jeudi, 13 mars 2014
Honduras, principale plaque-tournante de la drogue en Amérique Centrale
Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
De nouveaux documents et des témoignages d’officiels de la Drug Enforcement Administration (DEA), montrent que les histoires ''fantasmatiques'' concernant le gouvernement américain qui importerait officieusement de la cocaïne sont vraies. Une enquête faite au Mexique a prouvé que le gouvernement américain a autorisé le plus important des cartels de la drogue de ce pays, Sinaloa, d’opérer sans crainte de persécutions.
Ce groupe est responsable de 80% de la cocaïne qui entre aux Etats-Unis par Chicago. En échange, les leaders de Sinaloa donneraient des informations à la DEA sur les gangs rivaux de la drogue, histoire de justifier leur présence au Mexique. En plus de Chicago, le groupe Sinaloa maintient des opérations de cocaïne dans plusieurs des plus grandes villes américaines. Des déclarations écrites furent faites au tribunal de district de Chicago, confirmant l’alliance de la DEA et du plus gros cartel de la drogue mexicain. Ces témoignages écrits et révélés sous serment montrent des officiels de la DEA rencontrant régulièrement des leaders du cartel Sinaloa plus de 50 fois entre 2000 et 2012. Le trafic autorisé par la DEA remonterait au début de l’administration de W. Bush et cela continuerait sous la présidence d’Obama.
Un des leaders du groupe, Vincente Zambada-Niebla, affirme que le gouvernement américain a fait envoyer des armes au cartel Sinaloa. D’après d'autres révélations, ce furent ces armes qui furent à l’origine du scandale de l’Opération Fast and Furious qui vit le bureau américain du Tabac de l’Alcool et des Armes, l’organisme fédéral qui gère ces trois produits, vendre des armes au Mexique, armes qui se retrouvèrent ensuite dans les mains du cartel de la drogue ! Ces armes automatiques avaient malencontreusement “disparues” durant une opération anti-drogue commandée par le ministre de la justice, Eric Holder puis elles réapparurent aux mains des membres du cartel pour cette fois-ci tuer des agents fédéraux gardes-frontière. Cette toute dernière preuve a scandalisé fortement l'opinion publique américaine et ce scandale politique implique à la fois les gouvernements républicain et démocrate.
Ainsi, des armes achetées pour l’armée américaine auraient été envoyées au cartel de la drogue pour finalement tuer des agents américains ! En fait, nous avons été le témoin direct au Pérou des mêmes turpitudes de la DEA et un agent de l'agence américaine nous l'avait discrètement confirmé. L'argent de la cocaïne est vital pour le cash de la bourse de New York. Nous avons eu l'occasion de ''visiter'' une ''base'' souterraine de narcos au Pérou étrangement bien équipée avec du matériel militaire américain d'observation et de détection.
Ces dérives américaines sur la cocaïne en Amérique latine nous rappellent les atterrissages nocturnes en provenance d'Afghanistan sur la grande base américaine du Kosovo, les ballets d'avion cargo du Vietnam et encore, autre témoignage personnel, une certaine connexion tamoul pour la drogue avec la CIA pendant le conflit sri-lankais. Un autre bon exemple reste le Honduras qui, après le coup d’état du 28 juin 2009 exécuté avec la complicité du gouvernement étasunien et les élections truquées du 24 novembre 2013, paraît être de plus en plus miné de l'intérieur par de pseudos processus électoraux conçus pour le rétablissement de la soi-disant ''institutionnalité'' démocratique et qui ont été l'objet de fraudes manifestes. Ainsi, aux Honduras, la communauté internationale (CELAC, OEA et UE incluses) qui s’étaient opposées à l'autoritarisme de Roberto Michelleti, semblent maintenant très bien s'accommoder de Pepe Lobo, le nouvel homme fort du pays qui gouverne par la persécution, la terreur et les massacres collectifs. D'ailleurs, une quantité croissante de veuves et d’orphelins en sont maintenant à se réfugier comme au bon vieux temps des dictatures latinos dans les églises. Dans l'indifférence internationale générale, le pays est en pleine désintégration sociale. Or, n'oublions pas que le Honduras représente la première intervention nord-américaine directe de « basse intensité » en Amérique latine du vingt et unième siècle, en sorte pour les States, le modèle sans doute de sa politique latino !
