Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 03 février 2015

Le soleil d'or...

couchersol.jpg

Le soleil d'or...

Les éditions Alexipharmaque viennent de publier un roman de Bruno Favrit intitulé Le soleil d'or. Alpiniste chevronné, lecteur passionné de Nietzsche et porteur d'une vision du monde païenne, Bruno Favrit est l'auteur de nouvelles comme Nouvelles des Dieux et des montagnes (Les Amis de la Culture Européenne, 2004) ou Ceux d'en haut (Auda Isarn, 2007), d'un roman, Criminel de guerre (Les Amis de la Culture Européenne, 2005) et de plusieurs essais comme Vitalisme et Vitalité (Editions du Lore, 2006) ou Esprit du Monde - œuvres en perspectives (Auda Isarn, 2011). Il a aussi publié Midi à la source (Auda Isarn, 2013), le journal qu'il a tenu entre 1990 et 2011, ainsi qu'un recueil d'aphorismes,Toxiques & Codex (Alexipharmaque, 2013).

Soleil d'or.jpg

" Le so­leil d’or, c’est un ro­man d’aven­tures.
Des aven­tures au bout du monde — parce qu’il n’y a d’aven­tures vé­ri­tables qu’au bout du monde : au-de­là de la fron­tière, au-de­là de la carte, vers les ter­ri­toires… Ce se­ra alors pour l’es­sen­tiel la Pa­ta­go­nie, âpre et er­ra­tique, dont les in­fi­nis sont con­tem­p­la­tions au­tant que per­di­tions.
C’est aus­si une quête, celle d’un so­leil d’or dont les feux ma­lé­fi­cient peut-être, dont les rayons blessent les cons­ciences, brûlent les âm­es et les pas­sions.
Tan­dis qu’on re­t­rou­ve­ra les thèm­es chers à Bru­no Fa­v­rit, l’homme face à la na­ture, les som­mets et les pics — la ver­ti­ca­li­té qui, si elle est él­é­va­tion est aus­si, et da­van­tage que dans d’autres de ses livres, ver­tige, abîme, chute.
Dans des dé­cors im­menses où pour­raient mi­roi­ter Fran­cis­co Co­loane et Ni­co­las Roe­rich, Bru­no Fa­v­rit ép­rouve l’éva­sion, prouve le Grand De­hors. "

14:40 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, bruno favrit | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

A propos de l'Occitanie

drapeau-occitan.jpg

À propos de l’Occitanie

par Robert-Marie MERCIER

 

La question de l’existence d’une « Occitanie » a toujours suscité des débats, parfois enflammés, et souvent faussés par la confusion existant, et parfois entretenue par certains, entre défenseurs de la langue et prosélytes d’une mythique entité politique.

 

Nous allons essayer d’y voir plus clair et, ce, sans volonté de polémique et d’affrontements stériles. Étant les ardents défenseurs d’un pays dont la langue, le nissart, ou plutôt les langues: nissart et gavouòt,  font partie de ce grand ensemble des langues d’Oc (appelé officiellement occitan par l’éducation nationale française), nous avons recherché dans l’Histoire les traces de cette « Occitanie ».

 

« Rien ne serait plus contraire à la vérité que de voir dans l’affirmation de l’identité culturelle de chaque nation, l’expression d’un chauvinisme replié sur soi-même. Il ne peut y avoir de pluralisme culturel que si toutes les nations recouvrent leur identité culturelle, admettent leurs spécificités réciproques et tirent profit de leurs identités enfin reconnues. »

 

M. Amadou Mahtar M’Bow, directeur général sénégalais de l’U.N.E.S.C.O.

 

C’est seulement après que j’eusse eu vingt ans que j’entendis, pour la première fois parler d’Occitanie. C’est dire si ce concept est récent au regard de notre histoire. Et, il faut savoir que la perception, voire la compréhension, de ce concept regroupait tout et son contraire. Il est vrai qu’au premier abord, le fait d’évoquer l’Occitanie évoquait une vision romantique d’un Éden disparu, dans nos jeunes esprits, conscients qu’ils appartenaient à une culture et à une histoire qu’on leur avait confisqué. Cela était d’autant plus vrai chez nous, dans le Pays Niçois, que nous avions gardé ce côté rebelle et cet esprit de résistance qui caractérise les habitants de ce petit bout de terre à l’extrémité des Alpes.

 

Dans la foulée du grand mouvement de Mai 68, caractérisé, à droite comme à gauche, par cette contestation de la société de consommation et (déjà) du système mondialiste marchand, la lutte politique enclenchée par le monde étudiant s’appuyait sur des revendications culturelles fortes qui précédaient les exigences politiques et sociales.

 

 

carteocc.gif

 

 

Dans le sud de l’Hexagone, un mouvement issu du Comité occitan d’études et d’action (C.O.E.A.), Lucha Occitana (Lut’Oc) était en pointe dans le combat pour la reconnaissance culturelle et politique des populations des territoires de langue d’Oc. Lut’Oc avait compris l’importance décisive de la culture comme précurseur essentiel de la lutte politique. Il n’était plus question de séparer la pensée de l’action. Nous retrouvons derrière tout cela, la philosophie d’Antonio Gramsci qui affirmait (à juste titre) que la pensée précédait l’action et que la prise de pouvoir culturel était un préalable indispensable à la prise de pouvoir politique. Cette vision était partagée, en 1968, aussi bien par de jeunes intellectuels issus de la droite (mais ayant rompu avec la droite politique) que par de jeunes intellectuels de gauche (ayant rompu avec les partis institutionnels) tous en lutte contre la société de consommation. Les uns comme les autres mettront en avant la notion gramscienne « d’intellectuels organiques ».

 

C’est par cette mise en valeur de la culture et particulièrement de l’art, que Lut’Oc permit à plusieurs artistes engagés de devenir des prototypes de l’intellectuel organique militant de la cause occitane. En prenant cette nouvelle voie, Lut’Oc voulait aller au delà de la vision purement « économiste » du C.O.E.A. C’est ainsi que ses militants s’engagèrent dans les mouvements sociaux populaires du Sud (lutte des viticulteurs, lutte sur le Larzac…). Il faut dire que leur action fut largement favorisée par les mouvements d’émancipation qui éclataient au sein de la jeunesse un peu partout dans le monde, de Berkeley à Prague et de Rome à Berlin, dans ce grand ébranlement international des consciences que fut Mai 1968. Nous pourrions, sans problème, établir un parallèle entre l’action de Lut’Oc et l’action de Frédéric Mistral lors de la révolution de 1848 qui secoua fortement la société de l’époque.

 

Mais, (et Gramsci le soulignera) toutes les révolutions politiques issues du « Printemps des peuples » de 1848 en Europe ont échoué (y compris celle du Félibrige en Occitanie). Car cette société moderne avait profondément changée par rapport à l’époque du mouvement des Encyclopédistes (qui amènera la révolution bourgeoise de 1789 en France). Un mouvement populaire bref et spontané ne pouvait plus renverser un pouvoir central établi à la suite d’un évènement imprévu à la manière des Vêpres siciliennes qui, au XIIIe siècle, permirent aux Palermitains de se libérer, en quelques jours, du joug capétien (1). Un évènement spontané de cet ampleur ne peut plus réussir depuis le « Printemps des peuples » de 1848. La société des pays modernes (État centralisé, contrôle par le pouvoir central des forces de répression, contrôle de l’information, institutions intermédiaires mises en place par le pouvoir central, notion d’État-Providence…) avait tellement évolué que, encore (et surtout) de nos jours, les forces d’émancipation d’un peuple qui voudraient transformer un État occidental de type jacobin (É.O.T.J.), doivent, auparavant, avoir investi (ou neutralisé) les principales institutions culturelles soumises au (ou contrôlées par le) pouvoir politique centralisateur. C’est ce que les réseaux sociaux ont rendu possible, aujourd’hui, en Écosse ou en Catalogne. Ces réseaux sociaux qui peuvent redonner une fierté, alors perdue, au peuple, culpabilisé qu’il avait été, pendant si longtemps, par l’idéologie dominante émanant du pouvoir central, au point d’instiller ce « sentiment de honte d’être soi-même ». C’est exactement ce qui s’est passé parmi les peuples de langue d’Oc, en faisant intérioriser par ceux-ci la vergonha (la honte) d’être eux-mêmes.

 

Ce mécanisme intellectuel et moral pour aboutir à la destruction de la culture des peuples fut rendu possible en mettant en place les conditions pour que la langue de l’administration centrale française se substitue à celle du cœur et des sentiments depuis que tout le Sud (de langue d’Oc) fut intégré au Royaume de France à la fin du XIIIe siècle. De ce fait et à la différence de l’Écosse (indépendante jusqu’en 1707), ou de la Catalogne (qui perdit son autonomie en 1714) et qui, de ce fait, ont pu s’appuyer sur un sentiment national ancien pour construire leur avenir européen, l’Occitanie n’a jamais pu exister en tant que nation. La seule référence que l’on puisse faire avec un territoire existant (relativement autonome) est la période de l’Empire romain lorsque existait une grande province allant de la rive droite du Var jusqu’à l’Espagne appelé la Narbonnaise. De même, une différence existe avec le Pays Niçois, qui ne fut annexé frauduleusement qu’en 1860 et ne se résigna pas puisque dix ans plus tard, après la chute du Second Empire, celui-ci exprima, légalement, dans les urnes, sa volonté de reprendre son indépendance (ceci amènera la « République une et indivisible » à employer les armes pour annuler des élections démocratiques) (2).

 

C’est pourquoi il faudrait que les « occitanistes  » actuels regardent la réalité en face au lieu de la fuir dans le pantaï (le rêve) d’une Histoire fantasmée.

 

L’Histoire… parlons en… quelle fut l’attitude des peuples de langue d’Oc tout au long de leur histoire. À la fin du XIIIe siècle, tout le territoire que les « Occitanistes » appellent aujourd’hui « l’Occitanie » est intégré au Royaume de France, à l’exception de la Provence et du Comtat Venaissin (et bien entendu du Comté de Nice – alors appelé Provence Orientale- qui a toujours eu une histoire particulière). Durant tout ce temps, nos « occitanistes » eurent-ils des occasions de s’émanciper ? Plutôt dix fois qu’une ! Des preuves, en voici.

 

 

CarteAH_France_296.png

 

 

En 1429, l’héritier du trône, le futur Charles VII, ne contrôle que le « royaume de Bourges », soit pour l’essentiel, des provinces occitanophones (y compris l’Aunis, la Saintonge et le Poitou qui parlent encore des dialectes proches du limousin), et pourtant, aucun mouvement irrédentiste ne se développe pour autant. Bien au contraire, les meilleurs compagnons d’armes de Jeanne d’Arc, qui veut « bouter les Anglois » hors de France, sont pratiquement tous issus de l’Armagnac. C’est en gascon qu’ils se parlent dans leurs régiments : à tel point que les Anglais appellent la Jeanne venue de Lorraine, « l’Armagnageoise »! Voilà la réalité!

 

Continuer à regarder la réalité en face, c’est aussi se souvenir du fonctionnement, un siècle plus tard, d’un vaste ensemble politique méridional, les Provinces Unies du Midi, de 1573 à 1594. Au lendemain des massacres de la Saint-Barthélemy, les protestants du Royaume de France décident de s’administrer eux-mêmes pour sauver leur peau. Nulle visée séparatiste ne se fera jour : ils se placent, de leur propre volonté, sous l’autorité d’un seigneur de sang royal, le Prince Henri de Condé. La lecture du « Règlement » des Provinces Unies du Midi est, sur ce point, sans ambiguïté : leur objectif n’est pas de faire sécession mais de rendre à la France « la grandeur de son renom, l’intégrité de son État avec la fermeté des lois ». Voilà la réalité !

