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samedi, 19 décembre 2020

"Droite / gauche, histoire d'une dichotomie" de Marcel Gauchet ou l’histoire de l'éternelle dispute sur les étiquettes politiques

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"Droite / gauche, histoire d'une dichotomie" de Marcel Gauchet ou l’histoire de l'éternelle dispute sur les étiquettes politiques

L'intéressant essai du penseur français a été publié en Italie par Diana edizioni, avec une introduction du professeur Marco Tarchi

par Andrea Scarano

Ex: https://www.barbadillo.it

Les dynamiques des sociétés contemporaines ont longtemps buté sur les difficultés qu’entraînait l’usage généralisé de la dyade droite/gauche tant dans l’orbite de la représentation parlementaire que dans l'explication des phénomènes politiques, économiques et sociaux. Existe-t-il une définition appropriée et non ambiguë de ces deux catégories ? Quelles sont les caractéristiques qui ont favorisé leur succès, malgré leur taux élevé de généralité et d'abstraction ? Faut-il encore faire usage de ces concepts établis il y a plus de deux siècles en France, mais qui se sont répandus et enracinés partout en assumant les chrismes de l'universalité ?

41B2wGt7wML._SX318_BO1204203200_.jpgLa maison d'édition Diana propose la réimpression d'un essai de Marcel Gauchet "Droite/Gauche - histoire d'une dichotomie", enrichi d'une introduction de Marco Tarchi et d'une postface de l'auteur, annexe nécessaire à une publication datant déjà de 1992.

D'une part, le Dr. Tarchi, politologue toscan, fait remarquer que le débat sans fin sur le sujet, qui, toujours, annonce d’inévitables discussions et des polémiques assurées, ne conduit pas à un accord unanime dans la communauté scientifique, à la fois parce que les catégories examinées n'existent pas dans la réalité et parce que nommer signifie juger et comparer, en s'éloignant de la sphère de « neutralité axiologique » ; d'autre part, pour soutenir que la droite et la gauche sont "deux concepts suspendus entre des essences, des types idéaux et des conventions relatives" capables d'identifier une relation de continuité entre les croyances et les attitudes politiques, mais qui ne trouvent pas d'applications automatiques dans le monde de l'expérience concrète et sont forcés, par la force des choses, de mélanger des composantes distinctes, car ils ne présentent pas de caractères définitifs d’exclusion réciproque..

L'auteur retrace les étapes d'un processus - qui a débuté au moment de la Restauration en France - qui se caractérise par l'utilisation croissante de la dyade dans la pratique parlementaire ; il y a eu toutefois émergence de différences importantes, dues à l'apparition d’extrêmes et de "nuances" de centre-droit et de centre-gauche, ont immédiatement obligé les acteurs à choisir des alliances gravitant vers le centre pour permettre au système de s'auto-perpétuer.

Non utilisée par Marx, Engels ou le premier Lénine, l'opposition droite/gauche s'est consolidée grâce à quelques facteurs déterminants : l'élargissement du suffrage et la progression vers une démocratie représentative au sens contemporain du terme amis en exergue le besoin croissant d'identification des électeurs, jusqu'alors habitués à d'autres "fractures" (blanc/rouge, conservateur/républicain) dans un contexte qui a enregistré progressivement, surtout dans les années autour de l'affaire Dreyfus, l'apparition de partis socialistes et l'accentuation de la discorde sociale et civile.

L'appropriation par le public des nouveaux labels gauche/droite s’est fait parallèlement à la diffusion d'une ample désaffection de ce même public pour l'utilisation en bloc des deux termes, désaffection qui s’opérait entre ajustements et "réinventions" plutôt que par simples transferts ou passages d'un registre à l'autre. Ils sont désormais configurés comme des notions indéfiniment ouvertes, susceptibles d'enrichissement ou de renouvellement sémantique, instruments d'unification symbolique de différentes familles politiques, capables de véhiculer dans le camp qui les a créés (la gauche) des espoirs en un avenir d'harmonie et de nourrir dans le camp qui les a subis (la droite) des négations, des réserves et des soupçons, comme éléments nuisibles à la cohésion et à l'harmonie collective.

capture_decran_2016-07-07_a_11.20.09.pngLes finalités, les contenus et les programmes changent mais l'"ordre de bataille" de la politique française reste formellement inchangé : dans un mélange de conflit et de fragmentation, les modérés et les alternances du centre continuent à gouverner, laissant "libre cours" aux doctrinaires des extrêmes et à un dualisme aussi élémentaire que manichéen, virulent et implacable.

À l'époque de l'idéologisation de la lutte des classes et du choc entre fascisme et communisme, l'attraction militante est devenue encore plus virulente : si les desseins totalitaires aspirent à restaurer l'unité sociale en tant que corps - comme l'a observé Claude Lefort - l'entrée dans la modernité individualiste, historique et démocratique va dans une direction diamétralement opposée, brisant l'ordre symbolique, l'attachement au sacré et la dépendance à une source divine.

Gauchet identifie un problème structurel - essentiellement le même dans ses principales caractéristiques même après l'avènement du gaullisme et la réforme institutionnelle constitutive de la Vème République semi-présidentielle - dans la combinaison d'une division exaspérée de l'opinion publique et d'un jeu bipolaire qui multiplie les partis plutôt que de les réduire, perpétuant la pratique des accommodements de la politique efficace. La droite et la gauche prennent le parti du gouvernement ou de l'opposition en vertu du mécanisme induit par le principe de la majorité ; en même temps, le champ idéologique des "grandes familles" se divise en trois parties : le conservatisme, le libéralisme et le socialisme.

Le processus d'universalisation de la dyade, facilité par des besoins cognitifs de simplification des choix et par une adhésion effective à la compétition politique, s'inscrit dans le processus plus large de création d'un système de références qui a rendu plus clair l'ordre profond de la société et a identifié dans le principe du conflit une de ses caractéristiques constitutives fondamentales, renfermant - note Gauchet - "l'âme et la mémoire d'une manière d'être en politique". Au moment où la droite et la gauche commencent à représenter l'intégration organique d'une dualité, leur contenu original est partiellement transformé à nouveau car il ne comprend plus seulement un antagonisme impitoyable, mais est chargé d'expliquer "la coexistence ordinaire et inévitable des opposés".

Gauchet appartient pleinement à un courant interprétatif "fonctionnaliste" qui met en évidence l'importance des archétypes mentaux dans la capacité d'orientation des individus, dans l'organisation des pensées et dans la génération des idées, ainsi que les caractéristiques d'un concept défini dans l'espace et capable de stabiliser les conflits, immédiatement compréhensible et transférable d'une culture à l'autre.