En fait les USA auraient tissé de longue date des liens avec le plus grand cartel de la drogue du Honduras et le gouvernement américain ne semble pas du tout vouloir perdre le contrôle du territoire hondurien parce que c'est à partir de là, que se distribuerait le flux dynamique régional et continental de l’industrie du narcotrafic. L'industrie de la drogue injecte d’immenses quantités de dollars frais dans le système bancaire nord-américain aujourd'hui en pleine phase critique. Sans les dollars du narcotrafic ou les bénéfices de l’industrie de l’armement qui descendent vers le Sud, l’économie yankee se serait depuis longtemps écroulée. C’est pour cela que le gouvernement étasunien s’est pratiquement converti dans le cartel de la drogue le plus étendu et terrorisant du Honduras, qui n’admet aucune concurrence et encore moins d’opposition mais doit tout de même affronter la concurrence des Zétas et des groupes colombiens. Comme par hasard d'ailleurs, le cartel du Honduras que défendraient les USA est lié à celui de Sinaloa au Mexique en sorte qu'on a bien l'impression que comme pour l'économie réelle, les Américains organisent par alliances économiques et zones de libre-échange, le trafic de cocaïne dans le monde.
Dans de nombreuses régions d'Amérique latine comme dans le triangle d'Or ou en Afghanistan, le combat américain n’est ni pour la démocratie, ni contre le communisme. Il est pour le contrôle total d'un espace narco-militaire. Diluer l’état narco-militaire, c'est pour la DEA la véritable menace. A présent, sur le territoire chaotique et sanglant du Honduras, le cartel étasunien contrôle la quasi-totalité des églises (par les groupes évangéliques) et la coopération internationale se réduit à celle de l’USAID. Tout le système électoral et judiciaire hondurien est aux mains du cartel géré indirectement par les Etats-Unis. Pour mémoire rappelons que les forces antidrogues naissantes du Honduras s'étaient risquées sans autorisation de la DEA, à abattre en 2012 une narco-avionnette qui se dirigeait vers le Nord. Quelques semaines après, le gouvernement nord-américain retirait son radar antidrogue, installé dans la partie nord-orientale du Honduras, rendant ainsi aveugle les Forces Aériennes du Honduras (FAH). Quant au chef des forces aériennes honduriennes, il fut aussitôt destitué et mis à la retraite ! En fait, les militaires honduriens avaient pris l'initiative d’abattre deux avions suspects de transporter de la drogue en violation des accords avec les Etats-Unis. Cet accord interdit pourtant de dérouter des avions civils. Les militaires étasuniens menaient alors une opération anti-narco conjointe avec les Honduriens mais lorsque les avionnettes en question furent détournées, aucun agent de la DEA n’était curieusement présent !
Le Honduras est la principale plaque-tournante de la drogue en Amérique Centrale. 80% du trafic de cocaïne y transite. Le Honduras est une première escale pour 87% des avionnettes qui transportent la cocaïne depuis le Sud. Et bien que le Mexique conserve la majeure partie de l’attention de la guerre du narcotrafic, le Honduras connaît tout de même le taux d’homicide le plus élevé au monde, 82 pour chaque 100 000 habitants. Honduras, Mexique, Afghanistan…trafic de drogue, les Etats-Unis sont toujours présents.
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dimanche, 10 février 2013
Cocaïne destabiliseert West-Afrika
Cocaïne destabiliseert West-Afrika
door Freddy De Pauw
Ex: http://www.uitpers.be/
De oorlog in Mali bracht begin dit jaar ineens West-Afrika op de kaart, met zijn door het kolonialisme getrokken staatsgrenzen waar nomaden zich weinig van aantrekken. Die lange vage grenzen door woestijnachtige gebieden zijn een van de factoren die de drugkartels van Latijns Amerika naar deze gebieden lokten. Omdat de rechtstreekse smokkel wat te riskant werd, leek West-Afrika hen ideaal als doorvoergebied naar Europa. Maffiagroepen zijn meestal erg flexibel, als een route te riskant wordt, veranderen ze van richting. Drugs zijn niet de kern van de conflicten in de regio, maar ze spelen wel mee.
Snelweg
Vooral sinds 2004 blijken landen als Mauritanië, Mali, Guinee-Bissau, Nigeria en de jongste tijd Niger uitverkoren om cocaïne aan te voeren. Dat gebeurt volgens Amerikaanse en Europese experts met vliegtuigen, maar vooral via “Highway 10”, een drukke maritieme weg langs de tiende breedtegraad. Het is alleszins op die “snelweg” dat de meeste vondsten zijn gedaan. Aankomst in de Nigeriaanse havenstad Lagos, Lomé (Togo) of een van de vele andere draaischijven.
