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lundi, 02 septembre 2024

Comment Tocqueville réfute la théorie de la conspiration

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Comment Tocqueville réfute la théorie de la conspiration

Nicolas Bonnal

Personne n’a expliqué le monde dit moderne et les siècles dits démocratiques mieux qu’Alexis de Tocqueville. On peut se demander alors ce que ce grand esprit terrassé par le césarisme plébiscitaire des Bonaparte (qui stérilisa l’esprit français, en particulier l’esprit aristocratique qui est celui de la Liberté – voir Jouvenel) pouvait penser de la théorie du complot pour expliquer l’histoire. Or il n’y a pas à se le demander, car il a bien répondu sur ce point dans sa correspondance, à un ami visiblement « d’extrême-droite », le sympathique comte de Circourt, qui lui parlait de l’inévitable et fastidieux jésuite Barruel, auteur du pensum sur les conspirations maçonniques et illuminées pendant la révolution (dans le genre je préfère Robison -Proofs of a Conspiracy against all the Religions and Governments of Europe, carried on in the Secret Meetings of Free-Masons, Illuminati and Reading Societies, etc., collected from good authorities (1797)- ou même le Napoléon de Walter Scott, ou même Dumas et Balsamo).

Sur la gesticulation politique au XIXe siècle, Debord avait écrit dans ses Commentaires :

La « conception policière de l’histoire était au XIXe siècle une explication réactionnaire, et ridicule, alors que tant de puissants mouvements sociaux agitaient les masses (1). »

Mais les masses allaient mener au socialisme, à l’étatisme, au fascisme et au nazisme, en attendant le mondialisme télévisé. Relisez Ortega Y Gasset qui révéla leur perversion dans Révolte.

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Tocqueville n’a donc pas lu le légendaire et sulfureux Barruel ; et d’expliquer pourquoi :

« J’en ai toujours été détourné par l’idée que celui-ci avait un point de départ essentiellement faux. Sa donnée première est que la révolution française (il est permis de dire aujourd’hui européenne) a été produite par une conspiration. Rien ne me paraît plus erroné (2). »

Car on oublie que conspirer signifie respirer ensemble. Les Français voulaient tous ou presque cette abomination. Le voyageur Young révéla l’instantané fanatisme de leur révolution dans ses voyages.

Tocqueville fait ensuite une concession rhétorique :

« Je ne dis pas qu’il n’y eût pas dans tout le cours du dix-huitième siècle des sociétés secrètes et des machinations souterraines tendant au renversement de l’ancien ordre social. Au-dessous de tous les grands mouvements qui agitent les esprits se trouvent toujours des menées cachées. C’est comme le sous-sol des révolutions. »

Il n’y a pas besoin de théorie de la conspiration quand la théorie de la constatation fonctionne.

Mais Tocqueville rappelle l’essentiel. L’essentiel est qu’il n’y a pas besoin de théorie de la conspiration quand la théorie de la constatation fonctionne.  Les Français voulaient que ça saute, comme aujourd’hui ils veulent du Macron, du Reset, de la pénurie et des coupures de courant (oui, je sais, pas tous, mais la minorité de mécontents qui clique ne fait et ne fera pas la loi). Car on ne les refait pas les Français. La révolution-conspiration c’est quand la masse veut la même merde que l’élite. Aux mécontents de changer de pays.

Tocqueville ajoute superbement :

« Mais ce dont je suis convaincu, c’est que les sociétés secrètes dont on parle ont été les symptômes de la maladie et non la maladie elle-même, ses effets et non ses causes. Le changement des idées qui a fini par amener le changement dans les faits s’est opéré au grand jour par l’effort combiné de tout le monde, écrivains, nobles et princes, tous se poussant hors de la vieille société sans savoir dans quelle autre ils allaient entrer (3). »

Nouvelle société qui semblait inévitable. A cet égard Tocqueville souligne les caractères de la science historique :

« On dirait, en parcourant les histoires écrites de notre temps, que l’homme ne peut rien, ni sur lui, ni autour de lui. Les historiens de l’Antiquité enseignaient à commander, ceux de nos jours n’apprennent guère qu’à obéir. Dans leurs écrits, l’auteur paraît souvent grand, mais l’humanité est toujours petite. »

Notre écrivain ajoute :

 « Si cette doctrine de la fatalité, qui a tant d’attraits pour ceux qui écrivent l’histoire dans les temps démocratiques, passant des écrivains à leurs lecteurs, pénétrait ainsi la masse entière des citoyens et s’emparait de l’esprit public, on peut prévoir qu’elle paralyserait bientôt le mouvement des sociétés nouvelles et réduirait les chrétiens en Turcs (4). »

Cette doctrine de la fatalité me paraît juste : tout empire, à commencer par l’étatisme, le bellicisme humanitaire et la tyrannie informatique, et l’on n’y peut rien : théorie de la constatation.

