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dimanche, 05 janvier 2025

L'Inde, le Convive de pierre

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L'Inde, le Convive de pierre

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/india-il-convitato-di-pietra/

Depuis quelque temps, l'attention des médias est presque totalement focalisée sur la Russie et le Moyen-Orient. Et l'on parle très peu de la Chine, qui est aussi le géant émergent, ou plutôt émergé, et dont dépendent en grande partie les équilibres et les déséquilibres du Monde. Et qui influe surtout sur les tensions et conflits, plus ou moins latents, dans la région cruciale de l'Indo-Pacifique.

Mais si la Chine fait l'objet de rumeurs sporadiques, l'Inde est entourée d'un véritable silence. Un silence assourdissant.

Peu de nouvelles nous viennent de cette Inde pourtant d'importance capitale pour la marche du monde. Et, surtout, nous n'en recevons, de la médiacratie occidentale, que des analyses partielles et fragmentaires. Qui continuent à faire prévaloir une image du sous-continent indien plus liée aux romans de Salgari qu'à la réalité.

Or, en réalité, l'Inde d'aujourd'hui, l'Union indienne, représente le Convive de pierre de la scène politique et économique mondiale.

Avec une croissance vraiment impressionnante de son système industriel. Et, surtout, avec un système financier qui a fait de sa bourse le deuxième centre mondial de capitaux propres.

Ce qui lui permet de devenir un centre d'attraction pour tous les pays qui craignent de se soumettre à l'hégémonie américaine dans ce secteur. Et ils sont nombreux, de plus en plus nombreux. Compte tenu de la politique essentiellement impérialiste de Washington, qui en effraie plus d'un.

En fait, l'Inde tente sérieusement de devenir un centre financier indépendant à la fois des États-Unis et de l'économie chinoise, très forte et voisine.

C'est un rôle qui n'est pas sans danger, mais vers lequel elle s'oriente très résolument.

Bien sûr, le prix à payer n'est pas mince.

Le sous-continent indien a en effet renoncé à toute politique de protection sociale, adoptant un libéralisme fort. Ce qui, inévitablement, pèse lourdement sur les masses les plus pauvres et creuse un fossé de plus en plus grand entre elles et les nouvelles classes émergentes. Les enfants, si l'on peut dire, de la nouvelle politique financière de l'Inde.

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Une politique qui a, à toutes fins utiles, un nom. Narendra Damodardas Modi, le leader du Parti du peuple indien, au pouvoir sans interruption depuis mai 2014.

Une période très longue pour une démocratie. Et en effet, Modi a été accusé à plusieurs reprises d'utiliser des moyens coercitifs, durs et fondamentalement anti-démocratiques pour atteindre ses objectifs. Et d'avoir plongé une grande partie de la population dans la misère.

Cependant, il est également vrai que le souriant et rusé Modi a fait de l'Inde le nouveau protagoniste de la scène économique mondiale. Et une véritable puissance, même militaire, capable de se maintenir indépendante des États-Unis et de la Chine.

Bien sûr, c'est un nationaliste hindou ardent, avec un passé dans les groupes activistes durs. Mais c'est aussi un très bon politicien, comme il l'a prouvé pendant longtemps en tant que gouverneur du Gujarat. Et comme il le montre depuis dix ans à partir de centres de pouvoir installés à Dehli.

Son objectif semble très clair.

Faire de l'Inde le principal centre d'attraction financière des BRICS, et des autres pays émergents sur la scène internationale. En évitant toutefois un choc frontal avec Washington.

Si bien que les positions de Dehli sur la scène internationale apparaissent, pour être généreuses, ambiguës. Toujours suspendue entre l'Est chinois et l'Ouest américain. Tentant de se ménager un espace d'action autonome de plus en plus large. Tout en évitant les conflits directs.

Il est pour l'instant très difficile de dire si cette action sera productive à l'avenir ou si elle débouchera sur une crise, tant interne qu'externe.

Modi sourit. Et va droit au but.

L'avenir dira s'il a raison d'agir ainsi.

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