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lundi, 05 février 2024

Deux réactions de Raisa Blommestijn sur la situation actuelle en Europe et dans le monde

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Deux réactions de Raisa Blommestijn sur la situation actuelle en Europe et dans le monde

Ukraine, guerre et valeurs occidentales

Raisa Blommestijn

Source: https://twitter.com/rblommestijn

Ceux qui demandent que l'Ukraine soit soutenue et défendue en raison des "valeurs occidentales" devraient m'expliquer ce que ces valeurs occidentales signifient réellement de nos jours.

S'agit-il de la politique d'ouverture des frontières qui garantit 96.000 places d'accueil supplémentaires pour les migrants défavorisés rien que cette année?

S'agit-il de l'agenda démographique pour lequel les contribuables néerlandais pourraient débourser un total de 7,6 milliards d'euros d'ici 2024?

Ou s'agit-il des réglementations climatiques qui nous empêcheront bientôt de conduire une voiture, de manger de la viande ou de partir en vacances en avion parce qu'elles deviendront inabordables?

S'agit-il de l'hystérie climatique qui détruira les agriculteurs, les poussera à la folie et les menacera de tout perdre, ce qui entraînera des pénuries alimentaires?

Ou s'agit-il de la soi-disant "liberté d'expression"? Qui n'est en fait rien d'autre que de la censure et ne s'applique que si vous rentrez dans le rang et dites et faites exactement ce que l'on attend de vous.

Ou s'agit-il de "pouvoir être soi-même"? Ce qui, bien sûr, signifie simplement que de jeunes enfants sont sexualisés et désorientés quant à leur "genre" et sont donc incités à subir des opérations chirurgicales et à prendre des médicaments qui les rendent malheureux et stériles à vie.

Une dernière option consiste à défendre l'idée qu'un homme peut être une femme et vice-versa - ou qu'il existe une chose telle que le "non-binaire".

Dites-moi, est-ce là les valeurs occidentales pour lesquelles "nous" devons nous battre?

À mon avis, le "combat" ne devrait pas être mené en Ukraine et contre la Russie, mais ici : pour s'assurer que ces valeurs occidentales retrouvent une véritable substance.

5 Févr. 2024

Raisa Blommestijn - @rblommestijn

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Sur la guerre en Ukraine et l'interview de Tucker

Nous nous dirigeons lentement vers une troisième guerre mondiale. Les 50 milliards de l'UE à l'Ukraine en sont l'exemple le plus récent et le plus clair. L'UE donne de l'argent à l'Ukraine pour qu'elle puisse acheter des armes pour lutter contre la Russie. De cette manière, l'UE est déjà, au moins indirectement, en guerre avec la Russie à l'heure actuelle.

Ensuite, il y a bien sûr la (ré)introduction de la conscription, à laquelle on prépare actuellement les esprits. Ce n'est pas pour rien que les médias, aux Pays-Bas comme à l'étranger, parlent régulièrement du danger que représente la Russie et de l'importance de la vigilance. Et croyez-moi, ce questionnaire obligatoire pour les jeunes de 17 ans n'est pas du goût du ministère de la défense.

Personne ne sait ce qui se passe réellement en Ukraine et comment le conflit est perçu du côté russe. Même si le message n'est pas le bienvenu, il y a autant de propagande dans l'"Occident libre" qu'en Russie.

Il n'est pas surprenant que le gouvernement américain ait voulu empêcher l'interview entre @TuckerCarlson et Poutine. Il a même surveillé ses conversations via Signal. En effet, l'interview peut être le pont que les politiciens de l'establishment ne veulent pas voir construit: c'est un moyen de trouver la vérité réelle qui va à l'encontre de la narration et de la propagande.

Elle pourrait bien ouvrir les yeux de nombreuses personnes et nous devrions l'attendre avec beaucoup d'intérêt.

4 Feb 2024

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Raisa Blommestijn est également l'auteur d'une thèse de doctorat sur la République de Weimar, où elle compare notamment les travaux de quatre théoriciens (Hans Kelsen, Carl Schmitt, Rudolf Smend et Hermann Heller).

Raisa Blommestijn, Het Spook van Weimar. Een democratie in crisis, Prometheus, Amsterdam, 2022. ISBN 978 90 446 5075 4.

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vendredi, 15 septembre 2023

Laurens Buijs, le lanceur d'alerte à l'Université d'Amsterdam

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Laurens Buijs, le lanceur d'alerte à l'Université d'Amsterdam

Jan Sergooris

Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°182, septembre 2023.

Une interview de Sarah Bracke, professeur de sociologie du genre et de la sexualité à l'Université d'Amsterdam (UVA), a été publiée dans De Standaard des 5 et 6 août 2023. Dans l'introduction à l'interview, Bracke est présentée comme la victime d'une campagne de diffamation en ligne de plusieurs mois menée par un collègue de l'UVA au génie maléfique, Laurens Buijs.

Le 25 avril 2023, Buijs a été suspendu par l'administration de l'UVA. La raison officielle était qu'il avait traité certains collègues d'extrémistes, de monstres et de corrompus. Ce ne sont pas des déclarations très agréables pour un universitaire, mais nous ne découvrons pas la préhistoire ni la suite de l'histoire dans De Standaard.

Qui est Laurens Buijs ? Il s'agit d'un chercheur en sciences sociales interdisciplinaires, d'un publiciste et d'un entrepreneur dans le domaine de la diversité et de l'inclusion (D&I) qui se définit idéologiquement comme un militant de gauche, homosexuel et LGTBQ.

La controverse a été déclenchée par un article d'opinion de M. Buijs. En effet, il avait écrit un article intitulé "La culture woke menace la liberté académique dans les sciences sociales" dans Folia, le magazine attitré de l'université d'Amsterdam, le 18/1/2023. Il y dénonçait le politiquement correct et le dogmatisme gauchiste dans les sciences sociales.

Mais c'est surtout sa déclaration critique sur le non-binaire qui a fait parler d'elle. Le fait qu'il n'y ait pas de base scientifique pour cela et que cela ne serve en rien à l'émancipation des genres a suffi pour qu'il soit accusé de transphobie. Cette affirmation a incité un groupe d'étudiants, en concertation avec certains professeurs - Sarah Bracke semble être l'une des instigatrices - à déposer une plainte pour discrimination contre leur professeur. Une pétition a été lancée et les étudiants ont demandé la suspension du professeur (*).

Les étudiants qui déposent une plainte contre Laurens Buijs demandent un environnement d'apprentissage où l'identité de chacun est garantie et où l'inclusion est primordiale.

Laurens Buijs admet dans une interview accordée à Nieuwe Wereld qu'il est également influencé dans sa réflexion par l'idéologie "woke", mais il commence à réaliser que ce mouvement ne cesse de s'intensifier et de se radicaliser pour devenir un extrémisme de gauche dans lequel la science doit être subordonnée à l'idéologie.....

Où les militants "woke" se trompent-ils maintenant ? C'est à ce moment-là que les militants commencent à faire le lien entre les idées de Buijs et ce que l'on vit et ce que l'on nomme sa propre identité. Ce que Buijs présente dans son article comme les résultats de ses recherches se heurte désormais aux perceptions identitaires de ces étudiants. Buijs doit donc ajuster ses recherches. Lorsque la science et l'idéologie s'affrontent, la science doit laisser le champ libre. C'est l'exigence de l'inclusivité.

Paul Cliteur, philosophe du droit néerlandais, a longuement discuté de l'événement dans un article paru dans Doorbraak (29/4/2023). Il accuse l'UVA de s'être laissée complètement prendre par le fanatisme irrationnel des extrémistes woke. Les autorités universitaires auraient dû convoquer les rédacteurs de la déclaration et leur expliquer la nature d'une institution universitaire. Elles auraient dû préciser qu'il n'est pas possible de déshonorer publiquement des professeurs si l'on s'attend à ce que leurs cours ne soient pas conformes à leurs propres opinions politiques et idéologiques. Ils auraient dû expliquer qu'il est impossible qu'un article publié par un universitaire dans une revue puisse être rétracté parce qu'il n'est pas conforme à certains préjugés idéologiques. Une université ne devrait jamais permettre que ce soient les étudiants non informés qui viennent déterminer le contenu du programme de premier cycle.

Paul Cliteur discerne à plusieurs reprises des schémas fixes dans l'extrémisme "woke" et les développe. Une attaque "woke" est une action concertée ou non par un ou plusieurs activistes "woke" visant à disqualifier, à annuler, à déclarer la cible de leurs actions comme un paria. L'activiste woke appelle ensuite à une action contre la victime ciblée pour avoir prétendument commis des actes de racisme, de sexisme, d'antisémitisme, d'islamophobie, de nazisme, de fascisme, d'homophobie, de transphobie ou, en tout état de cause, un "comportement transgressif". L'objectif d'une telle attaque est de porter atteinte à la (réputation) de la victime et, de préférence, de l'écarter de l'organisation. Le but ultime est de créer une organisation dans laquelle ne travaillent que des personnes partageant les mêmes idées. Des personnes ayant les mêmes croyances idéologiques. L'université devrait se transformer en un grand espace sécurisé : un "espace hermétique".

(*) Une personne non binaire ne veut être ni homme ni femme et s'attend à ce que son environnement veuille qu'on s'adresse à elle de cette manière (ce qui fait d'elle un être à part entière). L'émancipation des LGBTQ+ commence à partir de la distinction homme-femme.

Jan Sergooris

samedi, 25 mars 2023

Soros et les Britanniques démantèlent le soi-disant droit international

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Soros et les Britanniques démantèlent le soi-disant droit international

Alexander Bovdunov

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/soros-e-gli-inglesi-stanno-smantellando-il-cosiddetto-diritto-internazionale

Le 17 mars, la Cour pénale internationale de La Haye a émis des mandats d'arrêt à l'encontre du président russe Vladimir Poutine et de la médiatrice russe pour les droits de l'enfant, Maria Lvova-Belova. Les responsables russes sont accusés d'avoir provoquer un "déplacement illégal" d'enfants depuis les territoires de la ligne de front.

Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une décision politique. Si les enfants n'avaient pas été retirés des territoires où ils étaient en danger, la Russie aurait été accusée de laisser les enfants en danger. Et si les enfants avaient été envoyés en Ukraine (ce qui est inimaginable dans une situation de guerre), on aurait parlé de "nettoyage ethnique". La CPI a trouvé une excuse commode, d'autant plus que les spéculations sur les enfants sont un excellent moyen d'influencer l'opinion mondiale, en particulier européenne, et un pas de plus vers la diabolisation de la Russie et de ses dirigeants.

Et qui sont les juges ?

Tout d'abord, il convient de préciser ce qu'est la Cour pénale internationale. On la confond avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), basé à La Haye, et avec la Cour internationale de justice des Nations unies. En fait, leur seul point commun est leur localisation à La Haye, capitale de facto des Pays-Bas, où siègent le parlement et le gouvernement néerlandais ainsi que de nombreuses institutions internationales. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice ont tous deux été fondés avec l'approbation des Nations unies. Bien que la Cour pénale internationale ait signé un accord avec les Nations unies, elle n'est pas directement liée à ces dernières. Il s'agit d'une organisation internationale indépendante des Nations unies. Elle existe depuis 2002, date à laquelle son traité fondateur, le Statut de Rome, est entré en vigueur. Seuls les pays qui ont ratifié le traité fondateur sont compétents à son égard. En d'autres termes, ils ont volontairement limité leur souveraineté en faveur de cette structure. Ni la Russie ni l'Ukraine ne sont de tels États.

Cependant, l'instrument de la CPI est très pratique pour utiliser le "droit" comme arme contre la Russie, même s'il n'y a pas de cause réelle. Le fait est qu'au sein des structures de l'ONU, les accusations d'agression, de génocide ou de crimes de guerre sont beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre. Par exemple, une décision du Conseil de sécurité des Nations unies est nécessaire pour reconnaître une action comme une agression. La Cour internationale de justice est également lente à traiter ce type d'affaires. Principalement parce que la Russie (comme les États-Unis) ne reconnaît pas pleinement sa compétence.

Jusqu'à présent, la plupart des enquêtes de la CPI ont été menées contre des pays africains. En Afrique, la CPI a acquis la réputation d'être un instrument de politique néocoloniale et une menace majeure pour la souveraineté, la paix et la stabilité de l'Afrique.

La réaction des libéraux

Dans toute cette affaire de la CPI, on ne voit pas bien comment un organe international peut traiter de questions relatives à des États sur le territoire desquels sa juridiction ne s'étend pas. Ni la Russie ni l'Ukraine n'ont ratifié le statut de Rome, c'est-à-dire l'accord qui sous-tend la création de la CPI. Dans le passé, cependant, la CPI a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de dirigeants d'un pays qui n'est pas partie à l'accord. Le dirigeant en question est Mouammar Kadhafi, accusé par la CPI de crimes de guerre en 2011, lorsqu'une rébellion armée a éclaté en Libye. Auparavant, la CPI avait délivré un mandat d'arrêt à l'encontre du président soudanais Omar el-Béchir. Toutefois, dans les deux cas, la CPI avait reçu l'autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies pour mener l'enquête. Aujourd'hui, cette autorisation n'existe pas. En accusant le président russe et la médiatrice des enfants, la CPI remet en cause la souveraineté de la Russie et le système de droit international dans lequel l'ONU a joué, au moins formellement, un rôle-clé. Le remplacement classique d'un ordre mondial dans lequel le droit international, compris comme un ensemble de règles et de procédures claires, jouait au moins un certain rôle, par un "monde fondé sur des règles" dans lequel les règles sont inventées à la volée par les détenteurs autoproclamés de l'autorité morale - les régimes libéraux occidentaux et les ONG libérales.

Le cas de la Cour pénale internationale illustre une contradiction fondamentale entre les approches réalistes et libérales des relations internationales et du droit international. Les réalistes font appel à la souveraineté nationale. Si les États se sont mis d'accord pour la limiter volontairement, la décision leur appartient, mais la limitation ne devrait avoir lieu qu'avec le consentement des États. Les libéraux estiment que les institutions internationales peuvent passer outre cette souveraineté. Selon eux, des institutions dotées d'une juridiction mondiale sont possibles, même si les États n'ont pas volontairement accepté de s'inclure dans cette juridiction.

La voie britannique

Qui dicte les règles de la Cour pénale internationale ? Les trois principaux bailleurs de fonds de l'actuelle CPI sont : 1) George Soros ; 2) le Royaume-Uni, par l'intermédiaire du ministère britannique des affaires étrangères et du Commonwealth ; 3) l'Instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme de l'Union européenne, dont les initiatives sont liées au bureau de Soros. La Cour est financée par les contributions des États parties et les contributions volontaires de gouvernements, d'organisations internationales, de particuliers, d'entreprises et autres.

Les États-Unis ne versent aucune contribution à la Cour. Les présidents américains, qu'ils soient démocrates ou républicains, se sont opposés à la compétence de la Cour à l'égard des États-Unis et de leurs citoyens, ainsi qu'à l'égard d'Israël, allié des États-Unis. Le président Trump a même imposé des sanctions contre la CPI. L'administration de Joe Biden a levé les sanctions, mais a annoncé que Washington "continue d'être en désaccord fondamental avec les actions de la CPI sur l'Afghanistan et la Palestine".

Si l'État américain (mais pas les cercles mondialistes) a toujours eu de mauvaises relations avec la CPI, les Britanniques, au contraire, ont activement soutenu l'institution. Principalement parce qu'elle se trouve dans un pays avec lequel les Windsor et de nombreux projets mondialistes, du Bilderberg aux agents étrangers (interdits en Russie) de Bellingcat, ont des liens étroits avec la dynastie régnante.

En 2007, Mabel, comtesse d'Orange-Nassau et en même temps fonctionnaire de Soros, a déclaré : "nous avons poussé à la création de la Cour pénale internationale, qui est maintenant basée à La Haye, faisant de cette ville la capitale internationale de la justice".

L'année dernière, c'est la Grande-Bretagne qui a créé une coalition de donateurs pour faire pression en faveur d'une enquête sur les "crimes russes".  Comme l'ont noté les médias occidentaux, "dans les semaines qui ont suivi le 24 février [2022], la Cour a été "inondée d'argent et de détachements"".  Les participants occidentaux à la CPI n'ont pas lésiné sur les moyens pour financer l'"enquête" sur l'Ukraine. Les États qui ont initié des contributions financières supplémentaires à la CPI comprennent le Royaume-Uni (24 mars 2022 pour un million de livres sterling "supplémentaire"), l'Allemagne (déclarations des 4 et 11 avril pour un million d'euros "supplémentaire"), les Pays-Bas (déclaration du 11 avril pour une "contribution néerlandaise supplémentaire" d'un million d'euros) et l'Irlande (déclaration du 14 avril pour 3 millions d'euros, dont 1 million d'euros "à distribuer immédiatement").

En d'autres termes, les Britanniques (avec ou sans l'accord des Américains) se plantent. C'est le Front Office qui a eu l'idée, il y a près d'un an, d'instrumentaliser la CPI pour traiter avec la Russie. Et ils ont réussi.

samedi, 18 mars 2023

Énorme victoire pour le mouvement BoerBurger : la ministre de l'azote ne veut toujours pas changer ses plans

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Pays-Bas

Énorme victoire pour le mouvement BoerBurger : la ministre de l'azote ne veut toujours pas changer ses plans

par Wannes Neukermans

Source: https://palnws.be/2023/03/enorme-overwinning-voor-boerburgerbeweging-toch-wil-stikstofminister-haar-plannen-niet-wijzigen/   

"Mais il n'y a pas le choix", dit la ministre en charge des plans de réduction d'azote, après l'énorme victoire électorale du BoerBurgerBeweging.

La victoire de Caroline van der Plas et de son parti paysan BoerBurgerBeweging sera plus importante que ne le prédisaient tous les sondages. Sorti de nulle part, le parti obtiendrait environ 20 % : preuve que la question agricole est bien vivante chez nos voisins du Nord. Pourtant, la compétente ministre de l'azote n'a pas l'intention de changer de politique. Comme prévu, l'actuel gouvernement Rutte et le Forum pour la démocratie subissent des revers électoraux considérables.

Mercredi, les Néerlandais se sont rendus aux urnes pour élire les membres des conseils provinciaux. Ceux-ci élisent à leur tour les membres du Sénat, un peu comme le Sénat belge.

Impact en Flandre ?

Le mouvement BoerBurger, qui dispose actuellement d'un siège à la Chambre basse néerlandaise, ferait son entrée à la Chambre haute avec 20% des voix. Preuve que la question de l'azote et de l'agriculture est bien vivante aux Pays-Bas : "Certains politiciens vont mal dormir ici aussi en Flandre", peut-on lire sur Twitter.

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Mme Caroline Van der Plas, présidente du BoerBurgerBeweging néerlandais.

"C'est incroyable", a déclaré Mme Van der Plas à propos de sa victoire électorale. "Les Pays-Bas ont abandonné leur soutien à ce gouvernement. Ils doivent en tirer les conséquences. Car comment pouvez-vous continuer à gouverner avec si peu de soutien ?"

D'une manière générale, la coalition actuelle (VVD, D66, CDA et ChristenUnie) perd des voix. Le CDA et le VVD en particulier auraient pris des coups, a calculé le service électoral de l'ANP sur la base de 80 pour cent des votes dépouillés. Le Premier ministre et chef du parti VVD, Mark Rutte, a déclaré que "ce résultat était conforme aux attentes". Il a félicité les BBB pour leur victoire.

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Femke Wiersma, à la tête du nouveau mouvement citoyen-paysan en province de Frise.

Changement de majorité

Ces résultats sont importants, car les conseils provinciaux déterminent la composition du Sénat néerlandais. L'actuel gouvernement Rutte n'y aurait pas de majorité. Mais cela ne devrait pas poser de gros problèmes au premier ministre. "Le leader du VVD boit du café avec tout le monde. Il est rare qu'un projet ministériel crucial échoue au Sénat", écrit Het Parool. En effet, sur de nombreux dossiers, Rutte peut compter sur des majorités alternées avec les partis socialistes.

Toutefois, le gouvernement néerlandais ne pourra pas continuer à gouverner de la sorte. Avec des majorités alternées, chaque parti veut obtenir sa part du gâteau et les projets doivent être ajustés pour passer au Sénat et à la Chambre des représentants. La base du gouvernement Rutte au Sénat n'a jamais été aussi réduite.

Une politique inchangée

Le mouvement BoerBurger remporte une victoire record en surfant sur la vague de mécontentement suscitée par les plans néerlandais en matière d'azote, menaçant ainsi de contraindre de nombreux agriculteurs à abandonner leur exploitation. La ministre de l'azote Christianne van der Wal (VVD) veut faire passer ses plans sur l'azote. Toutefois, les élections ont montré que de nombreux Néerlandais s'y opposent. "C'est également vrai", a-t-elle déclaré le soir des élections. "Et nous le savons depuis longtemps. C'est un dossier qui a beaucoup d'impact pour beaucoup de gens, mais il n'y a pas le choix. Vous ne pouvez pas dire : je ne vais pas mettre en œuvre une politique de l'azote, mais je vais construire des maisons".

À gauche, le PvdA et GroenLinks ont tenté d'inverser leurs résultats en baisse ces dernières années en formant un seul groupe à la Chambre haute. Cette coopération ne semble pas avoir donné grand-chose, puisque le PvdA semble progresser légèrement, tandis que GroenLinks recule. Cependant, il est toujours possible qu'ensemble, ils deviennent le groupe le plus important de la Chambre haute. "Nous allons nous opposer au gouvernement ? Nous allons nous battre pour nos idéaux. Si nécessaire, nous allons stopper la politique du cabinet, si possible, nous voulons réaliser de belles choses", a déclaré Jesse Klaver, chef du parti GL, aux journalistes.

PVV

Selon les premières prévisions, le PVV de Geert Wilders devrait perdre un siège à la Chambre haute, mais cela n'est pas encore définitif. Sur Twitter, Geert Wilders a félicité le mouvement BoerBurger. "Nous espérons conserver nos cinq sièges à la Chambre haute", a déclaré le chef du parti. "La coalition a reçu, à juste titre, un tour important.

Forum pour la démocratie

Comme prévu dans les sondages, le Forum pour la démocratie est en train de sombrer complètement. Il a commencé la précédente législature de la Chambre haute avec 12 membres, mais s'est complètement effondré en raison de divers conflits internes. Actuellement, seul Johan Dessing siège encore pour le FvD à la Chambre haute. Il semble que le parti ne dispose plus que de deux sièges au maximum.

Pourtant, le président du parti, Thierry Baudet, s'est montré remarquablement positif dans son discours de mercredi soir. "Je suis incroyablement enthousiaste par rapport à tout ce que j'ai vu", m'a-t-il dit. "Nous avons touché des millions de personnes. Ce résultat montre que ce que nous faisons est un projet à long terme". D'autres y voient plutôt "le dernier souffle" du Forum pour la démocratie.

 

vendredi, 17 mars 2023

Extraits du programme du mouvement BoerBurger (Pays-Bas)

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Extraits du programme du mouvement BoerBurger, hier grand vainqueur des élections néerlandaises


- Il sera interdit aux enseignants de toutes les écoles de diffuser leurs idéologies personnelles parmi les élèves. Il y aura une ligne téléphonique d'urgence où les élèves et les parents pourront signaler tout dérapage.

- Plus d'argent pour la police et les forces de l'ordre.

- La couleur, l'âge, l'origine, l'orientation sexuelle et la religion ne doivent pas avoir d'importance. La discrimination est interdite. Il en va de même pour la discrimination positive. Les personnes qui postulent à un emploi au sein du gouvernement sont jugées sur la base de leur qualité et non sur la base de leur sexe, de leur handicap physique, de leur couleur, de leur orientation sexuelle, de leur religion ou autre. Il n'y aura donc AUCUN quota de femmes, ni aucun quota d'ailleurs, dans les ministères. Le seul quota qui existera sera un quota de qualité : 100 % des employés auront été sélectionnés selon leurs les qualités les meilleures.

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- L'attribution des logements sera basée sur l'urgence plutôt que sur l'appartenance ethnique. Cela signifie qu'un groupe de population n'a pas plus ou moins de droit à un logement (abordable) qu'un autre groupe de population, uniquement sur la base de l'origine.

- Les immigrants qui NE viennent PAS d'une zone de guerre ou dont l'existence et celle de leur famille ne sont pas sérieusement menacées doivent pouvoir prouver qu'ils disposent d'un travail et d'un logement permanents aux Pays-Bas. S'ils peuvent le prouver et s'ils maîtrisent bien la langue néerlandaise, ils seront admis. Après avoir contribué pendant cinq ans à la société et à l'économie néerlandaises, ils pourront obtenir un permis de séjour permanent.

- Les demandeurs d'asile qui ne cherchent que la bonne fortune économique et sont sans travail ni revenu ne seront pas admis ou seront expulsés vers leur pays dès que possible.

samedi, 28 janvier 2023

Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"

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Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"

par Wannes Neukermans          

Source: https://palnws.be/2023/01/vlaamse-en-nederlandse-academici-starten-meldpunt-tegen-toegenomen-woke-activisme/

Un groupe d'universitaires flamands et néerlandais lance une ligne d'assistance téléphonique baptisée "Hypatia" afin de dénoncer les incidents liés à cette volonté rabique d'étouffement du réel, typique du mouvement woke. Les fondateurs disent qu'ils traiteront les plaintes concernant "la prolifération de l'activisme woke et de la cancel culture" au sein des universités et des instituts de recherche. "Vous voulez signaler un incident de type woke? Ou vous avez une autre question ou un commentaire? Vous pouvez le faire ici: https://www.hypatia-academia.be/ )", peut-on lire sur leur site web. Entre autres, Mark Elchardus, Matthias Storme et Paul Cliteur font partie des huit membres principaux d'Hypatia.

Les principaux membres d'Hypatia se décrivent comme "un groupe indépendant d'universitaires préoccupés par la menace que représentent l'activisme woke et la cancel culture pour la liberté académique et la liberté d'expression". Ils se disent préoccupés par l'augmentation des critiques à l'égard des déclarations, des opinions et des propos d'universitaires et par les conséquences qui en découlent. Ils font notamment référence à l'incident impliquant les deux employés de l'université d'Anvers (UAntwerp). Les universitaires Astrid Elbers et Leo Neels ont critiqué les actions de leur recteur Herman Van Goethem à l'époque où ces deux employés ont été harcelés et injustement sanctionnés et ont mis en place une pétition pour que les deux hommes retrouvent leurs postes de travail. Maintenant, ils co-parrainent la ligne d'assistance.

Liberté

Pour protéger la liberté académique et la liberté d'expression, les membres fondateurs d'Hypatia veulent "s'efforcer de respecter des critères académiques et donc non idéologiques lors de l'évaluation des dossiers du personnel, des publications scientifiques et des thèses" et "sauvegarder la présomption d'innocence envers les étudiants et le personnel, y compris en cas d'accusations de racisme et de discrimination".

Si la menace qui pèse sur ces libertés peut venir de plusieurs côtés, les universitaires se concentreront principalement sur les menées de type "woke" et sur la "cancel culture". "Dans les pays démocratiques, les universitaires sont parfois intimidés, notamment par le biais des médias sociaux, par les partisans de mouvements extrêmes. Cependant, la cancel culture et la woke attitude sont des menaces qui viennent de l'intérieur même du monde universitaire. En outre, ce sont les menaces les plus sérieuses", raisonnent les universitaires.

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Cancel Culture

La "Cancel culture" désigne le phénomène des personnes qui sont boycottées, licenciées... après avoir été critiquées l'espace public - souvent via les médias sociaux. Cela se produit souvent après qu'ils aient exprimé des opinions, des points de vue ou parfois même des faits qui ne sont pas conformes à la "pensée unique" et qui peuvent être considérés comme offensants ou discriminatoires par certaines personnes. Souvent, après une tempête médiatique, les clients, les employeurs ou les annonceurs sont poussés à rompre toute coopération avec la personne en question.

"Woke" est un terme qui désigne le fait d'être conscient de toutes sortes de faux problèmes (tel le racisme, telles la marotte LGBT ou la discrimination imaginaire, tel l'environnement...). Aujourd'hui, il est souvent décrit comme une forme exagérée du politiquement correct et est associé à la cancel culture.