De drugs worden niet lang gestockeerd, ze gaan zo snel mogelijk naar de kusten van de Middellandse Zee, van Egypte tot Marokko. Per muilezel of kameel, met prauwen, motorboten, containerschepen. Dat kan alleen omdat de drugkartels in die landen politici, lokale bestuurders, militaire leiders maar ook rebellenbewegingen en terreurgroepen vinden die graag commissie opstrijken.
Volgens diverse rapporten, onder meer van de VN-drugbestrijders, zou een achtste tot een kwart van de Europese cocaïnemarkt (door VN-bronnen geschat op 33 miljard dollar) via West-Afrika worden bevoorraad. Cocaïne levert zeer grote winsten op. De producent krijgt tussen 2000 en 3000 euro per kilo; aan de kust van Latijns Amerika is dat al 10.000, in West-Afrika 12.000, in de buurt van de Middellandse Zee tussen 18.000 en 20.000 en in de Europese steden tussen 30.000 en 45.000.
Mali
De kartels kijken niet alleen naar de locatie, ze zien ook dat ze vooral in staten met een zwak bestel, “failed states”, gemakkelijk hun geliefkoosd wapen, dat van de corruptie, kunnen bovenhalen.
In Mali was dat vooral onder het bewind van president Amadou Toumani Touré (ATT), 2002 tot 2012. Maar van in de jaren 1980 was het staatsbestel al ondergraven door een neoliberale politiek opgedrongen door de Wereldbank die een volledige liberalisering van katoenproductie en – handel beoogde. Dat beleid maakte onderwijs en volksgezondheid kapot en zette de deur open voor islamitische organisaties die de leemten opvulden.
Touré bouwde de grootst mogelijke coalitie rond zijn persoon, op een erg cliëntelistische manier. Hij liet zijn talrijke bondgenoten de vrije hand – wat velen aanwendden om zich voor hun tussenkomsten te laten betalen, in alle straffeloosheid. Touré steunde vooral op lokale machthebbers die zich in de plaats van de staat stelden. Het zijn deze namen die men in de drugsmokkel tegenkomt.
Volgens de oppositie hebben drugkartels daar gretig gebruik van gemaakt. In het noorden waren er de grote experts van de woestijnroutes, de Touaregs, indertijd meesters van de slavenhandel. In een ‘nationaal pact’ was de Touaregs in 1992 grotere autonomie en welvaart beloofd, maar daar was niets van in huis gekomen. Het lag voor de hand dat de cocaïnebazen ook onder hen vervoerders of dan toch begeleiders zochten en vonden voor hun trafieken richting Middellandse Zee. Malinese onderzoekers zeggen dat de tweedaagse begeleiding van een konvooi 3000 tot 5000 euro oplevert.
Narco-salafisme
De groep Al Qaida voor de Magreb, AQMI, van Algerijnse origine maar multinationaal en zonder lokale inplanting, heeft die lucratieve bezigheid niet aan zich laten voorbijgaan. De groep nestelde zich in het begin van de eeuw in het noorden, bij de grens met Algerije, en trad vaak op als werkgever voor transporten. Vooral de met AQMI verwante Malinese Mujao spinde garen bij die trafieken. Het leidde tot nauwere banden met autonomiebewegingen en het grote geld liet toe medeplichtigheden te kopen in het zuiden.
Dat werkte de feitelijke ontbindding van het staatsapparaat verder in de hand, met als neveneffect dat ook het leger in staat van ontbinding geraakte. Frankrijk maakte onder president Nicolas Sarkozy van de emigratie een remigratie – Touré moest een akkoord ondertekenen voor de opvang van uitgewezen asielzoekers wat hem in de ogen van de Malinezen vernederde. Tegelijk werd onder internationale druk de drugsmokkel bestreden, waarop de smokkelbenden meer en meer sterk bewapende milities werden of met de bestaande milities nauwer samenwerkten en samensmolten tot narco-salafisten.
Het ging niet om kleinigheden: in november 2009 landde bij de noordelijke stad Gao een Boeing 727 uit Venezuela met tonnen cocaïne aan boord. De cocaïne verdween richting Middellandse Zee. Bij die deal waren een belangrijke Libanese familie en een Mauritaanse zakenman betrokken. Volgens Franse analisten waren er talrijke Malinese medeplichtigen, onder wie een minister, chefs van leger en inlichtingendiensten. De luxe van sommige hoge officieren betrokken bij dergelijke trafieken, deed hen elk gezag over hun troepen verliezen. Het speelde een rol in de militaire coup van maart 2012 geleid door lage officieren.
