par l’évolution de la guerre vers sa « quatrième génération », pour nous Français, la question essentielle est l’instrumentalisation du heurt « Islam » / « Occident » par l’Empire US/Grande-Bretagne/Israël.
Sous l’angle de cette urgence, ce livre a été écrit pour de bonnes raisons. Sans doute il était utile d’avoir ce titre au catalogue de notre maison d’édition, le Retour aux Sources. Parler de la « guerre occulte », pour reprendre la terminologie évolienne, est toujours une bonne chose, justement parce que cela rend cette guerre « moins occulte ».
Toutefois, je vous avouerais que ce soir, devant un public averti, qui sait déjà à quoi s’en tenir quant aux manipulations impérialistes, je ne vois pas l’utilité de revenir sur cet aspect des choses. Au demeurant, les évolutions montrent de manière évidente que l’islamisme est très largement une baudruche, un leurre agité par les impérialistes pour cautionner leur politique d’ingérence. Les choses deviennent si claires, qu’il serait sans doute mal venu de les exposer une énième fois.
Voici Ben Ali, le supposé « rempart contre l’islamisme », se réfugiant en Arabie Saoudite à la suggestion des Etats-Unis : est-il besoin d’expliquer en quoi il est curieux qu’un « adversaire de l’islamisme » trouve refuge précisément en Arabie Saoudite ? A peine Ben Ali a-t-il quitté Tunis que l’armée organise un gouvernement de transition, chargé de faire en sorte, évidemment, que tout change pour que rien ne change. Et voilà que, comme par miracle, des islamistes réfugiés au Londonistan, donc au cœur de l’Empire US/Grande-Bretagne/Israël, reviennent en Tunisie, où, masquant les véritables problématiques sociales et économiques, ils vont représenter, on le pressent déjà, une « menace » contre la « démocratie », une « menace » qui justifiera qu’on maintienne la « démocratie » avec l’aide des tanks, comme en Algérie, dans les années 90… Tout cela est si cousu de fil blanc ! Pourquoi commenter encore ?
C’est pourquoi je préfère vous parler ce soir d’un autre aspect de la question. Il ne s’agira pas dans cette conférence de décortiquer les stratégies de l’impérialisme autour du concept de « choc des civilisations », mais plutôt de décortiquer le concept en lui-même, et en particulier de cerner exactement dans quelle mesure il recouvre une réalité. Et quelle réalité.
Le « choc des civilisations », le vrai, c’est quoi ?
Voilà ma question.
Le discours des salauds
Partons de l’argumentaire de Samuel Huntington. Je crois qu’il y a dans cet argumentaire une part de vérité, et une part de mensonge.
A mon avis, ce qui est vrai, chez Huntington, c’est ce qui, dans son « clash of civilizations » renvoie au concept préexistant de « clash of cultures ». Il est exact que les cultures peuvent se heurter les unes aux autres.
On peut voir les cultures, après tout, comme des ensembles de virus mentaux plus ou moins coordonnés, tantôt opportunistes les uns par rapport aux autres, tantôt fonctionnant comme antivirus les uns des autres. Chaque culture, sous cet angle, est un complexe de virus mentaux opportunistes s’adossant les uns aux autres. Il est clair que de tels complexes peuvent entrer en compétition lorsqu’ils coexistent au sein du même « système d’information », disons dans le même espace social et médiatique, et incluent des virus fonctionnant mutuellement comme des antivirus.
Dans ces conditions, on comprend bien que la mondialisation va engendrer une multiplication des « clashs of cultures ». Et on se doute qu’ils vont effectivement s’avérer très structurants dans l’évolution des sociétés.
Sur ce plan, Huntington a raison : il est hors de doute que l’unification de l’espace informationnel mondial va fabriquer, dans un premier temps, beaucoup plus de clashs que de convergence. Le choc des cultures entre culture européenne et culture arabo-musulmane est resté un phénomène de frontières, donc marginal, tant qu’il existait une frontière linéaire entre le monde européen et le monde arabo-musulman. Dès lors que la frontière s’abaisse, deux complexes de virus mentaux se trouvent en concurrence dans un seul et même monde ; de cette concurrence sortira peut-être un jour une synthèse disjonctive. En attendant, ce qu’on voit, ce qu’on constate, c’est la concurrence.
Ce qui est faux, en revanche, chez Huntington, c’est l’idée selon laquelle le « clash of cultures » devrait se superposer aux failles, ruptures et conflits géostratégiques dans une logique quasi-mécanique, la concurrence entre complexes de virus mentaux devant en quelque sorte, dans sa vision, prédéterminer les choix opérés par les Etats et ligues d’Etats dans une perspective de puissance. Toute l’Histoire est là pour démonter l’inanité de cette thèse. De François Ier de France allié au Turc contre l’Empire de Charles Quint à Guillaume II d’Allemagne allié, lui aussi, au Turc, contre l’Empire Britannique : en pratique, les acteurs géopolitiques ont obéi, toujours, à des logiques de puissance, dans lesquelles la question du « choc des cultures » n’est pas un élément prédéterminant, mais au contraire un aspect du social utilisable dans une pure perspective « réaliste », voire machiavélique.
Même quand le « choc des cultures » a joué temporairement un rôle moteur, ce rôle s’est très vite réduit à une fonction de justification, pour ne pas dire à un argument de propagande ; une fois passée la première croisade, le conflit médiéval pour la Terre Sainte eut beaucoup plus à voir avec les intérêts commerciaux des marchands italiens qu’avec la religion, et les acteurs les plus intelligents le comprirent parfaitement. On se souviendra à ce propos que pour finir, les croisés saccagèrent Byzance sans reprendre Jérusalem, et que Philippe Auguste fut, sans aucun doute, absolument ravi des malheurs glorieux de Richard Cœur de Lion au pays des Sarrazins. Ces quelques exemples devraient donner matière à réflexion à ceux qui envisagent de se croiser vertueusement ; qu’on se le dise : en général, le principal bénéficiaire d’une croisade est celui qui l’a prêché avec flamme, pas celui qui s’est croisé après le prêche enflammé ! On aimerait qu’ici, les héritiers du rusé Capétien aient retenu sa leçon aussi bien que ceux du fougueux Plantagenêt.
Au final, s’agissant de Samuel Huntington et compagnie, nous dirons donc : d’une part, que ces gens disent la vérité quand ils annoncent l’intensification du « choc des cultures » ; mais qu’en parfaits salauds, ils utilisent cette vérité pour promouvoir un mensonge, le supposé « choc des civilisations ».
La déculturation par le mélange
Zoomons maintenant sur la réalité : le choc des cultures. Essayons de comprendre comment il se déroule, quel impact il a.
La première conséquence du choc des cultures, c’est la dislocation accélérée des rares cadres de référence collectifs qui avaient survécu au rouleau compresseur consumériste. Les « cultures », ces complexes de virus mentaux opportunistes, ne peuvent se propager et se maintenir au sein de leur espace de propagation que dans la mesure où cet espace n’est pas infesté de virus mentaux fonctionnant, à l’égard du complexe culturel en cause, comme autant d’antivirus. Si un espace social est saturé de virus et d’antivirus s’annulant mutuellement, plus aucun complexe structuré ne peut émerger, et il n’y a plus d’esprit collectif harmonieux possible.
Il faut l’admettre, dans un premier temps, les mélanges prennent mal. Ils aboutissent d’abord à généraliser les pathologies induites par les diverses cultures, et non leurs productions supérieures. Au demeurant, rien de mystérieux à cela : ce qui se propage le plus facilement, c’est ce qui est simple ; or ce qui est simple, c’est rarement ce qu’il y a de supérieur dans une culture.
Pour prendre l’exemple de la culture française, ce qu’elle a produit de plus élevé, de plus beau, c’est sans doute notre conception de la fraternité, auto-extériorité de l’immanence politique ; eh bien, c’est compliqué, et au fond, personne en Europe ne nous a compris sur ce plan. Inversement, ce que notre culture a produit de plus pathogène est probablement notre esprit de cour ; or, cela, c’est simple, et nous l’avons exporté facilement.
Voici une loi historique : quand deux cultures se mélangent, il faut du temps, beaucoup de temps, pour qu’une synthèse disjonctive marie leurs aspects supérieurs. A la longue, cela se fait. Mais il faut généralement plusieurs générations. Prenez les Saxons et les Normands en Angleterre : il a fallu environ deux siècles. Prenez les Espagnols et les Nahuatls au Mexique : trois siècles environ pour créer des Mexicains. Quand Alexandre a conquis la Judée, l’esprit juif a pénétré dans l’espace grec. De cette date à l’invention d’une synthèse par Saint Paul, presque quatre siècles. De l’invention de cette synthèse à sa compréhension réelle par les masses ? On ne sait pas, le processus est encore en cours. Plus les cultures sont éloignées, plus ce qu’elles ont à synthétiser est élevé donc complexe, plus la synthèse prend du temps.
A la longue, il est exact que les mélangent sont fructueux. Mais cela prend du temps, beaucoup de temps, et l’Histoire ne laisse pas toujours le temps au temps. A l’inverse, l’exacerbation mutuelle des pathologies va vite. Au début, c’est donc cela qu’on constate : le caractère pathogène du choc des cultures. Et ce mécanisme général d’arasement, de destruction de toute construction culturelle élevée, débouche mécaniquement sur une acculturation générale. Il ne s’agit même pas ici de parler des stratégies d’abrutissement collectif promues par le pouvoir, bien que ces stratégies existent ; il s’agit de constater un effet mécanique et très logique de la constitution d’un espace culturel mondialisé. Le niveau baisse, si vous voulez, de lui-même, parce que ce qui permet une synthèse rapide, c’est ce qui est simple, et donc dans l’ensemble, plutôt ce qui est bas.
Remarquons ici que ce processus n’est pas spécifique au heurt entre culture arabo-musulmane et culture européenne, ni même au heurt entre culture européenne et culture extra-européenne. Avant la déculturation par la mondialisation, il y a eu, et il y a encore, l'acculturation destructrice par l’occidentalisation.
On définit une culture comme un complexe de virus mentaux capables de s’adosser les uns aux autres. Mais on peut aussi constater qu’une culture renvoie toujours plus ou moins explicitement à une sorte de « virus primordial », un principe essentiel dont découle une forte proportion des virus mentaux constitutifs du complexe terminal.
Or, force est de constater qu’il existe, en Europe, trois « virus primordiaux » distincts.
Dans le monde latin, et particulièrement en France, la valeur centrale est la fraternité, réconciliation de l’égalité et de la liberté. C’est une sécularisation des conceptions catholiques de la Contre Réforme. Mais dans le monde germanique, c’est l’unité qui tient la position centrale – unité du peuple, fondée sur l’unité de la conscience, sécularisation des conceptions issues de la Réforme.
Si notre devise est « Liberté, Egalité, Fraternité », le premiers vers de l’hymne allemand est : « Unité et Justice et Liberté pour la patrie allemande ». On voit bien la distinction : la liberté, chez les Allemands, n’est pas un prédicat qu’il faudrait ensuite réconcilier avec l’égalité ; elle est au terme d’un processus qui l’encadre, la définit comme fondamentalement collective, et la ramène ainsi à la conscience de la justice comme sa condition, et de l’unité comme condition de la justice. Il en découle que si nous, Français, voulons concilier égalité et liberté, chez les Allemands, il s’agit, pour garantir une autre conception de la liberté, de préserver l’unité au besoin via l’inégalité. On voit bien qu’entre leur culture et la nôtre, il y aura au final la différence qui sépare leur « virus primordial » et le nôtre, tant que nous n’aurons pas inventé une synthèse disjonctive.
A cette opposition entre Germains et Latins, il faut ajouter l’existence d’un troisième terme, distinct et des uns et des autres : les anglo-saxons. Fondamentalement, le « virus primordial » constitutif de leur culture a été exprimé par le cri : « Give me Liberty, or give me death ! ». « La liberté ou la mort ! » : ce cri, que les Français et les Allemands ont parfois repris, n’a jamais été qu’un des termes de leur pensée, alors qu’il est au cœur de la pensée anglo-saxonne. La liberté, et finalement la liberté seule : voilà le « programme » déployé par cette culture, qui ignore donc aussi bien notre soif de fraternité que l’exigence germanique d’unité.
L’occidentalisation est, en Europe comme ailleurs depuis quelques décennies, le processus par lequel le « virus primordial » de la culture anglo-saxonne, prédominante, contamine et déstructure les autres cultures, latines et germaniques. Elle explique que l’exigence de liberté soit devenue le prétexte à une destruction de toute fraternité, à l’empêchement de toute unité. Elle n’est pas la cause unique du désastre culturel contemporain, bien sûr : les stratégies du pouvoir jouent un rôle, avec par exemple la casse du système éducatif. Mais elle constitue, depuis les années 50, une toile de fond favorable au déploiement de ces stratégies – raison pour laquelle l’impérialisme a constamment encouragé le processus.
Il est à noter, soit dit en passant, qu’elle participe d’une entreprise générale d’arasement qui revient en boomerang dans les pays anglophones, si bien qu’on peut parler, à travers l’occidentalisation, de destruction de la culture européenne et de la culture américaine. Une machine à incuber ce qui est bas, en ne laissant subsister que ce qui est assez simple, assez rudimentaire, pour être compris même par ceux dépourvus des clefs de décodage culturel les plus élémentaires : voilà à quoi nous avons affaire. Qu’on ne s’y trompe pas : les peuples anglo-saxons n’y sont pour rien. Le Globish est aussi une arme contre l’Anglais, le vrai.
Le conflit de civilisation comme père du nouvel être occidental
Une des questions qui viennent à l’esprit, une fois ce constat dressé, c’est évidemment : pourquoi, dans ces conditions, le « choc des cultures » Islam / Occident est-il constamment mis en avant, perçu, souligné, alors qu’on voit bien que l’occidentalisation recouvre, en elle-même, un choc destructeur ?
A cette question, je propose une réponse simple : c’est justement le choc de l’occidentalisation, trop complexe pour être décodé, qui crée un appétit de simplicité, de brutalité même, appétit que le heurt Islam / Occident vient satisfaire.
