vendredi, 05 mai 2023
Discours de Lucas Leiroz à la Conférence mondiale sur la multipolarité
Discours de Lucas Leiroz à la Conférence mondiale sur la multipolarité
Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/discurso-de-lucas-leiroz-para-conferencia-global-multipolar
Lucas Leiroz
Transcription du discours de Lucas Leiroz, chef du service des relations internationales de Nouvelle Résistance/Brésil, à la Conférence mondiale sur la multipolarité du 29 avril 2023.
Christos voskrese ! Le Christ est ressuscité !
Chers amis, collègues, frères et camarades,
ma plus sincère gratitude à chacun d'entre vous pour cet événement. En tant que membre de Nouvelle Résistance/Brésil, je suis immensément reconnaissant au professeur Alexandre Douguine et à son équipe, au Mouvement russophile international et aux amis chinois du Forum des penseurs d'avoir fait de cet événement un véritable pilier de la construction du monde multipolaire.
Je pense que cette conférence est exactement le modèle que nous voulons pour un nouveau monde. Les gens pensent souvent que la multipolarité est synonyme d'idées telles que l'isolationnisme et une moindre intégration entre les nations. Mais ces déviances n'ont rien à voir avec la multipolarité.
Au cours des dernières décennies, on nous a fait croire que la mondialisation libérale était la plus grande avancée de l'histoire humaine, intégrant les peuples, les cultures et les civilisations dans un monde caractérisé par un plus grand respect mutuel entre les personnes et une plus grande tolérance à l'égard des différences. Mais nous savons désormais que c'est un mensonge.
Lucas Leiroz
La mondialisation est un faux concept. Elle n'a jamais existé en termes académiques. La "mondialisation" n'est rien d'autre que l'"occidentalisation". Et si nous utilisons le mot "mondialisation", c'est précisément parce que l'Occident est devenu, d'une manière ou d'une autre, "mondial".
Avec la fin de la guerre froide et la victoire des États-Unis, nous avons complètement perdu la perception géographique et idéologique dans nos esprits. Le libéralisme est devenu la nature elle-même. Et l'Occident est devenu le globe lui-même. Ce qui était idéologique est devenu normal et naturel. Ce qui était autrefois la civilisation occidentale moderne est devenu la civilisation mondiale elle-même.
Mais il n'a pas fallu longtemps pour se rappeler les mots de Proudhon et de Carl Schmitt : celui qui invoque l'humanité veut tricher. Dans les années qui ont suivi la victoire de l'Occident capitaliste, des guerres d'agression et des invasions de toutes sortes ont commencé dans le monde entier. Les guerres ont été menées au nom de ce qu'ils appelaient "l'humanité" et nous, peuples non occidentaux, avons vite compris que nous n'étions pas vraiment membres de cette "civilisation mondiale", de cette "humanité". Nous avons compris que la mondialisation n'était pas un processus pacifique, mais un processus violent de domination forcée de tous les peuples, sanctionné par les guerres et la terreur.
Et c'est à ce moment-là que nous avons compris que nous étions seuls. Que les puissances occidentales ne viendraient pas à notre secours et ne nous sauveraient pas de la misère et du chaos auxquels elles nous avaient elles-mêmes soumis. C'est aussi à ce moment-là que nous avons compris que, pour surmonter cette situation, nous devions nous unir, coopérer les uns avec les autres et réécrire l'histoire des nations.
Cette prise de conscience que nous, peuples non occidentaux, n'avions que pour nous-mêmes, nous a fait progressivement reconnaître que tout ce qu'on nous avait enseigné était faux. Elle nous a fait voir que nous ne vivions pas dans une civilisation mondiale sans frontières, mais dans un certain espace physique et géographique, plein de nos propres symboles, de notre langue, de notre culture et de notre religion.
Il nous a fait reconnaître que nous n'étions pas les étrangers d'une union mondiale appelée "humanité", mais que nous étions la véritable humanité, au sens plein du terme : l'harmonie qualitative de tous les peuples. Ce n'est qu'à cette condition que nous avons pu entamer notre marche vers la liberté.
