vendredi, 23 mai 2025
Enquêter, condamner, interdire. La démocratie selon l'UE
Enquêter, condamner, interdire. La démocratie selon l'UE
par Mario Landolfi
Source: https://www.destra.it/home/indagare-condannare-proibire-l...
Vous souvenez-vous de la célèbre phrase de Voltaire (« Je désapprouve ce que vous dites mais je défendrai jusqu'à la mort votre droit de le dire ») répétée jusqu'à l'épuisement pour la plus grande gloire des principes de tolérance, de démocratie et de coexistence civilisée ? Eh bien, il faudra s'habituer à ne plus l'entendre car il est en train de disparaître et sera bientôt complètement obsolète. Oui, les temps sont en train de changer. C'est certain. Même dans ce paradis artificiel de règles parfaites, de principes inébranlables et d'unanimité intouchable que nous appelons l'Union européenne, mais qui n'est que la parodie bureaucratico-techno-financière de l'Europe. Même là, l'irrésistible Voltaire semble destiné à céder la place au Big Brother d'orwellienne mémoire, et alors tant pis pour la démocratie et la souveraineté populaire. Et tout cela se passe - c'est là tout le paradoxe - dans un climat d'inquiétude permanente face à l'habituel « fascisme rampant » et au milieu d'une croisade interdite par les démocraties pour arracher l'Ukraine aux griffes de l'Ours russe. C'est donc, purement, de la foutaise.
La vérité est que les classes dirigeantes européennes commencent à considérer la souveraineté populaire comme un facteur de risque sérieux pour le pouvoir établi. Mais au lieu d'analyser les causes profondes qui poussent des masses toujours plus grandes de citoyens vers les partis anti-système, elles préfèrent désigner ces citoyens comme de dangereux extrémistes. Ils confondent ainsi l'effet et la cause. En pratique, c'est comme si l'on s'en prenait au thermomètre lorsqu'il indique de la fièvre. Il faut donc continuer à fouler les procédures aux pieds, à triturer les lois et à modifier la constitution alors que des réponses politiques sont nécessaires. La gauche l'a fait au Danemark avec des interventions sérieuses et sévères dans la problématique de l'immigration, et ce n'est pas un hasard si cette gauche-là jouit d'une excellente santé politique. Le reste n'est que criailleries qui, de la France à l'Allemagne, en passant par la Roumanie, décrivent mieux qu'un traité de science politique le niveau de crise atteint par des systèmes politiques autrefois réputés, du moins ceux de Paris et de Berlin.
Commençons par la France, patrie de Voltaire et berceau de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Au premier tour des élections législatives de juin dernier, le Rassemblement national de Marine Le Pen a triomphé. Comme prévu, les alarmes "démocratiques" se sont déclenchées, tout le monde s'est ligué contre elle et au second tour, la France Insoumise de gauche menée par Jean-Luc Mélenchon l'a emporté. Que fait alors Macron ? Avec un parlement où pullulent nationalistes, souverainistes et communistes trotskistes, il appelle d'abord Michel Barnier puis François Bayrou, deux illustres cariatides centristes sans voix, à former le nouveau gouvernement. Le message est clair: sans sa place, le consensus électoral en France ne vaut rien.
Mais ce n'est pas fini. Selon les sondages, en effet, Marine Le Pen reste compétitive, et donc dangereuse, comme candidate à la présidentielle de 2027. Pour stériliser ses ambitions, cette fois, ce sont les juges du tribunal de Paris qui n'ont qu'à déclarer immédiatement exécutoire l'interdiction d'exercer une fonction publique prononcée à l'encontre de la blonde du Rassemblement, ainsi que de boucler sa condamnation à quatre ans de prison pour détournement de fonds, pour mener à bien leur mission. Sauf miracle, la candidate souverainiste est hors course pour l'Elysée.
Moins raffinée est la technique utilisée en Roumanie. Ici, ce sont les juges de la Cour constitutionnelle qui actionnent le levier juridique qui « corrige » la souveraineté populaire, dont le verdict s'avère très malvenu pour l'establishment. Un autre souverainiste, Calin Georgescu, est alors le perdant. En novembre, il sort triomphant du premier tour des élections présidentielles. Mais les juges annulent le vote et excluent le candidat de la compétition. La raison ? L'ingérence présumée et jamais certifiée de la Russie dans la campagne électorale. Un jeu d'enfant. Mais les électeurs roumains ont aussi la tête dure. Et preuve que les Russes n'y sont pour rien, ils ont récompensé au nouveau premier tour (c'est dans l'air du temps) le national-conservateur George Simion, qui s'est placé dans le sillage de l'exclu Georgescu, dont il a également hérité du consensus.
