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mardi, 10 novembre 2015

Zum Tode Helmut Schmidts

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“Ohne Kenntnis der Geschichte bleibt die Gegenwart unbegreifbar”

Zum Tode Helmut Schmidts

Ex: http://www.zuerst.de

Hamburg. Im Alter von 96 Jahren ist Altkanzler Helmut Schmidt am heutigen Dienstag verstorben. Er prägte die Politik der Bundesrepublik Deutschland über Jahrzehnte hinweg und galt noch im hohen Alter als streitbarer Diskutant, dem die Wahrheitsliebe und klare Worte stets wichtiger waren, als sich dem politischen “Mainstream” unterzuordnen.

Der 1918 in Hamburg geborene Schmidt wollte eigentlich Architekt und Städteplaner werden, doch nach dem Zweiten Weltkrieg, in dem er als Oberleutnant der Wehrmacht bis zu seiner Gefangennahme im April 1945 diente, ließ er sein gestalterisches Talent in die Politik einfließen. Angetreten, um Politik als aktives Steuern und Lenken zu betreiben, fiel sein Tatendurst in der Aufbauphase der unmittelbaren Nachkriegszeit auf fruchtbaren Boden. Der SPD-Politiker erlebte seinen ersten kommunal- und landespolitischen Höhepunkt, als er sich in seiner Funktion als Hamburger Innensenator als Mann der Tat bewies: während der Flutkatastrophe im Februar 1962 zögerte er keinen Moment, die Bundeswehr zum Einsatz zu beordern; freilich ohne rechtliche Grundlage. Der anpackende Charakter sollte sein Markenzeichen bleiben.

Auch als Bundeskanzler mußte der Hanseat in Ausnahmesituationen kühlen Kopf bewahren. Als fünfzehn Jahre später arabische Links-Terroristen die Lufthansa-Maschine “Landshut” entführen, befiehlt Schmidt für den 18. Oktober 1977 die Befreiung der 86 Geiseln: die Bundesgrenzschutz-Sondereinheit “GSG 9″ stürmt die Maschine auf dem somalischen Flughafen Mogadischu – die “Operation Feuerzauber” glückt. Helmut Schmidts Ruf als “Krisenkanzler” war begründet.

In der Hochphase des Kalten Krieges war es der SPD-Kanzler Schmidt, der gegen die Parteilinke, die aufkommende Friedensbewegung und den linksextremen Terror eine Linie des realpolitisch Machbaren durchsetzen mußte. Mit dem NATO-Doppelbeschluß, der aus seiner Sicht die Sowjetunion zur Abrüstung ihrer Mittelstreckenraketen zwingen sollte, gelang Schmidt zwar die Durchsetzung seiner Position. Doch mittelfristig war dies der Anfang vom parteipolitischen Ende seiner Kanzlerschaft. Als ihm am 1. Oktober 1982 der Bundestag in einem Mißtrauensvotum das Vertrauen entzog, war dies ein harter Schlag.

Doch Schmidt widmete sich fortan publizistischen Projekten, insbesondere als “Zeit”-Herausgeber sollten es europa- und weltwirtschaftspolitische Themen sein, die in den kommenden 30 Jahren zum Steckenpferd des diplomierten Volkswirts wurden. In den letzten Jahren seines erfüllten Lebens fand der Hamburger Ehrenbürger aber auch zunehmend kritische Worte zur bundesdeutschen Einwanderungs- und Ausländerpolitik. “Wir müssen eine weitere Zuwanderung aus fremden Kulturen unterbinden”, so eine viel zitierte Äußerung des Altkanzlers, der die multikulturelle Gesellschaft als “eine Illusion von Intellektuellen” angriff. Für diese und andere nonkonforme Verlautbarungen stand Schmidt immer wieder im Kreuzfeuer der Kritik – ohne, daß es ihn je angeficht hätte.

Ob als Verteidigungs-, Wirtschafts- oder Finanzminister, ob als Innensenator oder Bundeskanzler, ob als Zeitungsherausgeber oder Kolumnist: Schmidt polarisierte zeitlebens und gehörte zu den wenigen Ausnahmeerscheinungen der bundesrepublikanischen Politik. Sein Ausspruch, “Ohne Kenntnis der Geschichte bleibt die Gegenwart unbegreifbar”, war Leitbild seines Schaffens. Ein Credo, das der heutigen Staatsführung ferner nicht sein könnte. (sp)

 

Yemen: catastrophe humanitaire et destruction du patrimoine mondial

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Le Yémen

Catastrophe humanitaire et destruction du patrimoine mondial

par Georg Wagner

Ex: http://www.horizons-et-debat

Le Yémen est mis à feu et à sang par une guerre impitoyable. Depuis six mois, l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe recouvrent le pays le plus pauvre du monde arabe de bombes pour le faire retourner à l’Age de la pierre. Ils prétendent vouloir rendre au président officiel Hadi le contrôle de tout le Yémen et repousser l’Iran, sous prétexte de sa participation à l’insurrection des Houthis. L’engagement des avions de combat saoudites se fait sans égards pour la population civile du Yémen. Les bombardements font plutôt penser à un massacre ciblé des Houthis shiites qu’à une opération militaire réfléchie. L’Arabie saoudite mènerait-elle un génocide contre une population d’une croyance différente sous la couverture d’une opération militaire?


Plus de 5000 personnes sont mortes jusqu’à présent, surtout des civils. Plus de 25?000 blessés et parmi eux des milliers d’enfants. 21 millions d’environ 26 millions de Yéménites dépendent de l’aide internationale, 6,5 millions souffrent de la faim et plus de 2 millions d’enfants sont menacés de sous-nutrition.


Mais aussi les plus anciens trésors culturels de la péninsule arabe – des parties importants du patrimoine mondial – sont détruits.


Cependant aucune indignation mondiale ne se fait entendre. Face à la catastrophe des réfugiés syriens qui fait actuellement la Une des médias, on ne peut qualifier ce silence que d’hypocrisie. De plus, les Etats-Unis soutiennent cette agression de la part de l’Arabie saoudite. Dans cette guerre, comme dans tant d’autres, le principe du droit international de la responsabilité de protéger est déviée en son contraire. Ce principe devrait rendre possible une intervention de la communauté internationale pour empêcher des crimes contre les populations civiles. Mais cette fois, le «gouvernement officiel» du Yémen (c’est-à-dire le président Hadi) fait bombarder son propre pays depuis son lieu d’exil.

yem10d269d04f75cc16522ea0bd9.jpgL’actuelle République du Yémen a une surface de 530?000 km2, à peu près une fois et demie la surface de l’Allemagne. C’est un Etat arabe, l’islam est la religion d’Etat et la base de sa jurisprudence se fonde, selon l’article 3 de la Constitution, sur la sharia. La capitale Sana’a est située à 2300 mètres au dessus de la mer. Son ancienne et magnifique ville fait partie du patrimoine de l’humanité. D’autres villes importantes sont Aden, Ta’izz, Hodeïda et Machala.
Le Yémen a plus de 25 millions d’habitants et il a, contrairement à ses Etats voisins, une population très dense. Avec un taux de fécondité de 6 enfants par femme en 2009, la population grandit très rapidement et elle aura doublé jusqu’en 2030. Le Yémen fait partie des pays les plus pauvres des pays arabes. 42% de la population vivent en-dessous du seuil de la pauvreté. Dans le Human Development Index, le Yémen se trouve à la place 154 de 177 pays. Dans le Human Poverty Indicator, il se trouve à la place 76 de 85 pays.


Dans le Nord, le Yémen possède une frontière commune avec l’Arabie saoudite, à l’Est avec le Sultanat d’Oman et il est confiné à deux mers: à l’ouest, à la mer Rouge et au sud, au Golfe d’Aden faisant partie de l’océan Indien. Face au pays, sur la côte africaine, se trouvent l’Erythrée, Djibouti et la Somalie.


Les habitants des montagnes du Nord sont des chiites zaydites et dans les plaines côtières du sud et de l’est du pays vivent les Sunnites chafiites. La plupart des Yéménites sont des paysans vivant de l’agriculture et de l’élevage. 70% de la population vit dans des villages. On y cultive du café, du blé, des fruits et des légumes ainsi que du millet. Malgré cela, la production du pays ne couvre qu’un quart des besoins de la population, ce qui fait que le Yémen dépend de l’aide alimentaire internationale.

Pétrole et gaz

En comparaison avec les pays voisins, le Yémen ne dispose que de petits gisements de pétrole et de gaz naturel. Actuellement, les réserves se limitent à des gisements près de Ma’rib, Shaba et Hadramaout. On suppose de nouveaux gisements entre autre dans une région attribuée au Yémen suite au réajustement de la frontière avec l’Arabie saoudite. Toutefois, il faudrait des investissements considérables dont la rentabilité n’est pas assurée. Car dans la région, l’Iran, les Emirats arabes unis produisent déjà des quantités considérables de gaz naturel liquide.


Plusieurs sociétés pétrolières s’intéressent au Yémen, comme la société française Total, les américaines Hunt Oil et Exxon ainsi que Kyong de la Corée du Sud.


En 2009, un terminal pour le gaz naturel a été mis en service à Balhaf afin de pouvoir exporter du gaz liquide. Les revenus de l’exploitation de pétrole et de gaz représentent trois quart du revenu du pays et un quart du PIB.

La drogue Qat

La spécialité de l’agriculture yéménite est la culture des buissons de qat. Ses feuilles fraichement cueillies sont mâchées pour les utiliser ainsi comme drogue. L’après-midi, les Yéménites se retrouvent pour mâcher le qat et pour discuter ensemble. Cela fait partie de la culture yéménite et représente une véritable coutume sociale. Le qat a des effets euphorisants et réprime la faim, mais il est aussi cause d’anxiétés et d’hallucinations. L’utilisation du qat a beaucoup augmenté au cours des dernières années, la culture s’avère payante, environ 15% de la population en vivent. Cependant, la culture du qat prend 30% de la surface arable et exige environ 80% de l’irrigation artificielle, au détriment de la culture de céréales et de café. Suite à la forte augmentation de la consommation de qat, l’activité économique du pays diminue et des problèmes de santé apparaissent. Lors de la mastication de pesticides sont absorbés.

La «Porte des lamentations»

Grâce à sa situation géographique au bord de la mer Rouge, le Yémen a toujours joué un rôle important pour le commerce et, depuis la mise en service du Canal de Suez au XIXe siècle, pour le contrôle de la navigation. En effet, par le détroit de Bab el-Mendeb, la «Porte des lamentations», passe une des voies les plus importantes de la navigation mondiale.