C’est que le heurt entre Islam et Occident permet de poser le problème du « virus primordial » sous notre culture, sans avoir à reconnaître la complexité de la question. Derrière la mise en avant obsessionnel de cette opposition, le fantasme d’une réunification de soi. Pour les Français, qui aiment à croire que leur idéal de fraternité survit sous le culte anglo-saxon du Marché, pour les Allemands, qui font de même avec leur idéal d’unité, l’opposition avec l’Islam permet de reconstruire une cohérence autour de l’idée de liberté, devenue si évidente, du fait de l’opposition avec l’Islam, que sa définition n’est plus nécessaire.
Il faut reconnaître ici, bien sûr, que l’opposition Islam / Occident est réelle, qu’elle renvoie à une véritable différence culturelle majeure. Si c’est à juste titre qu’un Emmanuel Todd a pu souligner que catholicisme et islam partagent une conception du monde fondamentalement universaliste, il n’en reste pas moins qu’il s’agit, aussi, de deux universalismes rivaux.
On a vu, à l’instant, la complexité de la culture européenne, complexité telle, en fait, qu’on peut se poser la question de l’unité de cette culture. Mais il faut admettre aussi que, renvoyée à la différence radicale que l’islam peut incarner, cette unité cesse de faire débat.
Les « virus primordiaux » allemands, anglais, français, font en effet tous une place à la liberté – pas la même place, mais toujours une place. A l’inverse, la notion de liberté n’est pas centrale en Islam. On peut même se demander si elle existe. Le croyant, en Islam, est dans le Bien quand il suit la « guidée » que Dieu a mis dans son cœur, et généralement, il suit cette « guidée », en pratique, en respectant la tradition, interprétée par les clercs.
Cela fait bel et bien deux univers mentaux difficilement compatibles.
L’actuelle conception musulmane est peut-être le mode de pensée qui prévalait dans l’Europe médiévale, peut-être même pas, peut-être est-ce quelque chose de fondamentalement différent.
Dans l’Europe médiévale, il existait peut-être, tout de même, cette prédisposition que Marcel Gauchet a décelée dans le christianisme, et qui préparait ce qu’il appelle la sortie de la religion. Nombre de musulmans soulignent d’ailleurs, dans leurs écrits, cette différence irréductible ; il faut dire cependant que ce sont surtout les musulmans extérieurs à l’Afrique du Nord qui pensent ainsi. Il faudrait, pour approfondir ce débat, connaître à fond l’islam, savoir en particulier à quoi correspond cette « soumission », ce complet « abandon » exigé par la doctrine musulmane. Je n’ai hélas pas le niveau de connaissance requis pour traiter ce point du débat en profondeur.
Quoi qu’il en soit, la différence Islam/Europe est là, réelle, on ne peut pas la nier. Selon qu’on retiendra ou pas la thèse de Gauchet, on situera la rupture entre Islam et monde européen, sur la question de la liberté, soit à l’épître de Paul aux Romains, qui introduisait la personne comme acteur autonome de la religion, soit à la Réforme, qui remet en cause l’autorité de l’Eglise et prépare sa séparation d’avec l’Etat. Mais de toute façon, on doit reconnaître qu’aujourd’hui, entre « nous », la majorité des européens, et « eux », la majorité des musulmans, il y a une différence culturelle majeure, en comparaison de laquelle nos différences internes à l’Occident sont en quelque sorte reléguées à l’arrière plan – donc minorées, presque rendues négligeables. C’est un peu comme quand on floute une image : on en simplifie les formes, on finit par en gommer certaines.
Il me paraît évident que c’est précisément cet effet simplificateur qui vaut à la thèse simpliste du « choc des civilisations » une certaine audience dans le grand public occidental. C’est un mécanisme vieux comme le monde : la conscience de la différence externe comme outil pour oblitérer du champ de conscience collectif les débats sur les différences internes, qu’on ne veut pas voir. Tout cela est, vraiment, vieux comme le monde.
Le choc Islam/Occident sert de traitement antidouleurs aux traumatisés de l’Occidentalisation. Le conflit de civilisation est le père du nouvel être occidental.
La ronde des barjos utiles
Simplification : c’est le mot-clef. Quand le réel est trop complexe pour rester pensable par la majorité, les discours qui portent sont les discours simplificateurs. Et dans le genre, hélas, il ne manque pas de fous pour cautionner, par leurs aberrations, le discours des salauds. Des fous que les paumés écoutent, parce que les fous parlent simplement des choses compliquées ; ils proposent une axiologie unique, claire, avec un bien et un mal, essentialisés et réconfortants dans leur stabilité.
Souvent, c’est presque comique, d’ailleurs, tant c’est caricatural.
Dans la famille « idiot utile » du « choc des civilisations », je demande le bobo pro-immigration. « Faisons venir des millions de musulmans en Europe, et enrichissons-nous de leur différence ! »
Ils s’imaginent quoi, les gens qui disent ça ? Qu’une synthèse des éléments supérieurs de ces cultures va émerger spontanément, par l’opération du Saint Esprit ? Ces doux dingues vous expliqueront que le mélange se fait, que la synthèse opère, parce qu’on mange du couscous en buvant du bordeaux. En quoi ils prouvent qu’ils ne savent pas que la culture va au-delà de la gastronomie… Ou encore, si on veut être méchant, qu’ils sont heureux de voir, dans le processus, les musulmans perdre leur foi et les chrétiens de même. L’égalité par l’arasement, la ressemblance par le vide. Quelle synthèse !
Le résultat de ce processus, c’est la production en séries de types humains médiocres, déracinés, acculturés à l'inculture. Le rappeur Morsay, si vous voulez, du côté « issu de l’immigration ». Et les ahuris style « j’ai ma place dans Loft Story », du côté « de souche ». C’est pathétique, tout ça. Ça finit par fabriquer le petit bolo bêlant racketté par la racaille – un phénomène d’ailleurs maintenant si répandu que les doux dingues pro-immigration sont en train tout doucement de disparaître : ils ont perdu toute crédibilité.
Cela dit, les barjos utiles travaillent en équipe, c’est le fond du problème. Le barjo utile « pro-immigration » invite chez nous le barjo utile « islamiste fou », lequel suscite le barjo utile « islamophobe obsessionnel », lequel fait un bon compagnon au barjo utile du type le plus redoutable, le genre « sioniste en délire ». Il y a une sorte de chaîne d’engendrement des discours simplistes, qui se cautionnent et se fabriquent les uns les autres, dans une espèce de ronde des fous. Concrètement, le « choc des civilisations » se manifeste, se déploie, se communique beaucoup ainsi, par la production d’un espace fantasmatique commun aux fous des tendances opposées ou alliées.
C’est tellement fantasmatique, tout cela, d’ailleurs, que c’en est parfois comique. Il y a un décalage extraordinaire entre le réel et sa représentation par les fous simplistes.
Le barjo utile « islamiste fou » est, je trouve, particulièrement drôle. Dans le genre, je citerais par exemple l’inénarrable Abdelkader Bouziane, dit « l’imam de Vénissieux ». Pour ceux qui auraient oublié ce grand comique méconnu, il s’agit du bonhomme qui nous avait expliqué, en 2004, que dans sa version de l’islam, un mari pouvait frapper sa femme, mais seulement sous le nombril. Je n’ai jamais réussi à savoir si la survenue de ce cas était liée à l’affaire Cantat/Trintignant… En tout cas, ce que je peux dire à mes auditeurs d’origine arabo-musulmane, c’est que, dans mon regard de Français dit « de souche », un type comme ça, c’est vraiment déconcertant. La forme de vie religieuse la plus basse sur terre. Franchement, on se demande d’où ça peut sortir. Qu’est-ce ? De l’humour wahhabite peut-être ? Ou alors il nous demande de reconnaître ses lumières sérieusement ? Il nous offre son wahhabisme saoudien 100 % garanti sans sucre ajouté pour remercier, à cause des allocs touchées au titre de ses je ne sais plus combien de rejetons ? Avouez qu’il y a de quoi être surpris…
Par contraste, le barjo utile « islamophobe obsessionnel » est plutôt tristounet. Il me fait un peu pitié. Le discours, dans son cas, est très caricatural, mais sans exotisme. C’est vraiment le choc avec l’Islam comme antidote au désarroi identitaire. On va trouver là des gens qui vont regretter la disparition du mode de vie français des années 60/70, et imputer cette disparition quasi-exclusivement à la survenue de la religion musulmane en France, ce qui est ridicule ; cette survenue joue un rôle dans la déstructuration de l’espace français jadis relativement homogène, mais tout le monde voit bien que le néolibéralisme et l’esprit libertaire, avec leur cortège de catastrophes économiques, sociales et culturelles, ont fait beaucoup plus de dégât, à ce stade, que la présence musulmane. Ça ne se compare pas. Le nier, c’est vraiment le signe d’une panique devant le réel.
Cette négation, en fait, ce qu’elle veut dire, c’est : « Je ne veux pas voir que j’ai attrapé une sorte de pathologie, une idolâtrie de la liberté qui m’empêche de définir la liberté, et qui aboutit à nier la fraternité, autre valeur que je porte, et que je ne veux pas renier, mais que je ne peux plus vraiment comprendre, en profondeur – parce que mon mode de pensée a été déstructuré. Et ça, je ne veux pas le voir. Alors, n’est-ce pas, le problème, c’est ‘les musulmans’, c’est plus simple. »
Quand je tombe sur ce genre de discours, ça me fait de la peine.
Et pour finir, n’oublions pas que dans la chaîne des barjos utiles, il y a le timbré sioniste. Grand ami en général de l’islamophobe obsessionnel, pour des raisons qu’il n’est même pas nécessaire d’expliquer…
Alors là, on peut rencontrer des cas relevant carrément de la psychiatrie lourde. Je pense par exemple à quelqu’un comme le rav Dynovisz. Pour ceux qui ne situent pas le personnage, il s’agit du rabbin qui vient récemment de faire un buzz formidable sur le web, avec un discours où il explique que la race blanche est menacée d’extinction.
Ce n’est pas ce discours-là qui me fait dire qu’il y a un problème psychologique chez lui. Ça, ça se discute. Ce qui m’interpelle chez lui, c’est un autre « cours », comme il dit, qu’il a donné au moment de l’opération Plomb Durci, à Gaza, et où il explique, dans la joie et la bonne humeur, qu’il est « bon » que l’armée israélienne ait tué beaucoup de Palestiniens, parce que, voyez-vous, c’est un peuple « impur » ; c’est même un peuple qui est un « concentré d’impureté » (il le dit comme ça). Mais, pour autant, dit-il, il ne faut pas les tuer tous, les Palestiniens, parce que les derniers, « c’est pour le Messie », figurez-vous. Seul le Messie est, selon le rav Dynovisz, « qualifié », « spirituellement », pour tuer les derniers Palestiniens…
Quand on entend ça, on se dit qu’on préfèrerait être sourd.
Mais surtout, on se dit que ce délire obsessionnel tendance internement d’urgence, concrètement, ce que ça veut dire, c’est : « Je n’ai plus d’identité, parce que mon identité, c’était l’attente du jour où Dieu lèverait le châtiment, et où il rendrait la Terre Promise au peuple juif, parce que ce peuple se serait enfin libéré de l’idolâtrie et du péché. Je n’ai pas eu la patience d’attendre, donc maintenant, ou bien j’admets que mon identité est israélienne mais pas juive, et alors j’appartiens à une nation, comme les autres, ou bien je dois transformer ma religion pour fabriquer une nouvelle attente. Et comme je n’ai pas envie d’appartenir à une nation ordinaire ; comme je veux le beurre, c'est-à-dire le principe d’élection, et l’argent du beurre, c'est-à-dire une patrie à moi, où je ne suis pas le réprouvé, l’errant ; comme je ne veux donc pas reconnaître que l’Etat d’Israël n’est qu’une œuvre humaine, eh bien je décide que désormais, je n’attends plus l’heure où Israël sera sans péchés, puisque cette heure est supposée déjà venue ; maintenant, j’attends l’heure où Israël aura la force pour lui, toute la force pour lui. Et je vais vivre, maintenant, la psychose à la place de la névrose, grâce à la perversion de mon identité originelle, m’effrayer et me rassurer alternativement devant ma propre violence, et donc devant celle que je suppose en l’Autre, pour maintenir une tension dans mon esprit qui, sans cela, serait condamné à se disloquer, faute de principe structurant… »
Et là, quand on a compris que le délire de Dynovisz, ça veut dire tout ça, on sait que lui, il clôt la ronde des barjos utiles.
Pessimiste, mais pas désespéré
Que dire, en conclusion ?
Eh bien, tout d’abord, qu’il faut être raisonnablement pessimiste, pour anticiper sur ce qui vient.
Vous voyez certainement, après ce tour d’horizon, la nature du problème : le choc des civilisations existe en partie, mais il n’a presque rien à voir avec ce qui est présenté généralement comme tel. Il est instrumentalisé par des salauds, très malins, qui comptent sur les difficultés prévisibles des gens ordinaires, un peu paumés en ce moment quand il faut décoder la complexité de ce choc à plusieurs niveaux, dans plusieurs directions, qui crée un malaise diffus, dont on n’arrive pas à isoler la cause. Et pour tout arranger, toutes sortes de barjos utiles viennent gambader au milieu du tableau, proposant des discours simplistes qui séduisent les gens égarés.
Dans ces conditions, il est bien évident que nous n’arriverons pas à empêcher complètement les salauds de manipuler les paumés avec l’aide des fous.
Ils y arriveront au moins en partie, parce que ce que nous avons à expliquer aux gens est beaucoup trop compliqué, pour que nous le fassions comprendre avant que les salauds n’aient manipulé certains paumés. On peut faire se faire comprendre vite des gens malins, mais il y a toujours une frange de retardataires. Trop lents, trop simples, trop frustrés. Trop d’accidents dans la vie aussi, parfois… Des gens comme ça, il y en a partout. Des deux côtés du choc des cultures. Il ne faut jamais l’oublier : les paumés sont parmi nous. Et ils vont gober tout rond ce que leur diront les fous.
Vous comprenez, ça va beaucoup plus vite de raconter qu’il faut tuer les Palestiniens mais pas tous, que d’analyser en détail la mécanique de sortie de la religion appliquée spécifiquement au monde juif. Ça va beaucoup plus vite d’expliquer à un pauvre gars qui a eu des ennuis avec les racailles pourquoi il doit détester les musulmans, que de lui faire comprendre pourquoi le problème des racailles n’est pas le « problème musulman ». C’est toujours plus facile de faire passer un message bête, mais simple, qu’un message intelligent, mais compliqué.