 

Continuer à ne pas se voiler la face, c’est se souvenir, tout simplement, que l’hymne national français s’appelle La Marseillaise et que s’il en est ainsi, c’est que le bataillon des cinq cents Fédérés, venus de Marseille à l’appel du gouvernement girondin qui avait décrété la Patrie en danger, va jouer un rôle déterminant dans la prise du Palais royal des Tuileries le 10 août 1792. Ce jour-là commence ce que beaucoup d’historiens appellent la Deuxième Révolution. La Première Révolution, commencée par la prise de la Bastille par le peuple en juillet 1789, avait généré une monarchie constitutionnelle. L’action du bataillon des Marseillais, engendre cette Deuxième Révolution qui permet d’établir la République. Ce moment, essentiel, de la chute de l’Ancien Régime est d’ailleurs évoqué dans le très beau film de Jean Renoir, en 1938, La Marseillaise. Voilà la réalité !

 

Regarder encore la réalité, c’est se souvenir, également, de la « Ligue du Midi » dans le dernier tiers du XIXe siècle, alors que la Guerre de 1870 – 1871 vient de provoquer la chute du Second Empire. Tout le Nord de la France, de l’Alsace à la Normandie et de l’Orléanais à la Picardie est occupé par les forces allemandes. Une confédération des régions non encore envahies se crée le 18 septembre à Marseille. Elle réunit treize départements dont ceux de la ville phocéenne mais aussi de Lyon, Saint-Étienne, Narbonne, Toulouse et Limoges. Son objectif ? S’instituer en État indépendant ? Non, simplement participer activement à la défense de la Patrie : « Ce que nous voulons, ce n’est pas former une association politique méridionale en dehors des autres régions de la France… La République doit rester unie et indivisible, mais vu les circonstances, il y a lieu de former une sorte de confédération provisoire qui nous permettrait d’agir de concert. Le Midi pourra peut-être sauver le Nord, si nous unissons les forces des départements du Midi. » Voilà la réalité !

 

Et quand la Commune de Marseille se soulève quelques mois après, elle proclame immédiatement, sa solidarité avec celle de Paris. Cela est relaté par Prosper Lissagaray (journaliste gascon et historiographe du mouvement) : « À midi, francs-tireurs, gardes nationaux, soldats de toutes armes se mêlent et se groupent sur le cours Belzunce. Les bataillons de la Belle-de-Mai et d’Endoume arrivent au complet, criant : “ Vive Paris ! ” … » Voilà la réalité !

 

Bien sûr, tout cela fut rendu possible, pendant le XIXe siècle, par l’action virulente de l’État français qui fit tout pour propager la langue française, au détriment des langues du cru : vers 1850, les derniers villages où l’on continue à parler exclusivement le provençal sont également ceux, géographiquement reculés, où l’information et l’éducation sont faibles. Ailleurs, dans les centres urbains plus importants, les valeurs républicaines nouvelles ont pu être diffusées en l’espace d’une génération. Ce fut le fait de jeunes gens issus de la petite bourgeoisie qui les avaient acquises pendant leurs études, faites exclusivement, faut-il le rappeler, en français. À leur contact, les autres couches de la population deviennent peu à peu francophones.

 

Cette « déculturation » sera accentuée par les « hussards noirs de la république », ces instituteurs de la IIIe République qui, dès 1913, sous les directives de Jules Ferry, pratiquèrent une véritable « inquisition » envers ceux qui persistaient à parler leur langue natale dans toutes les « patries charnelles » (Alsace, Bretagne, Catalogne, Corse, « Occitanie », Pays Basque, Pays Niçois, Savoie…).

 

 

 

1907.jpgLes révoltes des viticulteurs, quand le Midi s’embrasera en 1907, aussi appelé « révolte des gueux » du Midi, ne se fera qu’en référence à la « République » et n’aboutira à aucune volonté d’émancipation malgré les discours des meneurs faisant référence à l’Histoire et à l’antagonisme du Sud et du Nord, perceptible depuis la croisade des Albigeois, dans leurs déclarations enflammées. Le maire démissionnaire, Ferroul, fait savoir à Albert Sarraut, envoyé du gouvernement : « Quand on a trois millions d’hommes derrière soi, on ne négocie pas. » Et pourtant ! Pas plus, la fraternisation du 17e Régiment d’infanterie de ligne, composé de réservistes et de conscrits du pays, avec les manifestants réunis à Béziers n’amènera un quelconque mouvement de sécession.

 

Environ cinq cents soldats de la 6e compagnie du 17e Régiment vont se mutiner, ils pillent l’armurerie et prennent la direction de Béziers. Ils parcourent une vingtaine de kilomètres en marche de nuit. Le 21 juin, en début de matinée, ils arrivent en ville. Accueillis chaleureusement par les Biterrois, « ils fraternisent avec les manifestants, occupent les allées Paul-Riquet et s’opposent pacifiquement aux forces armées en place ». Les soldats s’installent alors sur les Allées Paul-Riquet, mettent crosse en l’air. La population leur offre vin et nourriture. Malgré cela, ils resteront tous de « bons petits Français ». Voilà la réalité !

 

Enfin, regarder la réalité en face, c’est enfin se souvenir de ce qui s’est passé en 1944. Les troupes alliées ont débarqué en Normandie au mois de juin et, après la percée d’Aromanches, ont commencé à foncer vers l’Est. Quant à celles qui ont délivré la Provence à partir du 15 août, elles progressent le long de la vallée du Rhône pour venir à leur rencontre. Les conditions sont donc réalisées, à ce moment-là, pour que le grand quart Sud-Ouest de l’Hexagone puisse se libérer lui-même. La Résistance, issue des maquis, prend le pouvoir du Languedoc au Limousin et de la Gascogne à l’Auvergne. Cependant nous ne notons aucune velléité de créer une république autonome occitane pour autant. C’est tout le contraire.

 

guingouin.jpgGeorges Guingouin, chef de la 1re Brigade de marche limousine, déclare en 1944 : « Nous sommes des soldats de la France et non d’un parti politique, notre mission sacrée, c’est de restaurer la République, de rendre la souveraineté au peuple pour qu’il puisse l’exercer en toute liberté. Il n’est pas question d’imposer par les armes un pouvoir politique. » Et cependant, le peuple en armes a pris partout le pouvoir. Pour ne prendre qu’un dernier exemple, celui de la Bigorre, c’est un simple instituteur, Honoré Auzon, issu d’une famille de petits paysans, qui a fait signer, à Lourdes, la capitulation des troupes allemandes qui contrôlaient les Pyrénées centrales. Simultanément, un de ses amis, sympathisant, communiste de surcroît, Louis Le Bondidier, est devenu maire de la cité mariale ! Celui-ci est pourtant un amoureux de l’Occitanie : son épouse, Margalide, née en Lorraine comme lui, avait tenu à prendre ce prénom occitan pour mieux exprimer leur enracinement dans leur patrie d’adoption. Nous notons une réaction identique lorsque les combattants de Mourèze, le maquis « Bir Hakeim », arrivent sur la place de l’Œuf (La Comédie) à Montpellier le 26 août 1944 : « Une ovation délirante se produit et la Marseillaise est cent fois reprise », raconte la chronique de la Libération à Montpellier. Voilà la réalité !

 

Vivre sur le souvenir d’un passé mythique (et purement virtuel) ne fera pas avancer les choses. Admettre cette réalité et pousser plus loin l’analyse, amène à découvrir une vérité encore plus dérangeante pour les apologistes occitans. Dès que les régions du Sud de la France vont cesser d’être la chasse gardée des idées royalistes après l’épuration que fut la Terreur Blanche de 1815, la perte d’identité de « l’Occitanie » va être enclenchée et inéluctable. Cela sera accentué par les insurrections populaires contre le coup d’État de Napoléon III en décembre 1851 qui amènera ce qu’il sera convenu d’appeler le « Midi rouge ». Mais plus ces régions du Sud se mettent à voter radical, radical-socialiste, socialiste voire communiste dans un esprit républicain et plus elles perdent leur identité linguistique. Or en défendant la « République une et indivisible », elles en viennent à perdre leur langue et leur identité. Les « Félibres rouges » eux-mêmes, n’arriveront jamais à surmonter cette contradiction : en militant, en tant que citoyens, pour le succès des idées de gauche, ce faisant, ils scient la branche sur lesquels ils s’appuient en tant que poètes. Les progrès de la démocratie en « Occitanie » ont donc abouti à l’extension de l’usage du français.

 

Mais le développement d’une telle contradiction n’a rien d’étonnant. Un d’entre eux, Félix Gras, a bien écrit : « Ame moun vilage mai que toun vilage (J’aime mon village plus que ton village) », « Ame ma Prouvenço mai que ta prouvinço (J’aime ma Provence plus que ta province) », « Ame la Franço mai que tout (J’aime la France plus que tout) ». Or être Français, depuis Richelieu, Robespierre et Jules Ferry, c’est, avant tout, accepter de passer à la moulinette d’une machine à décerveler qui détruit les cultures enracinées.

 

Un autre exemple: au moment de la période trouble qui allait amener les évènements de Montredon (encore une révolte sévère des viticulteurs du Sud) Claude Marti, chef de file emblématique des artistes engagés de « l’Occitanie », lors de sa radioscopie chez Jacques Chancel en 1975, déclare : « Je suis de nationalité occitane et de citoyenneté française. » Voilà bien le nœud de la contradiction dans laquelle les militants occitanistes se débattent encore aujourd’hui.

 

 

30910.jpg

 

 

Le mouvement occitan a évolué dans le temps, bien sûr, et, après la disparition de Lutte Occitane, c’est le mouvement politique occitan Volem viure al Païs (V.V.A.P.), qui va prendre la relève et s’engager dans une voie sans issue : fonder sa stratégie sur un nationalisme sans nation. Faisant comme si le problème de l’existence d’une nation occitane avait, depuis toujours, été résolu (une langue = une nation selon les thèses ethnistes de Fontan), il ne tient absolument pas compte de la réalité historique précédemment développée. Pour eux, « l’Occitanie » n’est qu’une belle princesse endormie qu’un baiser réveillera un jour. Seulement l’Histoire n’est pas un conte de fées et après le succès du début (40 000 personnes sur le Larzac peu de temps après la création de V.V.A.P.), ce mouvement va péricliter très vite jusqu’à sa disparaître en 1987. Dans le même temps, pour les mêmes raisons, l’Institut d’études occitanes (I.É.O.) va entrer en crise avec deux tendances qui s’y affrontent : les « populistes », animée par Yves Rouquette, et les « intellos », menée par Robert Lafont. La première avait pris le pouvoir en 1981 obligeant la seconde à plier bagages. Depuis, livrés à eux-mêmes, ces intellectuels traditionnels continuent à faire ce qu’ils savent bien faire, des colloques universitaires, pendant que les autres réinventent le Félibrige. Mais il n’y a plus (ou si peu) d’intellectuels organiques qui, comme leurs prédécesseurs, auraient porté leur art à un prestige international attirant à eux les autres créateurs… Comme l’avaient constaté Pierre Bayle, peu avant sa disparition, lors d’une soirée avec son ami Jean-Claude Peyrolle, quand il disait que « les militants occitanistes sont devenus chauvins » et que leur mouvement n’est toujours pas sorti de sa maladie infantile. Et contrairement à une maladie qui développe des anticorps, qui nous protègent ensuite tout au long de notre vie, le chauvinisme ne permet pas de développer un véritable patriotisme, c’est-à-dire l’amour des siens. Il dérive malheureusement, trop souvent, vers la haine des autres.