Sur l’image satellite, on reconnaît l’île yéménite de Périm devant laquelle passent quotidiennement une cinquantaine de bateaux. Ensemble, ils transportent plusieurs millions de barils de pétrole brut vers l’Europe et des centaines de milliers de conteneurs venant d’Asie. Cette situation d’importance stratégique pourrait être une garantie de sécurité pour le Yémen, mais malheureusement il n’en est pas ainsi. De cette île, il n’y a que 15 milles nautiques jusqu’à la côte africaine. Le Yémen se trouve exactement en face de la Somalie, un pays où la guerre sévit depuis 20 ans et duquel un grand nombre de personnes s’enfuit. Selon le Haut-Commissariat des réfugiés de l’ONU 170?000 réfugiés vivent au Yémen, selon Sana’a, il y aurait 700?000 Somaliens séjournant dans le pays; le Yémen a bien ratifié la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, mais le grand nombre de réfugiés a des conséquences néfastes sur le marché du travail, le système de santé et la sécurité nationale. Car le manque de stabilité en Somalie n’engendre pas seulement un flux migratoire mais aussi une augmentation de la piraterie dans le Golfe d’Aden.

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Arabia felix – Arabie heureuse

Dans l’antiquité cette partie de la péninsule arabe, le Yémen actuel, s’appelait Arabia felix, l’Arabie heureuse, et cela à cause du climat doux et de la fécondité des hauts plateaux suite aux pluies de mousson. Deux fois par année se forment des rivières déchaînées. Le long de ces lits de rivières asséchés, les Wadi, des oasis se formèrent dans lesquels les êtres humains s’installèrent au fil du temps et commencèrent à faire de l’agriculture. Depuis le premier siècle avant notre ère, ils construisirent des digues pour se protéger des inondations. En outre, ils développèrent un système d’irrigation artificielle pour la culture de cocotiers et de dattiers, diverses variétés de légumes et des arbres pour la production des résines aromatiques que sont l’encens et la myrrhe.


Depuis l’antiquité les habitants de l’Arabia felix étaient des paysans sédentaires et non pas des nomades. La tribu régnait sur son territoire, protégeait les terres communes, les routes et les marchés. En raison de conflits fréquents et de l’existence d’un code d’honneur pour les membres de la tribu, les paysans étaient aussi des guerriers. Aujourd’hui encore les hommes ne se séparent jamais de leur Janbiya, un poignard à lame courte et courbe, porté à la ceinture comme symbole de l’honneur de la tribu.

Les anciens royaumes du Yémen

Au cours du temps les oasis émergentes se développèrent en petits royaumes. Certaines sont peu connus, d’autres par contre sont connues dans le monde entier, tels Hadramaout et Saba.
Au IIIe et VIe siècle de notre ère, les Ethiopiens envahirent cette région avant qu’au VIe siècle, les Sassanides perses ne chassent les Ethiopiens.


Puis, après l’avènement de l’islam au VIIe siècle, il y eut un tournant. A partir de 661, le Yémen appartint au Califat des Umayyades. Partant de la Mecque et de Médine, la péninsule arabe fut peu à peu unifiée. Précisons que le mot arabe de «Yamin» signifie à droite, c’est-à-dire le Sud en regardant le soleil levant depuis la Mecque. Après plusieurs siècles de règne musulman, les tribus yéménites regagnèrent peu à peu leur indépendance.


Depuis le IXe siècle, plusieurs dynasties gagnèrent le pouvoir dans le pays. La dynastie la plus importante étaient les zaydites qui fondèrent en 901 un imamat. Les zaydites sont un sous-groupe des chiites; ils régnèrent jusqu’en 1962 sur les hauts plateaux du Nord. Leur indépendance fut aussi favorisée par un essor économique, car la voie maritime de l’Inde par le Yémen vers l’Egypte gagna considérablement en importance pour le commerce Est-Ouest.

Le Yémen et la colonisation

Une fois que les Ottomans eurent conquis la Syrie et l’Egypte, le Yémen fut également soumis à leur influence dès 1538. Aden fut développé pour devenir une base de la flotte ottomane. Sana’a fut conquis en 1546 et en 1552, l’imam des zaydites se soumit aux Ottomans. A la fin du XVIe siècle, les troupes zaydites, composées avant tout de guerriers tribaux, forcèrent les Ottomans à quitter le pays et après de violents combats, les dernières troupes ottomanes quittèrent le Yémen en 1635.


Au début de l’ère des découvertes, les navigateurs portugais firent halte sur la côte yéménite et fondèrent au XVIe siècle une base commerciale sur Socotra.


Au XIXe siècle par contre, les Britanniques, suite à leur présence en Inde, commencèrent à chercher des bases pour leurs navires sur leur voie vers l’Angleterre. Ainsi, Aden se retrouva en 1839 sous domination britannique pour que la Grande-Bretagne puisse contrôler le détroit de Bab el-Mendeb, le sud de la péninsule arabe et la côte de la Somalie. L’importante situation stratégique d’Aden s’accentua encore lors de l’ouverture du Canal de Suez à la fin du XIXe siècle.
En 1872, les Ottomans conquirent la ville portuaire de Hodeïda, ce qui leur permit de reprendre le contrôle du nord du pays, ce qu’ils avaient déjà fait au XVIe siècle. La colonisation par les puissances européennes était donc une des causes pour la division du pays, car en 1905, les royaumes ottoman et britannique se partagèrent le pays sur la base de divers accords bilatéraux. Le Nord se trouva sous l’administration ottomane, même si les tribus continuèrent à adhérer à la domination de l’imam zaydite.

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Aden, la colonie portuaire britannique

De l’autre côté se trouvait la colonie portuaire britannique d’Aden et les deux protectorats Aden-occidental et Aden-oriental. Ces trois régions formèrent plus tard le Yémen du Sud. Pendant de longues années, il y eut deux Etats yéménites, engendrés, d’une part d’une scission religieuse et d’autre part de la colonisation anglo-turque. Le Nord était imprégné par la présence ottomane, le Sud resta jusqu’en 1967 sous le règne britannique. En 1919, donc après la Première Guerre mondiale, l’empire ottoman se désintégra et le Yémen du Nord obtint son indépendance sous l’imam Yahya Muhammad Hamid ad-Din, le chef de la dynastie zaydite. Il mena une guérilla contre le protectorat britannique et défendit en même temps le pays contre la conquête de Ibn Saud sur la péninsule arabe.

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Le Traité de Taïf

Finalement, le Traité de paix de Taïf fut conclu en 1934 entre les saoudites et les zaydites. Cet accord attribua à l’Arabie saoudite la domination sur les provinces yéménites d’Asir, de Nairan et de Jessan. On définit également la partie occidentale de la frontière, c’est-à-dire la partie de la mer Rouge à l’île de Jabal al-Tair. Plus à l’est, on ne put se mettre d’accord sur le tracé de la frontière. L’Arabie saoudite insista dès 1935 sur la dite Ligne de Hamza que le Yémen n’a jamais reconnue. Le tracé de la frontière n’avait jusqu’en juin 2000 jamais été fixé de manière précise.

La République arabe du Yémen du Nord

La domination des imams zaydites fut renversée en 1962 par un coup d’Etat militaire, et le Yémen du Nord devint la République arabe du Yémen avec la capitale Sana’a. Très rapidement, une guerre civile éclata entre les royalistes et les putschistes. Les putschistes étaient soutenus par l’Egypte sous Nasser avec 70?000 soldats, pendant que l’Arabie saoudite et de la Jordanie soutinrent les royalistes. La guerre dura jusqu’en 1967, après une dernière tentative des royalistes de prendre Sana’a, les partis en conflit ont cherché une solution de paix, et, finalement, l’Arabie saoudite a reconnu la République en 1970.

La République populaire démocratique du Yémen du Sud

Au sud, la Grande-Bretagne a été forcée à peu près en même temps, suite à des protestations contre la présence britannique, à quitter le pays en 1967. En 1970, la République populaire démocratique du Yémen avec Aden comme capitale fut créée. Un front de libération marxiste prit le pouvoir et il noua des liens avec l’Union soviétique. Socotra et Aden devinrent des bases militaires soviétiques. Et de l’autre côté, le Yémen du Nord devint l’allié des Etats-Unis, dans le contexte de la guerre froide. La fin de la guerre froide favorisa le rapprochement entre les deux Etats. Avec le déclin de l’Union soviétique en 1991, le Yémen du Sud perdit son bailleur de fonds principal. Ainsi, ce fut avant tout le Sud qui souhaita l’union avec le Yémen du Nord pour pouvoir exploiter ensemble les gisements pétroliers. L’Arabie saoudite se montra plutôt réticente face à ces projets. Elle préférait être confrontée à deux Etats yéménites faibles plutôt qu’à un Yémen réuni potentiellement fort et plus peuplé.

yremrn3_246df8d024.jpgL’unification du Yémen

L’Etat de la République du Yémen existe sous ce nom depuis mai 1990, soit depuis l’unification de la République arabe du Yémen plutôt conservatrice et traditionnaliste au nord et la République populaire démocratique marxiste au sud.
Au cours de cette unification, plusieurs litiges concernant les frontières furent réglés, d’abord entre le Yémen et Oman. Là, les frontières avaient été fixées par le pouvoir colonial britannique. La délimitation exacte des frontières entre les deux pays fut réglée en 1992 sans trop de problèmes, bien que le Yémen dut renoncé à une petite partie de son territoire.


Entre le Yémen et l’Arabie saoudite, les négociations furent plus dures. Ce ne fut qu’en mai 2000 que les deux pays trouvèrent un accord. Dans le Traité de Jeddah, le triangle près de la ligne de Hamza, pénétrant dans le Yémen, disparut. Ainsi le territoire du Yémen s’agrandit considérablement, de près de 37’000 km², ce qui correspond environ à la surface de la Belgique.

Le Yémen et la guerre du Golfe

Pendant la guerre du Golfe de 1990–1991, le Yémen se décida à soutenir l’Irak pour se démarquer de l’Arabie saoudite qui s’alignait à nouveau sur les Etats-Unis et le Koweït. Cela eut de sérieuses conséquences. L’Arabie saoudite expulsa immédiatement 800?000 ouvriers yéménites et les autres monarchies du Golfe cessèrent toute aide économique et financière pour le Yémen. Finalement, les problèmes économiques désastreux et les tensions entre les anciens chefs politiques du Nord et du Sud aboutirent en 1994 à l’éclatement d’une guerre civile et à la tentative de séparation du Yémen du Sud. Il y eut de violents combats à Aden et Al Mukalla. Mais la sécession échoua et la situation économique empira.


