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mardi, 21 avril 2020

Tchernobyl, coronavirus: l'Etat face à la catastrophe

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Tchernobyl, coronavirus: l'Etat face à la catastrophe

Par Benoit Comte

La mini-série Chernobyl expose avec un réalisme certain les causes et les conséquences de l’explosion du réacteur n°4 de la Centrale nucléaire de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986. Cependant, le visionnage récent de ces 5 épisodes nous a laissé perplexe.

En effet, cette production grand public, par les thèses qui y sont soutenues sur les responsabilités des uns et les actions des autres, nous révèle deux écueils majeurs de notre civilisation occidentale : l’un prend la forme d’un impensé quand l’autre n’est que l’expression d’un inconscient des plus naïfs.

Nous ne ferons donc aucune considération esthétique sur l’œuvre elle-même et ne révélerons pas les rebondissements de l’intrigue, mais développerons quelques remarques qui entrent en résonance particulière avec la crise sanitaire actuelle causée par la pandémie de maladie à coronavirus.

 1. L’origine du désastre

Financée par deux maisons de production américaine et anglaise, l’œuvre dont nous parlons offrait à l’anticommunisme primaire une belle occasion d’expression. Sans surprise, on assiste au procès du communisme en général et de la société soviétique en particulier, véritable « système du mensonge », incapable de se regarder en face pour ce qu’elle est vraiment ni de se remettre en cause, le népotisme prévalant sur toute autre logique. Ce jugement, bien qu’il recouvre une part de vérité, ne nous semble pas aller au cœur du problème, sachant qu’une constatation similaire pourrait être faite de nos brillantes institutions actuelles, françaises et européennes.

cherno.jpgNon, le fond du problème est ailleurs et nos sociétés libérales souffrent de la même faiblesse que le système soviétique, à savoir celle à laquelle toute société complexe, au sens que Joseph Tainter donne à ce terme dans L’Effondrement des sociétés complexes, doit faire face lorsqu’elle se retrouve confrontée à une crise de grande ampleur. De ce point de vue, les sociétés complexes sont vues comme des organisations de résolution de problèmes qui sont toutes invitées à trouver une solution à une équation insoluble : ces problèmes appellent des solutions de plus en plus coûteuses à mesure que la société se complexifie. Il s’agit là de la décroissance du rendement marginal, soit la diminution du rendement par unité supplémentaire d’investissement. C’est la loi d’airain du déclin civilisationnel…

Toutes les économies modernes hautement intégrées (et donc interdépendantes) sont ainsi confrontées aux mêmes défis et aux mêmes crises potentielles : c’est là le grand impensé de notre temps.

Et là où réside la différence, c’est que l’URSS, malgré tous ses travers, avait encore un état digne de ce nom qui n’obéissait pas uniquement à des motifs idéologiques ou à des logiques de marchés déterritorialisés. Pour gérer une crise de cette ampleur et, passés les premiers instants de déni, rappelons que l’URSS a quand même mobilisé plus de 600 000 personnes pendant plusieurs mois (plusieurs années pour certains d’entre eux), sacrifié des millions de tonnes de matériels militaires et civils et relocalisé les 115 000 personnes résidant dans un rayon de 30 km autour de la catastrophe nucléaire. Quel État occidental serait aujourd’hui capable de mener une telle politique de salut public ?

 2. La résistance s’organise

Revenons à la mini-série. Les « méchants » et les « tyrans » y sont incarnés par les membres de l’État-parti quand les « gentils » et les « résistants » se trouvent… chez les scientifiques ! Véritable force d’opposition au mensonge, ces êtres qui ont pour métier de rechercher la vérité dans un domaine précis auront évidemment la même attitude lorsqu’ils devront agir dans la sphère publique, au mépris des conséquences personnelles plus ou moins désagréables que leurs prises de position pourraient leur faire encourir.

