samedi, 26 avril 2008
Plus est en vous !
"Plus est en vous"
Parlant du Verdinaso de Joris Van Severen (1894-1940) mouvement politique aux allures d'ordre monastique et guerrier, un ministre social-chrétien belge, pourtant hostile, déclarait qu'il s'agissait de "la tentative la plus honnête d'un groupe autoritaire de réagir, entre les deux guerres, contre la démagogie parlementaire". A la tête de cette union nationale-solidariste thioise, un jeune officier flamand (mais parfaitement francophone comme l'élite de son temps) nourri de Maurras, Barrès, Maritain et Valois, fou de littérature romantique et amateur de jolies femmes: Joris Van Severen, sans doute le personnage le plus étonnant de la Belgique de l'entre-deux-guerres. L'histoire de cet homme respecté même par ses adversaires est mal connue: d'autres figures ont monopolisé l'attention des chercheurs et du public cultivé, comme celle d'un Léon Degrelle, démagogue n'arrivant pas à la cheville du Leider thiois quant à la valeur morale, à l'ampleur des visions politiques et stratégiques. On devait déjà à Luc Pauwels, éditeur de la revue dextriste Tekos (anciennement Teksten, kommentaren en studies fondée par un groupe d'intellectuels folcistes aux visions paneuropéennes) une présentation de Van Severen publiée dans Nouvelle Ecole (n°50, 1998).
Pauwels publie aujourd'hui le mémoire de licence qu'il a présenté à l'Université Catholique de Louvain (KUL) sur les évolutions idéologiques de Van Severen. L'ouvrage (272 pages) est du plus haut sérieux, parfois scolaire, mais constitue une somme. L'auteur a dépouillé une masse d'archives et de revues (dont L'Ordre thiois et Pays-Bas Belgiques publiées alors en français), rencontré témoins et acteurs (dont L. Delafortrie fidèle depuis plus de cinquante ans à son chef, Jef François, Pol le Roy, Jef van Bilsen, etc.). Il a bénéficié de l'aide des disciples de Van Severen toujours actifs, au sein du Mouvement flamand notamment. Il faut espérer qu'une adaptation française verra le jour, qui permettrait au public francophone de se familiariser avec cette fascinante et noble figure.
«Je poursuis l'idéal, hardiment, sans faiblir»!
Car le Verdinaso fut bien plus qu'un parti politique: un ordre à l'idéal ascétique que l'on peut rapprocher, sans toutefois les confondre, avec le mouvement d'un Codreanu ou d'un José Antonio; bien plus qu'un groupe flamingant: une union panthioise regroupant dans la dernière phase de sa complexe évolution Flamands, Luxembourgeois, Frisons et Wallons des marches romanes. Ce qui frappe, c'est la réelle influence de cet homme qui ne joua pas un rôle politique de premier plan puisque relégué dans l'opposition par un système parlementaire qu'il méprisait souverainement. Van Severen était partisan d'une oligarchie d'aristocrates instaurant un ordre nouveau personnaliste et communautaire qu'il voulait différent des ordres allemands et italiens, ce qui valut des défections à son mouvement. Fier de l'héritage germanique des Pays-Bas Belgiques, Van Severen était un lecteur attentif des thèses de Franz Petri (Germanisches Volkserbe in Wallonien und Nordfrankreich, Bonn, 1937). Mais il connaissait les limites de la germanité: "Ils construisent des tours, ces Thiois, et des digues, mais jamais ils n'ont bâti un Etat" et se rattachait aussi à une certaine latinité sur laquelle il fonda sa Rijksgedachte, sa pensée d'Empire. Dès 1934, Van Severen rompit avec le flamingantisme classique, micro-jacobin et revanchard, pour prendre comme modèle le Cercle de Bourgogne, les XVII Provinces. Luc Pauwels étudie l'évolution de sa pensée depuis les premières sympathies bolcheviques, à travers des thèmes comme le solidarisme, le corporatisme, l'ordre,… Il définit Van Severen comme un révolutionnaire-conservateur, disciple d'Aristote et de Thomas d'Aquin. Voilà donc une figure digne d'intérêt, rendue encore plus attachante par sa beauté (superbe portrait par le photographe Willy Kessels aujourd'hui voué aux gémonies par une clique d'intellocrates particulièrement haineux) et par son tragique destin: Van Severen est abattu par des soldats français à Abbeville dans des conditions atroces avec vingt autres prisonniers le 20 mai 1940, en pleine débâcle.
"Je poursuis l'Idéal, hardiment, sans faiblir".
André DUCHENOY.
L. Pauwels, De ideologische evolutie van Joris Van Severen, Studiecentrum Joris Van Severen, Paddevijverstraat 2, B-8900 Ypres. 1100 FB (environ 190 FF). Le centre organise un pèlerinage annuel sur la tombe de Van Severen à Abbeville.
00:26 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgicana, flandre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les commentaires sont fermés.