C’est l’historien de l’Espagne Stanley Payne qui, désespéré par l’anesthésie de cet ancien grand peuple, dénonce la torpeur de ces temps post-historiques. Raison de plus pour rendre hommage à la liquidation de la théorie du complot par Tocqueville : la masse suit, quand elle ne la précède pas, la mauvaise volonté de son élite. Plus antiraciste, plus féministe, plus véganienne et plus écologiste qu’elle, plus cybernétisée même, elle exige du Reset.

Ma solution ? Un voilier dans les sublimes fjords du Chili (pays le plus vacciné au monde…).

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Notes:

1). Debord, Commentaires, XX.

2). Tocqueville, Correspondance, A M. LE COMTE DE CIRCOURT, Tocqueville, 14 juin 1852.

3). Ibid.

4). De la Démocratie en Amérique II, Première partie, CHAPITRE XX.

 

lundi, 01 juin 2020

Qui a inventé l’accusation infamante de conspirationniste?

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Qui a inventé l’accusation infamante de conspirationniste?

Ex: https://brunobertez.com

Qui a inventé l’accusation infamante de conspirationniste?

Qui a fait du conspirationnisme une doctrine qui permet de saboter tout travail de révélation et de le nullifier, sans examen?

Ceux qui, agissant cachés, ont voulu que personne ne puisse se poser de questions sur leurs actions et par extension tous ceux qui ont tout à perdre si on fait apparaitre  les relations de cause à effets entre les évènements, entre  les situations.

Les pouvoirs n’ont pas vraiment peur de l’information, ce qu’ils craignent c’est son interprétation, sa mise en perspective, son histoire, son lien avec  d’autres informations et les questionnements qui en découlent.

Les pouvoirs   ne mentent pas vraiment, en tous cas  pas tous, mais ils mentent par omission, en escamotant tout ce qui permet de comprendre le monde. Il faut que le monde soit un kaléidoscope indéchiffrable de faits, un jaillissement  d’images juxtaposées sans lien organique entre elles.

La philosophie bourgeoisie positiviste bannit la philosophie du soupçon, celle qui dit que tout a une histoire et que la logique de ce qui apparait est toujours ailleurs, à découvrir, à mettre à jour;  l’essentiel du sens  est caché, non su .

La vérité n’est jamais donnée, c’est le résultat d’un travail.

L’ennemi des pouvoirs, c’est le sens et c'est pour cela qu’ils ont créé un monde à plat, à deux dimensions, un monde quantitatif, sans profondeur,   un monde d’accumulation qui sature les attentions et les perceptions.

Ce monde doit s’imposer pour ce que l’on en montre dans un délire présentiste et surtout pas pour ce qu’il est.

Raconter l’histoire d’un évènement, faire sa généalogie, montrer comment on en est arrivé là, pour les puissants c’est déjà du conspirationnisme.

La force de l’arme de l’accusation de conspirationnisme repose sur l’Autorité de l’institution ou de la personne qui la profère/manie . Pas sur son savoir ou son intelligence.

 

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jeudi, 23 novembre 2017

U.S. conspiracy theories and the American mentality

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U.S. conspiracy theories and the American mentality

Ex: http://katehon.com

History shows an increased interest in American society in conspiracy theories, no matter who is represented as the conspirator.

While there are a lot of various extravagant theories in the United States, among which we can find a fantastic story, for example, that the country's leadership are either aliens or reptilians. There is an historical continuity, which confirms that the American consciousness, whether being of the middle class, farmers and influential political circles, are deeply permeated with the idea of the conspiracy.

For example, with their conspirological mentality, Democrats and globalists gave recent statements that Russia had carried out regular hacker attacks, and that this had even affected the outcome of the election campaign in the United States. Political scientists and experts from various American think tanks try to give pseudoscientific data declarations that come from the senior management of the country. Similar operations were being held in relation to other states and even non-state actors, who caused suspicion for unknown reasons among the American establishment (Venezuela, Cuba, North Korea, Iraq, Iran, Hezbollah, the institution of Ayatollahs, the Russian Orthodox Church, Communists, right-wing parties in Europe and so on).

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History of the conspiracy theory in the US

This tradition began to come into being in the United States in the wake of the exclusion of former colonists from the British metropolis. In addition, the powerful stimulus to look at the causal relationships from the perspective of possible conspiracies was the idea of the enlightenment, related to desacralization and attributing all actions exclusively to human will.

Initially, the search for conspiracies with the following “witch-hunt” were peculiar to Western Europe, where, in the Middle Ages, the Inquisition was raging, and the Renaissance palace intrigues had become the norm. In Britain (where the United States largely borrowed this conspiracy tradition) there were a lot of talks about French, Irish, Jacobite and Catholic conspiracies and real attempts to organize a coup or an attack on the government. Only they confirmed rumors that such evil plans did really exist. For example, the failed plan was to blow up the Parliament, masterminded by Guy Fawkes.

According to Gordon Wood, “by the 18th century the conspiracy had become not simply a means of explaining how the rulers were overthrown; it became a commonly used tool for an explanation of how the rulers and the others who controlling political developments acted in real life”.2

Since the Renaissance, God was being gradually squeezed out of the social and political life, so the control of all processes (and promises about domain over natural elements in the future) was assigned to a person. Such a mechanistic paradigm reduced all human actions solely to purposes and motives.

Now everything was conceived in the human mind, and depended on these moral norms, prejudices and beliefs. Therefore, all social processes began to come to reflect individual passions and interests.

Some called for a curbing of these passions by offering a specific plan of socio-political activity, naturally offering themselves to manage these plans, while those first attempting to usurp power were blamed for trying to instill tyranny and oppression.

In this context, the work “the Paranoid Style in American Politics” of Columbia University Professor Richard Hofstadter3 is very interesting, where he shows that a whole generation of Americans thought in terms of conspiracies throughout the US history. In this article, firstly published in 1964, Richard Hofstadter noted: “The idea of the paranoid style as a force in politics would have little contemporary relevance or historical value if it were applied only to men with profoundly disturbed minds. It is the use of paranoid modes of expression by more or less normal people that makes the phenomenon significant. In the history of the United States one find it, for example, in the anti-Masonic movement, the nativist and anti-Catholic movement, in certain spokesmen of abolitionism who regarded the United States as being in the grip of a slaveholders’ conspiracy, in many alarmists about the Mormons, in some Greenback and Populist writers who constructed a great conspiracy of international bankers, in the exposure of a munitions makers’ conspiracy of World War I, in the popular left-wing press, in the contemporary American right wing, and on both sides of the race controversy today, among White Citizens’ Councils and Black Muslims. I do not propose to try to trace the variations of the paranoid style that can be found in all these movements, but will confine myself to a few leading episodes in our past history in which the style emerged in full and archetypal splendor”.4

American historian James Hutson considers American behavior in general as a product manifesting out of envy and suspicion towards the government power.

At the same time he pointed out that the fear of abusing political power led to the American conspiracy being viewed as “completely trustworthy”, at least until about the 1830's. Thereafter, attention was switched over to non-governmental organizations and groups such as the Masons, and the Roman Catholic Church.5 In the 19th century fears of various conspiracies united many groups in the United States. If Abraham Lincoln believed in imaginary subversive activities, then what could be the problem if an anti-Masonic league or some protestant denominations do? At the same time, protestants found the personification of the work of the devil and all sorts of dark forces directly in political activities both inside the US and abroad. Certainly, the rational explanation for this phenomenon could be found in linking this fear with some symptoms of severe social and psychological overload, in which American society was at that period of time.6

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The 20th century and the new myths

The twentieth century has also been full of the conspiracy theories. At the beginning of the century, specific fears in the United States were associated with Germany, the Russian Empire, and China. It would be enough just to mention the book of Brooks Adams “The New Empire”, published in 1902, where he was talking about the need to avoid combining the interests of Russia, Germany and China.7

The situation with the Russian Empire was particularly complex because of the passport issue, which led in 1911 to the break of the US Russian-American treaty of commerce and navigation of 1832. This happened under the influence of the Jewish lobby in the US, which from the second half of the 19th century were actively defending the rights of European and Russian Jews. Naturally, such influential organizations, not without the involvement of big business - in particular money of Jacob Schiff from the American Jewish Committee - which funded the anti-Russian campaign in the media and even blackmailed President Taft, because they could force the country's leadership to meet their demands, automatically fell into the category of 'plotters' in the eyes of American citizens who had no connection with these lobby groups.8

The era of the Great Depression sharply polarized the American society, while Hollywood and its establishment were trying to project their vision of solving problems. Depending on the place of residence and social status, American citizens found their own “scapegoats” in the face of Republicans, bankers, speculator migrants. However, religious preachers thought that the cause of crop failure for several years was the scourge of God, fallen upon the American people for their sins.

Before the Second World War there was a peculiar suspicion among the military and political leadership towards Japan, although at the beginning of the century the United States supported this country during the conflict with Russia.

The era of McCarthyism was a well-known as "witch hunt", but here women were pursued for their difficult to prove relationship with the evil spirit, and those sympathetic to communist ideas. These facts were imposed on the racial issues in the United States and in its broader ideological confrontation.

The murder of John F. Kennedy and Martin Luther King, the emergence of AIDS, global warming, the role of the Trilateral Commission in the international economy, all such cases necessarily were always considered from the perspective of conspiracy theory. Accordingly, within the framework of conspiracy thinking, the murders were implemented or adjusted by CIA agents, doctors commissioned by the federal government developed the deadly virus (this issue was further developed and enriched with new facts and speculations), and the broader phenomena was considered as a kind of cover-up and supporting interests of large companies and lobby groups.

However, the Watergate scandal confirmed that the Republicans were really behind the organization of wiretapping in the room where the Democrats held their talks. In the 50's of the last century the CIA really conducted the experiment MKULTRA, where LSD and other narcotic drugs were administered to subjects in order to obtain “mind control”.9 The US Ministry of Defence plan for Operation Northwoods is also well-known to have been against Cuba in order to organize provocations with further military aggression in the Isla de la Juventud.10

The incident in Roswell (New Mexico) in 1947 is a peculiar episode. According to the official version, aliens landed, and the US government was keeping this information in secret.

Moreover, the publication of declassified documents from both official sources such as the State Department, the Defense Department, the FBI and the CIA, as well as documents of various international groups such as Bilderberg Club and the Club of Rome, show that certain secret plans on various issues were developed and implemented in reality.

In recent years, the most common topics in the United States related to conspiracies, have become the attacks of September 11th, 2001 (9/11, Truth Movement), the influence of the neo-conservatives in the adoption of decisions on the invasion in Iraq in 2003, as well as any facts concerning the corporate influence and the US military-industrial complex. Certainly, some leakage, spread with the help of the resource WikiLeaks, provide additional ground for the circulation of the view that the US establishment holds some secret game and does not work in the interest of the American society, but supply various financial and industrial groups with their preferences.

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Neoliberals’ fears and manipulations

The scandals connected with the financing of Hillary Clinton's campaign, Clinton family ties with all sorts of fund structures and involvement in dubious projects have also shown that in some organizations, the real purposes significantly are at odds with the stated principles. However, in recent years no one is surprised with such level of the corruption, especially since in the US lobbying has become protected by the law.

As these cases are also falling into the categories of the conspiracy theory, representatives of the scientific community in the US, which are connected with the policy, conduct some attempts to present the conspiracy as a “sub broad category of false beliefs”. For example, Cass R. Sunstein pointed it out in his scientific publication, published in 2008, under the auspices of Harvard and Chicago University (Law & Economics Research Paper Series Paper No. 387)11.

To make a following clarification is necessary. Cass R. Sunstein is an American lawyer and scholar, a member of the Democratic Party. In 2008, he actively opposed the attempt to impeach Bill Clinton. He served as administrator of the Information and Regulatory Policy in the White House in 2008 – 2012. Cass R. Sunstein is also a developer of the theory of “Nudge”, the latest trend in behavioral sociology of the USA.12 The main idea of which is that people can be directed to carry out any action. But at the same time, they need to consider this “boost”, as their own decision. To do this it is necessary to create the appearance of alternative choices. Precisely because of Sunstein’s theory Barack Obama signed a decree on the application of behavioral science methods in the public administration and domestic policy, on September 15th.

It was significant that Sunstein treated the possible causes of the conspiracy theory in his own way. At the same time he provides the link to the work of Richard Hofstadter, where he was warned that his proposed "paranoid style" did not refer to psychological abnormalities and diseases, and expressed the social phenomenon.

Obviously Sunstein commissioned by the government to co-author articles suggest measures to counter the conspiracy theories: “We can readily imagine a series of possible responses. (1) Government might ban conspiracy theorizing. (2) Government might impose some kind of tax, financial or otherwise, on those who disseminate such theories. (3) Government might itself engage in counterspeech, marshaling arguments to discredit conspiracy theories. (4) Government might formally hire credible private parties to engage in counterspeech. (5) Government might engage in informal communication with such parties, encouraging them to help." However, the authors advocate that each "instrument has a distinctive set of potential effects, or costs and benefits, and each will have a place under imaginable conditions. However, our main policy idea is that government should engage in cognitive infiltration of the groups that produce conspiracy theories, which involves a mix of (3), (4) and (5).”13

This article was severely criticized by the United States scientific community.

But there is no doubt that the interest to the conspiracy has remained at a fairly high level in the corridors of American power. The question is how to apply and manipulate information according to the interests of the White House.

And Donald Trump’s victory also showed that conspiracy theories were strong enough within the US society. But now the liberals are looking for those responsible within the United States (the right-wing or the conservatives), and outside, in the attempt to accuse Russia of hacking attacks and manipulation of the public opinion.

Conspiracy theories will continue to affect average Americans, as well as decision making at the highest levels.

Notes:

2 Gordon S. Wood. The Idea of America. Reflections on the Birth of the United States. New York: The Penguin Press, 2011.

3Hofstadter, Richard. The Paranoid Style in American Politics, and Other Essays. New York: Vintage Books, 2008.

5 James H. Hutson, "The American Revolution: Triumph of a Delusion? in Erich Angermann, et al., eds., New Wine in Old Skins , 179 - 194.

6 Richard O. Curry and Thomas M. Brown, eds., Conspiracy: The Fear of Subversion in American History. NY: Holt, Rinehart & Winston, 1972.

8 L. Marshall to S. Wolf. Oct. 18,1916 // Louis Marshall: Champion of Liberty. Vol. 1. P. 86.

9 George Lardner Jr. & John Jacobs, Lengthy Mind-Control Research by CIA Is Detailed, WASH. POST, Aug. 3, 1977

10 Memorandum from L. L. Lemnitzer, Chairman, Joint Chiefs of Staff, to the Secretary of Defense, Justification for U.S. Military Intervention in Cuba (Mar. 13, 1962), http://www.gwu.edu/~nsarchiv/news/20010430/northwoods.pdf.

12 Sunstein, Cass R. Why Nudge?: The Politics of Libertarian Paternalism. The Storrs Lectures Series, Yale University Press, 2014.

lundi, 29 juin 2015

L’épouvantail de la « théorie du complot »

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L’épouvantail de la « théorie du complot »

Auteur : Michel Segal
Ex: http://zejournal.mobi

Une véritable campagne d’intimidation se déploie – à coups d’émissions TV, de dossiers de presse, d’accusations infâmantes, de « listes noires »,  d’interdictions de parler etc… – à l’encontre de « complotistes » et de « confusionnistes » où l’on fait figurer, pêle-mêle, des critiques surtout dérangeants des politiques des Etats-Unis, d’Israël, de l’Union Européenne etc… (curieusement, il s’agit toujours de ceux-là !)  et les « populistes » « antisémites » « conspirationnistes délirants » auxquels les précédents sont abusivement amalgamés.

Les procédés de cette « chasse aux sorcières », couverte par certains intellectuels français, sont de type policier et rappellent les méthodes de l’extrême-droite « organisée », y compris des menaces physiques à l’encontre d’organisateurs de débats « conspirationnistes ».

Cela frise la terreur intellectuelle, vu que les « accusés » sont quasiment mis en demeure de se taire ou, de facto, réduits au silence par des médias (journalistes) eux-mêmes effrayés d’être vus en sulfureuse compagnie.

Difficile de savoir « qui tire les ficelles » de ce…complot médiatique auquel prend également part une certaine « gauche » bienpensante. Il faudrait IDENTIFIER les sources, en particulier les soi-disant « antifas » qui se chargent de cette basse besogne.

A titre d’information, le « journal antiproductiviste » KAIROS publie cette critique cinglante de…

Le 4 janvier dernier, le New-York Times ouvre un débat dans ses colonnes avec une courte série d’articles sur les théories du complot. Après les attentats parisiens du 7 janvier paraissent également dans les journaux français de nombreux articles sur ce thème – avec des titres explicites trahissant l’objectif poursuivi. On peut lire par exemple : « Les jeunes plus exposés à la théorie du complot », « Comment naissent les théories du complot », «   La théorie du complot, l’arme politique du faible », « Les rouages de la machine complotiste » ou encore « Pourquoi les enfants sont tentés par la théorie du complot ? ».

Tous ces articles évoquent les théories du complot sans qu’aucun d’eux n’ose préciser ce que ce vocable, hors de toute conviction, de toute réalité et de toute opinion, peut objectivement désigner. A leur lecture, apparaît pourtant le seul dénominateur commun de tous ces points de vue : la perte de confiance d’une partie de la population face à la présentation officielle d’évènements (ou à leurs analyses), c’est-à-dire émanant du pouvoir, grands médias ou institutions politiques. Cette défiance – justifiée  ou non – vis-à-vis des thèses officielles porte de plus en plus de gens à accorder leur confiance à des sources non officielles présentant des versions des faits sensiblement différentes. Dès lors, si l’on imagine que ce phénomène peut se généraliser à une part importante de la société, on comprend mieux l’inquiétude des pouvoirs, et plus généralement de nos élites. Car que resterait-il de notre système si les populations ne croyaient plus ce que leur disent les élites  politiques et médiatiques qui les dirigent ?

L’objectif de tous ces articles apparaît sans ambiguïté : décrédibiliser toute personne mettant en doute les thèses officielles, c’est-à-dire la vérité telle que la conçoit le pouvoir. A ce titre, toutes les vieilles méthodes sont employées, à commencer par l’emploi de néologismes suggestifs, comme « les conspirationnistes  » évoquant sans détour l’image de gens à moitié fous s’imaginant que des comploteurs masqués se réunissent en secret la nuit dans les caves pour nuire à la communauté tout entière.

La seconde méthode, qui était fréquemment pratiquée par l’URSS et la Chine de Mao, consiste à disqualifier la parole des gens qui doutent des versions officielles en leur collant sur le dos une pathologie certifiée par des spécialistes. Ainsi, toute parole dissonante ou dissidente sera considérée comme un comportement déviant qu’il faut soigner. Comme le disait très sérieusement une journaliste de France 2 : « il faut repérer et traiter tous ceux qui ne sont pas Charlie  ». Dans la demi-douzaine d’articles du NYT, un supposé spécialiste du phénomène dénonce la nature « paranoïaque » des conspirationnistes, un autre y voit le symptôme d’une anxiété « de masse » (on notera le choix du terme soulignant la nature peu instruite ou éduquée des conspirationnistes qui appartiennent à « la masse  »), un autre encore évoque les croyances populaires aidant le peuple à admettre ce qu’il ne comprend pas.  Le portrait est dressé : celui qui émet un doute sur les thèses présentées par le pouvoir s’appelle un conspirationniste, c’est un malade mental généralement peu instruit appartenant à la masse et sujet à des croyances populaires car il ne comprend pas le monde. Dans les articles français, on trouve l’utilisation de la même méthode, puisque l’on parle de « vulnérabilité »  au conspirationnisme  comme à une maladie, vulnérabilité accrue avec la jeunesse : l’idée est de faire passer la remise en cause des thèses officielles pour de l’adolescence attardée. Les conspirationnistes sont donc des victimes – immatures dans la totalité des cas – et les journalistes se demandent comment leur venir en aide. L’un des articles va d’ailleurs plus loin que la simple référence à l’adolescence puisqu’il parle des enfants tentés par la théorie du complot. Ainsi, si un doute naît dans votre esprit sur ce qui vous est présenté officiellement, cela signifie que vous êtes retombés en enfance. Dans le même esprit, on notera également l’intervention dans les colonnes du NYT d’une professeure de psychologie qui use d’une bienveillance maternelle avec une extrême condescendance jugeant ces théories risibles et inoffensives pour la plupart.

« Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage  », c’est la troisième méthode destinée à neutraliser toute idée contraire aux thèses officielles. Pour cela, on va associer au conspirationnisme des thèses parfois indéfendables ou saugrenues, ou encore poursuivies par la loi. Ainsi, en lisant les articles cités plus haut, on pensera que les conspirationnistes ne croient pas aux premiers pas sur la lune en 1969, qu’ils sont convaincus que les extra-terrestres ont débarqué sur terre il y a longtemps (mais que les gouvernements nous le cachent), et enfin, que ce sont des négationnistes. Sachez donc que si vous doutez de certaines informations ou analyses exposées dans les grands médias, cela signifie que vous pensez que les extra-terrestres sont parmi nous et que vous niez l’existence des chambres à gaz. Cette méthode est d’une efficacité redoutable puisque, en ces temps terrifiants de procès pour pensée, de dénonciation calomnieuse d’intention ou de non-charlisme, chacun redoute, et c’est bien légitime, d’être soupçonné de la sorte et lynché.

Le portrait-robot du conspirationniste ayant été tracé, que ce soit sous les traits de la naïve victime de son incompréhension du monde, ou sous ceux du délire paranoïaque du malade mental, il faut aussi en citer des exemples et le situer sur un échiquier politique infréquentable. On lira alors dans Le Figaro : « le conspirationnisme était le propre de l’extrême droite. Depuis les attentats du 11 septembre, on le trouve aussi chez certains courants de la gauche radicale ». Le message est clair : extrême droite et extrême gauche se rejoignent dans la déraison  ; seuls des extrémistes peuvent douter des versions officielles. Quant aux exemples, ils sont explicites : Alain Soral, l’humoriste Dieudonné ou Jean-Marie Le Pen sont cités. Une fois toutes ces précautions prises, on peut alors qualifier certaines analyses de conspirationnistes pour les discréditer. On apprend ainsi, par de supposés experts censés « démonter les mécanismes complotistes », que le conspirationnisme est très répandu en Russie. En effet, toujours dans le même article, d’après « l’expert » interrogé, « les télévisions du Kremlin décrivent (…) les révolutions de couleur comme des complots occidentaux ». Cette fois, si vous pensez que certains renversements de régime ont été organisés ou soutenus par des agences américaines, c’est que vous êtes victime de la propagande du Kremlin passé maître dans l’art du conspirationnisme. Dans Le Monde, on peut lire le même type de discours, tout aussi accusateur quand, à propos de l’assassinat de Boris Nemtsov, le journal écrit : « La théorie du complot prend de l’ampleur à Moscou (…) et le pouvoir russe n’hésite pas à désigner son commanditaire : l’Occident ». L’objectif est ici, à l’aide de disqualification par théorie du complot, d’écarter toute explication autre que celle de l’assassinat de Nemtsov par le Kremlin.

Plus intéressante encore, et infiniment plus inquiétante, la description des conspirationnistes faite par la fondation Jean-Jaurès, le fameux think tank du parti socialiste auquel le président Hollande a commandé un rapport en janvier. Voici ce que le laboratoire d’idées, réputé siège de l’élite des intellectuels du parti gouvernemental, écrit  dans son rapport lorsqu’il entreprend de décrire  ceux qui doutent des thèses officielles : « (…) mouvance hétéroclite, fortement imbriquée avec la mouvance négationniste, et où se côtoient admirateurs de Hugo Chavez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent d’anciens militants (…) d’extrême gauche,(…), souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultra-nationalistes, nostalgiques du IIIème Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11 septembre, antisionistes, adeptes des médecines alternatives, agents d’influence du régime iranien, bacharistes, (…)  ». De cet odieux inventaire à la Prévert destiné à rendre compte du conspirationnisme tel que l’entend le pouvoir, c’est le mépris et l’intolérance, voire la haine et l’insulte qui émergent de ces associations infâmes, mêlant sans honte les adeptes de la médecine douce avec les admirateurs de nazis et de Hugo Chavez (à propos de ce dernier, rappelons qu’il a été le président de gauche du Venezuela, régulièrement élu quatre fois consécutives, et qu’il s’est illustré au plan international par son refus de se plier à la domination américaine  ; son alliance avec Morales en Bolivie, Correa en Equateur ou Castro à Cuba en font un acteur majeur de la vague socialiste en Amérique latine, vague qui vient de faire plier Obama il y a quelques jours, contraint de lever l’embargo sur Cuba). D’après le Parti Socialiste français, approuver le socialisme de Chavez, c’est être un paria, tout comme refuser d’alimenter la guerre civile en Syrie, ou faire partie d’un milieu interlope, ou être antisioniste, ou être un nostalgique du IIIème Reich, c’est appartenir à une mouvance où se côtoient tous les infréquentables, tous les sorciers qu’il faut combattre. Notons d’ailleurs qu’à cette liste noire, la fondation Jean Jaurès ose ajouter, déshonorant ainsi le nom qu’elle porte, celui d’Etienne Chouard, simple citoyen blogueur devenu célèbre en 2005 pour avoir lancé une campagne pour le « Non » au référendum sur la Constitution européenne, et revendiquant aujourd’hui une position radicale sur la nécessité de repenser la démocratie.

A la lecture de cette description pitoyable – dont il faut répéter qu’elle est réalisée par l’élite du parti au pouvoir – on comprend aisément que sont estampillés conspirationnistes tous ceux qui ne pensent pas comme le veulent nos élites. Ainsi, le problème « complotiste » n’est plus de distinguer le vrai du faux, le vraisemblable de la fable ou le délire de la raison, non, le problème est de penser ou non comme le suggère le pouvoir. Il faut donc condamner tous ceux qui, finalement, « ne sont pas Charlie ».

Ce mois de janvier 2015 s’achève par un texte étonnant :

«  Pour combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître et le nommer (…) c’est toujours le complot, le soupçon, la falsification (…). Les théories du complot se diffusent sans limites et ont, dans le passé, déjà conduit au pire. Alors face à ces menaces, il nous faut des réponses, des réponses fortes, des réponses adaptées. (…) Il faut prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par internet et les réseaux sociaux (…). Nous devons agir au niveau international pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement. »

Ces quelques lignes ne sont pas extraites d’un manuscrit d’Orwell qui n’aurait pas encore été publé, mais du discours de François Hollande prononcé le 27 janvier dernier à propos de l’antisémitisme. Deux semaines après ce discours, est publié le décret d’application du blocage de sites internet sans juge pour suspicion d’apologie d’actes terroristes, ce qu’Amnesty International dénonce comme un concept flou dans un article où l’on apprend le 18 mars que cinq sites ont déjà été bloqués sans procédure de justice.

Le 19 mars est présenté en Conseil des ministres le projet de Loi Renseignement, prévoyant de renforcer les données liées aux connexions internet : l’idée majeure est d’installer des boîtes noires chez les fournisseurs d’accès internet contrôlant et vérifiant tous les transits de données. L’argument est de les équiper d’algorithmes destinés à déceler des comportements proches d’éventuels terroristes, et de contrôler les personnes en contact avec les personnes déjà suspectées. De plus, la conservation des données est étendue de un à cinq ans et tous les opérateurs devront fournir les éléments permettant le déchiffrement des données. Le quotidien   Le Monde précise : « La France n’est pas seule à se pencher sur la question du chiffrement : le sujet est aussi à l’origine d’un bras de fer entre le FBI, Apple et Google. (…) Le premier ministre britannique, David Cameron, a quant à lui menacé ces derniers mois de rendre illégaux les systèmes de chiffrement dont les créateurs n’auront pas fourni les « clefs » aux autorités. »

Enfin, le 9 avril, les principaux hébergeurs de sites internet réagissent en lançant un signal d’alerte dans un communiqué adressé au Premier Ministre. Outre dresser un tableau noir des conséquences économiques qu’aurait l’adoption d’une telle loi (perte de plusieurs milliers d’emplois et déménagement vers l’étranger de toutes leurs plateformes), ils s’opposent à la « captation en temps réel des données de connexion » par les boîtes noires aux  contours flous, et déclarent :   « [40% de clients étrangers] viennent parce qu’il n’y a pas de Patriot Act en France, que la protection des données des entreprises et des personnes est considérée comme importante. Si cela n’est plus le cas demain en raison de ces fameuses « boîtes noires », il leur faudra entre 10 minutes et quelques jours pour quitter leur hébergeur français. » (…)   «   En effet, nous ne sommes pas les États-Unis, nous n’avons pas de NSA, dont les activités de surveillance opaques ont poussé nombre d’entreprises et de particuliers du monde entier à devenir clients de la France : une démocratie plus transparente et respectueuse des droits de ses citoyens. »

Ainsi pourraient se dessiner les contours d’un nouveau monde, bien étrange, un monde dans lequel de grosses entreprises viennent au secours de nos libertés en nous protégeant du pouvoir politique.


- Source : Michel Segal