Last but not least, l'Allemagne. Ici, c'est le professionnalisme et le respect maniaque des procédures qui règnent en maître. Voici les faits: l'Office pour la protection de la Constitution (oui, oui, un tel machin existe vraiment!!), dirigé par un service interne non spécifié, a proposé l'interdiction d'Alternative für Deutschland, le deuxième parti aux dernières élections (aujourd'hui premier dans les sondages), en tant qu'« organisation extrémiste et antidémocratique ». Le simple fait qu'un organisme portant un nom aussi orwellien existe et fonctionne en Allemagne - et c'est là que nous en venons aux opinions - fait fortement douter du niveau réel de la démocratie dans ce pays ; le fait que cet organisme soit confié aux soins de « fausses barbes » (peut-être même des 007 formés par d'anciens agents de la Stasi) transforme le doute en suspicion. Enfin, le fait qu'un repaire d'espions puisse décider qui doit gouverner un pays de plus de quatre-vingts millions de citoyens confirme de manière sinistre que le respect de la souveraineté populaire est en train de s'effondrer même là où l'on s'y attend le moins, c'est-à-dire dans la nation la plus avancée et la mieux placée d'Europe. Pourtant, certains prétendent qu'une démocratie se défend même de cette manière, c'est-à-dire en cessant d'en être une. Voilà qui est incroyable.
Ceux qui, en revanche, cherchent à justifier le cas allemand par son contexte, font certainement davantage mouche. C'est vrai : contrairement à l'Italie, l'autre puissance vaincue pendant la Seconde Guerre mondiale, qui, elle, a opté pour une constitution dynamique, l'Allemagne, pour sa part, a adopté une constitution statique, qui ne distingue pas la méthode de la fin: les deux doivent être démocratiques. Chez nous, en Italie, en revanche, seule la première doit l'être. C'est la raison pour laquelle, en Italie, le PCI pouvait aspirer à l'objectif léniniste de la dictature du prolétariat à condition de le poursuivre par la méthode démocratique, c'est-à-dire par des élections libres, alors que son homologue allemand, la KPD, a été interdit en 1956 et que, trois ans plus tard, lors du congrès de Bad Godesberg, ce même parti social-démocrate a subi une véritable purge idéologique pour se débarrasser de toutes les scories du marxisme. Et encore : contrairement à l'Italie, qui a une constitution ouvertement antifasciste (la 12ème disposition transitoire et finale est très claire en ce sens), la constitution allemande contient, elle, un double blindage (antinazi et anticommuniste). Une particularité imposée par son statut de nation divisée par le « rideau de fer » et, pour cette raison, élevée au rang de symbole même de la « guerre froide ». Cependant, il est également vrai que ce monde n'existe plus. L'Allemagne s'est réunifiée, le siège de sa chancellerie et de son Bundestag se trouve à nouveau à Berlin, la capitale enfin libérée des barbelés et du mur érigés par la tyrannie communiste.
Mais mieux que tout autre argument, la métamorphose en cours s'explique par l'annulation récente de la contrainte constitutionnelle dite du "Schwarze Null" (du "Zéro noir"), formule qui indiquait qu'il fallait toujours un budget de l'État en parfait équilibre. Plus qu'une contrainte, c'était un véritable tabou. En Allemagne, où le terme Schuld désigne à la fois la dette et la culpabilité, on n'a jamais oublié que c'est l'endettement monstrueux suivi de la dévaluation de la monnaie qui a mis à genoux la République de Weimar, ouvrant la voie à Hitler et au nazisme au tout début des années 1930. Mais ce tabou vient d'être brisé. Et maintenant que le recours à l'endettement n'est plus verboten, interdit, le gouvernement a déjà alloué la somme monstrueuse de 800 milliards d'euros pour financer non pas le célèbre État-providence teuton, mais le plan de réarmement et d'infrastructures stratégiques. C'est peut-être une coïncidence, mais c'est un fait qu'avec la guerre en cours, l'Allemagne est aussi de retour. Le fait que ce soit le parlement expiré et délégitimé, et non le parlement nouvellement élu, qui ait annulé le Schwarze Null, alloué l'argent et décidé du réarmement, est-il un indice ?
