samedi, 07 août 2021
Parution du n°61 de la revue bretonne War Raok
Parution du n°61 de la revue bretonne War Raok
EDITORIAL
Peut-on parler de souverainisme breton afin d’assurer l’épanouissement de l’identité bretonne?
par Padrig Montauzier
En Bretagne nous sommes, depuis longtemps, familiarisés avec les termes autonomistes, indépendantistes, voire séparatistes. Une nouvelle dénomination semble voir le jour depuis quelque temps, celle de souverainisme breton ! Comment peut-on définir succinctement ce nouveau concept ?
Toute nation qui ne s’administre pas elle-même connaît une rapide décadence. La Bretagne depuis la perte de son indépendance, de l’union de 1532 et plus depuis son annexion totale de 1790, en donne un exemple frappant. La Bretagne, enserrée dans l’un des États les plus centralisé d’Europe, n’a pas la possibilité de « s’auto-déterminer ». Elle n’a pas non plus la possibilité de « s’auto-organiser » ni de « s’auto-gérer ».
L'idée de la souveraineté de la Bretagne est fondée sur une vision et une interprétation nationalistes des faits historiques et des réalités sociologiques de la Bretagne. L’argument clé consiste à soutenir que la population bretonne forme un peuple distinct qui, dans le cadre du système politique français, ne peut exister qu’à titre de minorité ethnique, ce qui implique que le peuple breton ne peut se diriger lui-même et que son destin dépend totalement de l’État français et de ses gouvernements. Accepter un tel statut de minorité signifierait que les Bretons donnent leur accord à une totale subordination impliquant qu’ils renoncent à leur identité propre.
Cette souveraineté ne se fera pas contre la France, mais pour la Bretagne !
On peut imaginer que, dans un premier temps, dans une première étape, la Bretagne dispose d’un statut de large autonomie administrative et politique comme cela est mis en pratique aujourd’hui tout près de nous en Europe: en Catalogne, en Écosse, au Pays Basque, en Flandre… etc.
Ce positionnement est une rupture totale avec le centralisme et le jacobinisme français qui tuent les peuples et avec le dogme de « l’une et indivisible » contre nos libertés. On peut alors parler de souveraineté-association, combinaison de deux concepts : l'obtention de la souveraineté de l'État breton et la création d'une association politique et économique entre le nouvel État souverain et la France. On peut définir ce statut de souveraineté partagée ou co-souveraineté comme étant les pouvoirs d'une Bretagne de faire ses lois, de prélever ses impôts et d'établir ses relations extérieures. Une démarche loin d’être utopique, elle est même au contraire parfaitement rationnelle et le peuple breton a toutes les aptitudes nécessaires pour l’assumer. Cette souveraineté souhaitée rendra donc aux représentants du peuple breton le droit de gérer les affaires bretonnes et permettra ainsi à la Bretagne de protéger ses intérêts matériels, d’assurer son développement économique, de défendre ses libertés culturelles spécifiques et ses intérêts spirituels.
Ainsi, les Bretons pourront bâtir une Bretagne authentiquement bretonne tout en s’intégrant au monde moderne par l’enrichissement de ses propres valeurs et le refus d’un repli ou d’une autarcie mortelle. La Bretagne sera une terre de libertés, non pas formelles mais réelles sur tous les plans.
La situation actuelle de peuple colonisé n’a rien de stimulant, rien qui invite au dépassement de soi ou qui pousse à l’audace créatrice. À ce destin, courbé sous les vents de l’histoire, le souverainiste préfère les risques de vie qu’offre l’indépendance. C’est le sens de l’appartenance, la définition de l’identité, qui est l’enjeu majeur de la souveraineté. Les Bretons ont à choisir entre le statut de minorité et le statut de peuple à part entière.
Cette émancipation politique, économique, sociale et culturelle du peuple breton, ainsi que l’édification d’une Bretagne enfin maîtresse de ses destinées personnelles dans le respect d’une interdépendance qui l’unira à ses voisins européens… peut parfaitement convenir à une définition du souverainisme breton.
Les Bretons doivent être en première ligne pour revendiquer cette souveraineté de la Bretagne avec la tranquille assurance de disposer des atouts économiques suffisants pour afficher cette ambition.
Mais les Bretons sauront-ils se doter d’un tel projet de société ?
Padrig MONTAUZIER
Sommaire War Raok n° 61
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3. Padrig Montauzier
Buan ha Buan page 4
Société
Le tatouage traditionnel celtique page 9. Ronan Danic
Politique
Kofi Yamgnane, ses mémoires d’outre-haine page 10. Erwan Houardon
Culture bretonne
La destruction de la langue bretonne page 14. Louis Melennec
Tradition
Le symbolisme de la sirène page 16. Riec Cado
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton page 19. Donwal Gwenvenez
Histoire de Celtie
Highland titles page 23. Jérôme Le Bouter
Tribune libre
Les origines de la culpabilité blanche page 24. Tomislav Sunic
Histoire de Bretagne
Enfants de la Chouannerie, sublimes cœurs de héros page 28. Youenn Caouissin
Environnement
L’éolienne, nouveau symbole de la Bretagne ? Page 30. Erwan Houardon
Civilisations celtiques
Littératures écrites et orales des civilisations celtiques page 32. Fulup Perc’hirin
Nature
Les petits réverbères de la nature page 36. Youenn Caouissin
Lip-e-bav
Un repas breton page 37. Youenn ar C’heginer
Keleier ar Vro
L’État français contre les langues “régionales” page 38. Meriadeg de Keranflec’h
Bretagne sacrée
Bretagne, terre de châteaux page 39. Per Manac’h
17:32 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Revue, Terres d'Europe, Terroirs et racines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bretagne, revue, terre d'europe, pays celtiques, celtisme, celtitude, affaires européennes, régions d'europe | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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