Cette représentation naïve, bien évidemment fausse, nous révèle cette fois l’inconscient qui sous-tend notre civilisation occidentale : la société n’y est plus conçue que comme un système technologique dont la réponse aux questions qui se posent n’a plus à faire débat, mais nécessite la consultation d’un expert dont on exécutera les recommandations. C’est bien évidemment le scientifique, ce héros des temps modernes, qui représente dans notre inconscient l’archétype de l’homme soucieux de vérité à qui l’on devrait se référer, plutôt qu’aux passions des foules et aux décisions impétueuses d’une caste politicienne plus intéressée à sa propre quête de pouvoir qu’à l’intérêt général. La réalité historique était toute autre : l’URSS a produit un nombre important de scientifiques de très haut niveau dont la plupart étaient tout à fait alignés sur la politique du Parti.

Là encore, nous devons prendre du recul. Comme toute la philosophie politique nous l’a enseigné depuis l’Antiquité, le but le plus élevé qu’une collectivité politiquement instituée puisse atteindre est justement de s’assigner une fin commune, considérée comme un bien et poursuivie en tant que telle par une communauté de destin. Cette leçon, récemment rappelée par un Castoriadis en France ou les penseurs communautariens aux États-Unis, s’est depuis noyée dans les « eaux glacées » de la gouvernance, du management et de l’ingénierie sociale.

La question de la finalité politique n’existe plus, seule la roue incessante des problèmes immédiats à résoudre continue à tourner, indéfiniment…

 3. Et maintenant ?

Nous vivons dans une société complexe qui a été bâtie par l’action conjointe de l’État et du marché, chacune ayant leur logique propre. La première de ces deux entités n’étant plus que l’ombre d’elle-même, comment la prochaine crise de grande ampleur sera-t-elle traversée et quelles en seront les répercussions ?

Pierre Legendre, dans son Fantômes de l’État en France, fait la généalogie de cette institution de pouvoir central et nous aide à en comprendre le dépérissement. Dans notre pays, l’idée nationale est inséparable de la forme étatique et la vitalité du lien social en est grandement tributaire.

Acculé qu’il est par les assauts du management, ce « montage fiduciaire » multiséculaire est au plus mal et l’on peut réellement s’interroger, avec inquiétude, sur la façon dont la crise sanitaire actuelle sera traversée. En ressortirons-nous vainqueur ou plutôt fragilisé, voire vaincu ? Sommes-nous en train d’assister à l’instant de vérité d’un système à bout de souffle ?

Affronter un défi de la taille d’une pandémie mondiale nécessite des ressources matérielles considérables du fait de la nature du système économique dans lequel nous évoluons, et une foi dans les capacités d’action administratives de l’État, expressions concrètes du pouvoir. L’on aura compris que ces deux dimensions sont aujourd’hui particulièrement fragilisées.

Avec un peu de provocation et un brin de malice, on pourrait même se demander si l’amateurisme de nos gouvernants ne réussirait pas l’exploit de nous faire regretter un état fort et autoritaire, tel celui commandé par les soviétiques, au moins capable d’actions effectives en temps de crise…

mercredi, 23 mars 2016

Entre les mâchoires du loup…

Entre les mâchoires du loup…

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

loup2816279282_1.gifIl faut croire que nous arrivons à un carrefour dans notre Histoire suite à un emballement frénétique typique de notre société post-moderne. 2015 marque en effet le début de ce qui semble être une nouvelle ère avec le retour en puissance du terrorisme islamique sur le sol européen et ce pour le plus grand malheur de l’irénisme ambiant et de l’hédonisme-matérialiste de l’homo occidentalis. Hélas ! La réponse à la menace terroriste est tout aussi funeste que la menace elle-même : outre le déni de réalité, l’état d’urgence et la société sécuritaire. Nous sommes littéralement dans la gueule du loup.