Le fond du problème n'est que trop clair: dans l'UE, il y a un divorce entre les vertus prêchées - tolérance, acceptation et inclusion - et les vices pratiqués: exclusion des dirigeants qui dérangent, interdiction des partis non approuvés et rejet de millions d'électeurs non désirés. En d'autres termes, nous nous trouvons dans un court-circuit entre la loi et la souveraineté populaire. Alors : un système démocratique peut-il annuler des élections, exclure des candidats, interdire des partis, faire modifier sa constitution après l'expiration des législatures, et continuer à se qualifier comme tel ? Par ailleurs, les gouvernants qui n'hésitent pas à restreindre le périmètre de la démocratie pour mieux contrôler les effets de l'expression de la volonté et de la souveraineté populaire sont-ils crédibles en tant que défenseurs de la liberté ? Enfin, quelle différence substantielle peut-on saisir entre une autocratie qui envoie les opposants à Poutine en Sibérie et une démocratie qui proscrit l'AfD au seul motif qu'elle prône des idées, des thèses et des solutions qui ne déplaisent pas tant à la Constitution allemande qu'aux thuriféraires woke, animés par l'idéologie du politiquement correct ?
Questions inconfortables, certes, et très probablement destinées à rester sans réponse, si ce n'est celles, évidentes, des tenants du dogme de l'infaillibilité de l'UE. En Italie, ils sont déjà à l'œuvre et, en filigrane, ils sont impatients de célébrer une dérive allemande chez nous aussi, ne serait-ce qu'en prenant pour prétexte le bras tendu de quelques crânes rasés. On les comprend : plutôt que de s'inquiéter du rétrécissement des espaces de liberté en Europe, Schlein et ses camarades trouvent plus rassurant de se blottir dans la flanelle de l'antifascisme maniériste: ça ne coûte pas cher et ça tient chaud à leur base. Dommage, car le tempérament d'aujourd'hui exigerait un tout autre courage.
Oui, le défi de la défense de la souveraineté populaire contre l'usage restrictif des Constitutions, ainsi que le recours aux logiques d'urgence (hier sanitaire, aujourd'hui climatique, demain militaire, le tout avec l'accusation de « négationnisme » en ligne de mire) est bien un défi pour la réaffirmation de la primauté du politique.
Ils ne se rendent pas compte non plus (et peut-être ne le savent-ils pas non plus), Schlein et ses camarades, que c'est surtout Togliatti qui n'a pas voulu de carcans trop rigides dans notre Charte fondamentale. S'il n'en tenait qu'à lui, nous n'aurions même pas de Cour constitutionnelle. Ce qui l'animait, ce n'était pas tant l'amour de la démocratie, ce dont on peut douter, que le souci de son parti, toujours en danger de survie en raison de son rôle de cinquième colonne d'une puissance étrangère et ennemie comme l'était l'Union soviétique. C'est pourquoi il est encore difficile d'interdire les mouvements d'extrême droite en Italie. Nous avons là un bel exemple d'hétérogénéité des fins. En tout cas, mieux vaut notre système que celui de l'Allemagne. Nous aimerions aussi que le dise la gauche qui, sur ce point, comme on vient de l'évoquer, a des mérites spécifiques. Mais elle ne le fait pas parce que, n'ayant plus de véritable peuple de référence, elle sent que on existence est fondamentalement garantie par l'écrasement progressif de pouvoirs théoriquement neutres ou tiers, comme le judiciaire, la bureaucratie, le Quirinal. C'est à dessein que ses dirigeants, tout en qualifiant avec dédain les démocraties des pays comme la Hongrie ou la Slovaquie, où pourtant personne n'annule les élections ni n'interdit les partis, ne trouvent pas un seul mot pour censurer les coups d'éclat de Macron, les décisions des juges roumains ou les rapports des services secrets allemands, qui convergent singulièrement pour tourner en dérision la souveraineté du peuple. En effet, ils continuent d'appeler cela la démocratie. Il doit bien y avoir une raison.
17:26 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, élections, censure | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Trump appelle Poutine - est-ce le début d'un tournant dans la guerre en Ukraine ?
Trump appelle Poutine - est-ce le début d'un tournant dans la guerre en Ukraine ?
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/05/trump-ruft-putin-an-beginnt-j...
Lundi dernier à 16 heures, heure d'Europe centrale, un entretien téléphonique était prévu entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Deux thèmes cruciaux sont à l'ordre du jour: un éventuel cessez-le-feu en Ukraine et les futures relations commerciales entre les Etats-Unis et la Russie.
Ensuite, Trump veut s'entretenir avec Zelensky afin de sonder la volonté de la partie ukrainienne pour un modèle de compromis. Il conclura par une série de discussions avec les partenaires de l'OTAN afin de convenir d'éventuelles lignes de coordination.
Steve Witkoff, représentant spécial du président américain, s'est montré confiant: « Trump est le seul à avoir le format et l'accès personnel à Poutine pour amorcer un véritable mouvement. Si quelqu'un peut donner des résultats, c'est bien lui ».
Witkoff a rappelé les récentes discussions à Istanbul, qui ont déjà produit des résultats concrets tel un échange de prisonniers. Il s'agit maintenant de passer à l'étape suivante : un cessez-le-feu résilient et la préparation d'un accord de paix global.
