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vendredi, 11 février 2022

Günter Maschke (1943 - 2022): hommages de ses amis !

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Günter Maschke (1943 - 2022): hommages de ses amis !

Témoignages de Peter Weiss, Michael Klonovsky, Martin Mosebach, Thor von Waldstein, Frank Böckelmann

Günter Maschke, né en 1943 à Erfurt, a grandi à Trèves. Il a été l'un des protagonistes de la révolte étudiante allemande des années 1960, principalement à Vienne, où il a organisé l'opposition extraparlementaire à partir de 1967. En 1967-69, il a obtenu l'asile politique à Cuba, puis a été arrêté et expulsé pour activité contre-révolutionnaire en raison de son parti pris pour Heberto Padilla.

Depuis, cet érudit sans chaire a travaillé pendant de longues années pour la rubrique "Feuilleton" du Frankfurter Allgemeine Zeitung, en tant qu'écrivain indépendant, essayiste et traducteur. Maschke, qui a "détourné sa libido de Fidel Castro vers Carl Schmitt", le "seul renégat de la génération 68" (Jürgen Habermas), est un écrivain brillant et est toujours resté attaché à la relation entre le mot et l'acte révolutionnaire ou contre-révolutionnaire. Outre Carl Schmitt, il s'intéressait particulièrement à Leo Kofler, Ernst Bloch, Donoso Cortés et Joseph de Maistre et a largement contribué au programme de la maison d'édition Karolinger.

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Peter Weiss, à droite, avec le spécialiste suisse des questions militaires, Jean-Jacques Langendorf.

Peter Weiß, KAROLINGER Verlag

Nous nous étions rencontrés en 1982. Le contact avec Jean-Jacques et Cornelia Langendorf à la Foire du livre de Francfort a été rapidement suivi d'une visite à Vienne, en compagnie de son épouse Sigrid, où nous avons jeté les bases d'une longue amitié en discutant et en buvant abondamment. Il fut bientôt très impliqué dans la maison d'édition, dont il devint un associé au sens immatériel du terme. Avec Langendorf, il fonda la "Bibliothèque de la réaction", où il édita entre autres de Maistre, Donoso Cortés, Romieu, Constantin Frantz, Lasaulx, traduisit avec le soutien de Martin Mosebach les Escolios Sucesivos de Gómez Dávila et publia ses propres livres Der Tod des Carl Schmitt et Das bewaffnete Wort. Il nous convenait et convenait à la maison d'édition, dans laquelle l'intérêt personnel a toujours prévalu sur les perspectives du marché, ce qui se reflète également dans notre développement économique.

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La fierté de Maschke venait aussi de sa sensibilité, qui lui faisait parfois monter les larmes aux yeux : "On utilise volontiers mes travaux, mais on ne les cite jamais". Il a sacrifié deux fois sa carrière économique à Carl Schmitt : lorsqu'il a publié l'essai de Schmitt sur le Léviathan dans sa propre maison, Edition Maschke, et lorsqu'il rédigea sa nécrologie de Schmitt dans le F.A.Z., où il était un collaborateur libre mais permanent. Quelque temps plus tard, sur notre stand à la foire du livre, l'éditeur Joachim Fest lui avait demandé de collaborer à nouveau au journal. Maschke lui a répondu sèchement : "Je n'y pense pas". Il pouvait aussi être assez drôle. Il avait parfois des relations un peu tendues avec Marcel Reich-Ranicky. Lorsque celui-ci lui reprocha un jour de dire du mal de lui, Maschke répliqua : "Oui, mais seulement dans votre dos !"

Un éminent savant, un caractère difficile et noble, mon bon ami. Fiducit !

Si, moi !

Michael Klonovsky

Günter Maschke a dit un jour de son père adoptif et nourricier, qu'il vénérait beaucoup, qu'il faisait preuve d'un désintérêt quasi monstrueux pour les opinions des autres. Quelle merveilleuse et rare qualité. Elle s'est transmise à son fils, qui était un solitaire, un esprit libre, génial, brillant, d'une méchanceté parfois divine - "Pourquoi ne pas livrer des armes dans des régions en crise ? C'est là qu'on en a besoin !" - et toujours divertissant. A l'époque de la soi-disant décision à prendre popur savoir quelle allait être la capitale (de la RFA réunifiée, ndt), Maschke s'est retrouvé dans un sondage de rue organisé par quelque chaîne de télévision, et les reporters lui ont demandé s'il souhaitait Berlin ou Bonn comme capitale allemande.
"Je suis pour Vienne !", déclara Maschke.
Personne ne parle de Vienne, lui répondit-on.
"Si, moi !"

Ce "Si, moi !" est devenu pour moi une tournure répétée en permanence, un runnig gag, une confession en deux mots.

Je me la rappellerai toute ma vie.

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MASCHKINO

Martin Mosebach

Cet ennemi juré de la démocratie était l'homme le plus démocratique que j'aie jamais vu - cela impliquait de considérer tous ceux qu'il rencontrait comme des égaux dont la conscience devait absolument être guidée vers la vérité - la vestibulaire serbe de la bibliothèque universitaire , avec laquelle il réorganisait les Balkans, ou le chauffeur de taxi afghan qu'il informait sur le "Great game" des années 1900, la femme de ménage indienne à qui il baisait la main. Lorsque l'on se promenait avec lui dans la ville ou que l'on s'asseyait dans un café, on pouvait imaginer l'action de Socrate : comme le philosophe, il abordait simplement toutes sortes de personnes et les engageait dans une conversation. Lui qui avait appris très précisément, en théorie et en pratique, ce qu'est la "tolérance répressive", croyait profondément à la liberté de la discussion générale et ne comprenait jamais qu'il en soit exclu. En même temps, son tempérament impétueux pouvait aussi conquérir des ennemis - ennemi était d'ailleurs un titre honorifique à ses yeux - mon beau-frère danois, social-démocrate fidèle à la ligne, a déclaré après une soirée avec Maschke : "Je n'ai jamais vu un homme avec des opinions aussi terribles qui m'ait été aussi exceptionnellement sympathique".