Cette marche est avant tout mentale et spirituelle. Notre guerre commence dans nos esprits et dans nos cœurs. C'est là que nous devons nous libérer des principales chaînes occidentales. Et tant que cela ne sera pas fait, nous ne pourrons pas affronter correctement les batailles physiques. Tant que nous serons colonisés dans nos têtes et nos esprits, nous resterons les otages de nos oppresseurs, quelle que soit la souveraineté formelle de nos pays.
Je considère donc cet événement comme le résultat de la conscience humaine que nous sommes en train de développer. Le résultat du grand réveil qui nous fait réaliser qu'en fait, c'est nous, et non eux, qui sommes l'humanité.
C'est donc exactement ce que j'entends par multipolarité. Le réveil de l'humanité. La prise de conscience que nous sommes ensemble dans une guerre contre ceux qui veulent nous soumettre, nous coloniser et nous anéantir. C'est pourquoi nous devons toujours être ensemble, unis, intégrés et échanger des perspectives et des connaissances. Nous avons beaucoup à apprendre et à gagner les uns des autres. Cette conférence en est la preuve.
Nous savons que les idées ne suffisent pas et qu'il y a aussi une guerre physique. Nous savons qu'en ce moment même, nos héros sacrifient leur vie sur le champ de bataille pour lutter en faveur de la multipolarité. Et nous honorons avant tout leur travail nécessaire. Toutefois, nous devons également garder à l'esprit qu'il s'agit d'une guerre mentale et spirituelle et que nos philosophes et nos saints sont les ennemis numéro un des mondialistes.
Je vous remercie tous.
Lucas Leiroz
Source : Nova Resistência
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lundi, 09 janvier 2023
Les événements du Brésil: entretien avec Lucas Leiroz, journaliste à InfoBRICS, Nova Resistência et Sputnik Radio
Les événements du Brésil: entretien avec Lucas Leiroz, journaliste à InfoBRICS, Nova Resistência et Sputnik Radio
Propos recueillis par Alexander Markovics
Cher Monsieur Leiroz ! Les dernières élections présidentielles au Brésil ont été remportées de justesse par le candidat de gauche et co-fondateur du format BRICS, Lula da Silva, contre le président de droite Jair Bolsonaro. Alors que Bolsonaro a promis de maintenir le cap souverainiste de son pays et a reçu le soutien de l'ancien président des États-Unis Donald Trump, Lula da Silva a montré une proximité avec l'actuel président américain Joe Biden et certains éléments de la gauche postmoderne (LGBT, etc.). Que signifie ce résultat pour la future politique intérieure du Brésil ?
Je ne pense pas qu'il y aura des changements fondamentaux. Lula a été élu président avec une courte majorité de voix, alors que les alliés de Bolsonaro ont remporté les élections législatives. Il y a des protestations et une méfiance collective envers Lula. Le plus probable est qu'il servira de figure de proue et d'homme politique pour les cérémonies, utilisant son image publique pour mobiliser le soutien au nouveau gouvernement, dont le véritable chef sera Geraldo Alckmin, son vice-président. Alckmin est un politicien néolibéral typique qui n'a aucun intérêt pour les questions sociales et qui est indifférent aux intérêts du peuple. Il est le président idéal pour les élites mondialistes, mais il est trop impopulaire pour gagner les élections; on a donc formé une alliance entre lui et Lula. Cependant, la réputation de Lula est également très controversée en raison des scandales qui ont éclaté dans le passé. Il pourrait donc ne pas jouer un rôle actif, mais servir de légitimité à Alckmin. La seule chose que Lula sera en mesure de faire est de mettre en œuvre de manière crédible l'agenda de la gauche libérale, comme les droits LGBT et l'idéologie du genre, alors que l'économie et la politique seront gérées par Alckmin (photo, ci-dessous).
En ce qui concerne l'économie néolibérale que nous avons pu voir sous Bolsonaro, il n'y aura pas de changement, seulement une exécution un peu plus "gauche".
Cependant, je voudrais souligner que l'héritage le plus significatif de ces élections est probablement la polarisation, qui s'aggrave de jour en jour. Le gouvernement Lula-Alckmin n'aura pas la tâche facile, car des millions de personnes forment une forte opposition et sont capables de se mobiliser pour des manifestations de grande ampleur. Des années de turbulences et de violence nous attendent.