Depuis ce temps-là, le Yémen n’apparaît dans les médias que lors d’enlèvements de touristes. Les récits souvent drastiques dans la presse occidentale négligent le fait que le fonctionnement de la société yéménite obéit à d’autres règles que la nôtre. Il n’y a pas de modèle d’un Etat unitaire dans l’histoire du Yémen. Dans un pays, où les zones agricoles et de pâturage sont rares, seule l’appartenance à une communauté tribale garantissait la survie. Vu sous cet angle, les intérêts contraires entre le gouvernement autocratique de Saleh et les chefs tribaux habitués à l’autonomie sont programmés d’avance. Dans la lutte contre les désavantages et pour l’imposition de leurs exigences (par exemple la construction de routes ou de centres sanitaires), les tribus utilisent le moyen de la prise d’otages. Les victimes sont souvent des étrangers, puisque ceux-ci sont considérés selon le droit tribal comme étant des hôtes du gouvernement. Cependant, le même droit respecte l’intégrité du corps et de la vie des otages.

Le Yémen et la lutte contre le terrorisme

A la fin des années 90, il y eut des attentats en rapport avec le terrorisme international. Au Yémen, Al-Qaïda était déjà actif depuis le début des années 2000.


Le 12 octobre 2000, Al-Qaïda commit un attentat-suicide contre le destroyer Cole de la Marine américaine dans le port d’Aden. Lors de cette explosion, 17 soldats américains furent tués. Suite aux attentats du 11-Septembre, les Etats-Unis suspectèrent le Yémen d’abriter des terroristes d’Al-Qaïda. L’origine yéménite de la famille Ben Laden ainsi que la capture de douzaines de combattants yéménites en Afghanistan confirmèrent leurs soupçons.


En 2008, il y eut un attentat contre l’ambassade américaine et dans plusieurs cas contre des touristes étrangers. Ainsi, le Yémen fut de plus en plus sous pression internationale pour se mobiliser contre l’Al-Qaïda. Après que les branches saoudite et yéménite d’Al-Qaïda se furent réunies en janvier 2009 sous le nom d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), le gouvernement de Sana’a décida de se joindre à la lutte contre le terrorisme. Les prises d’otages furent dès lors désignées d’actions terroristes, ce qui permit à l’armée d’intervenir avec des conséquences souvent sanglantes.
Cette nouvelle position fut pour le gouvernement de Sana’a un double avantage: elle lui donna l’occasion d’affermir son autorité dans les régions tribales insuffisamment contrôlées jusqu’à présent. Avant tout dans les régions de Shabwah, Al Jawf et Mar’ib. En outre, on empêcha ainsi que le pays soit placé par Washington sur la liste des Etats voyous.
Entre temps, Washington et Sana’a collaborent étroitement dans le domaine militaire. Les Etats-Unis envoient des conseillers militaires pour former les unités spéciales yéménites. Le FBI dispose depuis 2004 d’une agence permanente à Sana’a et la frontière dans le grand désert arabe est surveillée par des drones commandés par la base américaine de Djibouti.

Le conflit houthis

En juin 2004, le conflit houthis éclata, une révolte que l’ecclésiastique Hussein Badreddin al-Houthi, critique face au gouvernement, a lancée contre le gouvernement yéménite de Saleh. Hussein al-Houthi fut tué en septembre 2004, après trois mois de révolte. En 2005, le président Saleh accorda l’amnistie aux militants emprisonnés (plus de 600) du prédicateur zaydite. Bientôt, il y eut cependant de nouvelles arrestations et condamnations, voire des peines de mort.
Les zaydites vivent depuis plus d’un millénaire au Yémen. Les imams zaydites régnèrent jusqu’à la révolution de 1962 sur le Yémen du Nord. Dans les années 1990, les zaydites se sentirent de plus en plus écartés du pouvoir suite à l’influence grandissante des intégristes sunnites. En outre, la province Sa’ada fut politiquement et économiquement négligée par le gouvernement yéménite après la guerre civile des années 60, dont les efforts pour la formation de l’Etat se limitèrent au patronage financier des chefs de tribus, avec une distribution inégale de la richesse et des ressources.
La rébellion des Houthis déboucha en 2004 sur un conflit armé avec l’armée yéménite. Le président Saleh de cette époque – lui-même zaydite – stigmatisa les Houthis de «terroristes» et accusa l’Iran de financer les insurgés. Les Houthis luttent contre Al-Qaïda et contre les islamistes, mais Israël et les Etats-Unis les considèrent également comme des ennemis politiques. Le gouvernement yéménite mena entre 2004 et 2011 six guerres contre le mouvement des Houthis. Jusqu’en 2010, des milliers de personnes furent tués, des centaines de milliers durent s’enfuir.


En outre, il y a l’antagonisme entre les superpuissances régionales, l’Arabie saoudite et l’Iran, la prétendue lutte contre le terrorisme et ses effets sur la politique intérieure du Yémen aboutissant à une croissance de l’anti-américanisme. Puis, il y a encore l’opposition au projet de fermeture de la frontière avec l’Arabie saoudite menaçant l’accès des habitants à leurs voies traditionnelles de commerce et d’approvisionnement. En 2008, le gouvernement affirma que les Houthis voulaient renverser le gouvernement et introduire le droit religieux chiite et il accusa l’Iran de diriger et financer cette révolte.


En 2009, il y eut une nouvelle offensive contre les rebelles dans la province Sa’ada. 100?000 personnes ont fui les combats. Le long de la frontière, il y eut des chocs entre les rebelles du Nord et les forces de sécurité saoudiennes. Puis, les Saoudiens lancèrent une offensive anti-Houthis à laquelle les Etats-Unis participèrent avec 28 attaques de leurs Forces aériennes. Après une armistice au début 2010, les combats reprirent. Il y en eut dans les régions de Sa’ada, Hajjah, Amran et Al Jawf ainsi que dans la province saoudienne de Jizan.


Après 2010, les Houthis réussirent à établir des alliances pragmatiques avec des tribus locales. Beaucoup de chefs de tribus déçus du gouvernement central se joignirent aux Houthis. A l’époque, les Houthis tout comme le gouvernement encouragèrent l’éclatement des vieilles querelles tribales pour mobiliser les tribus pour leur propre position.
Lorsque le «Printemps arabe» de 2011 attint le Yémen, les Houthis joignirent le mouvement de protestation et le président Saleh dut quitter son poste. Le 21 février 2012, il y eut des élections présidentielles. L’unique candidat était le vice-président Abed Rabbo Mansur Hadi qui devait prendre en charge le poste de président pour deux ans afin d’introduire une réforme constitutionnelle. Puis, il était prévu de faire de nouvelles élections.


Mais la situation sécuritaire et économique du plus pauvre pays de la péninsule arabe s’aggrava encore et le soutien pour le nouveau gouvernement du président Hadi diminua. Al-Qaïda gagna de plus en plus en pouvoir et prit le contrôle de larges parties du Yémen du Sud.


Mars 2013: un dialogue national devait permettre le passage à la démocratie. Plusieurs groupes politiques, dont les Houthis, s’engèrent à élaborer une nouvelle Constitution. Lorsqu’il y eut des combats entre des groupes d’Al-Qaïda et les Houthis au nord du pays, les Houthis se distancèrent, début 2014, des résultats de la conférence.


En septembre 2014, 30?000 militants houthis assiégèrent la capitale Sana’a et occupèrent les principaux bâtiments gouvernementaux. En octobre, les rebelles imposent au président Hadi un remaniement du gouvernement et continuent à avancer à l’est et au sud du pays.


En janvier 2015, les Houthis cernent le Palais présidentiel de Sana’a avec des blindés. Hadi et plusieurs membres du gouvernement sont mis sous résidence surveillée, le président propose sa démission.
En février 2015, Hadi s’enfuit à Aden au Yémen du Sud et déclare son lieu de fuite comme nouvelle capitale. Les rebelles commencent leur marche vers Aden.


Fin mars 2015, les Houthis conquièrent, avec l’aide de fidèles de l’ex-président Saleh, les dernières bases militaires aux portes d’Aden. Hadi s’enfuit à Riad en Arabie saoudite et demande à ses voisins arabes d’intervenir militairement.
En mars 2015, une alliance militaire formée par l’Arabie saoudite, composée notamment de l’Egypte et des monarchies du Golfe, lance une offensive contre les rebelles houthis avec le soutien logistique des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne.   

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Bilqis, la reine de Saba

Selon la tradition, Bilqis, reine de Saba, vivait et régnait dans un pays parsemé de jardins fleuris, envahi d’effluves d’encens et de myrrhe, tout cela dans une richesse incomparable. L’énorme barrage à Mar’ib fait toujours partie des merveilles créées par les humains sur cette terre. Le premier empire arabe de Saba exista du Xe siècle avant J. C. au IIIe siècle après J. C. Les colonnes des temples Bar’an et Adam, ainsi que les vestiges du barrage long de 600 mètres et haut de 17 mètres, dont les écluses dirigeaient l’eau venue de la rivière Wadi Adhana dans les champs, représentent cette antique et grande culture de l’Arabie du Sud. Le barrage dura mille ans. Lorsqu’il s’effondra en 600 après J. C., cela déclencha une énorme vague migratoire de l’Arabie du Sud vers les régions voisines, telle que l’Arabie saoudite actuelle.


Queen-of-Sheba.jpgLa route de l’encens passait par Saba, partant de l’Inde et allant jusqu’en Méditerranée. D’énormes richesses passèrent par cette route, transportées par des caravanes: de l’encens, de l’or, de la myrrhe, des pierres précieuses, du bois de santal et d’autres biens précieux. Dans le livre des rois de la Bible on lit: «Elle vint à Jérusalem avec une grande suite, avec des chameaux qui portaient des parfums, un énorme quantité d’or et de pierres précieuses. […]»
L’encens et la myrrhe étaient transportés par caravanes dans l’ensemble de la région méditerranéenne, en Egypte, dans le Levant et dans l’Empire romain. Le commerce se pratiquait également avec l’Abyssinie, la Perse et l’Inde. Sana’a était un véritable centre commercial avec une architecture toute particulière: de hautes maisons étroites, faisant penser à des gratte-ciel prématurés, appartiennent actuellement au patrimoine mondial.
Lorsqu’on découvrit les alizés, la route par la terre des caravanes commerciales perdit de son intérêt et la richesse de Saba s’effondra.