Le contexte

« Nous devons cette vérité à nos peuples: il y a aura d'autres attaques, des attaques d'ampleur, c'est une certitude. Cet hyper-terrorisme est là pour durer. » C’est en ces termes que le premier ministre français, Manuel Valls, décrivit la situation lors la Conférence sur la sécurité de Munich en février dernier. Les uns y verront un langage de vérité, le fameux « parler vrai », tandis que le autres, dont nous faisons partie, y voyons surtout un aveu de faiblesse, soit l’arbre qui cache la forêt déboisée de ce qui fut jadis la souveraineté de l’Etat-nation. Pour Carl Schmitt, « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle », et autant dire qu’en raison des attaques terroristes de 2015 on ne la sent pas vraiment, la souveraineté de l’état.

La mâchoire supérieure : l'état d'urgence

En conséquence des attentats du vendredi 13 novembre 2015, François Hollande déclara l’état d’urgence. A première vue rien de vraiment surprenant. Cependant ce dernier en étant prolongé, pour l’instant ad vitam aeternam, et, conjugué avec les nouvelles lois sur le renseignement, esquisse un tout autre dessein : Des militants écologistes l’ont appris à leur dépend lors de la COP21… L’état d’urgence est supposé être effectif jusqu’à la fin de la résolution du problème. Hors un « hyper-terrorisme » qui « est là pour durer » suppose donc un état d’urgence qui est là pour durer également. L’exceptionnel devient donc prétexte à l’instauration de mesures émanant d’un gouvernement se sentant en danger car honnis et contesté par sa base. Cet état d’urgence est, la plupart du temps, à géométrie variable : certaines manifestations sont maintenues malgré des troubles à l’ordre public (manifestations d’antifas mais aussi de lycéens) tandis que d’autres sont arbitrairement interdites (notamment les manifestations de patriotes). La devise du gouvernement « français » ? Dur avec les faibles, faible avec les durs ! Quant à l’efficacité du dit état d’urgence, nous l’avons vu de nos propres yeux lors de l’affaire de la conférence de Bernard Lugan le 3 mars dernier à Clermont-Ferrand (http://bernardlugan.blogspot.fr/2016/03/echec-de-la-tentative-de-censure-et.html). On peut donc, en plein état d’urgence, constituer des groupes armés pour attaquer des étudiants et un hôtel sans que cela pose le moindre problème. Remplacez les militants d'extrême-gauche par des islamistes armés de kalachnikovs et nous vous laissons imaginer le carnage...

La mâchoire inférieure : le nouveau terrorisme islamique

C’est un ennemi de l’intérieur organisé en réseau et charpenté par un dogme : l’islam. Tous les musulmans ne sont pas terroristes certes, mais tous les terroristes dont nous parlons sont musulmans et se réclame de l’islam. C’est un fait indiscutable. Dans nos pays d’Europe de l’Ouest, et plus particulièrement en France et en Belgique, des foyers d’infection se sont petit à petit développés avec, à n’en pas douter, un « laisser-faire » de la part de l’Etat. Ce terreau, nous le savons, est constitué avant tout par des délinquants et de criminels ré-islamisés, des« islamoccidentaux », qui empruntent le pire du dogme et du fanatisme islamique et le pire de la société occidentale : d’un point de vue sociologique, nous avons à faire à un cocktail redoutable… Ces créatures hybrides sont donc passées de la vente de drogue aux attentats de masse devenant de facto l’avant-garde violente de l’islamisation de l’Europe. Impossible d’agir en conséquence si les dirigeants et les classes politiques françaises et européennes n’admettent pas l’incompatibilité ontologique entre l’Islam/islam et la société occidentale, mais aussi avec notre Weltanschaaung et notre conception de l’Imperium Européen.