Malgré la portée symbolique de cet appel, il ne faut pas se faire d'illusions: il ne faut guère s'attendre à une percée obtenue grâce au téléphone. Si des progrès sont effectivement réalisés, ils devraient l'être lors d'un éventuel sommet entre Trump et Poutine - qui se dessine déjà en coulisses.
Trump dispose actuellement d'une remarquable liberté stratégique. Il pourrait déléguer de fait la guerre en Ukraine à l'Europe, adopter une ligne de confrontation avec de nouvelles sanctions ou encore jouer délibérément le rôle de médiateur - dans le but de garantir sa propre capacité d'action sans faire trop de concessions à Moscou.
Car l'objectif géopolitique central de Trump reste clair : préserver la domination unipolaire des États-Unis. Une confrontation ouverte avec la Russie renforcerait l'axe Moscou-Pékin. Une paix aux conditions russes pourrait à son tour mettre à mal le fragile partenariat avec l'Europe.
Conclusion :
Trump veut mettre fin rapidement à la guerre - mais sans une victoire russe. C'est un exercice d'équilibre risqué entre l'ordre mondial américain et une politique de puissance pragmatique.
16:35 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, ukraine | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Sur l'oeuvre de Lawrence Auster
Sur l'oeuvre de Lawrence Auster
Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2015/10/29/lawrence-auster/
Lawrence Auster (1949-2013) était l'un des principaux et des plus intéressants critiques américains en matière d'immigration. Sa critique de l'immigration s'inscrivait naturellement dans une vision traditionaliste du monde, qui incluait également la foi chrétienne et la préoccupation pour la civilisation occidentale. Auster a passé beaucoup de temps à décrire les autres critiques de l'immigration comme des nihilistes et/ou des antisémites, mais son analyse de la situation dans laquelle se trouvent les États-Unis et l'Europe est d'une grande valeur.
...votre credo postmoderniste ne conduit pas, comme vous aimez à l'imaginer, à des directions « cool » ou progressistes ; il conduit à la mort de la société, dont le cadavre sera ensuite pris en charge par des extraterrestres.
Auster a clairement indiqué que les politiques d'immigration de masse et l'ethno-masochisme ne sont pas le fruit du hasard ; au contraire, ils découlent logiquement d'autres tendances historiques. Ce qu'Auster décrit comme un vide est d'une importance capitale. L'Occident avait pour noyau spirituel le christianisme, mais le libéralisme et la sécularisation ont fait disparaître ce noyau. Cependant, Auster souligne que « la nature a horreur du vide », de sorte que le vide est comblé par quelque chose d'autre. Il peut s'agir tantôt du nihilisme libéral, tantôt de l'ethno-masochisme, tantôt de l'islam.
...alors que je dis depuis juillet 2005 que la Grande-Bretagne est très loin, ce n'est que depuis quelques semaines que je dis que la Grande-Bretagne est « morte ».
Le raisonnement autour de ce vide est l'un des thèmes centraux d'Auster ; que l'on soit chrétien ou non, il est clair qu'une civilisation a un noyau spirituel et que les vides, s'ils surviennent, sont rapidement comblés par autre chose. Si l'on veut mettre fin à la folie actuelle et à ce que Burnham a appelé le suicide de l'Occident, il faut s'attaquer à la question du noyau spirituel de la civilisation. À court terme, il faut répondre à l'urgence de l'immigration de masse, mais il faut aussi s'attaquer au problème plus profondément.
Nous devons regarder en nous-mêmes et réaliser que la tiers-mondisation de notre société n'est que le symptôme extérieur d'une maladie de notre propre âme - le rejet de la foi religieuse, des vérités morales et des loyautés culturelles qui ont fait de nous, non pas un simple ensemble d'acteurs économiques, mais une nation.
En même temps, il convient de noter qu'Auster était souvent pessimiste, mais jamais défaitiste. Il pensait que l'Occident en tant que civilisation n'avait pas atteint sa fin naturelle et que la période de folie pouvait être interrompue :
...il n'y a jamais eu de suicide comme celui de l'Occident moderne, qui consiste, d'une part, en la destruction délibérée par une civilisation de sa propre tradition morale et de sa culture historique et, d'autre part, en l'ouverture délibérée de ses portes à des flux massifs d'immigrants de race et de culture radicalement différentes, dont la présence même signifie la perte de l'identité et de l'autonomie de la société historique.
