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mardi, 15 février 2022

Julius Evola: le philosophe en prison

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Julius Evola: le philosophe en prison

L'essai de Guido Andrea Pautasso sur le procès du penseur traditionaliste en 1951

SOURCE : https://www.barbadillo.it/103086-julius-evola-il-filosofo-in-prigione/

Le philosophe vénitien Andrea Emo, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, écrivait, en diagnosticien lucide, que la démocratie libérale est "épidémique". Le terme doit être lu dans le sens étymologique grec: la démocratie moderne tend à se placer, à travers son appareil représentatif, "sur le peuple", à limiter sa liberté et l'exercice effectif de la souveraineté politique. Aujourd'hui, en pleine ère de la gouvernance, cela va de soi, mais à l'époque, une telle thèse était, pour le moins, suspectée de "nostalgie". Un livre de Guido Andrea Pautasso, récemment publié dans le catalogue de la maison d'édition Oaks, Il filosofo in prigione. Documenti sul processo a Julius Evola, semble confirmer la thèse d'Emo (pour les commandes : info@oakseditrice.it, pp.287, euro 20.00).

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Julius Evola avec Gianfranco de Turris en 1972.

Le volume est enrichi par l'avant-propos de Gianfranco de Turris et la préface de Sandro Forte. Il s'agit d'une collection de documents produits lors du procès des F.A.R. (Fasci d'Azione Rivoluzionaria), qui s'est tenue à Rome en 1951. Le texte comprend les procès-verbaux des interrogatoires des accusés et des séances du procès, ainsi que tous les articles publiés dans la presse sur le sujet. La documentation est complétée par un article de Fausto Gianfranceschi, qui a également participé à l'enquête, intitulé In prigione con Evola (En prison avec Evola). L'auteur rappelle qu'Evola a été emmené par la police qui est alle le chercher dans son appartement romain dans la nuit du 23 au 24 mai 1951. La maison avait été surveillée par les hommes de la Sécurité Publique sous les ordres de Federico Umberto D'Amato qui, non par hasard, entre 1971 et 1974 (années de la stratégie de la tension), dirigeait le Bureau des Affaires Réservées du Ministère de l'Intérieur, bien que le philosophe soit depuis longtemps paralysé des membres inférieurs et donc incapable de faire une quelconque tentative de fuite. Il est accusé d'être le "mauvais professeur" d'un groupe de jeunes gens appartenant au F.A.R., qui ont mené des attaques spectaculaires contre le siège du parti, toutefois sans effusion de sang.

Certains militants du groupe planifient, entre autres, le naufrage du navire Colombo : "qui, selon le traité de paix, devait être cédé à l'Union soviétique" (p. 14). Le plan est découvert et plusieurs membres de l'organisation sont arrêtés : Clemente Graziani, Biagio Bertucci et Paolo Andriani. En 1951, les attaques du F.A.R. se multiplient et de nombreux militants de droite sont emprisonnés dans la capitale. C'est dans cette circonstance qu'Evola, inspirateur présumé de ces actions démonstratives, fut conduit en prison. Le traditionaliste, compte tenu de son état physique, a été détenu à l'infirmerie de la prison romaine de Regina Coeli pendant six mois. Le procès a débuté le 10 octobre. Le penseur a comparu devant le tribunal le 12 de ce mois, transporté sur une civière par des prisonniers ordinaires. À ce moment de l'histoire, le philosophe est occupé à réviser ses principales œuvres, si bien qu'en mai 1951, la nouvelle édition de Révolte contre le monde moderne est publiée. Pautasso rappelle que le traditionaliste : "sur l'insistance de son ami Massimo Scaligero, a commencé à collaborer avec certains journaux proches du Mouvement social" (p. 27). 

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Après la publication dans La Sfida de l'article d'Evola, Coraggio Radicale (Courage Radical), le philosophe entre en contact avec un groupe de jeunes qui collaborent avec "l'encre des vaincus" : Erra, Graziani, Rauti, Gianfranceschi. Gianfranceschi, devenu plus tard catholique, écrit à propos d'Evola : "Il nous a libérés des scories du passé auxquelles nous étions politiquement attachés, sans faire de concessions aux horribles clichés de l'"antifascisme"" (p. 28).

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Le penseur a assisté à une conférence du MSI à Rome et, plus tard, a participé à la 2e assemblée des jeunes du parti. C'est le début de son intense collaboration avec des magazines régionaux, dont Imperium. Les trois articles publiés dans le périodique, ont suscité un grand intérêt dans le milieu politisé, car ils étaient centrés "sur une vision spirituelle, anti-eudémoniste et qualitative de la vie" (p. 36). Ces jeunes ont convaincu Evola d'écrire un seul texte d'éclaircissement sur le chemin de formation spirituelle qu'ils devaient emprunter. C'est ainsi que naquirent les 22 pages du pamphlet Orientamenti, qui devint rapidement le livre de chevet de la "jeunesse nationale" et fut considéré par la Questura comme rien de moins qu'une sorte de vade-mecum "ésotérique" pour terroristes.

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Lors du procès, un fonctionnaire du Bureau politique a déclaré que c'est un dirigeant national du MSI qui a dénoncé le courant des jeunes lecteurs de la revue Imperium. Evola, dans son autobiographie, évoque l'épisode de son emprisonnement comme s'il avait été involontairement: "impliqué dans une affaire comique" (p. 42). L'affaire était en effet cocasse, si l'on considère que le philosophe avait clairement affirmé depuis les années 30 qu'il appréciait à quel point l'héritage "traditionnel" du fascisme était revenu au premier plan. Pour cette raison, il n'avait jamais adhéré au parti national-socialiste ni, a fortiori, au parti socialiste italien. En outre, comme le soulignent les documents judiciaires, il avait exhorté à plusieurs reprises ces jeunes à renoncer à toute forme d'activité politique et à rejeter toute pratique violente. 

La défense et l'autodéfense de Francesco Carnelutti ont démontré que la pensée d'Evoli n'était pas réductible, sic et simpliciter, à la pensée fasciste, ses idées étant "traditionnelles et contre-révolutionnaires" (p. 18). Ainsi, devant l'évidence des choses, le 20 novembre 1951, Evola, Melchionda, Petronio et d'autres sont acquittés pour n'avoir pas commis de fait. Trois ans plus tard, la Cour d'Assises décide de ne pas poursuivre Evola, Erra et De Biasi pour apologie du fascisme, le crime ayant été éteint par l'amnistie. 

Les magistrats, dans cette deuxième partie du jugement, concernant le crime d'apologie, avaient raisonné en ces termes: si les idées " traditionnelles " d'Evola réapparaissaient, même partiellement, dans le fascisme, cela impliquait qu'elles étaient, d'une certaine manière, en phase avec le régime totalitaire. Les documents et leur exégèse, présentés dans ce volume, clarifient comment la démocratie républicaine renaissante a ordonné des "procès d'idées", contre les idées jugées non conformes. Depuis, la réputation d'enseignant "sulfureux" d'Evola a pesé sur lui, et il a été dérouté par les critiques comme un penseur "impardonnable". Même dans cette circonstance, le baron a conservé un remarquable détachement intérieur par rapport aux événements qui l'impliquaient, témoignant de sa diversité existentielle.

mardi, 23 novembre 2021

Parution du numéro 2 de la revue Sparta !

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Parution du numéro 2 de la revue Sparta !
 
Le revue de Philippe Baillet
 
Sparta poursuit son aventure avec un vol. 2 aussi fourni, mais plus varié, que le vol. 1. L’éditorial dresse un premier bilan d’étape pour la publication, réaffirmant notre refus de rabaisser les idées au rang de mots d’ordre, donc notre rejet d’une vision idéologique du monde et de l’histoire.
 
Suit un dossier substantiel sur Sparte et son « actualité discontinue » devant la conscience occidentale, qui s’ouvre par un article de Jean Haudry, « Sparte dans la tradition indo-européenne », où l’auteur confronte la cité grecque aux autres représentants du monde indo-européen pour en montrer à la fois les points communs et les innovations, tout en suivant l’évolution de Sparte dans les trois périodes de la tradition. J. Haudry se penche aussi sur la double royauté spartiate, dont il met l’origine en relation avec les Jumeaux divins, et sur la cryptie, survivance de l’initiation masculine.
 
Un long article de Jean Bataille, « La cryptie spartiate : un service de renseignement dans l’Antiquité ? », est précisément consacré à cette étrange institution. L’auteur y voit une spécialisation de la métis, l’intelligence rusée des Grecs, et une pratique de la guerre secrète, qui use de techniques non conventionnelles et inavouables, mais efficaces. Étroitement dépendante des cinq éphores, la cryptie se dévoile comme un service de renseignement en même temps qu’une autre façon de penser l’hostilité. Prenant appui sur une impressionnante moisson de données textuelles antiques, l’hypothèse de l’auteur avait toute sa place dans Sparta.
 
Le dossier se ferme avec une longue étude de Philippe Baillet, « L’ “actualité discontinue” de Sparte et son image sous le Troisième Reich : chez les historiens, Richard W. Darré et Gottfried Benn ». Consacré pour l’essentiel à l’historiographie de Sparte – complexe et contradictoire –, cet article rappelle que la cité laconienne fascinait déjà dans l’Antiquité et que, depuis les Lumières, elle n’a cessé d’interroger la conscience occidentale, suscitant de nombreux admirateurs et détracteurs, les uns et les autres avec des motivations très variées : ainsi de Robespierre, qui vante la « vertu » civique des Spartiates, jusqu’à de nombreux auteurs allemands qui font de Sparte une Prusse antique ou bien de la Prusse une Sparte moderne. Après avoir insisté sur le tournant qui se vérifie au XIXᵉ siècle dans l’approche de Sparte (primauté de la race, attention au corps, insistance sur la sélection), Ph. Baillet passe en revue les principaux historiens qui, sous le Troisième Reich, écrivirent sur Sparte, avant d’en venir à R. W. Darré, à son nordicisme, à sa vision atypique de la cité antique et à son influence en matière doctrinale dans les premières années d’existence de l’Ordre noir. L’article se conclut par de nombreuses informations sur le poète Gottfried Benn, sa vision idéalisée de Sparte, l’ostracisme dont il fut victime à l’époque nationale-socialiste, ses liens avec Evola, son esthétique et son culte de la forme épurée, seuls remèdes au nihilisme.
 
Traduction d’un autre chapitre du volumineux traité de sociologie de l’art moderne de Raimondo Strassoldo, «L’américanisation et l’institutionnalisation de l’art contemporain» revient sur un phénomène fondamental : son transfert depuis Paris, où il avait commencé en 1904 avec l’arrivée dans la capitale française de Gertrude Stein, mécène de Picasso et de tant d’autres, jusqu’à New York, où il triomphe dans les années cinquante, l’avant-garde étant plus que jamais cajolée par les richissimes collectionneurs américains et, plus encore, par leurs épouses. Après une interprétation psychosociologique des grandes étapes conduisant à la domination mondiale de cette forme d’art, l’auteur examine le rôle joué par des facteurs proprement politiques, comme l’exposition sur l’ « art dégénéré » organisée à Munich en 1937, la surreprésentation juive dans le monde de l’art contemporain et le tableau Guernica comme icône itinérante de la propagande antifasciste. Il conclut en soutenant que l’art contemporain a été, depuis la guerre froide, totalement instrumentalisé par l’impérialisme américain, et qu’il y a là une vraie logique, reposant avant tout sur l’affinité profonde entre capitalisme et art d’avant-garde qui trouve son origine dans la superstition du nouveau et de l’innovation.
 

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Paru dans la lointaine année 1976 mais toujours d’actualité, un article de l’historien Gianni Vannoni, « L’antisémitisme de Gramsci », analyse le contenu de plusieurs passages des célèbres Cahiers de prison du théoricien marxiste pour en conclure qu’il existe des affinités entre matérialisme historique et matérialisme biologique. Défendant avec érudition mais en forçant souvent les choses un point de vue catholique et contre-révolutionnaire assez classique, l’auteur estime qu’il faut séparer radicalement l’antijudaïsme traditionnel à base religieuse de l’antisémitisme moderne, né selon lui (comme selon Hannah Arendt) dans l’atelier des Lumières, notamment chez Voltaire et d’Holbach.
 
Philippe Baillet répond à cette interprétation qui sollicite un peu trop les textes pour parvenir à ses fins dans un article intitulé « Un catholique traditionaliste face au national-socialisme : entre ignorance et mauvaise foi ». Il rappelle que l’hostilité des chrétiens (catholiques ou protestants, traditionalistes ou progressistes) à l’idée selon laquelle la biologie pourrait être prise « comme juge de la vérité » (G. Benn) s’explique encore et toujours par leur vieille haine du corps. Il dénonce la mauvaise foi de Vannoni au sujet du caractère prétendument « prolétarien/prolet-aryen » du national-socialisme et souligne que de nombreux théoriciens catholiques de la contre-révolution n’étaient pas du tout des antisémites « modérés ». Au terme de sa réponse, l’auteur revient sur le cas emblématique du Juif autrichien et romancier Joseph Roth, rallié à la défense du Trône et de l’Autel contre la « barbarie nazie », et qui croyait, ou feignait de croire, que, dans le national-socialisme, l’antichristianisme a la primauté sur l’antijudaïsme. Le texte de Ph. Baillet se termine par un rappel de toute l’importance de la formule de Pie XI : « Nous chrétiens, nous sommes spirituellement des Sémites. »
 
Ce vol. 2 s’achève par deux articles de Tomislav Sunic. Le premier, « Nietzsche (1900-2020) et le signalement moral ostentatoire (virtue signalling) du Système face au “grand remplacement” », revient sur la réception et les interprétations de la philosophie de Nietzsche depuis la mort de celui-ci. Il existe en réalité un lien profond entre les valeurs chrétiennes originelles et leurs traductions sécularisées, aujourd’hui exploitées par l’hyperclasse dirigeante mondialiste pour justifier le « grand remplacement », qui selon l’auteur devrait plutôt recevoir le nom de « grande invasion ». Cette hyperclasse entretient délibérément en Europe, pour parvenir à ses fins, un sentiment maladif de culpabilité et un comportement caractérisé par la haine de soi. Mais les récits hypermoralistes officiels ont aussi pour fonction d’occulter la répression qui s’exerce contre les esprits indépendants. Sunic dénonce l’idéalisation du migrant exotique, la quête d’une supra-identité non blanche et imaginaire, les pèlerinages pénitentiels des dirigeants de l’UE à Washington, Bruxelles et Tel-Aviv. Derrière tous ces phénomènes, il aperçoit l’objectif, systématiquement poursuivi depuis 1945, de créer une nouvelle espèce d’Européens. Dans un article proche du précédent, « La théologie politique de la culpabilité blanche : Donald Trump, une menace pour la doxa officielle de l’Europe d’après la Seconde Guerre mondiale », Sunic démontre combien Trump, presque à son corps défendant, a constitué, avec sa critique des médias mainstream, de l’État profond, et sa rhétorique hostile à l’immigration, une menace pour le discours officiel répandu en Europe depuis 1945.
 
Le vol. 2 de Sparta contient encore trois nécrologies (respectivement consacrées à l’essayiste et philosophe conservateur anglais Roger Scruton, l’historien de l’art français Marc Fumaroli, le musicologue et critique musical italien Paolo Isotta), un courrier des lecteurs et un index des noms cités.
 
264 p., 26 euro.
Pour toute commande: https://www.akribeia.fr/aidos/2236-sparta-vol-2.html?

mardi, 26 octobre 2021

Le retour de Daniel Cologne par un détour au Pays Basque...

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Le retour de Daniel Cologne par un détour au Pays Basque...

Ex: https://voxnr.com/52871/le-belge-daniel/

Militant actif au mitan des années 1970 en Suisse au nom du Cercle Culture et Liberté, le Belge Daniel Cologne rédige diverses brochures remarquées. Outre Julius Evola, René Guénon et le christianisme (réédité en 2011 aux éditions Avatar), il rédige en 1977 avec Georges Gondinet un fascicule au titre provocateur : Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire. Il collabore à la revue de Maurice Bardèche Défense de l’Occident et publie la même année Éléments pour un nouveau nationalisme, un appel concis et vibrant en faveur d’une Droite européenne intégrale.

Introuvable chez la plupart des bouquinistes, ce court essai métapolitique vient d’être traduit en espagnol avec l’accord de l’auteur qui avait appris quelques mois plus tôt l’existence d’une édition parue dans la langue de Cervantes de Julius Evola, René Guénon et le christianisme et de Pour en finir avec le fascisme.

Pour la circonstance, l’essai, intitulé Elementos para un nuevo nacionalismo y La ilusión marxista, s’accompagne d’une préface inédite de l’auteur qui replace son point de vue dans le contexte de la Guerre froide. Il y a ajouté le verbatim d’une conférence prononcée, toujours en 1977, à Lausanne, ensuite paru en mars 1978 dans le n° 156 de Défense de l’Occident et qui traite de « L’illusion marxiste ».

Quand Daniel Cologne écrit son essai sur un nouveau nationalisme qu’il ne peut qu’envisager européen, il s’inscrit déjà aux périphéries de la « Nouvelle Droite » issue du GRECE dont il désapprouve l’orientation biohumaniste, nominaliste et empirique scientiste. Les différents revirements postérieurs de la Nouvelle Droite parisienne ont rendu caduques ses critiques souvent prémonitoires. Usant d’une belle plume didactique, l’auteur revient sur « le mythe de la troisième voie », tente de définir une authentique Droite radicale organique et dresse des perspectives d’avenir sur la nouvelle idée nationaliste. Ainsi avance-t-il que « si, sur le plan économique, le nationalisme révolutionnaire peut se situer à gauche, pour ce qui est des valeurs essentielles, politiques, éthiques et culturelles, il doit être une idéologie de droite et ne pas avoir peur de revendiquer cette étiquette après l’avoir redéfinie comme il convient. Contrairement à ce que croient la plupart des nationalistes révolutionnaires, c’est en refusant l’étiquette qu’ils font le jeu du terrorisme intellectuel, sont accusés de noyer le poisson et passent pour des complices de l’establishment bourgeois. Le meilleur moyen d’éviter ce malentendu n’est ni de reprendre l’étiquette stupidement à son compte, ni de vouloir la fuir à tout prix, mais de la redéfinir dans l’optique traditionaliste susdite, ce qui autorise sa revendication pour les composantes essentielles de l’idéologie nationaliste révolutionnaire ».

Il conçoit cet idéal nationaliste européen sur les traces de Max Scheler, le fondateur de l’anthropologie philosophique et maître à penser d’Arnold Gehlen, et de son compère Georges Gondinet. Ce dernier a peu de temps auparavant théorisé un nationalisme ternaire fondé sur la complémentarité de la patrie charnelle (les régions ou/et les ethnies), de la patrie historique (la nation politique) et de la patrie idéale (l’Europe). Daniel Cologne estime que « le seul moyen de résoudre l’épineuse question des ethnies, dont le réveil menace les nations d’éclatement, est d’ouvrir les nationalismes sur l’Europe. D’une part, le nationalisme doit emprunter à la grande tradition politique de notre continent la notion d’État organique qui concilie l’unité nécessaire à toute société évoluée avec le respect, voire l’encouragement de sa diversité naturelle. Conçu de façon organique, le nationalisme s’accommode d’une certaine autonomie des régions. D’autre part, si la nation, loin de s’ériger en un absolu, se considère seulement comme une composante autonome du grand ensemble organique européen, les régions et les ethnies n’auront aucune peine à se considérer comme les incarnations nécessaires du principe de diversité au sein de la grande unité nationale. Dans une Europe organique des nations organiques, être breton ou français, basque ou espagnol, flamand ou belge, jurassien ou suisse ne sont que des manières parmi d’autres d’être européen ».

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En langue espagnole, et également auprès des éditions Letras Inquietas, le long entretien que Daniel Cologne avait accordé à Robert Steuckers en 2001.

S’il s’interroge avec inquiétude sur la « catamorphose de l’esprit héroïque », l’auteur s’attache aussi à mettre en valeur l’« étymon spirituel européen » afin de permettre aux peuples natifs du Vieux Continent d’effectuer le grand saut salutaire vers l’affirmation grande-européenne complète. Il n’hésite pas par conséquent à insister que « l’antimatérialisme et l’élitisme ne sont pas les éléments constitutifs d’une “ troisième voie ” idéologique parmi d’autres, mais les composantes d’un courant authentiquement révolutionnaire opposé à la collusion capitalo-communiste et à l’hydre à deux têtes de la démocratie ». Il prévient plus loin que « la concrétisation politique de l’étymon spirituel héroïque de l’Europe est la conception organique et aristocratique de l’État chère à notre continent ».

Agrémentée de notes qui expliquent les clins d’œil à l’actualité de cette époque, la conférence sur la pensée marxiste conserve une singulière actualité quatre décennies plus tard. En effet, dans cette dissection méticuleuse du marxisme alors dominant dans le champ culturel occidental, Daniel Cologne annonce sans le savoir lui-même la machine infernale intellectuelle wokiste – féministe – LGBTiste qui corrompt aujourd’hui les universités rongées par le fléau libéral ! « L’action dissolutive du marxisme idéologique sur la mentalité occidentale, note-t-il bien avant l’émergence du communisme de marché, a été grandement facilité par le préalable travail de sape du libéralisme bourgeois. »

Il prévient enfin l’auditoire que le cœur nucléaire de la théorie marxiste, la lutte des classes, va tôt ou tard être substitué par d’autres affrontements tout aussi segmentés, partiels et parcellaires : les femmes contre les hommes, les jeunes contre les adultes, les véganes contre les carnivores, les immigrés contre les autochtones. Même s’il ignore le vocabulaire victimaire, inclusif, décolonial, non racisé et peut-être post-genré désormais en vogue, l’auteur signale les prémices une future « intersectionnalité » qui doit mettre à bas toutes les structures patriarcales hétérosexuelles genrées blanches non validistes…
Bientôt auteur de nombreuses monographies sur des écrivains étrangers francophones, dont maints Belges, ce grand connaisseur des Lettres françaises accuse le « Nouveau Roman » de « déconstruire » l’œuvre littéraire en elle-même. Il ne se doute pas qu’à ce moment-là, les têtes pensantes de l’« École de Francfort » exilées aux États-Unis dès la fin des années 1930 élaborent la « psychologisation » du marxisme et la « psychiatrisation » du fascisme…

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Grâce aux éditions Letras Inquietas, le public hispanophone peut dorénavant s’approprier deux textes de haute volée, véritables munitions intellectuelles dans la guerre culturelle en cours, d’autant que « face à la pensée totalitaire marxiste, doit se dresser une pensée totale, ou, si l’on préfère, organique ». Et la France ? Il est souhaitable que cet essai paraisse de nouveau par les bonnes grâces d’un valeureux éditeur hexagonal. Il serait temps, car entre les zélotes loufoques du Frexit et les tenants insupportables de l’euro-mondialisme cosmopolite, la vision européenne, enracinée et exigeante de Daniel Cologne s’impose plus que jamais comme une évidence incontestable.

• Daniel Cologne, Elementos para un nuevo nacionalismo y La ilusión marxista, Letras Inquietas, colección Identidades, 2021, 78 p., 11,90 €.

 

 

vendredi, 08 janvier 2021

Du nécessaire révisionnisme de la tradition

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Du nécessaire révisionnisme de la tradition

Par Carlos Salazar, président de la CPECI - Chili

Ex: https://therevolutionaryconservative.com

Traduit par Zero Schizo

Il y a deux façons de comprendre ce qu'est la tradition. Il y a ceux qui considèrent la tradition comme une sorte de conservation muséologique des rites, usages, pratiques, coutumes, morales, principes anciens, etc. Autrement dit, ceux qui cherchent à préserver l'ordre des choses de telle sorte que tout reste pour ainsi dire inchangé ou pétrifié. Ce genre de conservateurs rétrogrades est, dès à présent, à la fois un handicap et un obstacle pour le mouvement nationaliste. Certains adoptent même une position rétrograde, hallucinant avec le retour du Moyen-Âge, de la féodalité, ou dans leur vision créole, du système Encomienda et des chastes races. Selon Malher, ces "traditionalistes" ont préféré garder les cendres et ont cessé d'alimenter le feu vivant de la vraie tradition.

Cette véritable tradition, en revanche, est présente dans la vie quotidienne des secteurs populaires de la nation. Benjamin Vicuña Mackenna dirait : "Cette obscure tradition, qui se projette dans la vie de tous les pays et de toutes les races comme si elle était sa propre ombre, c'est l'histoire du peuple ; du peuple-soldat, du peuple-paysan, du peuple-guérilla, du peuple en somme, grossier et ignorant, mais grand dans ses croyances, et que, s'il n'est pas philosophe, il est un héros, et s'il n'est pas apôtre, il est un martyr".

La vraie tradition ne se trouve pas dans les fétiches pseudo-médiévaux de la "messe tridentine" (on sait aussi que le soi-disant "traditionalisme catholique" ou "gauchisme" est un phénomène très moderne), mais plutôt qu'elle est présente dans la petite vie communautaire qui existe dans les rues de Santiago, ou dans la vie quotidienne des citadins des régions intérieures du pays. Il y a beaucoup plus de tradition dans la Vega centrale que dans tous les musées d'histoire du pays.

Nous voyons donc déjà que le révolutionnaire n'est pas l'ennemi de la tradition, mais qu'au lieu de ces contrariétés séniles qui se qualifient de "traditionalistes", ceux-ci ne sont rien d'autre que des fétichistes et sont en pratique des conservateurs pour l'ordre libéral dominant. Quand aujourd'hui quelqu'un me dit qu'il est "conservateur", je lui demande : alors, que voulez-vous conserver ? Il n'y aura jamais de réponse honnête car dans le Chili d'aujourd'hui, il n'y a presque rien à conserver. Le libéralisme a réussi à dissoudre une grande partie de ce qui avait de la valeur pour notre communauté nationale, et les traditions qui sont encore vivantes, réussissent à le faire malgré la gestion de l'oligarchie chilienne "bien-pensante" et cosmopolite, celle qui, de temps en temps, dans des occasions très spécifiques et de façon paradoxale, aime faire la guerre aux résidus et aux ornements "traditionalistes". Citant l'universitaire américain Charles Taylor : "les conservateurs de droite se posent en défenseurs des communautés traditionnelles lorsqu'ils s'attaquent à l'avortement et à la pornographie, mais dans leur façon de faire économique, ils défendent une manière sauvage d'incision capitaliste, qui a surtout contribué à dissoudre les communautés historiques, à promouvoir l'atomisme, qui ne connaît pas de frontières ni de loyautés et qui est prêt à fermer une ville minière ou à abattre une forêt sur la base d'un équilibre économique".

Le révolutionnaire, au contraire, prend le meilleur de la tradition vivante et le projette dans l'avenir, ne cherchant jamais à revenir au passé, mais au contraire il avance en progressant vers une dépassement des vieilles erreurs et un avenir de bien-être. Pendant la Révolution française, il y a eu une référence et une invocation au passé républicain de la Rome antique, de même que cela a été repris dans la Révolution bolchevique en Russie. Ainsi, le révisionnisme de la tradition est un exemple clair de ce que nous appelons l'archéofuturisme, c'est-à-dire la combinaison d'éléments à la fois archaïques et futuristes. Il est aujourd'hui présent en RPDC, en Chine, comme il l'a été pendant un certain temps en URSS, en Roumanie et en Albanie, pour ne citer que quelques exemples.

Plus clairs encore sont les exemples des stars de la tradition populaire chilienne, Violeta Parra et Victor Jara, compilateurs et créateurs d'un véritable art traditionnel et révolutionnaire, tous deux dotés d'un sens patriotique profond et ancré dans le sol, tous deux militant sincèrement pour la justice et la rébellion contre les oligarques. Et tous deux, forgeurs de leur propre tradition qui reste vivante jusqu'à nos jours.

"Celui qui ne peut pas imaginer l'avenir, ne peut pas non plus imaginer le passé", dirait Mariategui. Ensuite, l'Amauta a écrit sur ce même sujet il y a environ plus d'un siècle : "Il n'y a donc pas de conflit réel entre le révolutionnaire et la tradition, mais plutôt une hostilité contre ceux qui conçoivent la tradition comme une momie ou un musée. La lutte n'est efficace qu'avec l’appui du traditionalisme. Les révolutionnaires incarnent la volonté de la société de ne pas se pétrifier dans un statut, de ne pas s'immobiliser dans une attitude. Parfois, la société perd cette volonté créative, paralysée par une sensation d'achèvement ou de désenchantement. Mais alors son vieillissement et son déclin se confirmeront inexorablement.

« La tradition de cette époque est faite par ceux qui semblent parfois nier, iconoclastes, toute tradition. De leur part, elle est, pour le moins, la partie active. Sans eux, la société accuserait l'abandon ou l'abdication de la volonté de vivre en se renouvelant et en se surpassant constamment ». (Mariategui, Hétérodoxie de la tradition)

Source

SALAZAR, Carlos. "Columna de Opinión Internacional (Chile) del 24.06.2020". Diario La Verdad. Lima, Pérou.

Disponible sur le site : https://comitecentralameri.wixsite.com/ccla/post/revisionismo-de-la-tradici%C3%B3n

jeudi, 10 décembre 2020

La fin d'un monde : quand Evola a anticipé Orwell et Huxley

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La fin d'un monde : quand Evola a anticipé Orwell et Huxley

Andrea Scarabelli

Ex : https://blog.ilgiornale.it/scarabelli

La-Torre_1-213x300.jpegLa nouvelle édition de La Torre, la revue mythique dirigée par Julius Evola en 1930, vient d'être publiée par la maison d’édition Mediterranee ; c’est une version critique, remise à jour, comprenant des notes, des bibliographies et des analyses approfondies. En plus d'être un document historique comme il y en a peu d'autres, cette réédition témoigne d'une approche "métapolitique" et "spirituelle", qui a tenté d'orienter la politique de l'époque dans un sens différent de celui pris dans les années ultérieures. À l'occasion de cette nouvelle édition, nous rapportons, avec l'aimable autorisation de l'éditeur, une note signée par Evola dans le quatrième numéro de la revue, le 16 mars 1930, dans la rubrique qu'il a dirigée, la rubrique L'Arco e la Clava. Ici, le philosophe répond clairement à tous ces périodiques (La Volontà d'Italia, Roma Fascista, L'Italia Letteraria, L'Ora, etc.) qui l'accusent de "catastrophisme", car, comme on le sait, il s’était penché sur le thème de la fin des civilisations. Dans cette réponse, Evola anticipe non seulement des analyses plus connues aujourd’hui de par le monde, contenues par exemple dans des textes tels que Le meilleur des mondes de Huxley (1932), La dialectique des Lumières d’Adorno de Horkheimer (1947), le 1984 d’Orwell (1949) et L'homme unidimensionnel de Marcuse (1964).De surcroît, iloffre un portrait impitoyable, une analyse quasi chirurgicale, de notre monde. Dans cette singulière variation sur le thème de la "fin du monde" (dont le spectre erre encore dans le débat public actuel), Evola imagine néanmoins une calamité bien différente de celles, littéraires et dystopiques, auxquelles nous nous sommes habitués, pour finir par décrire en fait... notre contemporanéité, avec ses tics et ses tabous, avec tous ses masques et ses acteurs que le lecteur - nous en sommes sûrs - n'aura pas de mal à reconnaître. C'est aussi parce qu'il n'y a souvent pas besoin de catastrophes naturelles - ou de pandémies, pourrait-on ajouter, pour basculer dans la dystopie. Une civilisation peut aussi mourir d'une mort naturelle. C'est peut-être le cas de la nôtre.

Andrea Scarabelli.

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Texte de Julius Evola

Le monde occidental se dirige vers sa "fin". Mais c'est précisément ce que signifie "fin" qui doit être compris ! Nos points de référence ne sont pas du tout ceux qui ont cours actuellement. Nous ne prophétisons pas, nous démontrons - par l'observation de personnages et de processus précis de l'histoire et de la culture - le déclin d'une civilisation, et ce même fait, aux yeux de la plupart des gens, pourrait prendre un aspect très différent et pas du tout alarmant.

Expliquons cela à l'aide d'un exemple. Nous ne pensons pas du tout que la fin du monde occidental devrait nécessairement avoir cet aspect chorégraphique et catastrophique auquel la plupart des gens pensent immédiatement. Il ne s'agira pas nécessairement de cataclysmes, ni même de ces nouvelles guerres mondiales, sur les horreurs desquelles on a déjà maintes fois disserté et sur les résultats d’une éventuelle extermination de la race humaine ; non, plus simplement, de nombreuses personnes bien vivantes nous montrent déjà ce déclin, de manière lugubre. Au contraire, une guerre... un autre bon mais radical écrasement définitif - que peuvent espérer de plus ceux qui espèrent encore?

On voit encore plus noir. Voici, par exemple, l'une des formes sous lesquelles, entre autres, nous pourrions aussi dépeindre la "fin du monde".

Plus de guerres. La fraternité universelle. Nivellement total. Le seul mot d'ordre : obéir - incapacité, de devenir « organique » vu la contre-éducation des générations successives, alors qu’il faudrait faire tout sauf obéir. Pas de dirigeants. La toute-puissance de la "société". Les hommes, des moyens d'action sur les choses. L'organisation, l'industrialisation, le mécanisme, le pouvoir et le bien-être physique et matériel atteindront des sommets inconcevables et vertigineux. Soigneusement libérés scientifiquement de l'ego et de l'esprit, les hommes deviendront très sains, sportifs, travailleurs. Parties impersonnelles de l'immense agglomération sociale, rien, après tout, ne les distinguera les uns des autres. Leur pensée, leur façon de ressentir et de juger seront absolument collectives.

Avec les autres, même la différence morale entre les sexes disparaîtra, et il se peut aussi que le végétarisme fasse partie des habitudes rationnellement acquises de ce monde, se justifiant sur la similitude évidente des nouvelles générations avec les animaux domestiques (les animaux sauvages n'étant alors plus autorisés à exister que dans quelques jardins zoologiques). Les dernières prisons enfermeront dans l'isolement le plus terrifiant les derniers agresseurs de l'humanité : les penseurs, les témoins de la spiritualité, les dangereux maniaques de l'héroïsme et de l'orgueil guerrier. Les derniers ascètes vont s'éteindre un à un sur les sommets ou au milieu des déserts. Et la messe se célébrera par la bouche de poètes officiels et autorisés, qui parleront des valeurs civiles et chanteront la religion du service social. À ce moment-là, une grande aube se lèvera. L'humanité sera véritablement régénérée, et elle ne conservera même plus le souvenir des temps passés jugés désormais « barbares ».

Maintenant : qui vous permettrait d'appeler "fin" cette fin ? Pour voir, avec nous, l'effondrement total, la chute finale ? Seriez-vous capable de concevoir un mythe plus splendide, un avenir plus radieux pour l'"évolution" ?

lundi, 30 novembre 2020

Entretien avec Claudio Mutti : A propos de Julius Evola

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Entretien avec Claudio Mutti : A propos de Julius Evola

Propos recueillis par Sergio Fritz Roa (2004)

Ex : https://legio-victrix.blogspot.com

Comment avez-vous entendu parler de Julius Evola ?

J'ai lu Révolte contre le monde moderne quand j'avais dix-huit ans. J'étais un des responsables de la section italienne de Jeune Europe, une organisation dont j'étais membre à l'époque. Les animateurs de cette organisation m’ont donné un exemplaire du livre. Le pragmatisme de Jean Thiriart et sa conception machiavélique de la politique ne nous ont pas complètement satisfaits, de sorte qu'en nous, jeunes "euro-nationaux" d'il y a quarante ans, la double exigence d'une vision intégrale du monde et d'une véritable sacralisation de l'action politique est demeurée vivante. L'œuvre d'Evola représentait donc, pour moi et pour d'autres, la porte d'entrée d'une Weltanschauung fondée sur la spiritualité.

Quelle est l'importance de Julius Evola pour le monde occidental ?

Tout d'abord, il faut dissiper le malentendu que suppose inévitablement un tel syntagme ("monde occidental"). S'il est vrai que dans les siècles passés il y avait bien une "civilisation occidentale", aujourd'hui le même nom sert à désigner une Zivilisation spenglerienne qui, en plus de s'étendre sur une zone géographique beaucoup plus large, ayant son propre épicentre et son propre paradigme aux États-Unis d'Amérique, se configure comme une véritable pseudo-religion idolâtre, dont les principaux dogmes sont le Marché, les Droits de l'Homme et la Démocratie. Ainsi, l'Occident, cet Occident qui a acquis des dimensions quasi planétaires, est la manifestation la plus monstrueuse de ce que nous pouvons appeler, sur le plan de l'évolution, l'Anti-Tradition. Tant l'Europe que l'Amérique latine peuvent tirer de l'œuvre d'Evola, et de son appel à la valeur fondamentale de la Tradition, les points de référence essentiels pour leur éveil et pour une lutte cohérente contre cette "civilisation occidentale" contre-nature et anti-humaine.

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Vous avez défendu le combat controversé mené par l'auteur de La désintégration du système, Giorgio Freda, qui, pour son radicalisme révolutionnaire, a purgé une longue peine de prison. Pouvez-vous nous expliquer la raison de cette défense ?

En 1969, lorsque le phénomène de la révolte étudiante a fait croire à beaucoup que la mobilisation pour la destruction du système bourgeois avait commencé, Freda a considéré qu'il était de son devoir de s'adresser aux jeunes révolutionnaires nationaux pour qu'ils repensent les principes du véritable État. Jusqu'alors, dans l'Italie de l'après-guerre, les défenseurs de la doctrine "traditionnelle" de l'État n'avaient pas quitté le verbalisme académique et nostalgique, ni ne s'étaient lancés dans l'arène politique pour se mettre au service des arrière-gardes bourgeoises, utilisant l'évolutionnisme comme alibi pour leurs choix réactionnaires. Avec La désintégration du système, en revanche, la doctrine traditionnelle de l'État s'est présentée comme une opposition intégrale et irréductible au monde bourgeois. L'organisation même du communisme de "l'Etat populaire", théorisé par Freda, était considérée comme une thérapie d'urgence indispensable pour l'élimination de l'homo oeconomicus : un remède homéopathique pour la "restauration de l'humain" dans une Rangordnung virile (= une hiérarchisation virile). La longue persécution à laquelle Freda a été soumis, au-delà des prétextes judiciaires formels, s'explique précisément par son engagement radical en tant que soldat politique. J'ai donc estimé qu'il était de mon devoir de prendre des mesures de solidarité militante.

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Vasile Lovinescu.

Le rapprochement entre des écrivains purement traditionalistes (Guénon, Lovinescu, Valsan, etc.) et quelques personnalités plutôt politiques ou "métapolitiques" (Evola, Codreanu, Wirth) a été une constante dans son œuvre. Cependant, alors que les premiers proposent une lutte interne, c'est-à-dire le Grand Jihad, les seconds semblent perdus dans l'éventualité d'une bataille externe... Quelle est votre opinion à ce sujet ?

Dans le contexte de l'évolution, la doctrine de la "Petite et Grande Guerre Sainte" occupe une place très importante. En affirmant une telle doctrine, qui est désignée par une expression extraite de la terminologie islamique (Al-jihad al-akbar, Al-jihad al-asghar), Evola reprend le concept d'action qui caractérise toute vision traditionnelle : l'action se trouve "selon l'ordre" lorsqu'elle est consacrée rituellement et devient un chemin d'accomplissement spirituel. L'approche dont vous parlez correspond donc à une complémentarité : ceux que vous définissez comme des "écrivains purement traditionalistes" nous fournissent les indications nécessaires pour comprendre, tandis que les personnalités politiques ou métapolitiques représentent une action politique ou culturelle à un niveau qui n'est nullement celui de la pure contingence.

Vous êtes éditeur et dirigez la maison d’édition "All'insegna del Veltro", qui a publié des documents d'une grande valeur spirituelle et métapolitique. Quels sont les nouveaux ouvrages que vous avez l'intention de publier ? Quels sont vos projets à cet égard ?

La maison d’édition "All'insegna del Veltro" a publié cent livres depuis 1978. Cette année, une nouvelle collection éditoriale a été inaugurée, dans laquelle des œuvres géopolitiques d'auteurs "classiques" et contemporains seront accueillies. Les deux premiers textes, de Haushofer, seront suivis d'une conférence d'Omar Amin von Leers, d'un volume avec des écrits de différents auteurs sur la Turquie, de divers écrits de Jean Thiriart, etc. Un autre livre de Bèla Hamvas (1897-1968), un écrivain hongrois qui, bien que largement lu et apprécié dans sa patrie, était complètement inconnu en Italie jusqu'à il y a quelques années, lorsque notre maison d’édition "All'insegna del Veltro" a publié Scientia Sacra, une de ses œuvres qui peut être dignement incluse parmi les chefs-d'œuvre du "traditionalisme intégral".

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Bela Hamvas.

Vous avez publié le livre de Vasile Lovinescu, qui correspondait avec Guénon et était un disciple de Schuon, intitulé La Dacia Iperborea. Il a également abordé le thème de l'influence d'Evola sur le "front de l'Est" (Roumanie, Hongrie, etc.) et a écrit un livre sur les auteurs traditionalistes roumains (Vâlsan, Lovinescu, etc.). Pourquoi vous intéressez-vous tant à la Roumanie ?

Cet intérêt est né, il y a de nombreuses années, lorsque j'ai découvert la merveilleuse figure de Corneliu Codreanu. Qu'est-ce qui a rendu possible un phénomène comme celui du « légionnaire » dans l'Europe du XXe siècle ? A partir de ce questionnement, des recherches ont été lancées qui m'ont amené à découvrir la réalité d'un pays qui, pour reprendre une expression circulant en Roumanie, est "le plus guénonien du monde". Vasile Lovinescu, en particulier, représente précisément cette complémentarité de contemplation et d'action dont il vient de parler : il était muqqadim d'un ordre initiatique du soufisme, il était le maire légionnaire de sa ville. D'un autre auteur roumain, Mihai Marinescu, j’ai traduit le texte d'une conférence sur "Dracula dans la tradition roumaine" qu'il a donnée à Santiago du Chili et qui a été organisée par l'éditeur "Bajo los Hielos". Il n'est donc pas nécessaire que je m'étende en vous expliquant le riche patrimoine traditionnel qui a été conservé en Roumanie jusqu'à ce jour.

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samedi, 14 novembre 2020

Parution de la revue Sparta, dirigée par Philippe Baillet

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Parution de la revue Sparta, dirigée par Philippe Baillet
 
Sparta, nom de l’épouse d’un fils de Zeus qui renvoie bien sûr à la célèbre cité grecque, est le titre d’une publication sans périodicité fixe des éditions Aidôs. Sparta n’a aucun équivalent dans l’espace francophone et n’a eu que très peu de devancières dans la culture européenne depuis 1945: la revue romaine Ordine Nuovo, essentiellement évolienne; Nouvelle École (dans une certaine mesure); et Mars Ultor, dirigée en Allemagne par Pierre Krebs. Sparta est une publication ouvertement païenne, racialiste et identitaire, qui naît sous le triple parrainage augural du Rig-Veda, de Nietzsche et de Savitri Devi. Sparta, dès son premier volume, fait le pari de la qualité, tant sur le plan graphique, sobre et soigné, que sur celui du contenu. Grâce à Sparta, vos idées sont enfin défendues et affirmées avec rigueur et érudition ; vous y trouverez une écriture élégante, des références dûment vérifiées et complètes, des traductions (de l’allemand, de l’anglais, de l’italien) vraiment fiables. Sparta reflète le professionnalisme et la compétence de collaborateurs qualifiés, qui ont fait leurs preuves depuis longtemps : Jean Haudry, Philippe Baillet, Pierre Krebs, Jean Plantin, David Rouiller, auxquels viendront bientôt s’ajouter d’autres noms.
 

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Au sommaire du volume 1:
 
Un article de J. Haudry sur la notion d’aidôs, « respect, révérence », qualités indispensables aux membres d’une même sodalité.
 
Deux longues études de Ph. Baillet: l’une sur la « généalogie » et l’origine des valeurs dans la philosophie de Nietzsche; l’autre sur « le mythologue du romantisme », le Suisse Johann J. Bachofen, sa réception considérable dans la culture germanique, l’opposition-complémentarité Apollon-Dionysos, avec des aperçus relatifs à Alfred Rosenberg et à des penseurs völkisch comme Alfred Baeumler et Ludwig Klages.
 
Des textes d’Evola sur Bachofen, par qui il fut fortement influencé. Un inédit du théoricien italien : « Soldats, société, État ».
 
Trois textes d’un sociologue des arts visuels, Raimondo Strassoldo, sur l’entrée dans l’art moderne et contemporain non moins que sur la subversion organisée des canons esthétiques européens.
 
Un article de P. Krebs sur le mouvement Der Dritte Weg, véritable « communauté militante identitaire ».
 
Et un index pour vous repérer facilement dans cette matière.
 
Sparta entend remplir une fonction décisive d’approfondissement doctrinal et de transmission de notre héritage ancestral indo-européen. Mais Sparta ne vivra et ne grandira qu’avec le généreux concours financier de ses lecteurs.
 
Alors, soutenez Sparta !
 
Pour toutes commandes: https://www.akribeia.fr/paganisme/2107-sparta-vol-1.html?fbclid=IwAR0Cak5sA5YmqdBiSoII3MpHWDXGHTKCbp8LWplL97-xMrCFqLYKnWGTGy4
 
264 p.

vendredi, 16 octobre 2020

EL HOMBRE DE LA TRADICIÓN - Eduard Alcántara

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EL HOMBRE DE LA TRADICIÓN - Eduard Alcántara

 
 
En un mundo que ha llegado a las más altas cotas de disolución imaginables se hace imprescindible que el hombre que quiera sobrevivir en medio de tantas ruinas sepa qué actitudes existenciales debería seguir por tal de intentar no sucumbir en medio del marasmo envilecedor, desarraigante y desgarrador al que la modernidad y la postmodenidad lo quieren arrastrar. Sin duda son las actitudes propias del Hombre de la Tradición las que suponen el antídoto idóneo ante las dinámicas disolventes de los tiempos presentes.
 

samedi, 16 mai 2020

“ORION”: NUOVE SINTESI O PROVOCATORI FILOCOMUNISTI?

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“ORION”: NUOVE SINTESI O PROVOCATORI FILOCOMUNISTI?

di Matteo Luca Andriola

Uno dei teorici italiani della “nuova sintesi” nazionalcomunista è Carlo Terracciano, già descritto come “padre” della geopolitica eurasiatista in Italia. Questi arriva a storicizzare fascismo e nazionalsocialismo – nonostante permangano certi legami visto il background della redazione storica –, consentendone una rilettura critica: in «Rote Fahne und Schwartze Front»: la lezione storica del nazionalbolscevismo, saggio introduttivo al volume di Erich Müller Nazionalbolscevismo (Barbarossa, 1988), Terracciano, analizzando l’esperienza della componente rivoluzionario-conservatrice nazionalbolscevica, le teorie di Pierre Drieu La Rochelle, Emmanuel Malynski, l’ala sociale del fascismo e del nazionalsocialismo (il cosiddetto “fascismo rivoluzionario”) ecc., traccia le linee dell’attualizzazione di tali esperienze, il “nazionalcomunismo”, oltre il nazionalismo e il comunismo otto-novecentesco: “Oggi il nazionalismo è inteso come radicamento etnico, storico, culturale della propria terra, modificata fino nel suo paesaggio da millenni di cultura, nella ‘piccola’ e nella ‘grande’ patria, fino a estendersi all’unità del continente eurasiatico. In quanto al ‘comunismo’ esso va ben oltre nei secoli al pensiero di Marx e di Lenin e dei suoi seguaci, lo precede di millenni nella sua teoria e nella prassi di comunità contadine,di ordini monastico-guerrieri, di popoli, di interi imperi”.[1]

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Per Terracciano esisteva un comunismo pre-marxista che andava riscoperto, un “nazional-comunitarismo” che, oltre la scientificità di Karl Marx e Friederich Engels dimostrava che l’uomo non è un monade individualista ma un’animale comunitario. Quella di “Orion” è una rilettura tönnesiana e comunitarista di esperienze comunistiche sia tradizionalmente legate al movimento operaio socialista e comunista sia eresie utopistiche e forme di ancestrali comunità del mondo antico e medievale, cosa che portò certuni a destra a definire “filocomunista” il sodalizio, facendo bandire letteralmente “Orion” dalle sezioni del Msi e del Fdg: su «Candido» n°12 del 15/30 luglio 1986, rivista di destra del senatore missino Giorgio Pisanò, compare l’articolo caustico Che cosa si aspetta a reagire?, con un sopratitolo che recita: Provocatori filocomunisti operano negli ambienti del MSI, dove il direttore, filoamericano, attaccherà il gruppo di “Orion” per l’influenza esercitata fra i giovani del FdG, egemonizzato sin dal decennio precedente dai rautiani (si pensi al peso determinante della Nuova Destra di Marco Tarchi, che verrà poi cacciato dal Msi nel 1981), scrivendo: «Con il bel risultato di influenzare e plagiare cervelli e coscienze di troppi giovani che, presentando culturalmente un encefalogramma piatto, diventano facile preda di provocatori filocomunisti come quelli sopra citati».


Il direttore, Maurizio Murelli risponderà non solo enumerando noti esempi di fascinazione filosovietica di esponenti di spicco del fascismo italiano come “Italo Balbo [che] nel suo libro (Ali d’Italia sul mondo ed. Mondadori, 1930) non lesina complimenti all’Urss, sostenendo che ogni popolo ha la sua via nazionale di realizzazione e costruzione”[2] ma, usando come fonte lo storico inglese Denis Mack Smith, citerà frasi “filocomuniste” del dittatore italiano («Mussolini tentò di convincersi che il comunismo russo stava dimostrandosi di gran lunga meno rivoluzionario del fascismo, e tra i suoi seguaci ci fu chi si domandò se i due movimenti non stessero a tal punto avvicinandosi da non esser più facilmente distinguibili. Il Duce stesso non escluse una tale eventualità»),[3] concludendo:

orion_1993_n9_br.jpg«Alcuni storici asseriscono […] che il Mussolini della RSI era influenzato da Bombacci, cioè uno dei fondatori del PCI che si arruolò volontario nella RSI per difendervi la propria idea e perdervi la propria vita. Può darsi […] che Mussolini fosse influenzato da Bombacci; ciò non toglie, egregio Senatore, che è in nome di quel Mussolini che Lei ha combattuto (se mai ha veramente combattuto) nella RSI. È inutile dire che di citazioni “filocomuniste” e “filorusse” di Mussolini-maestro-di-Pisanò ne potremmo produrre ancora ben più di una, inchiodando Pisanò al palo della sua ignoranza o a quello del suo tradimento (scelga lui, giacché il suo filoamericanismo “fascista” è sinonimo o di ignoranza sull’autentica essenza del fascismo, oppure è consapevole tradimento). Ma il punto è anche un altro, giacché essendo noi per l’Eurasia non siamo affatto per il “comunismo” e, in ogni caso, il regime al potere in Russia non ha niente a che vedere con il comunismo marxista, né con quello leninista né con quello stalinista. Anzi, l’attuale premier [Michail Sergeevič Gorbačëv, dal 1985 segretario generale del PCUS e presidente dell’Unione Sovietica, n.d.a.] si sta dimostrando un burattino del potere mondialista, potere del quale già abbiamo detto e molto ancora diremo.»[4]

Il nazionalcomunismo non si presenta come un confuso guazzabuglio come di primo acchito si potrebbe pensare, cioè la mera sommatoria fra comunismo e nazionalsocialismo o fascismo ma, in una fase storica come gli anni ‘80 dove, a seguito dei cambiamenti economici e strutturali concernenti il passaggio dall’accumulazione “fordista o, come viene detta, d[a]ll’accumulazione rigida [a] quella postfordista o dell’accumulazione flessibile, che ne hanno scandito la storia durante il secolo scorso per giungere fino ai nostri giorni”,[5] concretizzandosi in campo culturale nella messa in discussione delle ideologie otto-novecentesche, giudicate incapacitanti, con l’avvento della postmodernità e del “pensiero debole”. Il “nazionalcomunismo” – in quegli anni elaborato anche da altri sodalizi intellettuali, si pensi alle nuove sintesi elaborate in area franco-belga dalla Nouvelle Droite pescando anche dall’eredità di Jeune Europe di Jean Thiriart[6] – viene vista come la risposta, e si cavalca la crisi delle ideologie non archiviandole, ma elaborandone di nuove. Mentre il grosso della destra e della sinistra nei primi anni '90 sposerà il mercato, “Orion” arriva a proporre arditamente – non senza i condizionamenti della Nouvelle Droite – la sua ‘nuova sintesi’ nazionalcomunista: l’unione degli ideali del “fascismo-movimento” (secondo l’espressione coniata da Renzo De Felice) con quelli del bolscevismo pre-regime, accanto a un occhio di riguardo per il mondo islamico (soprattutto l’Iran di Khomeini) e la spiritualità russa, un progetto nazionalcomunista dove trovano spazio culturale «oltre alle SS, a Degrelle e al Rexismo, a Evola e Guénon, agli autori “proibiti” – da Brasillach a Drieu La Rochelle a Codreanu – e ai “fascisti eretici” alla Berto Ricci, ai teorici della Konservative Revolution tedesca, altre figure “irregolari” come Noam Chomsky piuttosto che il comunista-fondamentalista Zjuganov, e persino i miti della sinistra, da Mao Dzedong a Che Guevara»[7].

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[1] C. Terracciano, «Rote Fahne und Schwartze Front»: la lezione storica del nazionalbolscevismo, in E. Müller, C. Terracciano, Nazionalbolscevismo, Edizioni Barbarossa, Saluzzo 1988, p. 47, ora in C. Terracciano, 'Alle radici del "rossobrunismo". Orion, gli scritti di Carlo Terracciano, vol. 1, AGA Editrice, Cusano Milanino 2020.
[2] M. Murelli, Per l’Europa agli Europei, in “Orion” n° 22, luglio 1986.
[3] D. Mack Smith, Mussolini, Rizzoli, Milano 1981, p. 220.
[4] R. Finelli, Globalizzazione, postmoderno e “marxismo dell’astratto”, in “Consecutio temporum. Rivista critica della postmodernità”, a. I, n° 1, giugno 2011. Cfr. inoltre R. Bellofiore, Dopo il fordismo, cosa? Il capitalismo di fine secolo oltre i miti, in R. Bellofiore (a cura di), Il lavoro di domani. Globalizzazione finanziaria, ristrutturazione del capitale e mutamenti della produzione, Biblioteca Franco Segantini, Pisa 1998, pp. 23-50 e D. Harvey, La crisi della modernità. Riflessioni sulle origini del presente, tr. it. di M. Viezzi, Net, Milano 2002, pp. 151, 152.
[5] Cfr. C. Terracciano, Jean Thiriart: profeta e militante, in “Orion” n° 252, settembre 2005.
[6] M. Fraquelli, A destra di Porto Alegre. Perché la Destra è più no-global della Sinistra, Rubbettino, 2005, p. 64.

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Un livre de Carlo Terracciano publié en Allemagne (il y en eut plusieurs éditions)

mardi, 31 mars 2020

Gueïdar Djemal

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Gueïdar Djemal

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Cette nouvelle chronique évoque une personnalité publique dite en novlangue « controversée » parce qu’elle représente une déclinaison politique quasi-inconnue en France de l’idée grande-européenne ou, plus exactement, du néo-eurasisme dans le monde post-soviétique.

Gueïdar Djemal naît le 10 juin 1947 à Moscou et meurt à l’âge de 69 ans le 5 décembre 2016 à Almaty au Kazakhstan. Azéri (c’est-à-dire turcophone chiite d’Azerbaïdjan) par son père, il est russe par sa mère. Après d’excellentes études au cours desquelles il apprend avec brio l’allemand, l’anglais et le français, il rejoint à la fin des années 1960 un cercle intellectuel informel moscovite conduit par Evgeny Golovine. Il y découvre l’œuvre de René Guénon et de Julius Evola. Ce cénacle non conformiste surveillé par le KGB qui y voit une association de farfelus asociaux accueille dans les années 1980 un jeune étudiant prometteur et sous peu polyglotte : Alexandre Douguine.

Dans le tumulte de la Pérestroïka, Gueïdar Djemal se distingue par ses positions tranchées. Bien qu’en délicatesse avec le régime communiste, il souhaite le maintien de l’Union Soviétique. Il participe en 1990 à la fondation à Astrakhan du Parti de la Renaissance islamique (PRI) qui s’affiche pan-soviétique. Il en devient le principal conseiller politique. À partir de 1991 – 1992, le PRI – bientôt qualifié de « mouvement terroriste » – participe à la guerre civile au Tadjikistan.

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De retour de la capitale russe, le directeur – fondateur de la revue Nationalisme et République, Michel Schneider, décrit dans le n° 9 de septembre 1992 sa rencontre avec Gueïdar Djemal, un « homme [qui] a la très forte personnalité des génies, ou des fous… […] D’une intelligence hors du commun, cette personnalité douée d’une réelle présence physique est un magnifique comédien, sachant jouer de tous les registres ». Il le perçoit finalement comme « un homme redoutable ».

En effet, membre vite viré du mouvement archéo-nationaliste Pamiat, Gueïdar Djemal qui dirige la revue russophone Tawhid (« Monothéisme ») et Wahdad (« Unité »), l’organe du PRI, veut prolonger les réflexions de Constantin Léontieff. Ce penseur du XIXe siècle prônait face à l’Occident romain-germanique une alliance entre l’islam et l’Orthodoxie, soit les retrouvailles des deux héritiers de Byzance, les Empires russe et ottoman. Gueïdar Djemal est l’un des théoriciens de l’eurislamisme, c’est-à-dire l’activisme en faveur d’un empire paneuropéen de Vladivostok à Dublin islamiste.

Président du Comité islamique de Russie, il entend aussi écarter le soufisme et l’islam saoudien pour mieux rapprocher les dimensions ésotérique du chiisme et géopolitique du sunnisme. En 1992, Gueïdar Djemal se rend ainsi à Khartoum au Soudan à l’invitation du penseur panislamiste Hassan al-Tourabi dans le cadre de la Conférence arabe et islamique populaire. Il influence durablement les oulémas russophones. Il n’est pas anodin que deux cents sages musulmans venus de Russie et des marches de l’ancienne URSS se rassemblent en août 2016 à Grozny à l’invitation du président tchétchène Ramzan Kadyrov. Malgré la pression, les menaces, puis la vive colère de Riyad, cette réunion s’achève par une fatwa qui exclut le wahhabisme de l’islam sunnite.

Gueïdar Djemal prévient en 2013 dans le quotidien Vzgliad : « Ceux qui croient que l’islamisme est un instrument maîtrisé par l’Occident se trompent. L’islam politique mène au contraire une lutte ouverte contre le système politique occidental. La Russie doit comprendre qu’elle n’a pas intérêt à suivre l’Occident sur ce front. » Dans Pour le Front de la Tradition (Ars Magna, 2017), Alexandre Douguine explique dès 1991 que « Tawhid est la revue de l’avant-garde métaphysique islamique fondamentaliste fondée et animée par le grand penseur et métaphysicien de notre époque, Gueïdar Djemal. On y considère l’islam sous la lumière initiatique et géopolitique, eschatologique, raciale, ethnique, économique, scientifique, artistique. C’est un curieux et génial mélange d’avant-garde intellectuelle et de traditionalisme radical (p. 143) ». Il n’hésite cependant pas à intégrer dans sa vision du monde la « lumière du Nord hyperboréenne ». Il est significatif que son premier essai paru en 1981 s’intitule L’Orientation du Nord.

Ce proche de l’ancien philosophe communiste français converti à l’islam Roger Garaudy lance en février 2009 à Iekaterinbourg dans une perspective ouvertement révolutionnaire et contre les nationalistes ethniques « petits »-russes une Union internationale de soutien aux travailleurs migrants. « Ce mouvement va œuvrer pour la défense des couches les plus déshéritées de la société russe, annonce-t-il. Il intègre également la société civile favorable à la renaissance des idées internationalistes. C’est pourquoi aucun critère ethnique, confessionnel ou de citoyenneté n’est requis pour y participer. »

Ces dernières années, il se félicitait que de plus en plus de Russes d’origine slave se convertissent à l’islam. Dans le journal national-patriotique Zavtra du 12 mars 2002, cet ennemi juré de l’OTAN affirmait que « l’union avec près d’un milliard d’hommes, formant aujourd’hui un front d’opposition à l’hégémonisme américain se révèle nécessaire, sinon la Russie n’est tout simplement pas capable de survivre en tant que sujet de la grande Histoire ». Pour lui, la conversion de la Russie – déjà membre observateur à l’Organisation de la coopération islamique – à la foi mahométane lui permettra « d’enrayer son processus de décadence nationale provoqué par l’Occident ». Un temps conseiller politique du général Alexandre Lebed (14,73 % à la présidentielle de 1996), il sert d’intermédiaire entre les autorités russes et les indépendantistes tchétchènes, et permet la fin de la première guerre de Tchétchénie.

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Auteur de sept ouvrages dont un recueil de poèmes, Une fenêtre sur la nuit, et en 2003, La révolution des prophètes, Gueïdar Djemal confirmait encore à Michel Schneider que « la lutte en cours n’oppose pas tant l’ethnoparticularisme à l’universalisme musulman que deux types antinomiques de mondialisme : le mondialisme américain horizontal et le mondialisme islamique, sacral et vertical. En réalité, le mondialisme américain domine avec succès les ethnoparticularismes qui, en fin de compte, se mettent à le servir et se transforment en éléments fonctionnels de ses stratagèmes ». Il classera plus tard les forces politiques du monde moderne en trois groupes antagonistes : les libéraux, les traditionalistes et les radicaux.

Gueïdar Djemal demeura toujours fidèle à sa conception d’une puissance islamo-orthodoxe russo-soviétique alliée au tiers monde musulman. Il désapprouva par exemple l’intervention militaire française au Sahel et invita son gouvernement à s’implanter durablement en « Françafrique ». Son fils, Orkhan Djemal, fait d’ailleurs partie des trois journalistes russes assassinés en République centrafricaine en juillet 2018.

Gueïdar Djemal restera un personnage paradoxal. Ce traditionaliste convaincu combattait le « monothéisme de marché » au nom d’un autre monothéisme tout aussi dangereux. Preuve supplémentaire que le cosmopolitisme se manifeste sous bien des aspects.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 33, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 25 février 2020 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

vendredi, 27 mars 2020

Evola and Italian Philosophy, 1925–49: Three Biographical and Bibliographical Essays

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Evola and Italian Philosophy, 1925–49: Three Biographical and Bibliographical Essays

by Gianfranco de Turris, Stefano Arcella & Alessandro Barbera

Translation by Fergus Cullen

The following essays all appeared in Vouloir 119–121 (1996), the supplement to the revue Orientations, edited by Robert Steuckers. They centre on Julius Evola’s relations with the two major figures of Italian philosophy in the interwar period.

In “Evola, ultime tabou?” (pp. 1–3), Gianfranco de Turris asks if the rehabilitation enjoyed by such philosophers as Giovanni Gentile, previously denounced as Fascist, might be afforded to Evola. He briefly sketches the case in his favour: unlike the marginal crank of post-War imagination, Evola seems to have maintained relations with such figures of the first rank as Gentile and Benedetto Croce. In “Gentile/Evola: une liaison ami/ennemi…” (pp. 3–5) Stefano Arcella examines Evola’s fertile collaboration with Gentile and Ugo Spirito on the Enciclopedia Italiana. And in “Quand Benedetto Croce ‘sponsorisait’ Evola” (pp. 5–7) Alessandro Barbera investigates the Croce connection, looking in some detail at the correspondence between Evola, Croce, and the publisher Laterza.

French originals:

1—http://www.archiveseroe.eu/evola-a48672110

2—http://www.archiveseroe.eu/gentile-a126198308

3—http://www.archiveseroe.eu/croce-a126196870

PDF of this translation:

https://www.academia.edu/42191919/Evola_and_Italian_Philo...

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Gianfranco de Turris

Evola: the Last taboo?

by Gianfranco de Turris

gdtlivre.jpgWe will surely remember 1994 better than 1984, which Orwell immortalised by writing his celebrated apocalyptic book predicting an ultra-totalitarian world in which we all would have been irredeemably crushed. We will not remember it solely for the political event of 27 March in Italy, but above all for the consequences that this “reversal” might (I insist on the conditional!) have in the cultural sphere. Whatever one may thing of the victory of Berlusconi and his allies, it has already had a first result: the organisation of a colloquium dedicated to the personality of Giovanni Gentile; it was held in Rome on 20 and 21 May 1994 on the initiative of the leftist municipal council (which does honour to the Italian left, as does the other colloquium it dedicated to Nietzsche). We remember he whom we always defined as the “philosopher of Fascism,” fifty years after his death, when he was assassinated by a commando of communist partisans in Florence on 15 April 1944. After having beaten a long and sinuous intellectual course, many post-Marxist philosophers, such as Colletti, Marramao and Cacciari, claimed him for an authentic figure of the left, at least in a decent part of his work.

So Gentile recovers all his dignity for the “official” culture in Italy: of course, this concerns first of all Gentile the philosopher, and not the man and political militant. All the same, his rehabilitation as a philosopher marks a step forward in the liberation of spirits. So the last taboo for Italian intellectuals remains Julius Evola, as Pierluigi Battista nicely put it in the columns of Tuttolibri. Now, this year we also commemorate the twentieth anniversary of Evola’s death (11 June 1974). For Gentile, Italian official culture has at last come to accept, after a half-century and only some years before the year 2000, the position and importance of the “actualist” and Fascist philosopher. For Evola, on the contrary, a silence is always held, even is, imperceptibly, one feels that something is in the process of changing.

Luciferian Dilettante

Evola, in official culture, is thrown from one extreme to the other: on the one hand, he’s a demon, the Devil, an almost Luciferian personage, an ultra-racist to whom salvation is never to be granted; on the other, he’s culture’s sock-puppet, the inexact dilettante, unscientific and superficial, a clown of esotericism, “il Divino Otelma.” In interesting ourselves in him, we then risk toppling into the laughable, unless a more authorised voice begins to speak of him.

So there is still much work to be done on Evola, whether it be as a thinker of multiple interests, as an organiser of colloquia and promoter of intellectual initiatives between the Wars, as a man of culture and innumerable contacts, who received many suggestions from his contemporaries and gave in his turn.

During the twenty years that have passed since his death, few things have been done on his work and person in Italy; and these were the work of a small number of those who had always referred to Evola. We’ve found neither the time nor the manpower. It’s a bitter truth; but it’s so. It suffices to consider archival research: to reconstitute the facts and ideas, to fill in the “voids” in the life and in the evolution of Evolian thought, we need the documents; and these are still not all archived. The documents exist: it suffices to go and search where one thinks they might be found…

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For example, we don’t have access to the complete documentation on the relations between Evola and the Italian philosophical world of the ’20s and ’30s: Croce, Gentile, Spirito, Tilgher… We only finally know what Evola recounts of himself in his “spiritual autobiography,” The Path of Cinnabar. Ultimately, we know what we can deduce of his positions on diverse philosophical systems and on what we surmise intuitively. In general, we only know the views and opinions on Evola of the historians and academics who have especially studied that period of Italian culture: and they say that Evola was an isolated, marginal figure; that his ideas were not taken into consideration; that he was a singular, if not folkloric, figure. But do these opinions really correspond to reality?

We believe that we can today affirm that things were not so simple: that Evola was more relevant in his epoch than we’ve believed him to be. And we affirm this on the basis of a series of indications, hidden until today. The Roman weekly L’Italia settimanale is cataloguing these indications for the first time in a special supplement, in the hope of provoking debate and research.

Sponsored by Croce?

Evola maintained far more complex relations with Croce and Gentile that we’ve believed for many decades. Can we imagine an Evola “sponsored” by Croce? An Evola, collaborator with the Enciclopedia Italiana, patronised by the Mussolinian regime and directed by Gentile? An Evola close to Adriano Tilgher? An Evola in direct contact with Ugo Spirito? We can now divine that these relations were pursued more than we imagined them; but we have neither formal proofs nor the documents that definitively attest to them. The “isolated figure” was not, ultimately, isolated; the marginalised personage, as well, was not marginalised as we wished to say; the intellectual who, under Fascism, had amounted to not much, or missed out on everything, had been, ultimately, of more impact that we’d thought him. I think that we must seek out and recognise our fault: that of not having contemplated this sooner, and having given a truncated picture of Evola; with a complete vision of Evolian words and deeds, we may be able to refute many commonplaces. This won’t be possible unless the Croce Archives at Naples and the Gentile Foundation at Rome agree to let us consult the documents they hold and that concern the relations of Croce and Gentile with Evola.

Better late than never. The future will tell, after our work is done, whether Evola will always be, for progressivist culture, a taboo, will be the Devil, a clown…

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Stefano Arcella

Gentile and Evola: Friends and Enemies

by Stefano Arcella

The relations between Evola and Gentile have always been seen from the perspective of conflict, from the perspective of profound differences between the respective philosophical orientations of the two men. Evola, in his speculative period (1923–7), elaborated a conception of the absolute individual, representing a decisive overcoming of idealist philosophy in all its multiple formulations—notably those of Croce’s idealism and Gentile’s actualism. Evola, in reaching the end of his speculations, already approached the threshold of tradition, understood and perceived as openness to transcendence, and towards esotericism (as an experimental method for the knowledge and realisation of the self). His speculative period had thus been a necessary step on his path towards Tradition.

For all that, in the history of the relations between these two thinkers, there is an element that has remained utterly unknown before now: if we make ourselves aware of it, we acquire a clearer, more direct and more complete vision of the bond that united these two men—enemies to all appearances. This element is the correspondence between Evola and Gentile, which we can now consule, thanks to the courtesy the Fondazione Gentile has shown. This correspondence dates to the years 1927–9, to the time during which Evola directed the revue Ur, a publication aimed at working out a science of the Self, and which was subsequently titled a “revue of esoteric science.”

It was at this time that Gentile, with his collaborators, prepared a work of great scientific importance: the Enciclopedia Italiana, of which he was the first director. The first volume of this gargantuan work, commissioned by the Mussolinian regime, was produced in 1929. The following tomes appeared quarterly.

The most significant letter, at least from an historico-cultural perspective, is that sent by Evola to Gentile on 2 May 1928 (the year in which Imperialismo pagano was published). This letter is on paper with the letterhead of the revue Ur; it thanks Gentile heartily for having acted upon his wish to collaborate on the Enciclopedia Italiana; and Evola, in what follows, makes reference to his friend Ugo Spirito regarding the areas that might fall within his expertise.

This collaboration is confirmed in a letter of 17 May 1929, in which Evola reminds Gentile that the latter entrusted the writing of certain entries to Ugo Spirito, who in turn entrusted them to him. In this letter, Evola doesn’t specify precisely which entries are concerned, which makes our researches more difficult. Currently, we have identified with only one entry with certitude, relating to the term “Atanor,” signed with the initials “G.E.” (Giulio Evola).

These points can be verified in the volume Enciclopedia Italiana: Come e da chi è stata fatta, published under the auspices of the Istituto dell’Enciclopedia Italiana in Milan in 1947. Evola is mentioned in the list of collaborators (Evola, Giulio, p. 182); and also mentioned are the initials which he used to sign the entries of his expertise (G. Ev.), as well as the specialism in which his expertise was incorporated: “occultism.” This term designates the specialisation of the Traditionalist thinker, and not an entry in the Encyclopaedia. Furthermore, the citations, which this little introductory volume indicates beside the matter treated, suggest the volume on which Evola collaborated especially: it was vol. V, published in 1930, whose first entry was “Assi,” and last “Balso.”

Currently, we seek to identify precisely the notes prepared by Evola himself for this volume. We account for the fact that a good number of entries weren’t signed, and that the preparatory material for the Encyclopaedia must constantly be recategorised and put in order under the auspices of the Archivio Storico dell’Enciclopedia Italiana, because these masses of documents were dispersed in the course of the Second World War. Indeed, one part of the documentation had been transferred to Bergamo under the Social Republic.

Another element lets us verify Evola’s participation in this work of broad scope: Ugo Spirito mentions the name Evola in a text of 1947 among the writers of the Encyclopaedia in the domains of philosophy, economy and law. Identical indications are found in vol. V of 1930.

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On the basis of his data, further considerations are in order. The fact that Evola wrote to Gentile on paper with the Ur letterhead, on 2 May 1928, is not random.

Evola was not a man who acted at random, above all when he might be put in contact with a philosopher of Gentile’s standing, a figure of the first rank in the Italian cultural landscape of the era. Evola then didn’t present himself to the theoretician of actualism in a personal capacity, but as the representative of a cultural thread which found its expression in Ur, the revue of which he was the director. Evola hereby attempted to formalise esoteric studies and sciences within the bounds of the dominant culture, at the historical moment at which Mussolinian Fascism triumphed. This purpose is divined immediately when one knows that the discipline attributed especially to Evola in the Encyclopaedia was “occultism.”

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Giovanni Gentile

Gentile then accepts Evola’s collaboration, which represents, in fact, an avowed recognition of the qualifications of the theoretician of the absolute individual, as well as an indication of the attention given by Gentile to the themes treated in Ur, beyond the convictions that oppose one man to the other, and the irreducible differences of a philosophical order that separate them. Evola’s collaboration on the Encyclopaedia directed by Gentile proves that the latter counted him among the first rank of scientific minds, the cultural prestige of which was incontestable in the Italy of that epoch. From these epistolary exchanges between Evola and Gentile, we can deduce, today, a lesson which the two philosophers bequeath us in concert: they both show themselves capable of harmoniously integrating coherences to which they are strangers—coherences which contradict their own principles—which attests to an openness of spirit and a propensity for dialogue; to fertile confrontation and to collaboration, even and above all with those who express a marked otherness in character and ideas. Coherence is a positive force: it is not the rigidity of him who shuts himself up in sterile isolation. A fair play upon which it suits to meditate at this moment, at which some shout their heads off for a new inquisition.

For fifty years, we have witnessed an uncritical, misguided and unfounded demonization of our two thinkers; we’ve observed a gulf of incomprehension, of barriers which, happily, we might begin to break today, in view of the processes of transformation at work in the world of culture. All the same, the degradation of cultural debate in the aftermath of anti-fascism or party spirit is an unhappy reality of our era. To reverse the trend, it suits to return the spotlight on these bonds between Evola and Gentile—between two philosophers belonging to entirely different and opposite schools—in order to launch a debate at the Italian national level; to re-examine the roots of our recent history; to recuperate what has been unjustly stifled since 1945 and scrubbed from our consciousness in a burning fever of damnatio memoriae.

In conclusion, besides the path that the consultation of the Laterza archives offers us to explore the relations between Croce and Evola, we would also like to consult the letters of Croce; but alas, the Croce Archives have told us in so many words that “those letters are not consultable.” These are politics diametrically opposed to those practiced by the Fondazione Gentile, which itself permits one to consult, without difficulty, the letters of which I’ve informed you.

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Alessandro Barbero

When Benedetto Croce “Sponsored” Evola

by Alessandro Barbero

Julius Evola and Benedetto Croce. In appearance, these two thinkers are very distant from one another. That said, for a certain period of their coexistence, they were in contact. And it wasn’t an ephemeral episode, but a link of long standing, lasting for almost a decade, from 1925 to 1933. To be more precise, we should say that Croce, in this relation, played the part of “protector,” and Evola the role of “protégé.” This relation began when Evola entered the prestigious Areopagus of authors at the publisher Laterza of Bari.

In the ’30s, Evola published many works with Laterza, which have been reissued post-War. Now, today, we still don’t know the details of these links within the publisher. In fact, two researchers, Daniela Coli and Marco Rossi, have already furnished us in the past with intelligence on the triangular relation between Evola, Croce and the publisher Laterza. Daniela Coli approached the question in a work published ten years ago with Il Mulino (Croce, Laterza e la cultura europea, 1983). Marco Rossi, for his part, raised the question in a series of articles dedicated to the cultural itinerary of Julius Evola in the ’30s, and published in Renzo de Felice’s review Storia contemporanea (6, December 1991). In his autobiography, The Cinnabar Path (Scheiwiller, 1963), Evola evokes the relations he maintained with Croce, but tells us very little, ultimately: far less, in any case, than we can divine today. Evola wrote that Croce, in a letter, did him the honour of appraising one of his books: “Well ordered, and underpinned by reasoning quite exact.” And Evola adds that he knew Croce well, personally. The inquest leads us straight to the archives of the publishers at Bari, currently deposited at the State archives of that town, which might consent to furnish us with far more detailed indications as to the relations having united these two men.

The first of Evola’s letters that we find in Laterza’s house archives isn’t dated, but must trace to the end of June 1925. In this missive, the Traditionalist thinker replies to a preceding negative response, and pleads for the publication of his Teoria dell’individuo assoluto. He writes:

It is assuredly not a happy situation in which I find myself, I, the author, obliged to insist and to struggle for your attention on the serious character and interest of this work: I believe that the recommendation of Mr. Croce is a sufficient guarantee to prove it.

Theory of the Absolute Individual

The liberal philosopher’s interest is also confirmed in a letter addressed by Laterza to Giovanni Preziosi, send on 4 June of the same year. The publisher writes: “I have had on my desk for more than twenty hours the notes that Mr. Croce sent me concerning J. Evola’s book, Teoria dell’individuo assoluto; and he recommends its publication.” In fact, Croce visited Bari around 15 May; and it was on this occasion that he transmitted his notes to Giovanni Laterza. But the book was published by Bocca in 1927. That was the first intervention, of a long series, by the philosopher in Evola’s favour.

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Some years later, Evola returned to knock at the door of the Bari publisher, in order to promote another of his works. In a letter sent on 23 July 1928, the Traditionalist proposed to Laterza the publication of a work on alchemical Hermeticism. On this occasion, he reminded Laterza of the Croce’s intercession on behalf of his work of a philosophical nature. This time once more, Laterza responded in the negative. Two years passed before Evola reoffered the book, having on this occasion obtained, for the second time, Croce’s support. On 13 May 1930, Evola wrote: “Senator Benedetto Croce communicated to me that you do not envisage, in principle, the possibility of publishing one of my works on the Hermetic tradition in your collection of esoteric works.” But this time, Laterza accepted Evola’s request without opposition. In the correspondence of that era between Croce and Laterza that one finds in the archives, there are no references to this book of Evola’s. This is why we may suppose that they had spoken of it in person at Croce’s house in Naples, where Giovanni Laterza has in fact stayed some days previous. In conclusion, five years after his first intervention, Croce succeeded finally in getting Evola into Laterza’s catalogue.

The third expression of interest on the part of Croce probably originated in Naples, and concerns the reedition of Cesare della Riviera’s book, Il mondo magico degli Heroi. Of the dialogues relative to this reedition, we find a first letter of 20 January 1932, in which Laterza complains to Evola of having failed to find notes on this book. A day later, Evola responds and asks that he be procured a copy of the original second edition, that he might cast an eye over it. Meanwhile, on 23 January, Croce wrote to Laterza:

I have seen in the shelves of the Biblioteca Nazionale that book of Riviera’s on magic; it’s a lovely example of what I believe to be the first edition of Mantova, 1603. It must be reissued, with dedication and preface.

The book ended up being published with a preface by Evola and his modernised transcription. A reading of the correspondence permits us to admit the following hypothesis: Croce had suggested to Laterza to entrust this work to Evola. The latter, in a letter to Laterza dated 11 February, gave his view and judged that “the thing was more boring that I’d thought it would be.”

The Anthology of Bachofen’s Writings

The fourth attempt, which was not welcomed, concerned a translation of selected writings by Bachofen. In a letter of 7 April 1933, to Laterza, Evola wrote:

With Senator Croce, we once mentioned the interest which might receive a translation of passages selected from Bachofen, a philosopher of myth much in vogue today in Germany. If this thing interests you (it might eventually join the “Modern Culture” series), I can tell you what it concerns, taking into account the opinion of Senator Croce.

In fact, Croce was preoccupied by Bachofen’s theses, as a series of articles from 1923 demonstrates. On 12 April, Laterza consults the philosopher: “Evola wrote me that you had spoken of a volume that would compile passages selected from Bachofen. Is it a project that we ought to take into consideration?” In Croce’s response, dated the following day, there is no reference to this project; but we ought to account for one fact: the letter has not been conserved in its original form.

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Benedetto Croce

Evola, in any case, had not rejected the idea of producing this anthology of Bachofen’s writings. In a letter of 2 May, he announces that he proposes “to write to Senator Croce, that he might remind him of to what he had alluded” in a conversation between the two. In a second letter, dated to 23, Evola asked of Laterza if he in turn had asked the opinion of Croce, while confirming that he’d written to the philosopher. Two days later, Laterza declares not “to have asked Croce for his opinion” regarding the translation, because, he adds, “he fears lest he approve of it.” This is clearly a deceit. In fact, Laterza had asked the opinion of Croce; but we still don’t know what this opinion was, nor what had been decided. The anthology of selected writings of Bachofen was finally produced, many years later, in 1949, by Bocca. From 1933, the links between Evola and Croce seem to come to an end, at least from what the Laterza house archives permit us to include.

To find the trace of a reconciliation, we must refer ourselves to the post-War period, when Croce and Evola almost met once more in the world of publishing, but without the Traditionalist thinker noticing. In 1948, on 10 December, Evola proposed to Franco Laterza, who had just succeeded his father, to publish a translation of a book by Robert Reininger, Nietzsche e il senso de la vita. After having received the text, on 17 February, Laterza wrote to Alda Croce, the daughter of the philosopher: “I enclose to you a manuscript on Nietzsche, translated by Evola. It seems to me a good work; might you see if we can include it in the ‘Library of Modern Culture’?” On 27 of the same month, the philosopher responds. Croce considers that the operation might be possible; but he provides a few reservations all the same. He postpones his decision till Alda’s return, who was a few days in Palermo. The final decision was taken in Naples, around the 23 March 1949, in the presence of Franco Laterza. The opinion of Croce is negative, seemingly under the influence of his daughter Alda. On 1 April, Laterza confirms to Evola that “the book was much appreciated [without specifying by whom] on account of its quality,” but that, for reasons of “expediency,” it had been decided not to publish it. The translation appeared much later, in 1971, with Volpe.

This refusal to publish puzzled Evola, who didn’t know the real whys and wherefores. A year later, in some letters, returning the issue to the table, Evola raised the hypothesis of a “purge.” This insinuation irritated Laterza. Following this controversy, relations between the writer and the publisher cooled. In the final analysis, we can conclude that Evola was introduced to Laterza thanks to Croce’s interest in him. He left on account of a negative opinion offered by Alda, Croce’s daughter, on one of his proposals.

mardi, 24 mars 2020

Interview de Monsieur K à l'occasion de la réédition de "Révolte contre le monde moderne" de Julius Evola

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Interview de Monsieur K

à l'occasion de la réédition de "Révolte contre le monde moderne" de Julius Evola

 
L’équipe d’E&R Lille recevait Monsieur K le 21 décembre 2019 pour une présentation du livre de Julius EVOLA « RÉVOLTE CONTRE LE MONDE MODERNE », et a profité de sa présence pour lui poser quelques questions diverses et variées.
 

lundi, 11 novembre 2019

Pino Rauti

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Pino Rauti

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Giuseppe Umberto Rauti, dit « Pino », naît à Cardinal en Calabre, le 19 novembre 1926, et meurt à Rome, le 2 novembre 2012. Il fut tout au long de sa vie un théoricien, un activiste et un homme politique néo-fasciste et nationaliste-révolutionnaire. Député du Latium de 1972 à 1992, il siège au Parlement européen de 1994 à 1999. Auteur de nombreux essais, il publie en 1989 Le patrimoine culturel et linguistique de l’Europe.

Sa fille Isabella est depuis 2018 sénatrice du mouvement Frères d’Italie. Son mari, Gianni Alemanno, a été le premier maire de droite de Rome depuis la Seconde Guerre mondiale entre 2008 et 2013.

pinorautilibro.jpgMembre des forces armées de la République sociale italienne (1943 – 1945), Pino Rauti milite ensuite parmi les jeunes du Mouvement social italien (MSI). Il conçoit le fascisme comme un dépassement national, populaire et social-révolutionnaire de la droite et de la gauche. Il discute souvent avec Julius Evola et organise bientôt un courant évolien, « Les Fils du Soleil », au sein du MSI. Il quitte cependant le parti qu’il juge conservateur, droitier et bourgeois en 1956. Il a auparavant créé le Centre d’études Ordine Nuovo. Vu par les autorités comme un « Gramsci noir » (pour la chemise), il affirme depuis la tribune d’un congrès du MSI en 1954 : « La démocratie est une infection de l’esprit. » Arrêté une dizaine de fois et parfois détenu de façon préventive en prison, Pino Rauti a été soupçonné de contribuer à la « stratégie de la tension ». La justice l’a toujours innocenté de toutes ces accusations.

Ordine Nuovo influence le Front de la Jeunesse et les étudiants du MSI si bien qu’en 1969, son nouveau secrétaire général, Giorgio Almirante, l’invite à réintégrer le mouvement, ce qui provoque une violente crise interne. Accompagné de cadres aguerris, Pino Rauti organise un courant « fasciste de gauche » ou « national-gauchiste » d’abord appelé « Ligne future », puis ensuite « Espace nouveau » et, enfin, « Aller au-delà pour une ligne nationale-populaire ».

Influent auprès des jeunes qui montent à la fin des années 1970 les trois « Camps Hobbit » inspirés par l’œuvre de Tolkien, Pino Rauti s’adresse en priorité aux chômeurs, aux femmes au foyer, aux handicapés, aux consommateurs, aux protecteurs de l’environnement et aux défenseurs des cultures locales. « Parler à gauche, déclare-t-il en 1977, c’est faire comprendre aux manifestants que la vraie révolution est la nôtre. » Il invite à développer les cercles culturels, à monter de nombreux spectacles publics patrimoniaux instructifs et à tenir des ciné-clubs dans toute la péninsule.

Du 11 au 14 janvier 1990 se tient à Rimini le XVIe congrès du MSI. Le courant de Rauti y obtient 28,96 % et s’entend avec trois autres tendances pour battre la faction « Droite en mouvement » du secrétaire général sortant, Gianfranco Fini. À cette occasion, Pino Rauti devient secrétaire général du MSI.

Le nouveau responsable missiniste estime dans Éléments (n° 68, été 1990) que « la mise en œuvre d’un véritable programme social implique de lutter contre le capitalisme de façon révolutionnaire (p. 25) ». C’est la raison pour laquelle il explique au journaliste du Choc du Mois (n° 27, février 1990), Arnaud Lutin, que « le corporatisme, la socialisation et toute la législation sociale très avancée du “ Ventennio ” (la période fasciste de 1922 à 1943, à laquelle il faut ajouter la République de Salo) sont notre patrimoine politique ! Comme je l’ai dit durant le congrès, le fascisme est notre lucide utopie, alors donnons un futur au passé ! (p. 58) ». Précurseur, il répond toujours dans Le Choc du Mois qu’« il faut puiser à gauche et sortir du capitalisme », car « derrière McDonald, il y a le saccage des forêts tropicales, il y a la désertification du Tiers-Monde, il y a l’élimination des peuplades dites “ archaïques ” (pp. 23 – 24) ». Ainsi anticipe-t-il l’impératif écologique et l’illibéralisme politique : « La banquise communiste, en fondant, va libérer aussi des forces identitaires, des forces d’enracinement orientées vers des formes communautaires de vie, dit-il à Fabrice Laroche alias Alain de Benoist. Les peuples qui renaissent ne veulent plus du communisme, mais ils ne veulent pas non plus se convertir à l’occidentalisme. Ils ne veulent pas remplacer une aliénation par une autre, mais bien se remettre à l’écoute de leur nature profonde. Il y a là un potentiel révolutionnaire extraordinaire (Éléments, art. cit., pp. 27 – 28). » Marine Le Pen et Florian Philippot sont largement doublés sur leur gauche… Parce qu’il est « de ceux qui croient que l’âme des peuples est plus importante que le confort matériel (Idem, p. 23) », il juge dans une excellente réflexion ethno-différencialiste que « ce ne sont pas les immigrés qui menacent notre identité, mais ce système qui menace à la fois leur identité et la nôtre (Id., p. 25) ». Certes, prévient-il dans Le Choc du Mois, « nous ne contestons pas, naturellement, le danger de l’immigration massive. Cela implique une crise d’identité. Mais nous, nous voulons défendre notre identité exactement comme nous voulons défendre l’identité des travailleurs étrangers qui émigrent chez nous (p. 58) ».

pinorautiaffiche.jpg« Je suis de ceux qui considèrent que l’OTAN n’est pas notre destin ! (Éléments, art. cit., p. 25). » Par conséquent, « il faut que notre continent retrouve ses racines, et non pas qu’il fasse resurgir les fantômes de ses passions chauvines (Le Choc du Mois, p. 58) ». Pour lui, « l’Europe doit rompre avec un système occidental qui s’identifie de plus en plus à la seule société de consommation, et qu’elle doit dénoncer un impérialisme culturel américain qui provoque, chez nous comme ailleurs, des phénomènes de déracinement et d’érosion de la mémoire historique. Combattre l’américanisme et l’occidentalisme signifie défendre les valeurs les plus authentiques de l’homme européen en même temps que lutter pour la cause des peuples (Éléments, art. cit., p. 24) ». Cet engagement national-révolutionnaire se révèle prématuré; les électeurs se détournent du MSI de Pino Rauti et choisissent les ligues qui constitueront sous peu la Ligue du Nord. Les élections administratives de 1991 sont un désastre. Par ailleurs, au moment où le FN de Jean-Marie Le Pen délaisse son atlantisme et s’oppose à toute aventure militaire occidentale contre l’Irak de Saddam Hussein qui vient de récupérer sa province légitime, le Koweït, Pino Rauti, vieux tenant du dialogue euro-arabe, soutient l’intervention étatsunienne. Son propre courant explose dès lors ! Il démissionne du secrétariat général le 6 juillet 1991, aussitôt remplacé par Gianfranco Fini.

Après le congrès de Fiuggi en 1995 où se saborde le MSI, Pino Rauti n’adhère pas à la nouvelle formation politique : l’Alliance nationale. Il fonde au contraire le Mouvement social Flamme tricolore qu’il délaisse en 2002. En 2004, il crée le Mouvement d’idées sociales qui réalise aux élections européennes de cette année-là 0,1 % des suffrages. Après sa disparition, son mouvement rejoint Forza Nuova de Roberto Fiore.

Malgré de graves erreurs tactiques, Pino Rauti n’en reste pas moins une figure remarquable du combat européen, national, populaire et social. Souhaitons maintenant que les Français puissent au plus tôt découvrir les écrits théoriques de ce praticien de la politique.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 30, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 5 novembre 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

lundi, 27 mai 2019

Analysis of "Men Among the Ruins" (Kulturkampf Podcast)

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Analysis of "Men Among the Ruins" (Kulturkampf Podcast)

Full episode about Julius Evola's most political work - "Men Among the Ruins" which was written after the second World War. It has previously been taken off youtube.
 

vendredi, 10 mai 2019

L’altro ’68 tra Julius Evola e Jan Palach

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L’altro ’68 tra Julius Evola e Jan Palach

da Giovanni Sessa
Ex: http://www.barbadillo.it

Molti dei mali del nostro tempo hanno avuto una lunga incubazione storica. Non può, però, essere messo in dubbio che, un momento di evidente accelerazione dei processi di crisi, si sia mostrato, in modo lapalissiano, nel tanto mitizzato 1968 e nella contestazione studentesca. Due recenti pubblicazioni vengono, opportunamente, a ricordarcelo. Si tratta di Julius Evola, Scritti sul ’68, comparso nel catalogo dell’editore l’Arco e la Corte (per ordini: arcoelacorte@libero.it, pp. 130, euro 15,00), e del volume di Petr Vyoral, Jan Palach, Praga 1969. Una torcia nella notte, di recente nelle librerie per Ferrogallico (per ordini: info@ferrogallico.it, pp. 111, euro 15,00).

9788894398328_0_306_0_75.jpg   Il primo libro, come ricorda nell’informata Premessa Alessandro Barbera, raccoglie gli articoli che Evola pubblicò su il Borghese nel biennio 1968-1969, aventi per tema la contestazione, due suoi scritti apparsi su Il Conciliatore, nonché un’intervista rilasciata, per lo stesso mensile, a Gianfranco de Turris. Infine, un articolo pubblicato sul Roma nel 1971 e il capitolo tratto da L’arco e la clava, intitolato La gioventù, i beats e gli anarchici di destra. Chiude il volume, un’Appendice che riunisce scritti di Mario Tedeschi, Giano Accame ed Adriano Romualdi. Dalla lettura è possibile evincere l’effettiva posizione che il filosofo assunse nei confronti del movimento studentesco. Evola iniziò la propria collaborazione a il Borghese di Tedeschi, per chiamata diretta dello stesso Direttore. Questi non condivideva le posizioni fatte proprie, in tema di movimento studentesco e «cinesi» all’Università, da Giano Accame, intelligenza scomoda formatasi sui testi di Evola, ma aperta, lo ricorda Barbera, alla modernità. Mentre Accame rilevava assonanze teoriche di fondo tra il pensiero di Tradizione ed alcuni assunti teorici espressi dai francofortesi, gli interventi Evola, misero in luce come, nell’antropologia disegnata da Marcuse, emergesse un debito rilevante nei confronti del freudismo.

   L’uomo che i contestatori avevano in vista per il superamento della società ad una dimensione, vedeva il prevalere della spinta meramente pulsionale, legata ad un’idea di libertà quale puro svincolo, libertà-da e non libertà-per. Inoltre, Evola espresse una critica radicale del maoismo, ideologia sostanziata dal marxismo e da un nazionalismo collettivistico, del tutto alieno dall’idea di comunità tradizionale. Ciò lo indusse a prendere, con chiarezza, le distanze dai gruppi nazi-maoisti che sostenevano di ispirarsi alle sue idee, come ribadito anche nell’intervista concessa a de Turris. Sulle medesime posizioni si schierò lo stesso Adriano Romualdi. La vera urgenza, per Evola, non andava individuata nella contestazione al sistema, ma nella Rivolta contro l’intera civiltà moderna. Non esistendo strutture politiche, né partitiche, atte a tanto, sarebbe stato necessario dedicarsi alla formazione personale, spirituale ed esistenziale, per farsi trovare pronti al momento opportuno. Evola fu, dunque, lungimirante.

    Comprese che il ’68 era funzionale al sistema e che i contestatori avrebbero semplicemente scardinato, a favore dei padroni del vapore, il ruolo dei corpi intermedi, della famiglia, avrebbero soprattutto messo in atto l’assassinio del Padre, indispensabile figura della trasmissione della Tradizione, al fine di liberare l’energia sovversiva del capitalismo, fino ai limiti estremi. Coglie nel segno, nella postfazione, Manlio Triggiani nel sostenere che Evola criticò, ad un tempo, i contestatori, e quanti a destra svolsero il ruolo di guardie bianche del sistema, «liberando» le Università dai «cinesi» che le occupavano. Comprese, che, per costruire un Nuovo Inizio europeo, sarebbe stato necessario lasciarsi alle spalle la mera nostalgia, così come gli sterili richiami patriottardi.

   Il secondo volume che presentiamo è dedicato a Jan Palach e richiama l’attenzione sull’Altro Sessantotto, quello combattuto, oltre la cortina di ferro, non dai figli della borghesia americanizzata dell’Occidente, dai narcisi à la page, ma dai figli del popolo che lottavano per affermare, sacrificando la propria vita, la dignità dell’uomo e della Tradizione. Il libro è costituito da testi e da disegni. Presenta in modalità decisamente accattivante, nel fumetto ottimamente realizzato da Vyoral, la storia, personale e politica, di Jan Palach, «torcia n. 1» che il 16 gennaio 1969, in piazza  san Venceslao a Praga, si diede fuoco per protestare, non solo contro l’occupazione del suo paese da parte delle truppe sovietiche ma, ancor di più, per suscitare una reazione forte nei confronti dell’asfissia prodotta dal sistema comunista. La primavera di Praga era stata stroncata nel sangue: non si trattava di «riformare» il comunismo, ma di sconfiggerlo. Il fumetto è accompagnato e completato dai testi di Emanuele Ricucci, autore della Prefazione, e di Umberto Maiorca, a cui si deve la Postfazione. Il primo ricostruisce, con toni lirici e appassionati, le tragiche vicende del giovane studente universitario ceco, ricordando quanto asserito da Marcello Veneziani: «i sessantottini incendiarono il mondo pensando a sé stessi, mentre Palach incendiò se stesso pensando al mondo» (p. 7). Maiorca ripercorre, in modo organico e compiuto, la breve esistenza di Jan, sottolineando, a beneficio del lettore, che nei Paesi dell’Est europeo, molte furono, in quegli anni, le torce che si accesero, perché la verità tornasse a riempire, luminosa, la vita offesa dal comunismo. Il 25 gennaio 1969, si svolsero i funerali del martire: «in una Praga avvolta dal silenzio e da una pioggia sottile […] sotto un cielo grigio seicentomila persone scendono in strada» (p. 96).

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  I suoi resti mortali non trovarono pace. La sua tomba divenne luogo di culto e di pellegrinaggio, che il regime non poteva tollerare. Il corpo venne riesumato, cremato, e le ceneri consegnate alla madre. Solo nel 1974 furono nuovamente sepolte, ma sulla tomba, perché non fosse riconosciuta, comparvero le sole iniziali del nome, «J. P.». Il senso comune contemporaneo tende a relegare gesti come quelli di Palach, nelle forme del patologico, riducendolo alla categoria della «follia». Ciò è naturale, la società post-moderna non riconoscendo più il Padre, il precedente autorevole, può mai comprendere la quint’essenza dell’Eroe? Jan Palach l’ha pienamente incarnata. Resterà per sempre simbolo del nostro Sessantotto.

@barbadilloit

Di Giovanni Sessa

jeudi, 13 décembre 2018

Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

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Douguine, le populisme, la Tradition et les GJ

Ex: http://www.dedefensa.org

On connaît le philosophe et homme d’influence Alexandre Douguine, qui défend en Russie la doctrine extrêmement russe de l’eurasisme (ou néo-eurasisme puisqu’un premier eurasisme fut développé dans les années 1920 par des exilés russes). Ses conceptions appréciées d’une façon générale s’appuient sur la Tradition et une sorte de nationalisme mystique ; bien entendu et évidemment, la critique libérale occidentale s’est trouvée mécaniquement conduite à le classer à l’extrême-droite selon les normes terroristes psychologiques et communicationnelles du bloc-BAO pour le faire entrer dans sa grille de “diabolisation” habituelle et rechercher sa destruction intellectuelle dans l’opprobre religieux de l’excommunication.

Sans nous attarder aux détails politiques, aux évolutions chronologiques, etc., qui effectivement réduisent le débat à des querelles stériles et effectivement se heurtent à cette dialectique-Système de la “diabolisation” enterrant justement tout débat selon l’argument religieux de l’anathème de l’excommunication, nous mettrions Douguine dans un courant nationaliste mystique russe de type métaphysique et métahistorique où figureraient aussi bien Dostoïevski que Soljenitsyne. D’une façon fondamentale et hors des scories de la “diabolisation” toujours elle, laquelle recherche à tout prix l’abaissement des jugements et de l’esprit par conséquent, ce courant sort de la seule sphère russe lorsqu’il développe ses perceptions métaphysiques et rejoint le grand courant de la Tradition évidemment antimoderniste où l’on trouve des penseurs tels que Guénon et Evola qui sont des références de Douguine.

A partir de cette présentation, on comprend que l’intérêt de ce texte de Douguine sur la révolte des Gilets-Jaunes (*), – texte venu de l’anglais de FortRuss.comà partir du russe sur RT, – tient d’abord en ce qu’il généralise et, en quelque sorte, “internationalise” selon la référence de la métahistoire la crise des Gilets-Jaunes en France. C’est à notre avis la voie impérative à suivre pour le jugement le plus fécond : bien loin de leurs revendications, faire sortir les Gilets-Jaunes du cadre français tout en conservant les composants français les plus hauts et les plus ouverts à une métahistoire générale, pour mieux rechercher et définir leur signification.

Travaillant comme on l’a décrit, on trouve l’évidence impérative d’un Douguine repoussant énergiquement et absolument la classification droite-gauche avec toutes ses besognes de “diabolisation” qui dépendent bien plus de la “com’” affectionnée par le Système que de la métaphysique, pour justement développer une appréciation métaphysique, ou plus précisément dans ce cas métahistorique selon notre référence méthodologique habituelle. Il en résulte que Douguine voit dans les Gilets-Jaunes un mouvement de révolte contre les élites, celles que nommons nous-mêmes élites-Système (ou “élitesSystème”, pour suivre notre habituelle méthodologie dialectique), qui n’ont évidemment pas de frontières, d’autant que l’une de leurs idées centrales en tant que globalistes forcenés et globalistes religieux-intégristes est la destruction des frontières comme de l’identité.

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La traduction politique rejoint alors, bien évidemment, le courant populiste que l’on voit partout se lever, sous des formes extrêmement différentes selon les nations, les régions et les conceptions, mais toutes ces formes se rejoignant et se transmutant en un courant homogène d’une vaste contre-attaque contre les élitesSystème unies au sein du courant globaliste (néolibéral, communautariste, “mélangistes”, etc., et “diabolisateur” bien entendu). Le caractère psychologique de cette réaction des Gilets-Jaunes est la rage et la colère contre l’arrogance et le nihilisme entropique, avec une indéniable couleur satanique, des élitesSystème.

Avec les Gilets-Jaunes, et particulièrement selon Douguine, il est évidemment question du “peuple” puisque l’attaque vise les élitesSystème dont la première démarche est le mépris et la haine du peuple qui rechigne à entrer dans le moule entropique de leur destruction. Pour autant, il est incontestable que la référence va aussi à une élite dissidente, dont Douguine lui-même fait partie et dont on trouve de nombreux représentants en France (là aussi hors des clivages droite-gauche et de leur désaccord dans la politique courante) ; qui se manifeste de plus en plus dans ce pays avec des gens aussi différents que Todd, Sapir, Finkielkraut, Zemmour, Michéa, Onfray, Gaucher, Guillluy, Houellebecq, de Benoist, etc.

L’intérêt des Gilets-Jaunes est effectivement de forcer à des grands reclassements hors des clivages favorisés par les élitesSystème pour développer leur dialectique déstructurante pour l’adversaire de la “diabolisation”, pour développer une critique antimoderne radicale. Il s’agit, à la fois opérationnellement mais aussi conceptuellement au plus niveau de la métahistoire, d’une critique antiSystème s’alimentant notamment, directement ou indirectement et pour une partie non négligeable, au courant de la Tradition primordiale débarrassée de ses clivages politiques bien entendu mais aussi de ses clivages par rapport à la question de la religion.

La menace suprême de l’entropie et de la destruction du monde que portent les élitesSystème par le biais de la globalisation doit conduire à écarter les querelles d’opinion, de chapelles, etc., pour en venir à l’essentiel. Les Gilets-Jaunes constituent à cet égard une formidable opportunité autant qu’une forte pression d’un type nouveau et c’est de ce point de vue que l’analyse de Douguine est d’une réelle utilité. Il est bon qu’elle vienne d’un non-Français, d’un nationaliste mystique russe qu’on croirait lié sinon fermé à son seul choix russiste (néo-eurasien), et qui au contraire apprécie le problème d’un point de vue transnational, unitaire, transcendant les frontières sans les abolir, transcendant les différences identitaires sans affaiblir en aucune façon les identités mais en les renforçant au contraire. Il y a une diversité très marquées mais qui se rejoint en un tronc commun face à la menace entropie/destruction du monde que développent les élitesSystème recherchant au contraire leur propre mélange niveleur et entropique puisqu’elles sont comptables de l’équation du Système surpuissance-autodestruction du Système.

(A cette occasion, il faut définir les élitesSystème comme ersatz d’élites, élites absolument inverties, car inversion plus encore que négation du concept d’élites, des “élites” absolument, totalement usurpatrices et inverties selon une démarche qui s’inspire de la manière satanique, jusqu’à faire croire à sa véritable existence sous la forme d’une influence entropique dévastatrice. Il faut aussi avancer l’hypothèse que la sociologie qu’en fait Douguine est soit contestable, soit incomplète, soit trop imprécise à notre sens ; à côté des nouveaux-super-riches, ou “super nouveaux-riches”, qui n’ont pas appris à être riches d’une manière responsable, toute l’infanterie des élitesSystème qui fait sa force de frappe est ainsi définie par Douguine : « ...personnes de types marginaux [qui] ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux [souvent sectaires] et sexuels – [qui] sont devenues dominants parmi eux. » Nous aurons une approche différentes : même s’il y a une telle diversité, c’est essentiellement la “fonction” qui caractérise cette “infanterie des élitesSystème”, essentiellement venue de la communication, que ce soit de l’entertainment, du show-biz, de la fausse-littérature, de l’art subventionné par le Corporate Power [A.C.], du clergé postmoderne, des ONG, etc. ; créatures particulièrement brillantes-blingbling, connues, pipoles clinquants, vedettes des talk-shows TV, élevées dans l’affectivisme tenant lieu d’intellectualisme, d’une culture subvertie et d’apparence, réduite aux acquêts postmodernes... Une très récente pétition pour que “les GJ se remettent au travail” comprend comme “personnalités” : Cyrile Hanouna, Stephane Berg, Thierry Lhermitte, BHL, – saltimbanques ou bouffons, ou les deux à la fois.)

dedefensa.org

Note

(*) Nous proposerions effectivement une “majusculation” générale en Gilets-Jaunes, pour marquer l’importance fondamentale de ce mouvement, et éventuellement utiliser l’acronyme “GJ” lorsque la rapidité d’un texte l’autorise, ou pour la facilité d’un titre. (D’ailleurs et “pour rendre à César” comme à notre habitude, nous noterons que certains lecteurs venus au Forum ont commencé à utiliser l’acronyme et nous ont inspirés à cet égard.)

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Douguine : insurrection en France

L’anatomie du populisme et le défi lancé aux élites

Les manifestations en France, symbolisées par des gilets jaunes, couvrent une partie de plus en plus importante de la société. Les experts politiques ont déjà qualifié ce mouvement de “nouvelle révolution”. L’ampleur du mouvement des gilets jaunes est d’ores et déjà telle qu’il est absolument nécessaire d’analyser ce phénomène de manière détaillée.

Nous avons affaire à une manifestation vivante du populisme européen moderne. La marque principale du populisme en tant que phénomène issu de la structure politique des sociétés formées à la suite de la Grande Révolution Française et basées sur l’antagonisme entre droite et gauche, est qu’il modifie radicalement cet antagonisme.

Les mouvements populistes rejettent ce schéma classique gauche / droite et ne suivent aucune attitude idéologique stricte, ni de droite ni de gauche . C’est la force et le succès du populisme: il ne joue pas selon les règles préétablies. Pour autant, le populisme a sa propre logique: malgré toute sa spontanéité, il est tout à fait possible de tracer une certaine logique et même les prémices d’une idéologie populiste qui se dessine sous nos yeux.

Tout d’abord, le fait que les mouvements populistes soient dirigés contre l’ensemble de l’élite politique, sans distinction, qu’elle soit de droite ou de gauche, est frappant. C’est le “soulèvement de la périphérie de la société contre son centre”. Dans son célèbre ouvrage, le sociologue américain Christopher Lasch(1932-1994) a qualifié la forme de gouvernement qui prévaut dans la société occidentale moderne de “Révolte des élites”.

Au début du XXe siècle, il était d’usage de suivre le discours de José Ortega y Gasset sur la “révolte des masses”, dont l’influence croissante sur la politique menaçait, semble-t-il, de détruire la culture occidentale – le Logos Européen. Mais Christopher Lasch a noté une nouvelle tendance politique : ce sont les élites qui détruisent la culture et le Logos Européen aujourd’hui. Ces nouvelles élites occidentales, qui n’ont atteint le sommet du pouvoir que par leur ressources et leur immense “volonté de puissance”, sont bien pires et plus destructrices que les masses.

Une personne ordinaire conserve encore certaines traditions culturelles; il est presque impossible de trouver un “prolétaire pur”. Mais les élites capitalistes modernes, qui n’ont pas d’aristocratisme, sont avides de pouvoir, de position et de confort. Dans le même temps, de plus en plus de personnes de types marginaux ont commencé à pénétrer dans la “nouvelle élite”, les personnes non issues de groupes périphériques, mais appartenant à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux (souvent sectaires) et sexuels – sont devenus dominants parmi eux. Selon Christopher Lasch, c’est cette cohue perverse qui constitue la base de l’élite mondialiste moderne, qui détruit les fondements de la civilisation.

En conséquence, le populisme – y compris celui des “gilets jaunes” – peut être considéré comme un soulèvement de représailles du peuple contre les élites, qui ont complètement perdu leur lien avec la société. Les élites ont construit leur propre monde dans lequel règnent le double discours de convention, des normes du politiquement correct et de la démagogie libérale.

Selon ces “nouvelles élites”, le peuple et la société, dans leur état actuel, n’ont pas leur place dans ce monde. Par exemple,  cette représentante typique de la “nouvelle élite”, Hillary Clinton, furieuse du succès du populiste de droite Trump, a ouvertement insulté les Américains ordinaires – comme déplorables, ce qui veut dire “néfastes” et “inexistants”. Les “Déplorables” ont choisi Trump – non pas parce qu’ils l’aimaient, mais pour répondre à la “sorcière globaliste” Clinton.

Macron est un représentant du même type des “nouvelles élites”. Il est curieux qu’à la veille des élections, le journal français Libération ait publié le titre « Faites ce que vous voulez, mais votez Macron ». Cela est une paraphrase évidente d’Aleister Crowley, qui s’est proclamé au XXe siècle l’Antéchrist et la Bête 666: « Fais ce que tu voudras sera la totalité de la Loi ». En d’autres termes, les foules obéissantes devraient voter pour Macron non pas pour des raisons rationnelles, pas à cause de ses idées et de ses vertus, mais simplement parce qu’il s’agit de la loi impérative de l’élite dirigeante. Le mépris des élites pour les masses obéissantes et asservies est si affichée que ces élites ne se donnent même plus la peine de les séduire avec des promesses irréalisables : « Votez pour Macron, c’est la consigne et ce n’est pas discutable. » Votez et alors vous êtes libre. Sinon vous êtes déplorables… C’est tout.

En Italie, les deux principaux groupes de la population ont voté pour les populistes de droite de La Ligue et pour les populistes de gauche du Mouvement des 5 Etoiles. Ensemble ces partis ont réussi à créer le premier gouvernement populiste de l’histoire européenne. 

Et maintenant la France. Bien qu’en France, il n’existe pratiquement aucun contact politique entre le populisme de droite du Rassemblement National et le populisme de gauche de Mélenchon, aujourd’hui le populisme est réuni dans la révolte héroïque des “gilets jaunes”. Les gilets jaunes sont déplorables, à droite comme à gauche, au contraire de la droite libérale et de la gauche libérale qui sont admirables. Les populistes de droite sont terrifiés par la nouvelle politique insensée de l’élite en matière d’immigration et par la destruction des vestiges de l’identité française. Les populistes de gauche sont scandalisés par la politique économique désastreuse des libéraux, qui ne défendent que les intérêts des grandes entreprises. Macron est un protégé des Rothschild et cela montre de quel côté il est…

Les gilets jaunes se sont rebellés contre Macron et contre l’élite libérale au pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus un mouvement de droite ou de gauche classique. Macron est de gauche pour le soutien de la migration, la protection des minorités, la légalisation de la dégénérescence et le soi-disant “marxisme culturel”, mais il est de droite (droite libérale) en termes d’économie, défendant fermement les intérêts des grandes entreprises et de la bureaucratie européenne. Il est un pur globaliste, ne dédaignant pas une affirmation directe de son appartenance à la franc-maçonnerie (son fameux signe de la main représentant un triangle), même avec des slogans sataniques explicites : « Faites ce que vous voulez, votez pour Macron. » La révolte des gilets jaunes est précisément contre cette combinaison de droite libérale et de gauche libérale.

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Si Mélenchon et Marine Le Pen ne peuvent pas être unis politiquement, étant l’un trop à gauche et l’autre trop à droite, les gilets jaunes le feront à la place de ces dirigeants politiques cherchant à diriger un mouvement populiste. Les gilets jaunes ne sont pas seulement contre la politique économique ou l’immigration – ils sont contre Macron en tant que symbole de l’ensemble du système, contre le globalisme, contre le totalitarisme libéral, contre “l’état actuel des choses”. Le mouvement des gilets jaunes est une révolution populiste et populaire. Et le mot “peuple” (populus, “le peuple”) doit être pris littéralement dans le concept de “populisme”.

Ce ne sont pas des masses abstraites ni un prolétariat impersonnel – ce sont les derniers peuples vivants qui se sont levés contre le pouvoir mondial de la progéniture globaliste, les rebelles de la culture et de la civilisation, comme le croit Laech, rebelles à propos de l’homme en tant que tel, des peuples. de Dieu. Aujourd’hui, il n’y a plus de droite ni de gauche : seul le peuple est contre l’élite. Les gilets jaunes créent une nouvelle histoire politique, une nouvelle idéologie. Le nom de Macron ne désigne pas une personne, c’est une étiquette de la matrice. Pour obtenir la liberté, il doit être annihilé. Ainsi les gilets jaunes se dressent-ils et disent-ils la vérité.

Alexandre Douguine

mercredi, 15 mars 2017

Arte e Filosofia in Evola, perché il barone non è un’iconcina da sezione

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Arte e Filosofia in Evola, perché il barone non è un’iconcina da sezione

da Giovanni Sessa
Ex: http://www.barbadillo.it
 
Presentiamo un estratto dalla Prefazione di Giovanni Sessa alla nuova edizione del libro di Gian Franco Lami, filosofo politico dell’Università “Sapienza” di Roma, scomparso improvvisamente nel 2011, Arte e filosofia in Julius Evola, da pochi giorni nelle librerie per Fondazione Evola-Pagine editore, i libri del Borghese (euro 18,00). Nel 1980 fu il primo testo esaustivo dedicato al pensatore tradizionalista. Centrato prevalentemente sulla disamina del momento artistico e di quello teoretico di Evola, giunge a lambire la fase tradizionale di Rivolta contro il mondo moderno, mettendo in luce come la proposta evoliana fosse centrale nel dibattito intellettuale del Novecento europeo.                   

quaderno_fondazione_evola-207x300.jpgEvola, afferma Lami: “imposta…il problema filosofico in chiave individuale, o meglio, ‘esistenziale’, e risolve il metodo filosofico nella filosofia, e quest’ultima in una sorta di fenomenologia dell’individuo” . Da tale asserzione si evincono la potenza e l’originalità, nel panorama filosofico d’allora, non solo del momento speculativo evoliano, ma del suo percorso esistenziale. Infatti, l’attraversamento che egli compie dell’attualismo gentiliano, ritenuto vertice insuperato del pensiero europeo, prende le mosse, e qui Lami coglie pienamente nel segno, da Michelstaedter, dalla sua Persuasione. Questa, nell’esegesi lamiana, si configura quale: “…piacevolissima sensazione, quel piacere morale che si persegue nell’atto della liberazione, dell’auto-redenzione dal macchinamento sociale” .

Il giovane filosofo de La persuasione e la rettorica conduce Evola a comprendere essenzialmente che il significato della vita alberga in noi, nella forza della coscienza e nel “…senso personalissimo che ciascuno di noi riesce a dare alla propria vita” . A conferma di quanto sostenuto da Lami, ricordiamo che Evola nel saggio La potenza come valore metafisico, nel discutere le tesi gentiliane, in particolare in merito alla determinazione del molteplice, affidò all’Io empirico, alla sua fatticità di Einzige, di Unico, l’onore e l’onere, nella propria attività cosmicizzante, di “far essere” il mondo .

Al contrario, l’Atto puro del filosofo di Castelvetrano, con il rinviare all’universale, al trascendentale, introduceva nella prospettiva immanentistica di partenza, il Valore metafisico, il Dio trascendente. Per Evola e Michelstaedter, quindi, “platonici senza platonismo” per usare un’espressione coniata da Lami, sono convinti, contro ogni idealismo meramente gnoseologico, così come in contrapposizione ad ogni realismo ritornante, che l’assoluto, ciò che non ammette mediazioni, non possa essere ricercato che nel concreto, nella presenza dirà Andrea Emo, che con Evola condivise posizioni ultrattualiste.

Ma come poté il filosofo romano, se il quadro di riferimento teoretico che andò sviluppando tra il 1917 e il 1924 nelle opere speculative, era quello dell’immanenza pura e nuda, preservare il suo sistema e l’individuo assoluto dall’esito nichilista e dal rischio soggettivista e solipsista, tipicamente moderni? Come riuscì, allo stesso tempo, a superare il limite “mistico” di Michelstaedter, e il suo“dualismo”, retaggio della tradizione di provenienza del filosofo goriziano, quella ebraica, e evidente testimonianza dell’accettazione della logica eleatica e diairetica? Lo hanno spiegato con estrema chiarezza due esegeti del pensiero filosofico di Evola quali Giovanni Damiano e Massimo Donà: Evola non corse il rischio nichilista, perché il suo pensiero scoprì la libertà assoluta, fu anzi essenzialmente una filosofia della libertà . La libertà è realmente tale a condizione che non si esaurisca nella sua accezione di mero svincolo, libertà-da, di negazione fine a se stessa. Essa ha implicita in sé anche la posizione inversa, quella dell’affermazione. Essa “…propriamente non è nulla,…è “al di là” (dove “al di là” va inteso non come separazione ma, all’opposto, come termine di relazione) di ogni determinazione…sfugge ad ogni tentativo di entificarla” .  Non è riducibile alla “cosalità” preda della morsa nichilista, vi si sottrae.

E’ prius rispetto ad ogni antitesi, fondamento infondato che in quanto assoluto, ha in sé la possibilità del limite, della necessità. In questo senso, sotto il profilo esistenziale, per Evola è sempre possibile che la rettorica possa tornare a darsi dopo la conquista della persuasione e viceversa. Evola al riguardo è chiarissimo: “…libertà significa possibilità e la possibilità indeterminata non ha nulla da cui poter essere contraddetta”. Donà sostiene, in tema, che richiamarsi al Geist: “…nella sua accezione specificatamente idealista significa…vedersi ineludibilmente sospeso ad una “possibilità” che sarebbe sempre potuta non essere in quanto tale” . Sostiene, inoltre, il filosofo veneziano, che in conseguenza di tale acquisizione teorica e pratica in Evola il “già stato” non costituisce un’esperienza data, passata. Tale posizione è talmente radicale da porsi oltre le barriere divisive della logica identitaria, consentendo ad Evola di incontrare il pensiero e la prassi “magica”, nella stagione immediatamente successiva a quella speculativa.

Anche Lami, fin dalla fine degli anni Settanta, mentre l’ermeneutica evoliana più diffusa costringeva il pensatore negli angusti limiti della sola proposta politica, aveva capito tutto ciò: la filosofia dell’esistenza di Evola (si badi!, da non confondersi con nessuna specie di esistenzialismo), si configurava quale modello di filosofia della liberazione, scandita nelle tappe fenomenologiche della Spontaneità, della Personalità, della Dominazione. Lami interpreta la prima come stadio del “vivere animale” dell’uomo. Ciò che il mondo greco chiama anthropos, l’uomo-animale, è perfettamente chiarificato da tale momento della fenomenologia, ed è la “figura” iniziale da cui muovere per giungere all’individuo assoluto. Per questa ragione l’uomo evoliano si fa in un percorso esistenziale sempre fallibile, ma comunque anche effettivamente possibile, non è dato, è una conquista graduale e remissibile.

Con la seconda epoca viene attuata la coscienza riflessa, in funzione della quale ci si sente nel mondo ma distinti da esso. Infine, nella terza epoca, la volontà diviene la base su cui costruire i rapporti tra io ed altro da sé. L’individuo si afferma. Trova vita l’aner, il portatore dell’andreia, “fortezza” esistenziale, che in cammino ascendente realizza in sé, nella concreta fatticità, la libertà. Evola, a dire di Lami, presenta sotto forma di filosofia, le sua esperienza di liberazione, la sua reale Via alla libertà. Si tratta di un processo “purificatorio”, come negli antichi Misteri, in cui progressivamente l’uomo abolisce e riduce la dipendenza dall’esterno e acquisisce, in un percorso mai definitivamente concluso, la capacità di fare centro a sé in ogni circostanza.

Su tale Via ci si lascia alle spalle il torpore vitale che ci avviluppa e ci si impone al reale nei termini dell’appercezione interiore. In tale contesto teorico, Lami rileva l’importanza per la formazione della filosofia di Evola della filosofia della libertà di Rudolf Steiner, ma ciò che stupisce davvero della sua esegesi, almeno nella nostra prospettiva, sta nell’aver colto la prossimità di Evola al filosofo Antonio Banfi. In particolare, in relazione al problema dell’ordine trascendentale, nel quale il pensatore milanese individuò il luogo della connessione tra conoscenza empirica e unità di significato, il quid che qualifica in profondità la vita.

[…] Ciò spiega la presa di distanza di Lami, nell’Appendice di questo libro, uscito da oltre trentacinque anni, da quanti tendevano allora, ma sono troppi ancora oggi, a voler “ridurre” l’evolismo entro gli angusti limiti di “immaginetta” da sezione, da gruppuscolo cospirativo o, a seconda dei casi, ad icona da setta para-esoterica . Evola, così come la sua visione della storia e l’idea di Tradizione, andavano liberati dalle letture deterministiche: questo il compito che si assunse Lami scrivendo le pagine che seguono. In esse, pur non disconoscendo il ruolo svolto da Guénon nel preservare il patrimonio simbolico europeo a beneficio dei venturi, di fatto rileva come l’Età Ultima, il Tramonto spengleriano tematizzato da tanta filosofia della crisi, per Evola dovesse essere vissuta, non come momento cataclismatico dell’origine, ma quale possibilità di un Altro Inizio.

@barbadilloit

Di Giovanni Sessa

samedi, 28 mai 2016

Julius Evola ou la mystique du détachement

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Julius Evola ou la mystique du détachement

par

À mi-chemin entre le métaphysicien et le samouraï, Julius Evola a élaboré une vision de la politique et de la Tradition qui l’éloigne de la plupart des théoriciens politiques et des tenants du traditionalisme. Son approche repose sur un principe intangible : se détacher du monde tel qu’il est.

À l’âge de vingt-trois ans, alors qu’il est décidé à mettre fin « librement » à ses jours, à la façon des philosophes Otto Weininger et Carlo Michelstaedter, Julius Evola a une illumination en lisant un texte du Majjhima Nikaya : « Celui qui prend l’extinction comme extinction, qui pense l’extinction, qui pense à l’extinction, qui pense ‘L’extinction est mienne’ et se réjouit de l’extinction, celui-là, je le dis, ne connaît pas l’extinction. » Evola comprend que la liberté par laquelle il désire en finir est encore un lien, une ignorance opposée à la vraie liberté. Dès lors, il sent naître en lui une « fermeté capable de résister à toute crise » existentielle et, plus largement, à la crise du monde moderne.

Julius Evola soumettra ainsi ses connaissances et expériences, si diverses, à cette seule discipline : le détachement ferme. Lorsqu’il sera victime d’un bombardement à Vienne, qui lui causera une lésion partielle et une paralysie des membres inférieurs, il ne se sentira pas particulièrement touché par cette incapacité physique, son activité spirituelle et intellectuelle n’en étant en aucune façon compromise. Il manifestera également très tôt une insensibilité, voire une certaine froideur d’âme, envers la manière de vivre de ses contemporains. Son souci de considérer les arts, la philosophie, la politique, le sacré, malgré son détachement intérieur, s’expliquent par ce qu’il appelle son « équation personnelle » : une impulsion, dès sa prime jeunesse, vers la transcendance ; et une disposition de kshatriya, terme hindou désignant un type humain « guerrier », enclin à l’action et à l’affirmation, par opposition au brahmâna, type sacerdotal ou contemplatif. Ces deux tendances détermineront entièrement Evola dans son rapport au monde.

De l’Individu absolu à la Tradition

jev$_35.JPGOn retrouve nettement dans ses écrits l’influence de trois philosophes : Carlo Michelstaedter, sur la question de l’autonomie de l’être (Phénoménologie de l’Individu Absolu) ; Otto Weininger, sur sa lecture de la déviation matriarcale de la spiritualité (Révolte contre le monde moderne) ; et enfin Friedrich Nietzsche, dans sa vision antibourgeoise de l’homme différencié (Chevaucher le tigre).

Si Evola naît dans une famille catholique et bourgeoise, il en rejette rapidement ces deux aspects. Le catholicisme, moral et sentimental, lui semble étranger à une véritable sacralité et une haute ascèse, loin de l’idéal « viril et aristocratique » du bouddhisme aryen. Son mépris de la vie bourgeoise lui fait refuser une chaire universitaire.

En marge de l’existentialisme, Evola développe une phénoménologie complexe de l’Individu absolu. Introduction philosophique à un monde non philosophique, il s’agit d’un retour à l’être transpersonnel, « sous le signe de la liberté réelle et de la puissance ». Selon Evola, la philosophie, qui culmine dans l’idéalisme transcendantal, fait inévitablement banqueroute dans l’idéalisme magique. Son idée consiste donc à penser à un développement qui, sans retomber dans la philosophie, fait franchir un pas, le dernier pas, à la spéculation occidentale. La théorie de l’Individu absolu est une sorte d’existentialisme positif. L’homme n’y est pas brisé par sa situation métaphysique.

Après un intérêt vif pour le tantrisme et le paganisme, Julius Evola découvre l’œuvre de René Guénon. Si son équation personnelle l’éloigne de l’orientation essentiellement intellectuelle de Guénon, il comprend néanmoins l’intérêt d’une critique cartésienne du monde moderne, le monde anormal, et la contre-partie positive de cette critique : le monde normal au sens supérieur, celui de la Tradition. Le monde de la Tradition, dont les différentes traditions particulières pré-modernes sont des émanations, des reflets ou des adaptations, désigne la civilisation organique, hiérarchisée, où toutes les activités humaines sont orientées vers le haut, avec à sa tête une élite qui incarne l’autorité légitime et impersonnelle. Dès lors, Evola cherche non seulement à concilier l’idée de l’Individu absolu, « sans lois, destructeur de tout lien », avec l’idée de Tradition, qui lui semble opposée ; mais aussi à recourir davantage dans son œuvre à l’idée de mythologie, à travers l’origine nordique, hyperboréenne, de la Tradition primordiale.

jev815b580768e60befa324a4.jpgEvola emprunte à Johann Jakob Bachofen sa lecture de la morphologie des civilisations, en rejetant l’aspect évolutionniste, y préférant la thèse involutive de Guénon. Tout au long de l’histoire connue, on a assisté à une altération du monde de la Tradition, avec notamment la dissociation entre autorité spirituelle et pouvoir temporel, inséparables aux origines. La civilisation, à l’origine, est patriarcale, héroïque, solaire, olympienne, virile ; elle se détériore sous les influences altératrices de la civilisation matriarcale, lunaire, tellurique, chtonienne, et aboutit à l’âge sombre, au kali-yuga.

De la révolte à l’apoliteia

Pour Evola, l’idée de Tradition est, surtout au sein du monde moderne, proprement révolutionnaire. S’il a d’abord vu dans le fascisme et le national-socialisme de possibles moyens d’expression des valeurs de la Tradition hyperboréenne, il ne ménage guère ses critiques envers les deux tendances. Dans un ouvrage au titre amusant, Le fascisme vu de droite, il ira même jusqu’à leur reprocher, outre leur nationalisme étriqué et leur racisme biologique, leur culte typiquement plébéien du travail. Après un procès dans lequel on l’accuse d’être le maître à penser de mouvements activistes néo-fascistes, Evola, relaxé, rédige un ouvrage dans lequel il transpose politiquement les idées de la Tradition. Son objectif est de promouvoir la formation d’un rassemblement de Droite authentique (au sens spirituel, pas uniquement politique), par rattachement aux principes contre-révolutionnaires. Cependant, malgré la bonne réception de l’ouvrage au sein de la droite radicale, Evola ne croit plus en la solution politique.

jevTIUL320_SR226,320_.jpgSon ouvrage Chevaucher le tigre est un bilan de ses expériences, et un constat de réalisme ferme : rien ne peut être fait, ni artistiquement, ni religieusement, ni politiquement, pour provoquer un bouleversement positif au sein du monde moderne. Le seul horizon, c’est le chaos. Ce livre s’adresse aux hommes différenciés, ceux qui n’appartiennent pas intérieurement au monde moderne, qui sont de l’autre civilisation. Selon une image extrême-orientale, « si l’on réussit à chevaucher un tigre, on l’empêche de se jeter sur vous et, […] en outre, si l’on ne descend pas, si l’on maintient la prise, il se peut que l’on ait, à la fin, raison de lui. » Evola s’adresse aux « convives de pierre », aux Individus absolus, ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se détacher du monde actuel, et qui sont prêts à y vivre « sous les formes les plus paroxystiques ». Evola y examine, sous formes d’orientations existentielles, les possibilités d’émancipation totale de l’être par la mise en confrontation avec les processus destructeurs du monde moderne.

Mais surtout, on retrouve là, comme magnifiée, la constante du cheminement spirituel et intellectuel de Julius Evola, le détachement, expression parfaite de son équation personnelle : inclination à l’action, détachement affectif. Pour Evola, l’homme différencié doit faire ce qui doit être fait, de façon impersonnelle, sans égard pour la victoire ou la défaite d’une action, sans le souci d’être approuvé ou désapprouvé. Une « action sans désir ». Dans Chevaucher le tigre, Evola recourt au principe d’apoliteia, « l’irrévocable distance intérieure à l’égard de la société moderne et de ses valeurs ». Le refus du « moindre lien spirituel ou moral » avec elle. Avant d’être un penseur de la Tradition et un théoricien politique, Julius Evola est avant tout un apôtre de la mystique du détachement.

mardi, 26 avril 2016

When Men and Mountains Meet: Spiritual Ascent in the Age of Commodification

When Men and Mountains Meet: Spiritual Ascent in the Age of Commodification

“Great things are done when Men & Mountains meet / This is not Done by Jostling in the Street,” wrote William Blake.

The modern world suffocates the soul of humankind. Matter longs for the embrace of soul, just as the unborn is ensheathed in the mother’s womb; and the soul desires the caress of matter, just as a newborn is cradled in the mother’s arms. Every moment is the nondual experience of gestation and birth of soul into matter, matter into soul. Modern life severs this connection as carelessly as the assembly line obstetrician prematurely severs the umbilical cord that still carries vital nutrients from mother to child. We are weighed upon scales imbalanced by ceaseless activity and insidious apathy, our hearts faint with anxiety and our bodies dead with the weight of indifference.

How do we reconnect with the primordial source in a decentered and displaced world?

The spiritual quest of the higher person is the path that leads one on a journey to reunite with divine nature, and there are few greater paths to accelerate this reunification than the experience of the mountains. Amongst the peaks one transforms from a rank-and-file soldier of modernity into a Grail Knight—a golden embryo shining in the dark cosmic womb of creation.

In Meditations on the Peaks, Julius Evola wrote:

In the struggle against mountain heights, action is finally free from all machines, and from everything that detracts from man’s direct and absolute relationship with things. Up close to the sky and to crevasses—among the still and silent greatness of the peaks; in the impetuous raging winds and snowstorms; among the dazzling brightness of glaciers; or among the fierce, hopeless verticality of rock faces—it is possible to reawaken (through what may at first appear to be the mere employment of the body) the symbol of overcoming, a truly spiritual and virile light, and make contact with primordial forces locked within the body’s limbs. In this way the climber’s struggle will be more than physical and the successful climb may come to represent the achievement of something that is no longer merely human. In ancient mythologies the mountain mountain peaks were regarded as the seats of the gods; this is myth, but it is also the allegorical expression of a real belief that may always come alive again sub specie interioritatis.

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Meditations on the Peaks (English translation available from Inner Traditions) is a collection of Evola’s writings on the spiritual quest of mountain climbing. While not free of the commodification of the modern sporting life (one only need to look at the resort towns inviting crass hordes of weekend warriors that contaminate the regions for a reminder), the mountains offer potential for the spiritual conquest of self-overcoming. By training the body, purifying the soul and cultivating a reverence for mortality, one may, with iron will and monumental discipline, ascend the peaks in contemplation of their silent, still and divine majesty.

Evola presents mountain climbing as a Yoga of the scholar and the athlete. The modern world has divided the intellectual and athletic pursuits, creating a false dichotomy of “nerds” and “jocks” that predominates the industrialized West. Either the body atrophies for feint intellectual praise and bourgeois academic prestige, or the mind suffers for the pursuit of empty competition and physical achievement. In this dichotomous framing of brains against brawn, both scholar and athlete lose touch with the metaphysical reality that study and training develops. It is among the peaks where this division is erased. Evola wrote:

[A]mong sports, mountain climbing is certainly the one that offers the most accessible opportunity for achieving this union of body and spirit. Truly, the enormity, the silence, and the majesty of the great mountains naturally incline the soul toward that which is greater than human, and thus attract the better people to the point at which the physical aspect of climbing (with all the courage, the self-mastery and the mental lucidity that it requires) and an inner spiritual realization, become the inseparable and complementary parts of one and the same thing.

At the heart of Evola’s study of the peaks is the eleventh century Tibetan Buddhist sage Milarepa. Credited with the revival of metaphysical doctrine within the Mahayana school of Buddhism, Milarepa’s teachings were known in the form of songs describing episodes of his life that remained within the current of oral tradition until modern times.

One day, Milarepa journeyed into the mountains for ascetic retreat. When six months had passed without seeing their teacher, Milarepa’s disciples had assumed that he had fallen victim to a brutal snowstorm, caught without food against the unforgiving elements. In their mourning, his disciples made sacrificial offerings prescribed for the dead. When spring arrived, they went to search for him. During their journey, they were astonished when they saw a snow leopard that transformed into a tiger. As they entered the Cave of the Demons, they heard a singing voice that they immediately recognized as their teacher’s. It was Milarepa who had projected the images of the leopard and the tiger, having sensed his disciples approaching. He told his disciples that although he went a long time without food he did not hunger, for he gained sustenance from the offerings they made for him.

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Upon returning home, Milarepa explained how he was able to “endure the elements, the icy temperatures, and raging wind, thus overcoming the invisible forces (the ‘demons’) disguised as snow,” thusly singing:

The snowfall was beyond all measure. Snow covered the Whole mountain and even touched the sky, falling through the bushes and weighing down the trees.

In this great disaster I remained in utter solitude. The snow, the wintry blast, and my thin cotton garment fought against each other on the white mountain. The snow, as it fell on me, turned into drizzle. I conquered the raging winds, subduing them to silent rest.

The cotton cloth I wore was like a burning brand. The struggle was of life and death, as when giants wrestle and sabers clash.

I, the competent yogi, was victorious; my power over the vital heat (tumo) and the two channels was thus shown. By observing the Four Ills caused by meditation and keeping to the inner practice, the cold and warm pranas became the essence. This was why the raging wind grew tame and the storm, subdued, lost its power.

Not even the devas’ army could compete with me. This battle, I, the yogi, won.

These are the harsh conditions one must endure on the merciless path of higher spirituality. Abandoning the world in cosmic isolation, the seeker must withstand the chaotic conditions of an unrestrained cosmos through the power of their own inner flame. It is during times of great peril, whether alone atop a physical mountain or abandoned to the darkest predilections of life, when we must light the fire of our crucible and burn away within. One might be left for dead, but will gain sustenance from the offerings of mourners as the unborn child receives nutrients from the mother. For it is in these most rugged and unforgiving of conditions that we return to the cosmic womb of creation, where all dross and detritus burns away and we emerge purified and renewed.

To this day, Evola remains a controversial figure in metaphysical circles. Mention of his name is enough to incite neo-McCarthyist accusations of fascist tendencies or a mistaken sympathy amongst white national racialists. Owing perhaps to the ever widening gulf between spirit and body, it is near impossible nowadays to balance an admiration for a great scholar’s superlative body of work with a reservation of their difficult political views without finding oneself in the snake pit of guilt by association. As the body is further estranged from the spirit, both will descend into a pit of decadent self-pleasure, and find anathema anything which challenges one to greater heights. Evola’s ideas are dangerous. But, like the mountains, so too is the spiritual quest. As the great mountaineer Reinhold Messner said, “The mountains are not fair or unfair, they are just dangerous.”

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Messner is one of the best exemplars of the discipline cultivated on the path of higher spirituality. He is the first individual on record, along with Peter Habeler, to ascend Mount Everest without supplemental oxygen. Messner is also the first climber to ascend all fourteen of the eight-thousanders, mountains located in the Himalayan and Karakoram ranges with peaks exceeding 8,000 meters (26,247 ft) above sea level. These are peaks that are well above the “death zone,” altitudes where the amount of oxygen is insufficient to sustain human life. Messner’s records are not the same as the medals won by competing athletes; they are physically intangible totems, cairns left on the path toward mastery. Eschewing the commodification of the modern world, Messner is the paragon of peak physical, mental and spiritual development.

The mountains remain a testament of spiritual initiation in the modern era. Populations will grow and disappear, cultures will spread and vanish, and civilizations will rise and fall, but the mountains will keep still for centuries. The timeless stability of the mountains is what has attracted spiritual seekers to them since the dawn of human culture. In this still and silent wilderness, where the body of man is at the mercy of both nature and the gods, we find the foundation to build the inner sanctum. When in the mountains, an ascetic like Julius Evola or a libertine like Aleister Crowley both find the sanctuary they seek. At these altitudes, it matters not what your opinions are or who they offend, but how well you have conditioned the body and trained the mind.

“The mountain requires purity and simplicity,” Evola wrote, “It requires asceticism… In this context, the mountainous peaks and the spiritual peaks converge in one simple yet powerful reality.

Meditations on the Peaks is published by Inner Traditions and available from their website or from Amazon.com and other booksellers.

Andrei Burke is a poet and critic who currently resides in the Los Angeles area. He holds a B.A. in Film and and M.A. in the Humanities. His work has appeared on Ultraculture and WITCH.
Andrei Burke is a poet and critic who currently resides in the Los Angeles area. He holds a B.A. in Film and and M.A. in the Humanities. His work has appeared on Ultraculture and WITCH.

samedi, 30 janvier 2016

Evola. Philosophie et action directe

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Evola. Philosophie et action directe

par Dominique Venner

Ex: http://zentropa.info

Considéré par certains comme « le plus grand penseur traditionaliste d'Occident », Julius Evola (1898-1974) eut toujours des rapports difficiles avec le MSI tout en exerçant une influence certaine sur les cercles plus radicaux, les FAR en leur temps puis Ordine Nuovo ou Avanguardia Nazionale. Evola s'était tenu en marge du fascisme durant le Ventennio (1922-1943). Malgré ses critiques, il se voulut cependant solidaire de la RSI après 1943. Tenant à la fois de Nietzsche et de Guénon, il cultivait à la façon du premier le mépris de la plèbe et l'éloge du surhomme autoconstruit. Mais il rejoignait René Guénon dans son interprétation de l'histoire comme un processus de décadence et d'involution conduisant, selon la tradition hindoue, au Kali-Yuga, l'âge démoniaque précédant le retour au chaos originel (1). Il était prêt cependant à reconnaître que certaines formes politiques, plus ou moins en accord avec son idée hiératique de la Tradition, pouvaient ralentir le déclin. Telle était son interprétation du fascisme, dans la mesure où celui-ci, par sa tentative de réhabilitation des valeurs héroïques, constituait un défi aux sociétés modernes et à l'homme-masse sans visage.

Aux yeux des militants ou des intellectuels de la jeune génération post-fasciste, Evola présentait l'avantage de procéder à une critique interne vigoureuse du fascisme sans céder à l'antifascisme. Il offrait une « vision du monde » cohérente et sophistiquée, impitoyable pour la modernité, à laquelle il opposait une construction beaucoup plus radicale et absolue que celle du fascisme (2). Condamnait par exemple le nationalisme pour son inspiration « naturaliste », Evola lui opposait « la race de l'esprit » et « l'idée, notre vraie patrie ». Ce qui compte, disait-il, « ce n'est pas d'appartenir à une même terre ou de parler une même langue, c'est de partager la même idée (3) ». Quelle idée ? Celle d'un ordre supérieur, dont la Rome antique, une chevalerie médiévale ou la Prusse avaient été l'expression. Il proposait un style de vie fait de sévérité, de discipline, de dureté, de sacrifice, pratiqué comme une ascèse. Evola n'était pas un pur esprit. Il avait servi dans l'artillerie au cours de la Première Guerre mondiale, et avait été, dans sa jeunesse, un alpiniste émérite, auteur d'admirables Méditations du haut des Cimes. À sa mort, ses cendres furent déposées au sommet du Monte Rosa.

Vers 1950, croyant alors aux chances du MSI, Evola voulut donner une « bible » guerrière aux jeunes militants de ce mouvement : ce fut Les Hommes au milieu des Ruines (*), essai préfacé par le prince Borghese (4). Ses espoirs ayant été déçus, il s'éloigna du MSI et de toute action politique à partir de 1957. Il publia un peu plus tard Chevaucher le Tigre (1961), (**) ouvrage difficile qui contredisait le précédent (5). Il déclarait en substance que dans un monde courant à sa ruine, rien ne valait d'être sauvé, le seul impératif catégorique étant de suivre sa voie intérieure avec un parfait détachement pour tout ce qui nous entoure, mais en assumant ce que la vie offre de tragique et de douloureux. Ce message souleva de vives controverses dans la secte de ceux que l'on qualifiait ironiquement de « Témoins d'Evola ». Les uns le comprirent comme une invitation à se retirer du monde, et les autres comme une incitation à dynamiter la société décadente. C'est cette part du message qu'entendront les adeptes italiens de l'activisme brutal qui se manifestera au cours des « années de plomb ».

Ce qu'exprimait Chevaucher le Tigre reflétait le dégoût que pouvait inspirer aux plus idéalistes le marais de la petite politique parlementaire dans lequel s'enfonçait le MSI. Mais, au-delà, était en cause l'évolution  d'une société italienne et occidentale soumise à l'emprise du consumérisme et du matérialisme.
Au cours des décennies suivantes, la généralisation de la violence et du terrorisme de gauche eut des effets importants au sein de la droite radicale qu'influençait le philosophe. Les deux principales organisations extra-parlementaires, Ordine Nuovo et Avanguardia Nazionale, avaient été dissoutes en 1973, ce qui poussait à l'illégalité. Mais cette stratégie fut brisée net par la répression.

Cependant, une nouvelle génération était à l'oeuvre qui avait fait d'Evola une lecture superficielle. Née après 1950, étrangère à la mémoire historique du fascisme, elle critiquait volontiers les « vieux » du MSI, et tout autant les monstres sacrés de la droite activiste, genre Borghèse, et leur stratégie désuète du coup d'Etat. On proclama avec emphase la fin des idélogies et la primauté de l'action. Pour cette génération de très jeunes militants, devant le vide des anciennes valeurs mortes, subsistait le combat comme valeur existentielle. « Ce n'est pas au pouvoir que nous aspirons, ni à la création d'un ordre nouveau », lit-on en 1980 dans Qex, bulletin de liaison des détenus politiques de la droite radicale. « C'est la lutte qui nous intéresse, c'est l'action en soi, l'affirmation de notre propre nature ». L'influence de Chevaucher le Tigre était évidente. Mais ce qui, chez Evola, devait résulter d'une ascèse intérieure, était réduit ici à sa lettre la plus brutale, par l'identification au mythe simpliste du « guerrier ». cette dérive conduisait à la théorisation sommaire du « spontanéisme armé », autant qu'au retrait dans une tour d'ivoire ésotérique.

Dominique Venner.

1. Julius Evola a rédigé lui-même sa propore biographie intellectuelle, Le Chemin du Cinabre, trad. Philippe Baillet, Arché/ Arktos, 1982.
2. Le principal ouvrage théorique de Julius Evola, Révolte contre le Monde moderne (1934), a fait l'objet d'une traduction par Philippe Baillet, aux Editions de L'Age d'Homme, en 1991.
3. Julius Evola, Orientamenti (1950) (***), Settimo Sigillo, Rome, 1984, p. 42.
4. Julius Evola, Les Hommes au milieu des Ruines (1953), Traduction aux Sept Couleurs par Pierre Pascal en 1972. Nouvelle édition revue par Gérard Boulanger chez Pardès en 1984 et 2005.
5. Julius Evola, Chevaucher le Tigre, traduction par Isabelle Robinet, La Colombe, 1964, et Guy Trédaniel éditeur, 2002.

dimanche, 27 décembre 2015

Lectures de droite: autour d’un livre de Philippe Baillet

Archives 2012

Lectures de droite: autour d’un livre de Philippe Baillet

Bailletrevbl.jpg« Portraits fidèles et lectures sans entraves »: le sous-titre de l’ouvrage décrit le propos de Philippe Baillet, qui a rassemblé en un volume des articles parus, pour la plupart, dans des magazines ou revues. Plusieurs de ces articles sont des portraits d’auteurs « de droite » ou des réflexions sur leur apport. Le livre s’affiche comme engagé: « L’érudition et la rigueur dans l’étude des sources sont ici une arme au service d’une conception intégrale de la culture » (p. 12), pour se « préparer au combat, non au débat » (p. 13).

Je connais de longue date son auteur. Je sais tant ses convictions fortes que sa curiosité intellectuelle. Bien qu’étranger au système universitaire (et au « système » en général), car « inadapté profond à la modernité, qu’il exècre », mais ayant « pourtant miraculeusement survécu », nous avertit la quatrième page de couverture, il connaît les méthodes et suit les règles de l’analyse de textes et d’idées. Son style est clair et précis: il le met également au service de ses activités de traducteur à partir de l’italien. Ce livre m’a donc intrigué. Paru il y a deux ans déjà, son contenu n’est pas lié à l’actualité immédiate: il n’est pas trop tard pour en parler et évoquer fugacement des milieux intellectuels de droite.

Le titre m’a surpris, et probablement l’effet était-il voulu: Pour la Contre-Révolution blanche. Cela pourrait  faire penser à un pamphlet, surtout publié chez un éditeur qui ne cultive pas la tiédeur dans le domaine politique. Le sous-titre cité plus haut paraît mieux en adéquation avec le contenu, à vrai dire, et plus encore le cabinet de lecture qui sert d’arrière-plan à la page de couverture. Le titre soulève cependant une question, sur laquelle je reviendrai en fin de compte rendu.

La préface explique le cadre dans lequel les différents chapitres ont été rédigés. Elle justifie aussi le choix de l’étiquette de « contre-révolution »:

« À l’âge de quinze, vingt ou trente ans, même quand on est viscéralement de droite, quand on déteste sans moyen terme le monde né avec la Révolution française, on succombe presque toujours à la magie des mots et l’on se dit ‘révolutionnaire’, en croyant que l’emploi d’un mot plutôt que d’un autre est parfaitement anodin. J’ai moi-même connu cette ivresse, mais il y a longtemps que je suis dégrisé. Quand on mûrit, on comprend que les mots ont une âme, que la guerre sémantique est importante et qu’il est préférable qu’il y ait adéquation du signifiant au signifié, en dehors de tout phénomène de mode et sans souci de ce qui est ‘ringard’ et de ce qui ne l’est pas. » (p. 15)

En raison de leur destination d’origine, la plupart des chapitres sont courts ou de longueur moyenne. Nous y voyons défiler le jésuite Augustin Barruel (1741-1820), auteur des Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme – dont le rôle fut crucial dans la formulation des thèses sur les complots préparant la Révolution française – à l’occasion de la biographie que lui consacra le P. Michel Riquet, s.j. (1898-1993); Donoso Cortès (1809-1853), passé d’un libéralisme conservateur à un catholicisme intransigeant, qui a droit à deux chapitres; Henri Rollin (1885-1955), auteur de L’Apocalypse de notre temps (1939), « étude consacrée au plus célèbre faux de l’histoire moderne et contemporaine, les Protocoles des Sages de Sion » (p. 43); Boris Souvarine (1895-1984), qui « avait magistralement démonté les mécanismes du système stalinien » (p. 53); le médiéviste Ernst Kantorowicz (1895-1963), « né dans une famille juive mais devenu un ardent nationaliste allemand », avant de se résoudre finalement à l’exil en 1938; le philosophe Augusto del Noce (1910-1989), catholique grand connaisseur du marxisme, qui a étudié l’expansion de l’athéisme dans l’histoire de l’Occident. Pour chaque auteur, Baillet brosse une esquisse de biographie tout en commentant certains traits de l’œuvre.

D’autres textes encore, par exemple l’un sur Nietzsche comme « sujet dangereux » et – de façon plus inattendue – trois chapitres sur des « esprits libres d’outre-Atlantique ». Cela nous vaut une analyse élogieuse des thèses de Samuel Huntington (1927-2008): Baillet perçoit souvent chez lui « des accents spengleriens » (p. 85), mais doute que la plupart des acheteurs français de ses ouvrages l’aient lu attentivement – ce qui est probable. Il y a aussi un chapitre particulièrement intéressant sur la radicalisation du conservatisme américain: Baillet pense avant tout ici au « courant traditionaliste » du paléoconservatisme américain, en contraste avec le libertarianisme et le populisme. Il prête particulièrement attention à la mouvance « racialiste » américaine de milieux conservateurs intellectuels, qu’il prend soin de distinguer « de la lunatic fringe, d’une extrême-droite underground » (du type Ku Klux Klan ou milices) (p. 101).

dubant6392FS.gifJe dois dire qu’un chapitre m’a particulièrement intéressé, même s’il n’attirera pas prioritairement l’attention de la plupart des lecteurs: celui que Baillet a consacré à un personnage quasiment inconnu, mais que j’avais rencontré en sa compagnie il y a longtemps. Il s’agit de Bernard Dubant, probablement né entre 1945 et 1947, qui « serait mort d’une crise cardiaque en 2006 » (p. 157). Dubant était un catholique traditionaliste intéressé par l’œuvre de René Guénon (1886-1951), qui participa à l’éphémère Narthex (1974-1978), publication de l’Association pour l’étude et la défense de la culture traditionnelle, « toute petite revue consacrée à la symbolique chrétienne et ouverte à la perspective ‘traditionnelle' » (p. 158), dont je lui achetai d’ailleurs la série. Dubant était un personnage original et cultivé, hors normes et que l’on écoutait avec plaisir. Je ne résiste pas à la tentation de citer la description de son mode de vie:

« Quand je fis sa connaissance, Dubant logeait dans une chambre de bonne, qui était en quelque sorte sa base arrière parisienne. Dans la capitale, il travaillait occasionnellement comme veilleur de nuit. Et quand il n’était pas à Paris, il allait se mettre au vert dans des châteaux ou manoirs, propriétés de ces descendants encore nombreux que l’on trouvait alors dans les milieux catholiques traditionalistes. Il était engagé par eux comme homme à tout faire, gardant la propriété, tondant la pelouse et s’occupant de petites réparations. Ce mode de vie lui convenait, même s’il ne lui rapportait pas grand-chose.

« Son activité de veilleur de nuit connut un prolongement inattendu et bénévole lorsque, le 27 février 1977, des catholiques traditionalistes occupèrent par la force l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet. En effet, dans les jours et semaines qui suivirent, il fit partie de ceux qui, se relayant jour et nuit, préservèrent l’église de toute intrusion étrangère et hostile. » (p. 159)

Comme Baillet qui en esquisse la biographie, un personnage indépendant et réticent à tout embrigadement:

« Bernard Dubant réunissait en sa personne un tempérament lyrique et un goût prononcé du sarcasme, l’amour de la poésie élégiaque et un sens aigu de la dérision. […] Il détestait la pose et les poseurs, estimant avec raison que les milieux dits d’extrême droite en comptaient beaucoup trop. Il évitait les niais et la niaiserie, qui lui étaient proprement insupportables. » (p. 160)

Il connut par la suite une étonnante évolution: « Ce fut vers la fin des années 1980 que s’opéra chez Bernard Dubant le grand changement qui devait le conduire des rangs catholiques traditionalistes à l’engouement pour le chamanisme des Indiens d’Amérique et à la défense des ‘religions naturelles’. Son intérêt pour les doctrines traditionnelles extrême-orientales, qui ne datait pas de la veille, lui avait ouvert des perspectives extra-chrétiennes. » (pp. 165-166) Il devint « un ‘païen’ défendant farouchement les ‘religions ethniques' » (p. 163). Il est surprenant de voir comment, même pour des hommes qui se veulent enracinés dans une vision traditionnelle du monde, notre époque encourage des réorientations individuelles en quête de réponses, d’expériences ou de repères: car les vieilles frontières ne sont plus gardées. Le cas de Dubant est loin d’être unique, bien qu’atypique et frappant par l’originalité du parcours et la radicalité du tournant.

Cette figure marginale et originale serait tombée dans l’oubli le plus complet sans l’hommage posthume et en même temps lucide que lui rend Baillet.

J’en viens, finalement, à ce titre, qui aura probablement attiré aussi vers le livre des lecteurs qui n’y auront pas trouvé ce qu’ils attendaient. Baillet présente, dans sa préface, Pour la Contre-Révolution blanche comme « un livre de combat »: il l’est, mais pas dans le sens que l’on entend habituellement. La fin de la préface explique le titre. C’est d’abord une manière pour Baillet de refuser « la guerre sémantique appliquée au ‘racisme' », écrit-il, mais aussi ce qu’il perçoit, à la suite du sociologue Jules Monnerot (1908-1995), comme un « projet funeste » de « modifier la teneur de la population française » (p. 15). Face à cette perspective, Baillet entrevoit que « notre seule chance de survie est liée à l’apparition d’un nouveau type humain de race blanche dans les guerres civilisationnelles et ethniques qui s’annoncent » (p. 16). Il ne développe pas ce point, même si le thème surgit dans l’un ou l’autre chapitre (notamment celui sur le conservatisme américain) et si la remarque permet de mieux comprendre l’attention accordée à Huntington.

Plus confusément que sous la plume de Baillet, ce sont des préoccupations ou sentiments exprimés aujourd’hui plus largement qu’on ne le soupçonne, si l’on tend un peu l’oreille. Ce n’est pas sans quelques arguments que Huntington avait développé sa thèse sur le « choc des civilisations », malgré des aspects de l’analyse qui prêtent à discussion. Dans certaines circonstances, comme nous l’ont montré des conflits « ethniques » ou l’histoire des nationalismes, les signes de ralliement sont finalement des marqueurs « clairs », essentialisés: la race, l’ethnie, la religion. Cela peut atteindre la forme extrême de guerres, comme celles que Baillet entrevoit à l’horizon, dans un avenir encore indéterminé; mais ces attitudes peuvent également se manifester sous des formes moins virulentes, en reprenant ces identités élémentaires comme autant d’étendards permettant de se démarquer d’autres groupes et de tenter de préserver une identité que l’on sent menacée.

Observateur pessimiste du monde contemporain tout en essayant de discerner ici et là des raisons d’espérer, esprit curieux mais sans goût pour le compromis ou la tiédeur dans le monde des idées et de la politique, Baillet est un bon exemple de ces auteurs résolument de droite, mais indépendants de toutes les chapelles.

Philippe Baillet, Pour la Contre-Révolution blanche. Portraits fidèles et lectures sans entraves, Saint-Genis-Laval, Éd. Akribeia, 2010, 188 p.

Philippe Baillet: Des portraits drapés de blanc

Archives 2011

Philippe Baillet: Des portraits drapés de blanc

par Louis Montarnal

Ex: http://www.actionfrancaise.net

Rassemblant des articles publiés dans Le Choc du mois, La Nouvelle Revue d'histoire ou La Nef, Philippe Baillet brosse autant de portraits nourrissant l'étude de la radicalisation du conservatisme américain. Aperçu.

C'est un ami alors directeur de collection aux éditions de l'Âge d'Homme qui, voilà quelques années, m'a présenté Philippe Baillet. Nous nous étions rencontrés dans un café près de la cathédrale de Rodez avant d'aller dîner dans un petit restaurant situé dans une venelle de la vieille ville. Nous avions parlé de cet immense écrivain occitan qu'est Jean Boudou mais, aussi, de la revue Totalité dont Baillet avait été l'un des fondateurs en 1977 ainsi que des Deux Étendards, Documents et acteurs de l'antimodernité, autre revue au titre "rebatien" qu'il animait naguère. Traducteur de l'italien, spécialiste de Julius Evola et d'Augusto Del Noce, collaborateur de Nouvelle École comme de Catholica, Baillet connaît bien la plupart des mouvances de la "droite radicale" – dont il est d'ailleurs lui-même l'une des figures intellectuelles les plus emblématiques.

artaudarton1070.jpgAntonin Artaud
En l'occurrence, les lecteurs auraient tort d'être déconcertés par le titre de son dernier essai récemment paru aux éditions Akribeia, Pour la contre-révolution blanche, lequel renvoie moins à une vision "racialiste" du monde qu'à l'étude centrale qui le constitue et qui est consacrée à la radicalisation du conservatisme américain. Ce recueil d'articles reprend donc des textes publiés dans les années quatre-vingt dix essentiellement dans Le Choc du mois mais, également, au cours de la décennie suivante, dans La Nouvelle Revue d'histoire ou La Nef. Dédiées à Augustin Barruel, Donoso Cortès, Henri Rollin, Boris Souvarine, Samuel Huntington, Ernst Kantorowicz, Nietzsche, Del Noce ou Artaud, ils témoignent non seulement d'une lecture probe des œuvres et des pensées mais ils sont exemplaires de cette limpidité stylistique caractéristique du classicisme le plus français et des esprits clairs.

C'est ainsi qu'il démontre, par exemple, qu'un esprit qui lui ne l'était guère (clair), Antonin Artaud, n'en demeure pas moins – contre ses exégètes pressés et intéressés – l'un des plus admirables « contempteur de la modernité » au XXe siècle. Ainsi le Mômo rejette-t-il le « répugnant » théâtre moderne et écrit-il le 21 février 1925 à l'administrateur de la Comédie-Française : « Vous êtes nommément des cons. Votre existence même est un défi à l'esprit. [...] Pas de levée en masse de la crétinisation nationale qui ne trouve chez vous un exutoire ou un tremplin. [...] Théâtre française, dites-vous ? Vous n'êtes pas plus de France que de la terre des Cafres, vous êtes tout au plus du 14 juillet. Le théâtre, c'est la Terre de Feu, les langues du Ciel, la bataille des Rêves. Le théâtre, c'est la Solennité. Au pied de la Solennité, vous déposez vos cacas comme l'Arabe au pied des pyramides. »

Proche, un temps, des surréalistes et de leur pape, Artaud s'en éloigne lorsque le mouvement se met au service de la révolution. Dans la veine scatologique qui lui est familière, il interpelle ainsi Breton : « Dis-leur que je chie sur la république, la démocratie, le socialisme, le communisme, le marxisme, l'idéalisme, le matérialisme, dialectique ou non, car je chie aussi sur la dialectique. » Finalement, en défense de René Guénon, le traditionaliste assure : « Je crois, moi, au Surnaturel. »

Donoso Cortès
Tel était également le cas de Donoso Cortès, hélas moins connu que Joseph de Maistre ou Louis de Bonald mais dont l'influence n'en fut pas moins déterminante au sein de l'école contre-révolutionnaire. L'homme des négations radicales et des affirmations souveraines, le pourfendeur de la classe discutante, le héraut de la dictature salué par Carl Schmitt – avec René Girard, l'un de ses rares lecteurs modernes – avait perçu dès 1848, en visionnaire, l'effondrement de l'Europe et insisté sur « la dépendance dans laquelle se trouvent toutes les erreurs politiques et sociales vis-à-vis des erreurs religieuses » dont, en particulier, la négation du péché originel ainsi que de la Providence divine. Guetteur de l'Apocalypse, il avait pressenti la nécessité d'un pouvoir fort afin d'éviter ou de retarder (la notion paulinienne et schmittienne de katechon relève de la même logique) la chute vers les abîmes de la démagogie et de la tyrannie.

Deux civilisations
Après avoir opposé les civilisations catholique et philosophique, Donoso Cortès écrivait à Montalembert le 26 mai 1849 : « De ces deux civilisations, laquelle remportera la victoire dans le cours du temps ? Je réponds, sans que ma plume hésite : la victoire appartiendra incontestablement à la civilisation philosophique. [...] Quant à moi, je tiens pour prouvé et évident qu'ici-bas le mal finit toujours par triompher du bien, et que le triomphe sur le mal est réservé, si l'on peut s'exprimer ainsi, à Dieu personnellement. »
Les vainqueurs temporels et temporaires ont donc leur récompense. Les arrhes de la nôtre consisteront à déguster ces « portraits fidèles et lectures sans entraves » proposés par Philippe Baillet en attendant les Cosaques et le Saint-Esprit.

Louis Montarnal - AF 2000
Philippe Baillet : Pour la contre-révolution blanche, éditions Akribeia, 191 p., 18 euros.

mardi, 10 novembre 2015

Evola e la critica dell’americanismo

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Evola e la critica dell’americanismo

Ex: http://www.centrostudilaruna.it

  evola-oltre-il-muro-del-tempo   Dalla casa editrice romana Pagine sono stati pubblicati recentemente (giugno 2015) gli atti di un convegno tenutosi nel 2014 nella capitale e dedicato al tema “Julius Evola oltre il muro del tempo. Ciò che è vivo a quarant’anni dalla morte”. Il volume, dal medesimo titolo, comprende tutte le relazioni presentate all’epoca, cioè quelle di de Turris, Veneziani, Malgieri, Fusaro e Scarabelli. Qui mi occuperò soltanto del testo di Fusaro, avente come oggetto “Evola e Heidegger critici dell’americanismo”, ed esclusivamente della parte riguardante Evola.

     L’impostazione metodologica di Fusaro è indubbiamente condivisibile: “in filosofia il solo modo di rendere onore a un autore consiste nel discuterne criticamente le tesi, a distanza di sicurezza dai due atteggiamenti – apparentemente opposti e, in verità, segretamente complementari – dell’elogio agiografico e della demonizzazione preventiva” (p. 27). Altrettanto condivisibile, anche se per nulla originale, è l’approccio di Fusaro all’esame evoliano dell’americanismo, in quanto prende giustamente le mosse dal celebre scritto del 1929, Americanismo e bolscevismo, uscito sulla rivista “Nuova Antologia”. Ulteriore aspetto da sottolineare è l’insistenza, corretta, sul ‘maggior pericolo’ rappresentato, agli occhi di Evola, dall’America rispetto all’Unione Sovietica. Ma con ciò si esauriscono, a parere di chi scrive, gli spunti positivi presenti nel testo di Fusaro.

     Questo perché, innanzitutto, va criticata l’impostazione generale dello scritto, dato che Fusaro, insistendo sempre e solo sul parallelismo americanismo/bolscevismo, finisce col perdere completamente di vista le analisi ben più ricche e articolate riservate da Evola alla ‘civiltà americana’. Detto altrimenti, dallo scritto di Fusaro vien fuori un Evola che praticamente dagli anni Venti sino alla sua morte avrebbe letto l’americanismo servendosi di un’unica chiave interpretativa, quella appunto della sua equipollenza con il bolscevismo, con l’ovvia conseguenza di dar vita a una lettura in fondo astorica e iperschematica, del tutto avulsa dai cambiamenti economici, politici, sociali, culturali, nel frattempo intervenuti. Fusaro infatti passa sistematicamente sotto silenzio, non si comprende se per scarsa conoscenza delle fonti o per superficialità analitica, tutti gli scritti in cui Evola non solo rivede, seppur parzialmente, il suo giudizio negativo sull’America, ma dimostra anche di seguire con attenzione i nuovi fenomeni che nello scorrere del tempo prendevano piede oltreoceano, dalla Beat Generation alle tesi di Burnham, dalle posizioni politiche di Barry Goldwater e George Wallace ai testi di Kuehnelt-Leddhin, e così via.

     Non solo, perché anche le critiche rivolte a Evola da Fusaro si rivelano, a mio parere, inconsistenti. Nel dettaglio: Fusaro accusa Evola di incoerenza per aver giustificato la scelta del MSI di votare a favore del Patto Atlantico, pur sottolineando, a ragione, che l’accettazione evoliana del Patto non dipendeva da “un mal celato filoatlantismo” (p. 45) ma si spiegava “unicamente in ragione antisovietica” (p. 45). L’incoerenza consisterebbe nel fatto che essendo, per esplicita ammissione dello stesso Evola, più pericoloso e insidioso l’americanismo, sarebbe in ogni caso contraddittorio schierarsi con quest’ultimo contro il bolscevismo. Qui a me pare che Fusaro non tenga minimamente conto del contesto ‘geopolitico’, pur accusando, al contempo, Evola di essere caduto in contraddizione proprio per aver trascurato il medesimo fattore. La posizione evoliana, infatti, se pure criticabile in astratto, assume forza e coerenza una volta inserita nel concreto contesto di quegli anni, quando la minaccia comunista era avvertita non solo come imminente ma soprattutto capace di condurre all’annientamento persino fisico dello schieramento ‘nazionale’. Basti il rimando ad un importante scritto evoliano apparso nel luglio del 1960 su “L’Italiano”, intitolato C’è un “democratico” con una spina dorsale?, in cui si chiedeva la messa al bando del partito comunista e si auspicava un diretto intervento delle “forze sane” del paese in difesa dello Stato minacciato dal comunismo.

     La seconda obiezione mi sembra ancora più infondata. Fusaro (p. 46) cita estesamente un passo evoliano tratto da un articolo del ’57, Difendersi dall’America, apparso su “Il Popolo italiano”[1], dove viene lucidamente adombrata la progressiva americanizzazione cui stava soggiacendo l’intero continente europeo, aggiungendo subito dopo che, alla luce di questa consapevolezza, suonerebbe decisamente contraddittorio l’appellarsi, da parte di Evola, a una possibile reazione ‘antiamericana’ avente l’Italia come centro propulsivo. A sostegno della sua tesi, Fusaro (p. 47) cita due passi evoliani, uno in cui viene detto che la nazione italiana “più di ogni altra è l’anti-Russia e l’anti-America”, l’altro in cui tale ruolo dell’Italia si spiegherebbe grazie alla sua eroica “tradizione mediterranea, ed in ispecie classica e romana”. Per la fonte di entrambe le citazioni, Fusaro rimanda alla pagina 30 della silloge Civiltà americana, ma il punto è che sarebbe fatica sprecata cercarvi tali citazioni e per la semplice ragione che non ci sono. Lo scritto da cui infatti sono tratte le due frasi di Evola è il già ricordato Americanismo e bolscevismo del 1929[2]. Mi sembra pertanto evidente che pensare nel 1929 ad una realistica contrapposizione nei confronti dell’America non avrebbe nulla di contraddittorio rispetto a quanto sostenuto nel 1957, e questo già solo per l’abissale differenza di contesto storico. Non concordo con Fusaro neanche quando afferma che Evola a tale necessaria reazione in senso antiamericano “rimarrà sempre legato” (p. 47), visto che l’idea di tradizione mediterranea verrà abbandonata dallo stesso Evola già nei primissimi anni Trenta, ragion per cui non si comprende davvero come potesse essere ancora considerata, a distanza di decenni, un credibile argine all’americanismo.

     Per chiudere: Fusaro afferma che l’antiamericanismo di Evola andrebbe epurato “dalle inaccettabili sfumature razziste” (p. 48). Però Fusaro dovrebbe sapere che l’indignazione morale avrà pure molti pregi ma di sicuro non quello di accrescere la comprensione di ciò che è oggetto di riprovazione. Pertanto, piuttosto che usare la solita ‘clava morale’ antirazzista, sarebbe stato molto più proficuo, a mio modo di vedere, chiedersi se l’avvento anche in Europa della società multirazziale di stampo statunitense abbia contribuito o meno, e in che eventuale misura, alla sempre più pervasiva americanizzazione del nostro continente.

* * *

ottobre 2015

[1] Fusaro cita dalla silloge evoliana, Civiltà americana. Scritti sugli Stati Uniti 1930-1968, pubblicata, a cura di Alberto Lombardo per i tipi di Controcorrente nel 2010. Lo stesso articolo si può leggere nella raccolta completa dei contributi evoliani usciti su Il Popolo italiano, curata da Giovanni Sessa per la Pagine Editrice nel 2014.

[2] Saggio volutamente non inserito nella silloge Civiltà americana. Per la corretta individuazione delle due citazioni si veda J. Evola, “Americanismo e bolscevismo”, in Id., I saggi della Nuova Antologia, Edizioni di Ar, Padova 1982, p. 53, ora anche in Id., Il ciclo si chiude. Americanismo e bolscevismo 1929-1969, a cura di G. de Turris, Fondazione Evola, Roma 1991.

mardi, 13 octobre 2015

Ernesto Milá entrevistado por el blog realmofchaosslavestodarkness

Ernesto Milá

entrevistado por el blog realmofchaosslavestodarkness


Respuestas al cuestionario enviado por el blog realmofchaosslavestodarkness y publicado hace un mes en https://realmofchaosslavestodarkness.wordpress.com/2015/09/16/entrevista-a-ernesto-mila/
 

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1 - En primer lugar, nos gustaría conocer los orígenes de Infokrisis, hace ya más de diez años, y cuáles son los objetivos del blog en el futuro, al menos, inmediatos o a corto plazo.
 
El blog se inició en 2003, no como blog sino como web. Fue de las primeras que se diseñó en España en php. Al cabo de un año, unos hackers la reventaron… así que opté por plataformas que dispusieran de su propio sistema de seguridad. A partir de 2010 el blog está en dos plataformas, la antigua, blogia.com y blogspot (que abrí al percibir que se habían producido nuevos intentos de hackeo).

¿Objetivos? Un blog no es más que una fotografía de lo que uno piensa en cada momento concreto de su vida, de lo que le interesa y le preocupa, de lo que medita y de lo que consume. No hay más objetivo que el opinar sobre la actualidad o reproducir artículos propios que ya se han difundido en otros medios. En este sentido, es también un almacén de trabajos realizados. La falta de tiempo hace que no pueda incorporar material audiovisual ni más comentarios.

Este escaparate de lo que te interesa en cada momento quizás esto pueda servir a alguno como orientación, pero no tengo el más mínimo interés en ser gurú de nada, ni referencia. En momentos de crisis y confusión, cada cual debe buscar su camino.


2 - Hace unos días le preguntábamos a Gustavo Morales si, de finales de la década de los ochenta para acá, notaba cierta evolución en la opinión pública española, un mayor grado de crítica y discrepancia frente a los medios de comunicación o la "política profesional"... No era muy optimista al respecto. Qué piensa Ernesto Milá, ¿estamos mejor o peor que en el 2004 y los inicios de Infokrisis? ¿Hay mejores "mimbres" hoy en España para construir una opción política relevante, respecto a la que teníamos hace diez años?
 
Los medios de comunicación han ido variando con el paso del tiempo y mucho más en la última década con la crisis del papel impreso. Antes tenían opinión y voz propia. Ahora son simplemente la expresión de grupos económicos que tienen poco que ver con la comunicación. La televisión no es más que publicidad y, de tanto en tanto, para que la gente vea los anuncios, alguna cadena coloca incuso programación. En cuanto a la prensa influye poco o nada: hoy ver a alguien comprando un diario empieza a ser un arcaísmo, una excepcionalidad inusual.

En 2003 apenas había en España 2.500.000 de internautas (y parece que fue ayer). Hoy todo el país y por distintas terminales (ordenador, tablet, móvil) tiene acceso a la red… así pues, cabría pensar que existen mayores ocasiones para difundir información libre. Y así es. El problema es que, paradójicamente, la saturación de información mata a la posibilidad de informarse y la falta de espíritu crítico hace el resto. Es el resultado de 50 años de crisis de la educación (que ya se empezó a reflejar en los últimos años del franquismo) que han barrido literalmente el espíritu crítico de las nuevas generaciones.
¿Existen comunicadores dignos de tal nombre? Sí, claro, hay tertulianos más independientes que otros, más lúcidos y más incisivos… pero, no nos engañemos, se trata de excepciones perdidas en el océano de la mediocridad. Por todo ello cabría decir que estamos en peor situación que ayer y en mejor situación que mañana.

El debate político (como el debate cultural, como el debate social y así sucesivamente) es algo desconocido en España. Existen, como máxima, riñas de gayos y peleas al estilo del pressing cacht norteamericano: puro espectáculo. Nada serio. El “estadista”, como el “periodista” que creía en su trabajo de llegar al fondo de las cuestiones e informar a los lectores, son dinosaurios de otro tiempo sustituidos por el diputado mudo y el tertuliano remunerado.
 
3 -Ante la denominada "crisis de los refugiados", se corre el riesgo de que ante el llamamiento lacrimógeno a la solidaridad de los europeos, se refuercen posturas "anti-sistema", no solo euro-escépticas, sino cercanas a partidos de tercera posición, nacionalistas, etcétera... ¿Cuál es su opinión al respecto? ¿Dónde se producirán en un primer momento?
 
Seamos claros en un punto: hay inmigración en Europa porque conviene al capital. Para ganar competitividad en relación a otros actores económicos de la globalización es necesario rebajar salarios (dado que ningún país es dueño de su política monetaria) y eso se hace inyectando cuanta más inmigración, mejor. Se benefician unas patronales y se perjudica al grueso de la comunidad. La cuestión humanitaria solo preocupa a las almas cándidas.

Durante 20 años ha estado llegando inmigración con la excusa de que “pagarían las pensiones de los abuelos”. Bien, esa excusa ya es inutilizable: está claro que la inmigración no solamente no paga pensiones, sino que en sí misma, es un lastre y una aspiradora de recursos económicos. Ahora la excusa de sustitución (necesaria especialmente después de las devaluaciones de la moneda china, país que sí puede practicar una política monetaria propia y guiada por sus intereses) es la “humanitaria”. Vivimos en tiempos de ultra-humanismo, somos “tan humanitarios” que cada vez con más frecuencia de extienden los “derechos humanos”, incluso a las mascotas… Tenemos miles de ONGs subvencionadas que hacen de la “ayuda y la solidaridad” su negocio en lo que se ha dado en llamar “estafa humanitaria”.

Hay que tener en cuenta que la clase política ya no planifica: su horizonte son los cuatro años que median entre unas elecciones y otras. Lo que ocurra luego le tiene sin cuidado. Toda la clase política europea ya no piensa en términos de futuro, ni de bienestar de sus hijos en una generación, ni de lo que ocurrirá después, solamente se mueven en términos de dejar hacer a los actores económicos, preocupándose especialmente de su jubilación, es decir, del patrimonio que gestionarán cuando abandonen el poder.

Obviamente las respuestas euroescépticas, populistas de izquierdas y de derechas, son el resultado de una decepción creciente ante la clase política. Pero es una respuesta muy superficial y en la que no se excluyen regresiones: es decir, aceptaciones finales del esquema neoliberal mundial, de la globalización… En ese esquema la economía está por delante de la política. Si tenemos en cuenta que nunca como hoy han existido tales acumulaciones de capital y nunca como hoy la clase política ha estado compuesta por tantas mediocridades y oportunistas, veremos que la desproporción es absoluta. La aludida falta de espíritu crítico de la población es el coadyuvante necesario para agravar la situación.

Lo dramático es que existen grupos de opinión hartos de la actual situación y que están reaccionando a derecha e izquierda, pero en ningún caso, todavía, tienen fuerza suficiente como para imponerse mínimamente a la actual corriente dictada por los “señores del dinero”. Y el tiempo juega contra ellos: el empobrecimiento cultural, la pérdida de identidad, la disminución del espíritu crítico, el repliegue hacia lo personal, son fenómenos que aumentan de día en día tendiendo a reforzar el sistema.

Céline decía: “Nunca ha votado, no tengo la menor duda de que la mayoría es idiota por tanto sé lo que saldrá de las urnas”. Vale la pena tener todo esto en cuenta a la hora de valorar las posibilidades de la contestación.
 

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4 - Para muchos, la postura "evoliana" es una postura acomodaticia, poco valiente. Tal y como están las cosas, en España, en Europa y Occidente en general, ¿existe la posibilidad de reconducir a las democracias occidentales y recuperar la soberanía nacional, o es una batalla perdida? De producirse, ¿cuáles podrían ser los puntos de inflexión que precipitarían los acontecimientos?
 
Evola lo único que dice es “sigue tu camino”… lo cual implica saber cuál es el camino de cada cual. Somos diferentes: unos más volcados a la acción, otros hacia la meditación, otros hacia el trabajo. Desde Dumézil se sabe que siempre existió una división trifuncional en las sociedades indo-europeas. Hay un Evola (el de Los Hombres y las Ruinas) que habla al hombre de acción. Hay otro Evola (el de Cabalgar el Tigre) que se dirige a otro tipo humano. Esto es fundamental para entender la obra de ste autor.

Dicho lo cual, añadiré que la cuestión sobre si en Europa puede hacerse o no todavía algo, es una vieja cuestión. En los años 50, supervivientes de los antiguos regímenes vencidos y miembros de algunos cuerpos de élite, ya discutían este tema. Existían dos posiciones: mientras Europa esté ocupada a un lado por soviéticos y a otro por norteamericanos, no puede hacerse nada, así que hay que trasladar el teatro de operaciones a Iberoamérica. La otra era, la de utilizar la “idea europea” para crear un nuevo proyecto continental capaz de hacerse un hueco en los escenarios políticos europeos. Este debate prosiguió hasta los años 70 y pertenece a mis recuerdos de juventud.

En la actualidad, Europa está perdida. Se puede tener un lugar bajo el sol de la democracia a condición de evitar todo radicalismo, y ocupando siempre un lugar secundario en la escena política. Es una opción a la espera de que los tiempos mejores. El problema es que la globalización es una apisonadora que mediante la Unión Europea, imposibilita cualquier capacidad de respuesta. Además, sus estructuras y políticas no son democráticas (es decir, no se elijen en votación sino que “surgen” en oficinas tecnocrática que ya no están al servicio de Europa sino del capital).

Desde 1945 la soberanía de los Estados es ficción: los vencedores de entonces (que siguen siéndolo hoy) se arrogaron el derecho de intervenir allí en donde aparezcan “amenazas” para la “comunidad mundial”. Desde 1945 el término “soberanía nacional” está obsoleto. Es un recuerdo, un residuo de la época de las Naciones-Estado. Hoy vivimos el tiempo de la Globalización, un concepto incompatible con cualquier otro que no sea soberanía del dinero. Hace unas décadas se solía decir que en Europa era donde los problemas habían alcanzado su máximo de intensidad, por tanto era aquí en donde antes se reaccionaría y de manera más contundente.

Pero ese planteamiento olvida que no son las Naciones las que reaccionan, sino los pueblos… y el pueblo europeo está tan absolutamente bastardizado y ganado por la ideología humanitarsta-globalizadora como cualquier otro. Es más: de manera empírica hemos podido comprobar que en otros países, especialmente en Canadá o en algunas zonas de Iberoamérica, existen criterios más racionales para la educación y están ausentes los prejuicios que en Europa han alcanzado categoría de dogmas.

No veo qué reacciones en profundidad podría aparecen en Europa, ni en función de qué: si Europa apenas ha reaccionado ante la crisis global iniciada en 2007, abandonad toda esperanza… no reaccionará jamás. El caso griego es sorprendente. Los europeos de hoy no son ya los descendientes de los héroes de las Termópilas, ni de Teotorburgo, no son ni los nobles godos que se propusieron reconquistar España desde los montes astures y el Pirineo catalán, no son hijos de los cruzados, ni herederos de los descubridores: son pobres despistados, débiles, moralmente ganados por el universalismo que han perdido incluso sus instintos naturales (el territorial, el de supervivencia y el de agresividad).

Por otra parte, reaccionar en contra de la globalización defendiendo a los Estados-Nación no parece la mejor fórmula: y la respuesta euroescéptica a la globalización se está haciendo desde los Estados-Nación, mucho más que desde otra perspectiva europea o desde la perspectiva de los “gran espacios” cuya necesidad ya se había puesto de manifiesto a finales de los años 30.
 
5 -En un reciente artículo de Infokrisis, se apostaba muy acertadamente por lo que se denominaría un "trans-partido", ajustado a una realidad social, económica, política y cultural muy diferente a la que hemos conocido hasta ahora. Si no lo entiendo mal, el futuro estaría ahora en fórmulas tipo plataforma o coalición, que aglutinen voluntades en torno a eso que se denomina "ideas fuerza". Algo similar hemos visto dentro del nacionalismo político español, primero con La España en Marcha, y ahora con la coalición entre España 2000, PxC y PxL. Las izquierdas a esto lo han llamado -al menos en Madrid, el caso de Ahora Madrid- "partido instrumental". ¿Podrá el patriotismo político español abandonar las siglas históricas y evolucionar en la misma dirección?
 
Bueno, el artículo que mencionas tiene unos 5 ó 6 años, se publicó inicialmente en la revista IdentidaD, es decir, se escribió al iniciarse la crisis de 2007, pensando que podría a partir de esta crisis se generaría una “respuesta nacional” en todo el continente que abarcaría también a España. No ha sido así.

mila105903-politica.gifVayamos por partes: de las siglas y las iniciativas que mencionas solamente hay dos que tengan un mínimo de actividad y peso, PxC y E2000. El resto son entelequias a las que falta incluso “principio de razón suficiente”: ¿Por qué existe una FE-LaFalange y no está dentro de una sigla común? ¿un Nudo qué es? ¿un partido, un círculo de amigos, qué fórmula legal tiene? ¿Pueden existir coaliciones de cuatro o cinco siglas sin un solo cargo electo y con apenas unos cientos de votos en donde cada parte sea celosa de su “independenci”? Absurdos, solo absurdos y nada más que absurdos con los que no vale la pena perder mucho tiempo. Ganará el partido que tenga los mejores cuadros, los más lúcidos, los mejor preparados, el equipo más dinámico y las ideas más claras: y en mi opinión solamente hay una fórmula, el eje PxC-E2000. Todo lo demás, es demasiado pequeño, oscilante e indefinido, o incluso meros arcaísmos.

Y sí, sigo pensando que la fórmula “partido político” ya no es la adecuada. Plataformas locales unidas en torno a un programa mínimo, vertebradas por una dirección que piense en los mismos términos y en torno a un fuerte liderazgo. No creo, por supuesto que siglas históricas puedan reavivarse en ninguna circunstancia, ni tampoco creo que partidillos que llevan 20 y 30 años funcionando con los mismos líderes y sin obtener un solo éxito, sirve para algo más que para disolverse.

Pero también aquí, te diré, que ando cansado de realizar propuestas, analizar fórmulas y sugerir soluciones e incluso de seguir esta temática. No ostento ningún cargo de dirección en ningún partido y creo que va siendo hora de que las direcciones de los partidos, partidillos y grupos de amigos, demuestren lo que valen y la idoneidad de sus propuestas. En lo que a mí respecta, no tengo nada que añadir ni que proponer.
 
6- Hagamos política ficción, y supongamos que dicha plataforma existe a muy corto plazo, de aquí a las generales... ¿Existe alguna posibilidad de conseguir algún éxito por la vía electoral de aquí a diciembre, o habría que esperar a las europeas de 2019? En tal caso, ¿cómo estará España para entonces, dentro de cuatro años?
 
No creo que en las elecciones de diciembre de 2015 se presente ninguna opción “patriótica” y en caso de presentarse, el fracaso será el habitual en todo lo que se hace con improvisación y sin dos dedos de frente. Las europeas de 2019 están muy lejos y veremos lo que ha sobrevivido. En cuatro años, España estará como hoy… pero un poco peor.

milaPortadaMundoCúbico.jpgCon un 18-20% de la población de origen inmigrante, con el sistema de pensiones colapsado, con 5.000.000 de parados enquistados y un tercio de la población próxima al umbral de la pobreza o por debajo de ella, con un sistema educativo convertido en mero almacenamiento de alumnos, y posiblemente con un segundo estallido de la burbuja inmobiliaria (si miráis en torno a las grandes ciudades, vuelven a verse grúas trabajando, cuando aún quedan 2.500.000 de pisos sin vender…) y cuando las repercusiones de la segunda oleada de crisis de la globalización, la que está en estos momentos estallando en Brasil, afecte particularmente a las empresas de nuestro país… tal será el horizonte que tendremos en 2019.

Más inestabilidad política, los mismos niveles de corrupción, la misma deuda impagable, y casi una cuarta parte de origen extranjero. No va a ser, desde luego, una situación como para que la “vieja banda de los cuatro” (PP+PSOE+CU+PNV), ni la “nueva banda de los cuatro” (Podemos+Ciudadanos+Bilbu+ERC) puedan echar cohetes, pero tampoco como para pensar que las masas van a acudir expontáneamente a una opción euroescéptica, identitaria o “patriótica”.

Para que eso ocurra en un plazo máximo de año y medio o dos debería levantarse una bandera que, por el momento, no existe, y que como digo solamente podría partir de PxC y E2000. ¿Por qué insisto en esta idea? Porque son los dos únicos grupos que tienen una mínima presencia institucional… es decir, que tienen algo de contacto con la población. El resto, apenas registran actividad y su ausencia de mínimos resultados electorales indica que carecen de cualquier cordón umbilical con el electorado. Hay que partir de experiencias concretas que hayan supuesto contacto real con los intereses de la población. Cualquier otra cosa se hundirá en medio de la esterilidad más absoluta, por mucho que en algún momento atraigan puntualmente la atención mediática.
 
7 -Recientemente hemos leído sendos artículos en prensa de Juan Manuel de Prada o Fernando Sánchez-Dragó en medios "generalistas", bastante lúcidos, que son toda una excepción dentro del discurso único de periódicos como El País, ABC, El Mundo o La Razón. ¿Cuáles son, en su opinión, otros autores "discrepantes" que, a nivel nacional o internacional, resulten al mismo tiempo accesibles, recomendables y potencialmente "peligrosos" o "dañinos" para el sistema?
 
Drieu la Rochelle decía que “un intelectual no es aquel que piensa, sino el que hace del pensar una profesión”. Estoy de acuerdo con esa definición. Un intelectual tiene la función de un despertador. Es lo máximo a lo que puede aspirar. Cuando un intelectual se levanta, cada día, piensa lo que tiene que escribir. Cientos de cuartillas. Miles al año. Es inevitable que en algunas se acierte. A los nombres que citas se podrían añadir otros que publican en medios de derechas y de izquierdas.

Hubo un tiempo en que los intelectuales cambiaban la historia o al menos influían sobre el devenir histórico y en torno suyo se formaban cuadros que luego serían dirigentes políticos. La Generación del 98, por ejemplo, la del 27, o el círculo de intelectuales  que formó en torno a Maurras en Francia. Esto no ocurre ahora: el intelectual es una voz que clama en el desierto. Influye muy poco en una sociedad que cada vez lee menos. Siempre he afirmado que el avance espectacular del Front National en 1984 y en 2014 no tiene absolutamente nada que ver con los miles de páginas escritas por Alain de Benoist.

Habitualmente el conocido cuento del Rey desnudo (de Andersen… sobre la base de un cuento español del infante don Juan Manuel, El Conde Lucanor) termina con un rey abochornado cuando un “niño” (perífrasis simbólica del intelectual) grita “¡El rey está desnudo!”… Puedo adaptar ese cuento a la modernidad: “tras oír la frase, toda la muchedumbre sigue alabando al rey y el propio rey le tiene absolutamente sin cuidado si está desnudo, vestido de armiño o haciendo el pino”. ¿Moraleja de esta versión del cuento? El intelectual puede predicar en el desierto; nadie le oirá, ni aun entendiéndolo, le prestará mucho más caso que el que se presta a una lluvia de verano. Me permitirás, por tanto, que me abstenga de recomendar autores; hasta un reloj parado acierta la hora dos veces al día. Vale la pena, eso sí, tener cierta curiosidad intelectual y picotear un poco por todas partes, sin ningún tipo de prejuicios, pero lo peor que hoy puede hacerse es tener “autores de referencia”. Tal es otro “signo de los tiempos”.
 
8- Una pregunta breve, y muy directa: ¿Existe la posibilidad de conseguir éxitos electorales sin tener presencia en los medios de comunicación, y más concretamente, en la televisión?
 
Milicia I.jpgCreo que sí. Pero es una falsa cuestión. Logra un clip viral y no necesitarás salir en TV, lo verá mucha más gente y durante más tiempo. Por otra parte, los medios se hacen eco de todo lo que tiene algún tipo de influencia en la sociedad. Siempre. Ningún “patriota” ha aparecido en TV en las últimas décadas simplemente porque, salvo acciones estilo Librería Blanquerna, apenas existe actividad patriótica y la que existe llega poco a la población. La gente que se queja de que Pablo Iglesias subió gracias a la TV, olvida que previamente existieron años de preparación (movimiento de los indignados, 15-M, décadas incluso siendo segundos espadas de Izquierda Unida). Nadie aparece en TV porque sí. Cuando desalojan a un Hogar Social, las cámaras acuden y entrevistan a alguien… hay una excusa para ello.

Harina de otro costal es lo que dicen los entrevistados. En televisión “repite” el que genera audiencia. Y para ello hace falta o ser un payaso (y aceptar ponerse en ridículo delante de la sociedad) o bien ser un provocador (y generar polémica, procurando gritar más que el resto de contertulios). Si alguien tiene un mensaje que difundir no estoy seguro de que la televisión sea el medio más adecuado. Lo que no hay que confundir es “no salir en televisión” con “no hacer nada que interese a la televisión” o con “difundir un mensaje que no interese al televidente”… En realidad, lo primero es la consecuencia de lo segundo.
 
9 - Nos gustaría, por último, que recomendase a los lectores del blog alguna película o algún libro (novela, ensayo, biografía) reciente que considere de interés.
 
Milicia II.jpg¿Novela? Me voy a lo clásico: El viaje al fin de la noche de Louis Ferdinand Céline. Sin duda, la mejor novela escrita en el siglo XX. Hay que leerla para reconocer que este título no es exagerado. ¿Ensayo? Compré El corazón de las tinieblas pensando que tendría alguna relación con la novela de Joseph Conrad. Lo tiene de manera simbólica; un ensayo muy recomendable sobre la estructura del Universo. Sólo apto para lectores seguros de no sufrir angustia existencial al percibir que estamos más próximos al cero que al infinito. ¿Biografía? La de Dionisio Ridruejo. Del fascismo al antifranquismo… interesante para comprender el primer franquismo y la naturaleza de los círculos intelectuales falangistas.

¿Cine? Habitualmente me regalo sobredosis de cine: Misericordia y Profanación ambas de género negro nórdico y con los mismos personajes; Timbuktu de cine minoritario africano, muestra la realidad del yihadismo vista por los que tienen que sufrirla; cine español: La isla mínima (el género negro es el mejor que se hace en España); ¿series? la primera temporada de True Detective, incluso la segunda, ligeramente más baja; ciencia ficción: Interestellar. Humor pausado: Los niños del cura… ¿Para qué seguir? De todas formas, me atrevería a realizar alguna sugerencia: ¿ves TV? No tienes excusa. Solamente un masoquista con una alta capacidad de sufrimiento podría ver series partidas con entre 6 y 15 minutos de publicidad, largometrajes que a medida que se acerca el final aumenta la publicidad hasta lo insoportable. Hay plataformas peer to peer para disponer de cualquier película o serie que te interese, plataformas digitales –Netflix en menos de un mes– que por menos de 10 euros al mes te ofrecen miles de películas, está youTube para ver el Club de la Comedia sin necesidad de comerse a algunos pestiños contratados para hacer bulto y los clips musicales que te interesen. Y un amplio elenco de Documentales de la TV2 que se pueden bajar o ver cuando a uno le dé la gana.


Lo dicho: si sigues viento la TV Odín no te admitirá en el Walhala…

(c) Ernesto Milà - info|krisis - http://info-krisis.blogspot.com  - Prohibida la reproducción de este texto sin indicar origen.
(c) realmofchaosslavestodarkness.wordpress.com/ - Prohibida la reproducción de este texto sin indicar origen.

samedi, 23 mai 2015

Archives de Julius Evola en français (1971)

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Archives de Julius Evola en français (1971)

Unique interview en intégralité de Julius Evola en français, vieilli, paralysé mais toujours alerte, quelque temps avant sa mort. Sorte de testament biographique, on y trouvera entre autres les thèmes de l'essence de ses ouvrages, sa période artistique dadaïste, ses rapports avec René Guénon, ainsi qu'avec les régimes politiques de l'époque, et bien d'autres explorations métaphysiques.

(Le bruit sourd s'estompera après les premières vingt minutes)