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lundi, 13 janvier 2020

Les cycles de la Guerre… de Sarajevo à Bagdad

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Les cycles de la Guerre… de Sarajevo à Bagdad

Ex: http://geopolintel.fr

L’histoire se répète, de drames en tragédies, dans une spirale affolante. Le 28 juin 1914 l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche-Este, prince de Hongrie et de Bohême, héritier désigné depuis 1896 du trône de l’empire austro-hongrois, est assassiné à Sarajevo – capitale de la Bosnie-Herzégovine - par le nationaliste serbe Gavrilo Princip, membre de l’organisation secrète de la “Main noire”… et des socio-démocrates [1] révolutionnaires de “Jeune Bosnie”. Autant dire que le dit terroriste appartenait à la même mouvance que les francs-maçons « Jeunes Turcs » perpétrateurs à partir de 1914 des grands massacres génocidaires des populations arméniennes et syriaques… Un mois après la mort de François-Ferdinand, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Suivant un effet domino, par le jeu des alliances, en quelques jours, toute l’Europe va s’embraser. De ce conflit qui met fin aux Empire centraux – Allemagne/Autriche-Hongrie/Turquie – naîtra en 1919 et en Palestine un « Foyer National Juif » précurseur de l’actuel État hébreu qui lui verra le jour sur les cendres et le prodigieux monceau de cadavres de la Seconde guerre mondiale.

Toute raison gardée, nous ne pouvons nous empêcher de constater que l’Affaire Dreyfus, celle du fichage1 des officiers supérieurs français catholiques, le démantèlement du renseignement militaire par un pouvoir tombé aux mains de la franc-maçonnerie sectaire, intervint au moment précis où les forces progressistes et messianiques manœuvraient sur tout le Vieux continent (pensons aux révolutions de 1905 à Constantinople et en Russie sous la conduite du couple Alphand/Trotski) pour renverser ce qui subsistait de l’ordre ancien… La guerre leur fut une aubaine puisque dès fin 1918 la Révolution triomphait en Allemagne, deux jours avant la cessation des hostilités, le 9 novembre 1918, avec la proclamation de la République à Weimar. Dix huit millions d’humains auront ainsi péri pour qu’à l’issue de l’hécatombe naisse l’embryon du kyste étatique désormais bien incrusté au Levant, le ventre toujours fécond d’où pourrait sortir un nouveau conflit tout aussi dévastateur pour la Région et pour un monde plus que jamais divisé entre les thalassocraties de l’Ouest et l’espace continental eurasiatique à l’Est… Parce qu’aujourd’hui la sécurité de l’ex Foyer national devenu l’Israël n’a pas de prix, pas moins que son expansion dans ses frontières vétérotestamentaires, du Nil à l’Euphrate, du tombeau de Nahoum au centre géométrique d’Al-Koch, dernier village catholique du nord de l’Irak et l’un des foyers primitif du christianisme oriental, et au-delà jusqu’au pétrole de Kirkouk dans cette prometteuse néocolonie du Kurdistan irakien. D’ailleurs à partir de cette tête de pont, pourquoi ne pas imaginer que d’un saut de puce, les impériaux israélo-américains n’auraient pas la velléité de faire main-basse sur les méga gisements du Khouzistan2 iranien (l’Arabistan des Anglais) ?

La valse à trois temps des guerres universelles

Aujourd’hui – même si les circonstances et les enjeux ne sont pas identiques tout en présentant de nombreuse analogies, notamment quant aux suites et conséquences possibles - nous pourrions devoir faire face à nouvelle Guerre mondiale déjà bien amorcée en Syrie avec en toile de fond les sempiternelles exigences de l’État hébreu… Une valse à trois temps en quelque sorte ! Et il se pourrait que le compte à rebours ait commencé avec l’assassinat, le vendredi 3 janvier 2020 à Bagdad, par le truchement de drones tueurs, du généralissime iranien, Kassem Soleimani, âgé de soixante-deux ans et chef de la force al-Qods [Jérusalem], le fer de lance des Gardiens de la Révolution, responsable des opérations extérieures depuis 1998 ? À Paris la grande presse édulcore ou atténue le sens de l’événement, préférant parler de « mort au cours d’un raid » comme si Soleimani n’avait pas été visé précisément, personnellement, que tout cela n’ait été qu’un malheureux accident, une bavure ! Ajoutons que les drones ont fait coup double, Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux de la coalition paramilitaire Hachd al-Chaabi l’a accompagné dans le trépas. Cette malheureuse initiative américaine (au regard des conséquences immédiatement prévisibles) intervient après que le 27 décembre 2019, 36 roquettes eurent été tirées contre une base américaine du centre de l’Irak, tuant un sous-traitant. Le 29, les États-Unis ripostaient en frappant cinq positions tenues par les Kataeb Hezbollah, une milice chiite, trois à l’ouest de l’Irak et deux dans l’est de la Syrie, causant la mort de 25 combattants et faisant 51 blessés. Le 31 ces mêmes Kataeb assaillent bruyamment l’ambassade des États-Unis à Bagdad… mais sans aucun mort et sans pénétrer dans les locaux diplomatiques extraterritoriaux. Le président Trump accède aux demandes de ses conseillers et donnent le feu vert pour l’élimination d’un homme, parfait inconnu en Amérique (tant des masses que des médias), mais qui de toute évidence était tout sauf l’homme à abattre tant son prestige dans le monde chiite était immense… Cela concerne l’Iran bien sûr, la Syrie alaouite, l’Irak majoritairement chiite (à 60%), le Liban, Bahreïn, le Yémen, l’Azerbaïdjan et partiellement l’Arabie, la Turquie et le Pakistan.

