mardi, 30 janvier 2024
Mi-hiver
Mi-hiver
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/mezzo-inverno/
Nous sommes à mi-chemin dans le temps d'hiver. Quarante jours nous séparent de Noël, du Solstice. Et donc aussi de l'Equinoxe.
L'air est encore gelé, mais au milieu de la journée, il scintille de lumière. Le ciel est clair, d'un bleu profond. Le vent froid apporte un soupçon de neige et de brume provenant des montagnes.
Les Celtes célébraient Imbolc. Leur coutume a toujours été de placer les fêtes du calendrier à quarante jours des solstices et des équinoxes. C'est-à-dire, chaque fois, au tournant de la saison. Imbolc, Beltane, Lughaid, Samahin...
C'était le jour de la fête d'Imbolc. Fête des pluies, désormais imminentes, qui allaient revitaliser la terre, préparant le printemps. La renaissance.
Et la nuit, du 31 janvier au 2 février, de grands feux étaient allumés. Pour envoyer de la lumière et de la chaleur. La déesse invoquée était Brighid. La Dame du feu, en effet.
La tradition des feux survit encore. Résiduelle. Dans certains endroits de la campagne et des vallées montagneuses de notre Nord-Est. Qui était autrefois la terre des peuples celtes, les Boi, les Insubri...
Dans le Piémont, on parle de la Giobbianna ou Giubiana (photo). La Zòbia dans la région de Piacenza...
Brighid, ou Brugit, avait plusieurs visages. Jeune fille, femme, vieille femme. Déesse représentant le temps et son écoulement. D'où le destin et la vie. Comme les Parques ou Moires classiques. Comme les Nornes germaniques.
Les jours précédant la mi-hiver, du 29 au 31 janvier, sont connus sous le nom de jours du Merle. Les plus froids de l'année, selon la tradition, bien que ce ne soit pas toujours le cas. Mais c'est un symbole. Le gel doit précéder la fête du feu. Et représenter ainsi la lutte de la lumière contre les ténèbres. Dont, à la fin, le vainqueur est... la vie.
Il y a une pièce de Shakespeare, Le Conte d'hiver, qui fait probablement écho à la mémoire d'Imbolc.
Une pièce étrange. Parce que les deux premiers actes sont sombres. Ils dévoilent une progression, un rythme tragique. Puis, c'est le tournant. Et les deux derniers actes deviennent progressivement une comédie. Avec, inévitablement, survient le happy end. Et tout se remet en place... toutes les situations complexes sont résolues. Et la fin est joyeuse.
Loin de moi l'idée de faire l'exégèse du texte shakespearien. De discuter des genres théâtraux, tragédie, comédie, tragi-comédie...
Ce n'est pas mon affaire... cependant, pensez-y....
Le sens tragique de la mort. Puis, le tournant. Et la fin lumineuse.
Pensez-y... et regardez autour de vous ces jours-ci.
Des jours lugubres et glaciaux, des jours de merle. Si froids qu'ils ne donnent aucun espoir. Je me promène dans les rues du village... et elles sont désertes. Juste quelques passants, bien emmitouflés, qui promènent leur chien. On a envie de rester à l'intérieur. De se terrer au chaud. On a l'impression que l'hiver, avec son visage le plus sombre et le plus morose, n'en finira jamais....
Mais en réalité, la saison froide touche à sa fin. Ou plutôt, elle est au tournant. Bientôt, la nature va renaître. Les haies, les branches sèches des arbres se couvrent de bourgeons. La saison hivernale décline en printemps. Et les vents apportent déjà d'autres senteurs. Une vibration... différente, comme une légère fièvre qui mettra bientôt les gens dans un état d'esprit différent pour sortir, faire... pour vivre.
Imbolc... le mi-hiver. Quel est ce dicton que j'entendais souvent ?
Il fait toujours plus sombre avant que le soleil ne se lève....
13:59 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, imbolc, hiver, janvier, février, brighid | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 08 janvier 2023
Janvier
Janvier
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/gennaio/
J'aperçois des vers de Rilke. Un petit texte que je ne connaissais pas. Janvier. Un poème sur ce mois. Une denrée rare. Pourquoi des poèmes sur Noël, sur le printemps, sur les mois d'été ...mais sur janvier ? Honnêtement, je ne m'en souviens pas.
C'est un mois gris, froid... interminable. Les lumières des vacances se sont éteintes. Et il ne reste plus qu'à attendre.