Omdat de toestand onzekerder werd en zeker na de tussenkomst van Franse en Afrikaanse troepen, trekken de eigenlijke smokkelbenden de grens over naar Niger, aldus Afrikaanse waarnemers. Nadeel is dat Niger weer zoveel verder van de kusten van aanvoer ligt.
Mauritanië
In het naburige Mauritanië werd al in het begin van de jaren 1990 vastgesteld dat er cocaïne vanuit Zuid-Amerika aankwam. In 1992 kocht een Mauritaniër in Brazilië vier kilo cocaïne die hij naar zijn land liet overvliegen om ze vandaar naar Parijs te brengen.
In 2007 bracht een smokkelaffaire de regering in een lastig parket. In mei landde in de havenstad Nouadhibou, de economische hoofdstad, een toeristisch vliegtuig met 630 kilo cocaïne aan boord. De drugs werden snel op de tarmac in kisten geladen, maar toen de politie, die was getipt, opdook verdween het toestel in de lucht. Om later in de buurt te worden teruggevonden, zonder bemanning. Het toestel kwam uit Venezuela, de cocaïne had moeten opgeslagen worden in een villa in de stad om vandaar, waarschijnlijk met helikopters, naar Marokko te worden gevlogen. Een van de sleutelfiguren van de deal was Mohammed Ould Haidalla, zoon van een vroeger staatshoofd en eigenaar van de berokken villa. Een belangrijke politicus werd verhoord, maar zonder verder gevolg. Een krant schreef toen dat ook de voorzitter van de werkgeversunie betrokken was. De oppositie drong aan op een grondig onderzoek, zonder gevolg.
Begin 2010 werden in Nouakchott een Fransman en vijf Mauritaniërs veroordeeld wegens cocaïnesmokkel. Onder hen Sid’ Ahmed Ould Taya, de verbindingspersoon tussen de politie van Mauritanië en Interpol. Ze werden veroordeeld omdat ze plannen hadden voor de bouw van een landingsbaan voor vliegtuigen met cocaïneladingen. Rond diezelfde tijd werd bij de grens met Mali een konvooi betrapt waarbij bleek dat een terreurgroep de smokkelaars begeleidde.
Guinee Bissau
Het kleine Guinee Bissau, een vroegere Portugese kolonie, staat in veel hoofdsteden geboekstaafd als een narco-staat omwille van de invloed van de drugkartels. Guinee Bissau kent een recente geschiedenis van politieke moorden en staatsgrepen waar een sterke cocaïnegeur aan zit.
In maart 2009 werden zowel de president, João Bernardo Vieira, als de legerstafcef, Tagme Na Waie, vermoord. Deze laatste zou er achter gekomen zijn dat in een legerdepot cocaïne was opgeslagen. Al waren er geen bewijzen, toch waren er genoeg aanwijzingen om Colombiaanse drugkartels de schuld te geven. Tegelijk met die moorden was ook de gerechtelijke politie aangevallen; daar werden alle drugdossiers vernietigd en in beslag genomen drugs “teruggenomen”.
Guinee Bissau is in veel opzichten een ‘failed state’, zonder gerechtelijk apparaat, zonder grensbewaking, zonder gevangenis. Guinee Bissau werd in de 15de eeuw een Portugees depot onderweg naar de vele andere Portugese koloniën. Het is nu een depot voor de cocaïnekartels. Volgens een rapport in 2007 van de Amerikaanse Drug Enforcement Administration (DEA) landden er toen bijna dagelijks vliegtuigen met drugladingen, vanwaar ze naar andere bestemmingen werden verscheept. Onder het toeziend oog van militairen. Een Franse specialist liet zich ontvallen dat er volgens hem een stille afspraak was tussen regeerders en militairen: de eersten leven goed met de fondsen van het IMF en andere internationale instellingen, de tweede van de drughandel.
Volgens Europese drugspeurders is Guinee Bissau ondanks het feit dat er minder drugs in beslag worden genomen, een zeer belangrijke draaischijf gebleven. Het is niet omdat en minder vindt, dat er minder passeert. De smokkelaars betalen immers voor hoge bescherming. Trouwens, het feit dat de prijs per kilo daalde van 17.000 naar 10.000 euro per kilo, wijst op een grotere aanvoer.