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Une authentique déclaration d’hostilités

Or, avec cette véritable déclaration de guerre – parce que c’en est une – un seuil décisif dans l’escalade de la tension entre les États-Unis et la République islamique d’Iran, a été franchi… que l’acte pour aussi calculé ait-il été - et apparemment tout aussi insuffisamment réfléchi de la part du président Trump… celui-ci a-t-il été à cette occasion trompé/désinformé quant à la portée symbolique et géopolitique de cette provocation ou bien les décideurs qui l’entourent ont-ils été les premières victimes de leur propre chutzpah, de leur hybris, de leurs ignorances et/ou de leur arrogance ? Non, l’Iran multiséculaire n’est pas un « tigre de papier » – ouvre une potentielle infernale Boîte de Pandore. Que la confrontation, d’une façon ou d’une autre, directe, ou plus vraisemblablement pour l’heure, indirecte, va créer l’irréversible en dépit des efforts de la Russie, de la Chine et Bruxelles pour éteindre l’incendie… autant dire que l’extension du feu à la Région paraît à présent inéluctable. Pas de doute l’Année 2020 commence bien, sur les chapeaux de roue : des roquettes ont recommencé à tomber sur la Zone verte à Bagdad, forteresse ultraprotégée abritant les centres névralgiques de la capitale ainsi que les représentations diplomatiques… et sur des camps américains lesquels comptent encore environ 5200 personnels militaires – outre deux à trois mille contractuels… contractors, entre supplétifs et mercenaires. Sans parler des renforts de plusieurs milliers d’hommes (terme générique) qui arrivent à l’heure actuelle dans les bases américaines du Golfe persique.

Bref, envisageons que cet acte létal, cette opération homo (en langage technique), une véritable frappe de décapitation, pour aussi provocatrice qu’elle soit, procède d’un savant calcul destiné à amener la Mollahcratie, tête basse, à la table des négociations en position de faiblesse ? James Burnham [2], ancien trotskyste et précurseur du néoconservatisme, grand penseur politique de l’immédiat après guerre, n’avait-il pas identifié les nouvelles élites américaines destinées à œuvrer pour la « domination mondiale » à des « machiavéliens » ? Nous gardons également en mémoire que, dans la « Fureur de vivre » [3] James Dean relève un défi insane, à savoir une course mortelle vers le bord d’une falaise à l’arrivée de laquelle le vainqueur est celui qui se jettera le dernier hors de son véhicule juste avant que celui-ci ne bascule dans le vide… Une illustration cinématographique de la théorie mathématique des jeux [4] qui va trouver son application géopolitique ultime dans la doctrine atlantiste de dissuasion nucléaire dite “Mad” ou Destruction mutuelle assurée… “Mad” signifiant en anglais “fou” ! Un modèle praxéologique en réalité établie par l’Allemand Friedrich Hegel dans et par sa “dialectique du maître et de l’esclave [5] ! Resterait à savoir si l’Amérique est encore en position de jouer au « maître » intransigeant partout et toujours ? Or il s’agit de pousser les enchères à l’extrême et que l’actuelle relance de la course aux armements – notamment en ce qui concerne les missiles hypervéloces et les lasers de puissance - entre les ÉUA, la Fédération de Russie et la Chine populaire, n’a pas mis un terme, bien au contraire, à la course à l’abîme… Fermons cette parenthèse !

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Bellicistes Démocrates et État profond

Ce faire plaisir (humilier l’ennemi et l’amener à passer sous les Fourches Caudines) est une chose, surtout en s’adossant à un écrasant différentiel de forces conventionnelles, autre chose est de gérer un conflit asymétrique, une autre encore est de faire face à une guerre dissymétrique, surtout sur la durée… l’Amérique n’est pas encore sortie du bourbier afghan, pas plus qu’elle n’a su et pu conclure en Irak. Nous avons dans ces deux cas la revanche du facteur humain sur la domination de la Machine. La technique et la mécanique ne peuvent pas tout si la dure volonté reste absente. Maintenant il semblerait que l’État profond américain (Département d’État, CIA, Complexe militaro-industriel, les Sept Sœurs, Aipac, Adl…) veulent en finir avec l’Iran rebelle au Nouvel Ordre Mondial et savent que, quel que soit le peu d’appétence de D. Trump pour les conflits outre-mer (n’a-t-il pas promis le désengagement des champs de bataille exotiques ?), celui, embarrassé par une pénible procédure de destitution (empeachment) enclenché par le Parti Démocrate, a besoin des forces vives de Wall Street pour assurer les relais financiers de sa campagne de réélection… l’argent n’est-il pas le nerf de la guerre ? À commencer par la guerre politique et idéologique qui fait rage entre Républicains et Démocrates… Au demeurant les bons démocrates pourraient trouver dans la décision autocratique (sans consultation du Congrès) de la part du président Trump de liquidation du général Soleimani, un autre et consistant motif de destitution.

À noter pour la beauté de la chose que ces mêmes Démocrates poussaient à la roue, lors de la campagne de 2016, afin de durcir à outrance les sanctions à l’égard de l’Iran (ce qu’effectivement a fait D. Trump en sortant de l’accord international de 2015 relatif au contrôle du programme nucléaire iranien, tout en maintenant cependant une voie ouverte pour le dialogue et la négociation directe comme avec Pyongyang [6]), et dans la perspective d’une impitoyable réplique au cas où le 51e État (Israël) se trouverait menacé… Dans cette occurrence, lors de la campagne de 2008, la candidate à la présidence des États-Unis, la Démocrate Hillary Clinton, axait sa politique extérieure sur la destruction [7] de l’Iran – “l’oblitérer” - si en effet celui-ci s’aventurait à franchir certaines lignes rouges relatives au protégé israélien ? « Je veux que les Iraniens sachent que moi présidente, nous attaquerons l’Iran. Dans les 10 prochaines années pendant lesquelles ils pourraient stupidement imaginer pouvoir lancer une attaque contre Israël, nous serons capables de totalement les oblitérer »… « Je veux que les Iraniens le sache, si je suis la présidente, nous attaquerons l’Iran. Et je veux leur faire comprendre que cela signifie qu’ils doivent examiner de très près la question, parce que quel que soit le stade d’avancement où pourrait se trouver leur programme d’armement nucléaire au cours des dix prochaines années, au cours desquelles ils pourraient envisager de lancer stupidement une attaque contre Israël, nous serions en mesure de les effacer totalement » [8].

C’est sans équivoque, hors de toute rhétorique électorale on ne saurait ainsi mieux dire. Un aveu qui fournit l’une des explications déterminantes (motrices) du comportement de la classe politique américaine judéo-protestante, comme soubassement au mille-feuille des mobiles géostratégiques ou géoénergétiques présidant à la politique anti-iranienne des États-Unis. Certes autant de raisons explicatives pertinentes et valables mais non suffisantes ou satisfaisantes si l’on en exclut in fine de la dimension eschatologique, légitimation et fondement des ambitions hébreues et des adeptes de la Destinée manifeste américaine en vertu de laquelle le Nouveau monde a pour mission divine la diffusion de la Civilisation… Autrement dit de la Démocratie universelle selon l’éthique calviniste si bien explorée par l’Allemand Max Weber [9].