Les huit membres principaux d'Hypatia sont le Dr Astrid Elbers (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Leo Neels (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Boudewijn Bouckaert (Université de Gand), le prof. ém. dr Paul Cliteur (Université de Leiden), le prof. Dr Matthias Storme (KU Leuven et Universiteit Antwerpen), prof Dimitri Aerden (Vrije Universiteit Brussel), em. prof Mark Elchardus (Vrije Universiteit Brussel) et prof Marc Cools (Universiteit Gent).

samedi, 10 décembre 2022

Stupéfiante offensive sur les plats pays

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Stupéfiante offensive sur les plats pays

par Georges FELTIN-TRACOL

En septembre dernier, une patrouille de la police belge interpellait quatre individus louches qui rôdaient autour du domicile privé du ministre fédéral belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Leur intention visait à l’enlever ou à ravir l’un de ses proches. Courant octobre, la princesse héritière des Pays-Bas, Catharina-Amalia d’Orange-Nassau, se voit contrainte de délaisser son appartement d’étudiante à Amsterdam et de retourner vivre au palais royal parental bien mieux protégé. Quant au Premier ministre néerlandais Mark Rutte, il ne se déplace plus seul en vélo. Ces trois exemples montrent que la Belgique et les Pays-Bas entrent dans une « guerre moléculaire » larvée due à la montée en puissance sur notre continent des organisations de la drogue.

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Utilisant pleinement les méfaits de la mondialisation marchande et le transport maritime par porte-conteneur, des groupes criminels belges et néerlandais tels la Mocro Maffia coopèrent avec les bandes organisées d’Amérique latine. Premiers ports d’Europe par le tonnage embarqué ou débarqué, Anvers et Rotterdam constituent les portes d’entrée idéales pour le trafic de drogue en Europe où, à la différence de l’Amérique du Nord au marché saturé, existe une forte demande pour cause de déchéance spirituelle totale. Le port français du Havre en Normandie bénéficie lui aussi de cette activité illégale fort lucrative, mais dans des proportions moindres. La zone portuaire d’Anvers s’étend sur 500 km², soit environ cinq fois la surface de Paris. Les rues de ce vaste complexe ne sont pas répertoriées, ni cartographiées, ni indiquées par satellite. Selon les dockers et des délinquants repentis, il est assez facile de livrer une grosse cargaison de drogue sans se faire remarquer.

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Des reportages récents témoignent de l’inquiétante situation des ports de la Mer du Nord. Les trafiquants incitent les dockers à travailler pour eux, en les menaçant parfois. Les pressions sont terribles, d’autant que les organisations criminelles n’hésitent pas à tuer. Elles ont déjà assassiné en juillet 2021 le journaliste Peter Rudolf de Vries (photo) qui enquêtait sur leurs trafics. Auparavant, le 26 juin 2018, un attentat à la voiture bélier était commis contre le siège du journal De Telegraaf. Outre les journalistes trop curieux, ces nouvelles mafias transnationales visent d’autres groupes concurrents. Fusillades en pleine rue, jets de grenade, explosions à la bombe, exécutions sommaires rythment le quotidien de la cité flamande en proie à une insécurité grandissante.

Si les Pays-Bas et la Belgique ne sont pas encore des États en déshérence bien qu’il faille soupçonner l’insistance des nouvelles mafias auprès des principales formations politiciennes, ces deux pays entrent dans une phase chronique de violences publiques croissantes qui s’apparente à la situation chaotique de la Colombie dans les années 1980 – 1990 quand le gouvernement de Bogota affrontait le célèbre et redoutable cartel de Medellin de Pablo Escobar.

En dépit des saisies record de cargaisons illicites et le démantèlement répété des réseaux, police et justice, victimes des coupes budgétaires décidées au nom de l’ultra-libéralisme maastrichtien, n’endiguent plus le phénomène. Le déploiement de l’armée dans l’aire portuaire serait une possibilité que les autorités belges refusent pour l’heure d’envisager par crainte de favoriser encore plus le vote « populiste »… Le bourgmestre d’Anvers, le national-centriste indépendantiste Bart De Wever, chef de la NVA (Nouvelle Alliance flamande), critique la faible réactivité des gouvernement régional et fédéral qui lui sont hostiles. La hausse de la délinquance en Flandre, y compris à la campagne où se multiplient les points de deal, profiterait en priorité d’après les sondages au Vlaams Belang.

Par pruderie droit-de-l’hommiste, les reportages ne mentionnent pas la conjonction de deux phénomènes qui bouleversent en profondeur la physionomie générale de la Flandre belge et des Pays-Bas. Ces deux plats pays paient aujourd’hui cinquante ans d’immigration extra-européenne voulue et encouragée. Les dirigeants des bandes mafieuses ont des origines allogènes. Vit en Belgique et aux Pays-Bas une importante diaspora marocaine dont les meneurs proviennent de la région septentrionale du Rif, historiquement rétive à Rabat. Le dimanche 27 novembre 2022, les Bruxellois ont peut-être compris qu’un grand remplacement démographique s’effectuait avec les émeutes provoquées par des Marocains heureux de célébrer la victoire au Qatar dans le cadre de la Coupe du monde de balle au pied de leur équipe sur la Belgique (2 – 0).

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Divisée en plusieurs clans, plus ou moins puissants et souvent rivaux, la Mocro Maffia ne forme toutefois pas un ensemble cohérent puisque les conflits tribaux de là-bas se cumulent aux contentieux « commerciaux » d’ici et maintenant. Divers accords se nouent au Surinam, l’ancienne Guyane néerlandaise, ainsi qu’avec des États africains en déclin en passe de devenir des narco-États.

Le second facteur concerne bien sûr la légalisation de la toxicomanie aux Pays-Bas à partir de 1976. La liberté laxiste de fumer un pétard sans se préoccuper d’ailleurs du bilan carbone émis à cette occasion n’entraîne pas la fin des réseaux, mais au contraire les renforce. Quant à la demande, loin de diminuer, elle augmente dans toutes les classes d’âge. Le 10 août 2022, une trentaine de sénateurs PS publiait dans Le Monde une tribune libre en faveur de la dépénalisation du cannabis en avançant des motifs les plus grotesques les uns que les autres. Honte à ces parlementaires fourriers de la décadence ! Parmi les signataires pour qui il serait plus grave de ne pas porter de masque que de fumer un joint, il y a l’actuelle vice-présidente du Sénat et élue de l’Oise, Laurence Rossignol, déplorable ministresse de la Famille de 2016 à 2017 sous Flamby, qui soutient par ailleurs la pénalisation de pauvres clients de braves prostituées alors qu’ils ne font que satisfaire un impératif naturel légitime, ce qui n’est pas le cas pour la drogue ! Dans Causeur de novembre 2022, le libertarien français Laurent Obertone prône lui aussi la légalisation de la fumette dans une perspective néo-darwiniste sociale assez aberrante.

Il importe non seulement de briser les réseaux de trafic de drogue en s’attaquant aux producteurs, aux distributeurs, aux transporteurs et aux guetteurs. Il faut aussi se montrer impitoyable envers les consommateurs. Plutôt que de les envoyer en prison, les plus aisés verraient leur fiscalité augmentée de 200 %. En cas d’insolvabilité, ils effectueraient pour une durée renouvelable de six à dix-huit mois une cure de désintoxication virile dans des chantiers du peuple en plein air.

Oui, il est probable que ces propos soient considérés dans quelques années comme « toxicophobes » et punissables par une future loi liberticide. Longtemps, la toxicophobie a signifié la crainte de l’empoisonnement. De nos jours, les milieux crasseux, jamais en retard dans l’abjection catagogique, parlent de « discriminations toxicophobes », à savoir un sentiment négatif que ressent une personne vis à vis la toxicomanie et les drogués. Cette détestation engendrerait chez les toxicomanes un sentiment d’humiliation incroyablement tenace. Pauvres choux ! Ainsi le voisinage devrait-il accepter de bon gré l’ouverture de dix salles de shoot dans sa rue près de l’école maternelle. La vieille dame devrait pour sa part donner sur le champ son sac et sa maigre pension au premier junkie venu. Les fumeurs de crack du cloaque parisien de Stalingrad devraient incarner la forme idéale de l’humanité. Pas sûr que ce discours satisfasse des riverains, découragés, fatigués et excédés…

L’ombre pesante de la « narco-guerre » plane sur toute l’Europe occidentale. Le recours aux drogues contribue à l’ethnocide en cours des Albo-Européens. La réponse, draconienne, doit être militaire et implacable. On n’est plus au temps des expériences élitistes relatées par Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas, Théophile Gautier ou Eugène Delacroix ou même par Ernst Jünger dans Approches, drogues et ivresse (1970). La massification des drogues et leur démocratisation posent un évident problème social et sanitaire, psychologique et philosophique, économique, politique et géostratégique. L’indispensable salut public exigera par conséquent une ambitieuse politique de la « Grande Santé » physique et mentale résumé par cet adage fondamental, esthétique, altier, hygiénique et intemporel d’« un esprit sain dans un corps sain ».   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 54, mise en ligne le 6 décembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

dimanche, 30 octobre 2022

Les Pays-Bas contournent les boycotts de l'UE: 91 exceptions aux sanctions depuis février

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Les Pays-Bas contournent les boycotts de l'UE: 91 exceptions aux sanctions depuis février

Source: https://zuerst.de/2022/10/29/niederlande-unterlaufen-eu-boykotte-91-ausnahmen-von-den-sanktionen-seit-februar/

Amsterdam . Les sanctions européennes, qui ont de plus en plus d'effet boomerang sur les Européens, ne sont pas gravées dans le marbre. Mais alors que les dirigeants allemands comme la ministre des Affaires étrangères Baerbock et le ministre de l'Economie Habeck (tous deux du parti des "Verts") en font un dogme, d'autres pays de l'UE les traitent de manière beaucoup plus souple - et contrecarrent ainsi la ligne imposée par l'eurocratie de Bruxelles.

Le gouvernement néerlandais a fait savoir qu'il soutenait officiellement les sanctions, mais qu'il faisait de nombreuses exceptions. Il a confirmé 91 exceptions au régime de sanctions, favorisant ainsi les entreprises néerlandaises. C'est ce qu'a révélé le service d'information télévisée néerlandais RTL Nieuws après des entretiens avec les ministères.

Les exceptions concernent de nombreuses entreprises nationales, mais les ministères tiennent leurs noms secrets. De même, ils ne précisent pas la valeur des transactions exemptées de sanctions, ni les secteurs économiques concernés.

Les ministères peuvent accorder des dérogations aux sanctions afin de "permettre une certaine flexibilité dans certains cas", a expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. La liste des dispositions spéciales néerlandaises est longue.

En avril, l'UE a interdit aux navires battant pavillon russe d'accoster dans les ports européens. Le ministère de l'Infrastructure a toutefois accordé une dérogation à 34 navires afin qu'ils puissent, par exemple, faire escale dans les ports néerlandais parce qu'ils transportaient des marchandises importantes telles que de l'aluminium et des denrées alimentaires.

"Les relations diplomatiques" ont été invoquées comme raison pour l'octroi d'une dérogation par le ministère des Affaires étrangères, rapporte la chaîne. Au cas par cas, des transactions impliquant des banques russes détenues majoritairement par l'État ont été autorisées.

Le ministère des Finances a également accordé 13 dérogations en rapport avec des actifs ou des biens gelés tombant sous le coup du régime de sanctions.

Le ministère du Climat et de l'Énergie, rattaché au ministère des Affaires économiques, a accordé 25 dérogations supplémentaires à des organisations néerlandaises qui continuent par conséquent à s'approvisionner en énergie auprès de la Russie. Les dérogations bénéficient à 150 entreprises et organisations, dont des municipalités, des écoles et des associations de gestion de l'eau, a indiqué le ministère à la chaîne de télévision.

Le ministère du Commerce extérieur et de la Coopération au développement, qui dépend du ministère des Affaires étrangères, a accordé 18 dérogations à 13 organisations pour des "raisons humanitaires" afin de permettre la coopération entre l'UE et la Russie sur des "questions purement civiles". (mü)

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samedi, 24 septembre 2022

Sur la révolte agricole aux Pays-Bas

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Sur la révolte agricole aux Pays-Bas

par Georges FELTIN-TRACOL

L’événement n’a pas fait les gros titres de l’actualité française. Seuls quelques sites de réinformation l’ont évoqué alors qu’il se déroule à quelques heures de voiture de Paris.

Depuis juin 2022, les Pays-Bas connaissent une impressionnante agitation rurale. On parle même de « révolte des agriculteurs ». En réalité, cela fait trois années, dès l’automne 2019, qu’une jacquerie inouïe secoue l’« autre pays des fromages ».

Les Pays-Bas sont le deuxième exportateur agricole mondial. Plus que les exploitants agricoles hexagonaux, leurs homologues néerlandais sont les grands bénéficiaires de la PAC (Politique agricole commune), le poste le plus important du budget communautaire européen. Le secteur agricole néerlandais profite en outre pleinement du libre-échange international encouragé par les accords économiques conclus au sein de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Cette première place n’a pas été obtenue sans difficultés.

Dans les années 1960, une fronde traversait déjà les campagnes. De nombreuses fermes refusaient les contraintes de la PAC. Les agriculteurs s’opposaient à la modernisation à marche forcée qu’exigeaient le gouvernement et les banques dont la Rabobank, l’équivalent batave du Crédit agricole. Suite à de très fortes pressions, l’agriculture se spécialisa, devint productiviste et valorisa l’élevage intensif. L’agriculture des Pays-Bas constitue aujourd’hui une partie d’un ensemble agro-industriel hautement mécanisé et fortement dépendant des activités pétrochimiques.

La priorité n’est maintenant plus l’alimentation, mais le sauvetage fantasmatique du climat. L’actuel gouvernement de Mark Rutte repose sur une coalition plus ou moins bancale de quatre partis (le VVD libéral, le D66 libéral de gauche, le CDA démocrate-chrétien et les sociaux-chrétiens de Christen Unie). Au nom de l’« urgence climatique » et condamné en 2019 par sa propre justice pour « inaction climatique », ce gouvernement a décidé des mesures écologiques fortes. Il entend modifier les pratiques actuelles des agriculteurs. Les aides qu’il propose ne s’élèvent qu’à 25 milliards d’euros alors que les projections les plus optimistes prévoient la suppression vers 2030 d’un tiers des élevages et une reconversion inévitable pour un autre tiers.

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Le D66 veut aller encore plus loin. Il suggère de réduire le cheptel de moitié. Au printemps 2022, le ministère néerlandais de la Nature et de l’Azote annonce l’obligation de réduire de 70 % les émissions d’oxyde d’azote à proximité des espaces classés Natura 2000. Faisons une brève digression sur l’intitulé assez grotesque de ce ministère. Il n’est pas le seul dans son cas en Europe. En Allemagne, le vice-chancelier Vert Robert Habeck est le ministre de l’Économie et du Climat. On attend avec impatience un ministère de l’Intérieur et des Flatulences…

Avec une superficie de près de 42.000 km² dont de vastes surfaces gagnées sur la Mer du Nord grâce à la construction de digues et l’aménagement de terres-pleins, les Pays-Bas appartiennent aux États les plus densément peuplés au monde (environ 420 hab./km²). La césure monde urbain – zones rurales y est moins nette qu’ailleurs sur le continent. C’est un pays saturé sur le plan démographique.

Le mécontentement des agriculteurs néerlandais ne se limite pas à cette révision économique déchirante. Il complète d’une part une vive colère des covidosceptiques. Des émeutes contre la vaccination, le port du masque et le confinement ont éclaté dans les centres urbains ces deux dernières années, en particulier dans des contrées réputées pour leur rigorisme calviniste. Il se nourrit d’autre part de l’exaspération croissante des flux migratoires. Dans tout le pays, les protestations se multiplient contre l’ouverture de centres d’hébergement pour les immigrés, y compris désormais dans les campagnes. Les autorités néerlandaises ne cachent pas leur préférence à l’égard des étrangers clandestins. L’excellent blogue de Lionel Baland nous apprend qu’elles vont leur donner près de 730 millions d’euros supplémentaires et ordonner aux municipalités de mettre à la disposition des demandeurs d’asile environ 20.000 maisons (peu de Néerlandais sont propriétaires de leur domicile).

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Traduction: Requetequetek ! Quel cabinet de merde !

Les contestataires bloquent les centres névralgiques de fret et les infrastructures de transports plutôt que de manifester inutilement dans les rues. Laxiste envers la pègre allogène experte dans les trafics de drogue, le gouvernement néerlandais se montre intraitable, arrogant et implacable. Le 5 juillet dernier, des policiers ont tiré contre des manifestants. À part ça, Mark Rutte condamne la politique de Viktor Orban… De grandes consciences morales autoproclamées (avec le gros salaire qui va avec) ont réclamé dans leurs interventions médiatiques le recours à l’armée contre les agriculteurs révoltés. Les mêmes applaudissent bien sûr les « révolutions de couleurs » de l’hyper-classe cosmopolite.

Les tensions sociales ont une répercussion politique notable. D’après de récents sondages, la coalition gouvernementale serait en grande difficulté. Cependant, le camp national se divise entre quatre formations rivales (le PVV de Geert Wilders, JA21 d’Adrien de Boer, le Forum pour la démocratie de Thierry Baudet et les nouveaux venus nationaux-libéraux du Belang van Nederland). Pour l’heure représenté par un seul député, le BBB (Mouvement agriculteur–citoyen) fondé en octobre 2019 pourrait remporter une vingtaine de sièges. De sensibilité agrarienne de centre-droit, le BBB parie sur une alliance entre les exploitants agricoles en colère et les citoyens mécontents. N’oublions pas enfin le maintien des fondamentalistes protestants calvinistes du SGP (Parti politique réformé).

L’échéance des prochaines élections législatives est assez lointaine puisqu’elles sont prévues pour 2025. C’est dommage, car les populismes auraient pu fort bien se manifester avec fracas au pays des tulipes !

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 43, mise en ligne le 21 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 02 septembre 2022

Nouvelle doctrine de sécurité européenne : soutenir l'Ukraine - jusqu'à sa propre ruine

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Nouvelle doctrine de sécurité européenne: soutenir l'Ukraine - jusqu'à sa propre ruine

Source: https://zuerst.de/2022/08/30/neue-europaeische-sicherheitsdoktrin-unterstuetzung-fuer-die-ukraine-bis-zum-eigenen-ruin/

La Haye/Berlin. Une position de plus en plus radicale s'impose dans la politique européenne vis-à-vis de l'Ukraine: alors qu'aux Etats-Unis, des voix de plus en plus fortes appellent le gouvernement américain à la retenue, les partisans inconditionnels de la guerre semblent désormais prendre le dessus dans les capitales d'Europe occidentale.

Le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD) a récemment déclaré que l'Allemagne soutenait pleinement le gouvernement de Kiev à l'occasion de la fête de l'indépendance de l'Ukraine, le 24 août. Dans son message de bienvenue, que Scholz a conclu par les mots "Slava Ukraini" ("Salut à l'Ukraine !"), il a annoncé que l'Allemagne se tenait "fermement aux côtés de l'Ukraine menacée, aujourd'hui et aussi longtemps que l'Ukraine aura besoin de notre soutien".

L'Allemagne poursuivra également les sanctions contre la Russie, continuera à soutenir financièrement l'Ukraine, à l'aider à se reconstruire, à transporter des céréales ukrainiennes par train vers les ports européens, à soigner les Ukrainiens blessés dans les hôpitaux allemands et à accueillir les réfugiés ukrainiens, a poursuivi le chancelier.

Peu de temps après, la ministre allemande des Affaires étrangères, Mme Baerbock (Verts), a confirmé cette position et a assuré à l'Ukraine, dans une interview accordée au journal Bild am Sonntag, qu'elle continuerait à la soutenir dans sa lutte contre la Russie pendant des années si nécessaire, par exemple en lui fournissant des armes lourdes.

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"Bien sûr, je souhaiterais que la guerre se termine le plus rapidement possible, mais nous devons malheureusement partir du principe que l'Ukraine aura encore besoin de nouvelles armes lourdes de la part de ses amis l'été prochain", a déclaré Mme Baerbock, ajoutant : "Pour moi, c'est clair : l'Ukraine défend aussi notre liberté, notre ordre de paix, et nous la soutenons financièrement et militairement - et ce aussi longtemps que nécessaire. Point final".

Le gouvernement fédéral allemand n'est pas seul à adopter cette position. Le gouvernement néerlandais, dirigé par le Premier ministre libéral Mark Rutte, lui a emboîté le pas. La ministre de la Défense Karin Hildur "Kajsa" Ollongren (photo) a annoncé que son gouvernement n'avait pas de limite quant au nombre d'armes qu'il fournirait à l'Ukraine pour contrer l'invasion russe. La ministre est membre du parti libéral de gauche D'66 ("Démocrates '66").

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"L'industrie doit livrer des armes aux Pays-Bas et en Ukraine, et nous devons financer cela", a déclaré la ministre de la Défense.

Aux Pays-Bas aussi, les livraisons massives d'armes à l'Ukraine nuisent désormais à leur propre capacité de défense. Ces derniers mois, les Pays-Bas, membre de l'OTAN, ont fait don de la quasi-totalité de leurs stocks d'armes à l'Ukraine, pour une valeur d'environ 210 millions d'euros, et ne pourraient donc plus remplir leurs obligations envers l'OTAN en cas d'urgence. Pour la ministre de la Défense, ce n'est pas un problème : elle a déclaré qu'elle allait commander de nouvelles armes aux entreprises d'armement et les transmettre immédiatement à Kiev. (mü)

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dimanche, 07 août 2022

Le régime contre nos agriculteurs - L'élimination de la classe paysanne aux Pays-Bas

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Le régime contre nos agriculteurs

L'élimination de la classe paysanne aux Pays-Bas

Sjors Remmerswaal

Source: https://remmerswaal.substack.com/p/het-regime-tegen-onze-boeren

En octobre 2019, il est apparu clairement à un large public que les agriculteurs néerlandais étaient très mécontents des choix politiques du régime libéral. À cette époque, des milliers d'agriculteurs ont conduit leurs tracteurs vers La Haye et sont parvenu à provoquer d'énormes embouteillages sur le réseau routier de tout le pays, ce qui signifiait que tout le monde avait intérêt à écouter les critiques des agriculteurs. Ils ne vont pas se laisser chasser de leurs terres comme ça, même s'ils ont été déçus par les partis traditionnels et par leurs propres défenseurs attitrés.

Ces dernières semaines, les protestations ont à nouveau éclaté lorsque la ministre Christianne van der Wal a présenté les nouveaux plans relatifs à l'azote, qui réduiraient les émissions d'azote de 70 % dans 131 zones, à proximité de ce que l'on appelle la nature vulnérable, avec des conséquences majeures pour les agriculteurs et leurs exploitations. Il s'agit de réduire les dépôts d'azote, c'est-à-dire la précipitation d'azote sur le sol et dans l'eau des composés azotés réactifs de l'air. Il s'agit des oxydes d'azote provenant du trafic et de l'industrie et de l'ammoniac provenant de l'agriculture.

Notre nature serait sérieusement affectée par les activités quotidiennes des agriculteurs. C'est pourquoi le ministère a accéléré les plans visant à réduire l'azote et à améliorer la qualité de la nature et de l'eau. Les responsables poursuivent énergiquement ces plans en désignant des zones spécifiques et des charges d'azote spécifiques qui y sont autorisées, en achetant des fermes, en accordant des subventions et des récompenses aux agriculteurs qui s'y plient.

Il existe une position fondamentale en ce domaine: à savoir que la nature doit être améliorée et qu'un gouvernement tente d'y parvenir en réduisant les émissions d'azote. Le rachat des terres des agriculteurs ne servira à rien et, dans quelques années, d'autres industries seront également victimes de ces politiques écolo-climatiques. Juste le temps qu'il faut pour que les Pays-Bas soient complètement détruits. Certains spécialistes affirment que même si toutes les personnes et entreprises contestées quittent les Pays-Bas, les émissions d'azote seront toujours trop élevées en raison de ce qui est amené de l'étranger par les vents et les cours d'eau.

Merci de lire la Newsletter de Sjors Remmerswaal ! Abonnez-vous gratuitement pour recevoir les nouveaux articles et soutenir mon travail: https://remmerswaal.substack.com/ .

samedi, 16 juillet 2022

La rébellion des paysans néerlandais

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La rébellion des paysans néerlandais

par Joakim Andersen

Source: https://motpol.nu/oskorei/2022/07/06/det-hollandska-bondeupproret/

Ces derniers jours, les Pays-Bas ont été secoués par de vastes manifestations contre la politique agricole. Le gouvernement du pays prévoit de réduire les émissions d'azote de 50 % d'ici 2030, ce qui signifie concrètement que de nombreux agriculteurs seront contraints de quitter leur exploitation. Des dizaines de milliers d'agriculteurs se sont rassemblés dans des manifestations massives, avec des actions telles que des colonnes de tracteurs, le blocage de la distribution alimentaire, des visites aux domiciles des ministres et des voitures de police fracassées. La police a répondu par la violence à plusieurs endroits, notamment par des fusillades. Tout cela est intéressant pour plusieurs raisons, notamment parce que cela fait partie du conflit entre le peuple et les élites décrit par Samuel Francis dans Leviathan & Its Enemies, un conflit qui va s'accélérer dans les turbulentes années 2020.

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Dans ce Léviathan, Francis s'intéresse notamment au processus par lequel le peuple, le "prolétariat post-bourgeois", parvient à la conscience de soi. Il s'agit d'un processus de longue haleine comportant des phases d'essais et d'erreurs, ainsi qu'une tendance à la corruption des représentants des premières formes d'organisation, qui doivent ensuite être actualisés par de nouvelles formes. Ce processus peut être comparé à l'étude de Marx sur le développement correspondant de la classe ouvrière au 19ème siècle, de la "classe en soi" à la "classe pour soi". Elle comporte au moins deux aspects, l'un organisationnel et l'autre idéologique. Le peuple doit trouver à la fois des formes organisationnelles pour sa lutte et une analyse/idéologie contemporaine correcte mais inspirante. Ils doivent notamment être conscients de la ligne fondamentale du conflit.

Nous pouvons ici comparer à la fois avec les soulèvements paysans historiques et avec la Commune de Paris de 1870, ce qui nous rappelle le facteur temps. Les paysans et les ouvriers insurgés n'ont pas toujours le temps de développer des organisations et des idéologies. Pendant une phase historique plus répressive en Occident, ils ne sont pas non plus autorisés à le faire. Cela signifie que la rébellion paysanne, qu'elle soit pré-moderne ou post-moderne, peut temporairement paralyser le système mais peut tout aussi souvent être neutralisée par des "négociations" destinées à gagner du temps, temps qui est ensuite utilisé pour sévir et faire des exemples chez les participants à la révolte (comparez le traitement des participants à la "prise du Capitole" ou de Tamara Lich du Canada). Nous l'avons vu en partie avec les gilets jaunes en France, les camionneurs canadiens et les manifestations contre les vaccins en Allemagne et ailleurs.

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Les paysans des Pays-Bas, par contre, ont eu trois ans pour se développer sur le plan organisationnel et idéologique. En 2019 déjà, par exemple, la Farmers Defence Force a été fondée pour protéger les agriculteurs contre les militants des droits des animaux ; les plans de réduction drastique des émissions d'azote et du bétail sont également en gestation depuis plusieurs années. Les agriculteurs ont eu le temps de se préparer et de s'entraîner lors des précédentes protestations, négociations et actions. L'opinion publique soutient largement les agriculteurs. Dans un sondage réalisé en juin de cette année, 45 % d'entre eux les soutiennent pleinement tandis que 26 % seulement s'y opposent clairement. Non seulement les agriculteurs ont protesté contre les plans du gouvernement, mais le secteur de la construction en sera également fortement affecté. Le soutien est donc généralisé, malgré le fait que ce n'est pas la première fois que les agriculteurs ont, diplomatiquement parlant, étiré la législation du pays dans leurs protestations et malgré le fait que de nombreux Néerlandais sont directement touchés par celles-ci dans leur vie quotidienne.