Onder bescherming van militairen landen toestellen met cocaïneladingen op landingsbanen ver van de stad. Het leger levert diensten, maar neemt zelf niet deel aan de smokkel. De verdere doorvoer is meestal in handen van Nigeriaanse en Ghanese drugbenden. Een staatsgreep in april 2012 heeft de trafiek wel verstoord, maar legerstafchef Antonio Indjai, een spilfiguur van de dienstensector voor de kartels, blijft aan de touwtjes trekken.
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mercredi, 13 avril 2011
Cocaïne
Cocaïne
par Xavier EMAN
Ex: http://blogchocdumois.hautetfort.com/
Les sectateurs acharnés de la démocratisation tous azimuts et de l’égalitarisme généralisé peuvent se réjouir : jadis drogue des élites politiques, des rock stars écorchées vives et des traders épuisés par leurs gesticulations boursières, la cocaïne est en passe de devenir le stupéfiant de monsieur tout le monde, la came du citoyen lambda, le passeport pour la défonce de tout un chacun.
C’est au milieu des années 2000 que la poudre blanche a glissé des mains des nantis à paillettes pour se répandre dans l’ensemble de la société et dans la plupart des secteurs professionnels, tout particulièrement le BTP, la restauration ou le commerce, souvent à titre de stimulant (1).
La cocaïne est ainsi devenue la deuxième drogue la plus consommée en France (et en Europe), juste derrière le cannabis qui voit sa domination menacée. Le petit joint n’a en effet plus vraiment la cote auprès des nouvelles générations pour lesquelles il s’est tellement banalisé qu’il n’offre désormais plus le degré minimum de frisson transgressif. Les post-soixante-huitards enfumés du bulbe, qui trouvaient très « sympa » et très « progressiste » de rouler leurs « bédots » devant leurs rejetons et même d’en partager avec eux, en sont donc pour leurs frais. Pas plus qu’elle ne désire s’habiller comme eux, leur progéniture ne veut se cantonner aux drogues de papa-maman. Passage donc à la vitesse supérieure : en route pour la cocaïne !
Les causes de cette spectaculaire extension de la consommation de « poudre blanche » sont multiples. Tout d’abord, il y a la saturation du marché américain qui a vu les flux de trafics se réorienter vers la vieille Europe. Une hausse de l’offre qui a entraîné une importante diminution des coûts pour le consommateur. Ainsi, de 1997 à 2007, le prix du gramme de cocaïne a chuté de moitié, passant de 120 à 60 euros environ.
Le « rail » coupe d’abord l’axe Auteuil, Neuilly, Passy
Les plus importants pays producteurs de cocaïne sont situés en Amérique latine, la Colombie, le Pérou et la Bolivie se partageant le marché. Selon les sources officielles américaines, les plantations d’arbustes à coca en Amérique latine produisent annuellement de 900 à 1 000 tonnes de cocaïne, démontrant au passage l’échec total de la « guerre à la drogue » cornaquée par les Etats-Unis dans la région.
Dans l’Union européenne, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 10 millions d’adultes entre quinze et soixante-quatre ans ont consommé cette drogue au moins une fois. 4,5 millions en ont consommé au cours des douze derniers mois et 2,5 millions durant les trente derniers jours.
En France, le nombre de consommateurs de cocaïne parmi les 12-75 ans est estimé à environ 1 million de personnes, avec une hausse spectaculaire en dix ans, ce nombre ayant plus que doublé de 1995 à 2005.
La cocaïne est désormais partout et il n’a jamais été aussi facile de s’en procurer. Si les lascars de banlieues ne dédaignent pas d’ajouter la « CC » à leur panoplie de Tony Montana de supérettes Franprix, c’est toutefois essentiellement dans les classes moyennes et moyennes-supérieures des centres-villes que la « mode » de la ligne de poudre tend à devenir un véritable phénomène sociétal.
Les ados accros ? Des toxicos mornes et sordides
Les adolescents des lycées « chics » en consomment notamment de plus en plus jeunes et de plus en plus fréquemment. Ayant déjà expérimenté le cannabis et les cigarettes dès la cinquième ou la quatrième, leur curiosité et leur goût de la transgression sont titillés dès leur passage en seconde par l’image de la cocaïne, cette drogue largement représentée à la télévision et au cinéma, généralement dans un cadre considéré comme « valorisant » par les jeunes (luxe, fêtes, « gangsters », show-biz…).
Largement pourvus en argent de poche par des parents souvent démissionnaires cherchant à compenser matériellement leur absence physique ou affective, les adolescents peuvent alors recourir à la « coke » pour meubler l’ennui trop nourri de leurs soirées, stimuler leur libido déjà blasée et noyer sous les délires hallucinés leur nihilisme et leur absence de perspectives autant que de passions. Cette drogue ?, stimulant les « performances », leur permet également de s’arracher à cette espèce d’introversion angoissée, proche de l’autisme, caractérisant une génération étouffée de technologie et de virtualité qui ne maîtrise désormais que très imparfaitement les modes de communication « directe », ceux ne permettant pas l’usage d’un écran protecteur et rassurant.
Bien informés, les ados connaissent parfaitement les risques et dangers de la cocaïne (même s’ils minimisent généralement, comme tous les toxicomanes, leur « addiction » au produit), mais les effets qu’ils recherchent priment sur la crainte de conséquences toujours considérées comme lointaines.
Des salariés qui se « dopent » comme de vulgaires coureurs du Tour de France
Ce qui frappe le plus dans l’observation de ce mode d’utilisation de la cocaïne, c’est que son caractère prétendument « festif » disparaît assez vite au profit d’une consommation morne et compulsive. Les adolescents et jeunes adultes ne sortent même plus des appartements où ils se réunissent pour « sniffer » et où la drogue devient peu à peu le centre unique d’attention, la seule raison d’être du rassemblement, le sujet exclusif des conversations. Une hiérarchie sordide s’établit alors au sein de la bande de zombies, en fonction des quantités possédées par les uns ou les autres, de la complaisance à laisser les filles « taper » sur ses propres rails ou de la qualité du produit « offert » au groupe.
Souvent, pour remplacer ou compléter les mannes parentales, les jeunes consommateurs de cocaïne n’hésitent pas à « dealer » dans leur entourage des produits généralement coupés pour en améliorer le bénéfice. Ce développement d’un « micro-trafic » de proximité, assez difficilement contrôlable, est également l’un des facteurs du développement drastique de l’usage de la cocaïne en France, ces dernières années.
Dans le monde du travail, l’usage de cocaïne peut revêtir deux principaux aspects. Soit il est la continuité à l’âge adulte de ces pratiques « adolescentes » devenues « addictives », soit il peut être « causé » par l’environnement professionnel lui-même, le travail moderne étant, dans de nombreux secteurs, toujours plus stressant et exigeant en termes d’efficacité et de rendement. L’activité professionnelle travail étant devenue un sport de haut niveau au sein duquel les participants doivent chaque année améliorer leurs performances, les salariés se « dopent » comme de vulgaires coureurs du Tour de France.
L’ère du vide et de la poudre blanche
Selon la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, plus de 10 % des salariés ont ainsi besoin de drogue pour affronter leur travail. Un pourcentage qui ne cesse de croître, notamment du fait de la pression libérale exercée sur les secteurs jadis « protégés ».
Si les professions les plus touchées par la consommation de cocaïne sont celles des banques, des transports routiers, du BTP, de la restauration et du monde médical, les services publics en cours de privatisation sont également de plus en plus exposés. Ainsi les services médicaux de toxicologie traitent-ils par exemple un nombre croissant de salariés de la Poste, établissement qui cherche à offrir toujours davantage de services avec de moins en moins de personnel, les guichetiers récoltant alors le mécontentement et parfois la violence, verbale ou physique, des usagers mécontents.
Qu’il soit dit « festif » ou « productiviste », l’usage exponentiel de cocaïne est indéniablement un nouveau symptôme de ce « désir de mort » qui semble caractériser notre modernité occidentale subclaquante.
Ajoutant la fuite en avant chimique à l’échappatoire virtuelle, nos contemporains cherchent à s’extraire le plus totalement possible d’une réalité devenue insupportable à force de désenchantement et de désacralisation. Pour meubler l’attente du tombeau, ils tentent donc, hagards et épuisés, de trouver dans les stimuli artificiels de la poudre blanche et de ses avatars quelques lueurs perçant encore la désespérante obscurité d’un quotidien qu’ils n’ont plus la foi ni la force de vouloir révolutionner.
Xavier Eman
1_Le Code du travail interdit les prélèvements urinaires ou sanguins en entreprise pour détecter d’éventuelles traces de drogues, en dehors des postes dits « de sécurité ».
00:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, drogues, cocaïne, cocaïnomanes, moeurs contemporaines, problèmes contemporains, criminalité, narco-trafic, pègre, france, toxicomanie, stupéfiants | | del.icio.us | | Digg | Facebook