Cela peut sembler sombre, mais Auster continue :
La nature extrême - la pure bizarrerie - de ce que l'Occident est en train de se faire à lui-même suggère fortement que cette auto-dissolution n'est pas nécessaire, que l'Occident n'a pas atteint son terme naturel (s'il existe) mais plutôt qu'il est en proie à une sorte de folie, la folie du libéralisme. Par conséquent, tout ce qui est nécessaire pour que l'Occident renverse son suicide et ait au moins une chance de survivre, c'est qu'il cesse d'être fou et qu'il revienne à la raison. Et cela est possible. La survie et la restauration exigeraient en outre, entre autres choses, l'arrêt et le renversement de l'immigration... L'Occident n'est pas en train d'être détruit par une force plus grande sur laquelle il n'a aucun contrôle. Il est détruit par l'idéologie démente du libéralisme qu'il embrasse avec péché. Si l'Occident se réveillait de cette étreinte et se débarrassait de son libéralisme, il pourrait se sauver.
Auster considère que c'est un péché de ne pas essayer de sauver l'Occident chrétien. En même temps, il y a des raisons d'être optimiste. Auster, comme Spengler et Yockey, part du principe que les civilisations vivent et meurent ; comme les individus, elles peuvent aussi être assassinées ou devenir folles avant d'avoir vécu toute leur durée de vie naturelle. Et comme une personne temporairement folle, notre civilisation peut se rétablir. Mais la première étape consiste à prendre conscience de la nature de la maladie.
Libéralisme et nihilisme
Je parle du libéralisme dans son sens pur et moderne, le sens dans lequel il est le plus autoritaire et le plus actif pour nous aujourd'hui - le libéralisme en tant que non-discrimination, le libéralisme en tant que non-jugement, le libéralisme en tant que croyance que les droits individuels et les libertés individuelles constituent le contenu déterminant de notre société, le principe qui régit tous les autres principes. Tout cela revient à la croyance - pour nous, une croyance sacrée - que nous ne devons pas nous définir comme un groupe, un ensemble collectif, et donc que nous ne devons pas définir un autre groupe comme fondamentalement différent du nôtre.
Comme nous l'avons mentionné plus haut, Auster se retourne contre le libéralisme. Il s'inspire notamment de Seraphim Rose (photo, ci-dessous - les habitués de notre site Motpol.nu le reconnaîtront comme l'une des sources d'inspiration de Fas).
Dans le cadre de l'identification à Rose, Auster s'est engagé dans la voie d'une étude du nihilisme, étude où le libéralisme s'appuie successivement sur le réalisme/matérialisme, le vitalisme et, plus tard, sur le nihilisme destructeur. Ce libéralime se caractérise d'abord par le libéralisme stricto sensu, puis par le socialisme et le nazisme, et enfin par le postmodernisme et par des théories telles que celles dites des « groupes différenciés », avec les « cisgenres », les « agresseurs micro » et autres. Il s'agit de théories qui s'inspirent de la vie quotidienne des gens, des familles, des nations et de tout ce qui peut les différencier et les structurer.
Les libéralismes ont conduit à une forme d'égalité des chances. Il s'agit d'un moyen d'encourager l'égalité entre les nations, les compétences entre les groupes, les bonnes normes sociales et les identités collectives, et le véritable libéralisme est toujours plus difficile à mettre en œuvre. Auster écrit :
Soit les libéraux détestent consciemment leur société et souhaitent la voir disparaître, soit ils en annulent mentalement l'existence simplement en ne la voyant pas. Dans ce dernier cas, ils n'ont pas conscience de menacer ou de détruire quoi que ce soit, car la chose qu'ils détruisent n'a pas d'existence pour eux.
Le modèle libéral s'appuie sur l'abstraction, Auster s'est efforcé de transcender les frontières entre les identités et les institutions. Soit nous avons dans notre expérience de celles-ci une touche de transcendance, alors elles sont réelles, soit nous ne l'avons pas. Si nous ne l'avons pas, ce sont des abstractions. Les hommes font des abstractions, les non-libéraux font des sacrifices pour faire naître la vie et l'art qui sont nécessaires pour faire naître la civilisation :
Le fait est qu'une fois que vous avez abstrait votre pays et votre culture en une idée, vous vous êtes transformé en un vide, de sorte qu'il n'y a plus rien à défendre, ni la volonté et l'énergie pour le faire... Le libéralisme, en s'emparant des esprits, des cœurs et des âmes des peuples occidentaux, les a littéralement dissous en tant que peuples. Ce faisant, il les conduit maintenant à leur destruction politique et civilisationnelle.
À l'instar de Schmitt, Auster considère le libéralisme comme non-politique :
Puisque l'expérience que les libéraux ont de leur pays, et donc d'eux-mêmes, est celle d'un vide, d'une vacuité dépourvue de toute substance (« nous sommes une société tolérante et laïque »), comment pourraient-ils même imaginer une action réelle pour défendre leur pays contre un ennemi réel, sans parler d'une action réelle pour le défendre ?
