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mercredi, 29 octobre 2025

Pourquoi la gauche perd les élections... et est rejetée par les classes populaires

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Pourquoi la gauche perd les élections... et est rejetée par les classes populaires

Nicolas Maxime

Source: https://www.facebook.com/nico.naf.735

Javier Milei a été confirmé aux législatives de mi-mandat, encore un nouveau signe que le basculement dans le Monde vers la droite populiste se poursuit, pendant que la gauche continue de s’effondrer, incapable de comprendre ce qui lui arrive. La gauche perd élection après élection, et elle continuera à les perdre, partout dans le monde, pendant que l’extrême droite poursuit sa progression — y compris avec un programme économique pourtant contraire aux intérêts matériels des classes populaires. Pourquoi ? Parce que l’extrême droite, elle, a parfaitement compris la logique girardienne du bouc émissaire, en désignant les « assistés », les chômeurs, les migrants voire les fonctionnaires et les retraités comme étant responsables de la crise. Tandis que la gauche, devenue nullissime (y compris dans ses formes dites « radicales »), n’a plus rien compris au peuple, au point d'en être venue, par inversion mimétique, à faire du prolo blanc son bouc émissaire car perçu comme un plouc ou un  « beauf » réactionnaire et raciste.

Cette déconnexion avec le réel s’incarne parfaitement dans le mépris de classe d’un Édouard Louis, qui va jusqu’à rêver — comme il l’exprime sans gêne — d’un régime où les villes et les campagnes auraient des gouvernements séparés, tant il estime irréconciliables le peuple urbain « progressiste » et les campagnes jugées réactionnaires. C’est le symbole parfait d’une gauche culturelle, moraliste et métropolitaine, qui ne supporte plus le peuple réel, celui qui ne parle pas comme elle, ne vit pas comme elle, et surtout, ne vote plus pour elle.

Aux yeux des classes populaires, motivées par un instinct de survie et de préservation de leur mode de vie, la gauche d’aujourd’hui n’est plus qu’une « gauche morale », une gauche qui incarne précisément tout ce qu’elles détestent.

Cette « gauche morale » n’a plus grand-chose à proposer sinon quelques réformes sociétales, une écologie quinoa-vegan fondée sur les interdictions et la culpabilisation, et la taxation des riches comme ultime horizon moral. En somme, elle est devenue la gauche du Capital — celle des médias, des grandes institutions culturelles, des universités et des métropoles. Elle est désormais considérée par les classes populaires comme plus dangereuse encore que l’extrême droite, parce qu’elle a trahi le camp qu’elle prétendait défendre, elle inspire désormais le rejet d’une majorité silencieuse qui, faute d’alternative crédible, se tourne vers l’extrême droite ou se réfugie dans l’abstention, perçue comme le moindre mal.

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Comme le disait Jean-Claude Michéa, cette gauche a définitivement rompu avec le peuple dès lors qu’elle a cessé de se définir par la critique du capitalisme pour se fondre dans la logique du progressisme libéral. Depuis les années 1980, elle a abandonné la lutte des classes, la socialisation des moyens de production et la défense du monde du travail, pour devenir « gauche morale » des droits individuels, de la redistribution des richesses et de la bonne conscience. Elle ne s'adresse plus aux ouvriers et aux employés mais à la bourgeoisie culturelle, à ceux qui détiennent le capital symbolique, et non plus à ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre.

Comme le résume Michéa, elle ne combat plus le système, elle l’accompagne au nom du « progrès ». Et c’est précisément parce qu’elle a cessé d’être populaire qu’elle est devenue, dans le regard des classes populaires, la gauche du haut, celle des donneurs de leçons et des convertis au nouvel ordre moral libéral.

Dans ses enquêtes sur les campagnes françaises, il montre que les territoires périphériques et ruraux, loin d’être des bastions réactionnaires, sont d’abord des espaces de sociabilité, de solidarité et d’entraide, mais où domine un profond sentiment d’abandon. Coquard décrit un monde populaire attaché à la reconnaissance, au travail bien fait et qui voit dans la gauche diplômée et urbaine non plus une alliée, mais une élite moralisatrice qui ne les comprend pas et les méprise.

Pendant que la gauche sermonne et culpabilise, l’extrême droite capte les affects, les colères, les peurs — bref, tout ce que la gauche a méprisé au nom de sa « supériorité morale ». Et c’est ainsi qu’elle s’installe durablement comme le seul refuge politique pour ceux qui, désespérément, veulent encore croire qu’ils existent.

Bien entendu, l’extrême droite ou la droite populiste sera une impasse, et les classes populaires le découvriront (malheureusement) à leurs dépens. Car ce ne sont pas les immigrés, les minorités ou les élites culturelles qui menacent leurs modes de vie et les traditions : c’est le capitalisme lui-même, dans sa phase terminale, qui bascule désormais vers une forme autoritaire et libertarienne, où il n’y aura plus aucun compromis avec les travailleurs.

La véritable question est donc : comment le faire comprendre sans tomber dans les mêmes travers que la gauche morale ?

19:53 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gauche, droite, idéologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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