Attendre de sentir le prolongement du jour. Un soleil qui réchauffera à nouveau. Pouvoir sortir à nouveau, sans avoir à se déguiser.
Nous devons rester, pour la plupart, à l'intérieur. Comme nos ancêtres paysans et bergers. Qui, dans les temps anciens, n'avaient même pas ce mois sur leurs calendriers. On ne pouvait rien faire. Il suffit d'attendre qu'il passe. Et espérer survivre.
"...le jour blanc devient éternel, infini" écrit Rilke. Et il saisit les éléments, deux, essentiels à ce mois. La blancheur, en tant que (non-)couleur dominante. Absolue. A peine tachetée par les dernières étincelles d'une bûche, qui finit de brûler dans la cheminée. Et le sentiment que le temps ralentit. Presque... immobile.
L'atmosphère est résolument... nordique. Rilke était originaire de Prague. Un Bohémien parlant allemand. Comme Kafka. Et le peuple de Prague, avait écrit Goethe, est le peuple le plus triste d'Europe.
Mélancolique. Comme le mois de janvier.
Et pourtant, ou peut-être à cause de cela, il parvient à en capturer la beauté cachée.
(Januar Gedichte)
Es treibt der Wind im Winterwalde
Es treibt der Wind im Winterwalde
die Flockenherde wie ein Hirt
und manche Tanne ahnt, wie balde
sie fromm und lichterheilig wird,
und lauscht hinaus;
den weißen Wegen streckt sie die Zweige hin,
bereit und wehrt dem Wind
und wächst entgegen
der einen Nacht der Herrlichkeit.
Une beauté, peut-être, dure et cruelle. Certainement mélancolique. Une beauté, un charme, qui frise la peur. Toute cette blancheur éclatante... ô la grisaille luminescente du brouillard. J'ai souvent pensé que ce devait être la couleur de la mort. Pas la noir. Comme dans certaines cultures orientales, où le blanc est la couleur du deuil.
Peut-être une suggestion de l'Averne de l'Odyssée. Peut-être le souvenir d'une scène d'"Armacord", pour moi le véritable chef-d'œuvre de Fellini. Lorsque le grand-père, enveloppé dans son tabard, se retrouve à errer dans une mer de brouillard épais. Et il se demande, étranglé, si c'est à cela que ressemble la mort. Ajoutant : ce n'est pas une bonne chose, cependant...
En janvier, tout ce qui nous entoure semble en effet statique. La nature semble paralysée, morte. En ville, c'était moins évident. Là-bas, tout est artificiel. Falsifié. Ici, où je suis, entouré de forêts et de montagnes, c'est une évidence qui saute, immédiatement, aux yeux. Et le froid, qui devient plus mordant de jour en jour, vous pousse à l'intérieur. Ou à l'intérieur. Dans la rue, peu de gens se pressent. D'un autre côté, les marchés de Noël étant désormais fermés, il y a peu de raisons de circuler à l'extérieur. En fait, pas du tout.
Une certaine tristesse, parfois, me saisit. Et me serre le cœur. Alors que je suis là, à fumer ma pipe. Je regarde le ciel couleur fer. Et le soleil froid qui, par moments, brille à travers. Un sentiment... étrange. Parce que tout semble immobile. Et, en effet, mort. Pourtant, c'est comme si je ressentais un frémissement caché de la vie. Quelque chose se précipite derrière ce... voile. La vie, je dirais. Une vie plus fervente, plus intense, que celle qui nous entoure en été. Ce qui est la vie, certes, mais tout extérieur. Et, si j'y pense, proche du déclin automnal. D'où... la mort.
Alors qu'ici, dans le cœur gelé de janvier, la vie est cachée. Presque imperceptible. Mais c'est la vie qui se prépare. S'épanouir.
"Ils respirent légèrement les grands sapins / enfermés dans le manteau de neige..."
Rilke encore. Il attrape, là où les autres ne voient que le gel et la mort, le souffle de la nature. Un faible souffle. Presque imperceptible. Ce qui, cependant, est intense. Profondément. Il révèle, comme dans un conte de fées, des royaumes souterrains enchantés. Où se prépare le mystère de la renaissance du printemps. Et tout, alors, la neige, le givre, le vent froid, le ciel gris... tout devient simplement beauté
19:31 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : janvier, hiver, saisons | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 06 janvier 2018
Tradition du jour des Rois et galette de l'Epiphanie
09:31 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, galette des rois, épiphanie, janvier | | del.icio.us | | Digg | Facebook