Il a été un stimulateur et un rassembleur ; je lui dois le lien avec la maison d'édition Karolinger qui m'a conduit à découvrir Gómez Dávila et a encouragé la publication de mes essais liturgiques - les deux impulsions maschkiennes ont eu la plus grande influence sur ma vie. J'ai vu le bohémien effréné se transformer, après son mariage, en un travailleur universitaire acharné, creusant des dizaines de milliers de pages - ses éditions de Donoso Cortès et de Carl Schmitt, abondamment annotées, lui auraient ouvert la voie de l'université, lui l'érudit sans chaire se tenant à une large distance de sécurité du monde académique, ce qui n'était évidemment pas envisageable : "J'aurais dû prêter serment à la Constitution !". Face à la figure paternelle de Carl Schmitt, il préservait une totale liberté : "Il n'était pas à la hauteur de son génie" et "Après avoir lu chaque ligne de Schmitt, je ne pourrais plus dire, avec la meilleure volonté du monde, ce que cet homme pensait", tel était son résumé dans les dernières années. Vers la fin de sa vie, il est devenu d'une douceur et d'une souplesse suspectes et s'est réconcilié avec de nombreux ennemis - c'était façon d'exprimer de la piété. Je ne reverrai plus jamais quelqu'un comme lui.

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GÜNTER MASCHKE

Thor von Waldstein

Günter Maschke était un esprit libre. Il se distinguait par tout ce qui manque le plus à l'intellectualisme réellement existant et au climat "spirituel" que cet intellectualisme a préparé durant la deuxième République allemande : l'indépendance intérieure, la sagesse, le sens de la réalité, le courage et la capacité de penser jusqu'au bout des choses, même lorsque le juste milieu dominant se sent obligé s'affaisser les zygomatiques ou même lorsque des "applaudissements du mauvais côté (du spectre politique, ndt)" menacent. Il n'a pas seulement méprisé les beati possidentes du status quo, qui aiment prendre un bain tiède d'atlantisme et qui adorent les rapports de force déterminés par l'étranger dans la Grande Allemagne de l'Ouest, il les a sincèrement détestés. Oui, il pouvait haïr comme seul est capable de le faire celui qui n'a pas encore éteint dans son cœur l'amour d'une autre Allemagne, une Allemagne de Hölderlin couronnée de fleurs, avec des enfants qui rient et sans les ravages de la rééducation. Derrière la façade de son grandiose esprit de publiciste, le connaisseur de la nature humaine pouvait découvrir le visage d'un homme qui souffrait comme un chien des tristes conditions de sa patrie, mais aussi, plus globalement, de la "machine à broyer et à émietter le monde moderne" (Maschke dixit).

Si les poètes sont, comme l'a dit Gottfried Benn, admiré par Maschke, dans son éloge funèbre de Klabund, "les larmes de la nation", alors Günter Maschke était un écrivain qui a su, comme peu d'autres, mettre le doigt sur la confusion politique déplorable qui règne chez les Allemands. Si les Allemands devaient tout de même trouver la force de mettre fin à leurs vacances hors de l'histoire pour réapparaître en tant que pion indépendant sur l'échiquier de la politique, ils ne pourront pas se passer du bagage intellectuel marqué par la personnalité de Maschke.

Pour ma part, je perds avec Günter Maschke un ami attachant, au charme duquel il était difficile de résister lors de ses conversations au long cours à travers l'histoire intellectuelle européenne. Pas un seul nuage n'est venu assombrir notre amitié de plus de 36 ans, marquée par une confiance mutuelle. Marcel Proust dit que tous les paradis sont des paradis perdus, et pourtant la mort de Günter Maschke ne m'ôtera pas le souvenir des rayons de soleil de son amitié. Je n'oublierai pas la finesse de son caractère et la noblesse de son attitude. Continuer à travailler dans son esprit pour l'avenir de notre patrie européenne meurtrie reste pour moi un devoir.

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À LA MORT DE GÜNTER MASCHKE

Frank Böckelmann, TUMULT

Lorsque j'ai appris il y a quelques heures que l'ami Maschke était décédé, j'en ai été abasourdi - au sens littéral du terme. Car Maschkino - c'est le nom qu'il signait dans ses lettres - avait l'habitude d'annoncer depuis longtemps son effondrement prochain et souvent aussi la fin de sa vie, régulièrement dans des conversations et des messages après la mort de sa femme Sigrid en 2014. J'étais donc habitué à ce qu'il ne meure pas finalement. Ces derniers temps, il y avait même de plus en plus d'appels à l'aide ("Sinon, je vais TRÈS mal - sur plusieurs fronts, et tu devrais être un peu plus gentil avec moi"), ainsi que des expressions de confiance lors de la rédaction de son livre sur Carl Schmitt. Et maintenant, il serait vraiment mort ?

Il n'y a aucun doute à ce sujet, même si cela me semble irréel. Günter Maschke a passé sa vie dans l'enthousiasme et le désespoir créatifs et intellectuels. Il n'avait aucune distance par rapport à ceux qui croisaient son chemin et aux objets de sa passion - Carl Schmitt, le droit international, le droit de la guerre comme droit de l'homme, la "Constitution que nous n'avons pas", la misère allemande universelle, le monde hispano-américain. C'est pourquoi il était aimé, même par ses adversaires, du moins, je le suppose. Il partageait avec enthousiasme mon point de vue selon lequel le terme "conservateur" était devenu sans objet, donc insignifiant. Pour caractériser la situation, il ne reculait devant aucune condamnation, pour mettre en avant ses propres mérites dans la querelle des thèses, devant aucune auto-humiliation et auto-glorification. C'est pourquoi c'était une torture - pardon, Maschkino! - d'être exposé à tes monologues. Et pourtant, tu les évoquais sans cesse. Malheur à celui qui, en ta présence, laissait briller une lueur d'espoir stratégique dans l'évaluation des rapports de force politiques ! Il était impitoyablement taxé d'inconscience et de soumission.

C'est ainsi que le cercle de Maschke à Francfort accueillait de préférence les oiseaux de mauvais augure. Dans son appartement de Rödelheim, on assistait régulièrement - par exemple les jours où se déroulait la foire du livre - à un concours de surenchère de la part de ceux qui étaient, avec ardeur, des désespérés. Ce penchant pour la rigueur a toujours eu une note existentielle chez Maschke. J'ai fait sa connaissance en 1964 lors d'un méfait de notre action subversive à l'occasion du congrès catholique allemand à Stuttgart (et par son intermédiaire, j'ai connu la famille Ensslin). La nuit, en marchant à côté de moi sur le lieu du délit, il ne discutait pas du tout de méthodes, mais me demandait des titres de livres - si je connaissais tel ou tel auteur et ce que je pensais de ses théories. La suite est connue et sera désormais racontée à nouveau chez les amis et les ennemis : Tübingen, Ernst Bloch, sa désertion de l'armée, Vienne, Cuba, Heberto Padilla, la prison, l'abandon de la gauche, Carl Schmitt, le Frankfurter Allgemeine Zeitung, "Die Verschwörung der Flakhelfer" et autres farces grandioses où il expulsait les esprits du temps (toutes ont été publiées chez KAROLINGER), les retraites éditoriales, les histoires de femmes tragiques, l'activité de professeur à l'école navale péruvienne (avec le pistolet à la ceinture), alliance avec d'autres grands dans l'Olympe de Carl Schmitt et combat final contre les caprices du diabète ("Général Zucker").

Ce que je voulais dire : Machkino, tu es toujours resté un enfant qui a fait preuve d'intrépidité intellectuelle et politique pour conquérir l'affection qui te revenait. Tu ne connaissais que deux sujets : la grande situation et toi-même. Tu étais insupportable dans tout ce que tu faisais. Pour résister au désespoir, il n'y avait pour toi que la voie de la connaissance sans compromis. Je t'aime.     

MASCHKE

Lorenz Jäger, FAZ

Que n'a-t-il pas été : déserteur et théoricien de la guerre, d'abord à gauche puis à droite, le tout avec des élans assez violents ; athlétique (il avait joué au football) et en même temps intellectuel d'une subtilité extrême. Pour un homme de droite, ses diatribes contre les "chers Allemands" étaient difficilement supportables, pour un homme de gauche, son sarcasme envers toutes les utopies.  Peut-être que ce qui frappait d'abord chez lui, même les étrangers, c'était sa stature. Dans les deux sens du terme : de grande taille ; quand il le voulait, sa voix pouvait être tonitruante. Impressionnante aussi sa stature intellectuelle et, finalement, personnelle : celle d'un homme de lettres qui, dans les années 1970, a lancé des réimpressions de classiques oubliés de la gauche non communiste, qui, à l'époque, a développé dans ce journal (= FAZ) l'histoire des idées politiques au plus haut niveau et à qui l'on doit plus tard d'excellentes éditions de penseurs réactionnaires : Carl Schmitt et Donoso Cortés. Sa nécrologie de Carl Schmitt, à laquelle Dolf Sternberger s'était violemment opposé, a brisé sa carrière dans notre journal.

Günter Maschke est né le 15 janvier 1943, le mois de Stalingrad. Adopté, il grandit à Trèves, dans la zone d'occupation française. Toute sa vie, la littérature française et la pensée politique française sont pour lui la référence. Les extrêmes le touchent. Il devient membre de l'"Union allemande pour la paix", une organisation pacifiste (en réalité infiltrée par les communistes), puis se tourne avec un instinct sûr vers l'original et adhère au KPD illégal. Il écrit des poèmes, le recueil Sorgen um Kaspar est annoncé aux éditions de Gudrun Ensslin (dont il épouse la sœur) et de Bernward Vesper.  Il est ironique que Maschke, qui commentera plus tard le classique de Clausewitz Vom Kriege, se soustraie au service militaire. Après son activité au sein du groupe Subversive Aktion, auquel appartenait également son ami de toujours Frank Böckelmann, il a déserté, mais pas par pacifisme de principe. Son sens des rapports de force était déjà si prononcé à l'époque que Rudi Dutschke l'avait surnommé "Maschkiavelli". Sa fuite l'a conduit à Vienne, où il avait un cercle de soutien intellectuel de gauche, dont faisait partie le philosophe Günther Anders. Lorsque le gouvernement autrichien a voulu l'extrader, les Cubains lui ont accordé l'asile. Il vécut un certain temps sur l'île socialiste et se maria une seconde fois, avec une Afro-Cubaine dont la vision pragmatique des choses l'aida à se désillusionner face aux absurdités du stalinisme tropical. Il fit la connaissance du poète et dissident Heberto Padilla, dont il traduisit plus tard l'œuvre en allemand.  Cette amitié ne passa pas inaperçue aux yeux du régime castriste, qui le fit rapidement arrêter et expulser. De retour en Allemagne, il dut purger une peine de prison prononcée pour désertion.

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Ce sont des écrits sur la guerre qu'il a publiés et commentés : On lui doit une excellente édition, malheureusement épuisée, de L'art de la guerre de Sun Tsu. En tant que professeur invité, il a enseigné à l'école de la marine péruvienne à La Punta dans le cadre de ce que l'on appelle la "contre-insurrection", la stratégie antipartisane. L'un de ses meilleurs essais remonte à cette époque.  Maschke a magistralement analysé la guérilla maoïste du "Sentier lumineux", le groupe terroriste le plus cruel et le plus efficace en dehors de l'espace islamique. Son histoire se révèle être celle d'une expansion du système éducatif (péruvien) qui fut ratée car imposée de manière technocratique et centralisée dans l'une des régions les plus sous-développées du pays, qui a dérapé et a débouché sur la superstition du pouvoir presque magique qu'aurait une doctrine (cf. Das bewaffnete Wort).

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Parmi les réalisations scientifiques de Maschke figurent les éditions de deux éminents penseurs de la droite: Juan Donoso Cortés, dont il a publié les "Essais sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme", et Carl Schmitt, dont il a dirigé les essais sur le droit international - "Paix ou pacifisme" (Berlin 2005). Mais Maschke, devenu ultra-réactionnaire, a lui aussi mis en mouvement des écrits qui semblaient figés. Non pas qu'il s'agisse principalement de problèmes de différentes versions et de réécritures. Dans le cas de Maschke, le mouvement s'est plutôt produit dans le commentaire. Le processus par lequel les pensées de Donoso et de Schmitt se sont formées et ont été reprises ou contestées par les contemporains est alors devenu clair. L'éditeur Mashke ne laissait aucune thèse de ses dieux domestiques passer la barrière sans être vérifiée. Et soudain, ce n'était pas seulement tel ou tel texte qui devenait plausible (parfois, à la fin, il perdait aussi de sa plausibilité dans le processus de commentaire), mais un massif de pensées collectives apparaissait, avec tous les sommets, les fissures et les abîmes imaginables ; d'une simple surface de texte, quelque chose de tridimensionnel et de plastique apparaissait.

Aujourd'hui encore, on lit un travail de Maschke qui s'était attaqué au récit central et identitaire de l'intelligentsia de la République fédérale. L'essai "Verschwörung der Flakhelfer" (= Conspiration des auxiliaires de la défense anti-aérienne) commençait en 1985 par un coup de tonnerre : "La République fédérale, mi-cour industrielle ordonnée, mi-zone de loisirs avec corbeille à papier régulièrement vidée, cette terre résiduelle large comme une serviette de toilette, dont les habitants sont avides d'inoffensivité, est en même temps le pays dans lequel chacun peut devenir l'ennemi constitutionnel de l'autre". Là où Jürgen Habermas ou encore Heinz Bude veulent reconnaître dans la génération née vers 1928 la première cohorte stable de démocrates, Maschke parle désormais d'un "homoncule antifasciste": le prétendu "citoyen responsable" vit dans un "entrelacement de recherche de plaisir et de contrition". La distanciation fondamentale avec le système politique de sa patrie, qui le motivait lorsqu'il était jeune (et gauchiste musclé, ndt), est donc demeurée quasi intacte.

On s'incline devant un intellectuel authentique. Certes : de la droite. Mais pas un droitier. Même la cause à laquelle il s'est consacré (il y en a eu plusieurs au cours de sa vie), il pouvait parfois la considérer avec distance et avec un esprit abyssal. Il renonça avec résignation à l'achèvement d'un grand traité de droit international lorsqu'il sentit ses forces décliner. Son dernier projet devrait consister en une petite collection de malentendus qui se sont formés autour de Carl Schmitt, que ce dernier les ait provoqués lui-même ou que d'autres les lui aient attribués par manque de discernement. Il faudrait espérer qu'une partie du matériel soit publiable. Günter Maschke est décédé au début de cette semaine à Francfort.

Note:

Cette extraordinaire photo, que nous devons à Michael Klonovsky, a été prise dans le bureau de Maschke. Elle m'interpelle tout particulièrement car, lorsque je me rendais chez lui, à l'occasion des foires du livre de Francfort, c'est exactement là, à l'emplacement où nous voyons une vieille et archaïque machine à écrire, que Sigrid, son épouse, me dressait un lit de camp. J'ai donc dormi moults nuits dans le saint des saints de l'univers maschkien ! (Robert Steuckers). 

samedi, 07 juin 2014

Der Jargon der Demokratie

Der Jargon der Demokratie

Ein Gespräch mit Frank Böckelmann

Ex: http://www.sezession.de

Die Bestenliste der deutschen Buchhandelsvereinigung führt Frank Böckelmanns Buch Jargon der Weltoffenheit derzeit auf Platz 4 (hier bestellen [2]). Böckelmann, Herausgeber der Zeitschrift Tumult, warnt darin vor der auszehrenden Monotonie des westlichen Diskurses. Das nachfolgende Gespräch, das Ellen Kositza und Götz Kubitschek mit Böckelmann führten, ist in der soeben erschienenen, 60. Ausgabe der [3]Sezession [3] in gekürzter Fassung abgedruckt.

a8dabb3eed.jpgSEZESSION: Herr Böckelmann, hat die Demokratie als Regierungsform eine eigene Sprache ausgebildet?

BÖCKELMANN: Die repräsentative Demokratie hat sich ihre eigene selektive Sprachregelung zugelegt. Bestimmte Formeln sind willkommen, vor allem jene, die großzügig klingen, bestimmte Ausdrücke sind verpönt, vor allem solche, die Festlegung vermuten lassen. Das ist eine eigene Sprachregelung im wörtlichen Sinn: Die Demokratie will immerzu von sich selbst sprechen. Sie beschwört sich selbst. Nicht nur Politiker, Lehrer und Journalisten, alle Bürger werden dazu angehalten, ja zur Demokratie zu sagen (obwohl doch niemand nein sagt), und dabei sofort das stärkste Geschütz aufzufahren, den Vergleich mit der Diktatur. Dieses ständige Mobilisieren und Vergleichen gehört zum Wesen der Demokratie. Sie präsentiert sich nämlich als Daueraufgabe, einerseits als Errungenschaft, die gefährdet ist und verteidigt werden muß, andererseits als Fernziel, dem wir uns in Sisyphusarbeit zu nähern haben. Gut demokratisch ist nur die unaufhörliche Demokratisierung. Als die besten Demokraten gelten diejenigen, die Legitimationsdefizite geißeln, die Korruptheit des Führungspersonals entlarven und Verstöße gegen Bürgerrechte aufdecken.

Es ist also durchaus korrekt, abfällig von „unserer sogenannten Demokratie“ zu sprechen oder in Berlin und Brüssel gar eine „Postdemokratie“ zu erkennen. Letzte Warnung, gelbe Karte. Doch nicht der Schatten eines Zweifels darf die Gewißheit trüben, daß die Kombination von nomineller Volkssouveränität, Mehrheitsprinzip, geregeltem Regierungswechsel und bemühter Rechtsstaatlichkeit eine historisch unüberbietbare Daseinsordnung darstellt. Auch wenn klar ist, daß die „Herrschaft des Volkes“ eine Utopie bleiben wird.

Das Demokratie-Projekt gesteht bereitwillig Mängel und Verfehlungen ein. Auf diese Weise geraten seine Geburtsfehler und seine bleibenden Übel aus dem Blickfeld.

SEZESSION: Über diese Geburtsfehler und bleibenden Übel der Demokratie würden wir gerne ein bißchen mehr erfahren …

BÖCKELMANN:  Vor gut einhundertachtzig Jahren hat der französische Staatsdiener Alexis de Tocqueville die Vereinigten Staaten bereist. Er wollte die segensreichen Folgen des „Verlangens nach Gleichheit“ kennenlernen und mit ihnen seine reaktionären Landsleute bekehren. Es war eine Reise in die Ernüchterung. Sein zweibändiges Werk De la démocratie en Amérique (1835 und 1840) verblüfft den heutigen Leser aufs höchste: Das sollen Beobachtungen vor hundertachtzig Jahren gewesen sein? Sie erscheinen wie neueste Befunde, manche wie Wahrnehmungen eines kalten postmodernen Blicks. De Tocqueville erlebt ein „Schauspiel universeller Einförmigkeit“ und ahnt, daß „die Art der Unterdrückung, die den demokratischen Völkern droht, mit nichts, was ihr in der Welt vorausging, zu vergleichen sein“ wird.