MGcondpol.jpgCette approche contraste avec celle "essentialiste" (identifiable, en grande partie, dans les écrits de Norberto Bobbio), qui échappe au test empirique d'une discrimination claire entre les deux catégories et n'explique pas les transformations que le passage du temps et l'évolution des circonstances ont imposées aux pratiques des partis et mouvements politiques traditionnellement placés dans l'un ou l'autre domaine.

La succession des événements historiques contraint, en effet, les forces politiques à un mouvement continu de croisement réciproque qui justifie la perplexité de ceux qui - comme Alain De Benoist - ont récemment réfuté la validité de certaines oppositions binaires, parmi lesquelles : liberté/égalité, ordre/justice, conservatisme/progressivisme. Ces mêmes identités sociales sont d'ailleurs le fruit d'une sédimentation culturelle en constante transformation et, tout en restant au centre des objectifs de l'intégration politique, ne coïncident plus avec des blocs de valeurs monolithiques.

Gauchet souligne comment trois phénomènes principaux ont déstabilisé les repères dominants dans l'espace européen après 1945 : la pénétration de l'esprit démocratique et l'acceptation du pluralisme, avec l'évaporation consécutive du couple antifascisme/anticommunisme et le relâchement pour de nombreux citoyens d'une affiliation politique inconditionnelle ; la dissociation des blocs et le retour en vogue de l'idée libérale, associée à la mondialisation économico-financière et au processus d'individualisation de la société ; la délégitimation du projet de contrôle public de l'économie.

Bien que la fracture droite/gauche soit tombée en discrédit, la position de ceux qui pensent qu'il n'est pas possible d'émettre une hypothèse sur sa désintégration ou sa recomposition, du moins à court terme, semble être partageable - de l'humble avis de l'auteur. La redistribution des anciennes identités que l'on retrouve dans les nouvelles polarisations - l'auteur consacre un espace au populisme et à l'écologisme des deux camps - indique qu'elle conserve un rôle organisateur, bien que nettement réduit par rapport au passé.

Favorisée par la volonté des politiciens professionnels de réduire la multiplicité des conflits à deux camps et deux visions du monde schématiques, sa persistance résiduelle trouve un soutien non seulement dans les classes supérieures mais aussi dans les classes subordonnées, de plus en plus "mobiles" d'un point de vue électoral ; débarrassé de significations métaphysiques improbables, il continue en partie à fonctionner comme un intermédiaire entre l'individu et la communauté politique, en maintenant le pouvoir évocateur d'un "totem extrêmement expressif d'une société dans laquelle le fait d'avoir combiné une politisation traditionnellement forte avec des organisations politiques chroniquement faibles n'est pas la moindre des bizarreries".

Jean-Pierre Melville dans le Cercle Rouge

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Jean-Pierre Melville dans le Cercle Rouge

Un témoignage de Jean Parvulesco sur Jean-Pierre Melville

Alors que pour n’importe quel avortement mondain la grande presse prend feu et flambe comme de la paille sèche, les meneurs cachés de la désinformation générale ont décidé que la mort de Jean-Pierre Melville devait être passée sous un éclairage ultra-diminué : à quelques rares, trop rares exceptions près, cette consigne, il faut le reconnaître a été plutôt bien suivie. La tristesse glaciale et ambiguë, par ailleurs si parfaitement urbaine, prévue, ainsi, pour signaler la disparition de Jean-Pierre Melville n’a donc pas manqué de sombrer, sur commande, dans une rhétorique de circonstance, factice, conventionnelle et vide, dont l’inauthenticité patente frisait l’obscénité  peut-être plus encore que la provocation. Tout cela s’est vu, épargnons-nous, par décence envers nous-mêmes, les citations appropriées.

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L’homme seul, et si serein dans son désespoir absolu, qui, en moins de cinq ans, a su donner au cinéma français, Le Samouraï, L’Armée des Ombres, Le Cercle Rouge, c’est-à-dire ses seules armes actuelles de violence et d’action totale, l’homme qui avait su comprendre, et avec quelle discrétion hautaine, que la dernière chance d’un cinéma allant contre la mise en abjection générale était la tragédie et que la tragédie, aujourd’hui, au-delà de la politique, ne saurait plus être que morale, l’homme du dernier et suprême combat de la fatalité héroïque, qui est combat contre soi-même, ne méritait-il pas qu’on lui laissât l’honneur de s’en aller sans que l’on fasse donner, pour lui, la faquinade parisienne et ses minables chacaleries du prêt à porter sentimental, lui infligeant ainsi, sournoisement, et comme pour une dernière fois, ce qu’il avait le plus exécré, le plus haï dans sa vie ?

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Jean-Pierre Melville n’était pas, Jean-Pierre Melville n’a jamais été des leurs. Ces jeunes larves fatiguées de ne pas être qui dictent, aujourd’hui, dans le cinéma français, leur loi de subversion et de déchéance avantageuse, Jean-Pierre Melville les vomissait de tout son être, et jusqu’au vomito nero, spécialité comme on le sait, des Papes qui s’en vont en état de désespoir, et marquent leur agonie d’un signe d’épouvante et de malédiction. Il faut dire, aussi, que les autres le lui rendaient bien. Ce n’est peut-être pas qu’ils avaient déjà tellement envie qu’il s’en aille tout de suite, mais ils n’avaient pas non plus tellement l’envie qu’il s’attardât encore. Depuis quelque temps Jean-Pierre Melville commençait vraiment à être de trop.

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Mais d’où leur vint-elle donc cette haine inavouable autant qu’inextinguible, la méfiance active qu’ils n’ont pas fini d’entretenir à l’égard de l’auteur de L’Armée des Ombres, cette ségrégation à plaie ouverte qui lui a été si efficacement prodiguée le long de ces dernières années ? C’est que Jean-Pierre Melville était lucidement, et comme fatalement, un homme de droite, ainsi que le soulignait Jean Curtelin, - et si tant est que cette séparation douteuse entre la gauche et la droite puisse encore avoir, aujourd’hui, un sens autre que celui que s’acharnent à lui imposer le fanatisme halluciné, l’obscurantisme retardataire de ceux pour qui la gauche reste l’alibi d’une irrémédiable impuissance d’être en termes de destin.

D’autre part, plus qu’un homme seul, Jean-Pierre Melville était un homme séparé, un activiste forcené du vide qui sépare du monde et des autres, un fanatique glacé et serein du vide qui traduit tout en terme d’infranchissable. Le secret de sa vie tenait, tout entier, dans ce que Nietzsche appelait le pathos de la distance.