Lucas Leiroz
Le Brésil est l'un des principaux pays d'Amérique latine et le moteur de l'intégration latino-américaine. Par le passé, le Brésil a adopté une position neutre vis-à-vis de la guerre de l'OTAN contre la Russie en Ukraine, à laquelle il achète du soja et des engrais, et maintient également des relations cordiales avec la Chine, à laquelle il vend ses produits agricoles. Comment pensez-vous que le nouveau président soutiendra la politique étrangère du Brésil et sa participation à la construction d'un monde multipolaire ?
Pour comprendre le Lula d'aujourd'hui, il est important d'oublier le Lula du passé. Il n'est plus le leader de tous les pays émergents. Nous devons laisser derrière nous l'image de Lula comme fondateur des BRICS. Depuis qu'il a quitté la prison, Lula s'est de plus en plus tourné vers les intérêts des élites occidentales. Il l'a clairement fait savoir dans son discours sur la forêt amazonienne et le conflit en Ukraine. Il utilisera certainement son héritage pour approfondir la coopération entre les pays du Sud au sein des BRICS et du Mercosur, mais il ne remettra pas en cause l'ordre unipolaire des États-Unis. La politique étrangère de Lula pourrait renforcer le multilatéralisme économique organisé autour de l'ONU, ce qui implique la neutralité du Brésil vis-à-vis des grands conflits. Au niveau régional, il devrait nouer des alliances avec d'autres représentants de la gauche mondialiste, comme le Colombien Petro, qui défend littéralement la présence des troupes de l'OTAN en Amazonie. De même, on peut s'attendre à ce qu'il défende avec plus d'enthousiasme les agendas internationaux concernant l'environnement, les droits de l'homme, l'identité, le genre et d'autres questions pour le Brésil dans les accords internationaux.
D'une part, le ministre brésilien des Affaires étrangères Ernesto Araujo s'est opposé à la Grande Réinitialisation du Forum économique mondial (WEF), et d'autre part, de nombreux Brésiliens, notamment parmi les classes populaires, ont critiqué la mauvaise politique de santé du pays. Quelles sont les perspectives pour le Brésil en ce qui concerne le Great Reset et sa politique de santé sous Lula ?
Il ne fait aucun doute que le projet de Great Reset de Lula sera encouragé. L'ensemble de la gauche brésilienne suit les directives du WEF et Lula est à la tête de cette coalition. L'autoritarisme médical, la protection radicale de l'environnement, les mesures d'économie d'énergie, la réduction des émissions de CO2 et d'autres thèmes sont inclus dans le projet politique de Lula. Un capitalisme vert basé sur la technologie est l'une des principales promesses de Lula, qui soutient également sans faille le programme de vaccination soutenu par les géants de la technologie. Le Brésil deviendra donc un partisan des idées du WEF parmi les pays du Sud mondial.
Le Brésil est un exportateur net de pétrole brut vers le reste du monde, alors que sa propre population est de plus en plus mécontente de la hausse des prix de l'énergie dans le pays. La forêt amazonienne et les droits des populations indigènes sont également des sujets chaudement débattus dans la politique brésilienne. Pensez-vous que le Brésil maintiendra sa politique orientée vers l'exportation ou pensez-vous qu'il défendra à l'avenir un nationalisme des ressources ?
La politique d'exportation restera en place. Lula a clairement indiqué par le passé qu'il ne reviendrait pas sur la privatisation d'entreprises stratégiques, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de politique de développement à orientation nationale. Lula "combattra" la pauvreté par le biais de mesures d'aide néolibérales, et non par une nouvelle politique d'industrialisation et d'emploi. De même, il se servira de la nécessité d'empêcher la destruction des forêts et de protéger les droits des indigènes pour justifier la poursuite de l'internationalisation de l'Amazonie et empêcher les politiques de défense de la souveraineté brésilienne. Malheureusement, l'avenir ne laisse rien présager de bon.
Merci beaucoup pour cet entretien !
20:26 Publié dans Actualité, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lucas leiroz, brésil, actualité, politique internationale, amérique latine, amérique du sud, amérique ibérique | | del.icio.us | | Digg | Facebook