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Kassem Soleimani le 16 septembre 2015 à Téhéran

Kassem Soleimani… Héros du monde chiite

Si l’on veut apprécier l’impact de l’assassinat ciblé de Kassem Soleimani, voyons à grands traits ce qu’il représentait aux yeux non seulement des Iraniens mais des chiites en général. Adulé des foules, il incarnait l’esprit de résistance aux deux grands ennemis du monde musulman : l’Amérique judéo-chrétienne et le wahhabisme père de tous les takfirismes. Et lorsqu’on connaît la place qu’occupe dans la culture chiite en général et particulièrement en Iran, le statut de martyr (l’essence du chiisme fondé sur le sacrifice - au sens religieux - de l’Imam Hossein, petit fils du Prophète [10]), on aura une idée plus exacte de l’aura du défunt au nom par lequel les foules le désignait : « le Martyr vivant »… en un mot, on voyait en lui une sorte de saint ! Soleimani, officieusement numéro trois du régime iranien, avait forgé sa réputation en s’imposant comme l’architecte de l’axe chiite est-ouest : Irak, Syrie, Liban. Encore a-t-il pu jouer un certain rôle dans la victoire du Hezbollah libanais lorsque ce dernier parvint en août 2006 à repousser l’offensive israélienne sur le Sud Liban [11].

Mais l’homme de guerre, le stratège, proche voire intime du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, était aussi selon toute apparence un diplomate avisé… en juillet 2015 – quelques semaines avant que la Fédération de Russie n’entrât dans la danse en Syrie - il se rendait à Moscou afin de participer à la construction de l’intervention russe en appui à l’Armée (loyaliste) arabe syrienne. Selon la chaîne Fox News, Soleimani aurait rencontré Vladimir Poutine en personne – ce qui au fond n’aurait rien d’extraordinaire au vu des circonstances – ainsi que le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Sa mission aurait marqué une étape déterminante dans la montée en puissance de l’engagement russe dans la lutte contre l’État islamique et les groupes djihadistes soutenus (sous couvert de dissidence et de lutte contre le régime baasiste) par la coalition occidentale.

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Elle aurait été en outre l’occasion de resserrer le partenariat stratégique informel russo-iranien esquissé au cours d’une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov et Ali Khamenei, Guide suprême de la République islamique… ceci au travers de leur soutien conjoint à la République arabe syrienne [12]. Cartes sur table – au sens littéral - Soleimani a su en effet convaincre ses interlocuteurs que la situation se détériorant rapidement au détriment de Damas, il était néanmoins encore possible de renverser la situation et de sauvegarder les fragiles intérêts russes en Méditerranée orientale… en l’occurrence la base navale de Tartous - seule et unique facilité portuaire pour la marine russe en deçà des Dardanelles - autrement menacée par une victoire des rebelles sunnites et de leurs alliés arabes et anglo-franco-américains… Israël restant en embuscade dans les airs (par de multiples et vicieuses frappes aériennes) et dans le Golan en appui aux troupes d’Al-Qaïda. Aujourd’hui, à Tel-Aviv et à Jérusalem l’on jubile après la disparition de Soleimani, leur bête noire, tout en affectant la retenue, et en renforçant la disponibilité des forces de défense (Tsahal), pour mieux rehausser la figure dévaluée du Premier ministre par intérim et délinquant notoire de droit commun, Netanyahou.

Benyamin Netanyahou « Des milliers d’Américains périront dans une confrontation avec l’Iran… Mais c’est un sacrifice qu’Israël est prêt à consentir »

Suite et conséquences probables ou inéluctables

Pour l’Iran, le coup est sévère. L’artisan du reflux occidental dans la Région n’est plus et contrairement à ce que disent et pensent les imbéciles, les grands hommes sont éminemment irremplaçables… même si le successeur de Soleimani a été aussitôt adoubé en la personne du général Esmail Qaani, son assistant de longue date. La vengeance donc semble inéluctable, d’autant qu’en Orient il n’est pas de pire offense que de perdre la face. L’acte de guerre voulu par le président Trump (car indéniablement c’en est un) en appellera immanquablement d’autres en retour, même si cela doit prendre un certain temps. L’arrêt de l’escalade n’est par conséquent pas pour demain. Déjà des roquettes ont été tirées sur la Zone verte et sur des bases de l’US Army, mais ce ne sont certainement, pour le moment que des pétards du Quatorze juillet. Attendons-nous à bien pire.

M. Trump inquiet des répercussions d’une action - dont la portée a dû en grande partie lui échapper - menace maintenant de frapper 52 cibles (autant qu’il y eut d’otages après la mise à sac le 4 novembre 1979 de l’ambassade américaine), politiques, militaires mais aussi culturelles… Qu’est-ce à dire ? Veut-il bombarder le cénotaphe de l’imam Khomeiny ? Plus sûrement, espérons-le, il s’agit pour le moment, à Washington, d’escalade verbale. Car le président Trump l’a de nouveau redit le samedi 4 janvier devant un parterre de chrétiens évangélistes : “Il ne veut pas la guerre”… Et l’élimination à laquelle il a donné son aval n’est destinée qu’à la prévenir, non à l’initier ! Reste à savoir dans quelle mesure D. Trump parviendra à maîtriser la tempête qu’il vient inconsidérément de déchaîner ? Parviendra-t-il à contenir l’inéluctable montée aux extrêmes qui vient de se mettre en route ? Quelle est sa marge de manœuvre ? Quelles forces agissent en sous-main pour le pousser à la faute ? Quel rôle néfaste ont joué les “lobbies” dans cette opération au regard de sa réélection ? Autant de questions cruciales.