Il évoque également comment il est lié au relativisme et au culte du moi. Cela a conduit à la tomate et à l'épée de Damoclès, mais aussi à l'affaiblissement des valeurs morales et à l'affaiblissement du totalitarisme militaire. Le capitalisme social n'est pas une fin en soi, mais un moyen de se faire entendre et de se faire comprendre.
Les Etats-Unis "blancs et occidentaux"
Auster: La vérité non libérale est que dans toute société donnée, un groupe ou une culture doit être dominant et donner le ton et les normes aux autres. Il n'y a donc pas d'autre solution que de décider quel groupe ou quelle culture sera dominant, ou, en continuant à bêler sur les merveilles de l'égalité, de laisser passivement les autres prendre cette décision à notre place. Le libéralisme n'a pas de réponse à ce problème, parce que sa seule réponse à tous les problèmes est d'appeler à plus d'égalité. Je propose donc que la culture traditionnelle anglo-européenne majoritaire de ce pays, débarrassée de sa croyance libérale suicidaire en l'égalité de tous les groupes et de toutes les cultures, soit la culture dominante.
L'une des dernières photos de Lawrence Auster. Mars 2013.
Auster identifie le vide spirituel en Occident comme le problème fondamental, et relie le christianisme à notre civilisation. Si l'on veut que l'Occident s'améliore, il faut qu'il y ait des conséquences positives. Ce n'est qu'une partie du problème, car Auster considère le pays comme une civilisation fondée sur le respect des droits de l'homme. Lorsque les États-Unis s'apprêtent à devenir un pays géré par une forte majorité, ils s'apprêtent à devenir réellement les États-Unis.
Cela a conduit à ce qu'il soit convaincu de la nécessité d'une politique d'invasion, afin d'inverser la majorité historique des États-Unis et de l'Europe. À l'instar de Yockey, il a déclaré que de nombreux groupes pouvaient s'intégrer dans notre civilisation, mais qu'il n'y avait que des groupes :
Un petit nombre de personnes de race différente peut rejoindre un groupe majoritaire sans changer l'identité du groupe, parce que, étant un petit nombre, elles agissent en tant qu'individus et sont perçues comme telles, même si elles peuvent être considérées comme des exotiques.
Un nombre massif de personnes de race différente modifie fondamentalement l'ensemble de la société. Il s'agit alors non pas d'individus qui rejoignent une culture existante, mais d'un groupe et de sa culture qui remplacent un autre groupe et sa culture.
Cette distinction est très importante. Vous devez la comprendre si vous voulez comprendre le problème de l'immigration... Comme nous le voyons dans certains endroits du pays, en particulier en Californie, lorsqu'un peuple étranger s'installe en masse, il apporte avec lui sa culture, son mode de vie, ses notions de loi et d'ordre, ses notions de bien et de mal, ses loyautés ethniques et nationales. L'ancienne majorité et son mode de vie sont mis de côté, et un nouveau peuple et un nouveau mode de vie les remplacent. Vous pouvez penser que la culture n'a rien à voir avec la race. Mais cela ne change rien au fait qu'un peuple apporte une culture et déplace un autre peuple avec une autre culture.
Auster était un membre du peuple judéo-américain, mais il s'est converti au christianisme et s'est identifié à la vie dans l’Occident blanc. Il s'est également penché sur la question de la discrimination, et il a expliqué que les méthodes utilisées dans ce domaine ont permis à la société d'obtenir des résultats positifs dans le cadre d'une discrimination fondée sur le sexe. Si l'on considère que les compétences sont génétiques ou culturelles, on peut dire que cela va dans le sens de l'égalité des chances. Auster s'interroge sur ce point, qui relève de la politique :
À mon avis, le plus grand facteur qui pousse les Blancs au suicide national est leur fausse culpabilité quant à l'infériorité des Noirs. Parce que les Blancs croient - comme le libéralisme moderne le leur a appris - que tous les groupes ont des capacités inhérentes égales, ils croient également que l'infériorité réelle des Noirs dans presque tous les domaines d'accomplissement et de comportement doit être causée par quelque chose de mauvais que les Blancs font aux Noirs de manière injuste, ou par quelque chose de bon que les Blancs refusent égoïstement de faire pour les Noirs. Quelle que soit la manière dont elle est exprimée, l'idée est que l'échec des Noirs est dû au racisme blanc - le péché transcendant du monde moderne. Et comme l'infériorité des Noirs persiste et s'aggrave, la conclusion est que le racisme blanc, lui aussi, persiste et s'aggrave encore.