Donc on va perdre. En partie au moins. Les salauds vont réussir à manipuler les cons avec l’aide des tarés – excusez ma rudesse.
Et donc les cons, qui veulent leur guerre civile parce qu’ils s’imaginent que la guerre civile, c’est la solution… eh bien, ils risquent de l’avoir, leur guerre.
A vrai dire, ce n’est pas une surprise. Quand avec quelques amis, nous avons écrit « Eurocalypse », en 2006, nous le savions déjà. Historiquement, ça s’est toujours passé comme ça : ce sont les cons qui gagnent.
Cela dit, il ne faut pas désespérer.
D’abord on peut se consoler en se disant que, certes, ce sont les cons qui gagnent, mais enfin, ils ne gagnent jamais que le droit de se faire trouer la peau pour le compte des salauds. Donc on peut aussi se dire qu’une fois qu’ils auront commencé à y goûter, à leur guerre, ils vont se calmer très vite. J’ai remarqué que les gens, qui ont vu réellement des situations de troubles civils violents, ne souhaitent pas revivre ce type de situation. Parfois, ils s’habituent. Jamais ils ne demandent que ça reprenne, quand ça s’est arrêté. Et ça, c’est une constante : tout le monde réagit ainsi.
Ensuite, il faut voir qu’une fois que la température va monter sérieusement en France, ce qui finira par arriver, plusieurs forces contradictoires vont traverser le corps collectif. Certaines de ces forces seront positives, et elles viendront peut-être contrebalancer les forces négatives orchestrées par les ordonnateurs du « choc des civilisations ». C’est une raison de plus de souhaiter la révolte sociale. Si la guerre civile est, pour certains, un antidote à la révolution, la révolution peut aussi être un antidote à la guerre civile. C’est d’ailleurs pourquoi, à mon avis, il vaut mieux ne pas trop parler du choc des cultures : cela lui donne une importance excessive, et peut nuire à l’émergence de logiques étrangères à sa formulation.
Il faut s’attendre à devoir jouer ce genre de partition. Je ne saurais pas vous dire exactement quand ou comment, mais je pense que le début des réjouissances, c’est pour bientôt. Une affaire d’années, pas de décennies. A ce moment-là, il faudra susciter, canaliser, organiser ces forces positives, ces forces de la révolte positive – ces forces révolutionnaires latentes. Elles nous permettront peut-être de repousser les échéances quant au clash des cultures, sur notre sol.
Et cela peut nous laisser ensuite le temps qu’il faudra pour gérer ce clash, pour dialectiser, pour inventer les médiations nécessaires. Bref, pour faire le travail d’éducation évoqué à la fin de « Choc et simulacre », un travail qui, lui prendra, des décennies. Une génération au moins, peut-être deux ou trois.
Voilà, à mon avis, où nous en sommes, s’agissant de la France et du « choc des civilisations ».
QUESTIONS
Quelle différence faites-vous entre salafisme et wahhabisme ?
Vous êtes probablement originaire de la culture arabo-musulmane, et donc c’est vous qui pourriez sans doute m’instruire sur ce point !
Vous avez sans doute remarqué que je suis resté très vague sur le monde musulman dans mon propos, me contentant de souligner ce qui, à mon avis, le sépare de l’Europe. Ce n’est pas que je souhaite l’ignorer. Je me doute que les mécanismes mentaux que j’ai décrits pour l’Europe ont leur contrepartie dans le monde arabo-musulman, où manifestement, une certaine propagande antichrétienne est instrumentalisée par les pouvoirs, sans doute en partie pour produire cette simplification perverse qui conduit au « choc des civilisations ».
J’ai été vague sur le monde musulman pour la simple raison que je le connais mal. Ce n’est pas mon monde. Je ne parle pas arabe. Je peux évidemment lire le Coran, les commentaires du Coran, les classiques de la littérature arabe. Mais tout cela est loin de moi, je peux faire des contresens, tout le temps. Vous savez, je suis protestant ; et cela fait des années que j’entends des gens porter sur le supposé « monde protestant » des jugements qu’ils construisent en généralisant ce qu’ils ont, d’ailleurs souvent très mal, compris au sujet d’une fraction très minoritaire de ce monde. Alors je n’ai pas envie d’infliger aux musulmans des considérations du même ordre, les concernant.
La seule chose que j’ai comprise au sujet de cette histoire de salafisme, d’islamisme etc., c’est qu’il est important de regarder, quand on nous parle des « islamistes », qui est soutenu par l’Arabie Saoudite et qui ne l’est pas. Même depuis mon point de vue euro-centré, j’ai compris que l’emploi d’une même catégorie « islamiste », regroupant les musulmans soutenus par l’Iran et ceux soutenus par l’Arabie Saoudite, ne peut constituer qu’une erreur, d’entrée de jeu. Une faille dans la catégorisation, qui interdit tout raisonnement sérieux.
On utilise plus ou moins ces termes pour dire, en fait, « qui ne veut pas la séparation de l’Eglise et de l’Etat », enfin, « de la religion et de l’Etat », mais je pense qu’il peut y avoir plusieurs raisons, plusieurs manières, de ne pas vouloir cette séparation. Bref, une catégorie simplificatrice, que j’emploie toujours entre guillemets, si vous voulez.
Pour le reste, je serais bien en peine de vous donner une définition précise des doctrines religieuses en place. J’ai cru comprendre que le wahhabisme était porteur d’une interprétation plus littérale du Coran, qui sous-entend en quelque sorte une rigidité contraire, me semble-t-il, à ce que comme chrétien, je juge juste pour ma propre religion, et il me semble que cela peut expliquer certaines choses sur le régime politique saoudien. Quant au reste, je m’intéresse surtout à ces questions dans la mesure où elles ont un impact sur nous, ici, en Europe.
J’ai lu « Les secrets de la Réserve Fédérale ». J’en ai tiré pas mal de conclusions, sur l’idéologie sioniste entre autres, sur ces liens avec le mondialisme, sur l’apologie du métissage, mais seulement pour les non-juifs… Voici ma question : pensez-vous que le sionisme soit le cœur du problème ?
Quelques définitions, tout d’abord. Sinon, on ne sait pas de quoi on parle.
Il y a historiquement au moins deux grands « types » de sionisme.
Le premier type, qui apparaît au XVIII° siècle, est religieux. Il naît dans l’espace chrétien, dans une catégorie particulière de protestants, qu’on appelle les puritains. Sans entrer dans les détails très compliqués des évolutions à mon avis franchement pathologiques d’une partie du protestantisme anglo-saxon, il s’agit d’une théorie historiciste, qu’on pourrait définir ainsi : à la différence des idéologies classiques, issues des premières générations sorties de la religion et qui consistaient à faire de l’Histoire, de telle ou telle classe sociale, ou encore de l’Etat, des formes divinisées, ce sionisme a transformé la religion elle-même en idéologie.
Ce n’est donc pas une sortie de la religion, mais une inclusion dans la religion d’une forme proto-idéologique, forme ensuite enflée jusqu’à saturer tout l’espace religieux. Il reste donc une enveloppe religieuse, avec un contenu en réalité purement idéologique. La forme est religieuse, parce qu’on annonce la fin des tribulations et le retour d’Israël, on s’appuie sur les prophètes. Le contenu est idéologique, de manière dissimulée, parce que ce n’est pas Dieu qui ramène en Israël une génération sans péché, c’est Israël qui s’auto-élit, si j’ose dire, « zappant » pour ainsi dire l’étape purificatrice qu’est la production d’une génération sans péché.
Cela revient en gros à lire la fin du livre d’Ezéchiel sans en connaître le début, à recevoir la promesse du pardon de Dieu sans passer par le châtiment qui, donné par amour, dans le cadre de l’éducation de l’homme par Dieu, doit corriger les fils des fautes de leurs pères, afin qu’ils ne recommencent pas, qu’Israël soit digne de son Election. En fait, cette démarche, lire la fin du prophète sans le début, revient pour faire court à se pardonner à soi-même. Bref, sur le plan religieux, c’est un sacrilège, et sur le plan psychologique, une perversion : la négation du nom du père, de l’interdit, et le refus de la sublimation.
Le second type de sionisme, qui naît au XIX° siècle, est idéologique. Il s’inscrit, lui, dans le cadre général classique des productions idéologiques, au moment où un groupe humain sort de la religion, ou en tout cas de la régulation stricte par la religion.
Il a deux versants.
Dans un versant militariste, Jabotinsky par exemple, il ne fait que reproduire les productions idéologiques des anciennes sociétés d’ordre, autoritaires et inégalitaires, en train de passer de la religion à l’idéologie. C’est logique : dans une grande partie du monde juif, le modèle anthropologique n’est pas très éloigné de celui qui prévaut en Allemagne, ou en Hollande. Ce sont des cultures de la dictature du Surmoi, et donc, quand elles passent de la religion à l’idéologie, elles passent de l’Ancien Testament au fascisme, ou à peu près. D’où cette curiosité historique trop peu connue : l’entente finalement longtemps assez bonne entre sionistes et nazis, dans les années 30, en Allemagne !
Il existe un second versant de l’idéologie sioniste, qui renvoie à une autre partie du monde juif, caractérisée par un certain universalisme, conséquence de siècles de Diaspora. C’est le sionisme de gauche, sans doute plus sympathique aux Français, puisque plus proche de leurs représentations.
Aujourd’hui, ces deux grands types de sionisme ont tendance à se marier pour accoucher d’improbables rejetons, des protestants devenus bizarrement universalistes, ou disons mondialistes, par sionisme chrétien, ce qui ne veut rien dire, ou encore des Juifs religieux devenus sionistes via la pathologie du puritanisme anglo-saxon, importée dans leur propre système de représentation. D’où le rav Dynovisz, par exemple.
Cet ensemble d’idéologies floues sur fond de religion déstructurée est-il central dans la catastrophe actuelle ? A mon avis, non. C’est un des rares points sur lesquels je me sépare de mon ami Alain Soral, et donc, il peut être intéressant de préciser ma pensée.
Pour Soral, si j’ai bien compris, il existe une continuité stricte entre judaïsme talmudique et sionisme, et le sionisme est en quelque sorte l’esprit, la quintessence de la volonté de domination, qui en procèderait nécessairement. Je réfute ces deux affirmations.
Je pense qu’il n’existe pas de continuité stricte et parfaite entre judaïsme talmudique et sionisme idéologique, parce qu’il n’existe pas de continuité stricte entre religion et idéologie. Bien sûr, une idéologie sortant d’un monde jadis religieux sera porteuse de certains traits hérités de ce monde religieux, donc de cette religion. Mais ces traits sont alors resitués dans l’idéologie, ce qui en modifie le sens. Il n’y a continuité entre judaïsme et sionisme idéologique qu’au sens où il y a continuité entre le catholicisme classique gallican et l’universalisme républicain, ou entre le protestantisme allemand et le nazisme, ou entre le catholicisme autoritaire espagnol et le phalangisme. En fait, il y a continuité des fragments, mais pas de leur arrangement, pas du sens qu’ils produisent. C’est plus compliqué qu’une simple continuité stricte, franche.
Il n’existe pas non plus de continuité stricte et parfaite entre judaïsme talmudique et sionisme religieux parce que le sionisme religieux vient fondamentalement du monde protestant, plus précisément de sa composante puritaine. On ne peut comprendre ce phénomène que dans les catégories particulières du puritanisme, en fonction de son histoire. C’est très complexe, mais pour faire court : c’est ce qui arrive quand vous vous êtes mis une telle pression, que vous disjonctez littéralement. Dans les entreprises aujourd’hui, on appelle ça un burn out. Or, cela n’est pas juif : l’Election collective sur une base ethnique produit sans doute des pathologies, clanisme, rapport tronqué à l’universel, insertion ambiguë dans les processus sociaux généraux, etc. Mais elle ne peut pas engendrer ce type de burn out. Quand on répète l’année prochaine à Jérusalem, en réalité on est hors du temps. Le rapport juif au temps, je veux dire le rapport religieux juif au temps, dissipait l’angoisse ; c’est la combinaison d’un rapport au temps issu de la modernité, en particulier dans sa variante anglaise, et d’une métaphysique de l’Election à la fois prédéterminée et individuelle, personnelle disons, qui a créé la surpression à l’origine du burn out. Les Juifs ont leur défaut, leur idéologie nationale agressive est aussi conne que les autres, mais on ne peut pas leur mettre sur le dos la catastrophe du sionisme religieux. Ça, c’est un bug du logiciel protestant anglo-hollandais. Sous cet angle, soit dit en passant, il est très maladroit de réfuter l’argumentaire sioniste sur la base d’une lecture historiciste de l’Ecriture.
Je pense ensuite que le sionisme n’est pas nécessairement l’esprit, la quintessence de la volonté de domination, qui peut venir d'ailleurs ; et je pense encore moins qu’on puisse inscrire ce trait, l'esprit de domination, dans une continuité avec un judaïsme supposé parfaitement unitaire.
Concernant le lien supposé entre judaïsme et esprit de domination, je sais bien sûr qu’ici on me sortira les passages sanglants du Talmud, ceux où il est expliqué qu’un goy n’a pas toutes les fonctions de l’esprit, qu’un Juif a le droit de tuer un goy, etc. Le seul problème, c’est que vous trouverez l’équivalent à peu près dans toutes les traditions, y compris celle du christianisme. Il est vrai que nous n’avons jamais écrit nos lois orales, ce qui limite le caractère sanguinolent des fragments qu’on exhumera de notre tradition. Mais quant au reste, vous n’avez qu’à piocher dans ce que nous avons dit des musulmans, ce qu’eux ont dit de nous ou des Hindous, lesquels ne doivent pas être en reste, etc. Sur ce plan, la seule originalité des Juifs, réelle et significative il est vrai, est d’avoir écrit très tôt leur loi orale, créant ainsi une mémoire de tout, y compris du pire.