Les mâchoires se referment

Le résultat, nous le voyons aujourd’hui avec les attentats sur le sol belge, est la création et l’instauration d’un climat anxiogène. Maintenir la population dans la peur est le but premier mais aussi le point commun entre l’Etat Français et les organisations islamo-terroristes. L’agneau se tourne vers son berger ou se soumet au prédateur, l’un étant souvent le persona (masque) de l’autre. Des années d’intense propagande ethno-masochiste, de repentance et surtout d’irénisme ont transformé ce qui fut il y a bien longtemps l’hoplite de la Grèce antique en festivus festivus pacifiste. Redresser la barre est un défi de taille.

Ainsi nous devons faire face à deux menaces à la fois : d’une part, un système oligarchique de plus en plus autoritaire qui détourne les pouvoirs étatiques pour arriver à ses fins et se maintenir en place (la mâchoire supérieure) ; d’autre part une menace politico-religieuse nourrie de la décrépitude de nos sociétés occidentales et de l’impossible assimilation de milliers d’étrangers de culture musulmane sur notre sol (la mâchoire inférieure) et de leur religion conquérante. Les deux veulent instaurer à terme une dictature reposant sur des idéaux universalistes, bien que l’essence de ceux-ci soient envisagés de manière complètement différente par les deux parties (anthropo-centré et individualiste pour le premier, theo-centré et holiste pour le second). Par conséquent nous devons comprendre que nous venons d’entrer dans les années décisives et que nous devons nous préparer individuellement et collectivement. Ensuite, il est évident qu’une troisième voie s’impose : rejeter le choc de civilisation en ne prenant parti ni pour le camp occidental ni pour l’Islam : Le dualisme n’est pas une fatalité de l’Histoire mais une fatalité de l’esprit humain.

Donatien/CNC

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

 

jeudi, 26 novembre 2015

Vaincre le terrorisme

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Vaincre le terrorisme

par José Castano
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

« L’expérience des dernières générations me convainc pleinement que, seule l’inflexibilité de l’esprit humain, fermement dressé sur le front mouvant des violences qui le menacent, et prêt au sacrifice et à la mort en proclamant : « Pas un pas de plus ! » Seule, cette inflexibilité de l’esprit assure la véritable défense de la paix de l’individu, la paix de tous et de toute l’humanité. » (Alexandre Soljenitsyne)

Qu’ils soient intégristes, fanatiques religieux ou anarchistes, les terroristes prêchent le viol de la société, et, par conséquent, ils ne sauraient être traités comme des adversaires réguliers. Car « vouloir donner aux choses le sens de ses désirs est la pire forme de dérèglements de l’esprit ». Ainsi s’est exprimé Bossuet dans une de ses prédictions au souffle lyrique de ses visions grandioses.

Le caractère d’extrême gravité que revêt le terrorisme international a fait de la France l’une de ses plaques tournantes et nous met dans l’obligation de réagir avec fermeté contre tous ceux qui tentent de faire de notre pays un « champ de tir » du terrorisme, son refuge ou son « laboratoire d’expériences » révolutionnaires… d’autant plus que ces actions terroristes impliquent nécessairement une chaîne de connivence et d’appui logistique sur notre sol et une préparation minutieuse…

Cependant, notre juridiction actuelle est mal adaptée à l’action répressive que la société doit exercer contre les criminels qui mettent en cause sa légitimité. Devant pareil danger, la réaction doit non seulement s’adapter à l’adversaire en retournant contre les terroristes le conseil de Lénine : « Ne laissez jamais se constituer de Vendées », mais conduire aussi à une prise de conscience populaire. A la stratégie de déstabilisation des terroristes, la Nation doit répondre par une « stratégie de répulsion ». Cette stratégie implique en premier lieu le contrôle étroit des communautés étrangères dans le pays, afin de prévenir le prolongement sur notre territoire de luttes extérieures, partant : se protéger d’un terrorisme par « vases communicants » ou par osmose.

La mise en œuvre du plan « Sentinelle » qui mobilise actuellement 10 000 hommes sur le territoire national (et cela pour « aussi longtemps que la situation l’exigera (sic) » a précisé le ministre de la Défense -ce qui peut se traduire, comme ce fut déjà le cas pour le plan Vigipirate, par le maintien définitif du dispositif- ne saurait être la solution idéale car envisager la mobilisation de nos soldats (hébergés de surcroît dans des conditions précaires alors que les « sans papiers » bénéficient de chambres d’hôtels) dans la durée n’est pas la mission des armées. Un soldat est préparé à faire la guerre ; il n’a aucune formation de police et ce n’est pas sa vocation. On ne pourra donc, indéfiniment, le maintenir dans des missions statiques en limitant sa tâche à un rôle de vigile ou de « supplétif des forces de police » sous peine de l’« user », de le démotiver et d’éroder son potentiel de combat.

A la guerre révolutionnaire ou « guerre sainte » prônée par les islamistes, nous devons opposer la guerre populaire totale ou guerre de libération nationale. Face à une menace terroriste, il faut faire le choix majeur qui s’impose et en tirer toutes les conséquences ; agir sans oublier la foi formulée par Engels : « Ne jamais jouer avec l’insurrection armée et, quand on la commence, la mener jusqu’au bout ». La France est aux yeux de l’islam une aire de guerre, « dâr al-harb », et elle se doit de traiter ce dernier de la même manière qu’il la traite.

Nous n’arriverons probablement jamais -en dépit de toute fermeté- à réduire totalement les actions criminelles mais il serait possible d’en limiter le nombre par l’instauration d’une juridiction et de tribunaux d’exception identiques à ceux créés par le régime gaulliste durant la guerre d’Algérie afin d’éradiquer l’OAS… et qui menèrent sans le moindre état d’âme au poteau d’exécution quatre soldats français dont deux officiers.

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Puisque cela fut accompli contre des patriotes dont le seul crime fut de vouloir conserver l’Algérie française, pourquoi cette juridiction ne serait-elle pas reconduite contre les ennemis de la France reconnus coupables d’avoir sacrifié des victimes innocentes ? Dès lors, le rétablissement et la mise en application immédiate de la peine de mort seraient prononcés à leur endroit. Qui a tué doit être tué ! L’horreur du mal est le principe même de la justice. Elle doit s’imposer comme une règle impérative, car elle est notre propre raison. « La loi, en général, est la raison humaine –disait Montesquieu- en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre »…

Les demi-mesures, comme c’est le cas actuellement, ne mènent à rien car les vices impunis s’accroissent à l’infini. Mais châtier les coupables, les condamner à mort ou leur infliger une sanction à la hauteur de leurs crimes, ne ferait -dans notre société émolliente, indifférente, conservatrice- que révolter les consciences de la « bien-pensance », des associations « humanistes » et provoquer la colère des islamo-compatibles issus de la gauche bobo-caviar et de la droite capitularde et louvoyante toujours prompts à brandir le carton rouge au nom de leur angélisme républicain.

Dostoïevski écrivait déjà, dans la « légende du Grand Inquisiteur » : « Qui aime trop l’humanité en général est en grande partie incapable d’aimer l’homme en particulier. Qui plaint trop le malfaiteur est fort souvent incapable de plaindre la victime ». Et le drame actuel c’est que nos sociétés vieillottes s’interdisent tout moyen coercitif. Elles ont lentement accumulé pendant une longue procession de siècles, les règles, les précautions et les interdits destinés à protéger l’idée qu’elles se faisaient de la civilisation. Elles ont imaginé couler la sagesse dans des lois… codifier l’indulgence et la mesure, pour défendre l’homme contre lui-même. Préoccupées d’exorciser la violence qui bouillonne toujours confusément dans des instincts mal maîtrisés, elles ont naturellement été conduites à interdire la seule forme de violence sur laquelle elles pouvaient peser : la cruelle mais indispensable gamme des châtiments qui prétendent moins punir le crime, que décourager le criminel.

Négligeant cette suprême mise en garde d’Aristote « Tolérance et apathie sont les dernières vertus d'une société mourante », elles ont inventé un arsenal de répression humain conçu à l’exacte mesure de coupables considérés comme des « égarés » ou des « déséquilibrés ». Or, on ne combat pas des terroristes avec de simples lois. On doit adopter une riposte appropriée afin de les arrêter dans leur élan velléitaire et agressif. « Plus l’État est corrompu, plus les lois se multiplient » clamait Tacite, cet historien et sénateur de l’antique Rome.

La France vit sous des menaces de plus en plus récurrentes que l’on ne peut contenir par la seule force de la loi. « Les français vont devoir s’habituer non à la menace des attentats, mais à la réalité des attentats qui vont, à mes yeux, immanquablement survenir. Nous sommes désormais dans l’œil du cyclone, le pire et devant nous » a déclaré dans « Ouest France », le 14 novembre 2015, le juge Marc Trévidic.

En effet, la France est confrontée à l’un des plus graves périls de son histoire et ne doit pas s’embarrasser de préjugés pour prendre les mesures appropriées afin d’assurer sa propre survie. « Celui qui s’incline devant des règles établies par l’ennemi ne vaincra jamais » soutenait Léon Trotski.

Quand la liberté est frêle, en péril, alors on ne transige pas et Saint-Just d’annoncer en ces termes la répression sanglante des mouvements contre-révolutionnaires et royalistes pendant la Révolution : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ». C’était, certes, La Terreur mais cette célèbre citation revient en pleine actualité.

Aujourd’hui, empêtrée dans ses règles, ses décrets et ses scrupules, voilà la civilisation paralysée par les dogmes qui la fondent et les lois qui la défendent, qui ne peut transgresser sans se renier. Et voici les barbares –forts de cette assurance- qui répandent leur terreur en voulant tout détruire, tout raser pour tout recommencer sur les décombres d’un passé qu’ils haïssent parce qu’ils ne le comprennent pas. Et ils tentent d’imposer leur loi par l’assassinat et la terreur à des sociétés qui ont su dissiper ces cauchemars depuis si longtemps qu’elles n’en imaginent plus l’éventuel retour. Voici qu’enchaînées par les règles qu’elles ont accumulées pour se prémunir contres les excès de leur propre colère, les sociétés stupéfaites s’abandonnent aux coups que leur portent des colères inconnues… Et voici que s’écroule la civilisation parce que les barbares puisent dans son raffinement, ses complications et son indulgence, la seule force qui rend leurs débordements irrésistibles. Ils retrouvent naturellement le plaisir d’égorger sachant combien timide sera la répression. Jamais les passions déchaînées n’ont fait autant de ravages… semé autant de morts… Jamais on n’a assassiné autant d’hommes au nom du bonheur de l’humanité… Jamais le mot de Malaparte n’a été plus juste : « Jamais on n’a couché autant de Christs dans les charniers du monde ».

Et nous, pauvres occidentaux, sommes en passe de perdre cette ultime guerre qui nous est imposée parce qu’irrémédiablement condamnés à capituler… au nom de la défense de la civilisation qui n’est autre qu’un suicide devant un assaut qui en nie l’essentiel.

Soljenitsyne a écrit : « Toute notre vie là-bas nous a appris qu’il existe un seul moyen de résister à la violence : c’est la fermeté ! »

Dans la lutte contre la subversion et le terrorisme, rien n’est plus important que l’application d’une politique de défense préventive ferme et impitoyable à l’égard des adversaires de la Nation. Celui qui sème le vent doit récolter la tempête.

José Castano, 24 novembre 2015

mercredi, 25 novembre 2015

Penser l’urgence et ses suites

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Penser l’urgence et ses suites

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Au lendemain des attentats des 7 et 9 janvier 2015, des commentateurs les décrivaient comme le « 11 septembre français ». Ils ignoraient alors que ces tristes événements seraient largement dépassés dix mois plus tard par une série d’attaques près du Stade de France et dans les Xe et XIe arrondissements de Paris, faisant cent trente tués et plus de quatre cents blessés. Le vendredi 13 novembre, la France vient de subir un nouveau « 11 septembre » en attendant les prochains, plus terribles encore avec des bombes chimiques, bactériologiques, voire « sales » peu coûteuse à monter. « Chaque fois, on ramasse plus de cadavres, s’inquiète le criminologue Xavier Raufer. Merah : 7 morts; Charlie Hebdo : 17 morts; Bataclan : près de 140 morts. Si l’on n’y prend pas garde, le prochain coup sera exponentiel avec 1 000 victimes (1). »

 

Auteur d’une politique étrangère idéologique, démente et aventureuse, adepte de l’irénisme criminel et responsable de l’intrusion dangereuse et massive d’immigrés, potentiellement terroristes, le gouvernement hexagonal se trouva un instant désemparé avant de déclarer dans la nuit même l’état d’urgence. Le recours à cette situation d’exception prévue par la loi du 3 avril 1955 décidée par Edgar Faure, qui supplée aujourd’hui tant l’état de siège (article 36 de la Constitution de 1958) que les pouvoirs présidentiels exceptionnels (article 16) paraît légitime. « La violence créé en effet une situation exceptionnelle, écrit Julien Freund, et elle se prend elle-même pour norme (2). »

 

D’abord appliqué au seul sol métropolitain, l’état d’urgence s’étend à compter du 19 novembre à l’Outre-mer, à l’exception des territoires autonomes d’Océanie (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna) et de la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon. Paradoxalement, cette dernière qui accorde largement ses suffrages au PS, garde encore une réelle homogénéité ethnique… L’extension de l’état d’urgence confirme que « la politique est directement en contact avec l’existence, elle défend des positions et particularise les problèmes (3) ».

 

Bien que privilégiant la morale au politique, le gouvernement Hollande – Valls a saisi que « s’il y a une situation exceptionnelle et que le salut public est en jeu, il est de son devoir de prendre la décision qui convient, quitte à revenir sur les mesures prises une fois que la situation est redevenue normale (4) ». Ne soyons toutefois pas dupes. On ne reviendra pas à la normalité antérieure au vendredi 13 parce que l’Occident globalitaire est en guerre. Il est même la guerre, cette nouvelle « guerre [qui] n’est plus isolable dans le temps, mais se diffracte en une série de micro-opérations, militaires et policières, pour assurer la sécurité (5) » comme le démontre l’intervention policière épaulée par l’armée à Saint-Denis au matin du 18 novembre.

 

Il faut désormais craindre qu’après s’être abattues sur les cellules, plus ou moins activées, des islamistes, les mesures prises dans le cadre d’un état d’urgence prolongé jusqu’en février 2016 s’élargissent à tous les résistants, les réfractaires, les dissidents aux différentes facettes du mondialisme (gendérisme, sociétalisme, islamisme, libre-échangisme…). « Tout État deviendra nécessairement policier, prévenait Jean Cau, il y a quarante-quatre ans, puisque la morale ne sera plus qu’une pratique sociale formelle dont seul le policier connaîtra les tables et les codes. Si vous ne croyez plus à rien, vous serez obligés de croire à la police (6). » Nous y sommes !

 

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Croire à la police signifie ici appliquer au nom du misérable « vivre ensemble “ ripoublicain ” » le fameux « Pas d’amalgame » alors qu’il est avéré que les assassins sont des islamistes dont certains proviennent des « migrants ». La crudité du constat risquerait cependant d’indisposer l’incroyable culot publicitaire de Libération qui invente une supposée « Génération Bataclan. Jeunes, festifs, ouverts, cosmopolites… », incarnant, d’après l’ineffable Laurent Joffrin, « une certaine ouverture culturelle, un libéralisme de mœurs, un cosmopolitisme qui n’exclut pas une forme de patriotisme convivial, comme en témoigne la prolifération des trois couleurs françaises sur les pages Facebook… (7) ». Pour son confrère Didier Péron, « les terroristes ont ciblé le mode de vie hédoniste et urbain d’une génération déjà marquée par “ Charlie ” (8) ». Cette jeunesse s’est prise de plein fouet le retour du tragique et le choc de l’histoire, elle qui ignorait jusqu’à présent le sens du mot « sacrifice »… « La guerre tuait des jeunes gens, déplorait Jean Cau. Certes. La paix continuée tue et vide la jeunesse (9). » Ce vide découle d’un mal existentiel profond. « L’Occident ne comprend ni son angoisse ni sa décadence et bredouille des milliards d’explications. Il n’en est qu’une : le triomphe de la moralité de l’esclave sans maître. Refuser d’entendre cela, c’est se boucher les oreilles en croyant que le tonnerre ne gronde plus dans le ciel (10). » Le manque d’énergie, de virilité, de verticalité est flagrant. Et ce, à un moment où cette population citadine vit dans une métropole qui devient « tout à fait compatible avec la guerre. Le conflit armé n’est qu’un moment de sa constante reconfiguration (11) ». La situation d’état d’urgence contraste par ailleurs avec l’attitude de populations qui n’ont jamais connu la conscription et encore moins le feu des batailles. Théoriquement interdits, les rassemblements sur la voie publique s’organisent partout en France afin de rendre hommage aux victimes. Est-ce suffisant ?

 

La jeunesse mitraillée en terrasse, terrassée par les sbires de l’État islamique, créé par des officines quelconques de l’État profond US, épanche son anxiété dans une consommation frénétique et futile. Or, « le contrôle s’intègre à merveille au paysage de la marchandise, montrant à qui veut bien la voir sa face autoritaire (12) ». Ces jeunes meurtris, toujours festifs, ouverts, progressistes, cosmopolites, modernes, hédonistes, tiendront-ils devant les commandos déterminés de Daech ? Adopteront-ils enfin un ascétisme certain ? Réviseront-ils leurs comportements impolitiques ? Probablement pas, sauf s’ils se défont de leurs préjugés humanitaristes. Qu’ils admettent en outre que l’autorité vraie, organique, « n’est donc pas seulement supériorité des moyens physiques, elle implique en plus l’ascendant, comme on dit de nos jours, d’une valeur (13) ». Cette valeur à venir, ou plutôt ces valeurs fondamentales, seront d’abord portées et vécues par un nouveau type de soldat politique bientôt de retour en Europe. En effet, « qu’on le veuille ou non, le règne de la paix est une préparation à la guerre (14) ».

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Xavier Raufer, « La priorité : s’adapter à l’ennemi », Le Figaro Magazine, 20 novembre 2015.

 

2 : Julien Freund, L’essence du politique, Dalloz, 2004, p. 187.

 

3 : Idem, p. 202.

 

4 : Id., p. 124.

 

5 : Comité invisible, L’insurrection qui vient, La Fabrique, 2007, pp. 42 – 43.

 

6 : Jean Cau, Le temps des esclaves, La Table Ronde de Combat, 1971, p. 48.

 

7 : Laurent Joffrin, « Tolérance », Libération, 16 novembre 2015.

 

8 : Didier Péron, « La jeunesse qui trinque », Libération, art. cit.

 

9 : Jean Cau, op. cit., pp. 27 – 28, souligné par l’auteur.

 

10 : Idem, p. 14.

 

11 : Comité invisible, op. cit., p. 42.

 

12 : Idem, p. 39.

 

13 : Julien Freund, op. cit., p. 378.

 

14 : Idem, p. 549.


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