La Russie,
amie fidèle et voisine sûre de l’Abkhazie
et l’Ossétie du Sud
Interview de Vadim Goustov, président du Comité des affaires de la CEI du Conseil de la Fédération.
Une réunion élargie du Comité des affaires de la CEI du Conseil de la Fédération (chambre basse du parlement russe) vient de se terminer à Moscou. Elle a été consacrée à l’examen des demandes des parlements abkhaz et sud-ossète concernant la reconnaissance de l’indépendance des deux républiques autoproclamées au sein de la Géorgie, mais aussi de la demande présentée par le parlement de la république russe d’Ossétie du Nord - Alanie, sur le même sujet. RIA Novosti a demandé au président du comité en question, Vadim Goustov, d’évoquer les résultats de cette réunion.
Q. Vadim Anatoliévitch, quelle a été la décision des sénateurs? La Russie doit-elle reconnaître ou non l’indépendance de ces peuples?
R. Cette question est très très difficile. Evidemment, le plus simple serait de s’écrier: “on les reconnaît!”. La presse mondiale se mettrait tout de suite à faire beaucoup de bruit et ne se calmerait qu’au bout de deux jours. Mais une telle décision serait totalement inefficace, et le Conseil de la Fédération en est parfaitement conscient.
La reconnaissance de n’importe quel territoire implique une responsabilité colossale, en premier lieu la responsabilité du pays que l’on reconnaît. Si l’on reconnaissait maintenant l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, on accepterait ainsi la variante du Kosovo. Mais alors, qu’est-ce qui nous distinguerait de ceux qui violent les engagements internationaux?
A l’heure actuelle, les soldats de la paix russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud remplissent leurs fonctions, et le font très bien. Ils ne sont pas venus de leur propre gré, ils ont été envoyés par les dirigeants de la CEI et de surcroît, le Conseil de sécurité de l’ONU prolonge leur mandat tous les six mois. A chaque fois, le conseil souligne que les soldats de la paix russes remplissent leurs fonctions à cent pour cent.
Nous appuyons totalement l’appel, adressé aux parties en conflit par le Conseil de sécurité de l’ONU, à s’abstenir de tout acte de violence et de toute provocation, à respecter les ententes intervenues concernant le cessez-le-feu et le non-recours à la force.
Pour ce qui est des deux territoires autoproclamés, notre comité - et pas uniquement le nôtre, deux autres comités ont également participé à cette réunion - a confirmé la vision avancée par le président russe. Celui-ci a nettement formulé son idée: la Géorgie souhaite vivement adhérer à l’OTAN et nous, nous ne voulons pas que l’OTAN se rapproche d’année en année de nos frontières. Plus de cent mille Russes habitent dans ces républiques, et la Russie est prête à défendre leurs droits et libertés, ainsi qu’à assurer leur sécurité. Ces républiques se trouvent aux frontières méridionales russes, or, entre parenthèses, la Russie organisera dans cette région les Jeux olympiques de 2014.
Q. Vous sous-entendez donc que si la Géorgie envisage d’adhérer à l’OTAN, elle le fera sans ces républiques autoproclamées? Comment, au juste, la Russie accordera-t-elle une aide ciblée à la population de ces républiques, aide évoquée par le président?
R. Nous jouons cartes sur table: nous ne les reconnaissons pas pour l’instant, mais conformément à la décision des structures compétentes, nous disons à l’Abkhazie et à l’Ossétie du Sud que la Russie est leur ami fidèle et un voisin sûr. En plus de le dire, nous agissons.
Notre tâche ne consiste pas à “clamer” quelque chose, mais à apporter une aide concrète. Le Conseil de la Fédération a décidé de concentrer ses efforts sur la question suivante. Il existe un décret présidentiel qui, de fait, change de fond en comble la nature des relations des structures exécutives du pouvoir russe avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Nous nous sommes adressés aux sénateurs, en premier lieu aux gouverneurs, en leur proposant que chaque entité de la Fédération, à l’exception peut-être de Sakhaline et du Kamtchatka, cherche sérieusement des éventuels points de contacts entre ses entrepreneurs et les organes du pouvoir de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il s’agit d’une coopération économique, commerciale, scientifique, technique, culturelle et autre, avec la participation de régions russes.
Un tel travail a déjà été entamé. Moscou est sur le point de conclure un accord de grande envergure avec ces territoires. C’est ce qui importe, à notre avis.
A l’heure actuelle, nous nous trouvons tous dans des conditions de marché, et les entités de la Fédération ne possèdent pas de fonds disponibles pour accorder une aide désintéressée à ces républiques. Il faut y créer des conditions qui attirent les hommes d’affaires. Or, il s’agit d’une région prometteuse: elle possède un réseau de commerce, des voies navigables, autrefois, il y avait une formidable zone balnéaire en Abkhazie. Les Abkhaz sont un peuple laborieux, ils vont travailler et gagneront de l’argent. Par ailleurs, il convient de les aider en ce qui concerne les opérations de déminage.
Q. Vous savez que les Russes ont toujours eu une attitude particulièrement chaleureuse envers tous les peuples de la Géorgie, et pas seulement envers les Abkhaz ou les Ossètes…
R. Mais nous sommes prêts à élargir notre coopération économique avec l’ensemble de la Géorgie. Car la Russie n’a pas seulement levé les sanctions économiques contre l’Abkhazie. Elle a fait pratiquement la même chose pour la Géorgie.
Seulement, soyons directs et sincères. Les marchandises géorgiennes n’ont aucun débouché aux Etats-Unis ou en Europe. Leurs vins et eaux minérales, leurs agrumes et minerais de manganèse n’intéressent personne, seul le marché de la CEI passe commande.
Je peux citer un exemple analogue concernant la Moldavie. Lorsque la Russie a introduit des restrictions relatives au commerce des vins moldaves, Chisinau a frappé à toutes les portes, en proposant ses produits à tout le monde, même à la Chine. Néanmoins, il n’a réussi à vendre qu’entre 30.000 et 50.000 bouteilles. Mais au cours de la période allant du 1er octobre 2007 au 1er mars 2008, lorsque les livraisons ont repris - ne serait-ce que partiellement - la Moldavie a vendu 4,3 millions de bouteilles. Voici le marché réel, tel qu’il est pour l’ensemble des pays de la CEI.
Q. Vadim Anatoliévitch, quel pronostic pourriez-vous faire concernant les relations russo-géorgiennes en général?
R. Ici, beaucoup de choses ne dépendent pas des Géorgiens. En fait, nombre de dirigeants géorgiens sont des types raisonnables. Mais ils sont dépendants des Américains. Et c’est là l’un de leurs principaux malheurs. Dès que la Russie a publié le décret présidentiel dont je viens de parler, le ministre géorgien des Affaires étrangères s’est immédiatement envolé pour les Etats-Unis, afin de demander conseil.
Certes, ils peuvent ouvrir des bases américaines et se faire payer pour cela tant de millions de dollars par an. Mais c’est une voie sans issue. Parce que sans une économie développée, le peuple géorgien finira par demander, en fin de compte: “Ecoutez, Monsieur le président, on ne peut quand même pas vivre comme ça. Nous vous avons cru, et maintenant?”.
Quelles que soient les idées avec lesquelles les gens arrivent au pouvoir, celles-ci deviennent contre-productives si elles ne sont pas mises en oeuvre au bout de trois ou quatre années (en guise d’exemple, je peux citer l’Ukraine). Saakachvili, je pense, en est conscient. Bien sûr, il a remporté l’élection présidentielle anticipée, mais les élections législatives l’attendent, et la situation dans le pays est extrêmement compliquée.
La principale question qui intéresse tout le monde est de savoir quelle sera l’orientation que choisira la Géorgie pour son développement. Les Américains, eux, en sont également conscients, c’est pourquoi ils souhaitent une adhésion accélérée de la Géorgie à l’OTAN, afin de s’implanter dans le pays, de s’installer sur les anciennes bases militaires russes. Mais l’arrivée des militaires otaniens s’accompagnera d’un passage aux armements de l’OTAN. Autrement dit, la Géorgie se voit totalement entraînée dans la stratégie otanienne.
Du point de vue territorial, la Géorgie est un important pays de transit, tant pour le pétrole que pour le gaz. Si l’Azerbaïdjan se laisse convaincre de marcher dans le sillon géorgien - or, un sérieux travail de propagande est déjà en cours dans ce pays - il ne sera plus question d’intégration avec la Russie. Ce qui est mauvais pour tout le monde, surtout pour l’Arménie, qui se retrouvera alors complètement isolée.
Les élections législatives se tiendront en Géorgie au mois de mai. Je pense que quatre ou cinq partis géorgiens franchiront la barre des 5%. Si les élections se déroulent sans violations sérieuses, ce que j’espère beaucoup, un parlement plus pragmatique sera formé. Et Saakachvili devra tenir compte de son avis.
Propos recueillis par Olga Serova.
Source : RIA Novosti
Commentaires
cette conversation autour du feu, c'est le cas de le dire, semble surréaliste. c'est un monologue stérile!
Tout débat y est exclu, les menaces fusent sur le ton de l'auto-suffisance ploutocrate.
Le tout sur un fond gravement anti-démocratique et prônant une forme de démocrasserie avilissante.
Avec un délire maniaco-obséssionel , confondant l'OTAN et les Américains.
Vous méprisez l'Europe, vous vous dites encerclé, et même humilié , en somme vous n'êtes pas crédible.
Certainement que bientôt si la guerre n'éclate pas, vous comprendrez que nous rentrons dans la civilisation de l'après pétrole, ËTES VOUS PRËT?