La séparation, pourtant, ni l’éloignement du monde, n’étaient, chez Jean-Pierre Melville, une forme de désertion, bien au contraire. Le monde, pour lui, il ne s’agissait pas de le fuir, mais de le changer. Car tel est l’enseignement intérieur de l’engagement pris par Jean-Pierre Melville envers sa propre vie, sa relation souterraine avec ce que Rimbaud avait appelé « la vraie vie » : ne pas changer soi-même devant le monde, mais changer le monde afin qu’il se rende conforme et s’identifie au rêve occulte, à l’image lumineuse et héroïque que l’on porte au fond de soi. Comment transfigurer, comment changer le monde si, comme le dit, toujours, Rimbaud «  le vrai monde es ailleurs ». Aux voies dites traditionnelles, Jean-Pierre Melville avait su préférer l’action directe, la vie de l’action directe, l’action occulte d’un petit nombre de prédestinés à l’accomplissement des grandes entreprises subversives du siècle, et qui, piégés à l’intérieur du Cercle Rouge, changent, pour s’en sortir, les états du monde, le cours de l’histoire et de la vie. Et c’est ainsi que Jean-Pierre Melville avait trouvé dans l’action politique, dans ses options subversives d’extrême-droite : une confrérie, une caste de combattants de l’ombre qui s’imposent à eux-mêmes une rigueur, un dépouillement terrible, indifférents aux résultats immédiatement visibles de leur action, attentifs seulement aux exigences de leur sacrifice et à la gloire cachée de leur longue rêverie activiste sur le mystère du pouvoir absolu.

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En ce qui me concerne, c’est en termes de caste spirituelle, ainsi que l’eussent fait, à coup sûr, les Treize de Balzac constitués en société secrète de puissance, que je me risque à parler de Jean-Pierre Melville comme d’autres n’ont pas su, n’ont pas voulu ou, tout simplement, n’ont pas eu le courage de le faire, la terreur conjuguée du gauchisme qui se montre trop et du grand argent qui ne se cache plus assez les tenant tous à la gorge impitoyablement. Mais moi je n’ai plus rien à perdre. Alors, pourquoi ne parlerais-je.

Un cinéma chiffré en profondeur

Ce même combat de l’ombre, Jean-Pierre Melville le retrouve, avec son cinéma le plus grand, dans l’exploration des réprouvés suicidaires de la société et de leur milieu secret, exploration qu’il poursuit, lui-même à la fois lucide et fasciné, jusque dans les derniers retranchements, de leur décision de rupture, de leur séparation originaire.

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Seulement il se fait que du Deuxième Souffle jusqu’au Cercle Rouge, ces réprouvés de la société ne sont qu’autant de projections chiffrées de ses propres phantasmes intérieurs, phantasmes qui n’ont rien à voir, en réalité, avec le monde irrespirable, intenablement atroce et vide, où évoluent les vrais truands. Bien mieux sans doute que certains autres, réputés, pourtant, et cultivés avec soin pour leurs relations supposées dans le grand mitan, le mitan dans le vent, Jean-Pierre Melville savait parfaitement à quoi il lui fallait d’en tenir quant à la soi-disant morale du milieu, qui n’en a rigoureusement aucune, et dont les seules vertus actives sont celles d’une immonde inclination aux boucheries inutiles et lâches, marque d’infamie des tarés qui en veulent congénitalement à l’ordre établi et qui se défoncent, chaque fois qu’ils peuvent se le permettre sans trop de risques, par l’étalage d’une violence que d’aucuns s’obstinent à vouloir à la noirceur exaltante, héroïque, alors qu’en réalité celle-ci n’a aucune signification autre que celle de sa bestialité intime, aucun souffle de désespoir profond ni de grandeur, fût-elle négative. Au bout du compte, et au-delà de tout romantisme imbécile, de toute fascination équivoque envers les bas-fonds, la seule attitude majeure envers le milieu reste celle d’une Roger Degueldre, qui, sous prétexte de je ne sais plus quelle « conférence au sommet » entre le grand milieu d’Afrique du Nord et l’OAS, avait réussi à rassembler les caïds de la pègre dans une ferme isolée des environs d’Alger pour un nettoyage par le vide dont on ressent encore les conséquences : trois générations de malfrats passés au fusil-mitrailleur, cela laisse quand même un trou.

Quelle est alors l’impulsion occulte, quelle est la déchirure fondamentale du cinéma de Jean-Pierre Melville, si admirablement cachés, au demeurant, l’une et l’autre, derrière les mythologies de dissimulation qui lui auront permis de dresser dialectiquement face au monde transparent et creux de la réalité extérieure, la réalité à la fois fulgurante et interdite de son propre monde intérieur ?

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Comme Joseph Buchan, comme Fritz Lang, Jean-Pierre Melville appartient à la grande race des obsédés du pouvoir absolu. Le secret de sa vie, qui est aussi le secret de son cinéma, concerne une longue et déchirante rêverie sur le mystère en soi et sur l’appropriation subversive du pouvoir total, pouvoir  total conçu à la fois comme un vertige, comme une super-centrale activiste et comme un concept absolu. Appropriation subversive d’un pouvoir politique total dont les chemins passent par l’expérience ultime de l’empire de soi-même, auquel, pour y parvenir, il faut franchir, comme dans Le Samouraï, les épreuves terribles d’une action de plus en plus voisine de l’impossible, de plus en plus ouverte sur le vide de soi-même et, finalement, sur la mort.

Mais le pouvoir total ne saurait être qu’un pouvoir caché, et, de par cela même, un pouvoir essentiellement symbolique : le cinéma de Jean-Pierre Melville est un cinéma chiffré en profondeur, tout comme l’aura été sa propre vie. Car chose certaine et claire, l’expérience des confrontations permanentes, de la permanente remise en question, - remise en question des pouvoirs de la liberté cachée et de la liberté ultime de tout pouvoir secret, expérience dans laquelle on reconnaît le problème des rapports de force auxquels se résument tous les films noirs de Jean-Pierre Melville, est aussi, de l’expérience intérieure de tout pouvoir politique en prise directe sur la marche de l’histoire. Derrière le cinéma exaltant le mystère de solitude et de vide ardent du crime, Jean-Pierre Melville s’est employé à cacher en semi-transparence le véritable discours, l’unique tourment profond de sa vie. Discours et tourment qui n’ont jamais été que d’ordre politique : dans cette perspective de clair-obscur et de vertige au ralenti, le Samouraï devient soudain autre chose, Le Cercle Rouge aussi. Tout change, tout se laisse et se donne à comprendre autrement. Mais surtout, pas par n’importe qui. Il faut y avoir accès, il faut en être, il faut en avoir été. Ce qu’il n’avait pas pu mener à bien ouvertement jusqu’au bout, Jean-Pierre Melville l’a fait, occultement, dans son cinéma. Il en va, ainsi, de toute poursuite de la grandeur tragique en France, où le terrain est depuis longtemps pourri. Si quelque chose doit se faire jusqu’au bout, il faut d’avance se résigner à passer toujours par l’épreuve de l’acceptation des ténèbres et de la dissimulation.

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Quoi de plus français, en ce sens, qu’une figure apparemment logique et très claire, où le soleil limpide de la raison luit en liberté et s’exalte de tous ses feux, mais dont l’éblouissement même en double la clarté par une nuit impitoyable et profonde comme la mort ? Dans l’œuvre de Jean-Pierre Melville, la raison apparaît et semble s’imposer avec les mécanismes intérieurs du pouvoir de la pègre, où tout est logé dans les rapports objectifs des forces en présence, alors que la nuit et ses abîmes agissent, par en-dessous, à travers la confrontation nocturne des organisations secrètes de puissance et du pouvoir absolu qui se les approprie et les détruit, l’une après l’autre, en les assumant.

Ce que des témoins non prévenus se trouveront forcés de prendre pour des règlements de compte entre truands de haut vol, représenteraient ainsi, dans le cinéma de Jean-Pierre Melville, la tragédie intérieure du pouvoir politique total, le tourbillon qui porte, toujours plus avant vers son propre centre, vers le lieu de résolution finale de leurs destinées communes, les divers secrets d’action révolutionnaire que l’on sait et que l’on ne sait pas.

Dans cette perspective, et en forçant quelque peu la note, disons que le cinéma d’action de Jean-Pierre Melville pourrait fort bien n’être, après tout, et comme au bout du compte, qu’une longue réflexion sur le CSAR, sur le « Comité Secret d’Action Révolutionnaire » d’Eugène Deloncle, ou sur toute entreprise de grande subversion du même genre. Et cette supposition, on l’aura déjà compris, n’est pas tellement gratuite. Au contraire même, peut-être.

Enfin, toutes ces choses dites, il ne reste plus que le problème de la solitude irrémédiable du héros tragique, ce que Jean-Pierre Melville appelait « la solitude du tigre ».

La solitude du Tigre

Plus que jamais, devant le monde des autres, reconnu intolérable, l’unique recours est celui de faire face, de se refuser violemment à toute forme de démission, à tout compromis et à tout oubli. La morale intime de Jean-Pierre Melville est la morale secrète du samouraï, du guerrier mystique pour qui, indifférent quant à l’issue finale de son épreuve, seul compte le combat de la  lumière invisible de ses armes. Cette morale ne s’enseigne pas, son secret ni son souffle de vie ne sont transmissibles : on n’y accède que par la prédestination, ou par l’œuvre intime, en soi, du « seigneur inconnu du sceptre et de l’épée ».

Cette morale c’est déjà le Bushîdo  de la grande solitude occidentale de la fin, la solitude du tigre lâché dans la jungle de béton, dans le monde trois fois maudit du renversement final de toutes les valeurs.

Que l’on aille donc revoir les films de Jean-Pierre Melville, et l’on comprendra peut-être quelle espérance il nous reste de retrouver, en nous, un jour.

Jean Parvulesco.                        

Ce texte a été publié précédemment dans le  Cahier Jean Parvulesco  publié aux Nouvelles Littératures Européennes, sous la direction d’André Murcie et Luc-Olivier d’Algange.

Les États-Unis veulent dominer l'espace

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Les États-Unis veulent dominer l'espace

par Manlio Dinucci

Source : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it

Le cap Canaveral en Floride, où la NASA a lancé la fusée de la mission Apollo en 1969, est devenu le siège de la force spatiale américaine, en même temps que la base Patrick, également située en Floride.

Lors de la cérémonie inaugurale du 9 décembre, le vice-président Mike Pence a annoncé : « notre force spatiale se renforce chaque jour davantage ».

L'U.S. Space Force est une nouvelle branche des forces armées américaines, créée en décembre 2019. Sa mission est de "protéger les intérêts américains et alliés dans l'espace, acquérir des systèmes spatiaux militaires, former des militaires professionnels de l'espace, développer une doctrine militaire pour la puissance spatiale, et organiser des forces spatiales à la disposition de nos commandants combattants".

La tâche centrale de la nouvelle Force, le président Trump l'a dit explicitement, en annonçant en août 2019 sa création imminente : "Assurer la domination américaine dans l'espace, prochain champ de bataille".

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Dans le sillage de la nouvelle force spatiale américaine, l'OTAN a également lancé un programme spatial militaire, préparé par le Pentagone et le leadership militaire européen étroitement lié aux principales industries aérospatiales.

L'importance de l'espace est démontrée par le fait qu'il y a aujourd’hui environ 2.800 satellites artificiels opérationnels en orbite autour de la Terre. Parmi eux, plus de 1.400 sont américains. En deuxième position vient la Chine avec plus de 380 satellites, et en troisième position, la Russie avec un peu plus de 170. La plupart des satellites, plus de 1.000, sont commerciaux. Viennent ensuite ceux destinés à un usage militaire, gouvernemental et civil (ces deux derniers types étant souvent utilisés pour des activités militaires également). En plus de ceux-ci, il y a environ 6.000 satellites qui ne fonctionnent plus et qui continuent à tourner autour de la Terre, ainsi que des millions d'objets et de fragments de différentes tailles.

L'espace est de plus en plus encombré et de plus en plus sujet à contestations. Les géants des télécommunications, les bourses, les grands groupes financiers et commerciaux y exploitent leurs satellites. Le nombre de satellites devrait être multiplié par cinq au cours de cette décennie, principalement grâce à la technologie 5G. Le réseau commercial de la 5G, construit par des sociétés privées, pourra être utilisé à des fins militaires, notamment pour des armes hypersoniques, à un coût bien moindre.

Dans ce contexte, on peut comprendre pourquoi les États-Unis ont formé cette Force spatiale. Voyant leur marge d'avantages économiques et technologiques diminuer, notamment par rapport à la Chine, la puissance américaine joue la carte de la force militaire déployée dans l'espace. L'objectif est clair : dominer l'espace afin de maintenir une supériorité non seulement militaire, mais aussi économique et technologique.

Le résultat de cette stratégie est tout aussi clair. La Russie et la Chine ont proposé à plusieurs reprises aux Nations unies, depuis 2008, un nouveau traité (après celui de 1967) qui interdit le déploiement d'armes dans l'espace, mais les États-Unis ont toujours refusé. La Russie et la Chine se préparent donc à une confrontation militaire dans l'espace, en ayant la capacité de le faire.

La création de la force spatiale américaine déclenche donc une nouvelle phase encore plus dangereuse dans la course aux armements, y compris les armes nucléaires. De l'utilisation des systèmes spatiaux pour l'espionnage, pour les télécommunications militaires, pour le guidage des missiles, des bombes et des drones, nous passons à des systèmes d'armes qui, placés dans l'espace, peuvent aveugler les satellites de l'ennemi avant de les attaquer et de détruire des cibles terrestres, comme des villes entières, directement depuis l'espace.

Tout cela est couvert par le silence des médias. Le monde politique, scientifique, universitaire et culturel n'émet aucune critique ni aucun désaccord.

Dans le même temps, les gouvernements et les industries de guerre augmentent leur financement à accorder aux instituts scientifiques et aux universités pour des recherches qui, souvent déguisées en recherches civiles, servent au développement de systèmes spatiaux militaires.

Des voix font écho à celles de la nouvelle force spatiale américaine, qui expliquent que l'espace est "essentiel pour notre sécurité et notre prospérité dans notre vie quotidienne, même lorsque nous utilisons notre carte de crédit à la station-service".

Jean Giono : pour un retour positif à la nature

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Jean Giono : pour un retour positif à la nature

Emilio Del Bel Belluz

Ex : https://www.ilprimatonazionale.it

41JtW4y4DeL.jpgL'homme qui plantait des arbres est un livre de Jean Giono dans lequel l’auteur se rend compte, comme en ces temps-ci, qu'il n’a que deux alliés qui ne le trahissent pas et qui lui sont toujours fidèles : Dieu et la nature.

La nature s'offre à l’homme dans toute sa beauté originelle, un homme qui ne pense cependant qu'à la dévier de son cours spontané. En fait, aujourd'hui, la terre est exploitée au maximum. Les fossés qui marquaient les limites entre les différentes propriétés et dans lesquels poussaient de nombreuses variétés d'arbres, abritant de nombreux oiseaux, ont disparu. Il est devenu presque impossible de voir, entre une parcelle et une autre, un espace dédié à la culture des arbres, celui des petits bois. Les agriculteurs d'autrefois plantaient des vignes, mais il y avait toujours de la place pour différents types d'arbres, y compris des arbres fruitiers qui étaient une source de richesse pour le ménage. Des arbres étaient également plantés autour de la ferme pour se reposer à l'ombre du feuillage épais. Le vert était omniprésent tout autour de la ferme, c'était de la vraie poésie.

La fuite hors des champs (l’exode rural) et l'industrialisation ont privé l'homme de cette poésie. Les maisons abandonnées sont le résultat d'une ample réduction quantitative du monde paysan. Notre monde rural, primordial, disparaît à jamais, peu de gens se rebellent contre cet arasement et il semble que tout se dirige vers la profanation généralisée de la nature. Les personnes âgées étaient assises devant leur maison et regardaient les vieux arbres qu'elles avaient elles-mêmes plantés et qui vieillissaient maintenant avec elles.

Souvent, on naissait, on vivait et on mourait dans la même maison et on respirait pleinement les souvenirs de la vie. Il était une fois des gens qui mouraient devant un crucifix, à côté du lit, il y avait le prêtre qui donnait les derniers sacrements. Aujourd'hui, avec cette pandémie qui nous affectedepuis le printemps 2020, nous nous sommes privés du naturel de mourir avec le réconfort d'un prêtre ou du moins en observant un crucifix. La pratique de la plantation d'arbres était enseignée aux enfants comme un geste et un rituel initiatique et avait une haute valeur symbolique liée au fait de savoir vivre en harmonie avec la nature.

9782070662081.jpgL'homme qui plantait des arbres, un berger provençal, personnage principal du livre, a travaillé humblement pendant 37 ans, en se penchant sur le sol pour planter des glands, même s'il savait que seuls 20 % d'entre eux deviendraient des chênes. Il a ainsi transformé des collines stériles en forêts de chênes et de hêtres. Il avait décidé d'atteindre ce but premier dans la vie sans se poser trop de questions sur sa réussite ou non. Mais la persévérance d'un homme simple, faite d'amour et de dévouement, durant toutes ces années, va conduire à révolutionner un lieu désert et abandonné en le transformant en un village orné de forêts et de ruisseaux.

De même qu'il arrive que la nature, et l'âme humaine elle-même, soient noyées et dévastées face à l'avancée imprudente de l'industrialisation et de la technologie déshumanisante. Mais le contraire peut aussi se produire grâce à une inversion de tendance, singulière, provoquée par les choix et les actions d'un homme seul, apparemment relégué dans sa petite coquille vitale, mais dont l'exemple et les œuvres laisseront des traces indélébiles. L’auteur du livre, Jean Giono, a écrit : "Pour que la personnalité d'un homme révèle des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la chance de pouvoir observer ses actions pendant de nombreuses années. Si cette action est dépourvue de tout égoïsme, si l'idée qui la dirige est d'une générosité sans pareille, si avec une certitude absolue il n'a jamais cherché de récompense, et d'ailleurs a laissé des traces visibles sur le monde, nous nous trouvons alors, sans risque d'erreur, en présence d'une personnalité inoubliable".

Emilio Del Bel Belluz.

Polish Nationalism of the New Millennium: An Interview with Jaroslaw Ostrogniew

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Polish Nationalism of the New Millennium:
An Interview with Jaroslaw Ostrogniew

Ex: http://www.counter-currents.com

I have known Jaroslaw for a long time. He always impressed me as a highly erudite individual. We are both active in writing articles on the New Right and in various metapolitical organizations. We agreed to exchange interviews, so I will provide an interview for Szturm magazine and Jaroslaw for Reconquista.

Jaroslaw is a very interesting personality. We first met at the black metal festival Asgardsrei [2], from where Jaroslaw wrote reports on the popular American website Counter-Currents (CC). In addition to black metal and alternative music in general, Jaroslaw also engages in other activities, writes articles at CC [3], and translates longer essays for the Polish Szturm magazine.

Until recently, he also worked at the university, but due to the excessive political correctness of this environment and personal dissatisfaction, he moved to the private sphere. Today he pursues a professional career, travels the world, and tries to cultivate the Polish patriotic scene. He himself devotes a lot of space to historical novels and poetry, which is rather rare in the circles where we both move. Jaroslaw does what he considers right in life and takes a positively realistic approach.

In the first part of the interview, he will tell us something about Polish politics, contemporary nationalist organizations, the EU and possible Polexit, the most important patriotic event Marszi Niepodległości, the magazine and organization Szturm, the geopolitics of Intermarium, contemporary censorship, and how different religious denominations come together.

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Ondrej Mann: What is the actual political situation in Poland?

Jaroslaw Ostrogniew: First of all, thank you for sending me the questions and for giving me a chance to present Szturm to the readers of your magazine! And now back to the question — I see you want to jump into the deepest waters right away. So let’s try — the political situation in Poland is quite complicated, but I will talk about the most important points. The ruling party is Prawo I Sprawiedliwość (though they are actually in a coalition with smaller conservative parties), who are ruling now for the second term. In the foreign media they are portrayed as “evil nationalists,” but this is completely not the case. They are a kind of conservative populist mild party, and as is always the case with such parties, they are generally less to the Right than their constituency. Some of their policies are good, some are bad, and some are terrible and disastrous. You have to remember that the previous ruling party (the center-liberal Platforma Obywatelska) reached unbelievable levels of corruption, hubris, EU ass-kissing, liberal stupidity, and unwillingness to do anything besides cling to political power, that it eventually collapsed under its own weight. So anything that came afterward seemed to be better. The coronavirus pandemic is also something that keeps the popularity of the government high, as they are rather effective in their actions, especially compared to “old EU” countries, such as Italy or Spain.

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Prawo I Sprawiedliwość enjoys large popularity in Polish society, but it is a kind of “pragmatic relationship without love.” People see the positive impact of the pro-social policies introduced by Prawo I Sprawiedliwość and they believe that there is no better alternative, but most of them do not really like the party, and the leader, Jarosław Kaczyński, is widely disliked even by the people who vote for his party. There are two very important and very good things that Prawo I Sprawiedliwość introduced. The first one is the introduction of pro-family social policies, namely the program 500+. The idea is very simple: every family gets 500 PLN [Polish złoty] per month per every non-adult child in the family from the state’s budget, regardless of the parents’ income. You have to remember Poland had one of the lowest social support systems in Europe. For instance, the only support a family would get would be a one-time payment of 1000 PLN when the child was born, and that was it. The second good accomplishment is that the government managed to strengthen the Polish tax system, especially the VAT tax, which was being avoided by large companies on a massive scale. This tax reform provided the funds for the social programs. The bad things about the current government are that it is rather “cuckservative”: they support civic nationalism, mass immigration, they are powerless against international corporations (which still do not pay any taxes in Poland), they tolerate Leftist extremism in the universities, they keep virtue signaling to the liberal media, and attacking the nationalists. They are also very pro-EU (they have some small feuds with EU, but mostly follow the general line in the most important matters), very pro-US (the American ambassador even dictates policies which are later being enabled by the government) and extremely pro-Zionist.

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There are two terrible and disastrous things that the Prawo I Sprawiedliwość government has enabled. The first one is mass immigration to Poland. It is interesting, because one of the main slogans of this party is not accepting Muslim refugees into Poland (but on the other hand spending a large amount of public funds on help for refugees in Middle Eastern countries). However, the same government has opened the Polish job market to workers from outside of the EU. The government makes sure that the official figures are lowered, but it can be estimated that now there are more immigrants in Poland than there have ever been combined in our contemporary history. Most of the workers are coming from Ukraine — I must emphasize I have nothing against Ukrainians, I think this is one of the countries Poland has most connections with and I spend time and effort to strengthen the ties between nationalists in these two countries. However, accepting over one million people from another country in one year is not a good idea. As usual, the economically worse-off workers from Ukraine have been used by capital to keep wages low and working conditions bad in Poland. Mass immigration is the reserve army of capital and it has been used for this sole purpose again and again — this was the case with Yugoslav and Turkish workers in former West Germany, with Polish workers in the United Kingdom, and now with the Ukrainian workers in Poland. It is harmful to both Ukraine and Poland. What is even worse is that capital is never satisfied — both international corporations and large Polish companies have successfully pushed for accepting workers from outside of Europe, mostly India and the Philippines. Before Prawo I Sprawiedliwość came to power, Poland had been an almost completely ethnically homogeneous country. Now we have an extremely large European minority and growing large non-European minorities. Right now, in the largest Polish cities, Uber Eats and such services are dominated by non-whites. Ethnically speaking, Warsaw looks pretty much like Berlin, Paris, or London. And we know that we can expect another wave of non-European immigrants right after this pandemic is over.

The second disastrous thing “achieved” by our current government is the onslaught of Leftist extremism in Poland. It is another paradox, because Prawo I Sprawiedliwość presents itself as a conservative party. They even use the public media to attack Leftists and liberals. However, they are a dog that barks a lot but never bites. Leftist organizations still receive funds from the state (and funding from outside has really increased lately), Leftists can freely abuse the education system and the academia to push their agenda and attack their opponents, as well as organize their demonstrations and marches unharmed by the state and protected by the police from the wrath of the people. Just to give you an example: under the current government, there were “LGBT pride parades” (legal and actively protected by the police) organized in every Polish major city. Something like this has never happened before, not even in the time when Poland was ruled by the post-Communist social democrats.

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So, as you see from this summary, our current political situation is complicated, and the ruling party is a very mixed bag. I personally think that Prawo I Sprawiedliwość is in some aspects better than the previous ruling party, that the pro-social policies and the better tax system are real accomplishments, but many of their policies, especially pushing mass immigration, are already bringing disastrous consequences to Poland, and will have even worse consequences in the future.

OM: What is your opinion on Polish conservative and nationalist parties? Ruch Narodowy, Kukiz ’15, Konfederacja Wolność i Niepodległość, and currently the strongest Prawo i Sprawiedliwość?

JO: Well, I think I said enough about Prawo I Sprawiedliwość in the previous answer. Ruch Narodowy is an initiative that started out as a new expression of the Polish tradition of national democracy. However, it gradually softened its message to appeal to the more “common people” — or, to use a better expression, to the normies of all ages — to gain more votes and get into Parliament. Eventually, it became a conservative movement with some national flavor (mostly petty chauvinism and civic nationalism), but it is definitely not a nationalist initiative. Once their representatives got into Parliament, they mostly became interested in keeping their seats and got engaged in some pretty weird virtue-signaling. For instance, they proposed a strengthening of the infamous Article 256 of the Polish penal code, which is the basis of persecution of Polish nationalists. They also get into the “anti-fascists are the real fascists” and “Muslims threaten our modern way of life” cuckservative stuff all the time. So basically speaking, Ruch Narodowy is not a nationalist initiative and is an example of another wasted opportunity in Polish politics.

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Kukiz ‘15 was an interesting phenomenon, as it was the first Polish populist initiative that really gained popular support. It was a coalition of various groups and individuals, representing the whole political spectrum, but united in their opposition to the existing political system. The leader of this movement, Paweł Kukiz, is an interesting figure, as he is a musician coming from the Polish punk rock scene (which always had a strong anti-communist aspect), who started emphasizing patriotic (but definitely not nationalist) themes in his later songs and who was a supporter of the liberal Platforma Obywatelska, but later became one of their main opponents. As usual with such populist initiatives, they live for a very short moment, kept together only by a charismatic leader and the goal to overthrow or reform the system — and Kukiz ’15 started to dissolve right after it got into Parliament. Now, to stay active, they cooperate with the Polish agrarian party: Polskie Stronnictwo Ludowe.

Konfederacja is a kind of attempt at repeating the success of Kukiz ’15: creating a loose populist coalition of various organizations opposing the existing system. However, Konfederacja became dominated by free-market liberals (whose leader is Janusz Korwin-Mikke, whom your readers might know from various YouTube clips), and right now their main slogan is “fighting socialism” (and they consider anyone who is not libertarian to be a socialist, so. . .) by reducing or removing taxes and public services. It is not a nationalist initiative at all, and it definitely does not have anything to do with the new nationalism Szturm represents.

OM: There is a lot of discussion in the Czech Republic that as soon as Poland brings more money into the EU than it receives, it will leave the EU. Is Polexit possible?

JO: First of all, it is a good question — whether Poland gets more from the EU than it gives. And the answer depends on how you count the money. The second thing is that Poland is one of the most pro-EU countries in Europe. Many people do not like the whole ideological aspect of the EU, the push for LGBT propaganda, or the “refugees” quotas, but they consider Polish membership in the EU as a huge achievement and associate it with better infrastructure and the possibility to travel without passports. When talking to normies (especially those of the older generation) the most difficult issue is to convince them that we need a Polexit. I became involved in nationalism at the time Poland was entering the EU, so it is quite obvious I have been anti-EU for some time, but once I started working on the EU project, I truly understood that the EU is the main obstacle to solving all of the main problems of Europe. The EU is a barely-working bureaucracy, which has the power only to counteract anything productive, and it uses enormous amounts of money to create and maintain a whole class of parasites living on EU funds. Unfortunately, Poland is one of these countries, where this parasitic class is relatively strong and has a big influence on public opinion.

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OM: Do you have any comments about Marsz Niepodległości?

JO: This is a complicated issue. Marsz Niepodległości was at first a strictly nationalist event, with very low attendance. This started to change when football fans and later more regular young people began attending this event. You have to remember, that in Poland since the change of regime in 1989, there was a phenomenon of “pedagogy of shame.” It was promoted by Leftist and liberal circles (also more pro-EU oriented central circles). The basic idea was that Poles are an evil nation, responsible for the persecution of various minorities throughout our history culminating after the First World War in Polish antisemitism, and that Poles need to atone for their sins as the “specter of Polish nationalism” can rise anytime soon. Any kind of display of national pride was scorned by our liberal elites and any form of Polish patriotism was associated with antisemitism or Nazism. This “pedagogy of shame” was present in all mainstream Polish media, in our school system, in our political discourse, even in the disputes among the common Poles. When Marsz Niepodległości began to attract more people, especially the regular people, the media and the politicians attacked it on all fronts, branding it as an expression of the returning Polish antisemitism, etc. However, this worked the opposite way, since many more regular people started to attend the event every year. The ruling party at the time (the liberal Platforma Obywatelska) decided to use force against the march (including regular police violence, lots of police provocations, and outright persecution of both organizers and attendants of the march). Again, this attracted more and more regular people, and Marsz Niepodległości became the main anti-establishment event in Poland. However, once the conservative Prawo I Sprawiedliwość party gained power, police stopped attacking the event, and Marsz Niepodległości gradually became a more regular patriotic event. The ruling party does all it can do that the march not become a nationalist event. For example, every year, editors of Szturm are arrested under false accusations right before the march and later released without any charges right after the event. To sum it all up: on the one hand, Marsz Niepodległości is an interesting, large patriotic event, which can be especially impressive to people from other countries. On the other hand, it has lost much of its nationalist color: it is a regular patriotic event, with an ever-stronger “cuckservative” flavor. Lots of the energy of past marches has gone to waste. However, Polish nationalists such as Szturm or Nacjonalistyczne Południe (with the help of our comrades from other countries) are making sure that there is a strong nationalist presence during the event by forming a nationalist bloc in the march.

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OM: Does Szturm also have a geopolitical vision? Intermarium, V4, Eurosibirsk?

JO: Yes, geopolitics and international relationships are one of our key focus points. Our main idea is to overcome prejudice among European nations and ethnic chauvinism among European nationalists. This means both standing against chauvinist attitudes among Polish nationalists, but also against anti-Polish resentments among nationalists from other countries. Szturm is first and foremost a ground for discussion of various ideas among Polish nationalists, not a loudspeaker for promoting one and only “correct” vision of nationalism. Many articles published in Szturm are dedicated to the problem of geopolitics and international relationships and the authors do not agree on everything. However, there is no doubt among us that in contemporary circumstances all European nations need to awaken and stand together against the common threats: both eternal (such as non-European immigration) and internal (such as liberalism). The most popular position among our writers is Intermarium. I personally am a proponent of looking further West and East and making the Intermarium bloc not an opposition against Western Europe or Russia, but a rallying point for European nationalists, whose ultimate goal is the establishment of nationalism in all European countries. For me, the goal is the united Europe of nations, which will form an autarchy — a self-sustainable economic and political bloc independent of other geopolitical blocs. This cannot be achieved only in one part of Europe. Another idea I promote in Szturm is that the Americans are another European nation (but living on a different continent) that is being occupied by an alien government, and our enemy is the contemporary American system with its liberal imperialism, not the American nation (understood as a nation of European Americans).

OM: What is the purpose of Szturmowcy? And what means do you use for it?

JO: Szturmowcy was an organization connected with the ideas propagated by the Szturm magazine. The brand of nationalism represented by Szturm is quite original, it even gained a name of its own: “szturmowy nacjonalizm,” so it was only a matter of time that such an organization would emerge. However, the organization and the magazine are not the same thing, and the organization wanted to become more independent, so they are now unaffiliated with the magazine, and some chapters even rebranded or disbanded. I cannot comment on the details as I was not a part of this organization. As is often the case, organizations are temporal while ideas are longer-lasting, which might have something to do with the fact that ideas are more about setting the goals (let’s say they belong to the level of strategy), while organizations are more about achieving these goals (let’s say they belong to the level of tactics) and need to adapt to the changing circumstances, which in Poland are difficult due to the rising persecution of nationalists by the state.

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OM: Is there any persecution of dissidents, dismissal from work, bans on publishing books, censorship, doxing, concert cancellation in Poland?

JO: Yes. It is a serious problem and I have discussed it a little answering the previous questions. The basis of this persecution is Article 256 of the Polish penal code. And the persecution is now growing. One of the main reasons is the changing attitude of the politicians, persecutors, judges, or police — they believe in the false idea of the “hate crime”: namely, that words and thoughts are as important as actions and even a small comment in social media can lead to “another holocaust.” And this persecution has accelerated under the current government, which tries to virtue-signal the liberal media by persecuting nationalists. So any time there is any kind of nationalist event condemned by the media, the government will enforce fierce persecution to show that they have nothing to do with nationalism. Another problem is that the current government understands that the only alternative to the system that could be supported by Polish society is the nationalist movement, so they try to eradicate this real opposition. They especially target any forms of international cooperation — and they are right, because as we both know, the growing “nationalist international” is real, getting stronger both metapolitically and politically, and has already become a real challenge to the liberal system. In Poland, the state mostly focuses on active legal persecution of nationalists, while media and NGOs focus on finding and pointing out “wrongthink” in social media. The whole phenomenon of doxing in Poland has got to a whole new level — there are organizations dedicated only to this aim, and they focus not on actual nationalists, but some random people writing mean comments on social media. So they dox and harass literally hundreds of people every month for writing things like “fuck Muslims” on Facebook. The leader of one of these organizations is an interesting person — he had an NGO and ran a theater, but he used this as an opportunity to steal money from his Leftist colleagues. He was convicted of fraud and theft by the court, and he ran away to Norway where he successfully pleaded for refugee status, claiming that he was persecuted for his sexual orientation (he is married and has children, so. . .). He is also morbidly obese — so now you have the whole picture of what kind of people organize online doxing in Poland.

OM: Does the state regulate censorship from the side of Facebook, YouTube, etc.?

JO: No. The Polish state cannot or does not want to do anything against international corporations. For instance, Amazon runs many of its stores in Poland, but like all corporations, they evade almost all taxes, and Poles cannot even order anything from these stores (we can only do it via Amazon Germany). The commodities and “sense” of late capitalism. . . But back to the question. As usual on corporate social media: the nationalists are persecuted, the Leftists are not. And as I mentioned, social media are the main tool of doxing and harassing by the Leftists and our courts refuse to do anything against it. Welcome to the brave new world.

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Is there an Arktos-type publishing house or any New Right organization in Poland?

Unfortunately not, but we are working on it. There is no typically nationalist or New Right-focused publishing house in Poland, but there are nationalist and New Right books published by other publishing houses. For instance, Capitalbooks (which is a typically patriotic publisher) published the Polish translation of Daniel Friberg’s The Real Right Returns. There is a small publishing house, Arte, that publishes translations of Leon Degrelle and Robert Brasillach. Its main focus is on historical books. Szturm also publishes books: anthologies of the best essays first published online, booklets dealing with certain contemporary problems from the nationalist perspective, and new editions of some classics of the Polish nationalist thought. There are also interesting books by nationalist or New Right writers published by completely mainstream publishers, such as translations of Ernst Jünger, Yukio Mishima, Louis-Ferdinande Celine, Martin Heidegger, Carl Schmitt, Oswald Spengler, Carl Gustav Jung, Mircea Eliade, Knut Hamsun, Ezra Pound, or Gottfried Benn. The Polish translation of Kevin MacDonald’s Culture of Critique was published by one of the main publishers of humanist books. However, we definitely need a Polish publishing house similar to Arktos.

OM: Poland is quite a Catholic country, how do nationalists of different confessions come together?

JO: Poland is not such a Catholic country as most people assume. It is true that 95% of Poles officially belong to the Roman Catholic church, but most of them do not actively take part in religious life, except for such occasions as weddings or funerals. Another aspect of Polish Catholicism is that it is really shallow, and even many of the people who take part in religious ceremonies do it on an external level but do not have very strong religious convictions. So the really believing and really practicing Catholics are a minority in Poland. Another thing you have to remember is that Poland is quite a large country with some visible differences. There is a difference between Western and Eastern Poland, with Western Poland being more liberal and secular and Eastern Poland being more conservative and religious. It is similar to large cities and towns and villages. Religion is a subject taught in Polish public schools (even in kindergartens) but it is not obligatory, though most of the students attend these lessons. However, the secular tendencies in Polish society are more common especially among these generations, which attended religion in school. Also, Poles are famous for having very little knowledge about the Catholic faith, which may be connected with how these religious lessons are organized. There are also very strong anti-clerical tendencies in Poland, even among people who attend church. When it comes to teachings of the Church on such issues as sexuality, contraception, marriage and divorce, or abortion, the vast majority of Catholics in Poland do not agree with the church.

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The case of Polish nationalism is also not so obvious, as the early Polish nationalists (the national democrats) were coming from the positivist and Darwinist circles, so they had a negative attitude towards religion. Even Roman Dmowski had this attitude at first; he just changed his mind when he realized how strong folk Catholicism was at that time and the importance of religion in the national identity of the masses, so he decided to use this to spread nationalism among the common people. But even then, for a long time, he was rather pro-Catholic than pro-Christian. Even one of the main Polish conservatives Stanisław Cat-Mackiewicz stated that the only problem with Catholicism is that there is no God, but apart from that, he is all for it. In Polish nationalism, we have a strong strain of non-Christian pagan nationalism connected with Jan Stachniuk and the Zadruga movement, who claimed that Catholicism is not a necessary part of Polish identity, and even went further — that it was against Polish identity. Stachniuk was right in reminding everyone that during the rule of the Jagiellonian dynasty, at the peak of the power of Poland, many of the elites, the whole nobility (szlachta) were leaning towards Reformation, with many of the most famous Polish humanists such as Jan Kochanowski or Mikołaj Rej being Protestants. Back then, Poland was on the brink of proclaiming a national church and cutting ties with Rome. Though I personally think that it would not have changed much in our history.

Getting back to the point of your question, I think nationalists of different confessions can come together. The four main tendencies we see among Polish nationalists are: Orthodox Catholics, “mild” Catholics, atheists, and pagans. All of these tendencies are represented in Szturm — but we do not pretend they do not exist. We talk about them openly and agree to disagree on certain issues. Among the young nationalists, we see the same tendency as among the youth in Europe as a whole — they care less about religion, and tend not to think about it too much or just consider this a personal issue. Personally, I am an adherent of the Slavic native faith, a practicing pagan if you would like, but I have more in common with many of the Catholic nationalists than with the “liberal pseudo-pagans.” We have a nation to save and an enemy to defeat. We can talk more about religion afterward.

This interview was conducted by Ondrej Mann of Reconquista and originally printed in Reconquista number XXXIII [4].

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[4] Reconquista number XXXIII: https://www.reconquista.sk/2020/11/05/reconquista-xxxiii-intermarium-nasa-buducnost/

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