On doit se féliciter des trois césars récompensant ce 25 février le travail de Xavier Beauvois et de son équipe (1). Deux importantes émotions cinématographiques ont, en effet, sollicité les Français ces derniers mois : "Des Hommes et des Dieux", qui retrace la marche au martyre des moines trappistes de Tibhérrine et, dans un registre bien différent, "Le Discours d'un roi". Ce dernier film évoque le destin du duc d'York, qui deviendra George VI d'Angleterre.
On peut regarder ces œuvres de plusieurs manières, bien évidemment. On leur trouvera telles qualités, tels défauts.
Si l'on se passionne par exemple pour le personnage du frère aîné, l'énigmatique et éphémère Édouard VIII, lequel ne régnera que de janvier à décembre 1936, pour sa liaison avec Wallis Simpson, jugée scandaleuse à l'époque, on trouvera peut-être un peu caricaturale la présentation du personnage. Ce prince, dans la réalité historique, s'est montré d'abord un fort courageux soldat de la première guerre mondiale. Proche du peuple, attaché à la paix, il refusera toujours, après son abdication, de servir en quoi que ce soit, les desseins des ennemis de son pays. Celle qui devint la duchesse de Windsor lui demeura fidèle, jusqu'au bout, dans l'exil.
S'il s'agit, pour le premier film, de disserter une fois de plus sur le rapport à l'islam, à l'islamisme, à l'islamo-terrorisme, pas sûr du tout qu'il faille s'aligner, du point de vue étroitement politique, sur la logique du rôle occupé, et remarquablement incarné, par Lambert Wilson.
La question qui nous préoccupe aujourd'hui tient à tout autre chose. Le succès, légitime, des deux films que je viens de citer doit certes beaucoup au talent des réalisateurs et des acteurs. Mais il correspond aussi aux questions profondes qui touchent le public. Il suggère une réhabilitation diffuse, implicite et non dite, de tout ce que le Grand Orient de France s'attache à détruire depuis le XVIIIe siècle.
Ne nous dissimulons pas en effet que, sous le nom [en partie usurpé] (2) de "francs-maçons" une secte, ouvertement athée depuis 1877, travaille à déchristianiser la France comme elle s'est employée à détruire la royauté, symbole de l'unité véritable et fédérateur de l'identité française (3).
Ce pauvre pays répond assez exactement à l'image poétique d'Ezra Pound : "Ce corps décapité qui cherche la Lumière". Certes, en deux siècles, les opérations de substitution, les ersatz de monarchie, bonapartisme et gaullisme, les faux semblants de sacré, les prétendus suppléments d'âme se sont succédés. Sans succès. La dernière incarnation du présidentialisme émané du suffrage universel pourvoit suffisamment elle-même à sa propre caricature. Inutile d'épiloguer. Victor Hugo appelait cela "les Châtiments"
L'affreuse marche des laïcards et de leur république est explicitée dans le livre d'Alfred Vigneau par un dialogue qui remonte à 1933 entre l'auteur et le grand maître de la Grande Loge de France :
« — Mon Frère Vigneau, déclarera le Grand-Maître, vous ne connaissez pas les grands secrets de la Franc-Maçonnerie : n’oubliez pas que, c’est un 33e, membre du Suprême Conseil qui vous parle ; a-t-il besoin de vous apprendre que les buts secrets de la Franc-Maçonnerie sont la déchristianisation de la France. »
Le Grand-Maître rappela que la Franc-Maçonnerie avait trois buts principaux :
«1° Venger la mort des Templiers ; mission de laquelle sont chargés les Chevaliers Kadosch, 30e grade, qui doivent exercer cette vengeance sur l’Église Catholique.
2° Abattre les frontières pour établir la République universelle, mission de laquelle sont chargés les Sublimes Princes du Royal Secret, 32e.
3° Supprimer la Famille traditionnelle pour émanciper les enfants et l’épouse selon la bonne morale laïque, buts vers lesquels tendent les Souverains Grands inspecteurs Généraux, 33e. »
Vigneau quittera la maçonnerie et publia son livre (4) l'année suivante, en 1934, où l'affaire Stavisky montre non seulement l'utilisation des réseaux de l'Ordre par des escrocs de bas étage, mais aussi l'impunité largement assurée à ceux-ci, contrairement aux lois et contrairement à toutes les règles morales.
Pour Dieu et le Roi, nous disons donc aujourd'hui "revanche", mais contrairement aux jacobins des loges maçonniques, et d'ailleurs, nous ne crierons jamais "vengeance".
JG Malliarakis
Apostilles
- Nominée dans 11 catégories, l'évocation de la marche au martyre des moines de Tibéhirine, assassinés dans l'Algérie de 1996, a obtenu, d'un jury politiquement et culturellement très correct, 3 récompenses dont celle du Meilleur Film.
- Dans son livre "La Voie substituée" Jean Baylot, lui-même dirigeant de la maçonnerie "traditionnelle et régulière", retrace les étapes de cette prise de pouvoir au sein des principales obédiences françaises par les adeptes du jacobinisme, en contradiction absolue avec les "constitutions d'Anderson" adoptées au début du XVIIIe siècle par la grande loge unie d'Angleterre.
- Dans son petit livre sur "La Franc-maçonnerie dans la révolution française" Maurice Talmeyr souligne la part des loges dans la préparation et la symbolique du séisme.
- cf. "La Loge maçonnique", qui vient d'être réédité.
Vous pouvez entendre l'enregistrement de notre chronique
sur le site de Lumière 101
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