Ce que vous semblez ignorer des démocraties c'est qu'elle représentent la volonté du peuple dans son intégrité; et qu'une démocratie rentrant en conflit dispose d'une plus grande détermination face à ses ennemis, et en cela autant dans une guerre économique que dans dans une guerre militaire.
Votre mépris de la Géorgie et de ses ressources économiques sont en contradiction avec le fait que vous occupez son territoire et que vous exilez ses populations,que vous feignez d'ignorer, en niant leurs droits les plus élémentaires.
Vous avez construit votre image dans le monde, comme étant un pays de bofs.
Voilà quelques vérités qui ont échappé à votre sens critique ou à votre raison, continuez calmement vos discours fades, presque plus personne ne vous écoute, vous avez déjà été jugé comme partenaire non recommandable.
Une seule chose que j'espère c'est que tout cela n'aille pas trop loin.
Écrit par : croacroa | samedi, 13 septembre 2008
Nous ne méprisons pas la Géorgie: nous admirons son histoire, ancrée dans la logique impériale byzantine. Au 11°siècle, elle a sauvé Byzance du désastre, gardé ses positions, en a reconquis d'autres. Elle a volontairement rejoint la Russie lors de la reconquête du Caucase au début du 19°. Nous admirons un peuple qui a su se défendre avec une telle constance dans l'histoire. Nous méprisons en revanche ceux qui tournent le dos à une si belle histoire, qui trahissent. Idem pour les Occidentaux qui trahissent l'Europe au bénéfice de l'Amérique.
Nous arriverons sans doute assez rapidement à l'après=pétrole: en effet, c'est la raison pour laquelle les Américains, autour du pétrolier Bush, veulent prendre tout le pétrole de la planète pour le gérer et gérer sa raréfaction pour en tirer assez de bénéfices pour piller le monde et assurer quelques décennies de domination après le pétrole. Raison des guerres actuelles, prolongations de guerres anciennes: Afghanistan, Irak, Caucase.
L'histoire est le fruit des maîtrises de l'espace et non pas des discours creux sur les droits ou les non=droits.Vous jouez les donneurs de leçon, mais vous n'avez pas les deux pieds sur terre. Vous errez comme un fantôme dans l'empyrée, dans les nuées. Relisez "Les Grenouilles" d'Aristophane, pauvre Gaulois victime de la déchéance de l'éducation "nationale" et du panmixisme des sots et de la "lèpre républicaine", dénoncée par tous nos grands écrivains au 19°.
Écrit par : Benoit Ducarme | dimanche, 14 septembre 2008
Je suis allé plusieurs fois en Russie et en Géorgie pour affaire entre autre chose.
En Russie, j'ai remarqué que:
- les infrastructures sont très misèrables et que le gouvernement fait rien contre celà et qu'il préfère se remplir les poches,
- il y avait deux poids deux mesures: à Moscou et à St-Pétersbourg les citoyens russes vivent correctement et en province non et que le gouvernement ne fait rien pour combattre celà,
- il y a un certain racisme entre russes et que le gouvernement fait tout ce qu'il faut pour que celà empire.
JE TROUVE DONC QU'IL Y A UN RELENT DE COMMUNISME EN FEDERATION DE RUSSIE(TOUT EN MONTRANT DU CAPITALISME POUR TROMPER SON MONDE).
En Géorgie, j'ai remarqué que:
- le gouvernement fait de son mieux pour aider son peuple.
AU VUE DE CES FAITS QUAND LA SITUATION SE SERA TASSEE ET QUE LE SYSTEME ECONOMIQUE GEORGIEN SE SERA REMIS DES DEGATS FAIT PAR LES RUSSES JE CROIS QUE JE PREFERERAIS MAINTENANT INVESTIR EN GEORGIE PLUTOT QU'EN FEDERATION DE RUSSIE CAR SES DIRIGEANTS NE RESPECTENT AUCUNEMENT LEURS PAROLE ET QUE LA CORRUPTION EST REINE(AINSI QUE LA MAFIA).
Je suis un investisseurs et maintenant beaucoup de mes connaissances pensent celà aussi.
Écrit par : INVESTISSEUR | lundi, 15 septembre 2008
Investisseur, je suis tout à fait d'accord avec vous.
En 2000, je suis allé à Kazan au Tatarstan il y avait le choléra, nous avons voulu aidé les habitants mais le gouvernement local a pris l'argent pour lui.
Nous avons dû passé par la Turquie pour pouvoir travailler et être protégé.
Entre républiques de la Fédération de Russie ont ne s'entraide pas mais on préfère l'argent.
Ce que je crains c'est que la Fédération de Russie veut anéantir économiquement la Géorgie mais heureusement beaucoup de pays aide la Géorgie.
Une question: Pourquoi très peu d'alliés de la Fédération de Russie n'accepte pas l'indépendance des deux républiques séparatistes de Géorgie?
Écrit par : ingenieur | lundi, 15 septembre 2008
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