Auster a toujours été critique à l'égard de la vie et de la croissance du monde moderne. Il les compare aux Éloi de H.G. Wells :
Au fur et à mesure que l'Amérique blanche a perdu sa croyance en Dieu, en la vérité objective et en la moralité, en la loi, en la nation et en la race, les Blancs ont acquis un aspect de plus en plus fade, complaisant et pacifique. Cela semble être vrai non seulement aux États-Unis, mais aussi dans l'ensemble de l'Occident blanc. On est particulièrement frappé par cette qualité énervée des Blancs contemporains lorsqu'on les observe pendant leurs loisirs, le dimanche, ou pendant leurs innombrables vacances, ou lorsqu'ils font leurs courses. Dans les poches de la société entièrement blanches ou à prédominance blanche, l'environnement est ordonné, paisible et esthétiquement attrayant, mais il manque quelque chose de vital.
En résumé, Auster est donc une rencontre enrichissante. On n'est pas nécessairement d'accord avec lui sur tout, mais il existe de nombreuses perspectives sur notre civilisation qui recèlent de la valeur. C'est dans cette optique qu'il considère que la civilisation est un problème et qu'il s'agit d'un problème majeur. Il pense que le libéralisme est une partie du problème, mais aussi une partie de la solution. Vous trouverez ici un article très intéressant sur les textes d'Auster :
Lire également:
http://www.jtl.org/auster/Huddled/Huddled.html
https://counter-currents.com/2019/12/lawrence-austers-our...
https://hesperado.blogspot.com/2011/11/lawrence-austers-political-taxonomy.html
https://nicholasstixuncensored.blogspot.com/2017/04/remem...
http://www.amnation.com/vfr/archives/012935.html
https://ideologee.blogspot.com/2013/02/the-best-of-lawrence-auster.html
https://www.amerika.org/meta/lawrence-auster-1949-2013/
The Path to National Suicide
By Lawrence Auster
In this ground-breaking essay that helped fuel the national groundswell for genuine immigration reform, Lawrence Auster argues that the recent emergence of bitter divisions over language and culture in schools, in hiring, and other aspects of American life — often expressed in the movement to alter our national heritage in the name of a vaguely defined “multiculturalism”— shows that America’s ability to assimilate a vast diversity of populations from around the world is not infinite.
Auster writes that our current policy of open and ever-widening immigration is leading our country into an unprecedented danger. As increasing racial and ethnic diversity makes the re-affirmation of our common culture more vitally important than ever, we are, under the mounting pressure of that diversity, abandoning the very idea of a common American culture. We are thus imperiling not only our social cohesiveness but the very basis of America’s national existence.
16:02 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lawrence auster, nihilisme, occident | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Bakounine, Le Bon et le crépuscule européen
Bakounine, Le Bon et le crépuscule européen
Nicolas Bonnal
J’ai écrit de nombreux textes qui tournent autour du même thème, de la même constatation. Les choses, les problèmes ne changent plus depuis deux siècles ou presque. Lisez la conclusion des Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand et vous êtes déjà dans notre vieux monde. Monde unifié, monde laid, monde anti-artistique, monde décivilisé, monde de contrôle, d’argent et de quantité. Les problèmes que nous vivons semblent sortis d’hier. Or c’est faux, ils sont bien plus anciens, et c’est pourquoi je conseille la lecture des auteurs comme Le Bon, Tocqueville ou bien sûr René Guénon ou Evola.
Je vais parler de notre Italie.
Les problèmes italiens sont vieux et ils datent de son unification ratée par une clique corrompue, celle qui la soumit ensuite à l’Angleterre (libéraux, sénateurs, maçons), à l’Allemagne, à l’Amérique puis à l’Europe.