La route de l’encens

La route de l’encens, allant de l’Arabie du Sud à la Méditerranée, est l’une des plus anciennes voies commerciales du monde. C’est par elle qu’on transporta l’encens à partir de son pays d’origine Dhofar, situé aujourd’hui en Oman, en passant par le Yémen, l’Asir et le Hedjaz vers le port méditerranéen de Gaza et vers Damas. Les stations commerciales importantes sur cette route des caravanes étaient Shabwah, Sana’a, Medine et Pétra.
L’ouverture de la route de l’encens ne fut possible qu’après la domestication du dromadaire vers le milieu du 2e millénaire avant J. C. En utilisant le dromadaire comme bête de somme, les caravanes étaient moins dépendantes des points d’eau dans le désert.

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La route des caravanes ne servait pas qu’au transport de l’encens, mais aussi des piments et des pierres précieuses venus de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est pour être amenés en Palestine et en Syrie. Au nord du golfe de Kaaba, près de Pétra, la route de l’encens se divisait en une route du nord allant vers Gaza et de l’est vers Damas. Selon les récits des auteurs anciens, les caravanes de chameaux mettaient 100 jours de marche pour ce trajet de 3400 km entre Dhofar et Gaza.


On suppose que la route de l’encens fut utilisée pour la première fois au Xe siècle avant J. C. Mais ce ne fut qu’après l’avènement du royaume d’Arabie du Sud Saba, Qataban, Hadramaout et Ma’in au VIIIe siècle avant J. C. que le commerce prit de l’ampleur.


La grande utilisation d’encens dans les cultes de la région méditerranéenne permit un développement important de la route de même que des villes et des empires qui la bordaient. L’empire romain à son apogée utilisait à lui seul 1500 tonnes d’encens de la production annuelle estimée à 2500–3000 tonnes.


L’ouverture de la route maritime par la mer Rouge, déclencha le déclin successif de la route de l’encens. Non seulement c’est le chemin des caravanes qui perd de son importance, mais les antiques royaumes arabes perdirent leurs bases économiques. Au IIIe siècle, cela eut pour effet la montée des Himyarites au Yémen. Ils portèrent leurs efforts sur l’agriculture dans un climat de montagne favorable et sur le contrôle du commerce maritime.
Le triomphe de l’islam au VIIe siècle porta un nouveau coup dur à la voie commerciale. Néanmoins l’encens continua à être utilisée en médecine de l’islam, mais pas dans la sphère religieuse des mosquées.

Mokka – d’où nous est venu le café

Tout un chacun connaît le terme Mokka ou tout au moins en a-t-il entendu parler. Mais qu’est-ce que le Mokka? Une variante du cappuccino avec du chocolat? Une certaine sorte de grains de café? Une méthode de préparation traditionnelle venant de l’espace turc ou arabe? Toutes ces définitions demeurent correctes, du fait qu’on utilise rarement une notion de façon si variée. Non seulement on y trouve des concepts différents, mais l’écriture elle-même est diverse. Que ce soit Mokka, Mokha ou Mocha, toutes ces écritures ont une même origine étymologique – la ville de Mokka (en arabe al-Mukha). Elle se trouve au sud-ouest du Yémen, à côté de la mer Rouge, juste 12 mètres au-dessus de la surface de la mer et vient d’une longue histoire très diverse. Les origines de la ville viennent très probablement de l’ancienne ville portuaire de Muza, qui dut se trouver au même endroit ou tout au moins à proximité. Elle faisait alors partie de la fameuse route commerciale la plus importante au monde, dite la Route de la soie.


A la fin du XVe siècle, Mokka joua un rôle primordial dans le commerce mondial, notamment en ce qui concerne le café. En un premier temps, les grains de café poussaient de manière sauvage en Ethiopie et furent cultivés plus tard au Yémen puis expédiés alors uniquement par Mokka dans le monde connu à cette époque. La demande était très forte, car la dégustation de café s’était répandue comme une traînée de poudre de l’espace arabe vers l’Europe. Dans l’Istanbul actuel, le premier «café» fut ouvert au XVIe siècle, suivi un siècle plus tard par Londres, Paris, Amsterdam ou même Hambourg. A cette époque, on a volontiers répondu à la demande de café, tout en veillant soigneusement à en conserver le monopole. C’est pourquoi on versait, avant l’exportation, de l’eau bouillante sur les grains pour les empêcher de germer.


A l’apogée de cette exportation de café, on édicta même une loi obligeant tout navire passant dans la région de s’arrêter dans le port de Mokka. Lors du passage de la mer d’Arabie à la mer Rouge ou inversement, on devait y payer les taxes sur les marchandises transportées. Mokka fut entre les 15e et 18e siècles non seulement une place commerciale importante pour le café, mais aussi un centre commercial des plus importants de toute la région.
Pour l’époque, Mokka était, avec environ 30?000 habitants une métropole où l’on trouvait des commerçants de tous les pays. Britanniques, Hollandais, Français et Danois y entretenaient des entrepôts et même leurs propres fabriques, afin de calmer la soif de café de leurs concitoyens. Mais comme bien souvent dans l’histoire, cette réussite de Mokka avait ses limites. Les Européens réussirent finalement à répandre les plantes à café et à les cultiver dans leurs colonies. Au cours du XVIIIe siècle, le café se répandit en Indonésie, au Surinam, au Brésil et dans les Caraïbes. On y trouva des conditions presque aussi bonnes pour la culture du café et c’est ainsi que le monopole de Mokka prit fin. Cette ville portuaire commença à décliner.


Actuellement, Mokka n’a plus guère d’importance et n’a plus qu’environ 10?000 habitants. Les anciens entrepôts de café et les maisons de commerce tombent en ruine, et même le port est en sursis. En 2013, l’ancienne tête de file du café, le Yémen, n’a exporté que quelques 20?000 tonnes. Ce qui apparaît comme une quantité fort importante, n’est que minime par rapport à la concurrence des autres continents. Par exemple le Brésil a récolté dans la même période environ 3?000?000 de tonnes et même des Etats comme le Burundi, Madagascar ou El Salvador dépassent largement le Yémen. Actuellement, les habitants de Mokka vivent essentiellement de la pêche et d’un tourisme à caractère marginal. Et pourtant on entend quotidiennement parler de cette ville, tant dans les bistrots de Paris que dans les «Starbucks» de New York City ou dans un restaurant berlinois.

Les villes de l’Hadramaout

Dans l’Antiquité, on appelait l’Hadramaout la «terre sainte». De nombreuses tombes de prophètes préislamiques et d’autres saints rappellent cette époque. Le Wadi Hadramaout – atteignable jusque dans les années 60, uniquement par le désert Rub al-Khali, Marib et le haut plateau de al-Mukalla – est une fertile oasis fluviale, entourée sur des kilomètres par des dattiers et des collines majestueuses. C’est dans cette région que se trouvent les trois villes de Shibam, Sa’yun et Tarim.

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L’Hadramaout est resté jusqu’à aujourd’hui une région agitée. Les Hadrami étaient sans cesse en concurrence pour profiter d’une partie des terres peu fertiles de cette région désertique. Ils protégeaient leurs petites villes par des murs épais en torchis, résistant aux balles, et se défendaient à l’aide de fenêtres en forme de meurtrières dans leurs habitations.
Les Hadrami auraient été bien protégés dans ces fortins s’il n’y avait pas eu de temps en temps de fortes pluies auxquelles les remparts et les maisons ne pouvaient résister. Assez fréquemment, les inondations firent disparaître des parts entières de ces villages.
Dans les endroits un peu fructueux du Wadi, les habitants avaient survécu depuis les temps prébibliques. Les Hadrami étaient connus en tant que commerçants, car ils entretenaient des contacts jusqu’en Indonésie, en Inde et en Afrique. Les hautes maisons en torchis, de couleur blanche étaient à l’image de leur fortune. Ils dotaient leurs façades, peu agréables à la vue, de lourdes portes soigneusement décorées.
«On pourrait désigner les villes de l’Hadramaout comme des villes mondiales de l’architecture. En effet, là où on ne s’attendait à ne voir que du désert et des roches, ce que l’on y trouve, de manière très répandue dans la péninsule arabique est issu de la force et de la volonté des habitants, créé par la terre d’origine, et cela ne peut que nous épater.»
Des gratte-ciels du désert, d’une époque où on ne trouvait en Amérique que de misérables huttes! Chacune de ces villes présente une vision architectonique parfaite, témoignant d’une architecture qu’on n’aurait pas imaginé de la part de cette population arabe.


Cette architecture particulière, qui n’est pas vraiment arabe, s’explique du fait de l’insécurité du pays. L’Arabie du Sud est constamment victime d’agressions, de pillages. Les attaques par des Bédouins se réitèrent constamment. Chaque maison, chaque village et chaque ville forme un fortin. Et toutes les maisons sont construites en torchis.» (cf. Hans Helfritz. Chicago der Wüste, 1935).
Si l’on désigne constamment Sana’a comme une perle de l’Arabie, on peut alors prétendre que Schibam est la perle de l’Hadramaout. Cette vieille cité commerciale fut pendant des siècles une base de caravanes sur la fameuse route de l’encens, dans cette curieuse contrée du Wadi Hadramaout.
Il n’y a guère de monuments à Schibam, la ville en elle-même en est un, de même que les réussites très civilisées des habitants. Des gratte-ciel sans ascenseurs? Ah non! Dans l’Antiquité déjà, on transportait des charges – voire des personnes – jusque dans les étages supérieurs au moyen d’ascenseurs qui fonctionnaient à l’aide d’une poulie fixée au toit avec les contrepoids nécessaires. Schibam fut construite au IIIe ou IVe siècles après J. C. pour succéder à l’ancienne capitale Schabwa, qui n’était plus stable du fait de la pression exercée par des tribus semi nomades venues du nord du désert.


On trouve à Schibam environ 500 gratte-ciels, la plupart de plus de 30 m de hauteur avec 8 étages. Beaucoup de ces maisons existent depuis 200 à 500 ans.
Pour la construction, on utilisait des briques séchées à l’air libre et mêlées de paille broyée au torchis. Les étages supérieurs étaient badigeonnés de chaux blanche pour les protéger de l’érosion par le vent et la pluie.
On ne retrouve guère d’autre ville où la vie arabe traditionnelle est aussi bien préservée qu’à Schibam.