 

Or, aujourd’hui les conditions historiques sont réunies pour que puisse disparaître la contradiction dans laquelle s’étaient enfermés les « Félibres rouges ». Aujourd’hui, les trois piliers sur lesquels devrait reposer un état régalien ne jouent plus leur rôle: le service militaire obligatoire n’existe plus depuis 1995, la moitié des citoyens français (51,5% en 2014) ne remplissent plus l’un des devoirs civiques les plus élémentaires puisqu’ils ne paient pas d’impôts sur le revenu, et l’école de la République est devenue la championne du monde des inégalités (selon les normes PISA). Viennent surtout s’y ajouter les perspectives politiques concrètes ouvertes, au niveau européen, par les Ecossais, les Catalans, les Basques et les Flamands qui ont mis en place un nouveau contexte de solidarité : l’Occitanie ne devrait plus avoir à se faire contre ses voisins, Catalans, Franchimands ou Italians, mais sans eux et si possible avec leur accord (ce qui sera certainement plus difficile avec certains).

 

Les conditions sont à présent réunies, malgré les résistances des États-nations en fin de cycle, d’édifier, tous ensemble, une nouvelle Europe qui ne serait pas bâtie originellement (et structurellement), comme l’U.E. actuelle, sur la prééminence de l’économie, mais sur la volonté de vivre ensemble au sein de territoires historiquement cohérents, une Europe des peuples. Certains auteurs, comme le philosophe, sociologue et anthropologue Pierre Fougeyrollas dans son essai, Pour une France fédérale. Vers l’unité européenne par la révolution régionale (Denoël 1968), ouvrait des pistes, sans remettre, cependant, en question l’existence des États-nations pas plus que les institutions anti-démocratiques de l’Union européenne. Or, ceci est pourtant indispensable pour que naisse cette Europe des peuples, puisque ces États-nations, issus du XIXe siècle, ont tracé des frontières virtuelles séparant des territoires, et des peuples, unis par des siècles d’histoire. Les aspirations nationales en Écosse, en Catalogne, au Pays Basque ou dans les Flandres ne participent donc pas d’un mouvement anti-européen comme d’aucuns voudraient le faire croire, mais bien de la volonté de construire une autre Europe basée sur la volonté des peuples et, de ce fait, bien plus démocratique. Lutte Occitane se situait déjà dans cette perspective d’unification de notre continent à partir d’un soutien aux luttes populaires locales, mais, c’est bien là, que l’on voit les limites de ce mouvement trop limité aux idéologies, désormais dépassées, de la lutte des classes.

 

Car, le combat de demain n’opposera plus la droite et la gauche, le libéralisme et le socialisme, mais les forces d’enracinements culturelles et historiques, celles qui défendent la cause des peuples – de tous les peuples – et le système technomorphique américano-centré, ce « Système à tuer les peuples », dans lequel s’intègrent, aujourd’hui, à vive allure des forces hier encore opposées.

 

Pour cette vieille terre hérétique que certains nomment « Occitanie », cette terre où leurs ancêtres cathares furent brûlés vifs, rien n’est perdu si l’Esprit continue à souffler où il veut… sans volonté hégémonique mais avec un esprit d’ouverture et de solidarité.

 

Robert-Marie Mercier

 

Notes

 

1 : Le mardi de Pâques 1282, à la sortie de l’office vespéral, un chevalier français manque de respect à une jeune Sicilienne. La population se révolte et, très rapidement, chasse les envahisseurs.

 

2 : Lors de l’Histoire du Pays Niçois, nous constatons une permanence de cette volonté de conserver une souveraineté locale et une préservation, reconnue par nos souverains, de nos droits et privilèges. 48 avant notre ère, le Pays Niçois (Alpae Maritimae) est une province autonome de l’Empire romain. 879 de notre ère, la Provence Orientale (Pays Niçois) fait sécession. En 1150, Nice se déclare indépendante. En 1176, Nice réintègre la Provence après qu’Alphonse Ier d’Aragon, comte de Provence, eusse reconnu nos droits et privilèges. En 1388, notre souverain ne pouvant plus nous défendre face aux visées des Anjou de Provence, le Pays Niçois se dédie à la Maison de Savoie.

 

À l’époque moderne, bien après que le gouvernement d’Adolphe Thiers eut réprimé dans le sang des élections démocratique favorable aux indépendantistes en 1871, le Pays Niçois se caractérisera en permanence par une volonté d’exister en tant que tel. Je rappellerai, pour mémoire l’action menée par les élus niçois refusant de siéger au Conseil régional à Marseille dans les années 70. Cette politique de la chaise vide voulait signifier que nous refusions en tant que capitale régionale potentielle (ce que l’Histoire nous permettait de revendiquer) d’être inféodé à Marseille, de retrouver notre rang (ainsi que notre cour d’appel) et que l’on tienne compte de notre spécificité historique.

 

• D’abord mis en ligne sur Racines du Pays niçois, le 21 octobre 2014.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=4090

 

Réflexions géopolitiques en début d’année

Réflexions géopolitiques en début d’année

par Bruno Bandulet

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

geopol502c0dce70542.jpgToute personne à la recherche d’explications concernant la politique étrangère et la géopolitique russe sous l’ère de Poutine tombe inévitablement sur deux versions différentes. L’une voit la Russie comme étant une puissance agressive, désireuse de démanteler l’ordre européen tel qu’il s’est établi après la chute du Mur de Berlin et de récupérer ce qu’elle a perdu lors de l’effondrement de l’Union soviétique. L’autre version dit que la Russie sous Poutine ne se comporte pas différemment des autres grandes puissances, y compris d’occasionnelles violations du droit international, que ce n’est pas à tort que les dirigeants à Moscou se sentent encerclés par les Etats-Unis et l’OTAN et qu’ils défendent essentiellement les intérêts nationaux d’un Etat souverain. Pour anticiper le résultat de mon analyse: je suis convaincu que l’initiative stratégique dans le nouveau conflit Est-Ouest part des Etats-Unis, qu’il a été sciemment provoqué par Washington et que la Russie opère dans une situation de défense stratégique.

«Les Etats-Unis sont une puissance navale typique»

Ce sont d’abord les rapports de force réels qui vont à l’encontre de la thèse que la Russie serait un agresseur dangereux. La Russie est avec ses 17 millions de km2 le pays le plus grand du monde et, avec ses réserves en gaz naturel les plus grandes du monde, un géant en ressources naturelles et certes, avec ses milliers d’ogives nucléaires, une puissance nucléaire égalant les Etats-Unis et, quant aux armes conventionnelles, la puissance militaire la plus puissante d’Europe. Il serait tout de même suicidaire de risquer une guerre contre les Etats-Unis. La puissance militaire dépend toujours aussi de la force économique. Faisons un calcul simple: le produit intérieur brut des Etats-Unis s’élevait en 2013 à 16?800 milliards de dollars, celui de la Russie à 2?100 milliards. Puisque la part du PIB réservée aux dépenses militaires était avec 4,4% plus ou moins identique, les Etats-Unis peuvent donc se permettre un budget de défense huit fois plus élevé. Les Etats-Unis sont une puissance navale typique avec des centaines de bases militaires dans le monde entier, avec une marine d’une puissance irrattrapable et pouvant intervenir militairement à n’importe quel point du globe. La Russie, quant à elle, est une puissance terrestre typique qui, après avoir perdu son influence suite à sa défaite lors de la guerre froide, dut se retirer sur son propre territoire. Pour des raisons géographiques, la Russie est invincible alors que les Etats-Unis ne sont même pas attaquables.

«Jamais auparavant un empire de cette envergure s’était dissolu lui-même si vite et si paisiblement»

Les Européens, ont-ils au moins eu raison de craindre les Russes? A considérer les faits, l’hystérie incitée de manière particulièrement pénétrante par le quotidien «Bild-Zeitung», n’est nullement justifiée. Avec ses 13?000 milliards d’euros, la production économique annuelle des 28 Etats de l’UE excède de loin celle de la Russie. Même pour l’armée, les Européens dépensent considérablement plus que les Russes: plus de 200 milliards d’euros contre 85 milliards. Ainsi, on est en droit de se demander pourquoi 505 millions d’Européens doivent se faire protéger par 316 millions d’Américains contre 143 millions de Russes, et à quoi servent en réalité les bases militaires américaines en Europe occidentale et orientale.
La version de l’éternel agresseur Russie n’est pourtant pas nouvelle, elle faisait, notamment pendant l’ère d’Adenauer, l’unanimité également en Allemagne. A cette époque, parut un livre intitulé «Das Perpetuum mobile» présentant toute l’histoire russe en tant que l’histoire d’une perpétuelle expansion violente, interrompue uniquement par d’occasionnelles phases de faiblesse. Adenauer lui-même tenait beaucoup à ce livre. La thèse a pourtant été ouvertement falsifiée lorsque l’Union soviétique libéra, en 1990 dans son avant-dernière année d’existence, la voie pour la réunification allemande – et, ensuite, en offrant l’indépendance non seulement aux Etats du bloc de l’Est, mais à de grandes parties de son propre territoire, y compris les pays baltes. Jamais auparavant un empire de cette envergure s’était dissolus lui-même si vite et si paisiblement. Dans une perspective réelle, l’Armée rouge aurait bel et bien pu maintenir ses positions en Allemagne centrale et dans le Bloc de l’Est pendant encore quelques années.

«Les oligarques pillent l’Etat»

En compensation, James Baker, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, garantit aux Russes que l’OTAN n’avancerait pas vers l’Est. Gorbatchev et également Eltsine, qui démantela l’Union soviétique au tournant de l’année 1991/92 et prit la fonction du président russe, devinrent les chouchous des médias occidentaux et cela probablement parce que Eltsine représentait un Etat militairement impuissant, économiquement ruiné et sans aucune influence au niveau géopolitique – une Russie totalement inoffensive qui semblait sur le point de s’intégrer dans l’Occident. Pour les Russes eux-mêmes les années sous la présidence d’Eltsine et toute la décennie des années 90 représentèrent un cauchemar. Les privatisations préconisées par les conseillers occidentaux permirent à un petit cercle d’oligarques – comme on les nomma par la suite – de piller l’Etat et d’amasser des fortunes allant à des milliards. La population fut livrée à la paupérisation et à une inflation galopante. Le taux des naissances s’effondra et l’espérance de vie baissa rapidement. Le 17 août 1998, la Russie était en faillite. Lors de cette période de déclin, la direction à Moscou n’avait cependant pas oublié ou éliminé ses traditions et intérêts géopolitiques. Le fait qu’en 1999 l’OTAN intégra la Pologne, la République tchèque et la Hongrie dans une première tranche de son élargissement, irrita sérieusement le Kremlin. Mais Eltsine était trop faible pour s’y opposer.

