dimanche, 16 novembre 2025
Le déclin du néolibéralisme et le côté obscur du capitalisme: les perspectives de Branko Milanović sur le bouleversement mondial

Le déclin du néolibéralisme et le côté obscur du capitalisme: les perspectives de Branko Milanović sur le bouleversement mondial
Markku Siira
Source: https://geopolarium.com/2025/11/10/uusliberalismin-rappio...
L’économiste américano-serbe Branko Milanović s’est affirmé comme l’un des chercheurs les plus incisifs de notre époque sur les inégalités mondiales et le capitalisme. Dans une interview centrée sur son ouvrage The Great Global Transformation (2025), Milanović examine les forces historiques qui ont détruit l’ordre mondial néolibéral dirigé par les États-Unis depuis 1989.


Son analyse ne donne cependant pas lieu à l’optimisme, mais met en garde contre la montée des traits les plus destructeurs du capitalisme. Selon Milanović, le monde est en train de passer à une nouvelle ère caractérisée par le multipolarisme et un libéralisme de marché de plus en plus réduit au niveau national. Cela aggrave encore davantage les crises générées par la mondialisation.

Le point de départ de Milanović fait référence à l’ouvrage classique de Karl Polanyi La Grande Transformation (1944). Alors que Polanyi expliquait l’effondrement du libéralisme de marché du XIXe siècle et ses mouvements de résistance, Milanović en fait autant pour la mondialisation néolibérale actuelle.
L’ouvrage de Polanyi tentait de comprendre ce qui s’était passé d’abord avec l’industrialisation, puis avec l’effondrement du nouvel ordre dans les années 1920-1930. De même, Milanović analyse la période depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui, marquée par la domination occidentale et ses défis. Pourquoi ces changements ont-ils eu lieu ? Et qu’est-ce qui a changé ?

Au cœur de cette mutation se trouve l’ascension de l’Asie, en particulier de la Chine, dans la politique mondiale. Milanović résume ce développement paradoxal dans la préface de son nouveau livre : « La montée de la Chine, rendue possible par le néolibéralisme mondial, a rendu inévitable la fin du néolibéralisme global. »
Une analyse purement économique donne une image positive de cette montée asiatique. La richesse mondiale a triplé, et l’inégalité économique s’est réduite à mesure que la pauvreté en Chine, en Inde et dans d’autres pays densément peuplés diminue. Cependant, comme le souligne Milanović, ces tendances globales positives ont engendré de nouveaux problèmes tant sur la scène internationale que dans les sociétés nationales.
« La montée d’un pays comme la Chine, avec son PIB ajusté au pouvoir d’achat dépassant celui des États-Unis, crée un conflit géopolitique, car les États-Unis ne veulent pas renoncer à leur hégémonie mondiale et perçoivent la Chine comme un défi. »
Parallèlement, les classes moyennes occidentales, souffrant de pertes d’emplois et de baisse des salaires, se sont tournées vers des leaders populistes. Selon Milanović, « la montée de l’Asie est un changement si profond que personne ne peut espérer qu’il se fasse sans douleur. »
Un autre héritage essentiel du néolibéralisme mondial est la nouvelle classe dirigeante que Milanović décrit comme la homoploutia — une élite enrichie tant par le capital que par des emplois hautement rémunérés. Une telle classe sociale s’est constituée aussi bien aux États-Unis qu’en Chine, ce qui brouille la distinction entre deux modèles totalement différents: aux États-Unis, l’élite justifie sa position par ses mérites et ses diplômes, tandis qu’en Chine, la clé du pouvoir réside dans l’appartenance au Parti communiste.

Milanović cite le livre de Daniel Markovits, The Meritocracy Trap (2019), et note que « les ‘stahanovistes’ d’aujourd’hui », ceux qui travaillent dans la finance, ressentent « une fierté presque calviniste de leur succès et méprisent ceux qui ne réussissent pas ». Cette arrogance, combinée à la perte d’emplois causée par la montée asiatique, a engendré un large mécontentement qui s’est retourné contre l’élite.
Le néolibéralisme reposait sur quatre piliers : les marchés libres, les libertés négatives nationales, la libre-échange et le cosmopolitisme. Aujourd’hui, ces piliers tombent. Selon Milanović, rien de radicalement nouveau ne doit émerger en remplacement, seulement une version modifiée du passé : cf. « le libéralisme national de marché dans un monde multipolaire. »
Dans un système incarné par des figures comme Trump, le libre-échange et le cosmopolitisme ont été remplacés par un protectionnisme agressif, et le libéralisme social subit également des attaques continues. La seule composante restante de l’ancienne idéologie est la liberté des marchés dans les limites de leur espace économique.

Milanović insiste sur le fait que Trump ne se contente pas de poursuivre la politique économique néolibérale, mais l’approfondit : baisses d’impôts, déréglementation, faveur aux taxes sur le capital. Le résultat est un système fragile, explosif et alimentant les inégalités, qui ne résout pas mais aggrave les crises engendrées par la mondialisation.
Même si les leaders populistes ne améliorent pas les conditions de vie de leurs supporters, l’antagonisme envers l’élite est si fort que la population continue de les soutenir. « Les insatisfaits accepteraient n’importe quel régime, tant qu’il élimine les élites au pouvoir, même s’ils n’en bénéficient pas eux-mêmes », affirme Milanović.
Sa vision du capitalisme est sombre : il le voit comme un système fondamentalement immoral, sans fin immédiate, même à cause des limites des ressources. En référence à La Société du Spectacle de Guy Debord, Milanović décrit un monde où tout a été marchandisé.
« Toute la sphère de la vie quotidienne et privée est probablement commercialisée. La cuisine est commercialisée. La garde des chiens est commercialisée. La prise en charge des personnes âgées est commercialisée. Même la mort est commercialisée. La disparition presque totale de la famille est la dernière conséquence de ce phénomène, car la famille repose sur des fonctions qui ne sont pas commerciales. »

Bien que Milanović ne prévoie pas explicitement une guerre, sa conclusion pessimiste est claire : la direction actuelle n’annonce rien de bon. Les traits intrinsèques du capitalisme — égoïsme, quête de profit et marchandisation de tout — accentuent les problèmes sociaux au lieu de les résoudre.
Un monde qui abandonne la mondialisation néolibérale ne reviendra pas à un équilibre, mais s’enfoncera de plus en plus dans les tendances les plus destructrices du capitalisme. En conséquence, le système mondial sera fragmenté, en colère et de plus en plus dangereux.
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Une Proto-Noomachie douguinienne dans «Les Racines Métaphysiques des Idéologies Politiques»

Une Proto-Noomachie douguinienne dans «Les Racines Métaphysiques des Idéologies Politiques»
Raphael Machado
Les plus attentifs d'entre les observateurs politiques savent que l’« opus magnum » du philosophe russe Alexandre Douguine est la série en 25 volumes intitulée « Noomakhia » (littéralement «guerre des intellects/mentes»), regroupant plus de 15.000 pages consacrées à l’étude des structures noétiques des cultures humaines.

Les outils théorico-méthodologiques de l’œuvre — expliqués dans les deux premiers volumes — peuvent être condensés dans la découverte du caractère constitutif de trois éléments, aspects ou orientations — appelés par Douguine les « logoi » — qui opèrent comme des paradigmes noétiques, et qui, dans leurs multiples combinaisons et conflits, façonnent la manière dont chaque culture ou civilisation se développe.
Dans la réinterprétation douguinienne de la dualité Apollon/Dionysos théorisée par Nietzsche, Douguine ajoute au Logos d’Apollon et au Logos de Dionysos le Logos de Cybèle.


Superficiellement, on peut caractériser le Logos d’Apollon par son caractère vertical, exclusif, hiérarchique, transcendant, lumineux, masculin, etc. ; le Logos de Dionysos par son caractère médiateur, dialectique, extatique, transcendant-immanent, sombre, androgynique, etc. ; et le Logos de Cybèle par son caractère horizontal, inclusif, démocratique, immanent, obscur, féminin, etc.
Il s’agit de trois manières distinctes d’appréhender le monde, qui façonnent ainsi toutes les œuvres humaines.
Mais, malgré la relative nouveauté de cette formulation douguinienne, il est possible de retrouver, de manière involontaire, des racines possibles de cette « science noologique » dans un texte écrit trente ans plus tôt, « Les Racines Métaphysiques des Idéologies Politiques », un article dans lequel Douguine cherche à proposer une « méta-théologie politique » comme fondement ultime des principales idéologies politiques.
Il ne s’agit pas simplement d’une « théologie politique » à la Carl Schmitt, car ici il ne s’agit pas simplement d’associer des perspectives religieuses explicites, comme le déisme, à leurs expressions politiques possibles, comme le libéralisme classique, mais de remonter jusqu’aux éléments structurants qui sous-tendent même les perspectives théologiques.
Douguine identifie trois principes fondamentaux des idéologies politiques, qu’il nomme « Paradis Polaire », « Créateur-Création » et « Matière Magique ».

Le principe paradisiaque-polaire est identifié par Douguine comme correspondant au caractère absolu et singulier de la nature divine, où tout est conçu comme le reflet de cette même nature divine. Il n’existe pas de distance ou d’intermédiation entre le Sacré et la politique, qui n’est qu’une des clairières où apparaît le Sacré. Par le propre caractère concentré d’absoluité, Douguine voit dans ce principe une tendance monarchique et structurellement impériale (c’est-à-dire une aspiration à l’intégration de vastes territoires sous la tutelle de l’empereur), ainsi qu’un impulsion révolutionnaire et eschatologique.
Le principe créationniste est identifié comme correspondant à une perspective dualiste-dialectique de la réalité, dans laquelle le sujet et l’objet, l’homme et le monde, sont clairement séparés, même si en relation permanente marquée par l’altérité. Le sujet est lancé en périphérie du monde, derrière laquelle se cache le Créateur, et le Sacré n’émerge que par l’intermédiaire du sacerdoce. La forme politique de l’État-nation démocratique et d’autres formulations conservatrices sont imprégnées de cette perspective, dont l’impulsion fondamentale est la stabilisation de la réalité donnée.

Le principe magique-matérialiste est identifié par Douguine comme correspondant essentiellement à une forme de panthéisme. Le sujet n’existe pas en tant que tel, étant simplement un miroir du monde et un objet parmi d’autres immergé dans le monde. La relation au monde est purement instrumentale et guidée par des forces impersonnelles, de sorte que le rôle de l’homme dans le monde est interprété de manière mécaniste. Le monde, en tant que système autonome, identifié à la Raison, ne connaît comme seul mouvement possible que l’évolution. Et c’est ici que résident les tendances politiques niveleuses, comme le communisme et la social-démocratie.
Le principe paradisiaque-polaire et le principe magique-matérialiste peuvent être facilement associés, respectivement, au Logos d’Apollon et au Logos de Cybèle, mais le principe créationniste semble un peu plus éloigné du Logos de Dionysos. Ils se rapprochent dans la perception dualiste-dialectique de la réalité, mais il semble manquer une clarté quant à la nature transcendante/immanente (c’est-à-dire, de « l’Esprit incarné ») propre à la perspective dionysiaque. En réalité, le créationnisme se voit attribuer un caractère purement ésotérique, où le Sacré apparaît toujours comme quelque chose de distant et de médiatisé, tandis que, dans le dionysiaque, le Sacré est toujours à la portée de l’expérience extatique de l’initié. Il est intéressant de noter, cependant, comment Douguine voit dans les deux une connexion, entre autres, avec l’idéalisme actualiste de Giovanni Gentile.
Cette distance entre l’article des années 80 et la Noomakhia peut s’expliquer par le fait que, dans le mûrissement intellectuel de l'auteur, la perception claire des distinctions entre le Logos de Dionysos et le Logos de Cybèle n’apparaît qu’au sein de l’œuvre « À la recherche du Logos Sombre », qui précède la Noomakhia.
Un autre aspect intéressant de cet article, qui est l’un des premiers publiés par Douguine, est que dans son analyse de ce qu’il appelle « matérialisme magique », il est possible de repérer des aperçus de ce qui serait éventuellement développé sous la forme d'une « ontologie orientée objet », notamment dans sa description de l’homme comme un objet pur immergé dans un monde de forces impersonnelles qui dictent le développement autonome de la rationalité du monde.
14:59 Publié dans Nouvelle Droite, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, nouvelle droite, nouvelle droite russe, noomachie, philosophie, traditionalisme |
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Huey Pierce Long: un gars à découvrir

Huey Pierce Long: un gars à découvrir
par Georges Feltin-Tracol
À 35 ans, Zohran Mamdani, né en Ouganda d’une famille originaire d’Inde et naturalisé citoyen des États-Unis en 2018, deviendra au 1er janvier 2026 le plus jeune maire de New York et le premier musulman chiite à administrer la « Grosse Pomme ». Ce militant démocrate adhère au courant des socialistes démocrates auquel appartient aussi l’actuelle représentante fédérale de New York, Alexandria Ocasio-Cortez. Mamdani a mené une campagne progressiste et populiste, ce qui, dans le contexte étatsunien, n’est pas contradictoire.
On oublie en effet qu’avant l’irruption de Donald Trump sur la scène politique, les États-Unis constituaient un foyer régulier et fécond de populisme. Lors de l’élection présidentielle de 1912, l’ancien président républicain, Theodore Roosevelt, se présente sous la bannière du parti progressiste, propose une politique populiste et concurrence le président républicain sortant William Taft. Cette division favorise le lamentable candidat démocrate Woodrow Wilson.
Auparavant, à la fin du XIXe siècle, dans les États de l’Ouest, les candidats du People’s Party secouent le monopole des républicains. Ils défendent le bimétallisme or – argent, inscrivent dans les constitutions locales le caractère secret du vote, l’élection directe des sénateurs fédéraux et la révocation des élus locaux. Certains suggèrent même un impôt progressif sur le revenu et la limitation du temps de travail dans l’industrie. Longtemps perçu comme le porte-parole de la défunte Confédération sudiste, le parti démocrate peut parfois adopter dans le contexte spécifique à chaque État fédéré une réelle tonalité populiste. C’est le cas de la Louisiane pendant l’Entre-deux-guerres.
En 1928 accède à la fonction de gouverneur de cet État Huey Pierce Long. Né le 30 août 1893 à Winnfield dans le Nord de l’État, il montre très tôt de grandes dispositions pour la politique. En octobre 1918, il entame sa carrière publique en remportant le mandat de commissaire aux chemins de fer de Louisiane. Candidat dès 1924 au poste de gouverneur, il n’arrive que troisième à la primaire démocrate avec cependant près de 31% des voix. Ce n’est que quatre ans plus tard qu’il réalise son rêve. Dès la primaire, il recueille plus de 44% des suffrages…
Très vite, le nouveau gouverneur, fort ambitieux, reçoit le surnom de « Kingfish » (« Gros poisson ») plutôt que celui de « Parrain ». La Nouvelle-Orléans est en effet le berceau de la mafia italo-américaine. Il est inévitable que le « Kingfish » discute avec les patrons de la pègre. Ses adversaires, aussi bien chez les démocrates que chez les républicains, dénoncent son clientélisme et sa corruption. Ils s’offusquent par ailleurs de la construction d’un nouveau Capitole, le plus haut des États-Unis ! Dans un ouvrage qui vient de paraître, On a tué Huey Long ! (Éditions 10/18, 2025, 256 p., 8,30 €), Jean-Marie Pottier évoque ces turpitudes. Il mentionne par exemple la « boîte à déduction », un système ingénieux de collecte occulte de fonds qui repose sur « un coffre où il [Huey Long] entreposait les dons en liquide versés par ses partisans ou par des entreprises voulant s’implanter en Louisiane, ainsi que des déductions mensuelles de cinq à dix pour cent prélevées sur les salaires des employés recrutés par son administration ».
Élu sénateur fédéral de la Louisiane à Washington, Huey Long tergiverse et reste gouverneur avant d’accepter en 1932 son nouveau mandat. Son successeur est un fidèle qu’il a choisi, car il continue à gouverner l’État indirectement. Il ne cache plus non plus son intention de briguer la présidence des États-Unis. Or, le 9 septembre 1935, dans l’enceinte du Capitole de Bâton-Rouge, capitale de la Louisiane, le docteur Carl Austin Weiss tire sur Huey Long qui décède deux jours plus tard. Ses gardes du corps ripostent et abattent de plusieurs dizaines de balles le meurtrier.
Quel est le motif de Weiss ? Il refuse que son beau-père, Benjamin Pavy, juge local anti-Long, ne soit pas réélu au prochain renouvellement en raison d’un redécoupage partial de sa circonscription. Toutefois, les anti-Long propagent aussitôt que l’homme fort de la Louisiane aurait surtout été tué par les tirs de ses propres protecteurs.
Journaliste à Sciences humaines et à Society, Jean-Marie Pottier enquête sur les circonstances de cet assassinat qui stupéfia l’opinion publique outre-Atlantique. Il souligne qu’en 1991 – 1992, la police relance l’enquête. Elle exhume le corps de Carl Weiss et étudie la trajectoire des balles. Sa conclusion confirme la seule et pleine responsabilité de Weiss. En revanche, ses motivations réelles restent obscures.
Pour Jean-Marie Pottier, Huey Long « est l’homme qui a sorti la Louisiane de la boue à coup de milliers de kilomètres de routes et qui lui a offert ponts, hôpitaux, asiles psychiatriques et livres scolaires gratuits ». L’auteur ajoute que le futur sénateur assassiné « est l’homme qui a fait plier les “ Bourbons ”, la vieille aristocratie qui maintenait la Louisiane sous son joug depuis plus d’un demi-siècle, mais a plié aussi la démocratie et ses garde-fous à sa brutalité ».

Fort de ses succès en Louisiane, Huey Long développe ses ambitions nationales. Il vise la fonction suprême pour 1936 ou, plus sérieusement, 1940. Il écrit l’année de son assassinat un essai intitulé Mes premiers jours à la Maison Blanche. Réputé pour sa fibre sociale et sa franche hostilité aux banques, il lance le 23 février 1934 Share Our Wealth (« Partageons notre richesse »). Il se rapproche dès lors du père Charles Coughlin. Ce prêtre catholique conspue les méfaits du capitalisme et du communisme à la radio à l’occasion d’une émission hebdomadaire très écoutée en ces temps de « Grande Dépression » issue du Krach de 1929. Huey Long critique de plus en plus ouvertement le New Deal de Franklin Delano Roosevelt qu’il juge bien trop bureaucratique. Il rejette enfin les expériences communistes et fascistes en cours en Europe.

L’héritage de Huey Long marque durablement la Louisiane. Son épouse, Rose McConnell, le remplace au Sénat de 1936 à 1937. Leur fils, Russell, est sénateur fédéral entre 1948 et 1987. Le frère aîné de Long, George, en est le représentant fédéral de 1953 à 1958. Leur frère cadet, Earl (photo), est gouverneur de la Louisiane à trois reprises (1939 – 1940, 1948 – 1952, 1956 - 1960). Quatre cousins éloignés, y compris l’épouse de l’un d’eux, sont des élus locaux ou nationaux jusqu’au début des années 2020. Les Long forment ainsi une autre dynastie bien moins connue que celle des Kennedy ou des Bush.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 174, mise en ligne le 13 novembre 2025 sur Radio Méridien Zéro.
14:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : huey pierce long, états-unis, louisiane, histoire, populisme américain |
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UE : Construction d'une centrale de renseignement – une transformation silencieuse mais cruciale

UE : Construction d'une centrale de renseignement – une transformation silencieuse mais cruciale
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
À Bruxelles, une structure est en train de se mettre en place (https://www.ft.com/content/b8a3aee3-222b-4b4f-a1e2-e7a819ac0dd2), qui sera beaucoup plus pertinente pour l’avenir sécuritaire de l’Europe que ce que l'on trouve sous de nombreux gros titres politiques. La Commission européenne, sous la direction d’Ursula von der Leyen, établit une fonction centrale de renseignement et d’analyse, qui doit centraliser les informations provenant de tous les États membres.
Le processus est discret – mais ses impacts sont énormes.
Pourquoi cette étape intervient maintenant
Les années passées ont montré à l’UE à quel point le continent est dépendant en matières de sécurité. Trois développements ont été particulièrement déterminants:
- En 2025, la France a temporairement perdu plus de 40% de ses informations relatives aux situations factuelles lorsque les États-Unis ont réduit leurs données de renseignement.
- La Pologne a tenté en vain de rétablir ses anciens canaux de renseignement vers Londres.
- Plusieurs services n’étaient guère capables d’évaluer les mouvements de troupes russes sans bénéficier de données américaines. La conclusion que l'on a tiré à Bruxelles est dès lors la suivante:
Sans base d’informations propre, l’Europe ne peut pas suivre une ligne de sécurité indépendante.
Ce que l’UE construit concrètement
Le nouveau système comprend:
- un centre de situation et d’analyse central,
- du personnel issu d’anciens services nationaux (DGSE, BND, AIVD),
- une connexion avec le programme satellitaire IRIS² (5,7 milliards d’euros),
- une liaison avec des structures communes d’armement et de crise,
- un nouveau « Collège de sécurité de l’UE » pour la formation de ses propres experts en sécurité. Cela crée pour la première fois une architecture européenne composée de satellites, capacités d’analyse et base industrielle – une étape préliminaire vers une véritable compétence européenne en matière de sécurité.
Le point central : Bruxelles définit désormais la situation
Le changement le plus important est moins technique que politique.
Une situation commune implique:
- une définition commune des menaces,
- une priorisation plus cohérente en politique extérieure,
- moins d’interprétations nationales.
Celui qui définit la menace fixe le cadre dans lequel la politique se développe.
Ainsi, une part essentielle de la souveraineté étatique se déplace silencieusement vers le niveau européen.
Ce que cela signifie pour l’Allemagne
L’Allemagne conserve ses propres services.
Mais la signification de leurs analyses évolue:
- les informations sont transmises à Bruxelles,
- l’évaluation s’y fait,
- les priorités se forment de plus en plus à un niveau supranational.
L’Allemagne devient ainsi le porteur de l’infrastructure, mais l’agenda stratégique se construit au-dessus de l’État-nation.

Résistance interne
La réforme est controversée à Bruxelles même:
- Le SEAE voit son propre centre de situation (INTCEN) comme affaibli.
- Plusieurs États hésitent à transmettre leurs données.
- D’autres mettent en garde contre des mécanismes de contrôle flous.
Pourtant, la Commission poursuit ce processus – les structures fonctionnelles développent souvent une dynamique propre.
Conclusion
L’Europe façonne silencieusement le cœur de son architecture de sécurité. La nouvelle fonction de renseignement n’est pas un projet marginal, mais une pierre angulaire d’un changement plus large :
- des images de situation cohérentes,
- des cadres d’interprétation communs,
- une influence croissante de l’UE dans les questions de politique extérieure,
- une transition progressive de domaines de souveraineté.
Il s’agit du passage silencieux d’une union purement administrative à un acteur de plus en plus stratégique.
13:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, union européenne, affaires européennes, europe, renseignement |
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