Mieux vaut coopérer que de créer des tensions avec la Russie

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Mieux vaut coopérer que de créer des tensions avec la Russie

L’Europe ne doit pas devenir un champ de bataille

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rt. Alors que chaque mouvement militaire et non-militaire de la Russie est agrandi comme sous un microscope, classifié d’«agressif» et gonflé par les médias, à l’instar actuellement de la Syrie, les Etats-Unis et l’OTAN (y compris quelques Etats du dit «Partenariat pour la Paix») encerclent le pays militairement. Quotidiennement, des armes, des munitions et des soldats sont rapprochés des frontières de la Russie. Les alliés d’Europe occidentale sont réarmés avec des ogives nucléaires de la dernière génération (cf. Horizons et débats no 25 du 5/10/15). Le champ de bataille futur ne se trouve certainement pas aux Etats-Unis ou à Washington, mais visiblement en Europe. C’est pourquoi il est compréhensible, que les Etats-Unis continuent impitoyablement leur stratégie d’encerclement aussi aux dépens de leurs «alliés».
Voici juste quelques-unes des activités militaires des derniers mois, ayant toutes été rendues publiques:

  • En Géorgie, on a inauguré un nouveau centre d’entrainement de l’OTAN pour des officiers danois, lettons, lituaniens et norvégiens. La Géorgie est un Etat limitrophe de la Russie et n’est pas encore membre de l’OTAN. Le gouvernement russe a protesté en vain contre cette extension orientale secrète de l’OTAN.
  • Le US-Marines Corps a doublé sa présence dans la mer Noire sur la côte de la Bulgarie. Les armes et les munitions sont transportées par train en passant par Bremerhaven. La présence de bâtiments de guerre dans la mer Noire – c’est-à-dire aussi devant la côte de la Russie – a été renforcée. Des manœuvres comme «Sea Breeze» en septembre, avec la participation de soldats allemands, ont lieu directement devant la côte russe.
  • Dans le cadre du «Open Skies Treaty» de 2002, créé comme mesure pour renforcer la confiance mutuelle, la Suède a pu entreprendre jusqu’en août des vols de reconnaissance en Russie. Cela a été accordé par le côté russe.
  • La Suède a fortement augmenté ses dépenses en armement. Entre autre, on procède à l’achat de missiles de croisière qui seront dirigés vers la Russie.
  • La Lituanie renouvelle sa défense antiaérienne.
  • Dans la région de la mer Baltique, des avions de l’OTAN patrouillent depuis un certain temps déjà. Actuellement, se sont 4 Eurofighter allemand et 4 Saab JAS 39 C Gripen hongrois.
  • Sur le plan politique, le Japon a – contre la majorité des citoyens – posé des jalons pour transformer son armée purement défensive en une armée d’intervention.
  • En Allemagne, c’est contre la volonté d’une grande majorité de la population, qu’on a transformé la Bundeswehr au cours de ces dernières années en une armée d’intervention puissante (cf. Jürgen Rose, Deutschlands neue Wehrmacht. In: International. Zeitschrift für internationale Politik. No 3/2015)
  • Les Etats-Unis veulent augmenter de 50% leurs interventions de drones jusqu’en 2019.
  • Le contre-torpilleur à missiles guidés USS Donald-Cook et ses trois bateaux similaires sont entrés en Méditerranée. Avec les boucliers antimissiles placés en Pologne et en Roumanie et un radar d’alerte rapide placé en Turquie ainsi que le poste de commandement de Ramstein en Allemagne, ils serviront d’écran de protection européen.
  • Actuellement, se prépare dans la région méditerranéenne l’une des plus grandes manœuvres de l’OTAN des 10 dernières années: «Trident Juncture». On y testera également la nouvelle «troupe d’intervention ultrarapide» de l’OTAN.

On pourrait sans autre continuer la liste avec d’autres exemples actuels. Les pressions militaires sur la Russie continuent d’augmenter. Dans cette liste, les activités non-militaires appartenant à la «guerre hybride», déstabilisant le pays depuis de longues années, n’ont pas été incluses.


Il se pose la question sérieuse: où restent les protestations des représentants du peuple contre cette stratégie de va-t-en-guerre? Où sont les politiciens de tous les camps politiques en Europe, voulant se défendre contre cette remilitarisation des relations internationales? Nous citoyens, devons-nous nous laisser conduire à l’abattoir sans broncher?


En même temps, on occupe les peuples en Europe avec des vagues interminables de réfugiés. Leur apparition si subite demande une explication plus précise. En outre, l’Allemagne, en réalité intéressée à une bonne cohabitation avec la Russie, est occupée avec un «scandale de gaz d’échappement» touchant un des plus grands employeurs du pays.
Les citoyens doivent également prendre conscience du fait que les services secrets américains – manifestement avec le concours des services secrets allemands – espionnaient et espionnent toujours toutes les activités importantes de leurs «alliés». En outre, le public apprend qu’on prévoit d’annuler ses droits démocratiques suite à un prétendu accord de libre-échange négocié à huis-clos entre les Etats-Unis et l’UE (TTIP).


Dans une telle situation, les politiciens en Europe sont plus que jamais appelés à assumer leurs responsabilités et à mener des pourparlers sérieux avec la Russie pour détendre la situation et favoriser la coopération économique. Pour cela, ils devraient rechercher activement du soutien également aux Etats-Unis. Là aussi, il y a des cercles influents voulant éviter à tout prix de créer de nouvelles tensions avec la Russie.


Toute activité visant le rapprochement, la coopération ou la collaboration, doit être soutenue. Ainsi, il faut saluer notamment les entretiens de Vienne au sujet de la crise en Syrie, la toute récente création d’une nouvelle plate-forme économique par l’Union des industriels russes (RSPP), l’association du Mittelstand Delowaja Rossija, la Commission du commerce avec l’Est de la Chambre d’industrie allemande (OA) et la Chambre de commerce germano-russe (AHK) – et pas seulement du point de vue économique!    •

Un entretien entre Franck Abed et Georges Feltin-Tracol sur Maurice Bardèche

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Un entretien entre Franck Abed et Georges Feltin-Tracol sur Maurice Bardèche

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Roland Hélie, directeur de Synthèse Nationale, avait eu l’amabilité de m’adresser le livre intitulé Bardèche et l’Europe de Georges Feltin-Tracol, publié en 2013. Pour différentes raisons, je ne l’avais pas encore lu et étudié. C’est chose faite maintenant.

Je dois dire que la pensée de Bardèche, en tant que catholique et royaliste, m’est assez éloignée. Pourtant, cela ne m’empêcha point de lire et de grandement apprécier l’excellent Sparte et les Sudistes. En tant que défenseur de l’héritage capétien, partisan de la monarchie universelle et admirateur de l’Europe Impériale, toutes les questions doctrinales et intellectuelles sur l’Europe m’attirent et m’intéressent grandement. Une fois le livre lu, je voulais en savoir plus. J’ai donc demandé à mon ami Roland de me mettre en relation avec l’auteur. Quelques jours après, je recevais un appel téléphonique de Georges Feltin-Tracol. Une longue et sympathique discussion s’en suivit au cours de laquelle nous abordions à battons rompus, Bardèche, l’Europe, l’Empire, le solidarisme, la théocratie, la « droite » en France et les raisons de son échec, les monarchies etc. Ne voulant pas en rester là, je proposais à mon interlocuteur de poursuivre notre échange. Voilà la raison de cet entretien...

Franck ABED

Franck Abed : Maurice Bardèche le jacobin, l’admirateur de la Grande Révolution et des soldats de 1793, a toujours défendu l’idée européenne. N’est-ce pas contradictoire ?

Georges Feltin-Tracol : Avant de répondre à cette question, il faut prévenir le lecteur que Maurice Bardèche est d’abord connu pour avoir défendu toute sa vie son meilleur ami et beau-frère Robert Brasillach dont l’exécution, le 6 février 1945, le traumatisa et transforma un paisible universitaire spécialiste de la littérature française du XIXe siècle en un ardent polémiste et farouche contempteur de l’ordre du monde surgi à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L’idée européenne chez Maurice Bardèche est surtout développée dans sa conférence, « L’Europe entre Washington et Moscou » (disponible dans « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », dans les Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52), à Anvers en avril 1951, dans L’œuf de Christophe Colomb (1952) et, plus succinctement, dans Les temps modernes (1956), et le fameux Sparte et les Sudistes (1969). Il faut se souvenir qu’en pleine Guerre froide, le succès notable de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951 incite les responsables européistes à envisager deux autres communautés européennes complémentaires, la première pour la défense — sous-entendue contre l’URSS — : la CED (Communauté européenne de défense) et la seconde, politique, la CEP (Communauté européenne politique). Le violent débat sur la CED porte sur le caractère supranational de l’armée européenne, son degré d’intégration de cette armée dans l’OTAN, créée en 1950, et la remilitarisation de l’Allemagne occidentale.

La CED divise toute la classe politique, hormis le PCF et le RPF gaulliste qui lui sont hostiles. Par ses interventions fréquentes, Maurice Bardèche entend contribuer aux discussions publiques en soutenant le projet. Parallèlement, Rivarol se montre lui aussi favorable à ce projet, au contraire de Jeune Nation.

Quand on retrace la généalogie contemporaine de l’idée européenne, on relève l’absence de contradictions avec l’héritage révolutionnaire française dans lequel a grandi le jeune Bardèche. Dans l’opposition jusqu’en 1875, les républicains français sont bellicistes, expansionnistes, nationalitaires, c’est-à-dire favorables à une Europe des nationalités libres qui exista un temps lors du « Printemps des peuples » de 1848. Nonobstant son (néo)fascisme assumé, Maurice Bardèche s’inscrit dans cette tradition politique. Le paradoxe n’est d’ailleurs qu’apparent puisque l’historien italien Renzo de Felice a bien démontré que les principales racines idéologiques du fascisme provenaient du nationalitarisme mazzinien. En admirateur de Metternich et de la Sainte-Alliance, Julius Evola le reconnaissait volontiers.

FA : Pourriez-vous préciser ses grandes inclinations intellectuelles sur l’Europe ?

bardèche.jpgGF-T : Maurice Bardèche ne fait pas œuvre d’historien. Il puise dans l’histoire des exemples marquants. Quand il rédige L’œuf de Christophe Colomb, il a en tête deux visions d’Europe inachevées ou avortées : l’Europe de la Grande Nation de Napoléon Ier et celle des volontaires européens sur le front de l’Est de 1941 à 1945, la première étant plus prégnante dans son esprit que la seconde.

En 1993, dans ses Souvenirs, des mémoires qui s’arrêtent volontairement à 1958, Maurice Bardèche revient sur son européisme et, dépité par la construction technocratique et marchande de l’Union pseudo-européenne, exprime toute son admiration pour les thèses de Thatcher sur une simple organisation intergouvernementale. En creux s’affirme l’acceptation d’une « France seule » chère à Charles Maurras, constat d’une immense déception et d’une occasion manquée.

FA : L’idée européenne promue par Bardèche est-elle encore défendue par des acteurs politiques contemporains ? Si oui lesquels ? Si non, pourquoi ?

GF-T : Quand on lit avec attention les positions de Maurice Bardèche sur l’Europe, on remarque tout de suite qu’il n’imagine pas un super-État continental centralisé. Mieux que l’économie (Jean Monnet) ou la culture (Denis de Rougemont), il a compris que les meilleurs facteurs d’une réelle cohésion européenne passeraient par la diplomatie et la défense.

« Babar » comme le surnommaient affectueusement les rédacteurs de sa revue, la très mal-nommée Défense de l’Occident, n’est pas un théoricien, ni un constitutionnaliste et encore moins un juriste de profession ; il se veut pragmatique. Il conçoit ainsi une Confédération européenne des États nationaux qui ne concentrerait que quelques attributs, mais des attributs régaliens primordiaux : le domaine militaire et les relations internationales. Cette idée de confédération limitée à ses seules fonctions n’est pour l’heure défendue par personne. Dans les années 1980, l’ancien ministre Michel Jobert exposait cette vision dans le cadre de son Mouvement des démocrates (cf. Vive l’Europe libre ! Réflexions sur l’Europe, Ramsay, 1984). Dans la même période, le solidariste et nationaliste-révolutionnaire Jean-Gilles Malliarakis proposait lui aussi dans Ni trusts, ni soviets (Éditions du Trident, 1985) une semblable solution. Plus récemment, mon vieux camarade Rodolphe Badinand, co-fondateur d’Europe Maxima, exigeait dans Requiem pour la Contre-Révolution (Alexipharmaque, 2008) un noyau confédéral en lieu et place de l’Union soi-disant européenne.

Aujourd’hui, l’idée européenne chère à Maurice Bardèche est en sommeil, oubliée et/ou ignorée des minables politicards. Mais le choc du réel provoquera son surgissement tôt ou tard !

FA : Dans votre livre, une expression de Maurice Bardèche m’a frappé, à la fois par sa pertinence, sa rigueur et sa permanence. Il s’agit de « l’Europe cuirassée ». Pourriez-vous l’expliquer et l’approfondir en quelques mots ?

GF-T : Par la métaphore de l’« Europe cuirassée », Maurice Bardèche veut donner un sens politique à l’Europe qu’il esquisse. En 1951, celle-ci, divisée et amoindrie par deux conflits mondiaux consécutifs et récents, se retrouve en proie à trois menaces considérables : le réveil des peuples de couleur (la décolonisation commence), la menace soviétique qui n’est alors qu’à « deux étapes du tour de France » de Paris et l’occupation étatsunienne. Maurice Bardèche aurait souhaité assister à l’émancipation des Européens. Il aurait aimé que l’Europe nationale proclame sa neutralité et, pourquoi pas ?, prenne ensuite la tête du non-alignement contre le condominium soviético-yankee.

Maurice Bardèche voulait probablement faire de l’Europe nationaliste, voire néo-fasciste, une très grande Suisse, un État neutre et inattaquable du fait d’une redoutable cuirasse : son service militaire de milice civique. On peut même s’avancer à croire que la Confédération européenne fût été le décalque continental de sa consœur helvétique.

Avec l’actualité, il va de soi que l’« Europe cuirassée » prend une autre tournure. Avec l’invasion afro-asiatique en cours orchestrée, payée et encouragée par la Turquie, l’Arabie Saoudite et les États-Unis, l’« Europe cuirassée » impliquerait le rétablissement de frontières strictes tant du point de vue juridique que politique parce que les frontières ne sont pas que territoriales. La préférence nationale, au minimum, est une autre forme de frontière salutaire. À mon avis, toutes les frontières, matérielles et immatérielles, concourent à l’édification salutaire d’une société fermée, autocentrique et autarcique. Bref, l’« Europe cuirassée » signifie « les Européens maîtres chez eux en Europe et prêts pour cela à se battre ».

FA : Quel fut l’impact réel du Mouvement social européen, dont Bardèche fut membre, sur la vie politique ?

GF-T : Dès 1951 et le lancement de la CECA, il est prévu d’instituer un Parlement européen élu au suffrage universel direct, mais le rejet de la CED en 1954 par l’Assemblée nationale française écarta cette option jusqu’en 1979 quand les députés européens remplaceront les parlementaires désignés par les Parlements nationaux. Pour une fois en avance, des formations de droite nationale ont cherché à se regrouper afin d’atteindre un seuil électoral pertinent à l’instar des premiers résultats électoraux prometteurs du jeune MSI (Mouvement social italien).

Reconnu par toute l’Europe des réprouvés grâce à son Nuremberg ou La terre promise (1948), Maurice Bardèche est sollicité pour conduire la délégation française à Malmö en Suède. De cette réunion sort le Mouvement social européen (MSE) dont Bardèche devient l’un des vice-présidents et le responsable du MSE pour la France, d’où la création d’un bulletin de liaison : la future revue Défense de l’Occident.

Si une certaine presse versa dans le sensationnalisme et cria à la renaissance du fascisme ou d’une nouvelle « Internationale noire (ou brune) », l’impact du MSE sur la vie politique française et européenne fut plus qu’insignifiant. Outre le report sine die du scrutin européen, le MSE subit très tôt une scission de la part des racialistes réunis dans le Nouvel ordre européen. Cet échec fut néanmoins profitable puisque une décennie plus tard, le Belge Jean Thiriart lança Jeune Europe avec le MSE en contre-exemple parfait.

FA : Dans votre essai vous ne mentionnez pas la religion en général, ni la religion catholique en particulier. Pourtant, la religion catholique romaine reste un pilier de notre civilisation européenne. Quel était le rapport de Bardèche à la religion catholique ?

GF-T : Maurice Bardèche évoque rarement le catholicisme dans ses écrits. Élevé par l’école des hussards noirs de la IIIe République laïque et ayant grandi dans une famille patriote, anticléricale et radicale-socialiste, c’est un catholique de culture.

La religion catholique romaine reste-t-elle encore un pilier de notre civilisation européenne? J’en doute. Certes, les basiliques des premiers chrétiens, les églises romanes, gothiques, baroques et classiques appartiennent à notre héritage, mais ce n’en est qu’une partie. L’Orthodoxie et même un certain protestantisme en sont d’autres. Avec le concile Vatican II, conséquence catastrophique des conciles antérieurs (Vatican I et Trente), le catholicisme romain a renié sa part européenne, ces syncrétismes singuliers avec les paganismes ancestraux qui en faisaient son originalité.

L’Église de Rome trahit maintenant les peuples autochtones de notre continent au profit d’intrus surnommés « migrants ». Bien que sympathique par certains côtés (son hostilité au règne de l’argent ou son approche de l’écologie malgré son tropisme cosmopolite), l’actuel « pape » conciliaire Bergoglio comme ses prédécesseurs immédiats ne me convainc pas. Pour soutenir un véritable catholicisme de combat, il eut fallu que Mgr. Jean de Mayol de Lupé (1873 - 1955) devînt le souverain pontife, cela aurait eu tout de suite une toute autre tenue !

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FA : D’une manière générale, le projet politique de civilisation européenne défendu par Bardèche ou d’autres peut-il se faire sans le catholicisme ?

GF-T : La civilisation européenne ne se réduit pas au seul catholicisme qui lui-même change et se modifie au fil des âges. Les racines spirituelles de l’Europe ne se trouvent pas qu’à Athènes, Rome et Jérusalem; elles plongent aussi dans les traditions germaniques, celtiques, scandinaves, slaves, balkaniques, caucasiennes et même basques et laponnes ! Comme l’affirmait Dominique Venner dans Histoire et tradition des Européens (Éditions du Rocher, 2002), l’étymon européen a au moins plus de 30 000 ans d’histoire. Le christianisme n’est qu’un moment de sa longue histoire. Cette phase historique est d’ailleurs en train de s’achever quand bien même l’abjecte idéologie des droits de l’homme en est la forme sécularisée (pour faire simple).

Une Europe catholique serait un non-sens, sauf si un Prince, Capétien ou Habsbourg, en prenait la direction comme le soutient la sympathique équipe anarcho-royaliste et écolo-décroissante du Lys Noir. Cette Europe-là demeurerait toutefois une portion d’Europe.

La question religieuse n’est pas le meilleur moyen de favoriser la prise de conscience des Européens. Celle-ci ne se cristallisera que face à des périls immédiats, que face à l’irruption d’une altérité menaçante et conquérante. Au-delà des contentieux territoriaux, historiques et confessionnels, les Européens comprendront grâce à l’ethnologie, la généalogie et l’anthropologie qu’ils procèdent d’une substance commune et initiale. Quant à la religion, il est vraisemblable que les techniques les plus sophistiquées favorisent la résurgence et la réactivation des structures anthropologiques de l’imaginaire archaïque européen.

Propos recueillis par Franck Abed.

Le site de Franck Abed cliquez ici

  • Georges Feltin-Tracol, Bardèche et l’Europe. Son combat pour une Europe « nationale, libérée et indépendante », Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, Paris, 2013, 130 p., 18 €, à commander sur www.synthese- editions.com ou à (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale, 116, rue de Charenton, 75012 Paris, (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale. L'acheter en ligne cliquez là
  • « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52, 2013 - 2014, 275 p., 40 €, à commander aux Amis de Robert Brasillach (ARB), Case postale 3763, CH - 1211 Genève 3, Suisse, chèque à l’ordre de l’ARB.

Michael Klare: Are Resource Wars Our Future?

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Tomgram:
Michael Klare: Are Resource Wars Our Future?
Ex: http://www.tomdispatch.com

These days, all you have to do is look around if you want your hair to stand on end on the subject of our future on this planet.  Here’s just a little relatively random list of recent news on climate-change-related happenings.

Mexico was recently hit by the most powerful hurricane ever recorded in the Western Hemisphere.  According to the National Oceanic and Atmospheric Administration, average global temperatures for September ran off the rails.  (“This marks the fifth consecutive month a monthly high temperature record has been set and is the highest departure from average for any month among all 1,629 months in the record that began in January 1880.”)  It was the seventh month of 2015 to be “record shattering” and the year itself looks as if it might cumulatively be the same.  (By now, this story is considered so humdrum and expectable that it didn’t even make the front page of my hometown newspaper!)  The cataclysmic civil war, terror war, and international conflict in Syria is being reclassified as the first climate-change war based on the staggering drought that preceded it.  That, in fact, has been called “the worst long-term drought and most severe set of crop failures since agricultural civilizations began in the Fertile Crescent many millennia ago.”  Turning to colder climes, ice in Antarctica is melting so unexpectedly quickly that, according to the latest research, the continent’s ice shelves might be heading for collapse by 2100, guaranteeing a future rise in sea levels of potentially staggering proportions.  Meanwhile, last week you could go online and watch dramatic video evidence of the melting of Greenland -- rivers of water raging across a dissolving ice shelf that, one of these decades, will raise sea levels by an estimated 20 feet globally.  And oh yes, for those of you curious about the hotter regions, a new study indicates that heat waves in the Persian Gulf may be so fierce before or by the end of this century that, in some of parts of the oil heartlands of the planet, they might quite literally endanger human survival.

Need I go on?  Need I mention why the upcoming climate change confab in Paris in a few weeks matters big time? Need I add that, whatever agreements may be reached there, they are essentially guaranteed not to be enough to bring global warming truly under control.  And in that context, if you think that a Greater Middle East with five failed states in it since 2001 is already a nightmare, consider TomDispatch regular Michael Klare’s vision of a resource-war-torn planet in a “record-shattering” future of abysmal heat and climate tipping points.  If you want to know what’s at stake for our grandchildren and great-grandchildren, read this article. Tom

Why the Paris Climate Summit Will Be a Peace Conference
Averting a World of Failed States and Resource Wars

By Michael T. Klare

At the end of November, delegations from nearly 200 countries will convene in Paris for what is billed as the most important climate meeting ever held.  Officially known as the 21st Conference of the Parties (COP-21) of the United Nations Framework Convention on Climate Change (the 1992 treaty that designated that phenomenon a threat to planetary health and human survival), the Paris summit will be focused on the adoption of measures that would limit global warming to less than catastrophic levels. If it fails, world temperatures in the coming decades are likely to exceed 2 degrees Celsius (3.5 degrees Fahrenheit), the maximum amount most scientists believe the Earth can endure without experiencing irreversible climate shocks, including soaring temperatures and a substantial rise in global sea levels.

A failure to cap carbon emissions guarantees another result as well, though one far less discussed.  It will, in the long run, bring on not just climate shocks, but also worldwide instability, insurrection, and warfare.  In this sense, COP-21 should be considered not just a climate summit but a peace conference -- perhaps the most significant peace convocation in history.

To grasp why, consider the latest scientific findings on the likely impacts of global warming, especially the 2014 report of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC).  When first published, that report attracted worldwide media coverage for predicting that unchecked climate change will result in severe droughts, intense storms, oppressive heat waves, recurring crop failures, and coastal flooding, all leading to widespread death and deprivation.  Recent events, including a punishing drought in California and crippling heat waves in Europe and Asia, have focused more attention on just such impacts.  The IPCC report, however, suggested that global warming would have devastating impacts of a social and political nature as well, including economic decline, state collapse, civil strife, mass migrations, and sooner or later resource wars.

These predictions have received far less attention, and yet the possibility of such a future should be obvious enough since human institutions, like natural systems, are vulnerable to climate change.  Economies are going to suffer when key commodities -- crops, timber, fish, livestock -- grow scarcer, are destroyed, or fail.  Societies will begin to buckle under the strain of economic decline and massive refugee flows. Armed conflict may not be the most immediate consequence of these developments, the IPCC notes, but combine the effects of climate change with already existing poverty, hunger, resource scarcity, incompetent and corrupt governance, and ethnic, religious, or national resentments, and you’re likely to end up with bitter conflicts over access to food, water, land, and other necessities of life.

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The Coming of Climate Civil Wars

Such wars would not arise in a vacuum.  Already existing stresses and grievances would be heightened, enflamed undoubtedly by provocative acts and the exhortations of demagogic leaders.  Think of the current outbreak of violence in Israel and the Palestinian territories, touched off by clashes over access to the Temple Mount in Jerusalem (also known as the Noble Sanctuary) and the inflammatory rhetoric of assorted leaders. Combine economic and resource deprivation with such situations and you have a perfect recipe for war.

The necessities of life are already unevenly distributed across the planet. Often the divide between those with access to adequate supplies of vital resources and those lacking them coincides with long-term schisms along racial, ethnic, religious, or linguistic lines.  The Israelis and Palestinians, for example, harbor deep-seated ethnic and religious hostilities but also experience vastly different possibilities when it comes to access to land and water.  Add the stresses of climate change to such situations and you can naturally expect passions to boil over.

Climate change will degrade or destroy many natural systems, often already under stress, on which humans rely for their survival.  Some areas that now support agriculture or animal husbandry may become uninhabitable or capable only of providing for greatly diminished populations.  Under the pressure of rising temperatures and increasingly fierce droughts, the southern fringe of the Sahara desert, for example, is now being transformed from grasslands capable of sustaining nomadic herders into an empty wasteland, forcing local nomads off their ancestral lands. Many existing farmlands in Africa, Asia, and the Middle East will suffer a similar fate.  Rivers that once supplied water year-round will run only sporadically or dry up altogether, again leaving populations with unpalatable choices.

As the IPCC report points out, enormous pressure will be put upon often weak state institutions to adjust to climate change and aid those in desperate need of emergency food, shelter, and other necessities. “Increased human insecurity,” the report says, “may coincide with a decline in the capacity of states to conduct effective adaptation efforts, thus creating the circumstances in which there is greater potential for violent conflict.”

A good example of this peril is provided by the outbreak of civil war in Syria and the subsequent collapse of that country in a welter of fighting and a wave of refugees of a sort that hasn’t been seen since World War II.  Between 2006 and 2010, Syria experienced a devastating drought in which climate change is believed to have been a factor, turning nearly 60% of the country into desert.  Crops failed and most of the country’s livestock perished, forcing millions of farmers into penury.  Desperate and unable to live on their land any longer, they moved into Syria’s major cities in search of work, often facing extreme hardship as well as hostility from well-connected urban elites.

Had Syrian autocrat Bashar al-Assad responded with an emergency program of jobs and housing for those displaced, perhaps conflict could have been averted.  Instead, he cut food and fuel subsidies, adding to the misery of the migrants and fanning the flames of revolt.  In the view of several prominent scholars, “the rapidly growing urban peripheries of Syria, marked by illegal settlements, overcrowding, poor infrastructure, unemployment, and crime, were neglected by the Assad government and became the heart of the developing unrest.”

A similar picture has unfolded in the Sahel region of Africa, the southern fringe of the Sahara, where severe drought has combined with habitat decline and government neglect to provoke armed violence.  The area has faced many such periods in the past, but now, thanks to climate change, there is less time between the droughts.  “Instead of 10 years apart, they became five years apart, and now only a couple years apart,” observes Robert Piper, the United Nations regional humanitarian coordinator for the Sahel.  “And that, in turn, is putting enormous stresses on what is already an incredibly fragile environment and a highly vulnerable population.”

In Mali, one of several nations straddling this region, the nomadic Tuaregs have been particularly hard hit, as the grasslands they rely on to feed their cattle are turning into desert.  A Berber-speaking Muslim population, the Tuaregs have long faced hostility from the central government in Bamako, once controlled by the French and now by black Africans of Christian or animist faith.  With their traditional livelihoods in peril and little assistance forthcoming from the capital, the Tuaregs revolted in January 2012, capturing half of Mali before being driven back into the Sahara by French and other foreign forces (with U.S. logistical and intelligence support).

Consider the events in Syria and Mali previews of what is likely to come later in this century on a far larger scale.  As climate change intensifies, bringing not just desertification but rising sea levels in low-lying coastal areas and increasingly devastating heat waves in regions that are already hot, ever more parts of the planet will be rendered less habitable, pushing millions of people into desperate flight.

While the strongest and wealthiest governments, especially in more temperate regions, will be better able to cope with these stresses, expect to see the number of failed states grow dramatically, leading to violence and open warfare over what food, arable land, and shelter remains.  In other words, imagine significant parts of the planet in the kind of state that Libya, Syria, and Yemen are in today.  Some people will stay and fight to survive; others will migrate, almost assuredly encountering a far more violent version of the hostility we already see toward immigrants and refugees in the lands they head for.  The result, inevitably, will be a global epidemic of resource civil wars and resource violence of every sort.

Water Wars

Most of these conflicts will be of an internal, civil character: clan against clan, tribe against tribe, sect against sect.  On a climate-changed planet, however, don’t rule out struggles among nations for diminished vital resources -- especially access to water.  It’s already clear that climate change will reduce the supply of water in many tropical and subtropical regions, jeopardizing the continued pursuit of agriculture, the health and functioning of major cities, and possibly the very sinews of society.

The risk of “water wars” will arise when two or more countries depend on the same key water source -- the Nile, the Jordan, the Euphrates, the Indus, the Mekong, or other trans-boundary river systems -- and one or more of them seek to appropriate a disproportionate share of the ever-shrinking supply of its water.  Attempts by countries to build dams and divert the water flow of such riverine systems have already provoked skirmishes and threats of war, as when Turkey and Syria erected dams on the Euphrates, constraining the downstream flow.

One system that has attracted particular concern in this regard is the Brahmaputra River, which originates in China (where it is known as the Yarlung Tsangpo) and passes through India and Bangladesh before emptying into the Indian Ocean.  China has already erected one dam on the river and has plans for more, producing considerable unease in India, where the Brahmaputra’s water is vital for agriculture.  But what has provoked the most alarm is a Chinese plan to channel water from that river to water-scarce areas in the northern part of that country. 

dr320873_orig.jpgThe Chinese insist that no such action is imminent, but intensified warming and increased drought could, in the future, prompt such a move, jeopardizing India’s water supply and possibly provoking a conflict.  “China’s construction of dams and the proposed diversion of the Brahmaputra’s waters is not only expected to have repercussions for water flow, agriculture, ecology, and lives and livelihoods downstream,” Sudha Ramachandran writes in The Diplomat, “it could also become another contentious issue undermining Sino-Indian relations.”

Of course, even in a future of far greater water stresses, such situations are not guaranteed to provoke armed combat.  Perhaps the states involved will figure out how to share whatever limited resources remain and seek alternative means of survival.  Nonetheless, the temptation to employ force is bound to grow as supplies dwindle and millions of people face thirst and starvation.  In such circumstances, the survival of the state itself will be at risk, inviting desperate measures.

Lowering the Temperature

There is much that undoubtedly could be done to reduce the risk of water wars, including the adoption of cooperative water-management schemes and the introduction of the wholesale use of drip irrigation and related processes that use water far more efficiently. However, the best way to avoid future climate-related strife is, of course, to reduce the pace of global warming.  Every fraction of a degree less warming achieved in Paris and thereafter will mean that much less blood spilled in future climate-driven resource wars.

This is why the Paris climate summit should be viewed as a kind of preemptive peace conference, one that is taking place before the wars truly begin.  If delegates to COP-21 succeed in sending us down a path that limits global warming to 2 degrees Celsius, the risk of future violence will be diminished accordingly.  Needless to say, even 2 degrees of warming guarantees substantial damage to vital natural systems, potentially severe resource scarcities, and attendant civil strife.  As a result, a lower ceiling for temperature rise would be preferable and should be the goal of future conferences.  Still, given the carbon emissions pouring into the atmosphere, even a 2-degree cap would be a significant accomplishment.

To achieve such an outcome, delegates will undoubtedly have to begin dealing with conflicts of the present moment as well, including those in Syria, Iraq, Yemen, and Ukraine, in order to collaborate in devising common, mutually binding climate measures.  In this sense, too, the Paris summit will be a peace conference.  For the first time, the nations of the world will have to step beyond national thinking and embrace a higher goal: the safety of the ecosphere and all its human inhabitants, no matter their national, ethnic, religious, racial, or linguistic identities.  Nothing like this has ever been attempted, which means that it will be an exercise in peacemaking of the most essential sort -- and, for once, before the wars truly begin.

Michael T. Klare, a TomDispatch regular, is a professor of peace and world security studies at Hampshire College and the author, most recently, of The Race for What’s Left. A documentary movie version of his book Blood and Oil is available from the Media Education Foundation. Follow him on Twitter at @mklare1.

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Copyright 2015 Michael T. Klare

Evola e la critica dell’americanismo

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Evola e la critica dell’americanismo

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  evola-oltre-il-muro-del-tempo   Dalla casa editrice romana Pagine sono stati pubblicati recentemente (giugno 2015) gli atti di un convegno tenutosi nel 2014 nella capitale e dedicato al tema “Julius Evola oltre il muro del tempo. Ciò che è vivo a quarant’anni dalla morte”. Il volume, dal medesimo titolo, comprende tutte le relazioni presentate all’epoca, cioè quelle di de Turris, Veneziani, Malgieri, Fusaro e Scarabelli. Qui mi occuperò soltanto del testo di Fusaro, avente come oggetto “Evola e Heidegger critici dell’americanismo”, ed esclusivamente della parte riguardante Evola.

     L’impostazione metodologica di Fusaro è indubbiamente condivisibile: “in filosofia il solo modo di rendere onore a un autore consiste nel discuterne criticamente le tesi, a distanza di sicurezza dai due atteggiamenti – apparentemente opposti e, in verità, segretamente complementari – dell’elogio agiografico e della demonizzazione preventiva” (p. 27). Altrettanto condivisibile, anche se per nulla originale, è l’approccio di Fusaro all’esame evoliano dell’americanismo, in quanto prende giustamente le mosse dal celebre scritto del 1929, Americanismo e bolscevismo, uscito sulla rivista “Nuova Antologia”. Ulteriore aspetto da sottolineare è l’insistenza, corretta, sul ‘maggior pericolo’ rappresentato, agli occhi di Evola, dall’America rispetto all’Unione Sovietica. Ma con ciò si esauriscono, a parere di chi scrive, gli spunti positivi presenti nel testo di Fusaro.

     Questo perché, innanzitutto, va criticata l’impostazione generale dello scritto, dato che Fusaro, insistendo sempre e solo sul parallelismo americanismo/bolscevismo, finisce col perdere completamente di vista le analisi ben più ricche e articolate riservate da Evola alla ‘civiltà americana’. Detto altrimenti, dallo scritto di Fusaro vien fuori un Evola che praticamente dagli anni Venti sino alla sua morte avrebbe letto l’americanismo servendosi di un’unica chiave interpretativa, quella appunto della sua equipollenza con il bolscevismo, con l’ovvia conseguenza di dar vita a una lettura in fondo astorica e iperschematica, del tutto avulsa dai cambiamenti economici, politici, sociali, culturali, nel frattempo intervenuti. Fusaro infatti passa sistematicamente sotto silenzio, non si comprende se per scarsa conoscenza delle fonti o per superficialità analitica, tutti gli scritti in cui Evola non solo rivede, seppur parzialmente, il suo giudizio negativo sull’America, ma dimostra anche di seguire con attenzione i nuovi fenomeni che nello scorrere del tempo prendevano piede oltreoceano, dalla Beat Generation alle tesi di Burnham, dalle posizioni politiche di Barry Goldwater e George Wallace ai testi di Kuehnelt-Leddhin, e così via.

     Non solo, perché anche le critiche rivolte a Evola da Fusaro si rivelano, a mio parere, inconsistenti. Nel dettaglio: Fusaro accusa Evola di incoerenza per aver giustificato la scelta del MSI di votare a favore del Patto Atlantico, pur sottolineando, a ragione, che l’accettazione evoliana del Patto non dipendeva da “un mal celato filoatlantismo” (p. 45) ma si spiegava “unicamente in ragione antisovietica” (p. 45). L’incoerenza consisterebbe nel fatto che essendo, per esplicita ammissione dello stesso Evola, più pericoloso e insidioso l’americanismo, sarebbe in ogni caso contraddittorio schierarsi con quest’ultimo contro il bolscevismo. Qui a me pare che Fusaro non tenga minimamente conto del contesto ‘geopolitico’, pur accusando, al contempo, Evola di essere caduto in contraddizione proprio per aver trascurato il medesimo fattore. La posizione evoliana, infatti, se pure criticabile in astratto, assume forza e coerenza una volta inserita nel concreto contesto di quegli anni, quando la minaccia comunista era avvertita non solo come imminente ma soprattutto capace di condurre all’annientamento persino fisico dello schieramento ‘nazionale’. Basti il rimando ad un importante scritto evoliano apparso nel luglio del 1960 su “L’Italiano”, intitolato C’è un “democratico” con una spina dorsale?, in cui si chiedeva la messa al bando del partito comunista e si auspicava un diretto intervento delle “forze sane” del paese in difesa dello Stato minacciato dal comunismo.

     La seconda obiezione mi sembra ancora più infondata. Fusaro (p. 46) cita estesamente un passo evoliano tratto da un articolo del ’57, Difendersi dall’America, apparso su “Il Popolo italiano”[1], dove viene lucidamente adombrata la progressiva americanizzazione cui stava soggiacendo l’intero continente europeo, aggiungendo subito dopo che, alla luce di questa consapevolezza, suonerebbe decisamente contraddittorio l’appellarsi, da parte di Evola, a una possibile reazione ‘antiamericana’ avente l’Italia come centro propulsivo. A sostegno della sua tesi, Fusaro (p. 47) cita due passi evoliani, uno in cui viene detto che la nazione italiana “più di ogni altra è l’anti-Russia e l’anti-America”, l’altro in cui tale ruolo dell’Italia si spiegherebbe grazie alla sua eroica “tradizione mediterranea, ed in ispecie classica e romana”. Per la fonte di entrambe le citazioni, Fusaro rimanda alla pagina 30 della silloge Civiltà americana, ma il punto è che sarebbe fatica sprecata cercarvi tali citazioni e per la semplice ragione che non ci sono. Lo scritto da cui infatti sono tratte le due frasi di Evola è il già ricordato Americanismo e bolscevismo del 1929[2]. Mi sembra pertanto evidente che pensare nel 1929 ad una realistica contrapposizione nei confronti dell’America non avrebbe nulla di contraddittorio rispetto a quanto sostenuto nel 1957, e questo già solo per l’abissale differenza di contesto storico. Non concordo con Fusaro neanche quando afferma che Evola a tale necessaria reazione in senso antiamericano “rimarrà sempre legato” (p. 47), visto che l’idea di tradizione mediterranea verrà abbandonata dallo stesso Evola già nei primissimi anni Trenta, ragion per cui non si comprende davvero come potesse essere ancora considerata, a distanza di decenni, un credibile argine all’americanismo.

     Per chiudere: Fusaro afferma che l’antiamericanismo di Evola andrebbe epurato “dalle inaccettabili sfumature razziste” (p. 48). Però Fusaro dovrebbe sapere che l’indignazione morale avrà pure molti pregi ma di sicuro non quello di accrescere la comprensione di ciò che è oggetto di riprovazione. Pertanto, piuttosto che usare la solita ‘clava morale’ antirazzista, sarebbe stato molto più proficuo, a mio modo di vedere, chiedersi se l’avvento anche in Europa della società multirazziale di stampo statunitense abbia contribuito o meno, e in che eventuale misura, alla sempre più pervasiva americanizzazione del nostro continente.

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ottobre 2015

[1] Fusaro cita dalla silloge evoliana, Civiltà americana. Scritti sugli Stati Uniti 1930-1968, pubblicata, a cura di Alberto Lombardo per i tipi di Controcorrente nel 2010. Lo stesso articolo si può leggere nella raccolta completa dei contributi evoliani usciti su Il Popolo italiano, curata da Giovanni Sessa per la Pagine Editrice nel 2014.

[2] Saggio volutamente non inserito nella silloge Civiltà americana. Per la corretta individuazione delle due citazioni si veda J. Evola, “Americanismo e bolscevismo”, in Id., I saggi della Nuova Antologia, Edizioni di Ar, Padova 1982, p. 53, ora anche in Id., Il ciclo si chiude. Americanismo e bolscevismo 1929-1969, a cura di G. de Turris, Fondazione Evola, Roma 1991.