«Le retour phénoménal de la Russie»

Le vent tourna à nouveau quand Eltsine, présenta sa démission le 31 décembre 1999 en passant les affaires de l’Etat, conformément à la Constitution, à Vladimir Poutine, le Premier ministre en exercice depuis août 1999. En mars 2000, Poutine fut élu président de la Fédération de Russie, avec 52,9% des voix. Sans la hausse du prix du pétrole, le retour phénoménal de la Russie n’aurait certes pas été possible dans la même mesure. A la fin de l’année 1998, le prix de la sorte WTI avait chuté à 10,65 dollars et grimpa jusqu’en 2008 à 147 dollars, ce qui fit affluer des torrents d’argent dans les caisses de l’Etat permettant ainsi la renaissance russe. A la même époque, l’index des actions russes RTS explosa de 38 à 2?498.
«Der Gegner heisst Moskau» [L’ennemi s’appelle Moscou] voilà le gros titre de la une de l’édition du 6 septembre 2014 du quotidien strictement pro-américain «Neue Zürcher Zeitung». Mais cette Russie n’était plus un cas désespéré en voie de devenir un second Bangladesh, mais à nouveau une grande puissance de taille moyenne disposant d’une armée entièrement réaménagée et prête à intervenir, un bilan équilibré, un taux de dettes de 12% seulement, avec des réserves monétaires en devises et en or à hauteur de 470 milliards de dollars et avec des dettes extérieurs maîtrisables, en dépit des diverses sanctions occidentales. Et il s’agissait d’une Russie sûre d’elle et avec de moins en moins de scrupules à défendre ses intérêts et à essayer de les imposer.
Cela ne veut pas du tout dire que Moscou puisse prendre les sanctions occidentales à la légère. Les Etats-Unis ont lancé une guerre financière et économique contre la Russie, à laquelle les Européens participent bon gré mal gré. Washington poursuit peut-être même le but final naïf de renverser Poutine pour le remplacer par un gouvernement pro-américain. A Washington, l’«Office of Terrorism and Financial Intelligence» est responsable de cette guerre. C’est l’un des 16 services secrets américains pour lesquels les Etats-Unis investissent davantage d’argent que l’Allemagne pour toute sa Bundeswehr. La direction de cette entité incombe à David S. Cohen, sous-secrétaire au département des Finances des Etats-Unis.
Une des subdivisions de cette entité est l’«Office of Foreign Assets Control». C’est là qu’on trouve la liste des individus, des banques, des entreprises pétrolières et gazières russes soumises aux sanctions. L’effet de cette liste repose sur le fait que tout citoyen américain contrevenant est punissable. Donc ces sanctions sont reprises par l’UE ou si elles ne le sont pas encore, toutes les entreprises non-américaines la respectent en obéissant par avance, parce qu’elles craignent la vengeance de l’Oncle Sam. C’est ainsi que les choses se passent depuis longtemps, par exemple avec les sanctions contre Cuba et contre l’Iran. Le cas de BNP Paribas est l’exemple le plus récent de cette sorte d’abus de pouvoir.

«Les Saoudiens font baisser le prix du pétrole»

Il serait particulièrement néfaste pour les Russes s’ils étaient exclus – comme l’Iran depuis plusieurs années – du réseau Swift, le réseau interbancaire pour les virements bancaires internationaux basé à Bruxelles. Si cela était le cas, des parties essentielles du système financier international ne seraient plus accessibles. Les Européens participeraient-ils à une telle opération? Jusqu’à présent, les sanctions visent l’industrie du pétrole et du gaz russe ainsi que les banques. Le financement des grands groupes sur les marchés des capitaux étrangers ont été entravés ou limités et en outre, on a interdit aux groupes pétroliers occidentaux tels Exxon et Royal Dutch de continuer leur coopération contractuelle avec les entreprises russes pour l’exploration, notamment en Sibérie et en Arctique.
En même temps, les Saoudiens, alliées des Etats-Unis, font baisser le prix du pétrole. Cela a été probablement planifié lors de la visite du secrétaire d’Etat américain John Kerry en Arabie saoudite en septembre. Cette monarchie fondamentaliste a son propre agenda. Elle nuit à son rival l’Iran pour qui le prix du baril devrait excéder les 100 dollars. Elle nuit à l’Irak gouverné par des chiites, mais également à la Russie qui, par son intervention diplomatique, a sauvé le souverain syrien Assad d’une attaque militaire américaine – et probablement aussi l’Iran.
Pour maintenir son budget d’Etat équilibré, la Russie a besoin d’environ 100 dollars par baril. Cet automne, le prix du pétrole de la sorte américaine WTI est descendu à moins de 80 dollars, car l’Arabie saoudite et le Koweït ont ouvert les robinets. Il est juste que l’extraction du pétrole aux Etats-Unis même, en particulier celle de l’huile de schiste, exige un prix relativement élevé pour rester rentable – 80 dollars en moyenne et la limite critique est déjà presque atteinte aux Etats-Unis. Cela semble être accepté jusqu’à nouvel ordre, puisque les prix bas du pétrole sont une puissante arme dans le conflit avec la Russie et qu’ils agissent tel un programme conjoncturel sur l’économie américaine. La question est seulement de savoir qui aura le plus long souffle. Si l’année prochaine le prix du pétrole baisse encore une fois d’un tiers ou même de la moitié, les finances publiques russes arriveront à leur limite et les Américains devront également s’attendre à des faillites d’entreprises et – à moyen terme – à une nouvelle réduction de la production de pétrole.

«Vers une vaste coopération égale en droits dans l’Europe toute entière»

On ne peut pas reprocher à Poutine d’avoir voilé ses ambitions. Son «grand design» géopolitique est assez transparent. Le 25 septembre 2001, il a parlé en allemand devant le Bundestag et a invité l’Europe – en insistant spécialement sur la République fédérale, «partenaire économique principal de la Russie» et «interlocuteur déterminant en politique extérieure» – à coopérer. Et Poutine de proclamer devant les députés allemand: «Aujourd’hui, nous devons déclarer avec certitude et détermination que la guerre froide est définitivement terminée!» Il a également plaidé en faveur d’une «vaste coopération égale en droits dans l’Europe toute entière». L’année suivante, il alla plus loin et conjura à Weimar l’esprit de Rapallo.
Poutine avait sous-estimé à quel point l’Allemagne était liée à l’alliance avec l’Amérique et à quel point sa marge de manœuvre en politique étrangère était limitée. Malgré diverses tentatives, l’idée d’un partenariat ou même d’un axe germano-russe ne put être réalisé. Les signes précurseurs d’une confrontation avec les Etats-Unis se sont profilés pour la première fois lorsque Vladimir Poutine a tenu son discours le 10 février 2007 au Forum de Munich sur les politiques de défense – un discours dont les médias allemands n’ont pas réalisé toute la portée.
Poutine a reproché aux Etats-Unis d’avoir «dépassé leurs frontières nationales en tout point». Il a qualifié le «modèle unipolaire» – donc l’hégémonie américaine – comme étant «non seulement inacceptable, mais impossible à maintenir dans le monde actuel». Il s’est exprimé sur les plans américains d’installer un système antimissiles en Europe ce qui inquiéterait «sérieusement» la Russie, sur des bases américaines en Bulgarie et en Roumanie, sur le manque d’intérêt de l’Occident à continuer le désarmement et sur l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est, ce qui représente une «provocation sérieuse»: «Nous sommes en droit de demander qui est visé par cette expansion.» Et le président russe de rappeler l’engagement donné le 17 mai 1990 à Bruxelles par le secrétaire général de l’OTAN Wörner que l’Alliance ne déploiera pas de troupes en dehors du territoire de la République fédérale.
On pouvait conclure, suite au discours de Munich de Poutine, que le Kremlin s’était plus ou moins accommodé au deuxième élargissement de l’OTAN, c’est-à-dire à l’adhésion en 2004 des trois Etats baltes, mais qu’il s’opposerait à un élargissement de l’Occident vers l’Est. Lors d’une autre occasion, Poutine a déclaré qu’une adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN représenterait une «menace directe» pour la Russie.

«Installer un Premier ministre soutenu par les Américains»

A Munich, Poutine a précisé ses conditions pour une entente avec l’Ouest. Les Américains ne les ont pas acceptées. Avec l’adhésion formelle ou non-officielle de l’Ukraine, l’OTAN gagnerait en importance stratégique, et la Russie en perdrait. Suite à l’opposition de Berlin et Paris, le Sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008 a renoncé à lancer le processus d’adhésion formel de l’Ukraine et de la Géorgie, tout en décidant fondamentalement: «Ces pays deviendront membres de l’OTAN.»
Quatre mois plus tard, en août 2008, la Géorgie attaqua avec le soutien américain l’Ossétie du Sud dissidente. La Russie est intervenue et a gagné la guerre – un prélude au conflit beaucoup plus dangereux au sujet de l’Ukraine. Il couvait depuis des années et éclata ouvertement lorsqu’en novembre 2013 le président ukrainien Ianoukovitch s’opposa à l’accord d’association avec l’UE et accepta les rabais de gaz proposés par la Russie ainsi qu’un crédit de 15 milliards de dollars.
La suite est connue. Après plusieurs semaines de manifestations sanglantes à Kiev, l’opposition et Ianoukovitch se mirent d’accord le 21 février 2014 sur un compromis et de nouvelles élections. Un jour plus tard, on mit en œuvre une sorte de coup d’Etat avec le soutien de l’Occident, Ianoukovitch s’enfuit en Russie et à Kiev, on installa un Premier ministre soutenu par les Américains. En mars, Moscou annexa la Crimée, en juillet, un avion de ligne malaysien fut abattu au-dessus de l’Ukraine orientale, le troisième tour des sanctions occidentales contre la Russie suivit et également en été, l’Ukraine signa avec l’UE l’accord économique qui avait échoué en novembre 2013.
Résultat intermédiaire: une impasse. Le Kremlin a fait en sorte que la Crimée et donc aussi la mer Noire échappent à l’emprise de l’OTAN; maintenant, l’Ukraine réduite, financièrement ruinée dépend de la perfusion de l’UE et du FMI; l’adhésion à l’OTAN reste, malgré une coopération militaire étroite, pour le moment en suspension; et Moscou s’est assuré un gage avec la partie dissidente de l’Ukraine orientale pour pouvoir participer aux négociations, quand il s’agira de l’état définitif du pays et des droits de la minorité russe.

«Discrimination de la minorité russe»

Avant que les Américains, les Allemands et également les Polonais n’interviennent massivement dans la politique intérieure de l’Ukraine pour imposer un changement de régime, rien n’indiquait que la Crimée était en danger. Ce n’est pas tout, Moscou avait même accepté le mauvais traitement de la minorité russe dans les Etats baltes. En Lettonie et en Estonie, les Russes ayant immigré après 1940 n’ont pas obtenu automatiquement la citoyenneté lors de l’indépendance de ces pays en 1990. Encore aujourd’hui, 13% de la population lettone ne possède ni la citoyenneté ni le droit de vote passif et actif. Et elle est exclue de la fonction publique. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a critiqué la Lettonie encore en mars 2014 pour sa discrimination de la minorité russe. En Estonie vivent également des Russes classés comme «non citoyens» et ne possédant suite à cela aucun droit.
L’idée que la Russie pourrait envisager d’attaquer et de conquérir l’Ukraine, comme certains journaux l’ont insinué, est totalement absurde. Les conséquences politiques et les coûts seraient énormes, sans parler de la longue guerre de partisans soutenue par les Américains, à laquelle l’armée d’invasion devrait faire face. En réalité, il s’agit pour Poutine de trouver un arrangement avec l’Occident et avec Kiev pour profiter le plus possible – dans le cas idéal ce serait un statut de neutralité pour le pays à l’instar de la Finlande, et Moscou participerait à financer les charges. Les régions prorusses de Lougansk et Donetsk sont à disposition, mais pas la Crimée qui avait déjà essayé en vain en 1992 et en 1995 sous l’aire d’Eltsine de se séparer de l’Ukraine et de se déclarer indépendante.
Il est difficile de prédire si les Américains consentiront à un tel arrangement. Un état de tension lié en permanence avec des sanctions de longue durée aurait aussi de leur point de vue des avantages: la justification de l’existence de l’OTAN serait garantie, l’Europe occidentale et l’Allemagne resteraient sous contrôle, toute tentative d’une coopération à l’échelle européenne serait stoppée. Rien ne cimente mieux une alliance que la définition d’un adversaire.

«Il n’y a pas de stabilité en Europe sans la Russie»

D’autre part, la Russie est toujours plus poussée dans les bras de la Chine et un bloc russo-chinois dont les contours se dessinent déjà ne serait contestable ni au niveau économique ni au niveau financier. Les Américains pourraient en venir finalement à la conviction qu’il existe dans le monde de plus gros problèmes que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et que la Russie pourrait être plus utile en tant que partenaire par exemple dans la lutte internationale contre le terrorisme qu’en tant qu’adversaire. L’Ukraine est située très loin des Etats-Unis et très près de la Russie – un facteur géographique que l’on ne doit pas sous-estimer. C’est tout spécialement aux Polonais, qui poursuivent une stratégie clairement antirusse et qui étaient derrière les coulisses très actifs à Kiev, qu’il faut recommander d’étudier plus souvent la carte géographique du monde.
C’est ce que fait apparemment, Hans-Dietrich Genscher, ancien ministre des Affaires étrangères allemand qui dit: «En Europe, il n’y a pas de stabilité sans la Russie et encore moins contre la Russie.» Dans une interview accordée à la chaîne de télévision Phoenix le 19 septembre 2014, il a critiqué les sanctions occidentales, a soutenu l’ancienne proposition de Poutine d’impliquer la Russie dans une zone européenne de libre-échange et a exigé que l’Occident «désarme» tout d’abord son langage. Poutine est un homme avec des objectifs clairs et ceux-ci n’ont plus rien à voir avec la «position faible» d’un Eltsine. Genscher avait du reste lui-même promis à l’ancien ministre des Affaires étrangères Chevardnadze, que l’OTAN ne s’étendrait pas vers l’Est. Cela donne à penser que non seulement Genscher mais trois autres anciens chanceliers – Schröder, Schmidt et Kohl – sont de l’avis que la voie américaine face à la Russie est une erreur. Cela donne à réfléchir et la raison est claire: les intérêts allemands dans cette question ne sont pas les mêmes que les intérêts américains.
Les critiques fusent aussi aux Etats-Unis. Ainsi, le professeur Jeffrey Sachs, un conseiller de la Russie dans les années 90 a reproché dans la «Neue Zürcher Zeitung» du 12 mai 2014 aux Américains, partisans de la ligne dure, que leur stratégie avait conduit à des conflits durables en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie avec de très nombreux morts, mais à aucune solution sensée. Le seul espoir est que les deux parties – l’Occident et la Russie – reviennent aux principes fondamentaux du droit international.

«L’Occident a provoqué Poutine»

 

C’est très étonnant que récemment même Richard N. Haass, le président du Council on Foreign Relations, a avoué que Washington avait commis des erreurs envers la Russie. Beaucoup de Russes auraient vu dans l’extension de l’OTAN «une humiliation, une trahison ou les deux à la fois». Les Etats-Unis auraient méprisé le conseil de Churchill, sur la manière dont on traite un adversaire battu. Maintenant, on doit proposer une issue diplomatique à la Russie – avec la garantie que l’Ukraine ne deviendra pas membre de l’OTAN dans un avenir prévisible et qu’elle ne nouera pas des «liens exclusifs» avec l’UE.
Un critique particulièrement sévère de la politique américaine face à la Russie est le professeur John J. Mearsheimer, le représentant le plus éminent de l’école réaliste aux Etats-Unis. Dans le numéro de septembre/octobre du magazine Foreign Affairs, il décrit comment l’Occident a provoqué Poutine et comment celui-ci a réagi. Il cite Victoria Nuland, responsable des affaires européennes et eurasiennes auprès du secrétariat d’Etat américain, qui a révélé que les Etats-Unis ont investi depuis 1991 plus de 5 milliards de dollars pour que l’Ukraine obtienne l’avenir «qu’elle mérite». [cf. aussi Horizons et débats n° 22 du 15/9/14] Une grande partie de cet argent a été attribué à des organisations non gouvernementales, telle la «National Endowment for Democracy» qui a systématiquement organisé l’opposition antirusse à Kiev.
Puis, il y a aussi George F. Kennan, le grand seigneur de la géopolitique américaine, dont l’analyse célèbre de 1947 était déterminante pour la conversion des alliances de guerre et pour la rupture avec Staline. Kennan était en fait l’inventeur de la guerre froide. Déjà en 1998, lorsque le Sénat américain venait d’approuver la première ronde de l’extension de l’OTAN vers l’Europe de l’Est, Kennan avait mis en garde dans une interview: «Je pense que les Russes réagiront peu à peu assez hostilement et que cela influencera leur politique. Je pense, que c’est [l’extension de l’OTAN vers l’Est, BB] une erreur tragique. Il n’y avait aucune raison pour cela. Personne n’était menacé.»

«Transformation de l’OTAN en une entreprise de prestation de service en faveur de la politique de grande puissance américaine»

Une évaluation pertinente et un excellent pronostic quand on pense qu’en 1998 la Russie était à plat, que le buveur Eltsine siégeait au Kremlin et que réellement personne ne pensait à Poutine. Quelle contradiction avec cette remarque stupide d’Angela Merkel, que Poutine est irrationnel et qu’il vit «dans un autre monde». C’est tout aussi vaseux que le reproche fait à Poutine dans les journaux allemands de ne pas vouloir «s’intégrer» dans l’Occident. Pourquoi devrait-il? Nous ne devrions pas transposer notre propre refus de la souveraineté à d’autres. Il s’agit là d’un long processus, mais le monde se transforme de plus en plus en un monde multipolaire, les Etats-Unis n’ont depuis longtemps plus tous les atouts en main. Même l’hégémonie du dollar en tant que monnaie de référence diminue et avec elle l’influence écrasante de la «seule puissance mondiale». La transformation de l’OTAN d’une alliance de défense de l’Atlantique du Nord en une entreprise de prestation de service en faveur de la politique de grande puissance américaine était du point de vue allemand et européen une erreur. Nous avons créé un adversaire qui ne voulait pas en être un. Au lieu de rester à distance, l’OTAN et l’UE se sont approchés du grand ours russe. Ils l’ont provoqué. Le fait que l’UE emprunte sa politique étrangère aux Etats-Unis parce qu’elle même n’en a pas, n’est guère glorieux. Une stratégie pour l’avenir doit respecter les intérêts légitimes de l’Europe, de la Russie et de l’Amérique et ceux-ci doivent être coordonnés afin de trouver un modus vivendi avant que ce conflit ne s’attise. Cela veut dire concrètement qu’aussi bien l’OTAN, que l’UE et que la Russie renoncent à vouloir s’emparer de l’Ukraine. L’initiative doit être prise à Berlin. Elle ne peut venir que de là. Il faudra voir si le gouvernement allemand, à défaut d’un Bismarck, s’avère être à la hauteur. Je crains plutôt que non.    •
(Traduction Horizons et débats)

Il y a 15 ans en arrière, Bruno Bandulet a publié son livre «Tatort Brüssel» [Lieu du crime: Bruxelles] (1999, ISBN 3-7833-7399-7), dans lequel il a analysé un scandale de corruption au sein de la Commission européenne, très actuel en ce temps-là. Il y tire également un bilan mitigé des 40 ans de prétendue intégration européenne. Depuis, il a rédigé de nombreuses autres publications critiques face à l’UE et l’euro, notamment «Das geheime Wissen der Goldanleger» (2014, 4e édition), «Die letzten Jahre des Euro» (2011, 3e édition) et en 2014 «Vom Goldstandard zum Euro. Eine deutsche Geldgeschichte am Vorabend der dritten Währungsreform». Avant 1999, il avait déjà mis en garde contre les suites de l’introduction de l’euro dans son ouvrage «Was wird aus unserem Geld» (1997). Bruno Bandulet a rédigé sa thèse de doctorat sur le sujet «Die Bundesrepublik Deutschland zwischen den USA, der Sowjetunion und Frankreich – Alternativen der deutschen Aussenpolitik von 1952 bis 1963». Il a, entre autre, été chef de service responsable de la Ostpolitik de l’Allemagne au sein de la direction de la CSU bavaroise à Munich et chef d’édition auprès du quotidien allemand «Die Welt». Actuellement, il est éditeur des publications «Gold & Money» et «Deutschlandbrief».

Presseschau, Februar 2015: AUßENPOLITISCHES

zl00011008.JPG

Presseschau, Februar 2015: AUßENPOLITISCHES
 
Tote bei Anschlag auf islamkritisches Satiremagazin
Die Angreifer kamen mit Kalaschnikow und Raketenwerfer: Bei einem Angriff auf das Satiremagazin "Charlie Hebdo" in Paris hat es zwölf Tote gegeben. Die Regierung rief die höchste Terrorwarnstufe aus.
 
"Charlie Hebdo": Radikale Muslime feiern im Netz den Anschlag
 
Islamistischer Terror
Frankreich: Polizei tötet alle Attentäter
 
"Wir müssen den Geist von 1968 verteidigen"
Alle reden gerade von freiheitlichen Werten, aber um welche geht es genau? Ein Gespräch mit Daniel Cohn-Bendit über das Recht auf Ironie – und das Lächeln seines ermordeten Freundes Cabu.
 
(Le Pen fordert Todesstrafe; doch was bringt das bei Selbstmordattentätern?)
Wehrhaft gegen Twitter, wehrlos gegen Kugeln
 
Foto-Bschiss am Trauermarsch
So täuschten die Spitzenpolitiker die Welt
 
Paris march: TV wide shots reveal a different perspective on world leaders at largest demonstration in France’s history
 
(Kommentar zu diesem Fotobetrug)
Schein und Sein – Bildikonen der Geschichte
 
"Charlie Hebdo"-Anschlag: Schüler stören Gedenkveranstaltungen
17 Tote in Paris? Etliche Schüler in Frankreich geben sich unbeeindruckt. Sie stören Schweigeminuten an ihren Schulen und verherrlichen Terrorismus - Lehrer meldeten mehr als 200 Vorfälle. Auch deutsche Schüler benehmen sich daneben.
 
Drei Tote bei Anti-Terroraktion in Belgien
 
Interview mit Alain de Benoist
„Hauptnutznießer ist die politische Klasse“
 
Propaganda-Vorwurf: Massen-Proteste gegen Medien in Großbritannien und USA
 
Vergleich von EU und Römischem Reich
Vor dem Untergang
 
Der Euro wird zum politisch manipulierten Weichgeld
 
Nach Parlamentswahl in Griechenland
Streit um Schuldenerlaß für Griechenland / Koalition mit Rechtskonservativen
 
(zur Griechenland-Wahl)
Jetzt wird es richtig teuer
von Michael Paulwitz
 
Rumänien drängt in Schengen-Raum
 
(Exilrussen gegen Russland-Bashing)
Ein aristokratischer Zwischenruf
 
"Gutes Signal": Türkei genehmigt Neubau einer Kirche in Istanbul
 
Istanbuler Kirchen-Neubau Mogelpackung
 
Linksradikale Terrorgruppe verübt Anschlag in der Türkei: Polizist stirbt
 
Harte Strafe in Saudi-Arabien
1000 Peitschenhiebe für islamkritischen Blogger
 
Syriens Goldbesitzer werden zur Kasse gebeten
Syriens Regierung hat Ende Dezember ein neues Gesetz verabschiedet, laut dem Syriens Goldbesitzer ihr Gold registrieren lassen und Gebühren dafür bezahlen müssen. Seit November hat der Goldpreis in Syriens Währung gerechnet um 18 Prozent zugelegt.
 