En réalité, aucune tradition ne peut survivre des siècles si elle n’inclut pas plusieurs tendances opposées. La tradition juive ne fait pas exception. Il y a toujours eu, chez les Juifs comme ailleurs, des types assoiffés de domination. Et il y a toujours eu, chez les Juifs comme ailleurs, des types assoiffés de justice. Comme la tradition juive est fondamentalement différencialiste, il est vrai que la justice n’y rime pas avec l’égalité. Mais elle est bien là, d’une manière qui peut étonner en France, aujourd’hui, mais qui est réelle.
Enfin, concernant le lien supposé entre sionisme et esprit de domination, il est exact, mais pas exclusif ou même particulièrement structurant dans la réalité du monde contemporain.
Le sionisme idéologique juif est dominateur parce que c’est une idéologie nationaliste, et les idéologies nationalistes sont dominatrices. Ce n’est pas une spécificité juive ; les Allemands, dans le genre, ont fait très fort aussi, ainsi que les Japonais. Nous-mêmes, nous aurions quelques reproches à nous faire.
Le sionisme religieux est dominateur, et il est vrai qu’il l’est de manière particulièrement dangereuse. C’est une perversion de l’esprit qui se rapproche beaucoup de la perversion idéale, et sans doute, pour un occidental, il est tentant d’y voir en quelque sorte l’alpha et l’oméga du principe de domination. Ça peut se comprendre. Les sionistes, d’ailleurs, se donnent énormément de mal pour nous convaincre de cela ; je me demande parfois s’il n’y a pas ici une forme de sadomasochisme, une perversion dans la perversion. Ça fait penser à un enfant qui sait qu’il a désobéi, et qui cherche inconsciemment à se faire choper par la patrouille, pour vérifier que papa va le punir, et donc s’intéresse à lui. Bref.
Le hic, en tout cas, c’est qu’il n’y a pas de sioniste en Chine, et que pourtant, on fait difficilement plus dominateur que le pouvoir chinois contemporain. Il faudrait quand même se souvenir à un moment donné qu’il n’y a pas qu’en Palestine qu’on ne peut pas faire trois mètres sans qu’un militaire vous fasse ouvrir votre sac. Allez donc vous balader à Pékin dans les zones gouvernementales, vous allez voir. Semblablement, il n’y a pas que les financiers juifs de Wall Street qui se comportent comme des porcs ; renseignez-vous sur le capitalisme indien, ce n’est pas triste.
En réalité, le fond du problème, c’est le capitalisme, et derrière le capitalisme, le pouvoir de la technique régnante, auto-justifiée. Nos sociétés fabriquent les conditions objectives pour que les pires sociopathes s’installent au sommet du pouvoir, et en jouissent sans retenue. Et la création de ces conditions objectives résulte, fondamentalement, d’un progrès technologique qui est allé beaucoup, beaucoup plus vite que l’avancement spirituel de l’humanité. En dernière analyse, c’est ça le problème. Le reste, c'est-à-dire l’action des réseaux d’influence, n’est que maladie opportuniste.
Attention : qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit. D’abord, je n’ai pas dit que le sionisme n’était pas un problème. C’en est un, et un gros. Des types dans l’état psychologique du rav Dynovisz avec 400 têtes nucléaires à portée de la main, c’est un très, très gros problème. Ensuite, je n’ai pas dit que Soral devait être puni pour ses propos à ce sujet. Je trouve qu’il faut le contredire quand il dit quelque chose de faux, mais je suis prêt à le soutenir, financièrement si nécessaire, si on l’embête avec cette histoire, judiciairement je veux dire. On doit avoir le droit de donner son opinion en France, même quand on se plante.
Ce que je dis en revanche, pour synthétiser, c’est qu’il ne faut pas croire, si on voit un tankiste debout dans une tourelle, que c’est forcément lui qui a donné l’ordre de faire rouler le char sur une foule de manifestants. Au fond, c’est peut-être, tout au plus, un barjo utile, voire un simple exécutant.
Quant à Jacques Attali, il n’est représentatif que du niveau des « élites » actuelles.
Est-ce que vous pensez vraiment que le gars qui est contrôlé dix fois par jour par un militaire, en Irak, il a le temps de comprendre que ce militaire américain n’est pas représentatif de sa société ?
Je crois, hélas, que ce militaire est représentatif de la société US, qui est dans l’ensemble brutale et très stupide. En revanche, il n’est pas représentatif du projet de Thomas Jefferson.
Pour le reste, bien sûr que non, le gars n’a pas le temps de comprendre. C’est d’ailleurs ma conclusion : les salauds vont réussir à manipuler les gens. Là-bas comme ici. A nous de faire en sorte qu’ils manipulent le moins possible, le moins longtemps possible.
Est-ce que vous ne croyez pas que le choc des cultures, que vous dites réel, n’est pas déjà surmonté par les classes dirigeantes elles-mêmes ?
D’une manière générale, le choc des civilisations, c’est pour les pauvres. Au niveau des classes supérieures, le besoin de créer une synthèse des aspects supérieurs des cultures antagonistes est beaucoup plus faible, parce que ces classes ont le temps et les codes pour intégrer la coexistence de plusieurs cultures. En surplomb de ces cultures, elles ont généralement accès aux méthodes d’intermédiation et de dialectisation qui permettent justement ces coexistences culturelles. En outre, elles disposent des conditions de vie matérielle qui rendent possible une mise à distance physique de l’Autre, qu’on peut aller voir quand on le souhaite, mais aussi cesser de voir quand on préfère ne pas le voir. Et, cerise sur le gâteau, ces classes supérieures s’inscrivent dans des logiques collectives de réseau qui permettent la coopération même sans lien culturel fort – quand on a beaucoup à gagner avec quelqu’un, on oublie sa couleur de peau ou sa religion…
Ce sont ces méthodes du surplomb culturel qu’il faudra, dans les générations qui viennent, enseigner aux pauvres, pour que le choc des civilisations, ce ne soit plus l’affaire de personne. Mais ce sera très difficile, parce que ces méthodes reposent généralement sur la construction d’une authenticité de la personne à travers le pouvoir, la richesse, le principe de différenciation que la personne détient. D’où le problème : comment mettre le peuple en surplomb de la culture populaire ? C’est la complexité de cette question qui fait qu’à mon avis, il faudra des générations pour inventer le monde culturel de la mondialisation matérielle.
Est-ce que vous ne croyez pas qu’au fond, il faudrait arrêter complètement de parler du choc, faire comme s’il n’existait pas ? Est-ce que rien ne peut nous unifier ?
Je suis d’accord qu’il ne faut pas trop en parler. Cela dit, on ne peut pas non plus faire comme si on ne remarquait rien, quand un monsieur au Bengladesh sort un bouquin, intitulé « Le livre du Dajjal », où il est écrit en toute lettre, si je résume, que l’Antéchrist, c’est notre civilisation, parce qu’à cause de Saint Paul, nous avons un jour séparé l’Eglise et l’Etat, et donc nié que l’homme doive vivre entièrement selon la Loi divine. On voit bien qu’il y a un problème, quand au même moment, des milliers de mosquées sont en projet chez nous.
Je pense qu’il faut parler du sujet pour en montrer la complexité, produire de l’analyse, refuser les simplismes – mais ne pas trop en parler. C’est un équilibre à trouver. L’objectif, c’est de faire comprendre au maximum de gens que nous devons trouver, ensemble, une voie pour sortir de la situation impossible où nos dirigeants nous ont mis. Si les gens comprennent cela, ils sortiront de la logique de confrontation.
Ce qui peut nous unifier, en réalité, c’est la prise de conscience du caractère obscène de nos classes dirigeantes et des manipulations par lesquelles elles se maintiennent. En ce sens, dénoncer le choc des civilisations est utile aussi pour dénoncer ceux qui le promeuvent.
Ce qui nous unifie, c’est l’exigence de respect, au fond. Quand on est musulman, on ne comprend pas forcément pourquoi les occidentaux défendent ce qu’ils appellent la liberté, sans bien définir le mot. Quand on est occidental, on ne comprend pas pourquoi les musulmans défendent l’islam, qui de notre point de vue les opprime. Mais tout chrétien peut comprendre pourquoi un musulman refuse que les émirs se payent du champagne et des putes à Marbella, pendant que ces mêmes émirs prêchent le puritanisme wahhabite au Saoudien ordinaire. Et tout musulman peut comprendre pourquoi il n’est pas normal qu’un chômeur américain crève de faim, au pied d’un gratte-ciel où des traders se versent des bonus monstrueux parce qu’ils ont détruit son entreprise. Si quelque chose peut nous sauver du choc programmé, faire prendre conscience à tous qu’il faut sortir du piège, c’est bien cette commune conscience de l’indécence et cette universelle exigence de respect.
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mercredi, 17 février 2010
Islamfundamentalismus, öl und angelsächsische Weltmächte
Robert STEUCKERS:
Islamfundamentalismus, Öl und angelsächsische Weltmächte
Auszug aus einer Rede - Gehalten in Bayreuth für die Gesellschaft für Freie Publizistik (April 2006)
Eine erste Idee, um das Thema „Sturm auf Europa“ hier einzuleiten: Dem Rest der Welt gegenüber, sagen einige falschen Propheten Europas, sollte man die Strategie des Igels wählen. Das könnte zwar eine gute Idee sein, um seine Kräfte zu versammeln, ohne messianisch wie die VSA, anderen Völkern unsere Prinzipien oder politischen Modellen aufpropfen zu wollen und dabei unsere Grenzen zu verriegeln, um eine gefürchtete „Umvolkung“ zu vermeiden. Aber gezwungen sind wir alle doch, festzustellen, dass es dem Igel an Bewegungskraft fehlt. Genauso wie Admiral Tirpitz und der Geopolitiker Ratzel einst sagten, brauchen die Kontinentalmächte schwimmen zu können, also sich der Weite der Weltozeanen zu öffnen. Jetzt brauchen sie auch fliegen zu können, d. h. ihre Luftwaffekapazitäten zu entwickeln, und eben auch sehr hoch zu fliegen, bis zu den stratosphärischen Ebenen, da Gesamteuropa strategische Trabanten ziviler und militärischer Nützlichkeit braucht, um in der künftigen Welt konkurrenzfähig zu werden.
Eine zweite Idee, um das heutige Thema nochmals einzuleiten: Die Notwendigkeit, die Sachlage kühl, sachlich, ohne Floskelngefühle jeder Art zu analysieren. Die Hauptfrage zu beantworten kann wirklich ohne Panik oder Schadenfreude passieren. Es genügt zu fragen: Wie funktioniert dieser „Sturm“? Die Antwort sollte aus Sachen, Fakten und ohne fromme Wünsche bestehen. Hier ein Paar Beispiele:
- Die Immigration aus afrikanischen bzw. arabisch-islamischen Ländern ist zwar ein Problem ungeheueren Umfangs, sie bleibt trotzdem ein Problem zweiten Ranges, da sie nicht als ein Phänomen an sich betrachtet werden sollte, sondern als das effizientste Instrument des Hauptfeindes. Darf man also wie Samuel Huntington von einem Gegeneinanderprallen von Kulturen sprechen? Meine Antwort ist : Jein! Gegen diejenigen, die Huntington banalisieren oder vulgarisieren, sage ich, dass ein solches Gegeneinanderprallen der Kulturen immer schon da war, und hat, was Europa und den Islam betrifft, fast ein Jahrtausend gedauert. Nur diejenigen, die kein historisches Gedächtnis mehr haben, werden der „Clash“ Huntingtonscher Prägung, als eine Neuheit empfinden. Gegen diejenigen, die Huntingtons Hauptthese total im Namen des politisch-korrekten Universalismus ablehnen und als „neo-Spenglerisch“ oder als „neokonservativer Parafaschismus“ bestempeln, sage ich, dass es eben Amerika ist, die diesen „Clash“ heute inszeniert, um Europa und Russland der islamischen Welt gegenüber zu schwächen. Ich will hier einen Mittelweg suggerieren: Der Begriff des „Clash of Civilizations“ zwischen Europa oder Russland einerseits und der islamischen Welt andererseits, ist zwar eine nicht zu leugnende Wirklichkeit, aber der Ursprung dieses Konfliktes heute befindet sich nicht im Islam selbst sondern wird von Pentagon-Strategen ferngesteuert. Der Islam ist ein Feind Europas und Russlands heute geworden, aber nur indem er ein Bundgenosse des Hauptfeindes Amerika ist.
- Hauptfeind bleibt noch immer Amerika, als Seemacht, als neues Karthago, wie Carl Schmitt so treffend analysiert hat. Warum? Weil Amerika noch stets Territorien oder Seeräume in Europa besetzt. Weil Amerika Satelliten im Weltall schickt, um unsere militärische und zivile Tätigkeiten zu beobachten und zu spionieren. Weil Strategien der Charakterwäsche noch immer in Deutschland wie überall in Europa angewendet werden, wie damals Caspar von Schrenck-Notzing sie meisterhaft entlarvt hatte. Die weltweite Medienmanipulation macht es unmöglich, einen unabhängigen Blick auf die Weltereignisse zu werfen. Die Mediendominanz Amerikas, mit CNN und andere mächtige Presseagenturen, erlaubt die einzig gebliebene Supermacht, Greuelpropaganda zu verbreiten, damit spontan die Ziele Washingtons als das Gute schlechthin angenommen werden. Beispiele gibt es in Hülle und Fülle: Die Massaker von Timisoara/Temeschburg zur Zeit des Ceaucescu-Sturzes, wo die gezeigten Leichen aus den Kühlschränken des Uni-Krankenhauses oder aus frischen Gräbern kamen; die Flüchtlinge, die im Kosovo ständig vorbeipassierten und die eigentlich immer die gleichen Bilder und Menschen waren, die aus anderen Winkeln technisch-filmisch aufgenommen wurden; die von serbischen Schergen angeblich gegrabenen Massengräber, die kein medischer UNO-Ausschuss je gefunden hat; die Säuglinge, die die Soldaten Saddam Husseins in Kuweit angeblich massakriert hätten, indem sie die elektrischen Stecker der Brutinstrumente ausgerissen hatten. Die Liste ist selbstverständlich hier weit unvollständig. Solange solche Manipulationen inszeniert werden oder bloss möglich bleiben, um die Interessen Europas oder Russlands zu torpedieren, bleiben unsere Völker unfrei, ihr weiteres Schicksal zu gestalten. Die europäischen Staaten sind unfähig, ihre eigene Ziele und Interessen ihren eigenen Bürgern in einer eigenen Mediensprache deutlich zu machen. Deshalb, und solange eine solche Sachlage herrscht, kann man kühl und sachlich feststellen, dass ihr Status den Status von Marionnetten-Staaten ist. Wir sind die Hampelmännchen und -frauen von Marionnetten-Staaten und keine Bürger von normal funktionierenden Staatswesen.