En attendant l’Iran qui clame vouloir s’affranchir de toute « limite sur le nombre de ses centrifugeuses » destinées à l’enrichissement de l’uranium utile à la confection de têtes nucléaires, se tait quant au taux d’enrichissement, 3% actuellement bien loin du seuil critique des 20%… et par un communiqué, publié dimanche 4, Téhéran confirme que « la coopération de l’Iran avec l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, sera poursuivie comme auparavant ». Autrement dit les ponts ne sont pas coupés, les Iraniens évitant de se mettre tous les occidentaux à dos – acceptons de dire que M. Macron s’emploie, merci à lui, certes avec peu de succès, à désamorcer la crise… le pauvre il aura fort à faire ! – et tablant sur la division du camp occidental : Union européenne versus Amérique.

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Ce dimanche 5 janvier 2020, le Parlement irakien, réuni en séance extraordinaire a voté une résolution devant aboutir au départ de tous les personnels militaires américains… C’est une grande première depuis que l’invasion et l’occupation de l’Irak en 2003 : les deux grandes formations du Parlement irakien Al-Fath et Saeroun se sont accordées sur un projet de loi débouchant à terme sur l’expulsion des forces américaines d’Irak. Dans un premier temps, seulement 170 parlementaires irakiens l’avaient signé, au final Kurdes et sunnites ont fini par se rallier au texte voté à l’unanimité. Simultanément le gouvernement irakien acéphale (le Premier ministre ayant démissionné  : pour mémoire, l’élimination de Soleimani a pour décor un quasi soulèvement de la population - depuis plusieurs mois assorti de centaines de morts - contre la corruption du pouvoir associé à un puissant rejet de l’influence iranienne) vient de porter plainte au Conseil de Sécurité des Nations Unies… contre Washington. De l’inouï et de l’inédit de la part d’un peuple occupé par ses libérateurs  !

À ce titre, un grand merci à M. Trump qui avait promis ubi et orbi pendant sa campagne de 2016, le retrait des troupes américaines des théâtres d’opération extérieurs… America first. En Irak, nous y sommes presque, ironie de l’histoire, et cela même si c’est au risque aggravé d’un nouvel engagement au milieu d’une poudrière en feu au bord de l’explosion  ! Et puis la mort de Soleimani, vénéré dans le croissant chiite, pourrait avoir accompli l’impossible en faisant l’union entre l’Iran perse et de l’Irak arabe. Une gageure. Finalement, comme le dit si bien Antoine de Lacoste [bdvoltaire.fr4janv20]  : «  Depuis des décennies, la stratégie américaine [en accomplissement les vœux mortifères des irigeants israéliens] au Proche-Orient est celle du chaos  : en Irak, en renversant Saddam Hussein, en Syrie, en travaillant pour le renversement de Bachar el-Assad. Au bout du compte l’élimination de Soleimani procède toujours et encore de la même logique, ordo ab chao  »…

5 janvier 2020

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«  La guerre eschatologique  »

31 juillet 2019

Extraits  :

Le soutien matériel de l’Union soviétique et de la Chine ont sans doute fait beaucoup pour aider les Vietnamiens du Nord à renvoyer les GI’s dans leurs foyers, mais cela n’aurait certainement pas suffi sans la cohésion ethnique et psychique des Tonkinois, leur discipline de fourmis légionnaires et leur impressionnant acharnement dans l’offensive. De même “la force de l’Iran ne découle pas seulement de son arsenal de missiles balistiques et d’une flottille de vedettes de guerre difficiles à détecter, mais de sa volonté de résister, et de sa capacité à exercer des représailles contre toute agression” [AbdelBariAtwan21juil19]. C’est en effet ignorer que le sévère régime de sanctions auquel se trouve soumise la nation iranienne, loin de la dissocier, la ressoude dans et par une réaction patriotique. Erreur d’appréciation plus lourde encore de la part des anglo-américano-sionistes, pataugeant dans le matérialisme le plus opaque (borné), qui estiment négligeable la dimension métaphysique et même eschatologique de la culture iranienne. Le chiisme est en effet une religion basée sur la passion (au sens christique) de l’Imam Hussein mort en martyr lors de la bataille de Kerbela, le 10 octobre 680. Cela reste et demeure un fait central de la psyché collective iranienne… même si les jeunes générations urbanisées et occidentalisées se détournent aujourd’hui ostensiblement de la religion. Les modes passent et les invariants culturels subsistent… sauf bien entendu, grand remplacement et brassage génétique irréversible des populations.

Dimension métapolitique de la guerre

Ce dimanche 5 janvier 2020, le Parlement irakien, réuni en séance extraordinaire a voté une résolution devant aboutir au départ de tous les personnels militaires américains… C’est une grande première depuis que l’invasion et l’occupation de l’Irak en 2003 : les deux grandes formations du Parlement irakien Al-Fath et Saeroun se sont accordées sur un projet de loi débouchant à terme sur l’expulsion des forces américaines d’Irak. Dans un premier temps, seulement 170 parlementaires irakiens l’avaient signé, au final Kurdes et sunnites ont fini par se rallier au texte voté à l’unanimité. Simultanément le gouvernement irakien acéphale (le Premier ministre ayant démissionné : pour mémoire, l’élimination de Soleimani a pour décor un quasi soulèvement de la population - depuis plusieurs mois assorti de centaines de morts - contre la corruption du pouvoir associé à un puissant rejet de l’influence iranienne) vient de porter plainte au Conseil de Sécurité des Nations Unies… contre Washington. De l’inouï et de l’inédit de la part d’un peuple occupé par ses libérateurs !

À ce titre, un grand merci à M. Trump qui avait promis ubi et orbi pendant sa campagne de 2016, le retrait des troupes américaines des théâtres d’opération extérieurs… America first. En Irak, nous y sommes presque, ironie de l’histoire, et cela même si c’est au risque aggravé d’un nouvel engagement au milieu d’une poudrière en feu au bord de l’explosion ! Et puis la mort de Soleimani, vénéré dans le croissant chiite, pourrait avoir accompli l’impossible en faisant l’union entre l’Iran perse et de l’Irak arabe. Une gageure. Finalement, comme le dit si bien Antoine de Lacoste [13] : « Depuis des décennies, la stratégie américaine [en accomplissement les vœux mortifères des dirigeants israéliens] au Proche-Orient est celle du chaos : en Irak, en renversant Saddam Hussein, en Syrie, en travaillant pour le renversement de Bachar el-Assad. Au bout du compte l’élimination de Soleimani procède toujours et encore de la même logique, ordo ab chao »…

5 janvier 2020

Notes

[1Rappelons que la social-démocratie naît en Allemagne des œuvres d’une resplendissante brochette messianique dont les figure dominantes sont : Ferdinand Lassalle, Friedrich Engels, Karl Liebknecht, August Bebel, Eduard Bernstein, Rosa Luxembourg… Rappelons encore que Lénine est au départ le pilier de la social-démocratie russe en tant que chef de sa faction majoritaire (bolchévique) que Trotski ralliera avec un bel opportunisme en octobre 1917.

