jeudi, 24 juillet 2008
"Pages bourguignonnes" de Johannès Thomasset
Sur un livre mythique de Johannès Thomasset : Pages Bourguignonnes
Recueil d’articles parus dans Le bien public, Les cahiers de Bourgogne, La Bourgogne d’or ou encore Les Cahiers Luxembourgeois, Pages bourguignonnes est une ode à la différence enracinée, écrite par Johannès Thomasset, que l’on présente souvent comme le poète païen refondateur du mythe burgonde.
Cette différence enracinée, c’est d’être bourguignon, ou Burgonde et de souhaiter l’avènement d’un nouvel ordre politique que Yann Fouéré a appelé "L’Europe au cent Drapeaux". En somme l’une des dernières façons de se sentir et d’être aristocrate.
Profondément attaché à la terre de ses ancêtres, Johannès Thomasset proclamait bien fort qu’“En des temps d’opprobre, il sied de se tourner vers les héros. Pour nous, habitants de la Bourgogne aimée des Dieux, il faut songer parfois au dernier souverain. Oublié des uns, maudit des autres, Monseigneur Charles de Bourgogne, dit le Hardi, plus tard le Téméraire, n’a point eu bonne part à la justice de l’histoire… Que Charles, mauvais politique, ait gouverné follement son duché, cela ne se met en doute. Mais il a tout ce qu’il faut pour être un héros national, une grande figure d’épopée. Brave, chevauché de chimère, fastueux, redoutable, ce très haut prince fut un poète de l’action. Il sied à nous Bourguignons, non pas de chérir sa mémoire, mais d’exalter son image, de dresser sa silhouette grandiose sur le ciel trouble d’aujourd’hui”.
Entouré de mystères pesant sur son auteur Pages Bourguignonnes appelle à l’insurrection salvatrice et rédemptrice à l’égard du jacobinisme, sorte de religion révélée en 1789. Alors que nos Rois parlaient des peuples de France et que Charles Maurras soutenait contre tous, même contre les siens, l’idée d’une France fédérale, les nouveaux clercs de la Sorbonne défendaient l’idée d’une république “Une est indivisible” et massificatrice. Le moule ou la tôle en quelque sorte.
Loin de cette conception totalitaire en dehors de laquelle il ne peut exister d’autre avenir pour les peuples, Thomasset rêvait. A la lecture des Nibelungen, il affirmait : “Nous parlions français pendant que notre histoire s’écrivait en allemand… La formidable légende burgonde s’est cristallisée trop tard; les héros étaient en fuite, découragés, épuisés. Ils avaient oublié leur patrie et leur langue… Le poème des Nibelungen, dont presque tous les héros sont burgondes, c’est-à-dire actuellement français, est devenu poème national allemand… Les Allemands étudient dès l’école le Nibelungenlied et savent que les Burgondes sont une des plus nobles tribus germaniques. Mais peut-être ne savent-ils pas ensuite que leurs descendants vivent en Gaule ? De même que nous ne voulons pas savoir que nos pères vécurent en Germanie.”
Loin d’un certain régionalisme musée, Johannès Thomasset dénonce à la Noël 1932, dans les colonnes de La Bourgogne d’or “Les défilés et les danses en costumes de jadis tournent vraiment à la mascarade. On ne fait pas revivre ainsi la fierté d’un peuple. Au lieu de vivifier la tradition, ces mœurs ne font qu’en souligner la mort… Exhumer de vieilles coiffes et organiser des cavalcades est un peu ridicule, tout à fait inutile et souverainement triste.” Le régionalisme musée étant la plus simple expression laissée par les jacobins à ceux qui souhaitent voir renaître les patries charnelles.
Publiées en 1938, à Bruxelles, Pages Bourguignonnes trouvent alors naturellement sa place dans la bibliothèque des régionalistes, des séparatistes et des autonomismes qui s’opposent alors à la chape de plomb jacobine qui sera aussi défendue après l’armistice de 1940. Johannès Thomasset, à l’instar de l’abbé Gantois ou d’un Olier Mordrel pense que cette nouvelle guerre ne le concerne pas. Thomasset se retrouve alors conduit à être assimilé à un camp qui n’était pas naturellement le sien, cela dans le simple espoir de voir naître une large Europe basée sur les provinces ou patries charnelles et non plus sur les Etats nations souvent issus de traités sans grande valeur au regard de l’histoire des Peuples qui composent l’Europe.
Traduit en Allemand en 1942, c’est sous le titre de Verhülltes Licht. Geist und Landschaft von Burgund que Pages Bourguignonnes devient alors le livre de chevet de tout ceux qui aspirent à la restauration de la Lotharingie , terre médiane, espace d'intersection entre Gaule et Germanie.
En 1935, Thomasset signait un article dans lequel on pouvait y lire notamment : “Il avait dépassé la patrie et retrouvé la race… Mais les patries sont encore inscrites dans les frontières et il est téméraire de suivre son sang plutôt que son drapeau.”
Aujourd’hui, nous sommes nombreux à penser que cette phrase de Thomasset était prémonitoire et que son combat identitaire et enraciné reste d’actualité.
“Là où il existe une volonté, il existe un chemin !” affirmait Guillaume d’Orange, le chemin existe, reste à trouver en nous la volonté.
Lorsque, aujourd’hui, tous peuvent être Français, nous sommes fiers de nous dire Bourguignons, Basques, Flamands, Normands, Provençaux, Alsaciens, Corses, Bretons…
C’est notre façon à nous de rester fidèles à notre terre et à nos morts en attendant la fondation prochaine d’une Europe respectueuse des différences, et qui au-delà des nations-prison protège l’âme et l’esprit de l’Homme d’Europe qui aspire à retrouver son empire.
Jean VOUILLÉ.
Johannes THOMASSET, Pages bourguignonnes, Ed. de l'Homme Libre, Paris, juin 2001, 193 pages, 120 FF, ISBN 2-912104-18-1
◊ Cette édition est composée du volume intitulé Pages Bourguignonnes, publié à Bruxelles en 1938, et complétée de deux articles parus en 1938 et en 1943 dans la revue indépendantiste bretonne Stur d'Olier Mordrel.00:05 Publié dans Terres d'Europe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : terroirs, bourgogne, littérature, régions, régionalisme, enracinement, racines | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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