- Die Energiepolitik der Vereinigten Staaten zielte immer darauf, eine Maximisierung des Öl-Konsums zu erreichen. Man kann es die „Politik des Nur-Öls“ nennen. Diese Option hat als Ursprung das blosse Fakt, dass das konsumierte Öl in der Welt bis 1945 hauptsächlich aus den Vereinigten Staaten kam. Die VSA waren also die Hauptlieferanten dieses Rohstoffes in der Welt und verstanden daraus, dass dieser Rohstoff ihr besseres Instrument werden könnte, um allerlei strategische Vorteile zu gewinnen. Lange Zeit haben die Vereinigten Staaten ihr eigenes Öl als Reserve bewahrt, um strategische Trümpfe im Falle von Weltkriegen zu halten. Ziel der Propagandafeldzüge jeder Schattierung wurde stets, es zu vermeiden, dass andere Mächte solche Reserven oder Reserven anderer Art aufstapelten. Die „Nur-Öl-Politik“ Washingtons war gegen jede energetische Diversifikation gerichtet. Wenn Völker ihre Energie-Quellen vervielfachen, schaffen sie die Bedingungen einer Unabhängigkeit, die die Vereinigten Staaten nicht tolerieren können, da sie für immer Hauptlieferanten auf dieser Erde bleiben wollten. Jetzt stellt sich die Frage über die reale oder angebliche Ölknappheit in der heutigen Welt. Werden wir bald einen „pick“ erleben, nachdem die Reserven sich allmählich ausschöpfen werden? Gibt es Reserven etwa in Mittelafrika oder in Alaska, die die Wichtigkeit der saudischen Reserven bald relativieren wurden? Die Frage bleibt selbstverständlich offen. Sicher ist aber das die Amerikaner so viele Ölfelder in den Händen ihrer eigenen Ölgesellschaften sehen wollen, um Meister dieser Rohstoffsquellen so lang wie möglich zu bleiben und die Wirtschaftslage der trabantisierten Völker zu kontrollieren und, wenn nötig, zu erdrosseln. Würden diese Völker energetisch durch Diversifikation unabhängig und frei, wäre eine solche Erdrosselung nicht möglich.
- Sehr früh, sofort es sicher war, dass die Ölreserven der arabischen Halbinsel die umfangreichsten der Welt waren, hat die amerikanischen Führung unter Franklin Delano Roosevelt ein Bündnis mit dem saudischen König Ibn Saud geschmiedet. Der US-Präsident und der arabische König trafen sich am Bord des US-Kriegsschiffes USS Quincy im Roten Meer. Dort wurde schon vor der deutschen Niederlage eben dieses Bündnis mit einem fundamentalistisch-wahhabitischen Königreich Wirklichkeit. Die geistige Lage in diesem Königreich war ganz anders als im mehr oder weniger islamisierten oder schiitischen Persien oder als im Ottomanischen Reich. Beide Reiche waren alte staatliche Strukturen, die religiös bunt waren und die auch Elemente aus anderen Quellen als aus denjenigen arabisch-islamischer Herkunft eingebürgert oder Formen des Islams wie der Sufismus oder die Mystik entwickelt und gefördert hatten. Für die wahhabitischen Saudi-Araber waren alle diese Beimischungen zoroastrisch-persischer, byzantinisch-griechischer oder schamanisch-zentralasiatisch-türkischer Herkunft ketzerisch oder unrein. Diese kulturtragenden Beimischungen wurden durch den Wahhabismus abgelehnt, zur Gelegenheit zerstört oder systematisch als Ketzerei abgetan. Nach Roosevelt und Nachfolger, sei dabei doch ironisch erwähnt, hätten alle Völker der Erde die Menschenrechte volens nolens übernehmen sollen (besonders in ihre spätere San-Francisco-Verfassung des Jahres 1948), nicht als tatkräftige eingewurzelte Rechte historischen Ursprungs sondern als auflösende Keime gegen jede geschichtlich gewachsene nicht amerikanisierte Institution (dieser letzte Terminus benutze ich hier im Sinne Arnold Gehlens); diese Menschenrechte sollten in einer zweiten Stufe dazu dienen, in aller Ecken der Welt eine amerikanisierte nicht heimatliche Pseudo-Demokratie zu stützen, und diese sollte überall gelten, nur nicht in Saudi-Arabien. Der Fall zeugt von einer evidenten Doppelmoral: Die amerikanische Führung glaubt nicht an den Menschenrechte als ob diese eine Art ziviler Ersatzreligion wären, sondern benutzen diese Ideologie, um feindliche oder konkurrierende Staaten zu schwächen, und tolerieren die grobsten Kränkungen dieser Menschenrechte, wenn ihre Interessen damit gedient werden.
- Die Allianz zwischen den Vereinigten Staaten und dem Saudi-Islamismus basiert sich auf einer „Insurgency-Strategie“. Mit saudischen Geldern werden Erhebungen islamitischer Ideologie veranstaltet sowie im Afghanistan gegen das Regime, das die Sowjets damals unterstützten, oder in Bosnien und Kosovo, zur Zeit Clintons und Albrights, um Unruheherde in Europa permanent zu schaffen, oder in Tschetschenien, um Russland im Gebiet des Nordkaukasus auszuschalten. Jedesmal gab es saudische Gelder, um die afghanischen Mudschahiddin oder Talibane, die bosnischen Verbände oder die UCK-Milizionäre oder die tschetschenischen Terroristen zu finanzieren. Auf jedem Kampfgebiete fanden Beobachter saudische Kriegsherren oder Freiwilligen. Die Ziele dieser Insurgency-Kämpfe entsprachen immer die geopolitischen Stossrichtungen die Washington sich wünschte. Die islamfundamentalistische Gefahr entspricht also schlicht ein Instrument des US-Imperialismus. Ohne amerikanische Deckung des saudischen-wahhabitischen Systems, hätten diese Erhebungen nie stattgefunden. Afghanistan wäre ein Trabant der Sowjetunion bzw. Russland geblieben. Serben und Kroaten hätten sich Bosnien geteilt. Der Kosovo-Krieg hätte nie stattgefunden. Tschetschenien und Daghestan wären ruhig geblieben. Bin Laden war letztes Endes ein Söldner Amerikas; deshalb vielleicht konnte er so einfach verschwinden, derweil sein Mitkämpfer der Mullah Omar mit einem Motorrad entwischen konnte, ohne dass die Satteliten der amerikanischen Streitkräfte oder der allwissenden NSA-Agentur, die uns hier alle sehen können, dieses verdammte Motorrad mit dem bösen Mullah drauf entdecken konnten! Vielleicht eine unerwartete Panne, eben am diesen Tag!
Bin Laden, der Mullah Omar, der Bassajew in Tschetschenien und die vielen anderen treiben also was man im militärischen Jargon seit Lawrence of Arabia eine „Insurgency“ auf abseitigen Gebieten um den Hauptfeind zu destabilisieren. Die Immigration innerhalb der europäischen Staaten heute dient dazu, und nur dazu, einen künftigen Insurgency-Krieg im Herzen unseres Kontinents zu leiten. Die breiten Massen entwurzelten junge Muslims, die hier ohne Arbeit herumlaufen, machen es möglich, dass eine solche „Insurgency“-Strategie hier künftig inszeniert werden könnte. Die These wird ganz au sérieux in Frankreich genommen und der Hauptreferent in dieser Sache ist der französische Politikwissenschaftler algerischer Herkunft Ali Laïdi. Dieser stellt ganz sachlich fest, dass die aufgehetzten Köpfe in den Randstädten rund Paris, Lyon oder Marseille, systematisch von Geistlichen fanatisiert werden, die irgendwie von saudisch-finanzierten Gremien abhängen. Solche Geistlichen predigen überhaupt nicht die Integration, sondern einen rückwärtsorientierten Islam, wobei weite Teile dieser arabisch-mahomedanischen Bevölkerungsgruppe der Leitkultur völlig entfremdet und, schlimmer noch, ihr tiefer und tiefer befeindet werden, sowie die fanatischen wahhabitischen Krieger der arabischen Halbinsel die kulturreiche Islam-Synthese Persiens oder des Ottomanischen Reiches entfremdet wurden. In dieser verschwächten Bevölkerungsgruppe herrscht von jetzt ab ein Misstrauen, wobei alles was man als Europäer sagt, stillschweigend oder vehement abgelehnt wird. Intoleranz taucht inmitten eines langweiligen Toleranz-Diskurses.
Geschichte des Islamfundamentalismus
◊ 1. Erklärung der Begriffe
Der sogenannte Islamfundamentalismus hat seine Wurzeln in verschiedenen Denkschulen, die im Laufe der Geschichte in islamischen Ländern entstanden sind. Die heutigen Strömungen des Islamfundamentalismus finden ihre Quellen eben in diesen Denkschulen. Es scheint mir deshalb wichtig, diese fundamentalistischen Richtungen und ihre Folgen zu kennen.
- Die erste Denkschule ist der Hanbalismus. Gründer dieser Schule sind Achmad Ibn Hanbal (780-855) und später, in einer zweiten Stufe der Entwicklung dieser Schule, Taqi Ad-Dinn Ibn Taymijah (1263-1328). Die vier Hauptgrundrichtungen dieses Denkens sind : 1) Eine Reaktion gegen die Verwendung philosophischer Begriffe griechischer oder persischer Prägung im Raum des Islams. Die Reaktion ist also anti-europäisch; 2) Eine buchstäbliche Interpretation des Korans, wobei keine Innovationen toleriert werden; 3) Der Muslim darf keine persönliche Urteilskraf und keine theologische Spekulationen entwickeln. Opfer dieser strengen Restriktion wurde der Mystiker Ibn Arabi, einer der gründlichsten Denker unseres Mittelalters (wobei der Begriff ‘Mittelalter” für den Islam überhaupt nicht passt); 4) Die Feindschaft gegen den Sufismus, d. h. gegen breitdenkenden Schulen, die ihre Ursprung im iranischen Raum fanden.
- Der zweite Denkschule ist der bekanntste Wahhabismus, von Muhammad Ibn Abd Al-Wahhab gegründet. Al-Wahhab wurde ungefähr 1703 in Naschd-Provinz in der Arabischen Halbinsel geboren. Die Merkmale seines rigoristischen Systems sind: 1) Er ist unmittelbar ein Anhänger der hanbalistischen Tradition; er will deren Strengheid im späteren saudischen Raum wieder erwecken; 2) Al-Wahhab behauptet, der Kultus sei unrein geworden, weil zuviele Devotionalien den reinen Geist des Islams besuddeln; er will jeden Rückkehr zu vorislamischen Riten bekämpfen, da diese Riten im arabischen Halbinsel wieder üblich geworden waren, weil das Land weit von den Zentren des islamischen Hauptkultur entfernt war; 3) Al-Wahhab rechtfertigt die systematische Anwendung von Terror gegen Andersdenkenden, wie, zum Beispiel, Schiiten oder andere “Abweichler”. Terror wird Mittel zum Zweck; 4) Al-Wahhab behauptet auch, daß das Besuchen von heiligen Stätte ketzerisch sei; Objekte wie Rosenkränze, das Rauchen, die Musik, das Tanzen werden also verboten; Männer sollten immer auch Bart tragen.
- Die dritte Denkschule ist die Ichwan-Bewegung. Nach eine langen Zeit des Wirrens, erobert der Neschd-König Ibn Saud die arabische Halbinsel. Seine Truppen —die Ichwan-Verbände— werden von den Wahhabiten fanatisiert. Ibn Saud, ein schlauer König, weiss aber, daß das Nomadentum die Araber der Halbinsel schwächt. Er will sie seßhaft machen und militarisieren. Deshalb gründet er eine Bewegung von Soldaten-Kolonisten, die streng wahhabitisch erzogen werden. Diese Militarisierung durch Religion ist eine Grundtendenz des heutigen Fundamentalismus und hat, u. a. Bin Laden inspiriert. Die Geschichte der Ichwan-Bawegung, d. h. die Bewegung der Bruderschaft, zwingt uns, die Geschichte Saudi-Arabiens besser zu kennen und zu verstehen.
- Die vierte Denkschule ist die Bewegung der Islam-Bruderschaft oder Muslim-Bruderschaft in Ägypten. Gründer der Bewegung war Hassan Al-Banna, der sie Ende der 40er Jahre ankurbelte. Hauptidee war, daß die arabisch-muslimischen Völker den Westen nicht knechtisch nachahmen sollten. Er plädierte für eine allgemeine Reislamisierung und gründete deshalb auch eine paramilitärische Organisation, die Kata’ib (die Phalange). Al-Banna wurde 1949 in offener Strasse von ägyptischen Polizisten erschossen, nachdem Demonstranten englische Soldaten gelyncht hatten. Es ist merkwürdig zu notieren, dass am Anfang seiner Laufbahn Al-Banna ein liberaler verwestlicher Intellektuelle war. Er hatte in den Vereinigten Staaten studiert. Nach seiner Rückkehr nach Ägypten, lehnte er die westlichen Ideen ab und wurde streng islamitisch. In der ersten Phase der Bewegung, unterstützte Al-Banna die “Freien Offiziere” Nassers, aber danach, entstand eine totale Opposition gegen Nasser mit Hilfe der Kommunisten. Die Tätigkeiten der Islam-Bruderschaft hat systematisch das Nasser-Regime geschwächt. Insofern har die Bewegung die Amerikaner und Israelis geholfen, Ägypten als auftauchende Macht innerhalb der arabischen Welt auszuschalten, besonders nach der Niederlage von Juni 1967. In 1955, wurde die Bewegung für das erste Mal von den ägyptischen Behörden aufgelöst und verboten. Die ersten Hinrichtungen von Bruderschaftsaktivisten finden statt. Sayyib Qutb (1906-1966) wurde dann der Nachfolger Al-Bannas. Er entwickelte die Bewegung weiter und gab sie eine islamistisch-sozialistische Orientierung, wiederholte und rekapitulierte die hanbalistische Dimension seiner Islamsvision; die eigentliche Neuheit war, dass er den Dschihad, den heiligen Krieg, gegen ungenügende, zu tolerante oder ketzerische muslimische Regierungen. Zwischen 1954 und 1964, flog er manchmals ins Gefängnis. 1966 wird er endlich hingerichtet.