[2« Vers la Domination Mondiale » Paris 1947 et « Les Machiavéliens, défenseurs de la liberté » 1943.

[3« Rebel sans cause » film américain de Nicolas Ray (1955) emblématique de la crise intergénérationnelle qui s’amorce avec le tournant de la postmodernité.

[4La théorie des jeux analyse les interactions stratégiques entre acteurs afin, en principe, d’optimiser l’action de tel ou tel au regard de l’anticipation probabiliste des décisions prises par d’autres acteurs et tierce parties. Les bases mathématiques de la théorie sont jetées en 1921 par le Français Émile Borel in « La théorie du jeu et les équations intégrales à noyau symétrique » avant d’être reprises en 1944 par le duo Morgenstern/Von Neumann dans « Théorie des jeux et comportement économique ».

[5In « Phénoménologie de l’esprit » 1807… Le maître met sa vie en jeu, l’esclave s’y refuse et se soumet.

[6Les 23 et 24 septembre, le président Macron avait tenté d’établir un échange téléphonique entre le président américain et son homologue iranien à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. L’échec de cette tentative de liaison directe est sans doute imputable aux Iraniens, Hassan Rohani « n’ayant pas reçu le feu vert de Téhéran  » [lemonde.fr4oct19].

[7Cf. « Iran, la destruction nécessaire » JM Vernochet. Xenia 2012.

[8Pour qui pourrait douter de la consistance et de la permanence de ce point vue chez la grande sorcière Démocrate : le 7 juillet 2015, de nouveau postulante à la Maison-Blanche, Mme Clinton martelait en leitmotiv que l’Iran est « une menace existentielle pour Israël… » usant des termes identiques à ceux employés par Yuli-Yoel Edelstein président de la Knesset à Paris en mai 2017 : « L’Iran est la seule menace existentielle pour l’État d’Israël… Depuis 70 ans, Israël fait face à la guerre, l’agression, le terrorisme. En même temps, nous n’avons pas sombré dans l’hystérie [sic]. Nous n’avons jamais quitté la route de la démocratie  » ! (publicsenat.fr17mai18)

[9« L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme » 1904/1905

[10Cf. « La guerre eschatologique d’août 2019 » et la dimension métapolitique d’une confrontation ÉUA vs Iran. Rivarol n°3388 - 31 juillet 2019. Voir encadré…

[11Kassem Soleimani avait récemment révélé avoir séjourné au Liban en juillet 2006 au tout début de la « Guerre des trente-trois jours », en compagnie d’Imad Moughnieh, commandant du Hezbollah. Celui-ci trouvera la mort à Damas le 12 février 2008, dans un attentat à la bombe. Les deux hommes auraient procédé à l’évacuation du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, piégé dans son quartier général de la Banlieue Sud de Beyrouth alors soumise à d’intenses bombardements israéliens. Il sera présent au Liban pendant toute la durée du conflit à l’exception d’un bref passage à Téhéran pour y informer l’Ayatollah Ali Khamenei de la situation sur le front libanais [libanews.com2oct19].

[12lemonde.fr7oct15

[13bdvoltaire.fr4janv20

vendredi, 27 janvier 2012

¿Qué es una Guerra Escatológica?

¿Qué es una Guerra Escatológica?

Por Sergio Prince Cruzat

Ex: http://geviert.wordpress.com/

 

I.  Introducción

En este trabajo intento dilucidar el significado de la expresión ‘guerra escatológica’ acuñado por  J. Derrida (1930 – 2004).  La EXPLICACIÓN de la guerra escatológica, no se encuentra en las taxonomías tradicionales de la guerra. Se trata de una problematización propia del filósofo argelino pero que nunca desarrolló. Por lo demás los conceptos mismos de guerra y escatología nunca fueron objeto, por parte de Derrida, de una indagación sistemática. El análisis que yo propongo no es definitivo; constituye un conjunto de conjeturas más que una tesis. Se trata de la descripción de tres escatologías cuyos enunciados son importantes para el estudio de las relaciones internacionales. Lo que presento a la consideración del lector no es otra cosa que un modo de problematización del estudio de la guerra en el siglo XXI.

Cuando se estudia el significado del concepto ‘guerra’, encontramos numerosas taxonomías que remiten a expresiones tales como, guerra convencional, asimétrica, de cuarta generación y, últimamente, guerra irrestricta [1]. No aparece hasta ahora definición alguna de ‘guerra escatológica’. Esto se debe, en gran medida, a que la expresión fue acuñada en un ámbito aparentemente ajeno a los estudios políticos y estratégicos. Esta aparece en un escrito del filósofo posestructuralista francés Jaques Derrida (1930 – 2004). Éste se  titula De espectros de Marx. El estado de la deuda, el trabajo del duelo y la nueva internacional. Data de 1993. En el capítulo II titulado Conjurar el marxismo, se refiere a la  guerra entre escatologías, la guerra por la “apropiación simbólica de Jerusalén”, la verdadera guerra mundial, que demuestra que la promesa neo – evangélica de Fukuyama (1992) no se ha cumplido y sigue siendo sólo eso: una promesa. Fukuyama afirmaba que la caída del comunismo y el triunfo de las democracias liberales marcaban el comienzo de la etapa final en la que no había más lugar para largas batallas ideológicas. En este sentido, la historia habría terminado. El “Fin de la historia”, afirmó Fukuyama, significaría el fin de las guerras y de las revoluciones sangrientas, los hombres podrían satisfacer sus necesidades a través de la actividad económica sin tener que arriesgar sus vidas en ese tipo de batallas. Según Derrida (1992) este evangelio desempeña un papel que excede la trasnominación como cliché retórico e indica la mayor concentración sintomática o metonímica de lo que es irreductible en la coyuntura mundial que tenía [y aún tiene hoy] lugar en Medio Oriente. Allí se movilizan tres escatologías mesiánicas distintas, allí todas las fuerzas del mundo, todo el “orden mundial” participa en la guerra sin cuartel que mantienen, directa o indirectamente las tres religiones del Libro:

[…] la mayor concentración sintomática o metonímica de lo que permanece irreductible en la coyuntura mundial […] tiene su lugar, su imagen o la imagen de su lugar, en Oriente Medio: tres escatologías mesiánicas distintas movilizan allí todas las fuerzas del mundo y todo el “orden mundial” en la guerra sin cuartel que mantienen, directa o indirectamente; movilizan [...]