En 1869 le révolutionnaire Bakounine observe déjà ce maigre bilan :
« Nulle part on ne peut aussi bien étudier qu'en Italie le néant du vieux principe de la révolution exclusivement politique, et la décadence de la bourgeoisie, cette représentante exclusive des idées de 89 et de 93 et de ce qu'on appelle encore aujourd'hui le patriotisme révolutionnaire. Sortie d'une révolution nationale victorieuse, rajeunie, triomphante, ayant d'ailleurs la fortune si rare de posséder un héros et un grand homme, Garibaldi et Mazzini, l'Italie, cette patrie de l'intelligence et de la beauté, devait, paraissait-il, surpasser en peu d'années toutes les autres nations en prospérité et en grandeur. Elle les a surpassées toutes en misère. »
Et de constater tristement :
« Moins de cinq années d'indépendance avaient suffi pour ruiner ses finances, pour plonger tout le pays dans une situation économique sans issue, pour tuer son industrie, son commerce, et, qui plus est, pour détruire dans la jeunesse bourgeoise cet esprit d'héroïque dévouement qui pendant plus de trente ans avait servi de levier puissant à Mazzini »
Pays mort-né comme notre Europe de la Fin des Temps (il règne une atmosphère évolienne, de Kali-Yuga dans le texte du grand Bakounine) ou notre France républicaine, la bourgeoisie mondialisée scia la branche du Risorgimento :
« Le triomphe de la cause nationale, au lieu de tout raviver, avait écrasé tout. Ce n'était pas seulement la prospérité matérielle, l'esprit même était mort ; et l'on était bien surpris en voyant cette jeunesse d'un pays politiquement renaissant, vieille de je ne sais combien de siècles, et qui, n'ayant rien oublié, n'avait aucun souci d'apprendre quelque chose. »
Le besoin de places qui s’est vu depuis avec leur Europe est déjà là :
« On ne peut guère s'imaginer quelle immense convoitise de positions sociales et de places a été réveillée au sein de la bourgeoisie italienne par le triomphe de la révolution nationale. C'est ainsi qu'est née la fameuse Consorteria, cette ligue bourgeoise qui, s'étant emparée de tous les emplois lucratifs, malmène, déshonore, pille aujourd'hui l'Italie, et qui, après avoir traîné cette patrie italienne par toutes les boues possibles, l'a fait aboutir aux désastres de Custozza, de Lissa et de Mentana. »
Les mêmes problèmes (dénatalité, déclin culturel, militarisme, étatisme) se posent vers 1890. Le savant français Gustave Le Bon remarque alors dans un grand livre :
« Le principe des nationalités, si cher jadis aux hommes d’État et dont ils faisaient tout le fondement de leur politique, peut être encore cité parmi les idées directrices dont il a fallu subir la dangereuse influence. Sa réalisation a conduit l’Europe aux guerres les plus désastreuses, l’a mise sous les armes et conduira successivement tous les États modernes à la ruine et à l’anarchie. Le seul motif apparent qu’on pouvait invoquer pour défendre ce principe était que les pays les plus grands et les plus peuplés sont les plus forts et les moins menacés. Secrètement, on pensait aussi qu’ils étaient les plus aptes aux conquêtes ».
Comme Léopold Kohr, le très habile docteur Le Bon, idole de Théodore Roosevelt, qui a tout annoncé parce qu’il a tout étudié sans se faire d’illusions théologico-politiques, fait déjà l’éloge du Small is beautiful :
« Or, il se trouve aujourd’hui que ce sont précisément les pays les plus petits et les moins peuplés : le Portugal, la Grèce, la Suisse, la Belgique, la Suède, les minuscules principautés des Balkans, qui sont les moins menacés. L’idée de l’unité a ruiné l’Italie, jadis si prospère, au point qu’elle est aujourd’hui à la veille d’une révolution et d’une faillite. Le budget annuel des dépenses de tous les États italiens, qui, avant la réalisation de l’unité italienne, s’élevait à 550 millions, atteint 2 milliards aujourd’hui. »
Et Le Bon souligne aussi la faiblesse des pays latins, corrompus depuis des lustres selon lui par le verbalisme, le socialisme, l’anarchie et le césarisme ! Mais c’est plus compliqué. Car ce siècle de l’unification fut celui du règne de la quantité au sens guénonien, et l’on peut dire d’ailleurs que la belle Allemagne, celle de la musique et de la philosophie, de la poésie et du romantisme, prit fin avec son unité qui déboucha sur l’industrialisme, le socialisme et le bellicisme que l’on sait. Goethe en parle à Eckermann (voyez nos textes) et même l’excellent historien communiste Hobsbawm.
Gustave Le Bon encore, comme s’il avait prévu le nazisme :
« L’Allemagne moderne, malgré de trompeuses apparences de prospérité, en sera sans doute la première victime, à en juger par le succès des diverses sectes qui y pullulent. Le socialisme qui la ruinera sera sans doute revêtu de formules scientifiques rigides, bonnes tout au plus pour une société idéale que l’humanité ne produira jamais, mais ce dernier fils de la raison pure sera plus intolérant et plus redoutable que tous ses aînés. Aucun peuple n’est aussi bien préparé que l’Allemagne à le subir. Aucun n’a plus perdu aujourd’hui l’initiative, l’indépendance et l’habitude de se gouverner. »
Sources:
Nicolas Bonnal – Chroniques sur la Fin de l’Histoire (Kindle)
Le Bon - Lois psychologiques de l’évolution des peuples
Leopold Kohr - The Breakdown of Nations
Bakounine - Lettre aux rédacteurs du Réveil, à Paris, octobre 1869 (inédit)
13:11 Publié dans Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bonnal, mikhail bakounine, bakounine, gustave le bon | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook