lundi, 30 juin 2008
La leçon de Lépante
La leçon de Lépante: qui l'a retenue?
Le 7 octobre 1571, l'Europe impériale coalisée infligeait une sévère défaite sur mer à l'Empire ottoman
430 années ont passé depuis l'un des plus grands événements militaires de l'histoire mondiale. Ce jour-là, 7 octobre 1571, une large fraction de l'Europe chrétienne avait laissé de côté les vieilles haines et les divisions fratricides pour se lancer dans une bataille décisive contre l'ennemi mortel qui l'avait continuellement agressée et qui cherchait à l'annihiler. L'héroïsme et le sacrifice de nos ancêtres a permis à notre civilisation de vivre et de poursuivre sa route dans l'histoire —pour le meilleur et pour le pire. Ce jour-là, l'Europe a pu compter sur certains de ses fils (la plupart!), ceux qui ont répondu à l'appel du destin, ceux qui ont eu le courage de se jeter dans la bataille, et ceux qui se sont retirés du jeu, qui se sont contentés de regarder le combat de loin, en laissant aux autres la tâche de défendre l'héritage commun. Et il y a eu ceux qui ont pactisé avec l'ennemi (que la honte les étouffe pour les siècles des siècles!). Ce jour-là, 7 octobre 1571, on a vu à quels hommes on avait affaire, on a vu les justes et on a vu les traîtres. Parlons d'abord de la composition de la flotte impériale européenne: sur 208 bateaux, 110 étaient vénitiens, 22 génois, 3 piémontais, 12 appartenaient à l'ordre de chevalerie toscan de Saint Etienne, 9 appartenaient aux Chevaliers de Malte, 8 relevaient de la Papauté et 44 du Saint Empire. Les équipages des bateaux arborant le pavillon de Saint Marc venaient de Vénétie (60), de Crète (30), des Iles Ioniennes (7), de Dalmatie (8) et des villes de la terre ferme (5). Les troupes de fantassins embarquées étaient en majorité impériales et composées de soldats venus de Castille, de Catalogne, du Pays Basque, de Hollande, de Lombardie, d'Allemagne et du Pays de Naples. L'infanterie de Venise était composée de Vénétiens, de Lombards, de Frioulans et de “Slavons” (Croates de Dalmatie et Serbes de la Krajina).
Presque toute l'Europe catholique était présente. Parmi les absents, certains étaient parfaitement excusables, comme les Autrichiens, les Polonais, les Allemands et les Hongrois, car ils luttaient pied à pied contre les Turcs sur le front continental. Le premier assaut turc contre Vienne avait été brisé en 1529 et les affrontements n'avaient plus cessé depuis en Slovénie, en Hongrie et en Valachie. Deux absences me semblent toutefois injustifiables. Les Portugais étaient entrés en rivalité avec les Espagnols et n'avaient pas accepté de se soumettre au commandement d'un chef espagnol. L'opposition entre les deux puissances ibériques n'était pas d'ordre idéologique mais politique: en réalité, les Portugais menaient une longue guerre contre les Musulmans sur les côtes atlantiques du Maroc et lançaient d'audacieuses incursions en territoire islamique en Orient, parmi lesquelles une tentative malheureuse, l'expédition en Mer Rouge de 1517.
Une pure trahison à l'endroit des intérêts vitaux de l'Europe
Les Français, eux, n'avaient aucune raison valable pour ne pas être présent à Lépante. Dans le passé, les Francs avaient toujours été aux avant-postes dans la lutte pour la défense des frontières de l'Europe, depuis Poitiers jusqu'aux Croisades. Leur absence s'explique sans doute par la rivalité qui les opposait à l'Espagne. Mais surtout par leur politique de rapprochement avec les Ottomans, concrétisée par des traités de coopération et d'amitié. Cette politique est devenue au fil du temps une pure trahison à l'endroit des intérêts vitaux de l'Europe. La politique française ne peut pas davantage se justifier pour des motifs économiques: Venise, Gênes et les autres puissances européennes avaient passé des accords commerciaux avec les Musulmans mais n'avaient jamais eu l'idée, en les signant, de trahir l'esprit de défense de la civilisation européenne. Les seuls Français et Occitans présents à Lépante pour défendre l'honneur de leurs terres dans la défense commune de l'Europe se trouvaient dans les rangs des héroïques chevaliers de Malte et sur les bateaux niçois du Comte de Savoie.
Le christianisme avait provoqué en Europe une division, celle du schisme entre l'Occident et l'Orient, entre Rome et Byzance; il venait d'en provoquer une nouvelle par la Réforme. Les positions des diverses fractions de la chrétienté européenne devant l'agression ottomane étaient différentes. Le monde orthodoxe, depuis la chute de Constantinople, fruit amer de la division entre peuples christianisés, languissait largement sous l'oppression turque mais résistait vaillamment dans des zones non pacifiées, notamment en Transylvanie et dans les montagnes serbes du Kosovo et de la Métohie. La Russie, la plus grande nation orthodoxe, avait recueilli l'héritage symbolique et politique de Byzance. Elle avait engagé une bataille terrible contre les potentats islamiques d'Asie centrale. En 1571, l'année de Lépante, les Tatars de Crimée, alliés des Ottomans, avaient lancé des attaques cruelles contre la terre russe, poussant jusqu'à Moscou qu'ils avaient incendiée. Les Orthodoxes ont donc participé, ces années-là, à la lutte commune de l'Europe contre son ennemi mortel. De plus, les équipages de 37 navires vénitiens venaient de Candie et des Iles Ioniennes, sans compter les “Slavons” de la Krajina, derrière les côtes dalmates.
La “Prière contre les Turcs” de Luther
Les Protestants ont été les grands absents, d'abord pour des raisons géographiques, l'Europe nord-occidentale étant très éloignée du danger islamique et ne le percevant pas correctement. Mais ils avaient également des raisons “idéologiques”: dans une de ses thèses, Luther avait dit: «C'est un péché de résister aux Turcs, car la Providence se sert de cette nation infidèle pour punir les iniquités de son peuple». Luther avait toutefois modifié son attitude première dans deux ouvrages ultérieurs: «Prière contre les Turcs» et «De la guerre contre les Turcs». Toutefois sa thèse de non résistance a servi d'alibi au non engagement des Protestants dans la lutte commune. Le ressentiment anti-catholique a sans doute permis à certaines franges puritaines de sympathiser avec l'islamisme, plus virulent dans son zèle religieux.
Aujourd'hui l'Europe vit des expériences qui ressemblent dramatiquement à celles de ce 16ième siècle tragique. La pression islamique se fait sentir de plus en plus durement non plus sur les frontières de l'Europe ou sur les côtes méditerranéennes, mais à l'intérieur même des villes du cœur de l'Europe. Dans un tel contexte, notre Padanie a un rôle d'avant-garde à jouer dans cette nouvelle lutte, parce qu'elle doit se souvenir qu'elle a livré les deux tiers des navires de combat de la bataille de Lépante, qu'elle a donné au Saint Empire de grands commandeurs militaires et un Pape piémontais, Saint Pie V, qui, [ndlr: à rebours des discours "multicultureux" de l'Eglise d'aujourd'hui], avait appelé les Européens à s'unir en une grande armée paneuropéenne pour battre l'ennemi turc. Aujourd'hui, la Padanie est toujours en première ligne car les infiltrés islamiques s'installent sur son territoire. C'est donc chez nous que devra renaître l'esprit de résistance européen. Comme à Lépante, on pourra compter les présents et les absents.
Gilberto ONETO.
(article paru dans La Padania, 4 février 2000, http://www.lapadania.com ).
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