¿A qué se refiere Derrida cuando habla de la mayor concentración sintomática o metonímica de lo que irreductible en la coyuntura mundial? Veamos. Sintomático es lo que constituye un síntoma de algo y, síntoma, es un indicio que revela un trastorno funcional. Por otra  parte, la  metonimia[2] es un tropo que alude al sentido translaticio. Ambos términos hablan sobre algo haciendo referencia a un otro que se relaciona con el algo de algún modo. Síntoma y metonimia son un hablar, un decir indirecto sobre algo que no es lo hablado o lo dicho. Ambos términos nos indican la existencia de algo velado, inefable que es al mismo tiempo irreductible. En el Corán las metonimias, las metáforas no son un mero recurso retórico, sino que ponen de manifiesto, develan la semejanza entre lo oculto y lo visible. En el libro sagrado del Islam hay una palabra que indica esta conexión, tawhîd. Esta palabra denota la conexión interior entre el mundo espiritual y el material, se refiere a la conciencia de que todo está relacionado, nos recuerda que el mundo no es un conjunto de cosas, sino un conjunto de signos que denotan a otra cosa que no son sí mismo. Una montaña es una palabra, un río es otra, un paisaje es una frase. Todo dice, todo es lenguaje y permanece conectado. Ahora bien, para Derrida lo irreductible es la crisis que afecta una sociedad como resultado de la convergencia de un conjunto relevante de eventos tales como los equilibrios presupuestarios, los imperativos técnicos, económicos, científicos y militares, que están inefablemente vinculados al mundo espiritual. A mayor imposición de estos imperativos materiales  mayor es la irreductibilidad espiritual de una crisis (Derrida, 1991)[3]. Entonces, podemos entender la mayor concentración de metonimia como la mayor cantidad de argumentos espirituales indirectos que demuestran que la Historia se resiste a su fin. Estos argumentos espirituales y materiales se manifiestan con una claridad meridiana en los conflictos, en la crisis permanente que vive el Medio Oriente

Al refutar la tesis de Fukuyama, Derrida abrió,  un nuevo campo de estudio y la posibilidad de una nueva reflexión sobre los conflictos, la guerra y el terrorismo. Todo sintetizado en los acontecimientos del Medio Oriente, en esta guerra sin cuartel que mantienen, directa o indirectamente las religiones del Libro. Estas enfrentan el mundo globalizado en una lucha intestina que tiene rasgos de una guerra civil. Economía y política  de árabes, judíos y cristianos se enfrentan en una lucha sin cuartel que impide la paz prometida por la democracia liberal y el libre mercado que predicó el politólogo de origen nipón.

II.  Los mitemas de las escatologías

Revisemos la estructura o los mitemas[4] de las tres escatologías. Estas comparten la creencia  en una Edad de Oro, en una Teleología de la Historia, en un Demiurgo o un sujeto de la historia y en una sociedad futura: una Jerusalén reconstruida que vendrá al mundo para premiar a los justos.

En la guerra escatológica se enfrentan estructuras fundadas en la creencia de una verdad única, lo que imposibilita un dialogo racional. Cualquier toma y dacca se da entre elementos superficiales. Existe una suerte de dificultad ontológica que impide solucionar el conflicto o acabar con la guerra. El conflicto entre escatologías permite un acuerdo cosmético sólo sobre un tema: los orígenes de la humanidad. Las escatologías comparten lo que llamaré la estructura hesíodica del mito sobre el origen de la humanidad. Comparten la idea de una Edad de Oro que podemos rastrear hasta el poema Trabajos y Días, en donde el poeta relata el mito de las edades:

al principio, los Inmortales, en tiempos de Cronos, crearon una dorada estirpe de hombres mortales, quienes vivían en paz y armonía con los dioses, disfrutando de los deleites de una vida fácil, abundante en riquezas y comodidades, hasta que la vida se les acababa en sueños, sin sufrimiento. Luego, crearon una estirpe de inmortales de plata, de menor inteligencia y belleza. Los niños se criaban bajo la protección de su madre y, ya adultos, vivían poco tiempo lleno de sufrimiento debido a su falta de sabiduría, extremada violencia y falta de respeto por los dioses. Después de que muriera esta estirpe, Zeus creó una tercera, de bronce, interesada solo en la guerra, por lo que la edad de oro es la edad originaria, primigenia, en la cual se vive la unidad original (Hesíodo, [VIII a. C.] 2007).

En lo referente a  la teleología de la historia, su sentido, su finalidad no hay acuerdo posible a pesar de los esfuerzos del ecumenismo. Para las tres religiones del libro este es un tema fundamental ya que expresa el propósito de éstas y  explica la acción presente en pos de aquel futuro lejano. Los especialistas han  distinguido varias formas de teleología, en especial tendientes a diferenciar lo que se entiende por  “finalidad” en las ciencias naturales con lo que se entiende por “finalidad” o propósito en la filosofía y las humanidades en donde se utilizan las nociones de “tendencia, “aspiración”, “intencionalidad” y “propósito para explicar el significado del telos. El fin o el propósito de las religiones del libro es hacer que la fe en la escatología desempeñe un papel efectivo, práctico, reformando la vida humana, preparándola para el gran final.

Sobre este último punto, se presentan las diferencias que impiden el acuerdo de la paz  y que convocan a la guerra para imponer la recta ratio. Los judíos esperan el mesías, los cristianos esperan que el mesías vuelva a gobernar y los islamitas esperan el paraíso en el cual serán premiados con todos los placeres sensuales que les han sido privados en la vida en este mundo. Ni un cristiano ni un judío esperan el paraíso de Alá. Ni un buen islamita espera algo así como la venida del Mesías de origen humano o el Reino de Cristo al final de los tiempos. Así, parece lícito tratar de convertir a los otros a “verdad”. De allí que el otro pase de enimicus a hostis por no aceptar la verdad.

Tener que decidir quién es el sujeto de la historia, el Demiurgo, divide a  las escatologías. Esta decisión implica decidir quién transforma la realidad y mueve la Historia: ¿Yavé? ¿Cristo? ¿Alá? Los atributos de Dios son muy similares en las distintas escatologías, sin embargo, las especulaciones teológicas provocan un abismo insalvable entre ellos. El atributo que da rango de soberano a quienes gobiernan desde el “cielo a sus súbditos, hace imposible la decisión racional. Yavé, Melej haMelajim[5] (rey de reyes de Israel), Alá al-Maalik (el soberano)[6] y Cristo Rey, disputan la soberanía sobre el cuerpo y el espíritu de los seres  humanos.

Aquí surgen preguntas tal como: ¿Qué rey gobierna la historia? o ¿Qué rey gobernará al final de los siglos? En el Medio Oriente combaten los soldados de Dios, los soldados de  Yavé, Jesucristo y Alá. Luchan por establecer un reino, reino de paz, de justicia, de amor pero epistemológicamente excluyente y ontológicamente  intolerante. Por la fuerza de las armas Dios busca imponerse al igual que en las Cruzadas, en las Guerras de religión de Francia, en el Ulster, en los Balcanes, en el Líbano, y en las hostilidades que aún enfrentan a palestinos e israelíes.

En esta lucha del Oriente Próximo se juega el rostro, el carácter que tendrá el Fin de los Tiempos. Por esta razón Derrida pudo afirmar que la tesis del Fin de la Historia de Fukuyama (1992) estaba errada. Es obvio que entonces existían y aún existen fuerzas que luchan, que combaten, que guerrean con la finalidad de imponer su escatología. Una guerra escatológica, una guerra por el Fin de los Tiempos, no se entrega a las reglas del Arte de la Guerra propuestas por  Suntzu, Maquiavelo o Clausewitz. La guerra entre escatologías va más allá de toda regla, de todo límite, de todo concepto tradicional de “soldado” “arma”, y campo de batalla. Por ejemplo, la nueva conceptualización de arma en la guerra entre escatologías considera todos los medios que trascienden el ámbito militar, pero que aún pueden ser utilizados en operaciones de combate. Todo lo que puede beneficiar a la humanidad también puede hacerle daño (Faundes, 2010). Esto quiere decir que no hay nada en el mundo de hoy que no puede convertirse en un arma, y esto requiere pensar que se puede abrir el dominio del reino de armas de un solo golpe: un accidente en un solo mercado de valores, una invasión de virus o el rumor de una o escándalo que dé lugar a una fluctuación en los tipos de cambio del país enemigo o que exponga a los líderes enemigos en Internet, todos pueden ser incluidos en las filas de la nueva concepción de armas (Liang y Xiangsui. (1999:25)[7]

Faundes (2010) también nos dice que observando en detalle el fenómeno guerra, tal como lo describen los coroneles China Liang y Xiangsui (1999)[8], es posible entender que la sutileza es una nueva herramienta que se puede explotar, por medio de ataques imperceptibles que afecten el funcionamiento regular de un país, por ejemplo alterando la calidad del agua, atentando contra los productos de exportación, interviniendo el mercado financiero local, azuzando movimientos en contra del poder político (sindicales y étnicos, por ejemplo), efectuando ataques informáticos, etc. Con todo, una Estado puede estar en medio de una guerra escatológica sin siquiera saberlo, peor aún, desconociendo al adversario. Veamos un ejemplo. El 13 de septiembre de 2010 minuto digital.com[9] informó:

“que tal y como informa España y Libertad en su web, la última ofensiva mediática yihadista data del pasado miércoles: los radicales llaman al “boicot” y a “combatir” a España tras conocer que en Águilas se reabrió una discoteca de nombre La Meca. Los yihadistas, incluso, amenazan con una «gran guerra entre España y el pueblo del Islam”.

A pesar de la violencia del discurso yihadista, no todos los españoles saben que están en medio de un combate escatológico, como el que vivieron hace siglos. La guerra con el Islam no terminó con la conquista de Granada en 1492 y desde entonces las armas se han sofisticado hasta llegar a ser armas de la cotidianeidad. Liang y Xiangsui precisan:

“Lo que debe quedar claro es que el nuevo concepto de armas está en el proceso de creación de nuevas armas que están estrechamente relacionadas con la vida de la gente común”. Con el advenimiento de este nuevo concepto de las armas la guerra escatológica se elevará a un nivel insospechado por la gente común y los militares: “Creemos que algunas personas despertarán por la mañana para descubrir con sorpresa que algunos objetos amables y cotidianos han comenzado a tener características ofensivas y letales (Liang y Xiangsui, 1999:26).[10]

III. Los mitemas del soldado

El soldado que combate al alero de una escatología tiene clara la distinción entre el bien y el mal. Nada más necesario. Esta claridad que no existe entre los filósofos contemporáneos permite al soldado saber que su causa es justa en tanto él es servidor del bien. Esta licenciado y protegido por la bondad que encarna la patria, la patria celestial y / o llamada por Dios a ser el eje de la Historia Universal. Las distinciones entre Bien y Mal suelen coincidir con la distinción amigo enemigo y, siguiendo a Schmitt, puedo afirmar que enemigo, es para el soldado de la escatología, aquel el conjunto de hombres y mujeres  que de acuerdo con una posibilidad real se le opone combativamente. [11] Existe un enorme parecido entre el amigo y el enemigo schmittiano que también se observa entre el amigo enemigo escatológico; son una esencia que los hace existencialmente distintos en un sentido particularmente intensivo que hemos mencionado supra: ‘¿Qué Dios es el motor de la Historia?’ Responder a esta pregunta es lo que lleva, quizás, al punto más extremo de su relación ¿Existe alguien, fuera de ellos, que pueda intervenir en la decisión del conflicto? Schmitt responde a esta cuestión diciendo que sólo es posible intervenir en la medida en que se toma partido por uno o por otro, cuando el tercero se convierte en amigo o enemigo. No hay mediación posible, no hay neutralidad posible en el enfrentamiento entre diferentes telos. El conflicto sólo puede ser resuelto por los implicados, pues sólo a ellos les corresponde decidir si permiten su domesticación o viceversa como una forma de proteger su forma esencial de vida. Las opciones escatológicas se definen entre las escatologías, al combatiente sólo puede triunfar o morir. O vivir con honor o morir con gloria[12], es un emblema que indica la realidad del soldado que combate por el Fin de la Historia. El honor se da al vivir en la bondad, en la verdad, el haber alcanzado el telos, el fin. La gloria, la muerte gloriosa es como la que esperan los soldados del Islam, en una muerte Ad maiorem Dei gloriam.