Guantanamero
Schuldig bis zum Beweis des Gegenteils: Mohamedou Ould Slahi veröffentlicht erstes Tagebuch eines CIA-Häftlings aus dem Lager auf Kuba
 
(Kriminelle und korrupte Zustände)
Mexiko
Killer gestehen Ermordung von 17 Studenten
 
Paraguay
Guerilla-Gruppe ermordet deutsches Ehepaar
Ein deutsches Farmer-Paar ist in Paraguay verschleppt und erschossen worden. Die Regierung macht die „Paraguayische Volksarmee“ verantwortlich. Sie soll nur wenige Mitglieder zählen, ist aber äußerst brutal.
 

Mauern gegen die Konkurrenz

friedrich-list-volkswirt-gr.jpg

Mauern gegen die Konkurrenz

Friedrich List: Das nationale System der politischen Ökonomie

von Nadja Kirsten

Als Politiker und Publizist kämpfte Friedrich List für einen deutschen Zollverein und ein deutschlandweites Eisenbahnnetz. Als Ökonom wurde er zum Vordenker des wirtschaftlich starken Nationalstaats. Die Zeiten überdauert hat vor allem ein partieller, wenngleich wichtiger Aspekt seiner Theorie: die Idee, junge Industrien durch Zollmauern zu schützen.

Der umtriebige Patriot aus Reutlingen träumte von Macht und Wohlstand für die deutsche Nation. Doch das politisch ungeeinte, weitgehend agrarisch geprägte Deutschland seiner Zeit war weit davon entfernt, mit dem mächtigen England konkurrieren zu können. In seinem 1841 veröffentlichten Hauptwerk Das nationale System der Politischen Ökonomie schrieb Friedrich List (1789-1846), wie eine Nation reich und mächtig werden kann: Entscheidend sei die erfolgreiche "Pflanzung einer Manufakturkraft".

Für die Modernisierung einer Nation ist es entscheidend, dass junge Industrien Fuß fassen können. Doch die aufstrebenden Manufakturen Deutschlands und anderer Entwicklungsländer der damaligen Zeit litten unter der erdrückenden englischen Konkurrenz. Sie lieferte bessere Ware zu niedrigeren Preisen. Vor diesem Hintergrund entwickelt List den "Erziehungszoll": Eine Nation, deren Industrie noch in den Kinderschuhen steckt, soll ihren einheimischen Markt durch Zölle auf Manufakturimporte schützen und damit die "industrielle Erziehung" vorantreiben. Die junge Industrie erhält so Gelegenheit, ohne äußeren Konkurrenzdruck zu "üben".

Zwar gehen die Zölle auf die billigere und bessere Importware zeitweilig zu Lasten des Verbrauchers. Der Verzicht auf kurzfristige Konsumvorteile ist aber zumutbar, weil damit langfristig in die Zukunft der Nation investiert wird. Diese erleidet durch die Schutzzölle lediglich einen Wertverlust, gewinnt aber Kräfte, "vermittels welcher sie für ewige Zeiten in den Stand gesetzt wird, unberechenbare Summen von Werten zu produzieren".

Sosehr List die Erziehungszölle preist, sowenig empfiehlt er sie als Wundermittel. Er betont, dass neben wirtschaftlichen Faktoren auch gesellschaftliche und politisch-institutionelle Rahmenbedingungen die Entwicklungsfähigkeit einer Nation bestimmen. So seien bürgerliche Freiheiten, die öffentliche Kontrolle der Verwaltung, eine freie Presse, die Sicherheit des Eigentums, aber auch eine gebildete Bevölkerung und nicht zuletzt "Religiosität, Moralität und Sittlichkeit" Quellen des nationalen Reichtums.

Seine Positionen entwickelt List in ständiger, teils polemischer Auseinandersetzung mit den Lehren der klassischen Ökonomie von Adam Smith, David Ricardo und Jean Baptiste Say. Der "Schule", wie er diese Denkrichtung knapp nennt, wirft er vor, bei ihrem Eintreten für die internationale Handelsfreiheit den Idealzustand einer friedlichen Weltgesellschaft zu unterstellen. Die Klassiker haben nach Ansicht Lists nicht erkannt, dass das Freihandelsprinzip "unter den bestehenden Weltverhältnissen" zur Abhängigkeit der weniger entwickelten Nationen von der herrschenden Industriemacht England führe - ein Argument, das sich über hundert Jahre später viele Entwicklungsländer unter veränderten Vorzeichen zu eigen machten.

Im Gegensatz zur klassischen Ökonomie glaubt List nicht, dass die Gesellschaft immer dann am besten fährt, wenn sie die Individuen ungehindert ihre eigennützigen Interessen verfolgen lässt. Vom uneingeschränkten Laissez-faire hält er nicht viel. Seine Position: Der Staat kann und muss in die Wirtschaft eingreifen, wenn die "Privatindustrie" der Gesellschaft Schaden zufügt oder wenn sie die gemeinschaftlichen Interessen nicht ausreichend fördert. Wo der Einzelne darauf achtet, seinen gegenwärtigen Wohlstand zu mehren, hat der Staat die Voraussetzungen für Wohlstand in der Zukunft zu schaffen. Er muss "auf die Bedürfnisse künftiger Jahrhunderte Bedacht nehmen", in die Zukunft investieren.

Friedrich List: Das nationale System der politischen Ökonomie

Wirtschaft und Finanzen i. d. Verlagsgruppe Handelsblatt GmbH, Düsseldorf 1989; (Faks. der Erstausgabe 1841); 660 S., Komment.-Bd. 150 S., zus. 440,- DM

 
 
 

Iranian Intervention in Iraq against the Islamic State

Members-of-Irans-revoluti-012.jpg

Iranian Intervention in Iraq against the Islamic State: Strategy, Tactics and Impact

Publication: Terrorism Monitor

By: Nima Adelkhah

The Jamestown Foundation & http://www.moderntokyotimes.com

A deliberately gory June 2014 report on the Shi’a Ahl al-Bayt website, no doubt intended to arouse emotions, shows a photo of the bloodied face of Alireza Moshajari. It describes him as the first of Iran’s Revolutionary Guard Corps (IRGC) to have become a “martyr” in defense of the sacred shrine of Karbala against the then Islamic State of Iraq and Syria, now the Islamic State. Karbala, one of the most important Shi’a holy sites, is the battlefield where Hussein, the grandson of the Prophet, fought and died a martyr’s death (Ahl al-Bayat, June 16, 2014). The site also shows other photos of Moshajari posing for a camera in a western Iranian province, apparently preparing to depart for Iraq.

A month later, in July 2014, reports of the death of another member of the IRGC, Kamal Shirkhani in Samarra, further indicated an Iranian troop presence deep inside in Iraq (Basijpress, July 8, 2014). More significant, however, was the December 2014 news of the death of Iranian Brigadier General Hamid Taqavi, while he was on an “advisory” mission in Iraq (Mehr News, December 29, 2014; Fars News, December 29, 2014). He was the highest-ranking Iranian officer to be killed in Iraq since the 1980-1988 war. Taqavi had reportedly been assassinated by the Islamic State in Samarra (Fars News, January 5).

While Iran has continuously and publicly denied having a formal troop presence in Iraq, with IRGC officials saying that Iran has no need to have an army in its neighboring country, the evidence suggests a growing trend of Iranian military activities in certain regions of Iraq deemed critical to Tehran and are related to Iran’s efforts to contain the Islamic State (Fars News, September 22, 2014). However, this trend, which apparently has been growing since summer 2014, is less about expanding Iran’s power and is more a defensive strategic attempt to prevent the Islamic State from undermining two of Iran’s two core interests in Iraq: the security of its borders and the protection of Shi’a shrines there. Unlike Iran’s strategy in Syria, which is primarily about preserving the Assad regime even at the expense of fostering sectarianism, Tehran is keen to prevent its Shi’a-dominated neighbor from developing a sectarian mindset that could potentially have wider negative implications for Iran in the region.

Iran’s Islamic State Problem

As a militant organization emerging from the Syrian civil war, but whose core originates in the earlier anti-U.S. insurgency in Iraq, the Islamic State has not only forcefully established a military presence in regions of Iraq and Syria, but has done so as an intensely sectarian force. Driven by its view that Shi’as are infidels, the Islamic State’s military expansion in Syria, which spilled over into Iraq in summer 2014, has exacerbated tit-for-tat sectarian conflicts in both countries which have increasingly worried the Islamic Republic, the world’s largest Shi’a state.

Iran’s concern over the Islamic State is fourfold:

  1. Firstly, the military onslaught by the forces of the self-declared Sunni caliphate has, at times, posed an immediate threat to Iran’s west central provinces bordering Iraq, such as Ilam and Kermanshah. Though Iranian officials publically claim that the Islamic State does not have the capacity to attack Iran, there has been clear concern about the militants’ takeover of relatively nearby Iraqi cities such as Hawija and Mosul (Tabnak, July 2, 2014). The Islamic State’s further rapid take-over of Khanaqin, eastern Diyala and areas near the Iranian border in early summer 2014 underlined the threat to Iran’s borders (Shafaq, October 8, 2014). Such developments have triggered an outbreak of conspiracy theories in Iran. For instance, one cleric argued that the Islamic State originally wanted to attack Iran instead of Syria, as part of a larger Western conspiracy against the Islamic Republic (Sepaheqom, December 31, 2014). Such conspiratorial views echo a belief by many Iranian officials that the Islamic State is a U.S. creation and that its aim is to sow discord and conflict in a region where Iran claims dominance.
  2. The second Iranian concern is also connected with border security, this time in the form of Iranian fears of a refugee crisis arising from Islamic State attacks (Khabar Online, June 15, 2014). The refugee wave from Islamic State-affected areas of Iraq, similar to that which Iran saw from Afghanistan in the 1980s, is seen by Iran as posing significant security threat to the region and an economic burden to its economy, which is already struggling under U.S.-led sanctions (al-Arabiya, October 28, 2014).
  3. Iran’s third concern is over growing sympathies among Iran’s Sunni minority for Sunni sectarian groups such as the Islamic State. Fears of Islamic State influence in southeastern regions and northwestern Kurdistan, which have large Sunni populations, continue to pose a major problem for the Islamic Republic (Terrorism Monitor, December 13, 2013). In particular, there are fears that political-military movements such as Ahle Sunnat-e Iran (a.k.a. Jaysh al-Adl, Army of Justice), an offshoot of the Jundallah (Soldiers of God) militant group, may be inspired by the Islamic State or even that such groups may collaborate with the group to conduct insurgency operations inside Iran (Mehr News, August 15, 2014).
  4. The fourth reason for Iran’s concern is the religious dimension, perhaps the most significant to many Iranian government and military operatives. Iraq is home to a number of key Shi’a shrines, and Samarra – home to one of the most important such shrines – is on the frontline of the ongoing struggle against the Islamic State. Located 80 miles away from Baghdad and a short distance south of Tikrit, a Sunni Iraqi stronghold where there is some sympathy for the Islamic State, Samarra is where Iranian forces have mostly concentrated, due to the religious importance of the shrine and its vulnerability to Sunni militants. Apparently working under the assumption that United States’s objectives against the Islamic State are only to protect the Kurds, a primary mission of Iranian forces is to protect Samarra’s al-Askar shrine, whose dome had been previously destroyed by Salafist militants in February 2006.

It is, therefore, no coincidence that most announcements of Iranian deaths in Iraq have related to Samarra and that such announcements also deliberately emphasize the religious angle. For example, public announcements of the death of Mehdi Noruzi, a member of Iran’s Basij militia who was apparently nicknamed “Lion of Samarra” and was killed by the Islamic State in that city, highlighted the religious dimension of the conflict in order to arouse religious fervor and, hence, public support (Fars News, January 12; al-Arabiya, January 12). A further example is that all the 29 Iranian deaths reported in December 2014 most likely took place in and around Samarra, as with the death of an Iranian military pilot, Colonel Shoja’at Alamdari Mourjani, who likely died on the ground in the vicinity of the city (al-Jazeera, July 5, 2014). Underlining the importance of Samarra and other shrines to Iran, a June 2014 statement by Qom-based Grand Ayatollah Naser Makarem Shirazi called for jihad against the takfiri (apostate) Islamic State in defense of Iraq and Shi’a shrines. This was partly meant as a religious decree intended to swiftly mobilize support for countering the Islamic State onslaught. His fatwa can also be seen as a move, most likely backed by Tehran, intended to help the government recruit volunteers to fight in Iraq.

Military Intervention

While the U.S.-led air-campaign has curtailed the Islamic State’s progress since August, Iranian forces on the ground have also played a critical role in limiting its advance into northeast and southcentral Iraq. Iran’s support for Iraqi Kurdish Peshmerga forces, as well as for Iraq’s army and militia forces, has also played a key role.

As illustrated by the recent death of Brigadier General Hamid Taqavi, the Iranian military mission includes high-ranking members, including General Qasem Soleimani, the commander of Iran’s special operations Quds Force. Iranian military activities in Iraq appear to largely concentrate along the Iraq-Iran border and in key Shi’a shrine cities, most importantly Samarra, for the reasons stated above. Meanwhile, ten divisions of Iran’s regular army are reportedly stationed along the Iraqi borders, ready for military confrontation (Gulf News, June 26, 2014).

In the conflict against the Islamic State, the Quds Force paramilitary operatives play an integral role, notably in training and commanding Iraqi forces, especially Sadrist and other militia groups such as Kataib al-Imam Ali (al-Arabiya, January 9). Typically, this has involved recruiting and training Shi’a Iraqi volunteers in camps in various Iraqi provinces, including Baghdad (ABNA 24, June 16, 2014). Quds officers have also reportedly been directly active in key hubs of the conflict, such as the siege of Amerli in northern Iraq, where Kurdish and Shi’a militia forces eventually defeated the Islamic State, with the input of Soleimani, in September 2014 (al-Jazeera, September 1, 2014; Gulf News, October 6, 2014).

The Lebanese Hezbollah group also plays a role in both training volunteers and conducting military operations in key battles against the Islamic State, as in the October 2014 attack on Islamic State positions in Jurf al-Sakhr, southwest of Baghdad, which reportedly involved 7,000 Iraqi troops, including militiamen (Al-Monitor, November 6, 2014; al-Arabiya, November 5, 2014). Meanwhile, the role of established Shi’a Iraqi militias such as the Badr Organization, led by Hadi al-Amiri, appears to be to support Iran’s training of volunteers, though the Badr force has also participated directly in joint military operations against the Islamic State (Al-Monitor, November 28, 2014). In an unprecedented way, therefore, Iran is currently uniting Shi’a militias to fight a common, perhaps existential enemy of Shi’as: Sunni radicalism.

Iranian deployment of ground troops, however, has been only one part of its broader military operation in Iraq. Alongside military operations, Iran has also shared intelligence with Kurdish and Iraqi forces, and allegedly installed intelligence units at various airfields to intercept the Islamic State communications (al-Jazeera, January 3). There are also reports of Iran sending domestically-built Adabil drones to Iraq to help the government against the Islamic State, highlighting Iran’s growing unmanned aerial surveillance capability (Gulf News, June 26, 2014). Such intelligence sharing and military coordination against the Islamic State is likely to be most significant in eastern Iraq, in areas closest to Iran (al-Jazeera, December 3, 2014; al-Arabiya, January 16). Thanks to agreements signed between Iran and Iraq in late November 2013, the dispatch of weapons to Iraq has likely considerably increased since summer 2014 (al-Jazeera, February 24, 2014; Press TV, June 26, 2014).

 

politique internationale,géopolitique,iran,eiil,hezbollah,isis,levant,syrie,irak,chiites,chiisme

 

A Strategic Outline: National and Regional Impact

In an October 12 interview, Brigadier Yadollah Javani, the head of the IRGC’s political bureau argued that the Islamic State had failed to capture Baghdad because of Iran’s military support for the Iraqi government (Iranian Students News Agency, October 12, 2014). This may be true on a tactical level, but in a longer-term strategic sense Tehran’s effort in Iraq may yet lead to unintended consequences that could yet threaten its wider interests in the region.

The most significant impact of Iran’s interference in Iraq is likely to be sectarian. Iran, of course, is aware of the potentially radicalizing impact of its operations among Sunnis and the main reason it keep its military operations low profile is to avoid inflaming such sectarian tensions (al-Jazeera, July 5, 2014). However, Tehran’s efforts have not been entirely effective. Anti-Iranian views in the (Sunni) Arab media are widespread, and these primarily describe Iran’s intervention in Iraq as part of a sinister, broader strategy (al-Sharq al-Awsat, January 13). Meanwhile, in Iraq itself, despite Iraqi Prime Minister Haider al-Abadi’s efforts to bring Sunni Arabs into the government, not only in the provinces but also in Baghdad, the outcome of this process remains to be seen. For the most part, Sunni Arabs still feel marginalized and the potential for them to support the Islamic State remains high (al-Jazeera, January 3). Iran is likely to fear that such Sunni resentment may further encourage Saudi Arabia to involve itself in Iraq as a way to curtail Iran’s growing influence there.

Often overlooked, there is also the intra-Shi’a impact of Iran’s involvement, which Tehran appears understandably keen to downplay. Various Shi’a groups and figures continue to compete for influence in southern Iraq, with the interests of non-Iranian Shi’as being best represented by Najaf-based Grand Ayatollah Ali Sistani. Sistani, the highest-ranking cleric in the Shi’a world and weary of repeated Iranian involvement in Iraq since 2003, has distanced himself from Soleimani and Iran’s military presence in Iraq. In fact, Sistani’s representative has argued that the cleric’s important summer 2014 fatwa calling for volunteers to resist the Islamic State was meant for Iraqis and not for Iranian Shi’as (Al-Monitor, December 2, 2014). How Sistani will respond to a continued Iranian presence in Iraq and in key shrine cities, especially after the Islamic State threat eventually wanes, remains to be seen. While it is likely that Sistani will continue to encourage some pragmatic cooperation with Tehran against the Islamic State, he will not accept a prolonged Iranian military presence in Iraq. This underlines that while the long-term implications of Iranian intervention in Iraq are unclear, for now at least Iran’s military intervention in Iraq has effectively united Shi’as against the Islamic State.

Nima Adelkhah is an independent analyst based in New York. His current research agenda includes the Middle East, military strategy and technology, and nuclear proliferation among other defense and security issues.

Files: TerrorismMonitorVol13Issue2_03.pdf

http://www.jamestown.org/single/?tx_ttnews%5Btt_news%5D=43442&tx_ttnews%5BbackPid%5D=7&cHash=1be59fb552739f9274873ae03b834d14#.VMkeGMb6nLU

The Jamestown Foundation kindly allows Modern Tokyo Times to publish their highly esteemed articles. Please follow and check The Jamestown Foundation website at http://www.jamestown.org/

https://twitter.com/JamestownTweets The Jamestown Foundation

Els Witte over het orangisme

ewEls-Witte-890x395_c.png

Elitaire opstandelingen in eer hersteld

Els Witte over het orangisme

door Edi Clijsters
Ex: http://www.doorbraak.be

ew9789085425502.jpgHet moet zowat de grootste lof zijn die een historicus kan toegezwaaid krijgen, en die lof komt dan zelfs van de veeleisende Nederlandse NRC: 'Het gebeurt niet vaak dat een historicus geschiedenis echt kan herschrijven. Maar Els Witte is het gelukt.'

Dat kan tellen als compliment. Als compliment is die commentaar volkomen terecht, al is de formulering voor verbetering vatbaar.

Want de geschiedenis – als opeenvolging van feiten – kan natuurlijk niemand herschrijven. Geschiedenis als geschiedschrijving daarentegen – als weergave van de feiten en hun samenhang – kan daarentegen wel degelijk worden herschreven. En dat gebeurt gelukkig ook, al is het vaak moeizaam en ondankbaar werk. Terecht stelt Witte (hoogleraar emeritus en ere-rector van de VUB) dat de geschiedschrijving doorgaans meer (of bijna uitsluitend) aandacht heeft voor de 'winnaars', al was het maar omdat dié nu eenmaal in eerste instantie bepalen hoe het verdergaat. Daartegenover staat dat de officiële historiografie nog maar weinig belang hecht aan de verdedigers van een verloren zaak, zodra het pleit is beslecht. Voor zo ver later nog aandacht gaat naar die 'verliezers' is dat dan meestal in apologetische of ronduit hagiografische geschriften, die soms vér af staan van ernstige geschiedschrijving.

Dat zijn beschouwingen waarmee iedereen vertrouwd is die ook maar iets of wat belangstelling heeft voor geschiedenis. En ze gelden a fortiori wanneer de politieke geschiedenis van een land ter sprake komt. Ondertussen zijn immers al vele boekdelen gewijd aan de stelling (of het bestrijden daarvan) dat elke staat (en/of natie) een min of meer kunstmatige constructie is, en dus behoefte heeft aan enkele 'dragende mythes' die het geheel wat romantische luister moeten bijzetten. Met mythes en demystificaties hebben zich dus al ettelijke generaties historici verlustigd, en de bij uitstek kunstmatige creatie België maakt daarop geen uitzondering. Integendeel.

Heilige huisjes

En zie: de Belgische orangisten (die de revolutie van 1830 niet accepteerden en wilden trouw blijven aan het Verenigd Koninkrijk der Nederlanden) zijn werkelijk een schoolvoorbeeld van 'geschiedschrijving door en voor de overwinnaars'. Generaties historici hebben – in het spoor van de 'vader van de Belgische geschiedschrijving', de grote historicus en nog veel grotere belgicist Henri Pirenne – het verschijnsel 'orangisten in België' ofwel haast totaal genegeerd ofwel minachtend afgedaan als een onbeduidend stelletje nostalgici, meelijwekkende amateur-samenzweerders en/of achterbakse verraders des vaderlands.

Welnu, dat beeld zal elke bonafide historicus voortaan grondig moeten bijstellen, want aan de monumentale studie van Els Witte over 'het harde verzet van de Belgische orangisten tegen de revolutie 1828-1850' kan niemand voorbijgaan. En aangezien je bij een zo vooraanstaande historica van de VUB bezwaarlijk van 'monnikenwerk' kan spreken mag hier gerust het woord 'titanenwerk' worden gebruikt.

Jarenlang heeft Els Witte stapels en stapels officiële en geheime documenten doorploegd, bladen, vlugschriften, brieven en memoires; van rapporten in geheimschrift moest zij zelfs eerst de code ontcijferen. Dat alles vermeldt zij in haar boek slechts langs de neus weg, maar het illustreert wél met hoeveel inzet en volharding zij deze 'herschrijving' heeft aangevat én tot een goed einde gebracht.

Het resultaat is dan ook een kanjer. Pardon: een wetenschappelijke kanjer. Buitenstaanders durven wel 's monkelen dat historici zich blijkbaar soms verplicht achten "meer noten dan tekst" te produceren. Dat valt dan nog mee: tegenover 516 bladzijden verhaal staan 'slechts' 97 bladzijden (wel erg klein gedrukte) noten. Terecht. Niet zonder reden zal Witte het nodig geacht hebben haar studie zo minutieus te documenteren en (bij wijze van spreken) haast elke zin te staven met een verwijzing naar een of andere bron. Want die studie gaat nu eenmaal in tegen ettelijke lang gekoesterde heilige huisjes, en mag dus in het feitenrelaas geen enkele zwakke schakel vertonen.

Die heilige huisjes bevinden zich overigens niet alleen bij 'belgicistische' geschiedschrijvers (die de triomftocht van de sacrosancte Belgische natie sinds 1830 alleen nog kunnen gedwarsboomd zien door domoren of kwaadwilligen) maar evenzeer bij Groot-Nederlandse nostalgici of flamingantisch geïnspireerde auteurs die het orangisme ten onrechte in verband brengen met de prille Vlaamse Beweging).

Daarenboven heeft Witte het verschijnsel 'orangisme' vanuit verschillende hoeken willen bekijken en zoveel mogelijk verbanden willen duidelijk maken tussen de verschillende niveaus en terreinen waarop van orangisme sprake was, zodat onvermijdelijk herhalingen opduiken.

Al die op zichzelf loffelijke bekommernissen maken het boek bijwijlen tot een moeilijk verteerbare brok; maar dat is dan ook de enige negatieve bedenking bij dit opus. Want hoewel het niet bepaald makkelijke lectuur is, toch blijf je lezen – zelfs al weet je 'hoe het afloopt'. Omdat dit in essentie een heel niéuw verhaal is, dat althans met dit ene spook van Pirenne eens en voorgoed afrekent.

Franstalige conservatieven

Wie waren ze eigenlijk, die 'orangisten' ? En vooral: waarom waren ze dat ? Dank zij het minutieuze speur- en puzzelwerk van Els Witte krijgt de lezer nu voor het eerst een correct – niet gediaboliseerd noch geïdealiseerd – beeld van deze politieke stroming die meer dan tien jaar lang voor het prille België een reële bedreiging uitmaakte – én door het nieuwe bewind ook wel degelijk zo werd gezien.

Waarom bleven zo lang zovele Luikenaars, Gentenaars, mensen uit Henegouwen en Antwerpen, de Westhoek of Luxemburg gekant tegen het 'Belgische feit' dat uit de separatistische opstand van 1830 was ontstaan ? Om dat begrijpelijk te maken verwijst Witte naar de geest van die tijd. Na de nederlaag van Napoleon wou het Congres van Wenen vooral de oude monarchieën in eer herstellen en komaf maken met de erfenis van de Franse Revolutie. Het was een tijd van restauratie, en ook in het zuiden van het Verenigd Koninkrijk konden velen zich daarin vinden: oude en nieuwe kleine en grote adel, behoudsgezinde bourgeoisie en ambtenarij, én tal van industriëlen voor wie nieuwe markten opengingen, koninklijke steun niet ontbrak maar sociale rechten taboe bleven. Kortom: een conservatieve grondstroom avant la lettre.

Met name adel, bourgeoisie en ambtenarij hadden een uitgesproken legitimistische kijk op de gebeurtenissen: trouw aan de vorst was vanzelfsprekend en een erezaak, opstand daartegen was ongehoord. Voor de meeste industriëlen en handelslui ging het veeleer om welbegrepen eigenbelang: het opbreken van het Verenigd koninkrijk betekende het einde van nieuwe markten en mogelijkheden. Allen hadden ze een diepe afkeer gemeen van het straatgeweld door opgehitst gepeupel, waardoor niet alleen de 'proletarische opstand van 1830' werd getekend, maar ook de herhaalde repressie tegen orangisten.

De legitieme vorst was en bleef Willem I van Oranje of eventueel zijn zoon. Leopold I was daarentegen in de ogen van de 'orangisten' niets meer of minder dan een usurpator, een adellijke avonturier die zich (dank zij straatgeweld en het Franse leger) een troon had toegeëigend waarop hij geen recht had. Ook hier bleek de geschiedenis rijkelijk ironisch, want de meest fervente revolutionairen van 1830 beschouwden Leopold evengoed als een usurpator want zij hadden gevochten voor een democratische republiek; hun frustratie ging later zelfs zover dat zij toenadering zochten tot de orangisten.

In elk geval is duidelijk dat de verstokte aanhangers van Oranje vooral bij de sociale elite te zoeken waren. En die was toen ook in Vlaanderen Franstalig. De omgangstaal in kastelen, manoirs en herenhuizen was natuurlijk Frans, hun bladen en brochures waren in het Frans (Le Messager de Gand!), hun onderlinge correspondentie en evengoed die met hofkringen in 's Gravenhage gebeurde in het Frans.

Aanmoediging met handrem

Tja, Den Haag. Uiteraard werd het orangisme door de nieuwe Belgische bewindslieden afgeschilderd als een complot van de Nederlanders om het Zuiden terug in te lijven. Dat de grote meerderheid van de Nederlanders zelf daar hoegenaamd niet op belust was, is inmiddels voldoende bekend. Maar Witte toont onweerlegbaar aan dat Willem I wel degelijk ongeveer een decennium lang de hoop – en daarmee gepaard gaande financiële en diplomatieke inspanningen – niet heeft opgegeven om het zuiden weer onder zijn gezag te brengen. Zijn zoon koesterde die hoop evenzeer, en wou desnoods zelfs genoegen nemen met de 'Belgische' troon. Het verhaal van de rivaliteit tussen vader en zoon is bekend, evenals de funeste weerslag daarvan op de pogingen om de scheiding tussen noord en zuid ongedaan te maken.

Leerrijk is vooral hoe Witte de dubbelzinnige houding van Willem I (en evenzeer van zijn zoon) documenteert: hoe Den Haag het verzet van de orangisten tegen de nieuwe (en 'wederrechtelijke' !) staat wel aanmoedigde, maar tegelijk zelf buiten schot wou blijven. Tegenover de Europese grootmachten – die tenslotte in Wenen zijn Verenigd Koninkrijk in het leven hadden geroepen – bleef hij via diplomatieke weg aandringen op een herstel van zijn gezag in het zuiden. Maar hij wou die diplomatie uiteraard niet hypothekeren door rechtstreeks in verband te worden gebracht met opstandige bewegingen tegen het nieuwe België.

Die nieuwe constructie was immers niet alleen (begrijpelijkerwijze !) door Frankrijk enthousiast verwelkomd, maar kon ook rekenen op de goedkeuring van de Britten, zodra in Brussel een neef van Queen Victoria op de troon zat. Pruisen en Rusland hadden in 1830 en ook nadien wel andere opstandige katten te geselen, en Oostenrijk had al in 1815 zijn aanspraken op de voormalige Oostenrijkse Nederlanden laten schieten.

Willems (overigens bescheiden) diplomatieke initiatieven kenden echter geen succes, en de enige echte poging om het zuiden militair te heroveren werd (dank zij snelle Franse interventie) een flop. Dus bleef alleen de mogelijkheid dat de Oranje-getrouwen op eigen kracht het Belgische bewind zouden omverwerpen. Zij werden daartoe moreel en financieel flink aangemoedigd vanuit Den Haag, maar bleven geremd door de opgelegde discretie. Bovendien zou telkens opnieuw blijken dat de orangisten nauwelijks steun genoten bij de bevolking. In de steden had het proletariaat wel andere zorgen, en op het platteland gaf de antiprotestantse clerus de toon aan.

Demystificaties

Het is ondoenbaar hier het hele verhaal van het orangistische verzet tegen het nieuwe Belgische 'usurpatoren'-bewind na te vertellen. Zoals reeds gezegd: het boek van Witte is geen lichte lectuur, maar het biedt wel, met een overvloed aan details, een uitermate boeiend verhaal.

De brutale straatrepressie tegen Oranje-getrouwen in 1830 en herhaaldelijk nadien. De massale onthouding bij de eerste 'Belgische' verkiezingen (waarvoor hoe dan ook nauwelijks 1 – één – procent van de bevolking kiesgerechtigd was, en van die amper 46 000 kiezers nauwelijks 30 000 kwamen opdagen) én het afhaken van de toch verkozen orangisten. De (jammerlijk maar voorspelbaar mislukte) pogingen in 1831 om het Voorlopig Bewind omver te werpen vooraleer Leopold de troon kon bestijgen. Het failliet van de Tiendaagse Veldtocht kort nà die troonsbestijging, en het opgeven van de citadel van Antwerpen als laatste Nederlandse bolwerk op Belgische bodem eind 1832. En tenslotte de aanvaarding van het Verdrag der 24 Artikelen door de Nederlandse én de Belgische koning : schijnbaar de genadeslag voor de Belgische orangisten, maar ook fel betwist door Belgische revolutionairen van het eerste uur omdat daardoor grote delen van Limburg en Luxemburg werden opgegeven. Dat zijn bekende episodes.

Minder bekend is het voortleven van het orangisme nadien. Het is haast ontroerend om zien hoe de Belgische orangisten hardnekkiger vasthouden aan Oranje dan de Nederlandse vorsten aan België, aangezien voor hen immers het Nederlandse (of zelfs het strikt persoonlijke) belang telkens weer de doorslag geeft.

De abdicatie van Willem I in 1840 ontlokt de orangisten enerzijds 'un cri de douleur' maar geeft hen tegelijk hoop dat Willem II, die altijd al het zuiden in het hart droeg, het streven naar hereniging nieuw leven zal inblazen. Quod non, zoals men weet. Wanneer in 1841 nogmaals een orangistische poging tot staatsgreep in extremis wordt verijdeld, verdenkt 'heel Europa' Willem II van betrokkenheid bij dat initiatief. In werkelijkheid verleende hij slechts halfslachtige steun, en haast hij zich om zich van de mislukking te distanciëren.

Omverwerping van het Belgische bewind is nu duidelijk een hersenschim geworden, en de hereniging met het noorden evenzeer. Meer en meer adellijke en economische orangisten kiezen uiteindelijk eieren voor hun geld en verzoenen zich met de nieuwe staat. Maar, zo illustreert Witte andermaal uitvoerig, er blijft in een groot deel van de elite wel iets bestaan wat nu een orangistische 'subcultuur' zou worden genoemd.

Samenvattend dient nog eens beklemtoond dat deze studie enkele 'onprettige waarheden' onderbouwt. Belgicisten van nu zullen ongaarne lezen dat het orangisme zeker even sterk was in Franstalig België als in Vlaanderen. Vlaamse romantici zullen ongaarne toegeven dat dit orangisme ook in Vlaanderen een welhaast volkomen Franstalige aangelegenheid was. De eerste categorie zal er met veel leedvermaak aan herinneren dat de orangisten zo goed als geen steun genoten bij het volk; de tweede zal dat met de dood in het hart moeten erkennen. Er is echter ook dit: voor haast alle orangisten was de trouw aan het Verenigd Koninkrijk der Nederlanden een kwestie van eer, waarvoor velen zware offers brachten. Daarom is het goed dat zij nu in eer zijn hersteld.

Een toemaatje voor wie zich na dit alles zou afvragen of orangisten iets te maken hebben met 'appeltjes van Oranje' ofte appelsienen. Jazeker. Op sommige plaatsen kreeg Leopold I bij zijn 'blijde intrede' overrijpe sinaasappels naar het hoofd gegooid; en dat was echt niet als hulde bedoeld.

Titel boek : Het Verloren Koninkrijk
Subtitel boek : Het harde verzet van de Belgische orangisten tegen de revolutie 1828-1850
Auteur : Els Witte
Uitgever : De Bezige Bij Antwerpen
Aantal pagina's : 688
Prijs : 39.99 €
ISBN nummer : 9789085425502
Uitgavejaar : 2014