De Tocquevilles Fazit: In Amerika fehle das „gemeinsame Interesse“. An dessen Stelle trete die Gleichförmigkeit als Gebot der öffentlichen Meinung. Je weiter sie fortschreite, desto anstößiger erschienen „die kleinste Verschiedenheit“ und „die geringsten Vorrechte“. Die „öffentliche Gunst“ werde dann „ebenso nötig wie die Luft, die man atmet“. Schlimmer noch, alle Parteiungen verwandelten ihre Gesinnung in Taktik und passten sie laufend dem Lockruf der Mehrheitsfähigkeit an. Auf diese Weise falle auch und insbesondere die Mehrheitsmeinung der „Tyrannei der Mehrheit über das Denken“ zum Opfer. Der Konformismus nähre sich am Freiheitsgefühl. Eine unpersönliche „Vormundschaftsgewalt“ bedecke „die Oberfläche der Gesellschaft mit einem Netz kleiner, verwickelter, enger und einheitlicher Regeln“ – fast glauben wir, Michel Foucault zu lesen.

SEZESSION: Wir müssen hier wohl zwei Ebenen auseinanderhalten. Der Niveauverlust durch die Tyrannei der Mehrheit ist das eine. Das andere ist das gute Recht jeder Regierungsform, den eigenen Bestand zu sichern und zu verteidigen. Interessant an der Demokratie ist in diesem Zusammenhang doch vor allem, daß sie den Abweichlern sozusagen als „unsichtbarer Gegner“ entgegentritt – oder eben gerade nicht „tritt“, sondern in Form einer permanenten Selbstkontrolle „anwest“.

BÖCKELMANN: Die stürmische Einforderung des Rechts auf Meinungsfreiheit hat eine Kehrseite.  Gewiß, die Demokratie schüttelt den Absolutismus ab. Kämpfer für Freiheit und Gleichheit bieten Alleinherrschern die Stirn. Aber sobald die Meinungsfreiheit sich verabsolutiert und zur Doktrin wird, dient sie als Alibi für Willkür. Politische und wirtschaftliche Interessengruppen wetteifern darin, der Mehrheit  von heute und der mutmaßlichen Mehrheit von morgen gefällig zu sein – im Namen der Meinungsfreiheit. In allen bürgerlichen Milieus herrscht der „Höflingsgeist der großen Menge“. Die gewählten Machthaber bestimmen, von wem und wovon sie die Demokratie bedroht sehen. Mit Vorliebe entlarven sie ihre Rivalen als Freiheitsfeinde, somit als absolute Feinde. Wer möchte schon in Verdacht geraten, einer dieser Feinde zu sein? Die meisten Abweichler geben klein bei und machen ihre Gedanken verträglich. Sonst würde ihnen als vorgeführten Menschenfeinden ein Leben drohen, das „schlimmer als der Tod“ ist. Auch davon berichtet Alexis de Tocqueville:  „Der Machthaber sagt hier (zum Schriftsteller) nicht mehr: ‚Du denkst wie ich, oder du stirbst‘. Er sagt: ‚Du hast die Freiheit, nicht zu denken wie ich; Leben, Vermögen und alles bleibt dir erhalten; aber von dem Tag an bist du ein Fremder unter uns.“

SEZESSION: Dies bedeutet mit anderen Worten doch nichts anderes, als dem Abweichler die Zurechnungsfähigkeit abzusprechen, oder besser so etwas wie die guten Umgangsformen, aber eben auf der Ebene des Meinbaren: Wer wirklich ein Demokrat ist, ahnt, wo die Abweichung begänne. Wer es nicht ahnt und sich nicht selbst kontrolliert, muß zurechtgewiesen werden, aber man hat doch mittlerweile den Eindruck, daß es nicht mehr um Erziehung, sondern um Verstoßung gehe.

BÖCKELMANN: Das ist Verstoßung, öffentlicher Rufmord. Aber nicht mehr aus Gründen tief eingewurzelter Gesinnung – so wie einst der Katholik den Hugenotten totschlug –, sondern im Eifer der Reaktionsbildung. Man wütet gegen die Ahnung, die Orientierung verloren zu haben. Die Selbstgerechten vollziehen ein hypermoralisches Ausschlußritual. Sie bauen einen Popanz auf, der an das Böse von früher erinnert, und dreschen auf ihn ein. Großes Entrüstungstheater ersetzt Gesinnung und Haltung.

boeckelmann_sw_klein.jpgWas de Tocqueville 1830/40 mit angewiderter Faszination betrachtet, ist die Demokratie als Herrschaftsform des kämpfenden Bürgertums. Dieses Bürgertum triumphiert über das Feudalsystem und verteidigt seine Hegemonie gegenüber den Ansprüchen der nachdrängenden unteren Klassen. Es gibt ein Grundmuster demokratischer Rhetorik, Konsenshörigkeit und Vormundschaft, das gleichgeblieben ist bis auf den heutigen Tag. Dennoch – auch ein de Tocqueville konnte nicht ahnen, wohin die Standardisierung der öffentlichen Sprache und Weltanschauung in der spät- und nachbürgerlichen Ära führen würde. Im 19. Jahrhundert konkurrierten noch die Ordnungsideen des Liberalismus, des Konservatismus und des Sozialismus. Noch wurde ein Gemeinwille des Volkes und seiner Repräsentanten beschworen. Heute klingt schon die Übersetzung von demos verdächtig.

SEZESSION: Ja, das Volk! Teilen Sie die Überzeugung, daß seine schiere Masse und seine mittlerweile mit Händen zu greifende Heterogenität die Meinungsfindung mittels Dialog und Differenzierung verzerrt hat in eine Meinungs-PR mittels Parole und Emotion? Oder war die demokratische Meinungsbildung schon immer eine Sache der Wenigen, also ein sprachliche Elitenangelegenheit?

BÖCKELMANN: Die öffentliche Meinung war und ist vor allem der Tummelplatz einflußreicher Kräfte, die wortgewandte Sprecher gewähren lassen – heute ist daraus allerdings eine Insider-Farce geworden. Demokratisch waren die Demokratien noch nie. Elitäre Volksvertreter vertraten ihresgleichen. Und nannten es Volk. Aber wenn ich so rede, übe ich eben jene stimulierende Kritik, auf die das Repräsentativsystem aus Gründen der Selbstrechtfertigung so scharf ist. Dürfen heute nicht alle mitmachen? Rührt euch , tretet bei, beteiligt euch, nehmt Einfluß!

Doch der Wirbel um das Fetischwort „Demokratie“ kaschiert heute einen weit größeren Mangel als den an Legitimation. Wo steckt er denn, der Souverän? Bei Wahlen bewähren sich die „Berechtigten“ wie ein Publikum, das probeweise abstimmt und zeigt, wie man politische Verantwortung trägt. Ebenso bei Umfragen. Eine große Menge von Vereinzelten wird zu einer nachdrücklich empfohlenen Übung einberufen. Konsenswähler oder Protestwähler, man unterzieht sich der Prüfung und genießt den Lernerfolg: die verschiedenen Angebote zugeordnet und eines von ihnen angenommen zu haben. Nach der Befragung läuft das Wahlvolk auseinander. Für andere Bekundungen fehlen ihm die Worte und die Ermächtigung. Die entscheidenden Weichenstellungen – Westbindung, EU, Grenzen der EU, Euro, Finanzmärkte, Zuwanderung – stehen sowieso nicht zur Wahl.

Doch das beklage ich nicht. Denn die vollendete Demokratie wäre die vollendete Schreckensherrschaft.

Was eint das Wahlvolk? Ständig wird dem Publikum vor Augen geführt, wie schäbig es sei, sich irgendwie ein- und auszugrenzen, leibhaftig, sprachlich, in kollektiver Erinnerung, territorial, charakterlich. Wie rassistisch es doch sei, noch Volk sein zu wollen. Aber ist denn eine Ansammlung Vereinzelter in der Lage, einen Gemeinwillen auszubilden und Mandatsträgern und Institutionen Aufträge zu erteilen? Und dann auch noch gemeinsam die Konsequenzen zu tragen?Zusammenkommen und abordnen können nur Landsleute, die wissen, daß sie etwas Besonderes, etwas Eigentümliches sind.

Man kann einwenden, „das Volk“ sei immer nur ein Konstrukt des Wunschs nach Gemeinsamkeit zwischen sehr Verschiedenen gewesen. Aber dann blendet man die Entwicklung von der frühen Demokratie zur Massendemokratie aus. Bis tief ins 20. Jahrhundert hinein wurzelt die Willensbildung nicht im Problemverständnis von Individuen, sondern in der gemeinsamen Erfahrung von Angehörigen. Sie festigt sich unter Verwandten, Nachbarn, Ansässigen, Nachkommen, Schicksalsgenossen, Kollegen, Kameraden, Überlebenden, Gläubigen, Anrainern, Biederen und Abweichlern. Unabhängig davon, ob sie in Parteien und Parlamenten vertreten waren. Zur Herausbildung eines eigenen Willens bedurfte und bedarf es der Anderen. Der politische Wille bahnt sich an im Geflecht von Erinnerungen und Erwartungen in einer gemeinsamen Nahwelt. Momentpersönlichkeiten finden zu keiner gemeinsamen Haltung.

Da liegt der demokratische Hund begraben. Aus den Nahwelten sind Transiträume geworden. Kleinfamilien und Singles orientieren sich an digitalen Beachtungsbörsen. Zu denen gehört auch das tägliche Politspektakel. Rapide schwindet der Rückhalt für gegenseitige Anerkennung nach regional- und klassenspezifischem Gemeinsinn. An die Stelle der ortsgebundenen Autoritäten und Einrichtungen treten die Experten, Berater, Charismatiker und Gurus der globalen Populärkultur. Die Einzelnen beziehen ihre Urteile nebenbei aus dem hastigen Schlagabtausch von Parolen in geschlossenen Kreisläufen. Das hergebrachte Milieu war der Humus von Willensbildung. Das soziale Netzwerk ist diskursive Endstation, Party, Palaver. In öffentlichen Debatten pflegt man heute den „Jargon der Weltoffenheit“ – ich habe mich ausgiebig mit ihm befaßt.

SEZESSION: Jene Parolen, die sich beispielsweise in gebräuchlichen Schlagworten wie „Emanzipation”, „Selbstbestimmung”, „Toleranz”, „Vielfalt” manifestieren oder – auf Alltagsniveau abgesenkt – zum „locker bleiben”, „sich ausprobieren” mahnen: Jener Weltoffenheitsjargon ist doch ein genuin linker Diskursstil. Oder doch nicht? Täuscht der Eindruck, und all jene Universalmaximen sind (durch die Stimme derer, die sie im Munde führen) in Wahrheit von jeder politischen Richtungszuweisung befreit?

BÖCKELMANN:  Ich ersticke jede Gegenrede, wenn ich „Selbstbestimmung“ fordere, oder „Chancengleichheit“ oder „Toleranz“ oder „Vielfalt“ oder „Weltoffenheit“, oder mein Verhalten mit ihnen rechtfertige. Ich werde unangreifbar. Die Berufung auf „Demokratie“ ist ebenfalls unangreifbar, aber sie hat etwas Offiziöses und paßt am besten in Leitartikel und Parlamentsreden. Die Begriffe „Selbstbestimmung“, „Toleranz“ usw. hingegen werden inflationär gebraucht, ohne daß dies ihre Geltung und ihre Wirkung beeinträchtigt.

Was sind das für Postulate? Im Anschluß an Panajotis Kondylis und Peter Furth nenne ich sie die Imperative der Massendemokratie. „Selbstverwirklichung“, „Authentizität“, „Chancengleichheit“, „Pluralismus“ und „Hedonismus“ (= Entgrenzung)  sind die Leitmotive der gleichschaltenden Individualisierung auf den Massenmärkten des 20. Jahrhunderts. Sie verheißen Befreiung und Fortschritt für alle, die ihre traditionellen Bindungen verlieren und die Appartements bevölkern. In den Vereinigten Staaten gaben sie schon in der Zwischenkriegszeit den Ton an, in Westeuropa seit den fünfziger Jahren. Sie klingen irgendwie links und irgendwie marktliberal und irgendwie universell. Vor allem klingen sie selbstverständlich, wie Anforderungen, die völlig außer Streit stehen.

Eben darin besteht ihre Funktion, und diese Funktion können sie nur erfüllen, weil sie jede Bedeutung verloren haben außer der einen: keine Haltung auszuschließen, die nicht ihrerseits andere ausschließt. Sie sind völlig sinnleer, suggerieren aber einen Gehalt. Jeder, der die Leitmotive im Mund führt, gewinnt einen großen strategischen Vorteil: Er präsentiert die Beliebigkeit als entschiedene Position. Das ist geradezu eine Definition des Westens.

Wer will, kann den Jargon von „Selbstbestimmung“, „Vielfalt“, „Weltoffenheit“ usw. auch als linke Sprechweise bezeichnen. Ich halte eine solche Etikettierung für unsinnig und mißverständlich. Besser wäre es, den Jargon als eine Art von Begriffskapital zu verstehen, gegen alles konvertierbar.  

SEZESSION: Sie schreiben, das Logo „links” mit seinen assoziierten Attributen „gleich”, „frei”, „offen” werde heute als Gütesiegel verramscht. Die aktuelle Gefälligkeit dieser Etiketten besiegle den Untergang der Linken. Wer heute dezidiert gegen den Weltoffenheitsjargon, also gegen die Postulate der Gleichheit, der Pädagogisierbarkeit und der Entgrenzung argumentiert, wird als „rechts” gebrandmarkt, falls er sich selbst nicht als Eigenbezeichnung rechts verortet. Sie bezeichnen solchen gegenläufigen, also rechten Aktivismus als „fatalen Irrtum”.  Warum? Etwa aus marketingtechnischen Erwägungen?

BÖCKELMANN: Argumentation ist noch kein Aktivismus. Unter diesem verstehe ich Aktionen um der Aktion willen, „um überhaupt etwas zu tun“, verzweifelte Umsturzversuche unter Mißachtung des Grundsatzes „Erkenne die Lage!“ Niemand kann sich dem „Jargon der Weltoffenheit“ völlig entziehen. Er speichert eine mindestens hundert Jahre lang erbrachte Kompensationsleistung (Selbstverfügbarkeit gegen Tradition). Er gehört zu unserem epochalen Geschick. Auf die eine oder andere Weise spricht ihn jeder von uns. Wer nur auf die Kraft individueller Entscheidung setzt, beansprucht eben „jene Wahlfreiheit, für welche die Demokratie der Chancenträger Reklame macht“ (Jargon der Weltoffenheit, S. 72). Statt dessen müssen wir auf Ereignisse lauern, die uns zeigen, wie sich unser epochales Geschick bereits ändert – siehe das letzte Kapitel meines Buches. Das ist Erkundungsarbeit, die nur der neugierige Einzelne verrichten kann. Nur ein Abenteurer, der imstande ist, sich überraschen zu lassen. Wir können von solchen Erschütterungen und Brüchen berichten – und sie tätig vertiefen.

Ich warne davor, das Gespenst der Linken zu bekämpfen und dieses Gespenst noch aufzublasen, indem man der Linken „die bessergestellten bürgerlichen Schichten“ einschließlich der Superreichen zurechnet (weil sie sich „kulturmarxistisch“ gebärden), sowie alle Großunternehmen, die den Kulturmarxismus und die Political Correctness fördern, und schließlich auch noch die Triebkräfte der kapitalistischen Modernisierung – wie es jüngst Martin Lichtmesz getan hat (Sezession vom April 2014), den ich ansonsten außerordentlich schätze. Dann wäre die Regierung der Vereinigten Staaten links, stünden Microsoft, Google und Amazon links, wären Daimler Benz, Nestlé und Bertelsmann linke Agenturen. Von einer „Linken“ läßt sich sinnvollerweise nur im Hinblick auf sozialrevolutionäre Ziele sprechen, im Hinblick auf die Umwälzung der Produktionsverhältnisse. Das ist ein ganz anderes Thema. Die Nenn-Linken von heute tun sich demonstrativ hervor durch die Besetzung von Häusern, die Verteidigung von Kulturzentren und den Kampf gegen Gentrifizierung und „rassistische“ Polizeikontrollen sowie für das Bleiberecht von Flüchtlingen aus Lampedusa. Aber das ist nichts Besonderes.

SEZESSION: Dies alles zusammengenommen legt welchen Schluß nahe? Die Lage zu akzeptieren und gegen den betonierten Jargon nicht anzurennen, wäre also keine Mimikry, sondern ein vernünftiges sich Dreinschicken in die Machtverhältnisse?

BÖCKELMANN: Darüber entscheidet eben nicht der Einzelne. Wir müssen beides sehen, den im Brustton der Selbstverständlichkeit hergebeteten Schwulst und die Risse im Sprachbeton. Wir hören nicht enden wollende Appelle, uns zu öffnen und dabei ganz wir selbst zu sein. Dieser Jargon bleibt vorerst unanfechtbar, aber die Welterfahrung – wie soll ich sagen? – verdünnt sich. Im Verständigungsbetrieb verblassen die Dinge. Das Einzigartige wird lästig. Zu viel. Wir versuchen, es abzuspeichern und aufzuschieben. Die Ereignisse sortieren wir nach Plus und Minus, Hilfreich und Hinderlich, je nachdem, ob sie unsere Selbstverfügbarkeit steigern. An die Stelle der Außenwelt tritt eine Wahrnehmungs-Buchhaltung. Die hat System, sogar ein ganz spezielles. Der genetische Code des Internets wurde in den Vereinigten Staaten entwickelt – wie schon die Massendemokratie zuvor. Unsere Globalität steht unter der strengen und zugleich anarchischen Aufsicht des Netzwerkimperiums USA.

Und trotzdem ist das, was Sie „Machtverhältnisse“ nennen, die reinste Utopie. Banale Angelegenheiten bereden wir nach Maßgabe utopischer Forderungen. Aber nichts, was geschieht, läßt sich mittels der Hypermoral von „Selbstbestimmung“, „Gleichstellung“, „Toleranz“, „Vielfalt“ und „Weltoffenheit“ erfassen. Ins Programm gepreßt, verschwinden die Gegenstände und die Mitmenschen wie hinter einer Mattscheibe. Die Frage ist, wie das Leiden am Weltverlust Sprache und politische Schlagkraft gewinnt.

SEZESSION: Was ist denn Ihre eigene Antwort? Welchen Sitz im Leben der Bundesdeutschen Demokratie hat eigentlich die von Ihnen verantwortete Zeitschrift Tumult? Sie agiert ja sprachlich auf hohem, teils kryptischem Niveau. Gibt es einen Subtext?

BÖCKELMANN: Der Subtext ist die Suche nach Erkenntnis ohne das Richtmaß utopischer Leerformeln. Ein hartnäckiges intellektuelles Strampeln – die Spontanität spricht nämlich Jargon. Kryptisch? Da müssen Sie langsamer lesen. Tumult hat sich einer nüchternen Welterfahrung verschrieben. Das Organ hat übrigens einen Untertitel: Vierteljahresschrift für Konsensstörung. Bei der Auswahl von Autoren und Beiträgen unterscheiden wir – Horst Ebner in Wien und ich in Dresden – nicht unerbittlich zwischen Passend und Unpassend, denn wir haben die Wahrheit nicht gepachtet. Wir akzeptieren verschiedene Vorgehensweisen, wenn sie versprechen, hypermoralisch angeleitete Erkenntnis aufzubrechen. Und wenn mal wieder ein Professor am Ende seines Artikels der Demokratie Reverenz erweist – sei’s drum.

Utopiefreie Sicht auf Ereignisse macht staunen. Man reibt sich die Augen. Überraschung: Entgegen der Einheitsmeinung in den tonangebenden Medien expandiert die Sympathie mit der russischen Sicht auf die Vorgänge in der Ukraine, das heißt, mit der Alternative eines eurasischen Nichtwestens. Wir wollen nicht in Rußland leben, aber auch nicht mehr in der Pax americana, und zerren am Wattepanzer von Disneyland. Überraschung: Die Entwicklung vielerorts (Indien, Japan, Afghanistan, Brasilien, Mexiko, Südafrika, Nigeria, Syrien, Maghreb) läuft aus dem westlichen Ruder. Überraschung: Im Zeichen von Sauberkeit, Natürlichkeit und Sicherheit durch sanfte erneuerbare Energien verwandeln wir die Landschaft in einen Industriepark, das Gegenteil des Erstrebten. Überraschung: Die Spiele auf den Finanzmärkten finden ohne Subjekte, ohne Drahtzieher und ohne letzte Profiteure statt. Diagnose: letztlich unregulierbar. Überraschung: Künstlich erzeugte und Patchwork-Kinder graben nach ihrer biologischen Herkunft. Überraschung: Die Regulierung der Geschlechtlichkeit nach Gleichheitsmaßen macht der Leidenschaft den Garaus. Überraschung: Der Hunger nach Anwesenheit und Zugehörigkeit schwillt an.

Alles in allem bedeutet dies: Jargon und Jargonwelt beginnen zu erodieren. Diese Erosion zu unterstützen, vielleicht gar, sie zu beschleunigen, ist alles andere als aktionistisch. Es setzt auf Übermächtiges und Unabsehbares. Darauf setzten Revolutionäre, Gläubige und Liebende seit jeher. Kühnheit in Demut.

Böckelmanns Jargon der Weltoffenheit hier bestellen [2].


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[2] hier bestellen: http://antaios.de/buecher-anderer-verlage/aus-dem-aktuellen-prospekt/1468/jargon-der-weltoffenheit

[3] 60. Ausgabe der : http://antaios.de/zeitschrift-sezession/2359/sezession-60-demokratie

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dimanche, 27 avril 2014

Frank Böckelmann

Donnerstag, 8. Mai 2014, 19 Uhr: Buchvorstellung

Sämtliche Veranstaltungen finden in der Bibliothek des Konservatismus, Fasanenstraße 4, 10623 Berlin (Charlottenburg) statt. Anmeldung erforderlich.

Anmeldungen, wenn nicht anders angegeben, bitte per E-Mail an bibliothek(at)fkbf.de oder per Fax an 030-315 17 37 21.

Frank Böckelmann, Dresden:
Jargon der Weltoffenheit -
Was sind unsere Wert noch wert? 

Alle Gewißheiten haben wir verabschiedet – und doch führen wir ständig unanfechtbare Losungen im Mund: „Selbstbestimmung“, „Gleichheit“, „Toleranz“, „Vielfalt“. Frank Böckelmann nennt die gewohnheitsmäßige Wiederholung solcher Leerformeln den „Jargon der Weltoffenheit“. In seinem gleichnamigen Buch untersucht er, was es mit der allgegenwärtigen Schönrede auf sich hat. Haben Politik und Wirtschaft in Westeuropa und Nordamerika den Menschenrechtsdiskurs verinnerlicht? Hat sich in den letzten 40, 50 Jahren die Terminologie der Achtundsechziger durchgesetzt?

Böckelmanns Befund: Dem Jargon der Weltoffenheit huldigen heute alle politischen Lager. Seine Imperative hören sich an, als seien sie sinnerfüllt, aber sie fungieren nur noch als Techniken der Gleichschaltung im Verteilungskampf zwischen Interessengruppen. Ihr ständiger Gebrauch entleert und lähmt die politische Auseinandersetzung. Gibt es eine Rückkehr aus allseitiger „Weltoffenheit“, sprich: aus dem Vakuum?        

Dr. Frank Böckelmann studierte Philosophie und Kommunikationswissenschaft in München und beteiligte sich dort an der Subversiven Aktion mit Dieter Kunzelmann, Rudi Dutschke und Bernd Rabehl. Er ist Mitherausgeber der Schriftenreihe Tumult und Redakteur der Vierteljahreszeitschrift gleichen Namens. Für sein Buch „Die Gelben, die Schwarzen, die Weißen“ erhielt Böckelmann 1999 den Sonderpreis »Das politische Buch« der Friedrich-Ebert-Stiftung.