Disciplina. El soldado de infantería, que llevaba una kipá, sacó una tarjeta colorida del bolsillo de su campera. En el exterior estaba impreso el “Shema” (que significa “Oye, Israel”), que es el credo judío. Y rodeado de coloridas ilustraciones de lugares judíos de todo Israel, se encontraba en la parte interior de la tarjeta una “oración para el combate”:

“¡Señor de los ejércitos, que tienes tu trono por encima de los ángeles! Tú nos has ordenado en tu Torá y nos has dicho: ‘Oye, Israel, vosotros os juntáis hoy en batalla contra vuestros enemigos; no desmaye vuestro corazón, no temáis, no os azoréis, ni tampoco os desalentéis delante de ellos; porque Jehová vuestro Dios va con vosotros, para pelear por vosotros contra vuestros enemigos, para salvaros’ (Dt. 20:3-4). … Puedas Tú ahora estar con los soldados del ejército israelí, con los mensajeros de Tu pueblo que hoy van a la batalla contra sus enemigos. Danos fuerza y valor. Protégenos y pelea Tú nuestra batalla. Fortalécenos, protégenos y guárdanos. Ayúdanos y sálvanos por amor a Tu bondad”[13].

 

 

Bibliografía sugerida

Cohn, Norman.(1995). El Cosmos, el caos y el mundo venidero.  Barcelona: Crítica – Grijalbo Mondadori.

Faundes, C. (2010). Desde la guerra total a la guerra irrestricta. La deconstrucción de un concepto. Tesis para optar al grado de Magíster en Seguridad y Defensa, mención Política de Defensa, Santiago de Chile: Academia Nacional de Estudios Políticos y Estratégicos.

Qiao Liang  y  Wang Xiangsui (1999). Unrestricted Warfare, Beijing: PLA Literature and Arts Publishing House. Disponible en formato pdf en www.c4i.org/unrestricted.pdf.  Visitado 12 septiembre 2010

Orozco, José Luis. (2001). De teólogos, pragmáticos y geopolíticos. Aproximación al globalismo norteamericano. Barcelona: Gedisa-UNAM

Schmitt, Carl. (1999), El concepto de lo político, Alianza Editorial, Madrid..

 

[1]    La guerra irrestricta (超限战, literalmente “guerra allende los límites”) es una guerra combinada que trasciende los límites de las dimensiones y métodos en las dos principales áreas de asuntos militares y no-militares, se deben incluir todas las dimensiones que ejercen influencia sobre la seguridad nacional. Para que una guerra sea irrestricta lo suficiente es que se persiga un objetivo político por medio del ejercicio de la violencia en un sentido amplio, es decir, traspasando el dominio de lo militar para combinar de manera irrestricta elementos de las distintas dimensiones de la seguridad, sobrepasando sus fronteras, por medio de combinaciones en lo supra-nacional, supra-dominio, supra-medios y supra-niveles; todo con el objeto de controlar al adversario. En Latinoamérica, la guerra irrestricta ha sido estudiada por Faundes (2010).

[2] La metonimia (griego: μετ-ονομαζειν met-onomazein [metonomadz͡ein], «nombrar allende’, es decir, ‘dar o poner un nuevo nombre» ), o transnominación, es un fenómeno de cambio semántico por el cual se designa una cosa o idea con el nombre de otra, sirviéndose de alguna relación semántica existente entre ambas. Son casos frecuentes las relaciones semánticas del tipo causa-efecto, de sucesión o de tiempo o de todo-parte.

[3]  Derrida, J. (1991). El derecho a la filosofía desde el punto de vista cosmopolítico. Edición On line disponible en http://www.jacquesderrida.com.ar/textos/derecho_filosofia.htm#_edn2 [Consultado el 1 de agosto de 2010]

[4]  Levi-Strauss, C. (1955). El estudio estructural del mito en Journal of American Folklore, nº 68 p. 428-555. En el estudio de la mitología, un mitema es una porción irreducible de un mito, un elemento constante (a diferencia de un meme cultural) que siempre aparece intercambiado y reensamblado con otros mitemas relacionados de diversas formas, o unido en relaciones más complicadas, como una molécula en un compuesto. Por ejemplo, los mitos de Adonis y Osiris comparten varios elementos, lo que lleva a algunos investigadores a concluir que comparten una misma fuente.

[5] También se le nombra como Elohim, plural de Dios que se usa repetidamente con verbos singulares, y con adjetivos y pronombres en singular, de la que una de sus hipótesis de origen indicaría que podría ser un plural mayestático que significa ‘Dios por sobre todos los dioses’ o ‘Dios de todo’ o podría ser simplemente un plural de majestad para indicar la alta dignidad de la persona divina.

[6] Al-Asmā’ al-Husnà (الأسماء الحسنى), en árabe, “los nombres más hermosos”, también llamados los noventa y nueve nombres de Dios o noventa y nueve nombres de Alá, son las formas de referirse a dios en el Islam.  En su mayor parte son epítetos que hacen referencia a atributos divinos.

[7]  Liang y Xiangsui. 1999:25. Citado en Faundes (2010)

[8] Quiao Liang  and Wang Xiangsui (1999). Unrestricted Warfare, Beijing: PLA Literature and Arts Publishing House

[9]  http://tinyurl.com/365lqgs

[10]  Liang y Xiangsui, 1999:26. Citado en Faundes (2010)

[11] Schmitt, Carl. (1999), El concepto de lo político, Alianza Editorial, Madrid.

[12] Esta postura de Schmitt cambia un poco cuando estudia la neutralidad

[13] Escrito encontrado en la libreta de combate del Sargento Mario Antonio Cisnero. Caído en combate en la Gesta de Malvinas en 1982. http://tinyurl.com/297fwsc