Die geschichtlichen Kenntnisse sollten auch mit geographischen Kenntnissen erweitert werden. Die Bühne, wo alles entstanden ist, ist selbstverständlich das heutige Territorium Saudi-Arabiens. Mohammed in seiner Zeit war ein kluger Geopolitiker: Er hat die Halbinsel geeinigt und der Netz der Karawanen-Straßen gegen alle Einflüsse von ausserhalb der arabischen Halbinsel sichergestellt. Nichts läßt vermuten, daß er weitere Länder erobern wollte. Aber einige Jahre nach seinem Tod, war der Kontext völlig anders. Mohammed wurde im Jahre 570 geboren, also im sogenannten Huluban-Jahr oder Elefanten-Jahr, wenn abyssinische Truppen im Dienst des byzantinischen Reiches Arabien vom jemenitischen Süden erobert hatten, um die Perser von den Ufern des Roten Meeres fernzuhalten. Mohammed wollte es nicht, dass die Halbinsel und die Karawanen-Straßen Bühne eines Krieges zwischen raumfremden Mächten wurde. Nach seinem Tode, kämpften Perser und Byzantiner weiter, mit als Verbündeten die semitisch-aramäiche Stämme des heutigen Jordaniens und Iraks. Die Nachfolger des Propheten zerschlugen unerwartet byzantinische Verbände im Raum Südjordaniens und Palästinas. Später werden auch persische Truppen zerrüttet. Die semitisch-aramäischen Völker, die von diesem ständigen Krieg müde waren, bekehren sich zum Islam. Die Zeit war gekommen, um ein riesengrosses Islam-geprägtes Reich zu gestalten.
Die arabische Halbinsel bestand und besteht noch heute aus hauptsächlich vier Hauptgebieten : Das Hedschas-Gebiet, das Neschd, das Assir und die Hassa-Provinz.
Das Hedschas-Gebiet wird von nicht-wahhabitischen Sunniten beherrscht und ist der Ort der heiligen Stätte des Islams, wo die Pilger sich begeben. Im 1916-17, organisiert der britische Offizier Lawrence die Hedschas-Stämme rund dem Häuptling Hussein, der damals ein Feind Sauds war. Die Hedschas-Stämme sind Bundgenossen der Briten, die Stämme unter der Führung Sauds aber den Briten gegenüber sehr misstrauisch und spâter Amerika-hörig.
Das Neschd-Gebiet ist das zentralgelegene Gebiet der Halbinsel, aus dem die Anhänger des Wahhabismus und später die verbündeten Stämme des Sauds ihre Eroberungszüge anfangen werden. Im berühmten Buch des ehemaligen Vichy-Minister und Historiker des deutschen Militärwesen Benoist-Méchin, wird das Neschd-Gebiet sehr genau beschrieben. Die eigentliche Urheimat der semitischen Völker befindet sich im heutigen Jemen und Assir-Gebiet, die bis spät ein eher reiches und furchtbares Land mit sesshaften Stämmen, die eine effiziente Landwirtschaft entwickelt hatten. Die Römer sprachen von „Arabia felix“, d.h. „Glückliches Arabien“. Es ist also falsch zu behaupten, dass die semitischen Völker alle ursprünglich Nomaden waren. Wenn das fruchtbare Land Jemens zu viele Kinder erzeugte, mussten die notgezwungen nordwärts auswandern, und eine kriegerische nomadische Kultur im Neschd-Gebiet zu schaffen. Im dürren Norden entstanden also nach einem langen Voklswerdungsprozess eben diese Krieger-Stämme, die den Islam und viel später den Wahhabismus ihre ersten Impulse gaben. Wir finden deshalb im Kern der arabischen Halbinsel die übliche Dialektik Zentrum-Peripherie, wobei das dürre unfruchtbare Zentrum nicht das zeitlich erste Element des dialektischen Prozesses ist, sondern das Produkt einer reichen Peripherie, die später nach einer mehr oder weniger langen Reifungsprozess das Entstehungsgebiet einer eigenartigen geistigen Revolution geworden ist. Dieses Modell ist nicht einzig in der Geschichte des Islams: Auch das dürre steppische Zentralasien als Urheimat oder als Sprungbrett der Türkvölker in Richtung der bunten Reichsgebiete des sogenannten „Rimländer“ (Persien, Byzanz und das indische Gupta-Reich) kann als eine Zentrum zweiter dialektischen Hand betrachtet werden.
Das dritte Gebiet der Halbinsel ist das Assir, das von Jemeniten bewohnt wird, die stark schiitisch geprägt sind. Assir ist ein Bergland mit feuchterem Klimat. Die Stämme im Assir haben sich immer gegen diejenigen des Neschds gewehrt.
Das vierte Gebiet ist die Hassa-Provinz, die sich der Ostküste der Halbinsel entlang befindet, wo die Ölfelder liegen. Die arabisch-semitische Urbevölkerung war dort ursprünglich schiitisch und pflegte enge Bände mit den Schiiten Iraks.
Die Geschichte des Wahhabismus
Im 18. Jahrhundert, nachdem das Ottomanische Reich und sein Verbündeter der französischen „Sonnen-König“ endgültig durch den Prinzen Eugen im Schach gehalten wurden, war der Islam weltmächtig auf dem Ruckzug. Das türkisch-ottomanische Hegemon konnte sich Europa gegenüber nicht mehr behaupten. In diesem Kontext entwickelte der Geistliche Al-Wahhab in einem abgelegenen Ort im Neschd seine rigoristische Lehre, um den Islam wieder kampffähig zu machen und das türkische Hegemon durch ein neues arabisches zu ersetzen. Um dieses Ziel zu erreichen, schmiedet er 1744 ein Bündnis mit dem Stammeskönig Mohammed Ibn Saud, Gründer der noch heute herrschenden Dynastie. Die Allianz zwischen dem Geistlichen und dem Krieger erlaubte in einer ersten Phase die komplette Eroberung des Neschd, wo alle Feinde ausgeschaltet bzw. ausgerottet wurden. Während dieser langen Auseinandersetzungen wurde die schiitische Pilgerstadt Kerbala im heutigen Irak erobert und völlig zerstört, weil die Wahhabiten die Reliquien der Martyrer und die Volksfrömmigkeit rund diesen religiösen Überlieferungen als ketzerisch und Götzenanbetung betrachteten. Hier liegt die Wurzel der Erzfeindschaft zwischen Schiiten und Saudi-Wahhabiten, die heute durch die Ereignisse im Irak wieder angekurbelt wird, wobei die amerikanischen Geheimstrategien des „divide ut impera“ (Teile und Herrsche“) eine erhebliche Rolle spielen. Die Kriegszüge Al-Wahhabs und Mohammed Ibn Sauds führten damals auch westwärts mit schweren Angriffen gegen die Hauptkultstätte von Mekka und Medina, wo auch Schreine und Kultortschaften in Namen des religiöse Rigorismus der Wahhab-Lehre zerstört wurden. Hier liegen dann die Keime der späteren Feindschaft zwischen Neschd-Stämmen und Hedschas-Stämme.
Am Anfang des 19. Jahrhunderts im Kontext der Napoleontischen Kriege, wurden de facto die wahhabitischen Stämme in ihrer Feindschaft der Ottomanen gegenüber die Bundgenossen Frankreichs, weil einfach weil die Machtkonstellation damals die folgende war: Das Ottomanische Reich sowie Persien waren die Verbündeten Englands. Wenn aber Napoleon in Russland 1812 besiegt wird, verminderte das Interesse Englands an diesen fernen exotischen Bundgenossen. Die Ottomanen und die Ägypter, unter der Leitung des Albaners Mehmet Alis und dessen Sohn Ibrahim Pascha, versammelten ihre Kräfte, um die Wahhabiten auszuschalten. Das Neschd-Königreich wurde unerbärmlich zerstört, eben die Quellen in diesem Wüstengebiet wurden trocken gelegt, um jede Logistik und jede Bewegung weiten Umfangs zu verhindern. Nach den Racheoperationen Mehmet Alis und Ibrahims, herrschte in der Halbinsel eine Zeit der Wirren, wo sich Stämme gegen Stämme einander bekriegten. Der zweite Ibn Saud (1880-1953) beginnt erneut die Eroberung des Neschd-Zentralgebietes, diesmal mit der anfänglichen Unterstützung Englands. Die Operationen entwickelten sich mit der extremsten Gewalt. Grausame Ereignisse und Ströme Blutes erschütterten Arabien. Wenn der Erste Weltkrieg in Europa ausbricht, versuchen die Briten sofort Verbündeten in der Halbinsel, um die Ottomanen auf ihrer südlichen Flanke einzukreisen. Das Kairo Büro mit Lawrence suggerierte ein Bündnis mit Hussein und Feisal im Hedschas-Gebiet, aber das Bombay Büro mit Shakespear wählte eher Ibn Saud als Verbündeter. Lawrence bekommt die Kredite, ganz einfach weil er schneller die Hedschas-Stämme in Akaba bringen könnte, um eine Küstenstreife frei für eine britische Landung am Endpunkt der Damas-Jerusalem-Akaba-Eisenbahn sicherzustellen, und auch komischerweise weil er akzeptierte, einen arabischen Kopftuch statt einer Offizier-Mütze europäischer Art zu tragen, was Shakespear immer hartnäckig und schneidig abgelehnt hatte. In seinen Notizen über seine arabischen Feldzüge, spricht Lawrence ausführlich darüber, dass Araber tief davon schockiert und gekränkt werden, wenn Europäer in ihrer Anwesenheit Hüte oder Mützen tragen.
In den 20er Jahren, als die Sprösse der Hedschas-Häuptlinge über Jordanien und den Irak mit britischer Unterstützung herrschen, wiederholte der zweite Ibn Saud seine frühere Feldzüge bis er endlich wieder die ganze Halbinsel kontrollierte. Um dieses Ziel zu erreichen, bediente er sich dem Instrument der Ichwan-Bewegung, die er dann, sofort er gesiegt hatte, auflösen liess. Mit der Macht fest in den Händen und nachdem Ölfelder auf seinem Hoheitsgebiet entdeckt wurden, konnte Ibn Saud II. 1945 mit Roosevelt verhandeln und seine britische Feinde im Kampf um das Öl ausschalten. 1953 stirbt der Beduinen-Herrscher nachdem die Bedingungen des Bündnisses mit Amerika fest und endgültig festgelegt wurden. Hier beginnt wirklich die Geschichte der engen Zusammenarbeit zwischen Washington und Riad.
(weitere Auszüge später).
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vendredi, 03 avril 2009
El islam wahhabita
El islam wahhabita por Fernando José Vaquero Oroquieta ¿Es el wahhabismo consustancial al islam o es una desviación del mismo? Una aproximación a esta corriente fundamentalista musulmana que se encuentra en la base del terrorismo islámico internacional. Incluye unas notas sobre el Wahhabismo en España
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Introducción. El diario La Razón, en su edición del 11 de diciembre de 2002, afirmaba, en un artículo de su suplemento Fe y Razón, que el wahhabismo había alcanzado en Rusia la cifra de 100.000 adeptos, según las palabras alarmadas de Talgat Tayuddín, líder de los musulmanes rusos (cuyo número oscila entre 12 y 20 millones). Según las mismas fuentes, en parte a causa del vacío ideológico ocasionado por la caída del comunismo en la antigua Unión Soviética, algunas formulaciones islámicas radicales importadas, refiriéndose especialmente con ello al wahhabismo, crecerían entre los musulmanes de la Comunidad de Estados Independientes; lo que constituiría un serio motivo de inseguridad y temor. Por otra parte, "no todos los musulmanes son terroristas suicidas, pero todos los terroristas suicidas musulmanes son wahhabitas", aseguraba recientemente el islamólogo Stephen Schwartz; señalando, así, una concreta genealogía en el origen del terrorismo islámico internacional. En este contexto, en el que el término wahhabismo, antaño exótico patrimonio de minorías, es fuente de noticias periodísticas y sesudos estudios especializados, podemos preguntarnos: ¿qué es el wahhabismo?, ¿cuáles son las relaciones entre el islam y el wahhabismo? Chiíes y sunníes. Retrocedamos en la historia y situémonos en los orígenes de esta pujante religión monoteísta. El islam experimentó en sus primeros años, ya en vida de su fundador, el Profeta Mahoma, una espectacular expansión territorial. Además, es en su primer siglo de vida cuando se establecieron las principales ramificaciones musulmanas; plenamente vigentes hoy día. Es también en aquellos primeros años cuando, con los cuatro primeros califas, se establece el texto definitivo del Corán. Igualmente, se realiza la primera recopilación de la Sunna, o colección de hechos y dichos de Mahoma según testigos directos de los acontecimientos. De ambos, Corán y Sunna, se deduce la sharia, o ley islámica, que regula el conjunto de actividades públicas y privadas de todo musulmán. Esos cuatro primeros califas fueron líderes políticos, hombres de acción y autoridades espirituales: el ejemplo ideal al que miran los musulmanes de todas las épocas. Con Alí, yerno del Profeta y cuarto califa, se produce la primera gran fragmentación entre los musulmanes; que nos llega hasta hoy mismo. Al morir Alí asesinado, sus seguidores crearon un partido, la Chía, considerando que los califas Omeyas que le sucedieron carecían de legitimidad. Los chiíes, aunque respetan la Sunna, no aceptan que sea de carácter sagrado, tal como hacen los demás musulmanes (denominándose sunníes). Por el contrario, los chiíes atribuyen mucha importancia a las enseñanzas transmitidas por los doce imanes sucesores de Alí. El duodécimo y último de tales –el Mahdi- no habría muerto, esperando su retorno. Entre el clero chiíta –conocido bajo el término de mullah- destacan algunos expertos en la interpretación de la sharia, denominados ayatolás. El chiísmo se caracteriza, además, por cierta desconfianza hacia el poder político, logrando muchas simpatías entre los musulmanes no árabes, especialmente en Irán, donde son inmensa mayoría. La creencia en el retorno del Mahdi, el imán oculto, ha generado una esperanza mesiánica cuya venida se producirá en la Hora Final, implantando un Reino de Justicia, por lo que el martirio tendría un carácter redentor. Un sociólogo iraní, Alí Shariati, asoció ese mesianismo chiíta con determinadas ideas marxistas. De este modo, consideraba que el Mahdi liberaría a los parias de todo el mundo, proporcionando una perspectiva revolucionaria al chiísmo. A mediados del siglo IX, entre los sunníes, surgieron cuatro corrientes interpretativas que cristalizaron en otras tantas escuelas jurídicas, todavía hoy, únicas aceptadas por los sunníes: hanafí (de Abu Hanifa, la más liberal), la malikí (de Malik), la xafeití (de Chaffi, especialmente vigorosa en Egipto) y la hanbalí (originada en Bagdad, la más rigurosa y en la que se gestará el wahhabismo). En la actualidad, en torno al 85% de los musulmanes de todo el mundo son sunníes, un 10 % chiíta y el resto pertenece a grupos muy minoritarios (drusos y otros). De todas formas, suniíes y chiíes no están absolutamente separados; siendo sus diferencias, matizadas discrepancias en cuestiones de interpretación y de aplicación de la ley, tanto en su plano individual como colectivo. En su choque con el mundo occidental de finales del siglo XX y principios del XXI, el islam, ya sea sunnita o chiíta, se manifiesta en buena medida como una corriente radical o extremista poliédrica. Por ello, dada la multiplicidad de sus expresiones, algunos expertos en la materia diferencian dos corrientes dentro del radicalismo musulmán:
Todos ellos comparten su creencia en la imperativa articulación de la Umma (comunidad de los creyentes), como efecto ineludible de la recta aplicación del islam. La Umma debe estar unida políticamente y liderada por una autoridad, simultáneamente, civil y religiosa. Tal concepción, en consecuencia, deslegitima a los Estados actuales. Es más, a su juicio, todo nacionalismo sería una forma de shirka (adoración de algo distinto de Alá). La época dorada del islam, correspondiente al liderazgo de los cuatro primeros califas, es la referencia de todos los musulmanes. Para unos musulmanes, de esa experiencia primigenia, destacarían los aspectos sociales y externos, tendencia representada por las escuelas reformistas. Para otros, prevalecería el esfuerzo por la perfección espiritual; reflejándose especialmente en las corrientes sufíes. El sufismo. El sufismo es objeto de gran interés en Occidente, especialmente desde la llamada New Age, al encontrar allí sugerentes ingredientes espirituales susceptibles de oferta en el supermercado religioso actual. El sufismo no es una tendencia política. Espiritualista y tradicional, propone al fiel musulmán una experiencia religiosa personal; llegándose a hablar, incluso, de un misticismo sufí. Políticamente asumen generalmente posturas conservadoras, pero sin propugnar alternativas concretas. En la época colonial, muchos sufíes encabezaron la resistencia frente a las potencias ocupantes en sus respectivos países, perdurando todavía hoy la memoria de su lucha. El wahhabismo y el salafismo, corrientes ortodoxas reformistas e integristas, se oponen a las prácticas sufíes, al considerar que difunden ciertas formas de superstición y que, en la práctica, han facilitado la decadencia musulmana. El sufismo es, ante todo, según los propios sufíes, profundización e interiorización personal del islam. Aunque algunos autores han visto influencias de la mística cristiana, para otros, tales afirmaciones carecen de todo crédito. El término sufismo (tasawwf) viene de sûf, o hábito de lana que llevaban los sufíes de los primeros siglos. Son numerosos los sufíes de prestigio que han creado escuela y cuyos seguidores se agrupan en grandes cofradías, algunas extendidas por todo el mundo musulmán, o predominantes en determinadas zonas geográficas. Hassan al-Basri sería uno de los primeros. Nacido en Medina bajo el califato de Omar, la tradición cuenta que recibió sus enseñanzas del propio Alí, yerno del Profeta. Rabî`a al-`Adawiyya, nacido en Basra (sur de Irak), en el siglo II de la Hégira, sería otro de los primeros grandes sufíes. Los sufíes practican las virtudes de la pobreza (faqr), abandono en la voluntad de Alá (tawakkul), así como la práctica del Dzikr (mención del nombre de Alá) al que pueden acompañar estados de éxtasis y ejercicios de meditación (fikr). Otros sufíes incidieron en la gnosis (Ma`rifa) o conocimiento de Alá, caso de Nûn al Misri. De Yunayd, sufí de Bagdad, donde vivieron los más célebres, es la siguiente clarificadora sentencia: "El sufismo es lo que Alá hace morir en ti y vivir en Él". Que el sufismo fuera aceptado en su día, es mérito, en buena medida, de Al-Gazzâlî (1058-1111). Otro maestro sufí de Bagdad fue Abd-al-Qâdir al-Yîlâni (1077-1166), quien fue conocido como "Sultán de los Awliya" (íntimos en el saboreo de Alá). De Andalucía procedía Abû Madyan Shu’ayb. También andalusí era Muhhy d-Dîn ibn Arabî, autor de numerosos textos en los que trató la Doctrina de la Unidad del Ser. Expresión fundamental del sufismo es la existencia de las llamadas cofradías, o Turûq (plural de tarîqa o vía espiritual). Las conforman los seguidores de determinados maestros sufíes, tal como señalábamos más arriba. Tal vez la más conocida sea la Mawlawî, de la que proceden los famosos derviches danzantes popularizados gracias al turismo masivo europeo practicado en Turquía. Las cofradías sufíes son numerosísimas, siendo su importancia en algunos casos enorme. Así, por ejemplo, varios de los rectores de la Universidad Al-Azhar de El Cairo, que goza de una indudable autoridad en el islam sunnita, han sido sufíes seguidores de uno u otro maestro. Otro caso llamativo, de celebridad sufí, es el de Abd al-Kader, líder de la resistencia argelina frente a los franceses. Por su parte, la cofradía u orden de los Sanûsiya, aunque de origen sufí, tiene gran parecido con el wahhabismo; así el sentido guerrero, su austeridad y el espíritu de sacrificio. Desempeñaron especial protagonismo en la lucha contra el colonialismo en el norte de África (Francisco Díaz de Otazu les ha dedicado un artículo en el número 63 de esta publicación digital). En Asia destaca la cofradía Naqshabandiyya. Fundada en el siglo XIV, se extiende desde Bujara a Turquía, desde China a Java, protagonizando el esfuerzo misionero musulmán en aquellas alejadas tierras. Vemos, con todo ello, que el sufismo, como camino interior (bâtin), también ha influido en el exterior y la acción (zâhir). El reformismo musulmán. En el seno de la gran corriente salafiya (de salaf, grandes antepasados), que promueve la renovación islámica (nadha), surgen los llamados movimientos reformistas. El wahhabismo es una forma de interpretación estricta del Islam que nace de la mano de Mohamed Ibn Abdul Wahhab y que pretende, al igual que los demás reformistas, la vuelta a la pureza de la época dorada del islam. De esta forma, reformismo, integrismo y fundamentalismo, sin ser conceptos análogos, en buena medida coinciden. Los reformistas afirman que sólo la aplicación de la sharia garantiza el orden moral de la comunidad de los creyentes. En ese sentido, todo gobierno es ajeno al espíritu musulmán, especialmente los de factura occidental. Sí serían auténticos gobiernos islámicos, por el contrario, los de los cuatro primeros califas, "los que caminan por el camino recto" (Rashidun): Abu Bekr, Omar, Othman y Alí, tal como veíamos al principio de este artículo. La restauración del verdadero islam exige esfuerzos de todo tipo (yihad), tanto personales como colectivos, espirituales y materiales; lo que puede llegar a justificar la guerra, siendo su objetivo, en todo caso, la ordenación de toda la convivencia hacia lo justo, prohibiendo lo que consideran impuro. Esto supone el empleo del poder político, sin complejos, desde la fidelidad al Corán y a las tradiciones islámicas (hadits). El reformismo, en la actualidad, es la principal corriente del islam y se caracteriza por una serie de rasgos comunes:
El actual islam radical asume como propio todo este caudal reformista, al que matiza con varias precisiones:
Los reformistas entendieron que se había producido, históricamente, una profunda crisis en las sociedades musulmanas, lo que derivó en la desintegración del poder político, la paralización de la economía y de la ciencia, un estancamiento de la vivencia religiosa y una disminución de la creatividad artística. Todo esto habría coincidido con la eclosión de las potencias occidentales colonialistas; siendo víctimas de su política la mayor parte de los pueblos de tradición islámica. Por ello, la crítica a los regímenes coloniales constituye otra de las novedades del pensamiento reformista, siendo la lucha contra el sionismo, en la actualidad, una continuación de la lucha anticolonial. Los movimientos reformistas son movimientos sociales antes que políticos; siendo ésta una característica fundamental para entender su naturaleza. Su objetivo principal es la formación de musulmanes piadosos, estudiosos del Corán y que practiquen el proselitismo a través de la predicación y las obras caritativas. Todos los reformistas propugnan un estado islámico, es decir, gobernado por la ley islámica (la sharia). Ésta, al tener su origen en la revelación divina, no puede ser ni desarrollada ni cambiada: hay que aplicarla, pues debe ser aceptada sin crítica. La sharia es, igualmente, infalible, según los islamistas. Realmente, no hay codificación de la sharia. El principal reformador fue Jamal al-Din al-Afghaní (1839 – 1897). Hay discrepancias sobre su lugar de nacimiento: en Irán según unos y en Afganistán según otros. Estudió en la India, viviendo la guerra civil de Afganistán en 1866. Se trasladó a Estambul, pero al año tiene que partir para Egipto a causa de las enemistades ganadas entre los clérigos musulmanes tradicionales. De 1871 a 1879 permaneció en El Cairo, rodeándose de un grupo de intelectuales musulmanes. Allí entra en la masonería, de donde es expulsado por su oposición al colonialismo. De nuevo vive en la India durante casi tres años. De allí se trasladó a París, donde fundó la revista Al–orwa al–wothqa ("el vínculo indisoluble"), recogiendo, en sus 18 números editados, los principios fundamentales del reformismo. Viajó a Irán, después lo hará a Rusia en 1889. En 1892 viaja a Inglaterra. Allí publicó artículos muy virulentos contra el sha, quien fue asesinado unos años mas tarde a manos de un discípulo de Jamal al–Din. Murió en Estambul. Su principal texto es el libro Refutación de los materialistas. Del wahhabismo se diferencia en su mayor conciencia crítica ante el desafío occidental. Entre sus discípulos destacó el egipcio Mohammad Abdoh, quien reformó la futura universidad cairota de Al–Azhar. A partir de entonces, reformismo musulmán y política, en particular la lucha frente a las potencias coloniales, se mezclan de forma indisoluble. Como consecuencia de su gran influencia floreció, inmediatamente, un importante elenco de intelectuales reformistas en todo el mundo musulmán, incluida la India. Otro importante movimiento se enmarca dentro del gran río del reformismo: los Hermanos Musulmanes. Fundado por otro egipcio, Hassan Al Banna (1906 – 1949), se trata de un movimiento muy organizado y activista, que arraigó especialmente en Egipto, pero también en Siria, Palestina y otros países musulmanes. A su entender, la Umma es una sola nación, debiendo volver a las enseñanzas del origen del islam para recuperar su grandeza. A su muerte le sucedió Sayyid Qutb (1906-1966), quien murió ahorcado. Consideraba que el islam contiene un compendio suficiente de recetas para resolver los grandes problemas de toda época. Juzgaba que para la aplicación de su programa era imprescindible una revolución política. Los Hermanos Musulmanes fueron perseguidos, en Egipto, por Nasser y sus sucesores. En Siria también sufrieron una gran persecución de la mano del fallecido presidente Assad y su partido laico Baas. El wahhabismo. El wahhabismo estructura por completo la sociedad de Arabia Saudita y por ello es bastante conocido a través de los medios de comunicación, al menos, en sus rasgos externos. De hecho, aunque cuenta muchos seguidores en otros países islámicos, esta interpretación estricta sunnita únicamente se ha impuesto, por completo, en Arabia Saudita. Mohamed Ibn Abdul Wahhab (1703 – 1787) es el teólogo que, en la tradición procedente de Ibn Hanbal (780 – 855) y de Ibn Taymiya (1263 – 1328) formuló esta corriente. La escuela jurídica hanbalí –ya lo hemos visto- es la más rigurosa de las cuatro existentes en el islam sunnita. Establece que la sharia proviene exclusivamente del Corán y de la sunna, o seis compendios de hadits (tradiciones complementarias del Corán, que recogen los hechos y las palabras de Mahoma). Rechaza todos los hadits y la jurisprudencia no coránica. Mohamed Ibn Abdul Wahhab nació en Neyed, una provincia del centro de la península arábiga. Estudió en Medina, Irán e Irak. De regreso a su tierra, propugnó el retorno a un islam purificado. Organizó la comunidad de los "unitarios" (vinculados al principio de la Unidad divina), ganando numerosos adeptos a los que señaló unas creencias simples y un código moral muy estricto. Sus creencias se pueden resumir en los siguientes principios básicos:
Se impuso la asistencia obligatoria a la oración colectiva en las mezquitas mediante medidas policiales, prohibió el alcohol, el tabaco y afeitarse la barba. Aplicó la sharia de forma literal (incluidas las penas corporales) según la escuela jurídica hanbalí. Mohamed Ibn Abdul Wahhab convirtió a su causa al emir Mohamed Ibn Saud, cuyo hijo, Abd al–Aziz, conquistó toda Arabia, amenazando Alepo, Bagdad y Damasco. Derrotado por un ejército egipcio, fue decapitado en Estambul. Rebelándose contra la religiosidad decadente de los turcos, anteriores custodios de las mezquitas de La Meca y Medina, la reforma religiosa wahhabita se tiñó también de un marcado color político. Pero su recuerdo perduró y otro líder árabe, también llamado Abd al–Aziz (conocido como Ibn Saud), en torno a 1926 fundó la moderna Arabia Saudita, con Medina y La Meca, a la vez que implantaba un islam riguroso según la interpretación wahhabita. Arabia Saudita. En Arabia Saudita, en la actualidad, predomina el wahhabismo en su aplicación estricta: mantiene la segregación de las mujeres, prohibe los cines públicos, no permite la conducción de vehículos por mujeres, cualquier práctica religiosa no musulmana en público o privado es perseguida, prohibe las cofradías místicas y el sufismo, aplica un código penal que acepta la amputación de la mano por robo, la flagelación, la lapidación, etc. Para mantener esas normas se creó la Mutawwa´in, una policía de carácter religioso. Pero la familia reinante, dada su vinculación internacional con Estados Unidos de América, ha sido cuestionada por otros sectores islámicos de dentro y fuera. La ocupación de La Meca en 1979 fue consecuencia de esas graves tensiones internas. También el asesinato del presidente egipcio Sadat se enmarca en las tensiones planteadas por quiénes propugnan un islam purificado. Sin embargo, el magnicidio del rey Faisal de Arabia Saudita el 25 de marzo de 1975 a manos de un sobrino, si bien no está aclarado en sus motivaciones últimas, no parece que tenga ese mismo origen. La presencia en suelo saudí de 35.000 norteamericanos, con motivo de la guerra del Golfo, suscitó las críticas y el resentimiento de un sector muy radical de ulemas y jeques sunnitas, wahhabitas radicales. En ese malestar podemos encontrar el caldo de cultivo del movimiento de Osama Bin Laden. Expertos politólogos en la zona afirman que es una simplificación explicar la situación de este país como un enfrentamiento entre partidarios de Estados Unidos y radicales wahhabitas. Desde 1744 se practica una alianza entre legitimidad religiosa y poder político: la familia real, los al-Saud, ostenta la legitimidad religiosa como protectora de la fe. Esto implica una serie de obligaciones. Por otra parte, Arabia Saudita no presenta una realidad tan uniforme, tal como pueda parecer desde el exterior, afirman expertos en el área. Así, aseguran que existe de hecho cierto pluralismo: la ortodoxia wahhabita convive con algunas corrientes sunníes reformistas, grupos minoritarios chiíes, un movimiento opositor sunnita salafita y la pervivencia de prácticas sufíes en algunas zonas del país. Esas tensiones internas no han impedido que, con el inmenso capital procedente del petróleo, desde Arabia Saudita se impulse al islam misionero de múltiples formas y en todo el mundo, habiéndose convertido en una de sus fuentes de financiación más importantes. Las autoridades religiosas de La Meca –su Consejo de Ulemas- mantienen, además, una gran autoridad en todo el mundo musulmán. Sus ingresos petrolíferos permiten sufragar la peregrinación a La Meca de millones de musulmanes de todo el mundo. Construyen numerosas mezquitas y centros asistenciales, especialmente en África subsahariana, manteniendo a cientos de miles de refugiados palestinos. Igualmente, financian la construcción y el mantenimiento de enormes mezquitas en Europa (como la madrileña situada en la M-30 y, próximamente, otras en Barcelona, Las Palmas y Málaga), así como la expansión musulmana en Filipinas y Asia central. ¿Qué relaciones mantiene con las guerrillas y los grupos armados islamistas? Se trata de una cuestión muy compleja. En ese sentido, se ha señalado la posible alianza, en su día, entre importantes representantes del wahhabismo actual y el Frente Islámico de Salvación argelino. Y no olvidemos que el primero que reconoció al nuevo gobierno talibán de Afganistán, junto al de Pakistán, fue Arabia Saudita. También se ha señalado la confesionalidad wahhabita de buena parte de los dirigentes guerrilleros chechenos. Respecto a las incuestionables vinculaciones de algunos miembros de la numerosa familia real saudí con Osama Bin Laden, no es fácil determinar si tales apoyos son consecuencia de la mera solidaridad familiar o el fruto de comunes convicciones ideológicas. Lo que es indudable es la procedencia wahhabita de la mayor parte de dirigentes y demás integrantes de la red terrorista internacional Al Qaeda. Otras presencias del wahhabismo en el mundo. Nos asomaremos, brevemente, a su incidencia en Asia central y en los territorios de la antigua URSS; por su importancia estratégica y por tratarse de naciones en proceso de consolidación y de búsqueda de su identidad colectiva. Empezaremos por los territorios de mayoría musulmana de la Federación rusa. En Daguestán el wahabbismo ha chocado frontalmente con el sufismo, lo que supuso una auténtica guerra civil entre 1995 y 1998. En Osetia del Norte también ha hecho acto de presencia, mientras que en Ingushetia, Kabardino-Balkaria y Karachaevo-Circasia, las respectivas autoridades locales, de convicciones laicas, han intentado prevenir su penetración. Adigueya es la región menos islamizada del entorno. El presidente de Chechenia, Aslan Aliyévich Masjádov, proclamó la República islámica el 5 de noviembre de 1997. El 11 de enero de 1999 anunció una nueva constitución y el 4 de febrero estableció la sharia como la única fuente del derecho checheno. Pese a ello, en los años anteriores, se había opuesto a los sectores que habían adoptado el wahhabismo (caso de Shamil Basáyev y Salman Radúyev), apoyándose en la tradición sunnita practicada en la zona, más próxima a las cofradías sufíes. El 5 de julio y, posteriormente, el 7 de agosto, grupos guerrilleros wahhabitas penetraron en Daguestán. Pese a ser derrotados por las fuerzas federales rusas, sirvió como motivo, junto a los atentados con bombas en Moscú, para el inicio de la segunda guerra ruso-chechena; generalizada al invadir las tropas rusas Chechenia el 30 de septiembre. Todavía hoy continúa la guerra, persistiendo núcleos terroristas en algunas zonas aisladas del interior de Chechenia y en países limítrofes. Con motivo de los atentados con bombas de Moscú, fue identificado como responsable de los mismos Atchemez Gotchiyev, un wahhabí natural de Karachaevo-Circasia. Su lugarteniente era Denis Saitakov, un uzbeko de madre rusa, que había estudiado en una escuela coránica de la república de Tatarstán y que se había entrenado en Chechenia bajo las órdenes del comandante Amir Jatteb, otro mítico guerrillero wahhabí, al parecer jordano. Hace unos meses la Universidad Islámica de Rusia, localizada en el Tatarstán, un territorio que forma parte de la Federación rusa y que se caracteriza por un marcado acento laicista de total subordinación de la religión al poder político, licenció a su primer grupo de estudiantes coránicos. Estos licenciados pasaron a mezquitas y centros educativos de diversos lugares de Rusia, para atender a parte de los 20 millones de musulmanes que viven en la república. Su rector, Abdurrashid Jazrat Zakirov, afirmó que el wahhabismo está excluido de los planes de estudio. Las autoridades rusas vienen apoyando esta institución para prevenir la penetración de las corrientes wahhabitas. En Uzbekistán las autoridades locales apoyan a la orden sufí Naqshabandiyya, en un intento de contrarrestar al fundamentalismo musulmán. Dicha orden lideró la lucha antirusa desde la ocupación por los Zares. Este empleo del sufismo local viene de lejos. Durante años, el NKVD y el KGB gobernaron Chechenia–Ingushetia con la ayuda de los dirigentes de dicha orden local sufí. Por ello, muchos musulmanes acusaron a los sufíes locales de colaboracionismo con las autoridades ateas y comunistas. Doku Zavgayev, presidente del Soviet Supremo de Chechenia-Ingushetia en 1990 y cabeza del gobierno pro-ruso en 1996 en Chechenia, era miembro de la orden Naqshabandiyya. En Kazajistán y en Kirguizistán también se han detectado labores de proselitismo wahhabita, si bien las autoridades políticas intentan detener ese avance mediante el control de las autoridades religiosas. Azerbaiyán cuenta con un 70% de población chiíta. El islam, desde el desmoronamiento del comunismo, también ha avanzado públicamente allí, si bien existe una división entre las elites: quiénes miran a Irán, modelo de teocracia islámica y quiénes lo hacen hacia la vecina Turquía y su modelo occidental y laico. Tayikistán ha sufrido durante años el acoso constante de guerrillas fundamentalistas, favorecido por la proximidad de Afganistán. También allí predomina la cofradía sufí local Naqshabandiyya. ¿Incide el wahhabismo en el vecino Marruecos? Allí predomina el malekismo oficial. Con todo, algunos ulemas han pedido a Mohamed VI que defienda la "soberanía del culto" marroquí, en tanto que "Príncipe de los creyentes", frente al pujante wahhabismo; todo ello según recientes informaciones de elsemanaldigital.com. Wahhabismo en España. El wahhabismo, estamos viendo, desarrolla una ofensiva en todo el mundo siguiendo cuatro líneas de acción: expansión misionera mediante cuantiosas inversiones en el África subsahariana, reislamización de los musulmanes de las antiguas repúblicas soviéticas, progresivo control de los musulmanes emigrados a países no islámicos y captación al islam de antiguos cristianos. España, en su contexto, no permanece ajena a tal ofensiva. Podemos destacar tres factores claves de la situación del islam español: la división de las entidades y organizaciones musulmanas, la pertenencia al sunnismo moderado de la mayoría de los fieles aquí radicados (siendo su grupo principal el de los procedentes del vecino Marruecos), y el chorreo de dinero saudita. En estas circunstancias, el wahhabismo empieza a gozar de cierto predicamento en las mezquitas españolas, si bien existen numerosas organizaciones y entidades islámicas de todo tipo: cofradías sufíes, asociaciones de conversos españoles, grupos chiíes… lo que parece indicar de momento un islam poco monolítico y plural. Precisamente, esta circunstancia de fragmentación asociativa quiere ser aprovechada por las autoridades wahhabitas, según informó recientemente el diario La Razón en un interesante estudio de R. Ruiz y C. Serrano. El primer paso en su estrategia expansionista sería la constitución y control de un Consejo Superior de Imanes de España, ya en tramitación, dotado de capacidad para la emisión de dictámenes de jurisprudencia islámica (fatwas) y concebido como la "autoridad religiosa islámica, científica y total". Uno de sus instrumentos sería la construcción de nuevas mezquitas. Así, se unirían en los próximos años a las ya construidas en Marbella y Madrid, la proyectada en Barcelona y otras en Las Palmas de Gran Canaria y Málaga (ciudad a la que se desplazó el Ministro de Asuntos Islámicos de Arabia Saudita para supervisar proyectos cuantificados en cuarenta millones de dólares). Esta estrategia estaría coordinada por el director del Centro Islámico de Madrid, contando con el apoyo del Consejo Continental Europeo de Mezquitas, la Liga Islámica Mundial, la Organización Rabita y la Comisión del Waqf Europeo. Su labor se complementaría con la formación científica y teológica de los futuros imanes (generalmente, de escasa capacitación) en las doctrinas wahhabitas y una generosa financiación. En la mencionada crónica se informaba, igualmente, de la lucha interna existente dentro de la principal organización islámica española, la Federación Española de Entidades Religiosas Islámicas, por el control de su liderazgo; pugna en absoluto ajena a las actividades de los hombres del wahhabismo en España. En todos estos planes, de extensión de la hegemonía wahhabita en España, particularmente en Málaga, ocuparía una posición clave el imán Mohamed Kamal Mostafa, director de la mezquita de Fuengirola, quien justificó en un libro el maltrato de las mujeres por sus maridos, generando con ello una gran controversia en los medios de comunicación españoles. Algunas reflexiones finales. Buena parte de los gobiernos de Oriente próximo han procurado evitar el contagio del fundamentalismo en sus distintas vertientes –chiíta, wahhabita, salafita- mediante una islamización de las leyes, alejándose de esta manera de los modelos occidentales. Sin duda, tales medidas han contribuido a transformar profundamente esas sociedades musulmanas. El islam avanza, en mayor medida o menor medida, en todo el mundo. Sorprende, por ejemplo, el aumento de conversiones al islam producidas entre los afroamericanos de Estados Unidos; recordemos a la organización Nación del Islam, protagonista de espectaculares movilizaciones multitudinarias. Pero también se han producido captaciones entre miembros de otras etnias; incluso de anglosajones (¿recuerdan al talibán norteamericano?). Igualmente, encontramos incipientes comunidades musulmanas en lugares tan poco proclives, aparentemente, al islam, como es el caso de Perú. La creciente presencia musulmana también preocupa en Europa desde la concreta perspectiva de la seguridad, pues esas comunidades podrían contagiarse del afán misionero de sus hermanos en la fe y ensanchar en el futuro una fractura social, ya existente, sin precedentes. De hecho, ha generado una profunda preocupación la facilidad con la que se han desenvuelto en Europa los distintos integrantes de la red internacional de Al Qaeda implicados en los atentados del 11 S, gracias al apoyo que han encontrado en medios islámicos. Frente a unas incipientes y jóvenes comunidades, unidas por su fe islámica, la población autóctona europea se caracteriza por un progresivo envejecimiento y por carecer de firmes convicciones sin aparente ambición de futuro. El discurso ideológico predominante en Europa, "políticamente correcto", habla, ante todo, de tolerancia, multiculturalismo y pluralismo; ignorando los profundos desajustes sociales existentes y la realidad de unas comunidades cerradas, herméticas e impermeables a los principios oficiales de una laicidad neutra. En este complejo contexto, el joven islam europeo puede plantear, en un futuro inmediato, imprevisibles desafíos de indudables efectos sociales y políticos. Bruce B. Lawrence, jefe del Departamento de Estudios Religiosos de la Universidad de Duke, aseguró recientemente que Osama Bin Laden "tiene secuestrado al wahhabismo". A su juicio, es la pureza espiritual el objetivo del wahhabismo, mientras que las concomitancias militaristas de Osama Bin Laden lo aproximarían al fascismo, una ideología ajena al islam. Es decir, para algunos, el wahhabismo es rehén de Bin Laden y sus extremistas. Para otros, ya lo veíamos en palabras de Stephen Schwartz, al contrario, Bin Laden y Al Qaeda son su consecuencia. En cualquier caso, nos enfrentamos a una situación nueva, dramática y universal, cuyas implicaciones religiosas, sociales, políticas, estratégicas, económicas y de seguridad, no alcanzamos, todavía, a vaticinar en todo su alcance. ·- ·-· -··· ·· ·-· |
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