Une question intéressante ici est de savoir si les paysans et les chauffeurs de camion peuvent être des équivalents modernes de ce que Marx voyait en son temps comme l'avant-garde du prolétariat. Ce ne sont pas les ouvriers non qualifiés qui l'intéressaient le plus, mais les ouvriers industriels qualifiés qui auraient pu être tout à fait capables de diriger eux-mêmes les industries (Bakounine, en revanche, voyait d'un meilleur œil les paysans et les "transprolétaires", mais c'est une autre histoire, tout comme la croyance de von Salomon en la paysannerie nord-allemande). Il existe certaines conditions pour que les paysans et les camionneurs jouent un rôle similaire, y compris lorsqu'il s'agit de petits travailleurs indépendants qui se heurtent au programme du totalitarisme managérial. Ils ont également un rôle central dans les chaînes d'approvisionnement contemporaines, notamment en matière de nourriture, ainsi qu'une habitude d'autonomie et des outils de travail facilement utilisables pour les grèves de rue et les blocages. L'un des côtés du modèle conflictuel théorisé par Francis, le peuple, est encore limité parce qu'il ne dispose pas de sa propre élite, mais l'avant-garde prometteuse en dispose. Soit dit en passant, Houellebecq était ici prophétique avec la description des paysans et des troubles sociaux dans Sérotonine.

L'une des faiblesses du peuple par rapport à l'élite dans le conflit actuel est le manque de réseaux internationaux, à l'instar de l'Internationale marxiste, qui semble toutefois en voie de rectification. Les camionneurs comme les paysans bénéficient d'un grand soutien de la part des populations de nombreux pays, même si cela ne se traduit pas nécessairement par un soutien matériel. Pourtant. Les premières formes de ce soutien suggèrent également qu'il ne s'agit pas seulement de mouvements à enjeu unique dirigés contre des aspects singuliers de la politique (immigration, télévision, vaccins, politique de l'azote, etc.) mais qu'il existe souvent une compréhension plus large du conflit. Sur le plan politique, la situation rappelle celle de 1870, où un certain nombre d'idéologies plus ou moins dépassées étaient représentées du côté de la Commune de Paris. Mais cela est inévitable et, sous la pression de la partie adverse, également transitoire. D'ailleurs, les réactions de la "gauche" établie aux protestations paysannes nous rappellent de quel côté elle se trouve dans le conflit décrit par Francis.

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Dans le même temps, la couverture médiatique sélective des gilets jaunes et des manifestations néerlandaises nous rappelle que l'opposition est bien organisée et dispose de ressources importantes. L'absence de couverture médiatique est probablement due au fait que les élites ne veulent pas que les gilets jaunes et les paysans en colère rappellent aux autres peuples occidentaux que l'inaction n'est pas la seule option. C'est également au cours de ces protestations, des situations prérévolutionnaires si vous voulez utiliser le langage marxiste, que les pouvoirs en place sont contraints de dévier et de briser leurs propres règles. Lorsque nous voyons comment les participants à la "prise du Capitole" sont traités et exploités dans le récit de l'establishment, cela nous rappelle à la fois la description de Carl Schmitt de "l'état d'exception" et le discours de Zizek sur les "dessous obscènes du pouvoir". Il est toutefois douteux que ces méthodes répressives puissent contrôler le mécontentement populaire généralisé à long terme ; nous avons déjà vu des signes de déloyauté de la police envers l'establishment lors des phases initiales de conflits similaires au Canada et ailleurs. Aux Pays-Bas, notamment, l'establishment pourrait avoir un défi éducatif à relever en expliquant pourquoi il choisit de faire passer ses nouvelles politiques environnementales pendant une crise aiguë, et mondiale, de l'alimentation et de l'économie. Ainsi que la raison pour laquelle le souci de l'environnement revêt si souvent les caractéristiques de la lutte de classe de l'élite contre son propre peuple.

vendredi, 15 juillet 2022

Agriculture - "Farm to fork" : la destruction programmée de notre agriculture

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Agriculture - "Farm to fork" : la destruction programmée de notre agriculture

Source: https://www.unzensuriert.at/content/151861-farm-to-fork-die-geplante-zerstoerung-unserer-landwirtschaft/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

Passés sous silence par l'opinion publique, les agriculteurs européens s'opposent de plus en plus à une politique qui vise à les priver de leur gagne-pain. Ce sont là des plans élaborés par une clique qui n'hésite pas à tuer pour réaliser ses fantasmes idéologiques. Le "Green Deal", la stratégie "Farm to Fork" de l'Union européenne, est à l'origine de la mort programmée des agriculteurs.

La stratégie "Farm to Fork" porte un coup fatal aux agriculteurs

Entre-temps, les citoyens de l'UE souffrent énormément des décisions et des règlements pris à Bruxelles. Qu'il s'agisse des sanctions contre la Russie, qui ont déjà porté préjudice à l'agriculture et qui ont actuellement conduit à une crise énergétique, ou d'un "Green Deal" qui, pour des raisons purement idéologiques, met l'économie européenne sens dessus dessous.

La Commission européenne décrit la stratégie "Farm to Fork" comme la "pièce maîtresse" de ce dernier. L'objectif de cette stratégie est de rendre les systèmes alimentaires prétendument "équitables, sains et respectueux de l'environnement", selon la Commission. En réalité, le programme exige que 10 % des terres agricoles européennes soient mises en jachère. En outre, l'agriculture doit renoncer à la moitié des produits phytosanitaires. Une autre exigence est que l'Europe se convertisse à 25% à l'agriculture biologique. A cela s'ajoutent des directives selon lesquelles l'épandage d'engrais doit être réduit de manière drastique. Tout cela à une époque où le monde glisse vers une crise alimentaire et où les prix des denrées alimentaires explosent.

Moins d'engrais, pas de protection des cultures - moins de récolte

La seule réduction des engrais entraînera des pertes de récolte considérables. En effet, si le sol contient moins d'éléments nutritifs, la croissance et le rendement par hectare seront d'autant plus faibles. Il y a quelques jours à peine, l'Allemagne s'est soumise à une directive sur les nitrates et les Pays-Bas appliquent brutalement une directive sur l'azote qui va coûter leur maison et leur exploitation à d'innombrables agriculteurs.

Et en Autriche, de plus en plus d'agriculteurs abandonnent leurs fermes chaque jour, en silence et sans que l'on s'en rende compte. Trahis par les ministres de l'Agriculture de l'ÖVP et leurs prétendus représentants des agriculteurs de l'Union des agriculteurs chrétiens-démocrates. Ce qui a déjà conduit notre pays à ne plus être autosuffisant dans de nombreux domaines de la production alimentaire et à dépendre des importations.

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mercredi, 15 juin 2022

Dwingeland: Orwell dans les polders - Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

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Dwingeland: Orwell dans les polders Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

par Sjors Remmerswaal

Source: https://reactnieuws.net/2022/06/12/boek-dwingeland-orwell-in-de-polder-coen-de-jong/

Dans ce livre, le politologue Coen de Jong se sert des idées de l'écrivain anglais George Orwell pour analyser la situation politico-sociale des Pays-Bas d'aujourd'hui, par exemple pour dénoncer la camisole de force qu'est la "nouvelle normalité" résultant des mesures sanitaires et du phénomène de mode émergeant qu'est l'idéologie woke. Orwell a partagé ses observations politiques et sociales du début et du milieu du siècle dernier, qu'il a relatées dans des essais et des livres tels que La Ferme des animaux et 1984.  De Jong donne des exemples de la société néerlandaise de ces dernières années qui se rattachent parfaitement aux idées d'Orwell, qui défendait la démocratie contre les formes autoritaires de gouvernement.

Nous nous souvenons de George Orwell comme d'un penseur important, précisément parce qu'il a osé aller à l'encontre des dogmes dominants de son époque et a sévèrement critiqué le pouvoir. Orwell reconnaîtrait immédiatement presque tout de notre Nouvelle Normalité.

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La force du livre réside dans le fait que, avec Orwell en main, il critique vivement l'effondrement de la démocratie et la façon dont celui-ci s'accompagne de vagues de propagande en provenance des centres du pouvoir néerlandais. Les exemples abondent, tels que l'érosion des droits fondamentaux, une censure de grande envergure, une surveillance politique, une campagne contre les dissidents, la glorification du leadership et la mise en place de lignes d'assistance. On constate cependant que l'idéologie woke et autoritaire, utilisée par le pouvoir, bien que venant à l'origine de l'extrême gauche, a maintenant été reprise par les entreprises et les gouvernements partout dans le monde. Une fausse révolution pour renforcer l'ordre établi. En remplaçant des personnes à des postes visibles, en changeant les logos et en accrochant des drapeaux, cela suffit à dissiper toute une série d'autres critiques.

Plus grave encore est la vague croissante de censure, avec le marquage de faits et d'opinions indésirables qui équivaut à de la désinformation, puis la désignation et la honte publiques infligées à ces critiques. En partie à cause de cela, les débats publics se déplacent vers l'internet, via des groupes de discussion fermés, où le gouvernement tente frénétiquement d'entrer et, pour y parvenir, va jusqu'à enfreindre les lois néerlandaises. Il est bien connu que le gouvernement désapprouve et aimerait intervenir lorsque les gens mettent n'importe quoi sur Internet, surtout lorsqu'il s'agit de sujets critiques envers la politique gouvernementale. D'où l'appel de plus en plus fort pour dire que le temps de l'internet gratuit doit être terminé. Et puis, bien sûr, il y a la fameuse législation sur la censure, qui rend difficile pour les gens de se former une opinion bien charpentée et de s'exprimer sur certains sujets en bonne connaissance de cause.

Dans son livre 1984, Orwell parle de l'Océanie où il n'y a pas de loi. "Il n'est écrit nulle part ce que les citoyens peuvent ou ne peuvent pas dire et penser. Après tout, un membre du parti ne doit pas seulement avoir les bonnes opinions, mais aussi les bons instincts". Et revenons aux Pays-Bas d'aujourd'hui, où la vérité est ce que Big Tech, les gouvernements, les politiciens et les médias de masse vous disent à tout moment, mais cette vérité peut être différente demain, mutation que vous devriez sentir à l'avance. Ce n'est pas vraiment un réconfort ! Il s'agit d'un livre écrit avec calme et clarté, destiné à un large public intéressé par la politique. Pas d'analyse approfondie de l'œuvre de George Orwell, mais beaucoup de comparaisons frappantes avec l'évolution rapide de la situation politico-sociale aux Pays-Bas. En outre, cela peut encourager les gens à lire d'autres ouvrages d'Orwell que son œuvre principale, 1984.

Pour illustrer la gravité du déclin de l'ancienne démocratie des Pays-Bas, De Jong cite l'ancien médiateur national Alex Brenninkmeijer, qui se préoccupe de la protection des droits fondamentaux des citoyens, ce qui doit leur donner la certitude d'être bien traité par l'État. C'est insuffisant selon Brenninkmeijer : "Et en cela, nous sommes uniques en Europe. Nos lois ne sont même pas testées par rapport à la constitution. Même dans un pays comme la Pologne, ils n'y comprennent plus rien".

Coen de Jong, Dwingeland, Orwell in de Polder, 2021, Éditeur Blauwburgwal, 260 pages en néerlandais, € 20,00

vendredi, 15 janvier 2021

L'aigle contre le drone : Une métaphore "haute" provenant d'un pays "bas"

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L'aigle contre le drone :

Une métaphore "haute" provenant d'un pays "bas"

par Frédéric Andreu-Véricel

Surtout ne le répétez à personne, mais je crois bien qu'une métaphore sismique vient de briser les faux vitrages de la pensée unique : un aigle royal attaque un drone !

Les serres du roi des oiseaux entrent dans la structure de l'appareil téléguidé ; l'objet s'écrase aussitôt sur le sol comme un jouet déglingué, puis, le puissant volatile reprend son envol en direction des empyrées célestes...

Imaginez un instant que les métaphores ne soient pas réservées à un petit cercle de gens lettrés, ni même aux poètes, mais ouvert à tous ceux pour qui voir ne va pas de soi... alors, un aigle qui attaque un drone, cela pourrait résonner dans les tous les recoins de notre imaginaire individuel et collectif, cela pourrait entraîner les cris de la terre, le Cri de Munch, le cri du nouveau né, cela pourrait même réveiller cet instinct de survie qui est au fond du peuple.

Pour le moins, cette métaphore est d'une puissance à couper le souffle. Elle "rétablit les hiérarchies vraies" aurait dit Antoine de Saint-Exupéry... Au-dessus, c'est le soleil ! Je ne trouve rien de plus à ajouter, un peu abasourdi moi-même par cette découverte...

Le drone représente la technologie noire par où s'effectue le grand transfert des souverainetés humaines. Il représente aussi la surveillance de la néo-dictature orwellienne sous couvert de sécurité sanitaire. On se demande même si notre conscience collective n'aurait pas encore totalement sombré dans le Léthé anesthésiant de la technique ? Si la fin de l'Histoire n'aurait pas encore sonné ?

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Le "plan de secours" des peuples qui ne veulent pas mourir a connu son prophète, Guillaume Faye ; il a connu une traduction sociale, la révolte des Gilets Jaunes ; gageons qu'il connaîtra un avenir : le réveil des peuples de l'aigle par le retour à la communauté organique.

Au Moyen-Age, on entraînait des aigles à la chasse aux nuisibles, aujourd'hui, contre les drones de Big Brother.

Cet élevage a lieu dans un petit pays, ingénieux, discret, et diablement bien organisé - bref un peu le contraire de la France. Autre paradoxe, ce pays singulier porte un nom pluriel : les Pays-Bas.

La première fois que je visitai les Pays-Bas, c'était à bicyclette. Attendez un peu que je vous raconte...

Quelques lieues après la frontière, je m'arrêtai devant une boutique pour acheter un stylo. Je posai ma bicyclette, entrai dans la boutique, puis attendis mon tour pour payer. Le vendeur s'écria alors :

- Savez-vous qui était la personne qui est passé juste avant vous ?

- Je répondis : non.

- C'est le premier ministre des Pays-Bas !

Je sortis de la boutique à journaux, un stylo neuf à la main... scène augurale qui portait le sceau de l'avenir : "tu écriras un jour une histoire sur ce pays singulier..."

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Les Pays-Bas sont un pays où le ministre se déplace sans garde du corps ; il achète son journal dans une boutique et vous le croisez dans la rue, tout simplement. On m'a dit plus tard que Mark Rutte (c'est son nom) donne des cours d'histoire dans un lycée. Pour se faire, il s'y rend à bicyclette. Car aux Pays-Bas vous pouvez être premier ministre et donner des cours dans un lycée. Il n'y a pas de bourgeois qui vous marchent sur les pieds sans s'excuser car il n'y a pas de bourgeois, aux Pays-Bas. Il y a des gens qui travaillent et des gens qui travaillent, aux Pays Bas. Vous pouvez ramasser les poubelles ou être premier ministre, personne ne vous marchera sur les pieds.

Bref, je m'arrête ensuite dans un parking, gare mon vélo. Tout-à-coup, une fille belle comme un soleil passe devant moi et me sourit : le monde bascule aussitôt dans la mythologie nordique. La fille engloutie alors un sandwich et monte dans son camion.

Aux Pays-Bas, les muses peuvent être des camionneuses qui vont livrer des briques dans une usine !

Dépité, je reprends ma bicyclette en direction des îles de la lointaine Frise. L'aigle royal me jette un regard depuis les altitudes célestes. C'est normal, je suis poète et donc un peu chamane aussi...

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Post Scriptum : vous croyez que les aigles qui attaquent les drones, cela n'existe pas ? Alors prière de cliquer ci-après :

https://www.rtbf.be/info/monde/detail_des-aigles-pour-neu...

 

lundi, 04 mai 2020

Anton Mussert, fasciste batave

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Anton Mussert, fasciste batave

par Christophe Dolbeau

            Au nombre des leaders fascistes qui ont essaimé dans l’Europe des années 1930, le Néerlandais Anton Mussert est certainement l’un des moins connus du grand public. Chef du Mouvement national-socialiste des Pays-Bas (Nationaal-Socialistische Beweging der Nederlanden ou NSB), il est le plus souvent présenté, fort succintement, comme un pâle imitateur d’Adolf Hitler et une piteuse créature des nazis, mais peut-être mérite-t-il mieux que ce portrait sommaire et affligeant.

Un brillant ingénieur

            Fils de Johannes Leonardus Mussert (1856-1913), instituteur et directeur d’école, et de Frederika Witlam (1856), Anton Adriaan Mussert – que ses parents nomment couramment « Adje » – vient au monde le 11 mai 1894 à Werkendam, une petite commune du Brabant-Septentrional. Il est le cinquième enfant de la famille (1). D’abord scolarisé dans l’école de son père, il fréquente ensuite le lycée de Gorinchem (Gorkum) où il obtient plutôt facilement son baccalauréat en 1912. Attiré par les voyages et les navires, le jeune homme (qui appartient à l’association Onze Vloot ou Notre Flotte) souhaiterait endosser l’uniforme de la Marine et faire une carrière d’officier, mais sa petite taille (moins d’un mètre soixante-cinq) et une vue déficiente lui barrent irrémédiablement cette voie. Sur les conseils de son père, il décide donc d’entreprendre des études de génie civil. C’est alors qu’éclate la Première Guerre mondiale, ce qui l’incite à se porter volontaire dans l’armée, toujours dans l’espoir d’y faire carrière, à l’instar de son frère aîné Jo. Une fois encore, ses espérances vont être déçues : affecté dans l’artillerie de forteresse, il n’atteint en effet que le modeste grade de caporal, avant d’être réformé (1915) pour un grave problème rénal. Cette fois, le jeune homme se résoud à suivre une voie civile et rejoint l’École Polytechnique de Delft.

            Étudiant brillant, Anton Mussert est également un élément particulièrement sérieux qui ne participe jamais aux fêtes étudiantes, ne fume et ne boit pas. Solitaire, on ne lui connaît que deux amis, Willem Schermerhorn (1894-1977), qui sera plus tard Premier ministre, et le Juif Jacob Josephus Jitta (1893-1991) qui restera longtemps l’un de ses proches… Sa formation s’achève le 5 juillet 1918, date à laquelle il décroche, cum laude, son diplôme d’ingénieur. Entre-temps, l’étudiant s’est marié, le 19 septembre 1917, ce qui a soulevé pas mal de vagues au sein de la famille. Âgé de 23 ans, Mussert a en effet épousé, grâce à une dispense royale et malgré l’opposition de sa mère, sa tante Maria Witlam (1876-1951) qui a tout de même 18 ans de plus que lui. [Bien qu’il soit membre de l’Église Réformée et réputé plutôt strict, Anton Mussert aura tout au long de son existence une vie sentimentale agitée. On lui connaît plusieurs liaisons extra-conjugales, notamment avec Jadwiga Rosenblatt (1886-1950), une Juive d’origine polonaise, et avec Marietje (Miep) Mijnlieff, la fille (1923-2016) de sa cousine Helena Mijnlieff-Verburg (1889-1951)]

           hlmnha_56-0000003_0001.jpg Fraîchement diplômé, Mussert entre en 1918 au Service national des eaux (Rijkswaterstaat) puis deux ans plus tard, il intègre le Service provincial des eaux d’Utrecht qui offre une meilleure rémunération. Il passe alors pour un technicien remarquable, doublé d’un homme de qualité « dont la personnalité résultait d’une pensée droite et opiniâtre et qui avait un sens profond de l’ordre, de la règle et des convenances bourgeoises »(2). Remarqué pour son zèle et son efficience, il est d’ailleurs rapidement promu et devient, le 1er novembre 1927, à 33 ans, le plus jeune ingénieur en chef du pays. Son premier véritable engagement politique est lié à sa profession puisqu’il a trait au projet de construction d’un canal reliant le Rhin au port d’Anvers. Jugeant ce plan trop favorable à la Belgique et contraire aux intérêts de Rotterdam, de nombreux patriotes néerlandais s’y opposent. Ils se regroupent au sein d’un Comité d’action (Nationaal Comité van Actie) dont Mussert est le secrétaire, et font campagne contre le traité belgo-hollandais que le gouvernement a signé en 1925. Au final, cette mobilisation porte ses fruits : en 1927, l’accord est rejeté par le Sénat et le ministre des Affaires Étrangères, Herman van Karnebeek, contraint de démissionner. À compter de cette époque, Mussert s’implique de plus en plus dans le débat politique. Probablement influencé par les succès de Mussolini, il se rapproche du Dietsche Bond, la Ligue Thioise, qui milite pour la création de Grands Pays-Bas. On le retrouve aussi dans les rangs de la Nationale Unie ou Union nationale, le mouvement nationaliste et corporatiste du professeur F. C. Gerretson (3).

Le national-socialisme néerlandais

            À la fin des années 1920 et au début des années 1930, les Pays-Bas n’échappent pas à la récession mondiale : un très fort chômage s’instaure, de nombreuses faillites surviennent, d’innombrables boutiquiers subissent une forte paupérisation, et le climat général du pays s’en ressent. Le Parti social-démocrate et les partis confessionnels se montrent incapables de juguler la crise qui finit même par ébranler les forces armées. Le 5 février 1933, aux Indes orientales néerlandaises, les marins du croiseur De Zeven Provinciën se mutinent et il faudra bombarder le navire pour ramener son équipage à la raison. Dans ce contexte délétère, nombre de Néerlandais espèrent un sursaut national et en viennent à souhaiter un pouvoir fort, capable de prendre des mesures radicales. L’exemple italien impressionne. C’est dans cette perspective que le 14 décembre 1931, Anton Mussert et Cornelis van Geelkerken (1901-1976) fondent, à Utrecht, le Mouvement national-socialiste des Pays-Bas (NSB). Le chef suprême ou Leider en sera Mussert. Contrairement à ce que l’on pourrait croire à la vue de sa dénomination, le nouveau mouvement s’inspire beaucoup plus du fascisme que du national-socialisme allemand. Mussert se vante d’ailleurs de n’avoir jamais lu Mein Kampf et de n’avoir aucune intention de le faire. Admirateur de Mussolini, il se déclare hostile à la démocratie et favorable à un gouvernement fort, mais ne préconise ni racisme ni antisémitisme. Le mouvement comptera d’ailleurs dans ses rangs et parmi ses bailleurs de fonds un certain nombre de Juifs. « Le NSB n’était pas foncièrement antisémite », remarque Anthony Anderson (4), « et certains Juifs hollandais adhérèrent au mouvement ». « Mussert », ajoute Francis Bertin (5), « ne songea pas, du moins pendant les années précédant la Seconde Guerre mondiale, à assumer les options idéologiques nationales-socialistes allemandes : les idées de primauté raciale, de valeur du sang, de Lebensraum, de conception du monde fondée sur un dynamisme du devenir, ne figurèrent nullement dans les idées du NSB ». Le programme du NSB repose avant tout sur quatre valeurs fondamentales : la croyance en Dieu, l’amour de la Patrie, le service et la solidarité. Favorable à l’instauration d’un État corporatif et chrétien, il prône la lutte contre le libéralisme et le marxisme, réclame l’ordre et la vertu, garantit la propriété privée, invoque le nationalisme néerlandais et la fierté nationale, affirme le primat des intérêts nationaux et proclame son attachement à l’empire colonial. En 1937, un document du mouvement précise encore que « le national-socialisme veut instaurer un esprit de volonté, de fierté, de sentiment du devoir, de foi en sa propre force, de droit à l’existence, de sens national, de sentiment de solidarité, de volonté de coopération, de générosité, pour qu’il en résulte une nation florissante et rénovée qui offre la possibilité d’un bien-être moral et physique à ses fils de toutes conditions et de tous métiers » (6). Jusque là, on ne peut pas vraiment dire que la nouvelle formation se montre particulièrement transgressive et subversive.

          Mussertaffiche.jpg  Dirigée avec talent et sincérité, elle rencontre en tout cas un indéniable succès. De 1000 adhérents à peine, à ses débuts, elle recrute vite et regroupe déjà 33 000 membres en 1934, puis 52 000 en 1936. Une grande manifestation qu’elle organise à Amsterdam, en 1934, réunit plus de 25 000 personnes. S’inspirant beaucoup de ce qui se fait en Italie et en Allemagne, l’appareil du mouvement est assez complexe. Les militants portent un uniforme noir et saluent à la romaine en prononçant les mots de « Hou Zee » (héritée du langage des marins, cette expression signifie quelque chose comme « Garde le cap ! » ou « Bonne navigation ! »). Le swastika n’a pas cours au NSB, mais le mouvement de Mussert utilise souvent la rune du loup ou crampon (Wolfsangel) qui figure sur certains fanions et oriflammes. Il utilise par ailleurs les anciennes couleurs nationales – orange, blanc et bleu – ou « Prinsenvlag ». À partir de 1936, le drapeau du mouvement se composera, quant à lui, de deux bandes horizontales, noire et rouge, avec au centre un triangle (symbolisant le delta du Rhin) renfermant un écusson aux couleurs orange-blanc-bleu, frappé d’un lion avec flèches et épée et encadré des lettres NSB. Le siège central du NSB est à Utrecht et la formation s’articule en dix-sept districts qui se divisent eux-mêmes en groupes et blocs. Le mouvement dispose d’un hebdomadaire, Volk en Vaderland, d’un quotidien, Het Nationale Dagblad, et d’un mensuel, Nieuw Nederland, qui tous trois atteignent un vaste public (certains numéros spéciaux de Volk en Vaderland seront tirés à 800 000 et même un million d’exemplaires durant la campagne électorale de 1935). Au fil du temps, le NSB se dote d’une organisation féminine, la Nationaal-Socialistische Vrouwenorganisatie (7) qui édite son propre journal, De Nationaal-Socialistische Vrouw. Il se dote également d’une organisation de jeunesse ou Nationale Jeugdstorm, ainsi que d’une association étudiante ou Nederlandsche Nationaal-Socialistische Studentenfederatie (NNSS) qui publie le journal De Wig (le groupe prendra en 1940 le nom de Nederlandsche Nationaal-Socialistische Studentenfront). Il existe aussi un Front Paysan ou Boeren Front qui attirera jusqu’à 50 000 agriculteurs. Comme il sied à tout mouvement fasciste de l’époque, le NSB crée en outre un service d’ordre ou Weer Afdeeling (d’abord nommé Weerbaarheids Afdelingen). Composé de douze brigades (avec un effectif global atteignant parfois 15 000 hommes), ce corps de défense possède un hymne spécifique, WA marscheerd (sur l’air du Horst Wessel Lied) et son propre journal, De Zwart Soldaat. Il se double d’un discret service de renseignement ou Centrale Inlichtingen Dienst.

            Dynamique, le NSB effectue une percée significative lors des élections d’avril 1935 où il attire au moins 300 000 électeurs, soit un score encourageant de 7,94% qui lui assure 44 sièges (sur 535) à la Chambre. Joint au décorum menaçant dont s’entoure le mouvement, ce succès électoral inquiète désormais sérieusement les partis traditionnels qui s’accordent tous sur l’impérative nécessité de barrer la route à la formation de Mussert. Dès avril 1934, ce dernier a dû abandonner son emploi suite à la promulgation par le gouvernement d’un décret interdisant à tous les fonctionnaires d’adhérer au NSB. En riposte à cette mesure, le mouvement créera la qualité de « membre secret ». Ces péripéties n’empêchent pas le chef du mouvement d’effectuer une tournée triomphale d’un mois à Java et Sumatra où il compte de nombreux partisans et où le gouverneur général Bonifacius Cornelis de Jonge (1875-1958), un sympathisant, le reçoit à deux reprises avec tous les égards. La répression ne cesse pourtant de se durcir : une seconde loi vient interdire aux civils de porter des uniformes, et une troisème prohibe l’usage de drapeaux et insignes politiques. Même les églises s’en mêlent : la hiérarchie calviniste interdit aux fidèles d’adhérer au NSB, tandis que l’Église Catholique menace de priver de sacrements les militants de ce mouvement. Plusieurs lettres pastorales condament explicitement le national-socialisme et adjurent les croyants de s’en tenir éloignés. En juin 1936, Mussert tentera, avec l’aide de Mussolini, de convaincre le Vatican de faire lever ces interdits, mais sa démarche demeurera sans effet.

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Germanophilie et répression

            Le dénigrement systématique dont le NSB fait l’objet constitue un gros obstacle à son développement car il entretient un hallo négatif autour du mouvement et finit par faire naître des craintes à son sujet. Le phénomène, il faut bien le dire, est facilité par la radicalisation du NSB, au sein duquel l’attraction du nazisme allemand se fait de plus en plus sentir. Le 7 août 1936, le mouvement a reçu l’adhésion de Meinoud Marinus Rost van Tonningen (1894-1945), un ancien haut fonctionnaire de la SDN (8), qui se pose vite en rival de Mussert et en germanophile avéré. Compétent, diligent et efficace, le nouveau venu stimule indubitablement le militantisme, mais il entraîne aussi le NSB dans une direction qui n’était pas initialement celle de ses fondateurs. Des notions nouvelles, le Sang et le Sol (Blut und Erde), l’antisémitisme et la suprématie de l’État intègrent désormais la rhétorique du mouvement et s’affichent à la une de son journal (dont Van Tonningen devient rédacteur en chef). La conséquence de cette réorientation et de la campagne antifasciste est immédiate : les effectifs baissent et aux élections de mai 1937, le score du NSB n’est plus que de 4,22%, ce qui ne lui assure plus que quatre députés et deux sénateurs. Le 16 novembre 1936, Anton Mussert est reçu par Hitler (et à cette occasion, Herman Gœring lui affirme que jamais le Reich ne revendiquera un mètre carré de territoire néerlandais…). À compter de cette époque, et peut-être simplement pour ne pas se laisser déborder par Van Tonningen, il change de ton vis-à-vis des Juifs. Dans une interview qu’il accorde, le 6 octobre 1937, au journaliste américain (et marxiste) Barrie Stavis, Mussert rappelle que les « bons Juifs » peuvent adhérer au NSB (où ils seraient une cinquantaine), mais il ajoute que s’il y a désormais un problème juif aux Pays-Bas, c’est de la propre faute des Israélites : « Moi, je n’ai jamais parlé d’eux avant qu’ils me désignent comme leur ennemi. Mais oui, je suis leur ennemi. Ils constituent une menace pour la civilisation – comme les communistes. Je suis leur ennemi et le resterai » (9). Peu de temps après cette déclaration, le NSB annonce que dorénavant, les Juifs ne pourront plus adhérer au mouvement. En 1938 toujours, Mussert propose officiellement de réunir la Guyane anglaise, la Guyane française et le Surinam pour en faire un foyer national juif. En compensation pour la perte du Surinam, les Pays-bas recevraient une partie du Mozambique portugais. Soumis au Parlement, le projet sera discuté et largement rejeté. Dans la fameuse interview accordée à Stavis, Mussert ne se cache pas non plus d’avoir plus de sympathie pour le Reich que pour le Royaume-Uni : « Avec une flotte pour protéger nos Indes Orientales, je m’allierais à l’Allemagne », déclare-t-il. « Nous appartenons à la même souche germanique et les gens de même race doivent marcher ensemble. De plus, le fascisme doit conquérir le monde » (10).

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L'armée néerlandaise pendant la "drôle de guerre".

En septembre 1939, lorsque la guerre éclate entre l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, les Pays-Bas restent neutres, en espérant bien, comme en 1914-18, être épargnés par le conflit. Pour sa part, le NSB (surtout les éléments proches de Rost van Tonningen) ne se cache pas d’être favorable au Reich. Mussert lui-même demeure cependant circonspect. En janvier 1940, il déclare à deux agents allemands qui l’ont approché que ses militants ne se battront jamais contre leurs compatriotes, mais en avril, il affirme à une journaliste américaine de CBS qu’en cas de guerre, les gens du NSB se contenteront d’attendre les Allemands « les bras croisés » (11). Ce positionnement ambigu rend le mouvement suspect et l’expose à toutes sortes de rumeurs malveillantes. Au mois d’avril 1940, le célèbre journaliste Vladimir Poliakoff (« Augur ») annonce, par exemple, dans le New York Times, que le NSB s’apprête à enlever la reine Wilhelmine, ce qui entraîne aussitôt la proclamation de l’état de siège aux Pays-Bas. Le 19 avril, une vingtaine de cadres du NSB sont arrêtés sur soupçon d’appartenance à la 5e colonne. Mussert échappe à la rafle mais il doit désormais se cacher dans une ferme.  Les autorités ont la main particulièrement lourde puisque ce sont bientôt 10 000 membres et sympathisants du NSB qui sont arbitrairement internés. Parfois victimes de violences, certains y laisseront la vie : « Sept d’entre eux », écrit A. H. Paape, « trouvèrent la mort dans des fusillades provoquées par la nervosité de leurs gardiens » (12) Finalement, le 10 mai 1940, la Wehrmacht lance une offensive contre les Pays-Bas afin de couper l’herbe sous les pieds des Britanniques qui auraient pu tenter de passer par là pour attaquer le Reich. Puissant et techniquement impeccable, l’assaut ne laisse aucune chance à la petite armée néerlandaise dont le commandant en chef, le général H. G. Winkelman (1876-1952) capitule le 15 mai. Dès le 13, la reine et le gouvernement ont quitté le territoire, confié le pouvoir à des secrétaires généraux, et gagné Londres d’où ils vont diriger la résistance. Durant les brefs combats, le NSB ne fait rigoureusement rien pour aider l’ennemi et les quelque 100 à 200 Hollandais qui assistent les troupes d’invasion proviennent pour la plupart du Parti national-socialiste hollandais des travailleurs ou NSNAP (13), une formation rivale de celle de Mussert. « Après la guerre », précise F. Bertin (14), « les enquêtes menées pour découvrir une complicité pratique du NSB dans l’attaque allemande ne découvrirent rien de positif en ce sens ». À titre personnel, Anton Mussert perd à cette époque son frère Jo. Lieutenant-colonel d’active, ce dernier est abattu, le 14 mai, par deux subalternes égarés qui le soupçonnent, à tort, de vouloir trahir. Il sera totalement réhabilité après-guerre.

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Jeu de dupes

            À la cessation des hostilités, Anton Mussert pense que les Allemands vont lui confier les rênes du pays et débute alors un grand jeu de dupes qui va durer cinq ans. Le 16 mai 1940, interdiction est faite au Néerlandais de s’exprimer à la radio comme il en avait l’intention. Berlin a d’autres plans. Le 18 mai, le ministre Arthur Seyss-Inquart (15) est nommé Commissaire du Reich aux Pays-Bas (Reichskommissar für die Niederlande) où il entre officiellement en fonction le 29. Outre ce plénipotentiaire, les autorités comprennent le général d’aviation Friedrich Christiansen (1879-1972), commandant en chef de la Wehrmacht, le Brigadeführer SS Hanns Albin Rauter (1895-1949), responsable des services de sécurité et de la police, et l’Oberdienstleiter Fritz Schmidt (1903-1943), délégué du parti nazi. Mussert a bien mandaté le comte d’Ansembourg (16) pour le représenter auprès des occupants mais ceux-ci n’ont a priori aucun désir de coopérer avec le NSB. En fait, Seyss-Inquart s’efforce, dans un premier temps, d’obtenir la coopération de formations moins marquées. C’est dans cette perspective que se constituent un Comité National puis, le 24 juillet 1940, une Union Néerlandaise (Nederlandsche Unie). Approuvée par les secrétaires généraux, cette Union Néerlandaise – qui n’a rien à voir avec le NSB – est en phase avec les ex-Présidents du Conseil Hendrikus Colijn et Dirk Jan de Geer (17) qui reconnaissent la primauté de l’Allemagne et prônent tous deux une collaboration dans la dignité. Le nouveau groupement est bien accueilli par la population et recrute près de 400 000 membres en deux mois ; en février 1941, il compte déjà 800 000 adhérents et montera même jusqu’au million. Rappelons au passage que les Pays-bas n’ont alors que 8,7 millions d’habitants. Prête à collaborer, l’Union Néerlandaise se montre néanmoins rétive à toute tentative de germanisation et de nazification, ce qui contrarie le Reichskommissar et finit par entraîner, en décembre 1941, la dissolution de l’association. Autre groupe à subir les foudres de Seyss-Inquart, le parti social-démocrate qui est interdit en juin 1941. Durant un an, l’occupant a essayé, en vain, de prendre le contrôle de ce parti, ainsi que des syndicats, mais ils ont préféré se saborder plutôt que de se soumettre…

            arméeNL40.jpgÀ ce stade, il ne reste plus pour « collaborer » que les partis et mouvements qui se réclament d’une idéologie proche du nazisme, à savoir le NSB, le NSNAP et le Zwart Front. À l’instar des anciens Présidents du Conseil que nous avons déjà mentionnés (et de nombreux autres politiciens européens), Anton Mussert pense que l’Allemagne a définitivement gagné la partie, et que la collaboration est « l’unique chance qui reste à la Hollande de préserver son indépendance dans la future Europe hitlérienne » (18). Le 5 juin 1940, il rencontre donc Seyss-Inquart qui ne possède pas une très haute opinion du chef fasciste. « Le Leider du NSB », note F. Bertin, « restait attaché à l’autonomie de la Hollande et l’esprit profond du national-socialisme lui restait étranger » (19). Mussert multiplie cependant les gestes de bonne volonté, dont tous ne sont d’ailleurs pas très habiles : ainsi, le 22 juin 1940, lors d’une étrange « fête de la Libération », offre-t-il une cloche en bronze de trois tonnes à Herman Gœring, alors qu’un mois plus tôt, le 14 mai, la Luftwaffe a bombardé Rotterdam, tué un millier de civils et fait 80 000 sans abri…

Quiproquo

            Le problème majeur auquel Mussert ne va cesser de se heurter, c’est que les Allemands ne partagent absolument pas sa vision des choses. Lorsqu’il envisage une alliance avec le Reich, ses interlocuteurs songent à une annexion pure et simple. « À sa façon », remarque justement A. Anderson (20), « Mussert était un ardent patriote. Pour lui, il était tout simplement impensable que la Hollande devînt un territoire allemand ». Afin de sauver les apparences, au plan constitutionnel, le juriste Johan Herman Carp (1893-1979) suggère de placer Mussert à la tête du Conseil d’État, ce qui ferait un peu de lui le régent du royaume et l’autoriserait à conclure la paix avec l’Allemagne. Cette astucieuse solution permettrait d’officialiser l’alliance avec l’Allemagne et reconnaîtrait implicitement l’indépendance des Pays-Bas. Le 16 août 1940, c’est sans surprise que le Commissaire du Reich refuse ce plan. La survie des Pays-Bas ne figure décidément pas à l’agenda nazi. En témoigne encore l’attitude de la censure qui empêche la publication d’un article où Mussert affirme : « Nous n’avons jamais demandé et nous ne demanderons jamais à devenir Allemands, pas plus que nous ne demanderons jamais à un Allemand de devenir Néerlandais. Nous aimons notre pays et notre drapeau, tout comme ils aiment les leurs » (21). Le chef du NSB pourrait s’en tenir là et se retirer du jeu mais tel n’est pas son choix. À la fin août 1940, il signe une « Note sur l’union des peuples germaniques » (Bond van Germaansche volkeren) et se rend, le 23 septembre suivant, à Berlin pour y soumettre son projet à Hitler. Mussert souhaite non seulement sauver l’indépendance de sa patrie, mais propose aussi de créer de Grands Pays-Bas qui comprendraient la Hollande, la Frise, les Flandres et une partie du nord de la France, et s’appuieraient sur les colonies néerlandaises, le Congo et la communauté sud-africaine des Afrikaans (22). Cet « empire thiois » serait bien sûr le vassal et l’obligé du Reich. Plus tard, il évoquera à nouveau une union nordique – avec respect des langues vernaculaires, des religions, des fiertés nationales, des coutumes et des cultures – seule capable, selon lui, de tenir tête aux USA, au Japon et à l’URSS. Il va sans dire que le Führer ne se prononce pas…

            Parallèlement à leurs manœuvres avec l’Union Néerlandaise, les Allemands s’efforcent d’instrumentaliser Mussert et le NSB sans leur accorder rien de concret. Le 30 juin 1941, Seyss-Inquart supprime tous les partis politiques sauf le NSB, ce qui a pour conséquence d’attirer dans le mouvement la plupart des militants du NSNAP et du Zwart Front. Cet afflux d’éléments pro-nazis vient sensiblement renforcer Rost van Tonningen et l’aile germanophile du NSB. Le mouvement avoisine dès lors les 100 000 adhérents. Les occupants ne prennent pas Mussert au sérieux et préfèrent de toute évidence travailler avec Van Tonningen qui prône ouvertement l’absorption des Pays-Bas par le Reich. Hostile à cette ligne, Mussert ne possède visiblement ni l’énergie ni le tempérament de s’y opposer fermement. « En faisant de la surenchère », notent P. Milza et M. Benteli, « les partisans de Van Tonningen vont obliger Mussert à s’engager plus loin dans la voie de la collaboration mais sans qu’il se soit jamais rallié à leurs vues pangermanistes » (23). « Sa force et son caractère », renchérit A. H. Paape (24), « étaient insuffisants pour en faire autre chose qu’un jouet aux mains des Allemands ; il fit de plus en plus de concessions importantes, et il se laissa récompenser par des promesses qui ne se concrétisèrent qu’à peine ».

qKZzgOgcBs6WdQgDEn2r.jpgUn chef impuissant

            Au nombre des déficiences de Mussert, il faut tout d’abord mentionner son incapacité à garder le contrôle de ses troupes. Défavorable au recrutement de SS au sein de son mouvement, il finit cependant, dès juin 1940, par céder aux pressions de Gotlob Berger et Hanns Albin Rauter. De jeunes militants rejoignent donc le régiment “Westland“ puis la 5e division blindée “Wiking“. Le 11 septembre 1940, Mussert charge même Johan Hendrikus Feldmeijer (1910-1945) de créer une SS Générale néerlandaise (Nederlandsche SS, puis, à partir du 1er novembre 1942, Germaansche SS in Nederland). Théoriquement indépendante des Allemands, cette organisation (7000 hommes, répartis en 5 régiments territoriaux) se présente comme la garde du Leider, mais en pratique, elle échappe largement à son emprise et servira de vivier à la Waffen-SS. Les relations de Mussert avec l’institution SS seront toujours exécrables. Venu inspecter, en décembre 1940, la SS Générale néerlandaise, le Dr Joseph Grohmann accuse le NSB de n’être qu’un « repaire de Juifs et de francs-maçons » (25). Quant au chef du NSB, c’est à son corps défendant qu’il finit par autoriser l’enrôlement de ses adhérents dans la Waffen-SS. Ce faisant, il perd toute autorité sur eux. En juin 1941, peu après l’annonce de l’attaque contre l’URSS, Arnold Meijer (1905-1965), chef du Nationaal Front, lance un appel à la constitution d’une légion de volontaires ou Vrijwilligerslegioen Nederland. Relayée par Mussert et le général Hendrik Alexander Seyffardt (1872-1943), ancien chef d’état-major de l’armée royale, l’idée fait vite son chemin : le 27 juillet, les premières recrues, largement issues du NSB, défilent à La Haye, avant de partir pour Debica, en Pologne. Chapeautés par la Waffen-SS, ce qui n’était pas prévu, ces hommes vont se battre dans le secteur de Leningrad, puis en Croatie, avant d’intégrer la 4e brigade SS “Nederland“ (1943) et de constituer enfin la 23e division SS “Nederland“. Tout ce que Mussert obtient de Berlin, c’est que ces soldats puissent porter sur le bras un écusson aux couleurs du Prinsenvlag (orange-blanc-bleu). Il aurait bien voulu en outre qu’ils ne prêtent pas serment à Hitler mais il ne pourra l’éviter. Lui-même sera d’ailleurs appelé, le 12 décembre 1941, à prouver sa loyauté au Reich en prêtant serment au Führer, en présence de Martin Bormann et du ministre Hans Lammers. Au total, près de 30 000 Néerlandais passeront par la Waffen-SS, quelque 8000 par le NSKK et 14 000 par l’Organisation Todt. Ajoutons qu’outre ces formations militaires ou paramilitaires, il existe également, aux Pays-Bas, un Front du Travail (NAF), avec près de 600 000 membres, et un Service du Travail (NAD) de 20 000 recrues. Sur tous ces gens, Mussert n’a aucun pouvoir.

            Quels que soient les efforts de Mussert, ses relations avec la SS restent mauvaises. Réticent à l’égard de la personnalité même du Néerlandais (dont il considère notamment le mariage comme un inceste) et très hostile aux idées « européistes » du Leider, Himmler favorise ostensiblement Rost van Tonningen et les tenants de la Grande Allemagne. Ses adjoints ne sont pas plus tendres : dans une lettre en date du 14 novembre 1942, le Brigadeführer Rauter juge que « Mussert est un petit-bourgeois, intérieurement ennemi des Allemands et Hollandais cent pour cent », avant de préconiser carrément « d’anéantir le NSB » (26). Cyniques, les Allemands continuent toutefois à se servir du mouvement néerlandais, mais sans offrir grand chose en contrepartie. Le 10 décembre 1942, Hitler reçoit Mussert auquel il octroie officiellement le titre de Leider van het Nederlandsche volk ou Guide du peuple néerlandais. Il ne s’agit néanmoins que d’un titre purement honorifique et le pouvoir réel demeure aux mains de Seyss-Inquart. Cette « promotion » est annoncée avec un certain éclat aux Hollandais, le 13 décembre, à l’occasion du 11e anniversaire du NSB. Elle incite Mussert à constituer (janvier 1943), autour de Johan Herman Carp, une espèce de cabinet fantôme (Gemachtigden van den Leider) de neuf secrétaires d’État (dont ses rivaux Rost van Tonningen et Cornelis van Geelkerken). Ces hommes n’ont qu’un rôle consultatif, ce qui n’empêche pas la résistance d’abattre rapidement trois d’entre eux ! De plus en plus audacieuse, cette résistance (en l’occurrence le groupe communiste CS-6) s’en prend aussi au vieux général Hendrik Seyffardt qui est abattu sur le pas de sa porte, le 5 février 1943 (il mourra le lendemain), ainsi qu’au président de la Chambre de Culture, Hermannus Reydon, qui est assassiné le 23 août suivant. Suite à cette multiplication d’actes hostiles, les Allemands déclenchent – contre l’avis de Mussert – une vaste campagne de représailles, l’opération « Silbertanne », qui coûtera la vie à plus de 50 otages. Ils créent aussi une police auxiliaire (Hulppolitie) et exigent que les militants du NSB se muent désormais en supplétifs de leurs services de sécurité. Le général Hanns Albin Rauter place d’ailleurs le service de renseignement du NSB sous son autorité directe, tandis que l’on procède (mars 1943) au recrutement d’une Garde Nationale ou Landwacht que commanderont Van Geelkerken et Arie Johan Zondervan. Il y aura encore, en 1945, la constitution d’une seconde unité SS, la 34e division “Landstorm Nederland“, grâce à l’enrôlement de miliciens NSB. Ces mesures ne relèvent aucunement de Mussert qui se trouve placé au pied du mur et ne peut que cautionner ou s’effacer.

            Un autre sujet de friction entre le Leider et les Allemands concerne la politique antisémite de ces derniers. Quoiqu’il ait tenu, à partir de 1938, des propos très hostiles à la communauté israélite, Anton Mussert n’a jamais été un antisémite fanatique. Entraînés par plus extrémistes que lui, nombre de membres du NSB prêtent cependant la main aux rafles qu’organise la police nazie, quand ils n’opèrent pas, de leur propre chef et pour leur propre compte, quelques exactions. Plus de 105 000 Juifs sont alors arrêtés et déportés. Dans les camps de transit situés aux Pays-Bas (Westerbork, Bois-le-Duc, Amersfoort), ils sont souvent gardés par des policiers ou des SS hollandais. Pusillanime, Mussert ne proteste pas mais s’associe discrètement au plan du secrétaire général à l’Intérieur K. J. Frederiks qui entreprend de « sécuriser » certains Juifs (artistes, intellectuels, anciens combattants).

JoSpier1947.jpgCeux-ci sont placés dans deux résidences protégées, De Schaffelaar et Huize de Briezen, à Barneveld, ou encore à la Villa Bouchina, à Doetinchem. Dans ce dernier lieu séjournent notamment neuf Juifs (27), dont l’illustrateur Jo Spier (photo), un ami personnel de Mussert (28). Cette protection ne suffira malheureusement pas à empêcher la déportation des intéressés qui finiront tout de même par être expédiés vers le ghetto de Theresienstadt. La répression ne vise pas que les Juifs mais frappe toute la population néerlandaise. Après l‘échec de l’opération « Market Garden » (parachutage de troupes alliées près d’Arnhem) qui s’est accompagnée d’une grève générale des chemins de fer, Seyss-Inquart riposte en bloquant, de novembre 1944 à février 1945, l’approvisionnement des grandes villes. On parlera d’hiver de la faim (hongerwinter) et le manque de nourriture fera au moins 18 000 morts. Là encore, Mussert se tait. Il est d’autant plus impuissant que le 5 septembre 1944 (le mardi fou ou « Dolle Dinsdag »), ses partisans, pris de panique, se sont massivement enfuis en Allemagne avec femmes et enfants. Près de 65 000 d’entre eux campent près de Lunebourg, en Basse-Saxe. Ceux qui sont restés, les plus décidés, se rangent désormais derrière les Allemands et abandonnent le Leider à son sort ; Van Tonningen et Van Geelkerken ayant été démis de leurs fonctions de vice-présidents du NSB, Mussert se trouve dans un grand isolement. Comme l’écrit A. H. Paape, « son parti, son mouvement n’avaient pas besoin d’être liquidés à l’heure de la libération du territoire ; ils étaient morts depuis longtemps » (29).

Une triste fin

            La situation militaire semblant définitivement compromise, Anton Mussert envisage de rejoindre le NSKK en qualité de simple chauffeur de camion, mais il n’aura pas le temps de mettre ce plan à exécution. Victime, le 25 avril 1945, d’un accident de voiture, il se retrouve à l’hôpital Maria Stichting, à Haarlem – où il échappe de justesse à un enlèvement par des résistants – puis à l’hôpital Bronovo de La Haye. Sorti le 4 mai et rentré à Utrecht, au siège du NSB, il y apprend la capitulation des troupes allemandes du secteur et prend dès lors ses dispositions pour se rendre aux nouvelles autorités. Le 7 mai 1945, il avertit la police locale qu’il se tient à sa disposition : aussitôt appréhendé, il est incarcéré à Scheveningen. C’est la fin du NSB.

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L'arrestation de Mussert.

L’épuration qui débute alors est extrêmement rigoureuse puisqu’elle entraîne le placement en détention de 150 000 à 200 000 personnes. Toutes ne restent pas incarcérées, mais selon Paul Sérant (30), il y a encore, en octobre 1945, 96 000 prisonniers politiques, dont 24 000 femmes. Même les enfants paient le prix fort puisque 12 000 d’entre eux sont placés dans des foyers provisoires et 8000 dans des camps spéciaux. En ce qui le concerne, le Leider est jugé les 27 et 28 novembre 1945 à La Haye, dans la salle de bal du Palais Kneuterdijk. Accusé de collaboration avec l’ennemi, de violation de la Constitution et de haute trahison, Mussert soutient que son seul but fut d’éviter l’annexion, de sauver la souveraineté néerlandaise, et de garantir la place du royaume dans la future Europe de Hitler. Reconnu coupable, il est condamné à mort le 12 décembre. Son appel ayant été rejeté (20 mars 1946), le condamné rédige une lettre d’adieu au peuple néerlandais. Dans ce document, daté du 28 mars 1946, il justifie son engagement politique, met en parallèle son action et celle de la résistance, et compare enfin son sort à celui de Johan van Oldenbarnevelt et Johan de Witt, qui furent tous deux injustement condamnés à mort au XVIIe siècle (31). Le 5 mai 1946, la reine Wilhelmine rejette son recours en grâce, ce qui scelle définitivement le sort de l’ex-Leider. Deux jours plus tard, le 7 mai 1946, Anton Mussert est extrait de sa cellule vers 6h du matin. Accompagné de son beau-frère, Willem Torpstra, du révérend Sijbrandij et de deux gardiens, il gagne, en voiture, le Waalsdorpvlakte, un site où 250 résistants ont été passés par les armes durant l’Occupation. Le peloton d’exécution est déjà en place et à 6h 30, tout est terminé. « La mort de tout homme, même celle de Mussert, mérite le respect », écrit sobrement le journal socialiste Het Vritje Volk

            La saga du Leider néerlandais ne s’arrête pas tout à fait là. Inhumée anonymement dans un carré particulier du cimetière central de La Haye, sa dépouille mortelle ne va pas y rester. Dans la nuit du 16 au 17 juin 1956, un commando de vétérans du Front de l’Est et de militants flamands du Vlaams Militanten Orde enlève en effet le cercueil et va le réenterrer dans un lieu secret, probablement en Flandre. Dirigée par le nationaliste flamand Bert Eriksson (1931-2005), il s’agit de l’opération « Wolfsangel ». Fort marries, les autorités néerlandaises prétendront par la suite que le commando s’est trompé de cercueil et que les restes de Mussert ont été ensevelis dans une fosse commune et mélangés à d’autres… Le mystère demeure.

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Mussert dans sa cellule.

Soixante-quinze ans après l’exécution d’Anton Mussert, il est permis de s’interroger sur l’équité de la peine qui l’a frappé. Sincère et apparemment désintéressé (32), le chef du NSB ne fut probablement pas le pire des protagonistes de cette tragique époque. On peut certes lui reprocher d’avoir volontairement collaboré avec l’occupant et ce faisant cautionné les excès de ce dernier. On peut également regretter la consternante docilité dont il s’obstina à faire preuve durant cinq ans. Il faut cependant tenir compte du fait que ses choix, ou ses silences, n’eurent jamais pour but de servir « méchamment » (33) les intérêts de l’ennemi ni de desservir ses compatriotes. Mussert pensait, naïvement sans aucun doute, défendre son pays et en assurer la survie. Lorsque des crimes furent commis, ce fut le plus souvent à l’initiative d’individus qui prétendaient agir en son nom, mais qui opéraient en fait pour le compte de la police nazie. Si l’on compare enfin la sanction maximale qui lui fut infligée à celles qui frappèrent d’autres collaborationnistes de premier plan, force est de conclure que sa condamnation fut plus emblématique que vraiment appropriée. Il fallait exorciser une collaboration qui n’avait pas été que purement symbolique et permettre aux Pays-Bas de figurer dignement dans le cortège des vainqueurs antifascistes. Il fallait donc un symbole, un archétype de traître à châtier, et ce fut assez logiquement le fondateur et Leider du NSB. À côté de cela, Jan Eduard de Quay (1901-1985), qui avait dirigé l’Union Néerlandaise, sera anobli et deviendra même Premier ministre (1959). Vice-président du NSB, chef des jeunesses, inspecteur de la Landwacht et SS-Oberführer, Cornelis van Geelkerken (1901-1979) sortira de prison en 1959. L’ancien ministre-président Dirk Jan de Geer (1870-1960) s’en tirera avec un an de détention et une amende de 2000 florins ; le chef du Front du Travail, Hendrik van Woudenberg (1891-1967) sera libéré en 1956 ; Arie Johan Zondervan (1910), inspecteur de la Landwacht et vétéran du Front de l’Est, sera libéré en 1951, et Jacobus Schrieke, patron de la police, en 1955… Incarnation désignée de la trahison et bouc émissaire de toutes les frustrations de la défaite et de l’occupation, personne n’aurait compris, en 1946, que Mussert ne fût pas fusillé. Pour les Néerlandais, son procès et sa fin ne furent pas tant une question de justice qu’un exutoire collectif.

Christophe Dolbeau

Notes:

(1) Au total, il y a eu sept enfants, à savoir Josephus (Jo) Adrianus (1880-1940), Maarten (Max) Johan (1882-1941), Jacobus Frederik (1884-1884), Helena (Leni) Arnolda Frederika (1887-1954), Anton Adriaan (1894-1946), Frederika Johanna (1899-1900) et Jakoba (Coby) Maria (1898-1981).

(2) Voy. A. H. Paape, « Le mouvement national-socialiste en Hollande – Aspects politiques et historiques », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, 17e année, n° 66, p. 35.

(3) Le Dr Frederik Carel Gerretson (1884-1958) était professeur d’histoire coloniale à l’Université d’Utrecht. Co-fondateur en 1925 de l’Union Nationale, il fut aussi l’un des dirigeants de l’Union Historique Chrétienne (calviniste). Défenseur de la Royal Dutch et de l’empire, il fut sénateur en 1951.

(4) Voy. Anthony Anderson, « A Forgotten Chapter. Holland Under the Third Reich », conférence donnée le 17 octobre 1995 à l’Université de Californie du Sud.

(5) Voy. F. Bertin, L’Europe de Hitler, vol. 1, Paris, Librairie Française, 1976, p. 185.

(6) Ibid, p. 186.

(7) dirigée notamment par A. M. van Hoey Smith-van Stolk, Olga de Ruiter-van Lankeren Matthes (1902-1982), Elisabeth Keers-Laseur (1890-1997) et Julia op ten Noort (1910-1994).

(8) Né en Indonésie et fils de général, Meinoud Marinus van Tonningen fut durant dix ans le représentant de la SDN à Vienne où il se lia au chancelier Dollfuss. Chargé par Seyss-Inquart de la liquidation des partis de gauche néerlandais, il fut également président de la Banque Nationale des Pays-Bas (et fut peut-être tué, le 6 juin 1945, car il en savait trop long sur certaines transactions financières ayant eu lieu sous l’Occupation).

(9) Voy. Barrie Stavis, « Holland Has a Führer Too », New Masses du 4 janvier 1938, p. 17-18. [Les propos que Stavis (1906-2007) met dans la bouche de Mussert semblent sujets à caution car ce journaliste (et futur dramaturge) ne fait pas montre à l’égard du chef du NSB d’une grande objectivité. Dans le même texte, il parle en effet « de sa bestialité, de son opportunisme, de son fanatisme barbare, de sa vanité de paon et de son peu de compassion et d’humanité » (sic). Il existe de nombreuses photographies de Mussert et chacun peut y constater que le Néerlandais possédait un physique assez banal, bréviligne et bien découplé. Or Stavis le décrit comme « petit, avec un ventre rond et bien nourri, une paire de bajoues et un double menton » ; plus loin, il évoque « ses yeux bleus, froids, et bordés de rouge », ainsi que « sa bouche mauvaise et cruellement mince, semblable à une fente » (p. 17). Après l’avoir encore comparé à une grenouille, il conclut en affirmant que c’est un piêtre orateur, peu convaincant et dépourvu de charisme (p. 18). Il semble que l’on soit donc bien fondé à douter des propos qu’il rapporte…]

(10) Ibid, p. 17.

(11) Cité par F. Bertin, op. cit., p. 192.

(12) Voy. A. H. Paape, op. cit., p. 47.

(13) Fondé en 1931, le Nationaal-Socialistische Nederlandsche Arbeiderspartij est une petite formation, très antisémite, dirigée par l’économiste Ernst Herman van Rappard (1899-1953).

(14) Voy. F. Bertin, op. cit., p. 195.

(15) Avocat de formation, l’Autrichien Arthur Seyss-Inquart (1892-1946) a été chancelier puis gouverneur (Reichstatthalter) d’Autriche et vice-gouverneur de Pologne occupée, avant d’être nommé Commissaire du Reich aux Pays-Bas. Condamné à mort à Nuremberg, il a été exécuté par pendaison le 16 octobre 1946.

(16) Ancien maire d’Amstenrade et sénateur du Limbourg, le comte Maximilianus Victor Eugène Hubertus Josef Maria de Marchant et d’Ansembourg (1894-1975) sera Commissaire du Limbourg durant l’Occupation. Condamné en 1946 à 15 ans de détention, il sera libéré en 1954.

(17) Avocat et deux fois président du Conseil des ministres, Dirk Jan de Geer (1870-1960) a d’abord émigré à Londres en mai 1940, avant de rentrer aux Pays-Bas et d’y publier une brochure conseillant aux habitants de coopérer avec les Allemands.

(18) Voy. Pierre Milza et Marianne Benteli, Le Fascisme  au XXe siècle, Paris, Éditions Richelieu, 1973, p. 318.

(19) F. Bertin, op. cit., p. 208.

(20) Voy. A. Anderson, op. cité.

(21) Voy. Paul Sérant, Les vaincus de la Libération, Paris, Robert Laffont, 1964, p. 335.

(22) Dans le même esprit, Mussert et Van Tonningen demanderont à Alfred Rosenberg (1893-1946), le ministre des Territoires de l’Est, d’octroyer aux Pays-Bas des zones de colonisation en Russie [où existent d’ailleurs, près d’Irkoutsk, des villages de « Hollænders » ayant conservé leurs traditions néerlandaises]. Entre 1941 et 1944, quelques centaines de Néerlandais partiront effectivement s’établir en Biélorussie et en Russie – Voy. Geraldien von Frijtag, « Le projet colonial hollandais pendant la Seconde Guerre mondiale », Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l’Europe [en ligne].

(23) Voy. P. Milza et M. Benteli, op. cit., p. 318.

(24)  Voy. A. H. Paape, op. cit., p. 54.

(25) Voy. F. Bertin, op. cit., p. 216.

(26) Ibid, p. 214.

(27) Il était prévu à l’origine d’en accueillir 63…

(28) Dessinateur humoristique et publicitaire, Joseph Eduard Adolf Spier (1900-1978) fut par la suite déporté à Theresienstadt où il collabora, en 1944, au tournage d’un film (Theresienstadt. Ein Dokumentarfilm aus dem jüdischen Siedlungsgebiet). Émigré aux USA après la guerre, il y poursuivit sa carrière d’illustrateur.

(29) Voy. A. H. Paape, op. cit., p. 59.

(30) Voy. P. Sérant, op. cit., p. 338.

(31) Voy. Franz W. Seidler, Die Kollaboration, Munich-Berlin, Herbig, 1999, p. 397.

(32) Nous disons « probablement » car une chercheuse, le Dr Tessel Pollmann, soutient que Anton Mussert aurait possédé cinq maisons, une imprimerie, une maison d’édition, une villa, ainsi que des antiquités dérobés à des Juifs, soit une fortune évaluée à un million de florins de 1945 (ou 5 millions d’euros actuels) – voy. Haaretz du 8 avril 2009 (« Researcher : Dutch Nazi Collaborator Stole Millions »). Cette affirmation paraît bien étonnante et bien tardive. S’agissant pour la plupart de biens immobiliers difficiles à dissimuler, on peut s’étonner qu’il n’en ait jamais été fait état lors de la procédure engagée contre Mussert en 1945…

(33) Ce furent les Belges qui introduisirent cette notion très subjective dans leur Code pénal, après la Première Guerre mondiale. Elle était destinée à souligner le caractère malveillant de certains actes délictuels.

1001004011858902.jpgBibliographie

– Paul Sérant, Les vaincus de la Libération, Paris, Robert Laffont, 1964.

– A. H. Paape, « Le mouvement national-socialiste en Hollande – Aspects politiques et historiques », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, 17e année, n° 66 (avril 1967).

– Lawrence D. Stokes, « Anton Mussert and the NSB : 1931-45 », History, vol. 56, n° 188 (octobre 1971).

– Pierre Milza et Marianne Benteli, Le Fascisme au XXe siècle, Paris, Éditions Richelieu, 1973.

– Francis Bertin, L’Europe de Hitler, vol. 1, Paris, Librairie Française, 1976.

– Franz W. Seidler, Die Kollaboration, Munich-Berlin, Herbig, 1999.

– Jan Meyers, Mussert, een politiek leven, Soesterberg, Aspekt, 2005.

– Tessel Pollmann, Mussert and Co, Amsterdam, Boom, 2012.         

dimanche, 08 septembre 2019

Introduction succincte à la géopolitique et à l’historiographie géopolitique des Bas-Pays

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Louvain, 17 novembre 2018

Discours tenu lors du IIème Colloque du « Geopolitiek Instituut Vlaanderen-Nederland »

Introduction succincte à la géopolitique et à l’historiographie géopolitique des Bas-Pays

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

GIVN-RS.jpgLes principaux manuels de géopolitiques, notamment celui que le Professeur David Criekemans a rédigé selon les critères de la plus haute scientificité dans le cadre de l’Université de Louvain, commencent presque toujours par une histoire de cette discipline depuis les premières tentatives de saisir conceptuellement les faits géographiques, non pas tant dans une perspective purement empirique mais surtout dans une perspective stratégique, notamment à l’aide de la cartographie établie par Carl Ritter, de l’anthropo-géographie de Ratzel ou des définitions données par le Suédois Rudolf Kjellén. C’est, personne ne le niera, un travail des plus utiles, ce qui était aussi mon intention lorsque feu le Professeur Jean-François Mattéi m’avait invité à présenter les penseurs de la géopolitique dans sa remarquable Encyclopédie des Œuvres philosophiques entre 1990 et 1992, encyclopédie qui fut ultérieurement publiée aux Presses Universitaires de France. L’intention du Prof. Mattéi correspondait à celle qu’avait déjà formulée le géopolitologue Yves Lacoste, à savoir élargir le cadre de la discipline, philosophique pour le premier, géographique/géopolitique pour le second. Mattéi voulait donc élargir le champ de la philosophie, tout simplement parce que plus aucune philosophie sérieuse ne peut encore être pensée sans tenir compte du temps et de l’espace, de l’émergence de tous les phénomènes, faits, modes de pensée et aspirations religieuses ou éthiques qui, tous, nécessairement, se déploient en des lieux et des périodes précises qu’ils influencent ensuite en profondeur, les inscrivant dans la durée et leur assurant une résilience difficilement éradicable.

Yves Lacoste, fondateur et ancien éditeur de la célèbre revue Hérodote, voulait, lui aussi, élargir le champ scientifique de sa propre discipline, la géographie, dans le sens où même la description la plus purement factuelle d’un espace géographique ou d’une zone maritime sert le chef de guerre, si bien que, de ce fait, elle cesse d’être une science véritablement exacte : la géographie sert donc à faire la guerre, dit Lacoste, et toute guerre est menée au départ d’une perspective politique, historique ou religieuse, où des valeurs organiques, par définition non rationnelles, jouent un rôle toujours décisif, état de choses qui fait que tout géopolitologue doit prendre en considération ces valeurs, notamment à cause des dynamiques qu’elles suscitent, de l’impact qu’elles ont ensuite sur l’organisation d’un pays, de son agriculture et de ses armées, même si cet impact n’est pas exclusivement de nature géographique.

YL-géo.jpgLacoste a prouvé que la géographie sert les chefs de guerre en démontrant que les premières tentatives de dessiner des cartes dans la Chine de l’antiquité servaient à indiquer les voies à suivre aux chefs de guerre, de manière à ce qu’ils puissent mouvoir leurs armées de manière optimale dans les paysages et terrains divers de leur propre pays ou dans le pays de l’ennemi. Ensuite, dans un livre succinct, mais rédigé de manière magistrale, il nous a montré que le Prince Henri du Portugal, Anglais par sa mère, a fondé  et soutenu son « école de la mer »  afin de trouver de nouvelles voies maritimes extra-méditerranéennes pour que l’écoumène chrétien/européen de son époque puisse trouver le chemin vers les épices indiennes et vers le mystérieux « Cathay » en échappant aux blocus terrestres et maritimes que lui imposait le contrôle turc/ottoman des accès aux routes continentales vers l’Asie et des voies maritimes en Méditerranée. Quelques décennies plus tard, les Portugais livreront bataille dans la Corne de l’Afrique et des navires lusitaniens surgiront face aux côtes du Gujarat en Inde pour vaincre glorieusement une flotte musulmane. Tant les seigneurs de la guerre que les empereurs chinois du monde antique et que le Prince Henri du Portugal ont donc fait dessiner des cartes pour que des militaires ou des marins avisés puissent mener la guerre ou des expéditions exploratrices de manière optimale. Le raisonnement de Lacoste est parfaitement exact, et fut posé en dépit de son engagement idéologique dans les rangs de la gauche pacifiste.

Halford John Mackinder prononce un célèbre discours en 1904 en Ecosse où il évoque le Heartland, la « Terre du Milieu » ou le « Cœur du Monde », capable de se soustraire à tous les efforts que la puissance navale britannique pourrait déployer pour y détruire la puissance continentale, russe, allemande ou chinoise, qui en serait devenue la maîtresse parce que le feu terrifiant des dreadnoughts de la flotte anglaise ne pourrait frapper ses points névralgiques. La puissance navale britannique se voyait dès lors contrainte de neutraliser et d’occuper, dans la mesure du possible, les rimlands, les bandes littorales plus ou moins profondes, du grand continent eurasiatique et de les « protéger » contre toute tentative du Heartland de les conquérir. On a appelé cette stratégie la stratégie de l’endiguement (containment), y compris après 1945, après que l’alliance entre les puissances anglo-saxonnes et l’Union Soviétique se soit dissoute et que les anciens partenaires soient devenus ennemis dans le cadre de la guerre froide. Les Etats-Unis vont alors organiser militairement les rimlands, en créant trois organisations défensives : l’OTAN, le CENTO (ou « Pacte de Bagdad », dissout partiellement en 1958 après le retrait de l’Irak baathiste) et l’OTASE pour l’Asie du Sud-Est. Après Mackinder, qui meurt en 1947, cette nouvelle stratégie de la guerre froide est théorisée par Nicholas Spykman, un stratégiste et géopolitologue américain d’origine néerlandaise, dont l’itinéraire et les idées ont été récemment étudiées par le Prof. Olivier Zajec, par ailleurs auteur d’une Introduction à l’analyse géopolitique (Ed. du Rocher, sept. 2018). On peut donc parler d’une lutte quasi permanente entre puissances continentales et puissances maritimes, permanence immuable sur l’échiquier global que ne cesse d’explorer et d’expliciter le discours géopolitique.

RH-geo.pngMais s’il existe des permanences immuables en géopolitique, comment devons-nous repérer celles qui se manifestent dans le cadre géographique de nos bas pays ? La méthode, que je souhaite utiliser ici, et que j’ai toujours utilisée notamment dans l’écriture de ma trilogie, qui porte pour titre Europa, est celle d’un géopolitologue non politisé du temps de la République de Weimar. Son nom était Richard Henning (1874-1951), auteur d’un ouvrage très copieux, Geopolitik – Die Lehre vom Staat als Lebewesen, qui a connu cinq éditions successives. Henning avait une écriture très claire, limpide, n’utilisait jamais un jargon compliqué et illustrait chacun de ses arguments par des cartes précises. Au départ, sa discipline était la géographie des communications et des transports, renforcée par une géographie historique, où il mettait toujours l’accent sur le rôle des états, des hommes d’état et des surdoués politiques dans l’organisation et la transformation des espaces. Sa thèse centrale était de dire, à son époque, que les données spatiales d’un peuple devaient être davantage valorisées conceptuellement plutôt que les facteurs raciaux, ce qui le fit entrer en conflit avec les thèses officielles du pouvoir sous le Troisième Reich, même si, Prussien natif de Berlin, il défendait le principe clausewitzien d’une nécessaire militarisation défensive de tout état, en tenant compte, bien sûr, du vieil adage romain, Si vis pacem, para bellum. Dans les années 50 et 60 du 20ème siècle, son œuvre exerça une influence importante en Argentine sous le régime du Général Juan Peron et, plus tard, s’est retrouvée en filigrane dans les cours des écoles militaires du pays.

pye-livre.jpgPar suite, si je privilégie l’exemple d’un historien-géographe comme Henning dans ma façon de raisonner en termes géopolitiques, je dois me limiter aux bas pays dans un exposé aussi bref que celui que je vais tenir aujourd’hui à Louvain, car il m’est impossible de parler de tous les pays qu’Henning a étudiés. Le temps qui m’est accordé est de fait limité et mon exposé se bornera à suggérer un certain nombre de pistes que nous devrons, ultérieurement, approfondir tous ensemble. Dans un ouvrage relativement récent de l’historien britannique Michael Pye, The Edge of the World – How the North Sea Made Us Who We Are (Viking/Penguin, London, 2014), nous trouvons, très largement esquissé, un cadre historique précis dans lequel Pye suggère l’émergence d’une histoire culturelle particulière qui se déploie, du moins au tout début de notre histoire, entre l’Islande et Calais et entre le Skagerrak danois/norvégien et les eaux de la Mer Baltique. Pour Pye, c’est en cette région que nait un monde à part, qui entretient certes des contacts, d’abord ténus, avec l’espace méditerranéen tout en restant plutôt autonome dans ses limites intérieures et où Bruges en constitue la plaque tournante méridionale à proximité du Pas-de-Calais. La Flandre médiévale abrite de ce fait le port principal de cette région de la Mer du Nord et de la Baltique qui doit nécessairement entretenir des contacts avec la Normandie, la Bretagne et surtout les côtes atlantiques du nord de l’Espagne, principalement le Pays Basque puis le Portugal, libéré par des croisés venus justement de toutes les régions du pourtours de la Mer du Nord, opération réussie dès le 12ème siècle qui démontre qu’il y avait une visée géopolitique implicite cherchant à étendre l’écoumène nordique à toutes les côtes de l’Atlantique européen. Cette Flandre prospère, pointe avancée vers le sud de cet espace nordique défini par Pye, cherche aussi à ouvrir une voie terrestre entre le Pays Basque et la Catalogne, sur le cours de l’Ebre, voie la plus courte vers les produits de la Méditerranée à une époque où la péninsule ibérique est encore sous contrôle musulman et ne peut être contournée sans danger.

Le site particulier de la Mer du Nord détenait pourtant sa spécificité bien avant le dynamisme marchand et hanséatique de la Flandre médiévale : bien peu d’entre nos contemporains se souviennent encore d’une figure de l’époque romaine dans nos régions. Il s’agit d’un militaire romain du nom de Carausius. Il vécut au 3ème siècle, était ethniquement parlant un Ménapien, originaire de la Gallia Belgica. Après plusieurs décennies de turbulences dans les Gaules romaines, il est nommé par ses troupes « Imperator Britanniarum » ou « Empereur du Nord ». Il a régné à ce titre sur les provinces romaines de Britannia, de Gallia Belgica Prima et Secunda pendant treize ans. Commandant de la « Classis Britannica », c’est-à-dire de la flotte de la Manche, il avait reçu pour tâche de détruire la piraterie franque et saxonne qui en écumait les eaux, troublant le commerce de l’étain en provenance des Cornouailles. Les Romains l’ont accusé de coopérer avec ces pirates pour acquérir personnellement du butin. En réaction contre ces accusations, il se crée un propre empire dans la Manche et la Mer du Nord (Mare Germanicum) avec l’appui de quatre légions, de troupes auxiliaires indigènes, de sa propre flotte et de celle des pirates qu’il avait dû préalablement combattre, avant de s’en faire des alliés. Il est assassiné en 293. Carausius, toutefois, est le premier chef de guerre, sur terre et sur mer, qui a considéré l’ensemble de nos régions comme une unité géostratégique, non plus seulement autour des trois grands fleuves, le Rhin, la Meuse et l’Escaut mais autour des espaces maritimes de la Manche et de la Mer du Nord.

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L’approche romaine du territoire était plutôt axée sur les rivières : en effet, César a d’abord dû contrôler le bassin du Rhône pour le protéger contre les Helvètes celtiques ou contre les Germains d’Arioviste qui, au départ de la Forêt Noire, traversaient le Rhin à hauteur de Bâle, remontaient le Doubs, soit le principal affluent de la Saône qui, elle, était le principal affluent du Rhône. Or si l’on veut contrôler le cours tout entier de la Saône, on doit tenir aussi le Plateau de Langres, principal château d’eau des Gaules, où la Seine et la Marne, et aussi la Meuse, prennent leur source. Toute puissance qui entend utiliser l’atout hydropolitique du Plateau de Langres doit également avoir pour but le contrôle des bassins de la Seine, de la Meuse et de la Moselle et toute puissance qui veut empêcher que le Doubs devienne la première porte d’entrée des Germains en marche vers Provence, contrôlée par Rome, doit nécessairement contrôler le Rhin jusqu’à son embouchure dans la Mer du Nord.

Le destin géopolitique des bas pays dépend donc des rivières et fleuves, surtout de la Meuse et de l’Escaut et aussi, en ce qui concerne le Luxembourg, de la Moselle. Mais ils dépendent aussi de l’écoumène qui a surgi, au cours de l’histoire, autour de la Mer du Nord depuis l’époque de ce fameux Carausius, dont l’un des héritiers sera le Danois Knut ou Canute au début du 11ème siècle, qui règnera sur l’Angleterre, la Norvège et le Danemark.

L’écoumène de la Mer du Nord a été lié, pendant toute l’époque médiévale, à la Mer Baltique, avec le Danemark comme plaque tournante, un Danemark qui exigeait parfois d’énormes droits de passage pour les navires flamands ou anglais qui entendaient se rendre dans les eaux de la Baltique. La Hanse, bien qu’elle constitue un idéal pour ceux qui rêvent d’un monde nordique autonome, à l’abri des turbulences de la Méditerranée, n’a pourtant pas été une structure idéale à cause des concurrences diverses qui surgissaient entre les villes qui la composaient et à cause d’alliances parfois problématiques entre certaines villes et certains pirates contre d’autres villes et d’autres pirates. Plus tard, la Prusse, puissance montante dans l’hinterland des deux mers, aura pour objectif géopolitique d’en contrôler les côtes et d’en éliminer toutes les formes de concurrence stérile, en s’opposant parfois à la Suède.

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Revenons au continent. Lorsque les petits-fils de Charlemagne se partagent l’Empire de leur aïeul lors du Traité de Verdun en 843, cette division de l’héritage est souvent apparue comme absurde. Or elle était rationnelle dans la mesure où les trois héritiers se partageaient des bassins fluviaux. Leur géopolitique implicite était de fait une hydropolitique. A Verdun en 843 s’amorce une dynamique qui conduira aux trois guerres franco-allemandes depuis 1870. Le plus jeune des petits-fils, Louis, dit Louis le Germanique, s’empare in fine de la partie centrale qui avait été dévolue à feu son frère aîné, Lothaire, ce qui heurte les intérêts de Charles, devenu roi de la Francie occidentale, la future France, qui fera tout pour reprendre les deux parties de la grande « Lotharingie » de Lothaire, en vain dans la première phase de cette lutte pluriséculaire. L’héritage de ce Lothaire, mort prématurément, consistait en une Basse Lotharingie et une Haute Lotharingie, une Burgondie ou un  Arélat, ce qui correspond à nos Pays-Bas pour la Basse Lotharingie et à la Lorraine, l’Alsace, la Franche-Comté et la Suisse romande pour la Haute Lotharingie ; quant à la Burgondie ou Arélat, elle est formée par le bassin du Rhône jusqu’à la Méditerranée provençale (comprenant la Bresse, la Savoie, le Dauphiné et la Provence). Lothaire possédait aussi l’Italie du Nord, plus exactement le bassin du Pô. De Philippe le Bel à Napoléon III, qui annexera la Savoie, Paris s’emparera systématiquement de territoires qui firent partie de l’héritage de Lothaire, si bien que nous pouvons aujourd’hui décrire la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg comme de minuscules résidus d’un empire potentiellement puissant qui n’a jamais pu se développer sauf pendant le règne bref de l’Empereur germanique Konrad II, au 11ème siècle.

Isabelle_de_Portugal_(1397-1471).jpgLes ducs de Bourgogne essaieront, par une politique habile, de ressusciter l’Empire de Lothaire mais sans succès. Pour comprendre la dynamique de l’histoire européenne dans nos régions, nous devons donc, aujourd’hui, étudier la géopolitique implicite de ces ducs qui entendaient consolider une alliance avec l’Angleterre et englober la Lorraine et l’Alsace dans leur orbite politique afin de joindre leurs possessions de l’ancienne Basse Lotharingie (« Pays de Par-Deça ») avec celles de l’ancienne Haute Lotharingie et de la Bourgogne (fief français inclus dans la Francie occidentale de Charles le Chauve). Cependant, dans cette étude, nous ne devons surtout pas oublier que la tête pensante de cette géopolitique bourguignonne a été Isabelle de Portugal (ou Isabelle de Bourgogne), épouse de Philippe le Bon et mère de Charles le Hardi (dit le « Téméraire » en France). Isabelle de Portugal était la sœur du Prince Henri, dit « Henri le Navigateur », fils du roi du Portugal et de Philippine de Lancaster, princesse anglaise. Le Prince Henri (1394-1460) a fondé son école maritime, école géopolitique avant la lettre, à Sagres au Portugal, dans le but de créer les conditions requises pour le développement de flottes de haute mer et de mobiliser tous les savoirs pratiques disponibles pour pouvoir, à terme, contourner les empires musulmans et trouver de nouvelles voies vers l’Inde et la Chine. Yves Lacoste, fondateur de la revue Hérodote et pionnier de la redécouverte des théories géopolitiques en France à partir des années 1970, a consacré une bonne part de son livre sur l’histoire de la cartographie à la figure d’Henri le Navigateur et a ainsi démontré que ce prince fut l’impulseur premier de la conquête européenne du monde.

Isabelle de Portugal voulait poursuivre sa politique maritime et continentale à une époque où la France était sortie victorieuse de la guerre de cent ans et où l’Angleterre avait sombré dans une guerre civile entre les Maisons de York et de Lancastre. Philippe le Bon voulait, lui, retourner à une politique française parce que l’Angleterre semblait hors-jeu tandis que son épouse et son fils voulaient maintenir une ligne pro-anglaise contre Charles VII de France et son fils, le futur Louis XI. Finalement, la géopolitique bourguignonne débouchera sur une double alliance continentale, avec l’entrée en scène des Habsbourgs pour sauver les Pays-Bas de l’invasion française, ensuite avec la Castille et l’Aragon pour créer un bastion anti-français dans le sud de l’Europe, créant ainsi dans le delta des fleuves et dans la péninsule ibérique la fusion géostratégique rêvée par les marchands hanséatiques flamands du 12ème siècle. L’Empereur Charles-Quint règnera sur l’ensemble de ces terres rassemblées par son aïeul Charles, son bisaïeul Philippe et son arrière-grand-mère Isabelle et nous savons tous, Flamands comme Néerlandais, quel sort tragique les bas pays et l’Allemagne ont connu dans cette orbe impériale qui, hélas, ne fut jamais harmonisée.

Rey_Felipe_III.jpgSous Philippe III d’Espagne, fils de Philippe II que nous n’aimions guère, se déchaîne une véritable guerre mondiale entre les puissances réformées et les puissances catholiques, qui n’eut pas que l’Europe comme théâtre d’opération mais où les affrontements eurent également lieu en Afrique, en Amérique et, ce que l’on oublie généralement, dans les eaux de l’Océan Pacifique, considéré à l’époque comme un « océan espagnol ».  Sous le règne de Philippe III, tous les conflits d’ordre géopolitique, tous les conflits nés de la volonté des uns et des autres de maîtriser des sites stratégiques indispensables le long des voies maritimes ont émergé et sont parfois encore virulents aujourd’hui: plusieurs puissances non européennes de nos jours les activent encore régulièrement, notamment dans la Mer de Chine du Sud et entre les Philippines et les côtes de la Chine continentale. Une étude de cette période, dont nous ne nous souvenons plus sauf peut-être l’épisode du siège d’Ostende, s’avère nécessaire pour comprendre la situation géopolitique des bas pays car leurs provinces méridionales faisaient partie, volens nolens, de cet empire espagnol et devinrent, au cours des innombrables affrontements durant le règne de Philippe III et de ses successeurs, ce que les historiens anglais nomment aujourd’hui la fatal avenue, le « corridor fatal », où passaient et s’affrontaient les armées.

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La bataille de Rocroi (1643) fut la dernière bataille des fameux tercios espagnols, où ils ont appliqué leurs techniques de combat, auparavant imparables. Ils furent battus mais leur sacrifice ne fut pas inutile. Ils y ont rudement éprouvé l’ennemi, si bien qu’il a été impossible aux Français de marcher sur Bruxelles après le choc. Il n’existe qu’une seule brochure sur la « géopolitique du Nord-Ouest » (de l’Europe), qui expliquent les motivations géographiques des belligérants sur ce territoire, notamment au temps de cette bataille de Rocroi. Elle a été écrite par un homme qui est demeuré totalement inconnu, un certain J. Mercier, qui l’a rédigée pendant la seconde guerre mondiale sans s’orienter sur une politique pro-belge ou pro-allemande. Pour lui, les Pays-Bas du Sud sont composés de trois parties du point de vue géopolitique : la Flandre occidentale, à l’ouest de l’Escaut et de la Lys ; le centre qu’il appelle « l’espace scaldien » parce qu’il se situe entre le cours de l’Escaut et celui de la Meuse ; et, enfin, le glacis ardennais à l’est de la Meuse. La dynamique qui articulait ce triple ensemble était la suivante :

  • La Flandre occidentale était une région qui servait aux Français à encercler, le cas échéant, le centre (« l’espace scaldien ») ; c’est la raison pour laquelle la France de Louis XIV a, un moment, annexé Furnes, Ypres et Ostende ;
  • Le centre était considéré, normalement, comme l’objectif le plus important de toute conquête éventuelle de l’ensemble des Pays-Bas Royaux ou espagnols, parce que Bruxelles et Anvers s’y trouvaient ;
  • Le glacis ardennais était un espace de réserve qui, après Rocroi, a accueilli les troupes vaincues du Colonel Fontaine (« de la Fuente » dans certaines sources espagnoles) pour les joindre à celles d’un autre colonel espagnol, von Beck, commandant des tercios allemands et luxembourgeois, prêt à lancer une nouvelle offensive contre les vainqueurs.

meusegéo.jpgLa Meuse est un axe de pénétration géostratégique dans la direction d’Aix-la-Chapelle, capitale symbolique du Saint-Empire : ce qui explique les tentatives répétées de Richelieu pour acheter la neutralité de la Principauté épiscopale de Liège et l’entêtement des Néerlandais du Nord, et plus tard des Prussiens, de conserver la place forte de Maastricht, de la soustraire aux Français ou à une Belgique qui serait inféodée à la France. La brochure de J. Mercier est un survol assez bref de la situation géopolitique des Pays-Bas et, plus particulièrement, de la fatal avenue, que leur portion méridionale allait devenir au cours de l’histoire. Le contenu de cette brochure mériterait d’être étoffé de bon nombre de faits historiques sur la période bourguignonne, sur le régime espagnol du Duc d’Albe à 1713, sur la période autrichienne au 18ème siècle et sur les stratégies défensives au temps des conquêtes de la France révolutionnaire, jusqu’à l’ultime bataille de Waterloo en juin 1815.

Dans la production littéraire et historiographique du mouvement flamand existe un gros volume, aujourd’hui oublié, dû à la plume de Maurits Josson et datant de 1913 ; cet ouvrage copieux et dense récapitule toutes les batailles qui ont été livrées pour contenir, avec des fortunes diverses, les invasions venues du Sud. Le livre a été publié juste avant la mort de Josson et le déclenchement de la première guerre mondiale. Josson était une figure intéressante de son époque, de la Belgique d’avant 1914 : il devint célèbre comme reporter pendant la guerre des Boers en Afrique du Sud, devenant dans la foulée un critique virulent de l’impérialisme britannique dans le cône austral du continent noir. Son étude en trois volumes de la révolte belge de septembre 1830 (« de Belgische Omwenteling ») et de ses prolégomènes mérite toute notre attention si nous voulons approfondir la géopolitique des Pays-Bas du Sud. Son livre sur « la France comme ennemis pluriséculaire de la Belgique » a été écrit, notamment, quand sévissaient de houleux débats dans le parlement belge sur la question des chemins de fer entre Bruxelles et Liège et entre Liège et l’Allemagne. Les Français avaient exercé une pression économique et menacé la Belgique de guerre si les chemins de fer et l’industrie belge de l’acier étaient reliés aux lignes ferroviaires allemandes, donc à la région de la Ruhr, et si la ligne Cologne-Liège était prolongée jusqu’à Bruxelles et Anvers. Nous retombons ici dans une problématique toute actuelle : la construction de chemins de fer et l’établissement de communications terrestres, ajoutant de la qualité à un espace, quel qu’il soit, suscitent encore et toujours la méfiance, notamment, aujourd’hui, à Washington parce que les politiques de développement en ces domaines viennent désormais de Chine. Ici, une fois de plus, Richard Henning, a raison dans sa méthode : l’organisation de toutes formes de réseaux de communication détermine la géopolitique d’un pays et aussi les réactions de ses ennemis, même s’ils appartiennent à la même « race ».

Day-of-the-Saxon-1.jpgImmédiatement avant la première guerre mondiale, en 1912, meurt une autre figure importante de la pensée géopolitique concernant nos régions : Homer Lea, auteur de The Day of the Saxon. Lea avait été un élève handicapé de West Point qui avait su maîtriser avec brio toutes les disciplines théoriques de sa célèbre école militaire mais ne pouvait évidemment pas servir sur le terrain, au sein d’un régiment, vu son pied bot. Il fut actif en Chine pour soutenir le mouvement modernisateur de Sun Ya Tsen dans l’espoir de faire éclore une alliance durable entre l’Empire du Milieu, devenu république moderne, et les Etats-Unis. Son livre me parait, à moi comme au stratégiste suisse Jean-Jacques Langendorf, aussi important que le texte de Mackinder où le géographe écossais esquisse la dualité terre/mer et jette les fondements de la géostratégie globale des puissances anglo-saxonnes. Dans The Day of the Saxon, Lea explique comment la Grande-Bretagne et les Etats-Unis doivent, en toutes circonstances, empêcher la Russie de dépasser la ligne Téhéran/Kaboul. L’état actuel de conflictualité diffuse entre la telluricité russe et le thalassocratisme anglo-saxon depuis 1979, qui a commencé dès l’intervention soviétique en Afghanistan, est donc une application du précepte préconisé par Lea dans son livre, puisque l’Armée rouge de Brejnev avait franchi cette ligne fatidique. Pour ce qui concerne les Pays-Bas, les Low Countries, Lea a esquissé, bien avant les coups de feu de Sarajevo, les raisons d’une future guerre anglo-allemande, que Londres, à ses yeux, devait impérativement mener : les côtes de la Hollande, de la Belgique et du Danemark ne peuvent en aucun cas tomber entre les mains des Allemands et les « Saxons » doivent s’apprêter à défendre la France contre l’Allemagne pour que les ports de Dunkerque et de Calais ne soient pas occupés par la Kriegsmarine et pour que les armées du Kaiser ne prennent pas pied en Normandie sur les côtes de la Manche. Il était évident, dès lors, que l’Angleterre allait combattre l’Allemagne si celle-ci violait la neutralité belge ou néerlandaise. Pour la Belgique, une telle violation, en fait, n’avait guère d’importance puisque, de facto, elle faisait partie de la Zollunion allemande, de même que les Pays-Bas. A la limite, elle pouvait récupérer les départements du Nord et du Pas-de-Calais, perdus depuis le 17ème siècle. En revanche, pour le Congo, c’était une autre histoire : le Roi Albert I ne pouvait accepter le transit des troupes allemandes vers la France car, dans ce cas, les Anglais auraient immédiatement occupé le Congo et plus particulièrement le Katanga, tout simplement parce que cette province, riche en mines de cuivre, formait surtout un obstacle territorial au grand projet de Cecil Rhodes, celui de relier le Cap au Caire par une même ligne de communications terrestres. Il y avait aussi un précédent que méditaient les chancelleries : les colonies hollandaises du Cap, de l’Ile Maurice et de Ceylan avaient été envahies et annexées au moment où Napoléon Bonaparte avait transformé les Pays-Bas du Nord en une série de départements français, prétextant que le territoire de la Hollande était français puisqu’il provenait d’alluvions de fleuves français.

Pour résumer la problématique :

Les Français veulent contrôler le Rhin et utiliser le cours de la Meuse pour réaliser un des objectifs éternels de leur politique : être présents en Mer du Nord, au nord du Pas-de-Calais, ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire, puisque le Comté de Flandre, initialement fief français qui leur donnait accès à cette mer tant convoitée, s’est toujours montré rebelle et rétif.

bimrgg.jpgLes Allemands veulent contrôler les côtes de la Mer du Nord et, éventuellement, celles de la Manche ; pendant la première guerre mondiale, ils développent considérablement les infrastructures des ports flamands d’Ostende et de Zeebrugge ; leur objectif est donc de déboucher également dans la Manche pour avoir meilleur accès à l’Amérique. C’était déjà le but de Maximilien de Habsbourg, époux de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Hardi dit le Téméraire, à la fin du 15ème siècle, avant même la découverte du Nouveau Monde par Colomb ; Maximilien avait voulu contrôler la Bretagne, excellent tremplin vers l’Amérique, en en épousant la duchesse et en liant cette péninsule armoricaine aux Pays-Bas.

Les Anglais ne voulaient à aucun prix qu’Anvers, Flessingue et le « Hoek van Holland » ne tombent aux mains des Français ou des Allemands car la possession de ces ports par une puissance dotée d’un vaste hinterland continental est, pour eux, un cauchemar, celui de voir, comme au 17ème siècle, un nouvel amiral de Ruyter partir d’un port néerlandais pour atteindre Londres en une seule nuit (au temps de la marine à voiles). Les Pays-Bas, du Nord comme du Sud, doivent donc demeurer divisés et « neutralisés », c’est-à-dire ne rejoindre aucune alliance trop étroite avec la France ou avec l’Allemagne, selon l’adage latin Divide ut impera, que l’Angleterre conquérante n’a jamais cessé de vouloir concrétiser, partout sur le globe.

J’ai esquissé, trop brièvement, j’en ai bien conscience, le cadre initial, au départ duquel nous devons articuler nos réflexions d’ordre géopolitique, en récapitulant les voies globales qui furent jadis ouvertes à partir de notre espace, défini par Pye : vers l’Atlantique Nord en suivant les bancs de morues, vers l’Arctique à partir de la découverte, par les Scandinaves, des Iles Svalbard, porte d’entrée de l’Arctique, vers tous les comptoirs de la Hanse et, par la Manche, vers les ports de la partie septentrionale de la péninsule ibérique et du Portugal et, de là, à partir de la découverte de l’Amérique par Colomb, vers l’Amérique du Sud et l’Antarctique, sans oublier le désir des Croisés, des Ducs de Bourgogne et des Rois d’Espagne de rouvrir les routes de la soie, maritimes et terrestres vers la Chine, en ancrant une présence hispano-habsbourgeoise dans le Pacifique, ce que n’ont jamais omis non plus les futurs Etats contemporains de nos Pays-Bas divisés, en Insulinde par le biais de la colonisation nord-néerlandaise, en Chine et au Japon par la voie d’une diplomatie belge, du moins quand elle n’était pas encore totalement inféodée à l’atlantisme, incluse dans le « Spaakistan » comme le rappelle le Prof. Rik Coolsaet de l’Université de Gand.

Donc les questions qui se posent à nous aujourd’hui sont les suivantes :

  • Devons-nous participer ou non à une nouvelle dynamique qui se dessine en Europe centrale et en Europe orientale et cela, sans aucune limite ?
  • Devons-nous participer à l’élaboration de nouvelles voies de communication, selon le projet chinois de la « Route de la Soie », tout en tenant compte du fait bien évident que les ports de Rotterdam et d’Anvers sont les ports les plus importants qui réceptionnent de nos jours les marchandises importées de Chine et, simultanément, les ports les plus importants d’où partent les marchandises européennes exportées vers la Chine, situation qui se confirmera, a fortiori quand la route arctique sera bientôt ouverte ?
  • Devons-nous encore et toujours dépendre mentalement de l’idéologie occidentale, qui nous empêche, de commercer normalement avec la Russie, qui fut, pour la Belgique, le principal partenaire commercial avant 1914, qui a fait de la Belgique un pays très riche avant le cataclysme de la première guerre mondiale ?
  • Devons-nous opter avec l’Amérique, une Amérique avec ou sans Trump, pour l’isolement atlantique au détriment de toute coopération eurasiatique ?
  • Devons-nous développer une géopolitique originale, pour le bénéfice de nos bas pays, où l’historien et le géopolitologue doivent coopérer pour additionner tous les faits qui, au fil des siècles, se sont avérés positifs pour nos régions et pour vulgariser ces perspectives innovantes de façon à ce qu’elles se diffusent dans la population et chez les décideurs ?
  • Devons-nous nous souvenir ou devons-nous oublier que nous fîmes partie de l’Empire de Charles-Quint et, du moins pour les Pays-Bas du Sud, de l’empire espagnol en Amérique et dans le Pacifique, sous les règnes de Philippe III, Philippe IV et Charles II, et que nous fûmes actifs sur toutes ces parties du globe, en n’oubliant pas non plus que le Père Ferdinand Verbist fut le principal ministre de la Chine du 17ème siècle ?
  • Devons-nous oublier et abandonner ce tropisme chinois qui fut toujours, tacitement, un désir fécond de la politique et de la diplomatie belges ?
  • Devons-nous aussi oublier que nous avons tous vécu de formidables aventures en Indonésie, dans le Pacifique et dans les Amériques, que ce soit sous la bannière catholique ou réformée et que nous avons été des acteurs féconds dans tous les coins du monde (cf. : « Vlaanderen zendt zijn zonen uit ») ?

Voilà donc les questions que nous devons nous poser, auxquelles nous devons répondre, positivement et activement, tant que nous sommes en vie, tant que nous sommes actifs pour le bien-être de nos peuples.

Je vous remercie pour votre attention.

Robert Steuckers,

17 novembre 2018.

Sur le même sujet, à lire: http://robertsteuckers.blogspot.com/2018/06/geopolitique-de-la-belgique.html

 

 

vendredi, 23 novembre 2018

Zwarte Piet: The Face of National Resistance in The Netherlands

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Zwarte Piet: 
The Face of National Resistance in The Netherlands

In The Netherlands we have an annual tradition called Sinterklaas, which is a colloquial expression that signifies the celebration of a Christmas-like holiday named after St. Nicholas, a Byzantine bishop and saint from Anatolia, famous for his charity to children. The actual roots of the holiday go farther back to pagan traditions celebrating Yule and the coming of winter. The fatherly, horse-riding saints and the bearded Father Christmas with his sleigh are, in the end, all Christianized versions of Odin. Nordic and Germanic countries generally all celebrate this Odin-like figure and his holiday, of which Christmas is one, Sinterklaas another, and Krampus a third. In the same vein, Sinterklaas is also connected to the Austrian Krampus celebration. Both Sinterklaas and Krampus feature a bearded bishop accompanied by servants who bring gifts to children. In Krampus’ case, the servants are demons who hunt the naughty children. At Sinterklaas, Zwarte Piet (“Black Pete”) performs the same role. He hands out punishment to the naughty children, and candy and presents to the well-behaved children.

Zwarte Piet, unlike the demon Krampus, is a caricature of a negro (note that neger, or negro in English, is still a commonly used term for blacks in The Netherlands). He is always played by white men or women in blackface, featuring thick red lips, large golden earrings, a curly wig, and a funny accent, dressing like a sixteenth-century page. It couldn’t be more obvious that he is a caricature of a black man. Civic nationalists steadfastly deny that this is so, however, and insist that it is just chimney soot and colonial garb, and that people shouldn’t complain so much about racism, anyway. Truth be told, it probably was just a modification of Krampus to suit the Dutch colonial epoch; but yes, it is a caricature of a black slave.

Obviously, in our Americanized public discourse, given that Europe today is a cultural slave to America, this became a problem. Black activists started complaining that Zwarte Piet was a racist caricature offensive to “Dutch people of African descent.” In 2013, the United Nations ruled that it was a problematic tradition and should be changed. And since 2013, a debate is ongoing about Zwarte Piet every year, lasting from November until mid-December, when Sinterklaas is celebrated.

Strangely, this issue of removing blackface from an ancient children’s holiday became a robust redoubt for the defense of nationalism. When polled, eighty percent of Dutch people said that Zwarte Piet should not change. Every even vaguely nationalist or patriotic politician, media personality, actor, and academic declared themselves to be against changing Zwarte Piet. Whether conservative, libertarian, or populist, the Right was united on this issue. The Dutch could swallow mass migration, the legalization of gay marriage, a mosque on every street, a million Muslims in their country, increased crime, and increased taxes to fund the expanded welfare state – but this is where the Dutch drew the line. We will keep our blackface, and no foreign institution, activist group, or lobbyist in the world will change our minds. If necessary, blackface will be defended with violence.

Last year during Sinterklaas, the ceremony marking Saint Nicholas’ entry into The Netherlands was to be held in Dokkum, a Frisian town in the north of the country. Traditionally, a different town is selected every year for Saint Nicholas’ “official” entry. It has to be a coastal town, because he arrives by steamboat. The anti-Zwarte Piet discussion had been ongoing for four years by that point, and several activist groups had emerged whose aim was banning Zwarte Piet: “Kick Out Zwarte Piet” (KOZP), “Graauwe Eeuw” (Grey/Grim Century, a play off of the Golden Century, the era when the Dutch were the preeminent European naval and colonial power), “Stop Blackface,” and “New Urban Collective.” These groups were all set up and led by blacks, most of whom were recent arrivals from Africa to boot. Of these groups, KOZP is the most prominent, and I will use their name to refer to all the anti-Zwarte Piet black activists generally.

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KOZP announced that they would demonstrate in Dokkum against Zwarte Piet, and at the same time one of the leaders of Graauwe Eeuw made death threats against the actor playing Saint Nicholas. He said he wished to see “blood and bone splinters rain upon the children in attendance.” The local Frisians decided they weren’t about to let this happen, so on the day of the event, some fifty locals blocked the highway to Dokkum with their tractors and cars, preventing KOZP from entering the town and allowing the celebrations to carry on as usual. The media was scandalized, while the common man heralded them as heroes.

The locals involved were all charged with blocking a highway and endangering traffic. In a highly politicized trial, a dozen or so of the Frisians were tried and convicted, and given comparatively heavy sentences. These snelwegblokkeerders have become folk heroes. At their trial, several hundred people showed up to support them, including politicians of the PVV (Geert Wilders’ party) and some prominent Right-wing journalists. The instigator of the blockade, a local businesswoman, was given a month in jail and two hundred forty hours of community service. In comparison, a Polish drunk driver who killed two people at a zebra crossing last year got only one hundred ten hours of community service.

The trial was held less than two weeks before Sinterklaas 2018 and became a huge media spectacle. Tensions were high given that it coincided with the revival of the usual debate about Zwarte Piet during the 2018 holiday season. In the last few weeks, over three hundred thousand euros has been crowdfunded to support the convicted Frisian snelwegblokkeerders.

And then it was time for Sinterklaas 2018. Last Saturday, November 17, was the beginning of this year’s celebration. As usual, an actor dressed as Saint Nicholas with a host of Zwarte Piet helpers sailed into The Netherlands on a steamboat. This year, the town to receive the official Saint Nicholas was Zaanstad. Most towns and even small villages who host the event hold a parade for Saint Nicholas and his helpers. The KOZP announced that they would hold demonstrations against the event in eighteen towns and cities. The news spread like wildfire, and many nationalist groups announced counter-actions, mostly dressing up as Zwarte Piet to spite the Left and handing out candy and nationalist flyers to children. It was good optics.

But the bad optics started on the day itself. As I said, eighty percent of Dutch people support Zwarte Piet staying black. And this discussion has been ongoing for five years, with the common man on the side of Zwarte Piet, while the Left, the media, and minority activists oppose him. Anger has been growing on both sides. On the day, things escalated quickly. Loose coalitions of football hooligans, activists, and working-class men started fights with the KOZP demonstrators. I will list the most notable events of the day:

  1. In Rotterdam, people drove cars into the crowds of KOZP demonstrators and hurled fireworks, eggs, and stones at them. Football hooligans from Feyenoord FC got in fistfights with them. Police had to pull the two camps apart several times with their batons. Several people were hospitalized and others arrested.
  2. In Eindhoven, several hundred hooligans from PSV FC stormed a KOZP anti-Pieten demonstration of about fifty people, breaking through the police cordon and forcing the KOZP to take refuge in a police station, all the while pelting them with eggs and beer cans.
  3. In Leeuwarden, the locals attempted to break through a police cordon to get at the KOZP demonstrators, but they failed after police reinforcements arrived. In response, the locals paid an organ player to play Sinterklaas songs and loudly sang along to drown out the demonstrators.
  4. In The Hague, a KOZP demonstration began later in the day. Large groups of gathering football hooligans from ADO Den Haag intent on disrupting the protest were stopped by police cavalry charges.
  5. In Groningen, locals and football hooligans attempted to break through the police lines to get to KOZP demonstrators. Although unable to get through, they spent the day shouting in heated exchanges with the protesters.
  6. In Hilversum, a small KOZP protest was forced to flee to a police station after about one hundred fifty locals and hooligans arrived to chase them off the street.

There were other altercations that didn’t turn violent and were limited to verbal abuse in Den Helder, Tilburg, Amstelveen, and Hoorn. In total, sixty-two people were arrested and over a dozen hospitalized. Everywhere KOZP went, they were either forced to retreat or to rely on a strong police presence to remain. Thousands of ordinary Dutchmen mobilized throughout the country in a manifestation of spontaneous rage against the minority grievance industry that is spoiling their culture, traditions, and their children’s parties. The line had been drawn in the sand, and this is where the Dutch literally fought to keep their way of life.

For us Dutch etnonationalists, however, it is an odd spectacle. We of course aren’t opposed to Zwarte Piet. We support Zwarte Piet if only so that we can annoy the Left and the grievance industry. And we acknowledge that Zwarte Piet is in fact a caricature of a black man. On the other hand, we also don’t care that some are offended. They can go and be offended somewhere that isn’t in The Netherlands. But why is it this event that sparked blind fury among the common Dutchmen? Why not one of the myriad other problems caused by multiculturalism? We have been abused, dispossessed, burdened with taxes, beaten, robbed, and assaulted by all the joys of multicultural society for decades now – and this is the breaking point? Blackface on an actor performing for children?

My personal theory is that this was such a blatant case of anti-white activism, and combined so many facets of the anti-white crusade in it, that for the common man who intuitively senses that something is wrong – who doesn’t like multiculturalism, but can’t yet articulate the cause – now sees the culmination of several decades of his dispossession embodied in a single cause: the anti-Zwarte Piet movement.

Suddenly, it has all been revealed to him. The anti-white hatred. The enmity that his own institutions have for him. All the dimensions of white dispossession are present: the Leftist media siding with an aggrieved minority against the general populace, despite eighty percent opposing the change; an activist group of recent immigrants who openly hate whites and who are ungrateful for everything Dutch society offers them; a legal system that punishes the natives disproportionately while letting minorities off the hook; a very weak excuse to pass unpopular measures (“we need to make Zwarte Piet inclusive of children from all backgrounds”); and elitist Left-wing politicians denouncing the prevailing racism among the working class.

The native Dutchman sees this dishonesty and unfairness subverting his traditions, and he suddenly realizes, “Wait a minute, this is what they have been doing all along!” He grows furious; not even his child’s party is safe from them. Not even his own childhood memories. So there is the line in the sand. No more, they say. They pushed too far.

I therefore encourage the Left to continue to try and ban Zwarte Piet, and to take even harsher repressive measures against those who rioted on Saturday (which the Minister for Justice, Grapperhaus, has already announced). Those who defended Dokkum last year were put through a political show trial. In response, this year thousands of men stood up and decided to fight – in some cases physically – when it was necessary. Let the Left keep escalating. The Dutch are angry. If they want to make Zwarte Piet an icon of nationalist resistance against globalism and multiculturalism, then blackface will become an act of defiance in our country.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/11/zwarte-piet/

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jeudi, 18 octobre 2018

An Interview with Erkenbrand: Awakening Ethnic Consciousness in The Netherlands

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An Interview with Erkenbrand: 
Awakening Ethnic Consciousness in The Netherlands

Ex: http://www.counter-currents.com 

The Dutch identitarian group Erkenbrand will be holding its annual conference on November 3, with a list of speakers including Greg Johnson, Millennial Woes, George Hutcheson, and Fróði Midjord. In anticipation of this event, we have interviewed two of Erkenbrand’s organizers below. Tickets to the event may be purchased online here.

Guillaume Durocher: What is Erkenbrand? What do you stand for?

Erkenbrand: Erkenbrand is a Dutch think-tank and social network. We began working in 2016, just a few months before our first conference. Our initial group consisted mostly of students. We aren’t a formal group as such, but one can be “in” Erkenbrand, meaning that you can be vetted and trusted, which in turn allows you to come to our events and be invited to events that are not open to the general public. It also means you get access to our network, which can be helpful to you in various ways, whether in terms of employment, playing sports, finding a social circle in your town, or even finding fellow musicians to play with. Through us, you get access to a safe and vetted nationalist community.

We also focus on producing articles and videos on a variety of issues. You’ll find everything from videos explaining race, religion, and Traditionalism to a series on classical music, poetry, and book reviews of authors such as Alexander Dugin, as well as reviews of various events we attend and opinion pieces regarding current events in The Netherlands.

Ideologically, we are diverse. The only demand made of people in Erkenbrand is to be racially aware, to follow Traditionalist morality, and to be strongly nationalist. Due to this low barrier for entry, we have people of all ideological backgrounds: Christians – Catholic, Protestant, as well as Orthodox, pagans, anarcho-capitalists, socialists, third positionists, libertarians, Dutch nationalists, and Greater Germanists.

You might think this would cause constant strife, but we are all united by our race and our nation. The differences are paved over with a healthy dose of humor and banter, but are also kept in check by the knowledge that if we do not unite, we will all be defeated in turn. And our overall goal of a return to a traditional-minded society and a homogeneous nation is shared by all. Whether the ancap wants to legalize privately-owned nuclear weapons after that, or the socialist wants to pick a fight with the bourgeoisie, is of later concern.

GD: Having been to many Erkenbrand events, I can say that your audience is younger, more energetic, and more connected to the English-speaking Alt Right than is typical in Europe. What do you think is the explanation for this, given that you’re a Dutch movement?

EB: Well, for one, it has to do with the fact that Dutch people are very fluent in English. Ninety-one percent of Dutch people are able to conduct a simple conversation in English. The other nine percent are probably non-Western immigrants. Contrast this with the French, who absolutely refuse to speak English and are therefore in their own bubble, something which few people outside France know about. Most people reading this probably won’t know about magazines like Nouvelle École and Synergies Europeénes, or Websites like Démocratie Participative. The same goes for Germany. But these are also countries large enough to sustain diverse nationalist movements. The Dutch fluency in English lends itself to consuming foreign media, especially on mediums like YouTube. Many a redpill story I’ve heard involves YouTubers leading them down the path. And there is also very little alternative media in the Dutch language. Dutch political YouTubers can be counted on one hand. So the Dutch have to seek out such content elsewhere.

This explains the engagement with the American Alt Right. As for our members being younger and energetic, I think it has to do with the political climate here. Geert Wilders’ Party for Freedom (PVV) and Thierry Baudet’s Forum for Democracy (FvD) both poll at ten percent of the vote. The PVV says outright that it wants Islam banned, all mosques shut down, the Qur’an made illegal, and all criminal Muslims deported. Wilders even talks about us losing our country to immigrants. The FvD is less radical on Islam, but has been caught in scandals about race and IQ. Twenty percent of the electorate back these parties.

There was an outcry in the media when it was reported that Thierry Baudet had dined with Jared Taylor. Baudet’s reaction was remarkable in the sense that he didn’t denounce Taylor. He merely stated to the media that he was interested in people with interesting views different from his own. Trump showed us one way to deal with such accusations, Baudet another. Both confirm what our movement has suggested for years to those accused of thought crimes or implied guilt by association: that is, never apologize.

Added to that, there is a climate on Dutch social media which generally tolerates quite radical Right-wing opinions. No one here has ever been arrested or convicted for hate speech. Only Wilders has been convicted for incitement after calling for there to be fewer Moroccans in The Netherlands. So people are fairly free to express themselves. There are also media outlets that have capitalized on this freedom. Online news sites like De Dagelijkse StandaardGeenstijl, and The Post Online (TPO) have become quite popular on Dutch social media. They make a decent living by bashing Islam, being vaguely nationalist, and attacking the Left. TPO is even willing to discuss replacement migration and Marxist power in institutions, topics that the FvD also brings up frequently. These media outlets all backed Stef Blok, our Minister of the Interior, after statements of his were leaked in which he said that multiculturalism is a failure, that people are tribal by nature and want to be among people who look like them, and that this is probably racially determined.

But as for the real “/ourguys/”? The biggest is probably Fenixx, which gets one hundred thousand visitors a month. They are a news site that reports on the news from a hard-Right perspective, and they occasionally translate pieces from Counter-Currents and repost Erkenbrand articles. They are in fact willing to be more radical even than we are on some points. Then, of course, there is our own site, Erkenbrand, which also has an English-language section, and our YouTube channel. We mainly publish essays, policy ideas, and generally Right-wing cultural and historical material.

Other than these two in the Dutch language, there is mainly Flemish alternative media: SceptrReactTeKoS, and some others. There is also a host of Zionist counterjihad blogs and sites in Dutch, but they really aren’t worth mentioning. This is an affliction of the Dutch Right in general. Though the Dutch Right is becoming increasingly racially aware and chauvinistic, this seems to always go hand in hand with diehard Zionism. It’s not uncommon to see Dutch tweets calling for revolution and closed borders, from an account with both a Dutch and an Israeli flag in its username. We call these bitterbalnationalistenl, emotional people who aren’t very ideologically educated, who are prone to violent outbursts, and who operate merely on an “Islam = bad” level.

So, yes, there are parties and media outlets which have talking points which resemble those of the Alt Right. But we also have academics here who have taken anti-immigration and anti-Marxist positions. Dr. Paul Cliteur derides Cultural Marxism in several of his books. Dr. Jan te Nyenhuis discusses race and IQ (and gets published on TPO), and Dr. Jan van de Beek talks about demographics and how immigration is replacing the native population.

In this political climate, Erkenbrand doesn’t really look out of place. Many talking points we have are already being spread by people far more mainstream than us. Political parties, academics, media institutions, and government ministers spread them. And the people who hear these, as well as the more international Rightist YouTubers and Websites, become convinced that we are correct and want to do something. And so they come to Erkenbrand.

GD: You came under a lot of pressure last year as a result of massive media scrutiny and attacks, yet you have pulled through. What explains your success?

EB: Again, the political climate helps. There are too many talking heads and two popular parties that would take serious umbrage to British-style repression of nationalists. Recently, Schild & Vrienden, who are from Flanders, our southern neighbor, received similar treatment in the form of a media hit piece. With us, it was just that: a media hit piece that doxxed several people. S&V in Flanders are under investigation as a supposed terrorist group – a ridiculous claim – and have been the subject of weeks of media spin in the Flemish press. You can compare it to what happened to National Action in the UK. That is unlikely to happen here, because a substantial section of the public would find it heavy-handed and excessive.

Erkenbrand also prevails because we operate very carefully. We thoroughly vet every applicant, we don’t announce most of our events publicly, and most of our activities are only known to members. This is necessary, because there are still social consequences – if not legal ones – for having hardline nationalist and Traditionalist opinions. Several of our members were doxxed by antifa in collaboration with the Left-wing media last year, and they got into a lot of trouble socially and professionally. Several were unfortunately forced to quit the movement entirely.

We all realize the risk involved in being a nationalist activist. But someone must bite the bullet and be the vanguard. And we can’t just merely stand on the sidelines as we lose our country to foreigners, perverse Marxists, and corrupt elites. So what explains our success? Determination and a sense of duty among our members, I would say.

GD: We have seen a lot of progress in Europe in recent years, from the Visegrád countries’ rebellion against the European Union to nationalists coming to power in Austria and Italy. Do you think we could also see a breakthrough in The Netherlands?

EB: No. Though there is growth, certainly. Twenty percent of the vote for quite radical parties is substantial, and our ruling Liberal Party (which is very similar to the GOP in outlook) has been forced to move to the right on immigration. But there is no chance of a real Right-wing government à la Salvini. Everything here is dependent on coalitions. There are a dozen parties in Parliament, and the biggest party, the Liberals, have thirty-three seats out of one hundred fifty; the second-biggest, the PVV, has twenty. Other parties have even fewer seats. It’s very divided, and getting more and more so. A coalition takes three to four parties at minimum, and no one will work with Geert Wilders. So it’s impossible for there to be a Right-wing government for the foreseeable future.

What we do have is growing grassroots support for the Right, and in particular the Alt Right. Slow and steady wins the race, really. The Overton window is shifting rapidly here.

samedi, 08 septembre 2018

Baas in eigen huis: voorstel tot aanpak van het vreemdelingenvraagstuk

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Baas in eigen huis: voorstel tot aanpak van het vreemdelingenvraagstuk

Bij de benadering van het vreemdelingenvraagstuk is het allereerst van het grootste belang te benadrukken dat, ondanks alle wrijvingen die door het ‘multiculturalisme’ worden veroorzaakt, de vreemdelingen die legaal in ons land wonen en die zich ook verder aan de wet houden, niet onze vijanden zijn.

Onze eigenlijke vijand is de op hol geslagen elite, die aangedreven wordt door een giftig brouwsel van een blank schuldcomplex, valse sentimentaliteit, goedkope liefdadigheid, het kapitalistische streven naar lagere lonen en het socialistische gekonkel om meer stemmen. De elite zou in staat zijn de immigratie tegen te gaan, zoals in Polen, Denemarken of Hongarije. Het heersende klasse doet echter precies het tegenovergestelde: ze jaagt juist de immigratie aan. De regenten dragen dus de volle verantwoordelijkheid voor het multiculturele drama. Zij zijn de uiteindelijke veroorzaakers van het gevoel van ontheemding bij de Nederlanders, maar ook bij de vreemdelingen, die in ons land wel wat geld maar geen echt thuis vinden.

De vreemdelingen in ons land beschouwen wij dus niet als vijanden. Wij beschouwen hen als gasten, zij het dan meestal ongenode gasten. Voor zover zij zich als goede gasten gedragen verdienen ze ons respect. Een goede gast probeert niet stiekem zich de spullen, de dochters en het huis van zijn gastheer toe te eigenen. Een goede gast past zich aan aan de huisregels en respecteert zijn gastheer. Hij stelt zich bescheiden op, en betoont zich dankbaar voor het gedeelde onderdak en het gedeelde eten. Van de vreemdelingen mogen we bijvoorbeeld verwachten dat ze zich netjes gedragen, werken voor hun eigen kost en bijdragen aan ‘het gemeenschappelijke huishouden’.

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Tegenover goede gasten willen wij ons gedragen als een goed gastheer - met hoffelijkheid, respect en gastvriendschap waar mogelijk, maar ook met duidelijke leefregels en strenge maatregelen waar nodig. Voor zover de vreemdelingen zich weigeren zich op te stellen als goede gasten, streven wij ernaar dat zij vertrekken. Dit kunnen we stimuleren met vertrekpremies, gefinancierd uit de besparingen op huisvesting, zorg en onderwijs die we door hun vertrek mogen verwachten.

Verder is het noodzakelijk niet al onze gasten over één kam te scheren. We willen de fouten van linksig denken vermijden. Links denken is erg kinderachtig, met alleen absolute categoriën, zonder oog voor de variatie die de realiteit kenmerkt. Zo beweert links bijvoorbeeld dat Amerika een land van immigranten is, en dat daarom alle immigranten welkom zijn. Ze laten daarbij weg dat Amerika is opgebouwd door Europese immigranten. Het is kinderachtig te denken dat de immigratie van een Engelsman hetzelfde betekent voor een land als die van een Zimbabwaan, omdat ze allebei 'immigrant' zijn.

Als nationalisten moeten wij dus erkennen dat er heel wat verschillen zijn  tussen de groepen vreemdelingen die zich in ons land hebben gevestigd.   Een arme Indische weduwe die na de onafhankelijkheid van Indonesië naar Nederland vluchtte is niet hetzelfde als een asielfraudeur. Een hardwerkende Chinese restauranthouder die zijn leven lang netjes belasting heeft betaald is niet hetzelfde als een terugkerend jihadist. Een brave Surinaamse moeder die haar leven lang bejaarden heeft verzorgd is niet hetzelfde als een dubbelpaspoortige drugscrimineel. Elke groep moet dus benaderd worden volgens zijn eigen kenmerken en moet overeenkomstige rechten en plichten worden toegekend.

We kunnen ruwweg vijf groepen onderscheiden:

  1. Ex-kolonialen

Deze groep bestaat uit Indiërs, Chinezen, Molukkers, Surinamers en Antillianen. Zij die uit de vroegere Nederlandse overzeese gebiedsdelen voor en rond de onafhankelijkheid naar Nederland zijn gekomen, hebben vanwege historische verplichtingen een onvoorwaardelijk verblijfsrecht. Als zij zich niet volledig willen assimileren moeten zij de mogelijkheid krijgen om als afzonderlijke gemeenschappen te blijven leven in Nederland met eigen rechten, faciliteiten en wijken. Zij kunnen ook gebruik maken van de vertrekpremie.

  1. Gastarbeiders en arbeidsmigranten

Als de mensen in deze groep werkloos, arbeidsongeschikt of gepensioneerd raken moeten zij terugkeren naar hun eigen land, vergezeld van hun families. Daarvoor krijgen zij een passende vertrekpremie.

  1. 'Vluchtelingen'

Een zeer groot gedeelte van de mensen die zich hebben gemeld als vluchteling heeft tegen de redelijkheid en de (inter)nationale wetgeving in een verblijfsstatus in Nederland gekregen. De leden van deze groep worden nauwgezet opnieuw beoordeeld. Indien te licht bevonden moeten ook zij en hun familie terug naar hun eigen land met een redelijke vertrekpremie.

  1. Redelijk geassimileerden

Dit betreft mensen binnen de voorgaande groepen die door familiebanden en arbeidsverleden nagenoeg streeploos zijn opgegaan in de Nederlandse samenleving. Zij zullen een procedure moeten ondergaan tot volledige assimilatie. Voor niet-westerse vreemdelingen zullen echter strenge assimilatie eisen gelden, zoals een nieuwe Nederlandse voor- en achternaam, een bewezen christelijke of humanistische identiteit, een volmaakte kennis van de Nederlandse taal en een voorbeeldige levensloop.

  1. Kwaadaardige gasten

Deze groep betreft vreemdelingen die willens en wetens hun gaststatus hebben verspeeld: terroristen, extremisten, criminelen, fraudeurs en zedendelinquenten. Zij moeten ongeacht hun verblijfsstatus zonder pardon worden gedeporteerd.

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Na afloop van dit programma zullen een aantal vreemdelingen in ons land als gasten overblijven. Dit zullen met name ex-kolonialen, werkende gastarbeiders en een aantal échte vluchtelingen zijn. Zij kunnen blijven op basis van soevereiniteit in eigen kring, zoveel mogelijk met eigen rechten, eigen voorzieningen, eigen verzekeringen en - voor zover men dat zelf wil - eigen woongebieden. Zo kunnen zij in Nederland opteren voor het vasthouden van hun eigen identiteit. Vrijwillige segregatie dus. Remigratie, assimilatie maar ook deportatie blijven echter mogelijk.

Dit is dus het vier-punten programma van IDNL ten aanzien van het vreemdelingen vraagstuk: (a) onverbiddelijke deportatie voor de wolven in onze schaapskooi, (b) nette remigratie voor vreemdelingen die niet (meer) kunnen of willen werken, (c) vrijwillige segregatie voor vreemdelingen die hier voor zichzelf willen zorgen en zichzelf willen blijven en (d) assimilatie voor een selecte groep verdienstelijke vreemdelingen.

jeudi, 06 septembre 2018

Cultuurmarxisme - Essaybundel van Paul Cliteur e.a.

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Cultuurmarxisme

Essaybundel van Paul Cliteur e.a.

door Johan Sanctorum

Ex: https://doorbraak.be

Het is duidelijk dat er een nieuwe intellectuele wind waait in de lage landen, met een reeks denkers/auteurs die het zinkende eiland van de politieke correctheid verlaten hebben. Een aantal van hen ontmoeten we in de nieuwe essaybundel ‘Cultuurmarxisme’, samengesteld door filosoof-jurist Paul Cliteur.

CM-PC.jpgHet probleem van zo’n essaybundel, waarin we naast Cliteur namen terugvinden als Sid Lukkassen, Maarten Boudry, Derk Jan Eppink, en Wim van Rooy, is uiteraard de consistentie en de overlappingen. Soms krijg je wel eens een déjà-lu, ofwel tegenspraken waarvan je denkt: hadden ze dat niet beter eens uitgeklaard. Toch is het een interessante caleidoscoop van meningen en invalshoeken geworden, die ingaat op het fenomeen van de politieke correctheid, met de term cultuurmarxisme als sleutel. Ons artikel van woensdag j.l., ‘Het grote gelijk van links’, was daar een goede aanloop toe: een lectuur van een Knack-column getekend Bert Bultinck, die alle ‘witte’ Vlamingen per definitie als racisten beschouwt, uitgezonderd zichzelf allicht. Wat hem meteen de status geeft van moreel rechter, therapeut, zelfs orakel.

Betutteling van minderheden

Waarover gaat cultuurmarxisme? Over de manier hoe links via de media en de culturele instellingen haar eigen gelijk steeds weer te voorschijn goochelt. Journalisten, schrijvers, artiesten, culturo’s… allen behoren ze tot een nomenklatura die zichzelf in stand houdt als elite die onderdrukt, censureert, terwijl ze beweert voor vrijheid, democratie en emancipatie te gaan.

Niet langer was de klassenstrijd het ordewoord, wel de fameuze Lange Mars door de Instellingen.

Historisch is de term onverbrekelijk verbonden met de theorieën van de Italiaanse communist Antonio Gramsci (1891-1937), die vaststelde hoe links de greep op de arbeiders – die massaal naar de partij van Mussolini overliepen- verloor, en zich genoodzaakt zag het geweer van schouder te veranderen. Sid Lukkassen beschrijft die ommekeer op pittige en goed gedocumenteerde wijze. De nagestreefde culturele hegemonie van het Marxisme 2.0 stelde zich tot doel het volk van zijn vals bewustzijn (sic) te bevrijden door de media en de cultuurwereld te monopoliseren en van daaruit de revolutionaire waarheid te propageren. Niet langer was de klassenstrijd het ordewoord, wel de fameuze Lange Mars door de Instellingen. Een verschuiving van economie naar cultuur dus, via een soort Trojaansepaarden-tactiek.

Daardoor verloor het originele socialisme zijn band met het volk, en tendeerde de linkse doctrine naar een universele slachtoffercultuur: alle mogelijke minderheidsgroepen of benadeelden (vrouwen, allochtonen, holebi’s…) worden het fetisj van een intellectuele minderheid die haar getalmatige minoriteit wil omzetten in morele superioriteit. Of zoals Maarten Boudry het uitdrukt: ‘… de doorgeschoten verheerlijking van ‘diversiteit’ en de betutteling van minderheden, die ontaardt in een soort ‘Olympisch Kampioenschap van Slachtofferschap’. Zo ontstond een ‘surrogaat-proletariaat’ terwijl de werkende klasse massaal naar (centrum-)rechts overliep en de pococratische dogma’s weghoonde, wat de linkse elite nog meer in de rol van eenzame wereldverbeteraar duwde. Het is een vicieuze cirkel, een zelfversterkend mechanisme.

Advertentie

Hoewel wij het cordon hebben, manifesteert politieke correctheid zich in Nederland als sociaal fenomeen misschien nog extremer dan in Vlaanderen. Denk maar aan de jaarlijks terugkerende Zwartepietendiscussie en de spandoeken van groenlinks die de Syriëgangers verwelkomen. Udo Kelderman gaat daarbij specifiek in op die Nederlandse Zwartepietenkwestie en het dwangmatig refereren aan de slavernij: alle kleurlingen die in Nederland rondlopen zijn zogenaamde ex-slaven, wat de autochtoon in de rol van ex-slavendrijver duwt en dus schuldig aan misdaden tegen de menselijkheid. Door die paranoïde stigmatisering, ook gesignaleerd door Sebastien Valkenberg en Puck van der Land, manoeuvreert links zich in de rol van geweten-van-de-natie, waarbij tal van samenlevingsproblemen rond bijvoorbeeld migratie gewoon worden weggeblazen. Wie er toch aandacht aan besteedt, hoort bij fout-rechts en verliest alle intellectuele credibiliteit. Zo heb je natuurlijk altijd gelijk.

Totalitaire tendensen

De uitbouw van een sterke bureaucratie met repressieve tentakels die de burger bij de les moeten houden.

Een consequentie van het cultuurmarxisme, dat zweert bij de bovenbouw en de instellingen, is tevens de uitbouw van een sterke bureaucratie met repressieve tentakels die de burger bij de les moeten houden. Denk maar aan parastatale vzw’s als UNIA. Het fenomeen profileert zich ook via de groene betuttelingsmanie en de stigmatisering van de burger als vervuiler, waar Jan Herman Brinks een bijdrage aan besteedt. Maar ook in het onvoorstelbare waterhoofd dat EU heet, de supranationale schoonmoeder die steeds meer bevoegdheden naar zich toetrekt: het uitverkoren domein van Derk Jan Eppink die stevig van leer trekt tegen de EU als neo-cultuurmarxistisch project. Het verklaart de rabiate eurofilie van oude ‘68ers als Paul Goossens en revolteleider Daniel Cohn-Bendit, deze laatste ook niet toevallig bekeerd tot het groene gedachtegoed. Wat Paul Cliteur doet besluiten dat het cultuurmarxisme fundamenteel een ondemocratische beweging is.

Dat vermoeden van een omfloerste dictatuur wordt gestaafd door de soms discrete, soms manifeste affiniteit van linkse westerse intellectuelen met totalitaire systemen en regimes, met Mao-China uiteraard als model waar de ’68ers zich op verkeken, en het bezoek van J.P. Sartre aan de Sovjet-Unie van de jaren vijftig als archetype. Een affiniteit die Eric C. Hendriks in de verf zet.

De bijdrage van Wim van Rooy mag in dat opzicht ook niet onvermeld blijven, daar waar hij postmoderne theoretici als Derrida en andere ‘68ers of nakomelingen analyseert als uitvoerders van een nihilistisch weg-met-ons-project, een identitaire deconstructie die finaal uitloopt op de masochistische omarming van een anti-democratische geweldcultuur als de islam. Hetzelfde geldt voor de bizarre alliantie tussen feminisme en islamofilie, een fenomeen dat Jesper Jansen belicht.

‘Complotdenken’

De gemeenschappelijke noemer van alle bijdragen is enig cultuurpessimisme waar ik me niet altijd kan in vinden. Met name lijkt me de banvloek over de postmoderne denkers niet helemaal terecht, want hun behoefte aan deconstructie, met Nietzsche als verre stamvader, treft elke vorm van totalitair denken en zeker ook religieuze ideologieën als de islam. Het westerse denken is fundamenteel kritisch en de ironie is nooit ver weg, iets wat we van de antieke Griekse filosofie hebben overgehouden en moeten blijven koesteren. Dat is nu net het kenmerk van het cultuurmarxisme: het mankeert elk gevoel voor humor, evenals de grote monotheïstische systemen trouwens.

Men zou het ook kunnen zien als iets viraals, een kwaadaardig proces dat zich geautomatiseerd heeft en uitwoekert

Het spreekt vanzelf dat links heel de gedachtegang van dit boek zal wegzetten als een ridicule complottheorie. Misschien geeft de ondertitel ‘Er waart een spook door het Westen’ daar ook wel enige aanleiding toe. Is het echt zo dat er ergens in een bunker door topintellectuelen wordt beraadslaagd over de controle van de culturele instellingen, de media en het mainstreamdiscours? Natuurlijk niet, zegt Paul Cliteur, het is veel erger dan dat, want dan konden we het ding makkelijk oprollen. Het gaat daarentegen om een duurzaam paradigma dat zich via netwerking, sociale druk en soms regelrechte chantage of dreiging met broodroof reproduceert. Een fenomeen waar Puck van der Land, Sebastien Valkenberg en Emerson Vermaat bij stilstaan. Men zou het ook kunnen zien als iets viraals, een kwaadaardig proces dat zich geautomatiseerd heeft en uitwoekert, voorbij de generatie van de ‘68ers die vandaag overigens hun pensioensleeftijd hebben bereikt zonder dat we hun erfenis zomaar kunnen dumpen. Perry Pierik heeft het over kneedbaarheid en besmettelijkheid: ‘Het woord cultuurmarxisme is zo beladen, omdat het een proces aangeeft van ideeën en krachten, dat als semtex plakt aan het gereedschap van de progressieve wereld, waarmee de Gutmensch zijn morele gelijk veilig probeert te stellen.’

De remedies?

De rechtstaat dient een breed gedragen wettelijk kader te creëren waarin hij zichzelf beschermt tegen aanvallen van buitenuit

Dat maakt het ook zo hachelijk om er tegenin te gaan, en het discours over cultuurmarxisme voorbij de klaagzang te tillen. Zijn er tegenstrategieën mogelijk, methodes, attitudes, werkmodellen die de cultuurhegemonie van links kunnen doorbreken? Slechts enkele auteurs durven het aan om een alternatief te formuleren. Samensteller Paul Cliteur pleit voor een weerbare democratie: dat is een democratie die zich niet passief-pluralistisch laat vullen met alle mogelijke politieke tendensen of religiën, maar die georiënteerd verloopt, met een duidelijk kompas, gericht op het voortbestaan en de bloei van die democratie. Niet elke levensbeschouwing komt in aanmerking om door de rechtstaat zomaar aanvaard te worden, ze mag zich niet suïcidaal gedragen. Deze toetssteen geldt in de eerste plaats voor de drie grote totalitaire ideologieën van vorige en deze eeuw, namelijk fascisme, communisme, islamisme. De rechtstaat dient een breed gedragen wettelijk kader te creëren waarin hij zichzelf beschermt tegen aanvallen van buitenuit, denk aan de islam die de godsdienstvrijheid inroept om uiteindelijk de sharia te kunnen instellen. Anderzijds zou dit weer kunnen leiden naar een weldenkende consensusdemocratie met cordons etc. – Het debat hierover is zeker nog niet ten einde.

Sid-portret-boekenbeurs-300x300.pngSid Lukkassen komt tot een andere conclusie: de culturele hegemonie van links moeten we laten voor wat ze is. We moeten compleet nieuwe, eigen media, netwerken en instellingen oprichten die niet ‘besmet’ zijn door het virus en voor echte vrijheid gaan: ‘De enige weg voorwaarts is dus het scheppen van een eigen thuishaven, een eigen Nieuwe Zuil met bijbehorende instituties en cultuurdragende organen. Die alternatieve media zijn volop aan het doorschieten, Doorbraak is er een van.

Eric C. Hendriks pleit in het afsluitende essay ten slotte voor een zekere mate van chaos (‘rommeligheid’) en échte diversiteit, niet de geënsceneerde diversiteit van links, maar gebaseerd op individuele mondigheid en autonomisme, bloemen die bloeien vanuit het ‘burgerlijke midden’. Dat is een mooi einde. Zo’n boek, zelfs over het cultuurmarxisme, mag niet eindigen als een klaagzang van een stel querulanten. Er is hoop, er schuilt kracht in de basis, het volk is moe maar niet uitgeteld, niet alle jonge intellectuelen doen in hun broek, er ontluikt een tegendemocratie.

‘Cultuurmarxisme’ is een plaats in uw boekenkast zeker waard, misschien naast ‘De Langste Mars’, want goed gezelschap versterkt elkaar. Op negen november e.k. gaan de auteurs van beide,- Paul Cliteur,  Sid Lukkassen en ondergetekende,- een panelgesprek aan op de Antwerpse boekenbeurs. Nu al noteren.

mardi, 04 septembre 2018

On the Shoulders of Giants: The Third Erkenbrand Conference

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On the Shoulders of Giants:
The Third Erkenbrand Conference

The Erkenbrand Conference rapidly emerged as the Netherlands’ equivalent of American Renaissance or the Scandza Forum. Erkenbrand is noted for its atmosphere of brotherhood and idealism, and its cutting-edge thought on ensuring the survival and flourishing of European peoples. 

The Third Conference, On the Shoulders of Giants, will be held on November 3 in the Netherlands.

The Speakers 

Greg Johnson, Counter Currents Editor-in-Chief and one of the foremost theorists of the ethnostate, will discuss topics related to his new book The White Nationalist Manifesto and sign copies. Having founded Counter Currents as a publishing house for nationalist metapolitics, Johnson can be expected to give us serious food for thought. His worst sin, according to the Southern Poverty Law Center, is to have uttered the words, “I am very proud of our people, and we have a great deal to be proud of.”

Millennial Woes, the bearded Caledonian now accustomed to dwelling on the Continent, will grace us again with his unforgettable presence. Come and attend to be among the first to learn what his next challenge is after “One Hour from Now,” his speech of last year which challenged so many to leave immaturity behind them.

Faith Goldy (byline: Truth. Tradition.), who sent the Internet into a tailspin last Christmas by endorsing the Fourteen Words in an interview with Woes, will speak with her customary infectious energy. This gorgeous gun-owning Catholic patriot (Trudeau’s nemesis?) will remind us all of what made Canadians great. If you don’t live in Toronto, you can’t vote Faith for Mayor, but you can attend the conference to give her your vote of confidence.

George Hutcheson, the President of Students for Western Civilisation, completes our line-up. Hutcheson shot to renown a year ago for his uncompromising and eloquent stand against the rank white-hatred encountered at Canadian universities. As he told Faith Goldy last year: “We are Europeans who are standing up for and asserting our perceived interests, and that’s healthy behaviour. That’s good for us. There’s nothing evil or immoral or wrong with that.”

Not for nothing is this conference entitled On the Shoulders of Giants: these four keynote speakers are giants of the movement and between them have inspired countless young Europeans to love their own people.

To register for the conference go to Erkenbrand.eu/tickets

We vet all who register for the conference to ensure that everyone who attends our event comes with honest intentions.

We look forward to welcome you at the Erkenbrand National Conference.

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lundi, 27 août 2018

3d Erkenbrand National Conference - 2018

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Dear friends,

On the third of November 2018, the third edition of the Erkenbrand National Conference will take place in the Netherlands. The previous edition was a great success. With over 200 attendees and special guests from all over the world, Erkenbrand has established itself as one of the premier nationalist organizations in Europe.

This year we offer another excellent line-up and representatives from nationalist organizations from all across Europe will be there to greet you.

On the Shoulders of Giants

This year’s theme refers to the well-known quote by the physicist and mathematician Isaac Newton(1643-1727). He wrote: “If I have seen further it is by standing on the shoulders of Giants”. This great thinker mostly referred to his predecessors in the world of science to whom Newton was indebted for his monumental discoveries, but Erkenbrand considers it appropriate to borrow this phrase in order to remember and honor those giants to whom the European peoples are indebted to for her cultural heritage and historical milestones.

From the medieval architect who looked up towards the builders working to construct the spire of an imposing cathedral to the kings who made history and laid the foundation for anything to which we can only look back today with great admiration. But we are also in search for an answer to the greatest question we face in the modern era: How do we prevent losing this all as globalists mock our borders and waste our heritage in favor of a multicultural dystopia?

We can provide part of the answer: Join us at the largest nationalist conference in the Netherlands this year.

If you would like to join us, please register yourself via the link below:

For any questions you can contact us at:

Erkenbrandcontact@protonmail.com

Best regards,

The National Council of Erkenbrand

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mercredi, 22 novembre 2017

Robert Steuckers toespraak bij Erkenbrand 2017 "Towards a new golden age"

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Robert Steuckers toespraak bij Erkenbrand 2017 "Towards a new golden age"

Robert Steuckers spreekt over Duits idealisme en ideologische vernieuwing.
 

samedi, 18 novembre 2017

Robert Steuckers : Discours de Rotterdam, 14 octobre 2017

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Robert Steuckers :

Discours de Rotterdam, 14 octobre 2017

Retrouver un âge d’or ?

Traduction française du script néerlandais

Si nous voulons, comme le titre de ce colloque l’indique, retrouver un âge d’or, ce sera bien entendu un âge d’or en concordance avec nos véritables racines et non pas un âge d’or qui serait le produit quelconque d’une forme ou une autre d’ingénierie sociale ; ce sera donc un âge d’or qui constituera un retour à des sources vives sans être simultanément un rejet du progrès technique et/ou scientifique, surtout pas sur le plan militaire. Ce retour sera donc bel et bien de facture « archéofuturiste » où l’avenir de nos peuples sera déterminé par des valeurs éternelles et impassables qui ne contrecarreront pas l’audace technicienne. Retourner à un âge d’or signifie donc réinsuffler de la vie à des valeurs-socles qui remontent au moins à la « période axiale de l’histoire » (ou « Moment Axial ») ou, même, qui remontent à plus loin dans le temps et ont façonné l’esprit d’ancêtres plus anciens encore.

On pourra appeler l’ensemble de ces valeurs « Tradition » ou non, elles constituent de toutes les façons, le fond propre de notre civilisation. On peut poser comme vrai qu’elles ont des racines plus profondes que les pseudo-valeurs des soi-disant Lumières, trop souvent insipides et devenues perverses au fil des décennies. Et si nous considérons les « Lumières » comme le véhicule intellectuel d’un flot de perversités, nous entendons désigner ainsi, avant tout, le progressisme actuel qui fonctionne comme un instrument et qui n’a plus qu’un seul but : éradiquer les valeurs anciennes, immémoriales, et les valeurs du « Moment Axial ». L’élimination de ces valeurs nous empêche d’avoir un avenir car, tout simplement, les peuples qui n’ont plus de valeurs en eux, en leur intériorité collective, errent et s’agitent totalement désorientés et perdent leurs capacités à façonner le politique (n’ont plus de Gestaltungskraft politique).

Pour paraphraser Arthur Moeller van den Bruck, qui écrivait dans les années 1920, je dirais que le libéralisme tue les peuples au bout de quelques décennies, s’ils suivent les règles que préconise cet ensemble de dispositifs idéologiques. Aujourd’hui, avec un vocabulaire nouveau, je dirais que toute idéologie reposant sur des simplifications exagérées tout en prétendant, de cette façon, avoir les « Lumières » comme source d’inspiration, étouffe la Gestaltungskraft politique des peuples. La France, l’Angleterre, partiellement les Etats-Unis et surtout l’Allemagne occidentalisée, sont aujourd’hui les exemples les plus emblématiques d’une involution de ce type.

Les Etats-Unis et l’Allemagne ont certes connu et connaissent encore un développement technique exceptionnel, ont atteint depuis la fin du 19ème siècle un niveau très élevé de technicité et de puissance technique mais, de nos jours, les indices s’accumulent pour montrer que leurs sociétés respectives vivent un déclin total et très préoccupant. En Allemagne, cette involution va de pair avec l’application systématique d’une stratégie bien précise, celle de la Vergangenheitsbewältigung, sorte de réécriture du passé où celui-ci est toujours décrit et considéré comme la source du mal absolu. Et cela ne vaut pas seulement pour le passé national-socialiste. Ce processus constant d’autodénigrement joue lourdement sur l’estime de soi nationale et induit une acceptation totale de toutes les pratiques politiques et sociales permettant de saborder définitivement la société. La politique d’accueil des réfugiés, qu’a imposée Madame Merkel peut être considérée comme le point culminant de cette pratique perverse de négation de soi. Une pratique que les pays du Groupe de Visegrad ne sont pas prêts d’accepter sans discuter.

En France, on observe un démantèlement graduel de l’Etat fort, jadis vénéré par des générations de Français, depuis Bodin, Louis XIV et Colbert. Un Etat fort que De Gaulle voulait maintenir. Eric Zemmour a esquissé récemment et avec brio une histoire du « suicide français ». Ce suicide a partiellement été induit par un livre du début des années 1980, lequel a joué un rôle particulièrement perfide dans l’émergence d’une Vergangenheitsbewältigung spécifiquement française. Ce livre a pour titre L’idéologie française et est issu de la plume du célèbre Bernard-Henri Lévy. Dans ce livre, tous les courants politiques non libéraux et non sociaux-démocrates sont estampillés « fascistes », y compris certains aspects importants du paléo-communisme français, du gaullisme en général et même du personnalisme chrétien d’un idéologue pusillanime comme Emmanuel Mounier. Dans ce livre de Lévy nous découvrons tous les instruments de ce qu’un politologue néerlandais, spécialiste des questions françaises, Luk de Middelaar, a appelé avec justesse le « politicide ».

Dans l’Allemagne d’après-guerre, les « Lumières » (Aufklärung) ont été posées comme le courant philosophique qui devait immuniser les Allemands et, dans la foulée, tous les autres Européens contre le mal politique en soi. Jürgen Habermas deviendra ainsi le théoricien par excellence de ces nouvelles Lumières ouest-allemandes qui devaient définitivement effacer les legs d’un mauvais passé.

Cependant, la vulgate des Lumières assénées par Habermas et traduites dans la pratique et le quotidien par une nuée de journalistes et de feuilletonistes zélés n’est jamais, finalement, qu’une vision tronquée des Lumières pour qui a réellement étudié l’histoire culturelle du 18ème siècle en Allemagne et en Europe. Le monde du 18ème et, a fortiori, celui que nous avons devant nous aujourd’hui, n’est pas aussi simpliste que le sieur Habermas et ses séides veulent bien l’admettre. Le « politiquement correct » fonctionne donc sur base d’une interprétation bâclée et bricolée de l’histoire des Lumières, lesquelles sont davantage plurielles.

Les Lumières, selon les adeptes de l’Ecole de Francfort et selon les fans de son élève modèle Habermas, sont certes un héritage plus ou moins légitime du 18ème siècle. Les Lumières, dans leur ensemble, ont cependant connu d’autres avatars, bien différents et bien plus féconds. Les Lumières d’aujourd’hui, politiquement correctes, ne sont finalement qu’une mauvaise combinaison de « blueprints » pour reprendre une expression de l’Anglais Edmund Burke lorsqu’il décrivait les dérives sanglantes de la révolution française. Burke n’est pourtant pas un obscurantiste ni l’adepte d’une scolastique vermoulue. Il critique la révolution française parce qu’elle articule une interprétation fausse des droits de l’homme. Il y a donc d’autres manières d’interpréter les droits de l’homme, surtout parce que l’Ancien Régime n’était pas un désert juridique et parce que les communautés concrètes y bénéficiaient de droits bien profilés.

Plus tard, dans les marges celtiques du Royaume-Uni, surtout dans la future République d’Irlande, émerge une interprétation particulière des droits de l’homme qui vise à offrir aux citoyens des droits, bien évidemment, sans nier l’esprit émancipateur des Lumières en général, mais sans pour autant renier les racines celtiques de la culture populaire. Dès lors, il s’agissait aussi de dégager les droits concrets des citoyens de tous les idéologèmes éradicateurs qui avaient vicié les Lumières et leur interprétation officielle dans notre Europe contemporaine. Après la seconde guerre mondiale, des juristes et des ministres irlandais ont fait condamner la République française en suivant tout à la fois les règles de l’ONU concernant les droits de l’homme et leurs propres réflexes panceltiques parce que Paris avait fait assassiner ou condamner des militants bretons. Ceux-ci avaient trouvé chez les Irlandais les avocats internationaux qu’il fallait. Remarquons au passage que le ministre McBride, qui fut l’un de ces avocats, est devenu ultérieurement le Président d’Amnesty International et Prix Nobel en 1974. La République qui, selon Lévy, est un système représentant la « rectitude politique » de la manière la plus emblématique, a donc été condamnée, dans les années 50, pour avoir foulé les droits de l’homme aux pieds !

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Les Lumières selon Johann Gottfried Herder

Ensuite, puisque le thème de ce colloque est de baliser le retour éventuel à un nouvel âge d’or, il nous faut impérativement évoquer un fait historique, philosophique et littéraire que l’on a eu tendance à oublier ici en Europe continentale : les Lumières ne sont pas seulement celles que veut imposer Lévy car il y a aussi celles de Johann Gottfried Herder qui opère aujourd’hui un discret mais significatif retour dans les colonnes des meilleurs sites conservateurs ou « altright » dans le monde anglo-saxon.

Selon Herder, l’homme qui incarne les Lumières allemandes du 18ème siècle, nous devons toujours et partout respecter deux principes, en faire nos fils d’Ariane : « Sapere Aude » (« Ose savoir ! ») et « Gnôthi seauton » (« Connais-toi toi-même »). Il ne peut y avoir de Lumières émancipatrices selon ce pasteur évangélique, venu de Riga en Lettonie actuelle, si l’on ne respecte pas ces deux principes. Si un mouvement politique et/ou philosophique, prétendant dériver des Lumières, n’accepte pas que l’on puisse, sans crainte, oser penser au-delà des lieux communs, qui tiennent le pouvoir et mènent les sociétés vers une dangereuse stagnation, alors les « Lumières » qu’il prétend incarner, ne sont pas de vraies et efficaces « Lumières » mais une panoplie d’instruments pour imposer une tyrannie. Un peuple doit donc se connaître, recourir sans cesse aux sources les plus anciennes de sa culture, pour être vraiment libre. Il n’existe pas de liberté s’il n’y a plus de mémoire. Travailler au réveil d’une mémoire endormie signifie dès lors poser le premier jalon vers la reconquête de la liberté et aussi, finalement, de la capacité à agir de manière libre et utile sur la scène internationale. Herder nous demande donc de retrouver les racines les plus anciennes et les plus vives de notre culture sans manifester une volonté perverse de vouloir les éradiquer.

Un âge d’or ne reviendra dans les sociétés européennes que si  -et seulement si-  les institutions politiques des « Lumières » fausses et superficielles, dont s’inspirent l’idéologie dominante et la « rectitude politique », seront remplacées par d’autres, inspirées cette fois de nouvelles et puissantes Lumières, telles que Herder les a théorisées. Heidegger ne dira pas autre chose même s’il a utilisé un autre langage, plus philosophique, plus ardu. Pour le philosophe de la Forêt Noire et du Pays Souabe, la civilisation européenne était victime de la « chienlit de la métaphysique occidentale », une chienlit qui devait être éliminée pour qu’une aurore nouvelle puisse se lever. Le vocabulaire utilisé par Heidegger est extrêmement compliqué pour le citoyen lambda. Un professeur américain de philosophie, Matthew B. Crawford, esquisse d’une manière brève et concise l’intention de Heidegger, dont il est l’un des disciples : pour ce Crawford, de la « Virginia University », la « métaphysique occidentale » que fustigeait le philosophe allemand est tout simplement le fatras dérivé des pseudo-Lumières telles qu’elles avaient été formulées par Locke et ses disciples, donc le fatras des pseudo-Lumières françaises et anglaises, parce que celles-ci ne veulent plus avoir aucun contact avec les réalités triviales de notre monde quotidien. Mieux : elles refusent toute approche du concret, posé comme indigne de l’attention du philosophe et de l’honnête homme. Il existe donc, à ce niveau-ci de ma démonstration aujourd’hui, deux courants des Lumières : le courant organique de Herder et le courant abstrait des autres, qui nient la réalité telle qu’elle est et nient aussi le passé réel des peuples.

Crawford revient au concret

Dans cette perspective, Crawford constate que toute société qui persiste à stagner dans un appareil idéologique dérivé de cette interprétation dominante et officielle des Lumières du 18ème, se condamne au déclin et se précipite vers une mort certaine. C’est la raison pour laquelle Crawford a décidé d’abandonner sa chaire et d’ouvrir un atelier de réparation de motos Harley Davidson pour pouvoir humer l’odeur bien réelle du cambouis, de l’essence et du cuir, pour pouvoir écouter la musique des outils heurtant le métal de manière rythmée. Nous avons là une bien singulière option pour un professeur de philosophie cherchant à retourner au concret. Soit. Mais son geste est significatif : en effet, il signifie, sur les plans politique, économique et social, que nous devons rejeter résolument l’« étrangéité au monde » du système actuel dans toutes ses facettes. C’est effectivement cela, et rien que cela, qui constitue notre tâche principale. Cela veut dire qu’il faut se battre pour sauver le concret. C’était aussi l’intention de Heidegger dans tous les aspects de son immense œuvre philosophique.

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Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille s’enthousiasmer pour un nouveau système totalitaire qu’il conviendrait de promouvoir avec une rage militante, ce qui fut peut-être le fait de Heidegger pendant un moment fiévreux, mais finalement très bref de sa trajectoire. Mais cela signifie à coup sûr une volonté ferme et bien établie de sauver et de défendre la liberté de nos concitoyens et de nos peuples contre un système qui est en train de devenir une véritable camisole de force. Outre Heidegger, qui était resté en Allemagne, il y avait dans le petit monde des philosophes reconnus un autre personnage important pour notre propos : son ancienne étudiante et maîtresse Hannah Arendt qui, dans sa nouvelle patrie américaine, n’a cessé de plaidé pour la liberté contre ce qu’elle appelait la banalité destructrice de nos sociétés libérales d’Occident et des sociétés du monde soviétisé. En effet, après la chute du communisme en Russie et en Europe orientale, les « Lumières » selon Habermas et ses disciples ont été imposées partout sans concurrence aucune, ce qui a eu pour conséquence une réduction absolue des libertés citoyennes dans presque tous les Etats d’Europe occidentale, tout simplement parce que, selon cette idéologie de pure fabrication et dépourvue de toute organicité, rien ne PEUT plus exister qui offrait jadis une épine dorsale à toutes nos sociétés. Au nom d’une notion de liberté qui est purement abstraite, étrangère à tout monde historique concret, les racines des sociétés européennes sont niées et détruites, ce qui achève de ruiner l’équation féconde entre liberté et identité.

Les Lumières des despotes éclairés

Il me paraît bon de rappeler, ici, qu’il existait au 18ème siècle d’autres Lumières encore, des troisièmes Lumières, en l’occurrence les Lumières des despotes éclairés qui ont modernisé leurs pays ou empires respectifs dans tous les domaines pratiques sans nullement annihiler les valeurs traditionnelles de leurs peuples. Pour les « despotes éclairés » comme Frédéric II de Prusse, Marie-Thérèse ou Joseph II d’Autriche, Catherine II de toutes les Russies ou Charles III d’Espagne, les Lumières sont un dispositif politique, idéologique et culturel permettant la modernisation technique des espaces politiques placés sous leur souveraineté. Il s’agit alors de construire des routes et des canaux, de lancer un urbanisme nouveau, de se doter d’un corps d’ingénieurs compétents au sein de leurs armées, etc. La toute première fonction d’un Etat, dans cette optique, est effectivement de se donner les moyens de procéder à de tels travaux et de maintenir les armées toujours prêtes à mener des opérations en cas d’urgence ou d’Ernstfall, selon l’adage latin, si vis pacem, para bellum.

L’évocation de ces Lumières-là nous ramène à notre époque : tous, dans cette salle, vous êtes bien conscients que la moindre tentative, fût-elle la plus innocente ou la plus inoffensive, de défendre notre identité sera considérée comme un crime par les chiens de garde du monde médiatique, avec, en corollaire, le risque d’être houspillé dans la géhenne des « bruns » ou des « rouges-bruns » ou des « populistes ». Nos contemporains sont toutefois bien moins conscients d’un autre danger mortel : le démantèlement systématique des branches les plus importantes de nos industries, partout en Europe, par le truchement d’un principe particulièrement pervers de l’idéologie néolibérale, celui de la délocalisation. Il faut savoir, en effet, que ce néolibéralisme est l’avatar le plus démentiel des Lumières dominantes, celles qui se placent aujourd’hui dans le sillage de Habermas. Délocaliser, cela signifie justement ruiner l’héritage des despotes éclairés qui ont donné à l’Europe son épine dorsale technique et matérielle. C’est aussi nier et ruiner l’œuvre pragmatique d’un ingénieur et économiste génial du 19ème siècle, Frédéric List (dont les principes de gestion de l’appareil technique, industriel et infrastructurel de tout Etat ne sont plus appliqués que par les Chinois, ce qui explique le formidable succès de Beijing aujourd’hui). De Gaulle, qui avait lu Clausewitz quand il était un jeune officier prisonnier des Allemands à Ingolstadt pendant la première guerre mondiale, était un adepte de ces deux penseurs pragmatiques de Prusse. Il a essayé, dans les années 60 du 20ème siècle, d’appliquer leurs principes de gestion en France. Et c’est justement cette France-là, ou les atouts de cette France-là, que l’on a démantelé petit à petit, selon Zemmour, dès l’accession de Pompidou au pouvoir : la vente, toute récente, de l’entreprise de haute technologie Alstom par Macron à des consortiums américains, allemands ou italiens sanctionne la fin du processus de détricotage industriel de la France. Celle-ci est désormais dépouillée, ne peut plus affirmer qu’elle est véritablement une grande puissance. De Gaulle doit se tourner et se retourner dans sa tombe, dans le petit village de Colombey-les-Deux-Eglises, où il s’était retiré.

Les fausses Lumières qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé exigent donc, avec une rage têtue, deux victimes sacrificielles : d’une part, l’identité comme héritage spirituel, qui doit être totalement éradiquée et, d’autre part, la structure économique et industrielle de nos pays, qu’ils soient grandes puissances ou petites entités, qui doit être définitivement détruite. Cette idéologie est donc dangereuse en tous domaines du réel et devrait être effacée de nos horizons le plus vite possible. Et définitivement. Ce que les Américains appellent les « liberal democracies » risquent donc tôt ou tard de périr de la mort lente et peu glorieuse des cancéreux ou des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, tandis que les « illiberal democracies » à la Poutine ou à la Orban, ou à la mode polonaise, ou à la façon chinoise et confucéenne finiront par avoir le dessus et par connaître un développement harmonieux sur les plans social et économique. L’amnésie totale et le désarmement total que les Lumières à la Locke exigent de nous, ne nous garantissent qu’un seul sort : celui de crever lentement dans la honte, la pauvreté et la déchéance.

Le remède est donc simple et se résume en un mot magique, « archéofuturisme », naguère inventé par Guillaume Faye. Cela veut dire fédérer les atouts existants, issus des sources mentales de notre humanité européenne, celles que Herder nous demandait d’honorer, issus des idées clausewitziennes quant à l’organisation d’un Etat efficace, issus des principes économiques visant la création d’infrastructures comme le préconisait List.

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Crawford, le professeur devenu garagiste, dresse une liste plus exhaustive encore des dangers que recèle les Lumières anglaises de Locke. Cette version des Lumières a induit dans nos mentalités une attitude hostile au réel, hostile aux legs de l’histoire, ce que Heidegger nommera, plus tard, selon Crawford, la « métaphysique occidentale ». Aux yeux de ce philosophe allemand, qui oeuvrait retiré dans son chalet de Todtnauberg, cette métaphysique implique un rejet de toute réalité organique, un rejet de la vie tout court, au profit d’abstractions sèches et infécondes qui conduisent le monde, les sociétés et les Etats, qui ont préalablement cru à un rythme organique et ont graduellement oublié ou refoulé cette saine croyance, à une implosion inéluctable et à une mort assurée.

La question des droits de l’homme

Dans les cercles dits de « nouvelle droite », la critique des « Lumières » dominantes, dans une première étape, a pris la forme d’une critique de la nouvelle idéologie des droits de l’homme, née sous la présidence de Jimmy Carter à partir de 1976 afin de déployer une critique dissolvante du système soviétique, de troubler les relations avec l’URSS, de ruiner les ressorts de la « coexistence pacifique » et de torpiller la bonne organisation des Jeux Olympiques de Moscou. La nouvelle diplomatie des droits de l’homme, qui a émergé suite à ce discours, a été considérée, à juste titre, comme un déni de la diplomatie classique et de la Realpolitik de Kissinger. Pour promouvoir cette nouvelle idéologie dans les relations internationales, une véritable offensive métapolitique a eu lieu avec mobilisation de toutes les ressources du soft power américain, très expérimenté en ce domaine. Dans les officines des services secrets, on a alors forgé des instruments nouveaux, adaptés à chaque contexte national : en France, et pour l’environnement francophone, l’instrument s’est appelé la « nouvelle philosophie », avec des figures de proue comme Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann. A partir de la fin des années 70, les idées grossièrement bricolées de Lévy ont toujours correspondu aux objectifs géopolitiques des Etats-Unis, jusqu’à la mort atroce du Colonel Khadafi en Libye, jusqu’au soutien qu’il apporte aujourd’hui aux Kurdes en Syrie et en Irak.

Face à ce formidable appareil relevant du soft power, la « nouvelle droite » avait peu de chance d’être réellement entendue. Et les arguments de ses porte-paroles, bien que justes en règle générale, étaient assez faibles sur le plan philosophique, presque aussi faibles, dirais-je aujourd’hui, que ceux de Lévy lui-même. La situation s’est modifiée depuis quelques années : l’idéologie bricolée des droits de l’homme et de la nouvelle diplomatie (au niveau international), qui en est un corollaire, ont conduit à une longue série de catastrophes belligènes et sanglantes. Elles sont soumises désormais à une critique pointue, au départ de tous les cénacles idéologiques. Deux professeurs de Bruxelles, issus pourtant de l’ULB, très à gauche, Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère, ont eu le mérite de rouvrir et de résumer le vieux dossier des droits de l’homme. L’idéologie des droits de l’homme a toujours été utilisée pour détruire et les institutions héritées du passé et les droits et libertés concrets, comme l’avait d’ailleurs constaté Burke immédiatement après leur proclamation au début de la révolution française. Burke était certes une figure du conservatisme britannique. Mais, plus tard, cette idéologie a également été critiquée par des figures du camp des gauches ou du camp libéral. Jeremy Bentham et Auguste Comte la considéraient comme un obstacle à l’« utilité sociale ». Marx estimait qu’elle était le noyau de l’idéologie bourgeoise et constituait donc un obstacle, cette fois contre l’émancipation des masses. Aujourd’hui, cependant, nous pourrions parfaitement critiquer cette idéologie des droits de l’homme en disant qu’elle est à la fois l’instrument efficace d’une grande puissance extérieure à l’Europe et l’instrument d’une subversion généralisée qui entend détruire aussi bien les institutions héritées du passé que les droits traditionnels des peuples. Pourtant, force est de constater que cette idéologie n’a plus aucune utilité sociale car, en tablant sur elle et sur ses éventuelles ressources, on ne peut plus résoudre aucun problème majeur de nos sociétés ; bien au contraire, en la conservant comme idole intangible, on ne cesse de créer et d’accumuler problèmes anciens et nouveaux. Devant ce constat, toutes les critiques formulées jadis et maintenant à l’encontre des dits « droits de l’homme » s’avèrent utiles pour former un vaste front contre les pesanteurs écrasantes du « politiquement correct ». La première étape, dans la formation de ce front, étant la volonté de remettre le droit (les droits), les sociétés et les économies dans leur cadres naturels, organiques et historiques, de les re-contextualiser.

Résultat : un déficit récurrent d’attention

tuercke.jpgPour Crawford, les Lumières dominantes et tous leurs avatars, dans ce qu’ils ont d’éminemment subversif, surtout dans la version « lockienne » qu’il critique tout particulièrement, conduisent à toutes les pathologies sociales et politiques que nous observons aujourd’hui, surtout dans le chef des enfants et des adolescents, notamment la perte de « cette antique capacité à être toujours attentifs à tout », ce que certains pédagogues allemands actuels, comme Christian Türcke (photo), appellent l’ « Aufmerksamkeitsdefizitkultur » (la « culture du déficit d’attention »). Nos jeunes contemporains sont donc les dernières victimes d’un long processus qui a connu ses débuts il y a deux ou trois siècles. Mais nous assistons aussi à la fin de ce processus subversif et « involutif » qui nous a menés à un « Kali Youga ». La mythologie indienne nous enseigne bel et bien qu’après ce « Kali Youga », un nouvel âge d’or commencera.

Dans les temps très sombres qui précèderont ce nouvel âge d’or, donc dans les temps que nous vivons maintenant, la première tâche de ceux qui, comme nous, sont conscients de notre déchéance, est de redevenir « hyper-attentifs » et de le rester. Si les Lumières anglo-saxonnes introduites jadis par Locke, si ce que Heidegger appelait la « métaphysique occidentale » nous décrivent le monde concret comme une malédiction qui ne mérite pas l’attention du philosophe ou de l’intellectuel, si cette version-là des Lumières voit la réalité comme un fatras misérable de choses sans valeur aucune, si l’idéologie des « droits de l’homme » considère que l’histoire et les réalisations de nos ancêtres sont dépourvues de valeur ou sont mêmes « criminelles », les Lumières, telles qu’elles ont été envisagées par Herder, bien au contraire, veulent l’inverse diamétral de cette posture. Les Lumières populaires, folcistes et organiques de Herder veulent justement promouvoir une attention constante à l’endroit des racines et des sources, de l’histoire, de la littérature et des traditions de nos peuples. Les véritables objectifs politiques et stratégiques, qu’ont déployé les « despotes éclairés » et les adeptes des théories pratiques de Friedrich List dans leurs Etats respectifs, exigent de tous responsables politiques une attention constante aux réalités physiques des pays qu’ils organisent, afin d’en exploiter les ressources naturelles ou afin de les façonner (« gestalten ») de manière telle qu’elles deviennent utiles aux peuples qui vivent sur leurs territoires. Revenir à un âge d’or signifie donc rejeter résolument toutes les idéologies qui ont détruit les « capacités d’attention » des générations successives jusqu’à la catastrophe anthropologique que nous vivons actuellement.

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Kairos

Si la volonté de concentrer à nouveau toutes les attentions sur la concrétude, qui nous entoure et nous englobe, sera un processus de longue durée, sortir de l’impasse et ré-inaugurer un éventuel âge d’or nécessite de saisir le moment kaïrologique, le moment du petit dieu Kairos. De quoi s’agit-il ? Kairos est le dieu grec des temps forts, des moments exceptionnels, tandis que Chronos est le dieu du temps banal, du temps que l’on peut mesurer, de la chronologie pesante et sans relief, de ce que Heidegger nommait la « quotidienneté » (l’Alltäglichkeit). L’écrivain néerlandaise Joke Hermsen a publié un livre capital sur Kairos et le temps kaïrologique, il y a trois ans. Le temps fort, que symbolisme le mythe de Kairos, est, politiquement parlant, le temps de la décision (Entscheidung) chez Heidegger, Jünger et Schmitt, le temps où, subitement, des hommes décidés osent l’histoire. Kairos est donc le dieu du « bon moment », lorsque des figures charismatiques, des éveilleurs de peuple (Mabire) chanceux se saisissent soudainement du destin (Schicksal). Les Grecs de l’antiquité représentaient Kairos comme un dieu jeune, la tête surmontée d’une petite touffe de cheveux au niveau du front. Le dompteur du destin est celui qui parvient à se saisir de cette touffe, tâche difficile que peu réussissent. Se saisir du destin, ou des cheveux de Kairos, n’est pas une tâche que l’on parachève en calculant posément, en planifiant minutieusement, trop lentement, mais quand elle s’accomplit, avec une flamboyante soudaineté, naissent des temps nouveaux, un nouvel âge d’or peut commencer. Car, de fait, amorcer de nouveaux commencements (Anfänge) est bien le destin des hommes authentiques selon Heidegger et Arendt.

Peut-être qu’en cette salle se trouve quelqu’un qui, un jour, saisira les cheveux de Kairos. C’est ce que j’ai voulu expliquer, ici, aujourd’hui.

Je vous remercie pour votre attention.